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Discussion : "Tu finiras seule, sans enfant, avec un boulot nul, dans ton appartement en location". Eloge de l'espoir par mes amis monogames heureux...

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Notomys

le lundi 21 octobre 2013 à 23h58

Merci Cendre.
Je vois que j'ai fait cependant une immense faute, que je ne fais jamais ! "influencée" par lui ! La honte :)
Bonne nuit à tout le monde.

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Notomys

le lundi 21 octobre 2013 à 17h29

Bonjour,

Oui Siesta, j'ai dit cela à mon copain. J'ai lu les ouvrages de Françoise et elle a accepté que nous soyons amies sous Facebook car cette réflexion est déjà en marche depuis plusieurs mois, voire années en fait.
Et donc la réponse de mon copain a été: je crois que je ne pourrais plus coucher avec toi, je ne suis l'homme que d'une seule femme. Je ne sais pas en fait...Ça me semble condamner tout avenir à notre relation...J'ai peur de ça.
Mais en même temps aujourd'hui il m'a écrit comme d'habitude et il est clair entre nous qu'il ne veut pas me quitter. Ce qui risque d'arriver c'est qu'il me dise que je suis une amie + et qu'il va se mettre en quête de la "bonne". C'est ça qui me pend au nez.
En effet, il m'a semblé inutile de dire à mon copain que j'aimais encore mon compagnon autrement que comme un "meilleur ami". Ca ne sert à rien du tout.
Il n'a posé aucune question, c'est qu'il ne voulait aucune réponse.
Et ça n'a aucun lien avec nous deux. Notre relation, c'est notre relation.
J'ai même choisi le moment où mon compagnon est avec une partenaire, puis va partir pendant des mois sans me revoir, pour prendre cette décision seule et sans aucune influence. Je voulais le faire pour moi et pas pour lui, ou influencer, soutenue par lui.
C'est ma vie, et même si je me trompe, aujourd'hui, c'est le choix que je veux faire.

Enfin, quant au site dont tu m'as parlé, il me permet uniquement de papoter et je dis clairement aux gens que je ne suis pas dans l'idée d'avoir une relation pour le moment, en revanche, j'ai trouvé des gens qui vivent ce mode interactionnel et donc j'écoute leurs points de vue. Étape par étape.

Aujourd'hui, symbolique sans doute, j'ai changé les photos chez moi.
Il s'agissait de photos que j'avais chez mon ex mari. Et y compris dans ma chambre deux photos de moi en mariée. Je m'y trouvais très jolie et j'y étais seule. Aujourd'hui, j'ai tout retiré et j'ai mis des photos que mon copain à pris de moi en vacances ou à la course à pied - au stade-, il fait de magnifiques photos et j'ai senti que c'était le moment de le faire. J'ai pu me débarrasser de mes anciennes photos. Je n'ai pas déchiré, j'ai rangé dans les placards. Placards que je rangerai proprement une prochaine fois avec des boites, qui iront à la cave.
J'y vais en feeling et j'essaye en effet de faire à mon rythme.

Merci à vous tous.
Je crois que je vais rester un peu parmi vous, une petite souris sauteuse, ça ne prend pas beaucoup de place, rassurez vous.
:)

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Notomys

le lundi 21 octobre 2013 à 01h02

Bonsoir à tous,

J'avoue avoir eu une soirée pas simple, mais je voulais vous tenir au courant car tous avez contribué à votre niveau à nourrir ma réflexion et me donner du courage.

