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Discussion : Mon bilan… Et ma tristesse

Semeur
le jeudi 19 juin 2014 à 19h13
Siestacorta
Hésite pas à trouver les moments de calme, indépendamment de cet apprentissage, et à les valoriser.
J'abonde dans le sens de Siestacorta. Au moment où tu es vulnérable, c'est le meilleur moment pour te poser avec TOI, t'écouter et prendre soin de toi. Écoute tes manques, tes besoins, respecte-les. N'attends pas que quelqu'un d'autre que toi y réponde.
Prends le temps sans te prendre la tête. Profite de toi. Fais ce que tu veux ;-)
Me concernant, ces moments de vulnérabilité intense me rendent bien évidemment fragile, mais ils me rendent ultra-réceptifs à mes émotions et celles des autres. J'amplifie cette facette, ça me fait du bien.
CLM
Mais je pense aussi que toute la souffrance que j'ai vécu PENDANT la relation a beaucoup à me dire, au-delà de "qu'est-ce qui est de sa faute ou de la mienne".
Faute (intentionnelle) ou erreur (de jeunesse ;-)), compter les points de « qui a fait quoi » a effectivement peu d'importance. Ce que tu as ressenti, comment tu as vécu les évènements est plus important, pour définir tes limites de tolérance, éventuellement revoir le(s) schéma(s) sous-jacent(s), et le(s) modifier ou le(s) confirmer suivant ce que tu veux pour toi.
CLM
Je relève des détails qui datent du tout début de notre relation et quand j'y pense maintenant je me dis "mais merde c'était une alerte écarlate quoi", et sur le moment, je laissais tout passer, préférant me remettre en cause moi.
[…]
Au-delà de ça a surtout révélé mon extrême dépendance à l'autre et ma hantise de la séparation...
Donc potentiellement — attention, philosophie de comptoir bien grasse en approche — un manque de confiance en toi, en ton jugement de ce qui est bon pour toi (peut-être une méconnaissance de ce qui est bon pour toi ?), ou en ta capacité à t'apporter du bon, ou apporter du bon à l'autre dans une relation (vastes sujets…).
Si la confiance en toi est un problème, tu peux t'orienter vers « L'estime de soi » de Christophe André et François Lelord. C'est un peu théorique par moment, mais ça m'a bien aidé.
Le pire, c'est que s'il t'a réellement manipulé et qu'il a pensé pour toi, c'est vraissemblablement qu'il a une confiance en lui encore plus faible… Il est incapable de se définir, se poser « vrai » face à toi, sans se cacher derrière la manipulation pour être sûr qu'il te contrôle et que tu reçois une image toujours positive de lui. Je pousse peut-être un peu trop loin, mais c'est une piste que tu peux creuser pour essayer de comprendre, si tu le souhaite.
Mais que tu veuilles le comprendre ou pas, autant dire que tourner la page et prendre soin de toi est ce que tu as de mieux à faire ;-)
CLM
Clairement, je n'ai pas assez lu, j'ai trop retardé la psychanalyse, j'ai voulu tout faire toute seule.
Il n'y a pas de mal à ça, on est tous tombés et on tombera encore ;-)
Une psychanalyse est peu utile. Si tu parlais d'introspection, alors oui. Mais il n'y a pas de « bon moment » pour le faire : c'est quand tu te sens prête. (indice : il n'y a pas de bon moment pour se sentir prêt, il faut juste le faire)
Même si tu as l'impression d'être oisive, on en revient au conseil de Siestacorta : prends le temps pour toi.
Ce temps, c'est là que tu prends soin de toi, de tes éventuelles blessures. C'est là que tu te donnes de l'amour et que tu construis ta confiance en toi. C'est aussi le moment où s'exprime ta liberté de te construire comme tu le veux. Par exemple, pourquoi pas travailler à la fin de ta dépendance affective et au début de ton autonomie ?
Confrontée à toi-même, sans dépendance se nourrissant de ton énergie, tu constateras qu'il ne passe rien qui te détruit, ou que ce qui te détruisait n'est qu'une invention de ton esprit, une illusion issue d'un schéma/mythe qui ne vient pas de toi.