Ce soir j'ai vu mon copain. Et je lui ai dit que parmi mes questionnements existentiels et mes souffrances émotionnelles actuelles , il y avait aussi, en partie, le sujet de notre relation à lui et moi.
J'ai repris l'historique qui avait rendu difficile le fait de contractualiser clairement et durablement entre nous, et il l'a admis sans aucune hostilité.
Et puis je lui ai dit que cependant, maintenant, je ne voulais pas continuer dans les non-dits tout en sachant très bien le risque que je prenais.
Et je lui ai donc dit que je ne croyais pas en la monogamie et que je ne voulais pas vivre ainsi. Que j'avais essayé, mais que je ne pouvais pas vivre ainsi, que c'était plus fort que moi, que je ne pouvais pas renoncer à cette liberté même si j'étais la première à en souffrir si souvent, tant elle est pourvoyeuse de solitude pour moi. Que dès mon mariage, j'avais su que je n'étais pas comme mes amies pour qui le charme avait opéré...:/
Que je ne serai en outre vraisemblablement jamais comme ses amis, que je ne jugeais personne, que je ne m'estimais en rien au dessus d'eux ou lui, et qu'à bien des égards, j'enviais leur bonheur et leur facilité à vivre dans ce monde.
J'ai mis en avant mon intérêt pour les femmes afin que cela soit plus facile et plus doux à entendre et ainsi ouvrir la discussion. Cet angle m'a permis d'amorcer le fait qu'une relation ne peut remplacer une autre, des autres, que cela serait d'une grande présomption que de croire qu'un seul être puisse éclipser durablement tous les autres. En prenant l'exemple d'une femme, le fait était criant. Mais j'ai bien pris soin de porter mon propos au delà, qu'il soit entendu que je ne voulais pas être privée de ma liberté au sens large. Et que j'entendais que cela soit évidemment réciproque.

Il m'a dit qu'il ne tombait pas de haut car il sentait que j'étais vraiment différente et que finalement, il redoutait d'avoir bien compris initialement. Mais il a été très triste et m'a avoué que vraisemblablement il ne parviendrait pas à vivre ainsi et qu'alors il interrogeait ce que cela faisait maintenant de nous.
Pour lui, le fait d'avoir ouvert cette porte le pousse à considérer que notre relation ne sera jamais rien de plus que de l'amitié sexuelle avant qu'il ne trouve "mieux" que moi, dans le cadre d'une relation qui sera disons, pure, propre... J'ai encaissé de bonne grâce, je ne sais que trop ce qu'il ressent et ma douleur n'e est que plus cuisante et ironique à me l'entendre dire aujourd'hui.
J'ai tout de même ajouté que ne l'ayant jamais vécu, il ne savait pas comment il réagirait. Que moi aussi j'avais cru si fort qu'on ne pouvait aimer et désirer physiquement qu'une personne à la fois mais que j'avais du me confronter à une autre réalité qui m'avait littéralement rendue malade. Il a alors ébauché l'idée que c'était sans doute une des raisons qui avait poussé mon mari à me tromper et notre mariage à se déliter. Je n'ai pas enchainé là dessus, je sais qu'on dit des choses cruelles quand on souffre, et qu'on est maladroit. Je n'ai surtout pas eu à coeur de me justifier et j'ai répondu que peut-être mais que ce n'était pas aussi simple.

C'était triste et très dur et très angoissant.

Il m'a dit qu'il devait y réfléchir même si malheureusement il connaissait déjà sans doute la réponse. Nous avons maintenant une date de péremption pour lui.
Néanmoins j'ai insisté pour ne pas annuler nos projets, notamment un voyage en fin d'année au moins. Il m'a posé des questions "pratiques" cependant, qui me laissent une lueur d'espoir, comme de savoir s'il pouvait me dire un jour qu'il ne voulait plus coucher avec moi sans me perdre s'il rencontrait une autre. J'ai répondu que s'il n'avait plus envie alors je ne le forcerais pas mais que s'il en avait toujours envie mais se restreignait par culpabilité ce serait malsain surtout à partir du moment où moi je lui aurais dit que je ne voulais rien savoir mais ne l'empêchais de rien. Mais j'ai aussi ajouté que nous verrions en pratique, au fil de l'eau, que je ne fermais rien du tout et ferais moi tout ce que je pourrais pour garder notre relation.

Il m'a dit qu'il était droit et qu'il n'était l'homme que d'une seule femme. Je lui ai répondu que pourtant, déjà , son passé composé de différentes compagnes criait assez le contraire. Et qu'à l'inverse moi je ne voulais pas l'éjecter de ma vie. Mais que s'il me demandait de lui promettre l'exclusivité alors je préférais souffrir aujourd'hui mais sortir de ce mensonge larvé insupportable avant d'imploser et me foutre par la fenêtre de culpabilité.
Il a dit qu'il voudrait savoir quand ça arriverait s'il acceptait ça en disant dans le même temps qu'il disait juste cela "au cas où" sans y croire.
J'ai refusé. En expliquant pourquoi cela était insupportable pour moi, selon ma conception, du moins maintenant à mon stade de réflexion. Que moi même je ne voulais pas qu'il me dise quoi que ce soit et que personne ne devait savoir, ne pas s'exposer, ne pas risquer que l'autre soit informé par une bonne âme. Ni les amis, encore moins la famille. Personne. Et pas l'autre non plus.