À te lire encore, je confirme : tu est déjà sur la voie.
Et ne t'excuse pas pour le pavé, prends-le comme un cadeau que tu te fais ;-)
à un de ces 4,
Discussion : Mon bilan… Et ma tristesse

Semeur
le mercredi 18 juin 2014 à 18h44
Re,
CLM
Semeur tu écris et décris très bien ton parcours. On ressent toute la sérénité qui émerge d'années de boulot sur soi, d'introspection et finalement d'acceptation.
:-) Merci. Derrière la sérénité apparente se cache le torrent d'émotions, mais je l'aime comme ça. C'est parce que je l'accepte et le laisse couler sur moi que je suis serein.
CLM
C'est mon but, mais j'ai comme une impression que je pars avec les pires bases du monde (estime de soi à zéro, complètement dépendant affective, ermite asociale, professionnelle de l'inaction, bref!).
Ça n'a aucune espèce d'importance, autre que celle que tu donnes à tout cela. Tout ce dont tu parles est parfaitement changeable. Le fait que tu en sois consciente — la « verbalisation » — est une étape.
Je pourrais te parler encore de mon parcours pour illustrer, mais c'est pas le propos, je vais simplifier et dire que mon départ a été similaire.
J'étais largement dévalué par mon entourage, à tort ou à raison.
À un moment, ça a été « soit je trouve un point de départ et je me sauve, soit je me suicide parce que je ne comprends rien à rien y compris à moi-même » (je schématise, mais l'option a été envisagée). J'ai décidé de déconstruire tout ce que j'avais au niveau sentimental/relationnel/émotionnel pour repartir sur des bases propres. J'ai lu, j'ai discuté, j'ai testé.
C'est un peu violent, je suis passé par un état de vulnérabilité tel que je pense que n'importe quelle secte aurait pu m'embobiner, mais j'ai eu de la chance.
Puis j'ai reconstruit lentement uniquement ce dont j'avais besoin, et je suis là. J'ai appris il y a peu que ce processus s'appelle la libre-pensée (= bâtir ses schémas sur sa propre expérience uniquement, sans à priori social / familial / etc).
Et autant dire que c'est COOL. Donc tes bases sont ce qu'elles sont, mais elles ne sont pas moins saines que le vomi de schémas sociaux et le handicap relationel familial avec lequel chaque individu démarre dans la vie. Et puis regarde où nous sommes : Polyamour.info . Si ça c'est pas une lueur de liberté, je sais pas ce qu'il faut ;-)
CLM
Néanmoins je relativise, et je viens partager ma joie à mon tour : J'ai soutenu mon mémoire aujourd'hui et les profs ont été plus qu'enthousiastes ! Ils m'ont poussée à aller en doctorat tellement ils ont apprécié mon travail. Travail que, je le précise, j'ai torché en 5h (!!!) 2 jours après avoir été quittée. Ca n'a rien à voir avec le schmilblick mais je dois dire que je suis contente de moi...Fin de la parenthèse !
NICE. Very NICE. Keep up the torchage ;-)
CLM
En tout cas j'aspire à ce cheminement dont tu parles et profondément je m'en sens capable, même si toutes mes relations ont été relativement catastrophiques, je ne regrette rien.
Tu m'as l'air déjà bien sur la voie.
CLM
Avec l'ex actuel c'est trop compliqué : trop de colère, de rancune, de sentiments, de désir, de doutes (sur le "pouvoir" qu'il exerce et a exercé dans cette relation : ce n'est pas la même chose d'aller me livrer à lui s'il "jouit" de sa position, que s'il est réellement dans une démarche d'écoute, et je ne peux m'en assurer). Je ne pense pas pouvoir raisonnablement communiquer avec lui dans ces conditions.
Ah, le côté manipulateur. Le rapport dominant/dominé patriarcal, toussa. Ou pas…
En fait, qu'il jouisse de sa position a peu d'importance si tu as besoin de te dire à lui. Tu le fais pour toi. Tu as juste besoin de « sortir les trucs » et d'être entendue. En ce sens, ça sera bénéfique pour toi de toute manière si tu arrives à les exprimer tels qu'ils te satisfassent.
Ça peut t'aider à verbaliser ton deuil de rupture et à reprendre le pas, et c'est pour toi. Sa jouïssance n'est qu'une illusion de contrôle sur toi, que tu feras voler en éclat plus ou moins facilement.
Mais à te lire, je dirai que de ton côté l'essentiel est déjà fait. À toi de voir si ce qui reste, ce désir de te dire, est un besoin déguisé, ou un « simple » désir que tu peux alors poser sur une cocotte en papier et brûler — ou pas — pour toi, avec un sourire libérateur ;-)
CLM
En fait ça va peut-être vous paraître idiot, mais mes émotions je les accepte relativement, j'arrive à faire un retour dessus etc. Ce qui me pose problème est de ne pas être certaine de savoir qui j'ai eu en face de moi pendant 8 mois. Mais comme on m'a déjà dit "tu peux trouver tes réponses seules, tu n'as pas besoin de lui". N'empêche que c'est angoissant...
C'est angoissant seulement si tu as peur de t'être trompée, et si tu le vis comme un échec. Tu as dit plus tôt que tu ne regrettais rien, alors vis-le comme ça : qu'il t'aie manipulé ou pas, tu sais toujours d'où tu viens et qui tu es. À défaut de savoir où tu vas, tu prends plaisir au voyage.
S'il est assez naze pour t'avoir manipulée, c'est surtout à lui qu'il a menti : il a joué un rôle, alors que toi, tu étais sincère, et donc toi-même.
Et hop, pirouette, saut à cloche-pied, belle révérence au menteur, sortie du mauvais cercle, et de nouveau sur la route :-D
a+
Message modifié par son auteur il y a 11 ans.
Discussion : Des sentiments en trop

Semeur
le mercredi 18 juin 2014 à 14h56
gcd68
Mais si celui qui s'éloigne, qui prend de la distance n'explique pas pourquoi il le fait, l'autre aura indiscutablement un sentiment de rejet, tout simplement parce qu'il sait que c'est possible que ce soit le cas... Laisser l'autre dans le flou, c'est pas bon, ça n'aide pas, mais alors pas du tout.
Et c'est exactement ce qui s'est passé. Plus personne en face de moi, envolée, car peur de ses peurs, et peur de moi. Je me retrouve sans même pouvoir dire que j'ai besoin de parler.
gcd68
Quant au "mâle dominant" qui se sent obligé de fermer sa gueule et de l'oppression homme-femme, elle existe avant tout dans ta tête.
Certes. Mais elle est aussi un préalable à toute amorce relationnelle en société, en dehors du contexte poly-amoureux. Par exemple (vécu récent) j'écris à une fille que je veux partager une relation avec elle, dont la teneur est à définir avec elle.
Et hop en deux-deux je passe pour un dragueur. Merci les schémas sociaux, vous ne m'aidez pas du tout à être moi.
J'ai sans doute pas choisi le bon medium de communication (un poème ; je suis lyrique, c'est comme ça, ça m'aide à amplifier mes émotions sans en être esclave), mais j'ai pas écrit non plus que je voulais coucher avec elle, parce que c'est pas sûr du tout.
En revanche il est clair que cette intention de draguer/coucher/whatever m'a été plaquée dessus bien fort, parce que j'étais un mec, plus vieux, marié, et que c'était une fille, plus jeune.
J'ai du batailler corps et âme pour pas que ma femme me réduise à « tu veux simplement aller tirer ton coup ailleurs », pour que moi-même je ne sente pas poussé à le faire, pour élargir le champ des possibles, comprendre et arriver à verbaliser que je désire une (deux, trois, j'en sais rien) autre relation profonde, plutôt du type pépinière, avec ou sans sexe.
Cette pré-existence des schémas sociaux, OK elle est dans ma tête. Mais déjà, c'est de façon consciente. Ensuite, là elle était aussi dans la tête des deux autres protagonistes. La défense de mon identité, de mes désirs et de mes émotions m'a demandé beaucoup d'énergie. Et à ma femme aussi. Et on rame encore, alors qu'il ne s'est concrètement rien passé du tout et que « l'autre » s'est évanouie, avec mon désir de relation avec elle.
gcd68
Expliquer que tu es humain et que tu as des émotions suffit.