Il m'a dit qu'il ne me jugeait pas et qu'il allait y réfléchir même s'il pensait que cela lui serait difficile maintenant de continuer à me voir comme jusqu'à présent sachant cela.

J'ai répété plusieurs fois qu'il ne savait pas temps que lui n'était pas dans la situation. Que peut être il rencontrerait une femme, que cela serait passionnel 3 mois mais qu'après ça il regretterait d'avoir coupé notre relation... Il pense aujourd'hui que non, que nous deviendrons amis, mais il est malheureux alors perdu. Il a peur aussi que se faisant, à cause de cette liberté, je rencontre quelqu'un avec qui je veuille être exclusive à son détriment... Je comprends sa peur et je la partage. Mais comme je lui ai dit en tâchant aussi de m'en convaincre, en réalité l'abandon frappe les monogames comme les autres, sans doute davantage les monogames d'ailleurs qui doivent faire des choix uniques. Cela l'a perturbé. Mais il a écouté. N'a pas été méchant ou blessant volontairement et d'ailleurs quasiment pas.

Il m'a dit qu'il avait confiance en moi pour ne pas le blesser, que par exemple il ne se posait aucune question avec mon compagnon de route qu'il sait être mon meilleur ami- ce qui est vrai d'ailleurs- , car il savait que je ne ferai rien pour le blesser. Mais étrangement, il n'a absolument posé aucune question supplémentaires. Aussi je n'ai personnellement pas pris l'initiative d'aller parler d'une relation qui ne le regarde pas et risquer de lui faire plus de mal encore en complexifiant et surtout car ma réflexion va au delà de mon compagnon poly. C'est d'abord et surtout pour moi. Alors même si on est pas forcément totalement sûre de sûre de tout quand on le fait, je lui ai dit le vérité sur le contrat que je proposais aujourd'hui . Il sait à présent que cela peut arriver et à ce titre j'estime que c'est déjà immense. Je lui ai dit que cela faisait quelques temps que je ne savais comment aborder cela sans le peiner.

Maintenant, les cartes sont dans ses mains. Je lui ai dit que je l'aimais, que je ne voulais pas le perdre mais que je respecterai sa décision quelle qu'elle soit.
J'ai peur de le perdre, l'attente est et va être pénible, sans doute va t il me quitter, mais au moins, j'ai eu le courage de dire les choses et en cela, même si je suis épuisée, je me couche plus en paix quand je me regarde dans la glace.

Merci encore à tous de m'avoir montré que je n'étais pas seule dans mes questionnements. Je ne sais pas de quoi demain est fait, mais aujourd'hui, je ressens les choses ainsi, et il était très important que je puisse dire ma vérité.

Bonne soirée nuit à tous.
(Et au 29 sans doute alors, pas demain le café poly, j'avais cru que c'était tous les lundi !).

Message modifié par son auteur il y a 12 ans.

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Notomys

le dimanche 20 octobre 2013 à 00h56

Une nouvelle fois, merci. Circe, tu décris avec justesse ce que je ressens.
Il m'arrive d'ailleurs depuis peu de complètement lâcher les vannes avec mon compagnon poly qui n'a que, de fait, récemment pris la mesure de ma souffrance.
Je suis irrépressiblement saisie par des crises de larmes et des tremblements incontrôlables, toute cette apparence en tension qui contient en réalité une incompréhension totale de la plupart de mes semblables et de leurs comportements.
Le malheureux qui déteste la contrainte supporte beaucoup avec moi.
Néanmoins, il l'accepte car il me dit que je suis précieuse pour lui et que même si je peine, au moins j'essaye, sans le juger, en essayant de vivre notre relation, contre tout, mon éducation, ma culture, mon entourage, la société, ma sensibilité, mon passif, mon manque de confiance ( du au passif- le première homme qui aurait m'aimer, à savoir mon père a très clairement lâché la rampe, si j'ose le dire ainsi), alors évidemment, j'étais la pire candidate pour vivre ainsi. Mais j'aime cet homme, et au delà de lui, je refuse de brider les possibles d'une vie qui sera déjà si courte et si parcellaire. On me dit que n'aimer qu'une personne c'est la respecter. Moi je crois que n'aimer qu'une personne, c'est faire offense à toutes les autres qui seraient susceptibles d'être aussi des gens qui nous correspondent...Et tout cela pour une histoire de temps: lui d'abord alors lui toujours. Cela ne tient intellectuellement pas debout. Mais dans la pratique, il y a errance.
Une personne de ce forum m'a fait la très bonne suggestion de peut-être ouvrir la discussion avec mon petit ami actuel sur le sujet des femmes. Le fait de lui dire que j'aimerais à terme avoir une relation avec une femme pourrait être une manière douce d'ouvrir la discussion sans qu'il se sente mis en concurrence.
Dans tous les cas, je ferai à mon rythme, à l'instinct comme on le fait toujours faute de mieux, mais sans me précipiter pour me " débarrasser du problème" si j'ose dire. J'ai crée cette situation et bien que pénible, je n'entends pas soulager ma conscience au prix de la souffrance de l'autre. Évidemment souffrance il y aura, mais je vais envisager les meilleurs perspectives. Et je vais donc essayer de venir lundi, après mon RDV à 19H chez le psychiatre, au café Poly. Après ma séance, cela me fera du bien de me nettoyer la tête avec des regards différents.
Et pour finir, oui, j'ai bien pris la mesure des différences qui sont ici aussi. C'est normal, dirais-je, le jardin d’Épicure ne s'est pas fait en une journée et nous avons tous à cheminer. Certains subissent cette situation, en souffrent et ne veulent pas la voir perdurer, d'autres comme moi ont au départ subit cette situation et en voient aujourd'hui les avantages, même s'ils souffrent encore terriblement de ses "inconvénients", d'autres le vivent bien depuis toujours, d'autres depuis moins toujours, pour certains les choses acquises bougent en un sens ou l'autre, d'autres viennent pour juger et se rassurer alors sur leurs choix traditionnels...Tout cela me convient. J'ai trouvé quoi qu'il en soit ici de l'écoute et des réflexions pertinentes. A moi de faire le tri et la synthèse. Merci encore à tous. Bonne nuit !

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Notomys

le samedi 19 octobre 2013 à 10h24

Aviatha, un petit message t'attend dans ta boîte.
Merci en tous les cas pour tous vos messages d'une grande pertinence et d'une grande ouverture d'esprit.
Hier soir, je n'ai pas trouvé le courage de rejoindre mon copain avec qui nous devions nous rendre à un dîner avec un autre couple... J'ai annulé sans explication. Mon copain a été très compréhensif et très gentil, ce qui m'a renforcée très fortement dans un immense sentiment de culpabilité.
Je ne vais pas tenir avec ce mensonge. Je me sens monstrueuse de le voir si gentil, a attendre mon bon vouloir pour le voir, me pensant en pleine dépression ( ce qui est ceci dit proche du réel même si certains paramètres lui échappent), alors que finalement je suis en pleine errance sur des sujets qui le concernent aujourd'hui directement.
Je vais essayer de ne pas me précipiter pour me décharger maladroitement et provoquant ainsi de lourdes conséquences émotionnelles.
Comme me l'a dit un des internautes en privé, temps qu'il ne sait pas, il ne souffre pas... Certes. Je m'accroche au moins un temps à cette idée. En espèrant avancer dans mon cheminement pour arriver a une situation plus digne.
Merci encore de toute votre écoute et comme il y a de la lumière, je reste ici...Il fait sombre autour :/ Une dernière chose pour Siesta, "le courage de la vérité" de Michel Foucault. Une référence pour moi ( quelle ironie en l'état !), mais vraiment j'ai le sentiment complètement spontané pour ne pas te connaître, que néanmoins tu aimeras et t'y retrouveras... Et en prime, pour moi c'est presque un manuel, alors qui sait, un de ces jours tu pourrais bien devenir un parésiaste à temps complet. Notre société en manque cruellement ...
Bon samedi à tous.