Je rêve qu'en « contexte poly » ça soit le cas. On dirait que la lecture et l'application des bouquins de Salomé est un préalable pour vous (et c'est le cas pour moi aussi). Mais dans la vraie vie j'ai le sentiment d'un extrème archaïsme relationnel.
Quand mes émotions affluent dans le contexte d'une relation de travail, dans laquelle par ailleurs nous avons collaboré dans un équilibre parfait, une communication extra-saine pour arriver à un résultat qui a été applaudi par les demandeurs, vas-y rame pour pas que mes désirs ardents soient perçus comme une forme de harcellement si j'insiste un tant soit peu pour les exprimer… La relation de travail est tellement schématisée, et encore plus dans les relations hommes-femmes…
Je sais que c'est dans ma tête. Mais à qui puis-je en parler, dans le vif de la situation ? Quand je parle de torrent d'émotions, c'est pas une image. Je lâche-prise tellement c'est fort. Mais même apaisé, ça dure des jours. le jour, la nuit. Même avec des activités dédiées à la réduction des tensions (sport, méditation, écriture, etc), c'est là. C'est clair comme de l'eau de roche, nettoyé de toute émotion/désir/schéma parasite, je sais exactement ce que c'est, mais ça n'en est pas moins fort ;-)
Le bide noué pendant 10 jours pour quelques heures de présence, ça ne me laisse pas indemme.
J'ai pas dit « ça fait mal »; je ne vis pas « mal » la situation. Elle est complexe, elle est riche. C'est mon chemin et je l'aime.
Je me suis bien retrouvé dans le cœur d'artichaud de l'article « badinons avec l'amour ».
Sauf que mon cœur d'artichaud n'a pas vibré aussi fort depuis des années. Ça surprend.
En plus, marié en mode exclusif-monogame avec des enfants, oui j'ai un peu ramé pour comprendre ce que je vivais, ce que je pouvais en faire et comment je pouvais le vivre bien, sans que ça parte en rupture explosive et en mille-feuille d'incompréhensions mutuelles.
Les schémas disent « marié dans une relation nourrie par l'amour, nul besoin d'aller voir ailleurs ».
Et vas-y que j'ai ramé, que nous avons ramé, et que nous ramons encore.
gcd68
Je dirais ici que tu te sens frustré d'être un homme, est-ce ta compagne qui te dicte ce sentiment ?
Partiellement. Le sujet « poly » est en cours de débat serré, jour et nuit, depuis presque un mois. Chacun de nous change, évolue, doucement, accepte l'autre (ou pas), ses changements à lui et ceux de l'autre. J'ai l'impression de grimper l'himalaya à oualp sans corde, et d'avoir entrainé ma femme malgré elle avec moi.
Je vois très bien le sommet, j'imagine avec bonheur la redescente douce et sucrée sur la face au soleil, mais là nous sommes sous le vent dans l'ombre, et elle se sent là contre son gré. Ce que je comprends aisément. Et je n'ai pas envie de la perdre.
La frustation, oui, mais pas tant que ça. Pas que d'être un homme. Aussi que les schémas relationnels soient si moisis dans leur version « familliale » ou sociale de base. Et puis de galérer comme un fou à trouver d'autres personnes à qui en parler. Je passe pour un allumé, un marginal, un mec à qui rien ne suffit, alors que je veux juste être moi-même. On dirait un gay qui veut se marier et avoir un gosse dans les années 90. Un bisexuel qui essaie d'expliquer que la fidélité est possible. Un gosse à qui on dit « c'est pas possible parce que c'est comme ça ». C'est rageant de voir que la seule chose qui nous sépare de nos possibles, c'est nous-mêmes. Et il faut faire le chemin malgré tout.
gcd68
D'ailleurs question "coup de gueule inopportun" la femme n'est généralement pas en reste. Le mieux, c'est un dialogue sage, et dire, si ce n'est pas possible "je suis colère, je préfère me calmer et en reparler plus tard, quand j'aurai fait le point dans ma tête et dans mes émotions".