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Notomys

le vendredi 18 octobre 2013 à 17h50

Comme je le disais précédemment, il est hautement hasardeux de tenter de comprendre quelqu'un en quelques messages internet. J'ai pensé à tort que tu souffrais au delà du chagrin que tu évoques, lorsque tu parlais d'avoir donné sans retour, ou de billes à reprendre. A l'identique, quant à ton estime de toi, j'ai pensé, toujours à tort qu'elle était remise en cause quand tu parles de ton malaise dans le bac à douche...Tu t'es sentie très agressée par mes propos je crois. Ce n'était pas mon but. Je viens ici pour trouver moi de la douceur et du réconfort, pas pour agresser quiconque. Et vraisemblablement, je ne peux aider quiconque, donc, mes excuses et bon courage dans ta situation difficile.

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Notomys

le vendredi 18 octobre 2013 à 17h06

Aviatha,

Alors là en effet, ça change la donne.
Il t'a proposé quelque chose, une situation temporaire, et il ne s'y tient pas.
Je crois que là, on est clairement dans la délinquance amoureuse de mon pote Onfray.
J'imagine que tu le lui as dit...Qu'a-t-il à te répondre?
A ce stade, il faut j'imagine qu'il soit bien au clair sur ce qu'il souhaite...Continuer à garder cette femme et toi dans sa vie, avoir cette femme, toi et peut-être d'autres... Est-ce un changement de philosophie, ou un changement moins structuré face auquel il s'est aussi trouvé dépassé?

En tous les cas, moi aussi j'ai fait ça l'année dernière. Une fois et une seule, d'aller avec un homme juste pour "ré équilibrer". C'était ignoble.Il ne faut pas faire ça. Si tu te sens sale après, ce que moi j'ai ressenti, alors ne le fais surtout pas, tu t'abimes massivement. Et je sais de quoi je parle,j'ai sombré dans une grosse dépression à peu près en même temps. Depuis j'ai attendu de rencontrer la personne avec qui je suis, qui m'a inspiré de l'envie. Aujourd'hui, c'est plus compliqué, mais pour le coup, si cela devait continuer à être compliqué, je ne continuerais pas.
Comme l'a dit quelqu'un sur ce fil, il y a d'autres nourritures de l'âme que les hommes et le sexe. Le sport, les livres, les expo, les films, les amis. Faire autre chose, voir autre chose ça peut prendre plein de visages. Le caviar ça peut être aussi ça.
Si viscéralement tu ne peux pas supporter ce mode de vie, alors personne ne peut le juger. Tu ne peux pas et il faut faire ce qui te rendra le moins malheureuse. De surcroit, un an, c'est pas grand chose dans une vie pour accepter si tant est que tu le souhaites, un tel changement. Moi ça fait 9 ans que j'entends parler du truc et tu vois, j'en suis seulement là ! :(

Moi dans mon cas, c'est que je ne peux pas faire sans lui. Alors malgré la jalousie, le manque et la souffrance, j'ai essayé depuis des années des subterfuges, je l'ai quitté, mais simplement nous sommes comme condamnés l"un à l'autre. Je prends donc acte de cette réalité et j'essaye de m'y adapter. Mais chaque histoire est pour le coup personnelle. Moi je n'ai pas pu faire sans lui, d'autres pourraient. A la lecture de ton récit, il me semble important que tu retrouves de l'affection pour toi même, pas par ton compagnon, mais en toi. Personne ne mérite que tu souffres ainsi...
Si ton compagnon entend à présent vivre ainsi, il doit impérativement être honnête avec toi et alors tu pourras penser à toi et faire ce qui sera le plus pertinent pour toi. On n'a pas de prise sur les autres, mais on en a sur soi. C'est la seule chose que tu maitrises finalement. Tu peux en effet cesser, au moins pour le moment, cette relation si elle te fait plus de mal que de bien.
Ta peine me touche, je ne sais que te dire pour te soulager. J'ai très peur d'être maladroite car je sais aussi ce que c'est d'être mal et de se sentir encore plus blessée quand une ou un inconnu vient taper à côté avec ses gros sabots :(