Je sais tout ça. J'abonde complètement dans ton sens. Je trépigne de ne pas y arriver. Je suis plus que soulagé d'avoir trouvé ce forum, parce que je crois que peu de personnes sont capables d'entendre ce que j'ai à dire sans me juger, et ça fait du bien.
MERCI.
Discussion : Mon bilan… Et ma tristesse

Semeur
le mercredi 18 juin 2014 à 14h00
Tu as une piste dans tes propres écrits :
Comme tu dis il m'appartient de vivre ça comme je veux et j'admets que j'essaie juste de gérer quand je le vois. Etre sympa sans +. Mais c'est après que c'est très dur, quand je suis seule. J'ai énormément de mal à supporter les séparations et j'identifie clairement avoir du mal à imaginer qu'il renonce à moi si...facilement.
Pense à cela quand tu es seule. Accepte d'être seule. Un moment. Fais la paix avec toi-même. Avant de la faire avec lui. Accepte qu'il n'aie plus rien à te dire. Non seulement tu n'en mourras pas, mais en plus l'acceptation (peut-être le lacher-prise) te seras très bénéfique (j'ai pas dit « facile »).
Pardonne-toi ta fierté, tes torrents d'émotions, et toutes ces choses que tu juges « immature » [est-ce toi, ou le regard que tu penses que les autres ont sur toi, qui juge ?]. Tu es sur ton chemin, il n'y a rien d'immature à cela. Les seuls qui te jugeraient immatures sont ceux qui n'en sont pas encore là où tu es ;-)
Pour moi — et d'autres, notamment Dan Millman, cf. « la voie du guerrier pacifique » — faire la paix avec soi, s'accepter, lâcher-prise sur ses émotions, c'est le premier pas. Si tu n'es pas en paix avec toi, toute ta colère et tes autres émotions vont rentrer dans la relation, et vous allez en pâtir à deux, à plusieurs. Ou toi seule, si c'est après un aller-retour émotionnel à travers lui : s'il arrive à s'en détacher, comprendre que ce sont les tiennes et te les rendre.
S'il te les rend, tu les reçois en pleine face, ça s'amplifie, c'est encore plus dur de comprendre que ce sont les tiennes, et ce qu'elles disent… Ou alors quelque fois l'autre t'aide à les verbaliser, à te faire comprendre qu'elles sont tiennes. Mais il faut toujours que tu les acceptes !
Écoute ton torrent : reçois-le, accueille-le, cajole-le. Il fait partie de toi. Mais il ne te définit pas pour autant. Il va passer. Demain, dans une semaine, dans un an… Quoi que tu en penses, même si tu en as peur, s'il est là c'est que tu en as besoin. En le laissant couler et en entendant ce qu'il te dit, tu te comprendras mieux.
Des fois c'est « lui » (l'autre) qui doit entendre ton torrent, des fois c'est simplement toi.
Entre mes relations j'ai passé de longues périodes de « célibat » à faire le point sur tout ce que j'ai ressenti avant, pendant, après. Ce n'est pas un mal. Chaque relation suivante n'en a été que meilleure car j'étais meilleur (plus simple, plus sain) : je me comprenais mieux, je savais mieux ce que je voulais, ce que je cherchais, ce dont j'avais besoin… Que ce(tte) « nouvel(le) autre » pouvait combler, ou pas. Et à moi de m'écouter dans cette nouvelle situation. Et ainsi de suite. Et pareil pour les autres.
Ce n'est qu'à force de m'écouter, de creuser, de ne plus avoir peur de mes torrents que j'ai fini par me comprendre, puis m'apaiser, puis m'accepter, et m'aimer. Grâce à cela, les relations que je construis aujourd'hui sont immensément plus saines que celles que je pouvais offrir il y a quelques années. Tout le monde y trouve bienveillance, écoute, accueil, amplification, réconfort, partage. Tout n'est pas rose-orangé-doré bien évidemment, mais les bons moments surpassent largement les mauvais, et les mauvais sont entendus sans être amplifiés, sans avoir plus de conséquence que leur seule existance. Ils ne « pourrissent » plus la relation. Ils n'ont que l'importance qu'on leur donne. Et nous choisissons cette importance, elle n'est plus dictée par les schémas sociaux, familiaux, etc.
Ne pas vivre mes erreurs comme des échecs mais comme des apprentissages m'a beaucoup aidé. Mais encore une fois, c'est beaucoup plus facile à dire qu'à faire. Il a fallu me délester de la notion d'échec qui me collait depuis 2 générations. Beaucoup de personnes m'ont été nécessaires, m'ont aidé. Nous y avons tous laissé des plumes. Les miennes, les leurs. Nous y avons laissé des relations mourantes pour en construire de nouvelles. Nous avons parfois constaté notre inaptitude à m'aider.
C'est triste, ponctuellement. Mais la tristesse passe. C'est bon, souvent. Mais la joie passe aussi. Ne reste que le chemin. Et l'ami Lao Tseu a dit :
« Il n'y a pas de chemin vers le bonheur. Le bonheur EST le chemin. »
À chacun de nous d'ouvrir les yeux pour le découvrir et s'en émmerveiller. Ta vie, ta voie, si tu les acceptes, tu vas découvrir un autre monde.
Personnellement il m'a fallu 11 ans pour faire le deuil de ma toute première relation, et 6 ans de plus pour me rendre compte que j'en avais finalement fait le deuil. Une petite larme de joie, une immense satisfaction d'y être arrivé. D'avoir ré-écrit mes schémas relationnels de manière durable.
D'un côté on peut se lamenter sur ma lenteur, sur toutes ces années perdues, toutes ces relations gachées tant que le deuil n'était pas fait et que j'avais perdu ma capacité à m'abandonner dans l'amour.
Et pourtant je n'ai jamais été aussi heureux qu'aujourd'hui : tout ceci est en ma pleine conscience. Ce passé est le mien. C'est grâce à ces années, à ces personnes, ces relations bancales, handicapées mais finalement bienfaitrices que je me suis construit, et que je peux aujourd'hui me tourner vers les autres. Ce passé « rampant » m'ouvre un avenir « ailé » et amplifie mon présent « en marche ».
Accepte-toi et aime-toi telle que tu es, c'est le plus beau cadeau que tu puisses te faire. Personne d'autre ne le fera à ta place.
[Merci à ceux qui ont eu la patience de me lire ; il est évident que j'ai besoin d'écrire pour partager mon bonheur. Et rêver à ce qu'il puisse être contagieux ;-) ]
Discussion : Mon bilan… Et ma tristesse

Semeur
le mercredi 18 juin 2014 à 10h17
Bonjour,
je rebondis sur l'état de « grand sage détaché ».
C'est une posture que je pratique, et qui a déstabilisé mes interlocutrices dans différentes relations plus d'une fois, y compris la semaine dernière, ma moitié avec qui je suis pourtant engagé depuis plus de 7 ans.
Me concernant, cela ne signifie pas que je ne ressens rien. J'ai simplement besoin de ce détachement par rapport à mes émotions pour me mettre en situation d'écoute de l'autre.
Comme s'il y avait un temps pour écouter l'autre, et un temps pour me dire, et que je ne mélange pas les deux, sinon il y a risque de confusion, de non-écoute, ou de pollution relationnelle.
Je ressens bien évidemment des émotions : ça tiraille, ça fait du bien, ça heurte mes schémas (ou pas) ; je vis avec, j'en fais quelque chose (ou pas) mais dans tous les cas, je fais mon possible pour les mettre un moment de côté afin d'être dans de bonnes conditions pour écouter celles de l'autre. Et puis on inverse. C'est l'échange, la communication, le partage. Un moment je transmet, un moment j'écoute. Pour écouter je dois être [me mettre] en situation favorable.
Ça semble peut-être un peu artificiel, mais pour moi la qualité d'écoute de l'autre est à ce prix. Pour écouter l'autre, et même m'écouter moi, j'ai besoin d'arrêter mon propre torrent émotionnel/sentimental. J'ai besoin d'apaisement. Le détachement est une conséquence peut-être un peu « forte » du fait que j'essaie de vraiment tout arrêter.