Si cela peut t'aider, saches que tu n'es assurément pas seule à te battre contre des émotions très pénibles.
Moi mon ami est actuellement avec une autre avant de repartir très loin et cela me rend malade. Je passe mon temps à dormir comme je suis en CSP. Entre deux obligations de recherche de travail et deux piges redac, je dors. Mon compagnon est très gentil, mais il ne ressent pas le monde comme moi, il est très dépassé par ma personnalité, je suis donc très seule. Nous le sommes tous. Mais nous sommes tous dans cette condition. Personne n'est épargné. Courage :/

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Discussion : Comment entretenir ses relations distantes ?

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Notomys

le vendredi 18 octobre 2013 à 11h43

Je ne sais pas dans quelle mesure je peux t'aider, mais moi pour le coup, je vis contre mon gré une relation à distance. Un homme que j'aime à décidé de vivre six mois de l'année à l'autre bout du monde. Comme là il fait construire sa maison, c'est encore plus de l'improvisation. Là, il vient de partir et comme depuis un an, cela me rend malade.
La seule solution que j'ai trouvé c'est le mail. Quasi quotidien. Mais cela ne me suffit pas. Je suis malheureuse, alors, finalement, bien maladroitement, ce qui "fonctionne" le mieux, c'est encore de faire des choses, voir d'autres gens et essayer de ne plus penser en comptant les jours. Je fais de la course à pied. Cette année, j'ai couru deux marathons, à raison de deux plans d'entrainement de deux mois, avec d'autres coureurs, ça occupe le quotidien. Aujourd'hui, je vais aussi essayer de m'investir dans un collectif. Faire pour moi même, faute de lui...
Il pense comme Siesta. La relation c'est à 100% quand nous sommes ensemble. En dehors de cela, elle existe toujours mais elle est en suspension. C'est très dur à vivre pour moi, qui suis dans le manque, mais j'essaye de raisonner...Dur.
J'ai un t-shirt à lui, je dors souvent avec son odeur quand je suis seule. Et un petit bracelet que j'ai de lui, que je lui prends chaque fois qu'il part. J'essaye aussi de me dire que ce qui compte c'est son bonheur à lui. Que s'il est heureux là bas, sans moi, alors c'est ça qui doit primer. J'ai des amis, un copain, ma famille, mes bouquins. C'est long et dur comme cheminement, mais j'ai bon espoir que cela aille mieux avec le temps.
Comme le dit Siesta, je lui écris souvent, mais je n'attends pas de retour. Je le fais pour moi, mais s'il n'a pas le temps, je tâche de ne pas lui en vouloir. Idem quand je lui dis que je l'aime, je t'attends pas une réciprocité.
Parfois, il m'écrit spontanément, un poème, ou me fait livrer des livres. Fondamentalement, rien n'est nécessaire pour "entretenir" cette relation, elle se suffit. Même 6 mois de rien ne changerait rien. Donc finalement, c'est mon manque que j'essaye moi de combler, pas la relation que j'entretiens. Je crois que c'est essentiel de bien être au clair sur cette question. On aborde pas les choses de la même façon...Enfin je crois...

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Notomys

le vendredi 18 octobre 2013 à 11h13

Diantre, moi qui pensais n'avoir aucune réponse, me voila bien attrapée !

D'une manière générale d'abord, il est clair que je n'idéalise pas la relation polyamoureuse. Du moins, non ce n'est pas clair dans mes mots puisque c'est le sentiment que j'ai pu donner.
Le fait est que j'ai vu mon compagnon quitter des femmes, et notamment une, dans la violence morale comme celle-ci était en grande souffrance ( pas de rapport avec la relation, elle a aussi ses hommes de son côté). Cependant, ce que j'aime dans le discours de mon ami, mais peut-être est-ce une approche subjective et pas la philosophie poly gravée dans le marbre, c'est que lui tend à dire que les relation sont des tresses, qui se nouent et se dénouent au fil de nos vies mais que rien ne peut présager de l'avenir. Moi-même durant mon mariage, j'étais archi sûre que je ne le reverrai plus, jamais jamais...Et je me suis trompée. Aussi me dis-je plus modestement aujourd'hui, "je ne sais pas". Même mon ex mari, malgré toute la souffrance, la violence, je ne condamne pas. Je me dis que peut-être un jour nous retrouverons une relation amicale, apaisée. Je n'espère rien, mais je ne ferme aucune porte, j'en reste dans le présent pour constater qu'aujourd'hui ce n'est pas le cas, mais je m'en tiens à ce constat. Demain...Qui sait.

Lulutine, je comprends mieux ton point. La communication écrite, surtout quand on ne se connait pas, c'est souvent source de petites incompréhensions et j'en suis désolée. Je ne suis pas seule...Du moins, si, comme tout le monde, je suis seule avec mon qualia, seule dans mes expériences humaines, dans mes peurs, mes angoisses, mais j'ai des amis autour de moi. Seulement eux aussi se débattent avec leurs propres contradictions et démons. Quand l'une de mes meilleures amies m'a dit récemment : "j'espère que dans dix ans tu n'en seras pas encore là, avec cet homme qui ne n'apporte rien, à avoir attendu après lu pour rien, dans ton petit appartement en location, sans enfant, toute seule"...cela a été une vraie violence pour moi. Mais depuis j'ai compris que dans son référentiel, c'était une façon de me dire qu'elle m'aimait et que donc toujours selon ses références à elle, elle voulait que je vive autrement, en espérant, en pensant que je serai alors heureuse. Avec différentes nuances, mon entourage est dans cette dynamique. Ils m'aiment, mais foncièrement, je pense qu'il s'agit d'hommes et de femmes en recherche balbutiante d'eux même, abimés comme moi et donc fragiles...C'est en cela que je me sens seule dans ma quête, mais prosaïquement, si je ne veux pas être seule un soir, je ne le suis pas. Il s'agit simplement de deux appréhensions différentes de la "solitude", or si la seconde me convient car je ne suis pas du genre à avoir besoin de voir du monde tous les jours, bien loin de là, la première est plus difficile à vivre.

Siesta, puis-je me risquer à te dire que tu me fais sourire ? Attention, ce n'est en rien péjoratif, bien au contraire. Tu me fais penser au paresiaste de Foucault, dans son livre "le courage de la vérité". Si les gens te demandent un avis, un peu aussi comme un Socrate Torpille,tu es vrai et tu ne t'embarrasses pas de circonvolutions. J'ai une sensibilité maladive et de ce fait, ton style pourrait me heurter, ton approche très directe, et pour autant, je vois le temps que tu mets à lire, à répondre et c'est une attitude de paresiaste. Alors je lis tes messages avec beaucoup d'intérêt. Voila qui nécessitait d'être dit. Merci en tous les cas pour ton éclairage pluriel.

Merci Shamal pour le bouquin. J'ai déjà lu "trop intelligent pour être heureux", ça vaut quelques remarques dans le métro du genre " eh bah, vous avez des vrais problèmes vous on dirait !"...Ou encore "l'adulte surdoué"...Je suis preneuse de lectures intelligentes sur ce sujet, notamment sur les aspects empathie et émotions anarchiques et "anormales", comment les gérer...

Dominik, merci également et en effet, cela rejoint ce que j'ai déjà lu sur ce fil, j'ai conscience que je dois nettoyer seule devant ma porte. Je tâche de ne pas chercher de baguette magique ni dans les médicaments, ni dans les autres. Les autres, à l'inverse de la chimie peuvent me donner des pistes dans ma réflexion, d'ou ma présence ici. Mais clairement, avant espérer aux côtés d'un être humain, il faut savoir marcher seul sans béquille, sinon on rentre dans la dépendance qui est aujourd'hui ma situation.