C'est aussi par phases : à certains moments je n'y arrive pas du tout, et je suis obligé de le dire pour prévenir l'autre : « désolé mais là c'est trop le bazar en moi, je ne peux pas t'écouter, je ressens trop de colère, trop de tristesse, ou trop de joie que j'ai envie de partager plutôt que t'écouter parler… etc ». Et d'avoir confiance en l'autre, pour qu'il soit capable, à cet instant, de m'entendre et d'adopter une attitude d'écoute… Ou pas. C'est le chemin de chaque relation, je crois.
Tout ceci ne m'est pas venu « naturellement », j'ai planché des années sur moi-même, sur mes relations, ce que je mettais dedans. J'ai beaucoup lu, planché avec mes moitiés pendant des heures sur elles, sur moi, sur nos relations, sur les ressentis de chacun, la meilleure manière de les écouter, de les entendre (ou pas). Elles ont lu aussi. Même encore, ces trois dernières semaines nous avons lu ensemble.
On démarre avec « parle-moi, j'ai des choses à te dire » de Jacques Salomé, simple et lyrique, tourné sur le couple mais largement applicable en poly ; pour arriver à « Je t'aime, une nouvelle politique de l'amour » de Vincent Cespedes, typiquement poly avec la famille constellaire et touchant d'autres sujets ; en passant par « au delà du personnel », recueil de l'atelier de création libertaire, analyse des schémas sociaux dominants et de leurs alternatives. Lire de notre côté, puis ensemble, nous permet d'échanger dans des moments de calme, en dehors de nos torrents.
Du coup, quand je « passe en mode écoute », ça se voit, ça surprend, quelque fois ça choque ou ça heurte. L'empathie implique un certain détachement pour être efficace.
Dans ton cas, peut-être que ce détachement est mal vécu de ton côté, car il est facile dans un moment de « trop plein émotionnel », de confondre le détachement émotionnel et l'abscence de sentiments, ce qui est évidemment très différent quand on est au calme pour y réfléchir avec soi-même (ou l'autre).
Je ne dis pas que c'est ce qui s'est passé dans ton [son] cas, mais c'est peut-être une piste pour comprendre. Si lui a eu un moment d'apaisement alors que toi était en plein torrent émotionel, son « pseudo » détachement a pu t'apparaître choquant, alors que c'est simplement le reflet de deux états individuels distincts.
Je ne juge pas la manière dont tu as reçu cette situation (le choc), en revanche, il t'appartient de choisir comment tu veux la vivre, ce que tu veux en faire, comment l'écouter, la verbaliser (ou non) et la transformer en quelque chose d'utile, en expérience, en connaissance de toi-même…
Bien plus facile à dire qu'à faire. Là je me le permet car je suis complètement extérieur à la situation. Quand je suis dans ma propre tourmente, c'est une autre paire de manches ;-)
Bonne continuation,
Message modifié par son auteur il y a 11 ans.
Discussion : Des sentiments en trop

Semeur
le mercredi 18 juin 2014 à 02h00
Bonsoir,
un peu tardivement j'apporte mon petit grain à moudre.
Récemment je me suis retrouvé dans une situation où mon désir était antagoniste de celui de « l'autre », et mes sentiments, non réciproques.
Ça a été très dur : la sensation d'un combat contre moi-même, à devoir tuer ma propre liberté pour laisser la sienne à l'autre.
Étant dans la situation du « mâle dominant » j'avais l'impression de la double peine, à devoir absolument fermer ma gueule et enterrer mon désir pour ne pas ajouter de fait ma contribution à l'oppression homme/femme.
J'en ai fait un article sur mon blog histoire de ne pas oublier le cheminement qui m'a permis de sortir de l'impasse. Cela ne le rend pas plus facile à parcourir, mais au moins il est clair :
noyaudolive.net/2014/06/06/libertes-opposees/
Ça me semble coller pas mal avec la demande initiale d'Alygator427, même si ça ne répond pas à toutes tes questions. Il rejoint des points de vues déjà exprimés avant, mais avec mes mots.
au plaisir de continuer la conversation à des heures moins indues,
Message modifié par son auteur il y a 11 ans.