Enfin, Aviatha. D'abord je vais aller voir sur mon compte à la source et pas juste dans mon provider de mails car je crois que celui-ci mets les messages de ce site dans les spams, il l'a déjà fait à mon inscription :-(
Je te dirai ici si je n'ai pas reçu.
A mon tour, j'ai lu ton témoignage et de ce que je ressens, avec toute la marge d'erreur que cela représente, j'ai le sentiment que tu es typiquement dans une dynamique de donnant-donnant. Ton compagnon t'a en quelque sorte imposé ce choix polyamoureux alors que votre contrat initial était monogame. Cet avenant, si j'ose le dire, tu ne l'as pas souhaité et pas foncièrement accepté surtout pour toi même. Tu l'as fait "pour lui", et donc à ce titre et légitimement, tu attendais/ attends, un retour, comme dans un système de don/ contre-don. Le souci c'est que vraisemblablement, tu ne trouves pas autant de plaisir que lui dans ce nouveau mode de vie. Donc comme son désir à lui est satisfait, mais pas le tien, tu tombes dans le besoin et évidemment, dans la frustration et la souffrance.
Tu écris à un moment, que tu as dit à ton compagnon que tu "en avais marre de tout ça". Et franchement, je ne peux que te comprendre.
Moi dans mon cas, les choses avec mon ami ont toujours été claires et n'ont pas changé. Le contrat a toujours été celui là et c'est moi qui ai en quelques sortes signé pour ça en souhaitant pourtant avoir une relation avec lui. Mais lui n'a pas bougé de cap en 9 ans. Toi, les choses sont finalement bien plus difficiles: 5 ans sous un contrat qui te rendait heureuse de ce que tu écris, puis un avenant depuis un an, qui te détruit et que tu as accepté mais sans doute pour de mauvaises raisons: pour l'autre,pas pour toi.
Est-ce que je me trompe? Surtout surtout, je me lance dans des hypothèses,et pardonne ma maladresse, surtout si je te blesse, je marche sur des oeufs comme je sais toute la souffrance de ces situations.
En tous cas, de ce que je comprends, c'est qu'il y a un déséquilibre. Et que tu n'es pas heureuse dans ce partage, peut-être précisément car il n'y a pas partage mais désir du côté de ton compagnon, comblé par toi et d'autres, alors que toi tu es dans le besoin à son endroit et donc évidemment la jalousie, la colère, la grande souffrance. Tu évoques la perte depuis que cette femme est dans la vie de ton compagnon...Cela me fait donc penser à un manque, un besoin non comblé chez toi, que tu ne parviens pas à trouver ailleurs, comme ton compagnon ne répond plus assez...la question à se poser, c'est peut-être de savoir si ce qu'il te reste à partager aujourd'hui avec ton compagnon est assez qualitatif, faute de quantitatif? Si oui, alors penses tu possible d'aller trouver ailleurs ce qu'il ne te propose plus ou pas? Ou à l'inverse, si dans votre relation, il n'y a plus assez de partage qualitatif, alors en effet, peut-être s'interroger sur le bien fondé de continuer à mettre du temps et de l'énergie dans cette relation trop unilatérale pour toi?
Tu sais, tu dis, de ce que je comprends, que ce qu'il donne à cette femme, cela se fait au détriment de ce qu'il te donne à toi. D'une, ce n'est malheureusement pas une chose réservée aux poly...Mon ex mari était un malade de course à pied, moi aussi je cours, mais seulement une fois par jour, lui deux...Tu peux oublier les grasses matinées par exemple. C'est un exemple minuscule et trivial, mais mon point est de te dire que même dans un couple monogame, tu peux te sentir "la seconde roue du carrosse". Une belle mère trop présente ( c'était mon cas), des potes qui s'incrustent en permanence, un engagement professionnel, une passion dévorante...Généralement, on le vit "moins mal" car cela n'est pas au profit d'un/une autre, la corde de la jalousie est donc en relatif sommeil, mais si on y pense, c'est le même mécanisme. On se sent délaissée et moins aimée. Et ça semble injuste.On le vit comme un rejet. On est impuissant, on doute, et c'est pénible. L'intrusion d'un autre être humain est encore plus difficile à gérer du fait de nos éducations...
En tous cas, pour moi, il y a des mots forts dans ton message :" j'ai trop donnée, je pense reprendre mes billes"...Tu te sens lésée, car vraisemblablement, toi tu n'as pas trouvé de plaisir dans cet avenant au contrat.
D'où ce que je disais plus haut, sans rien connaitre de ta situation, et donc avec toute la part de plantage possible dans mes mots, mais savoir si tu as envie de garder cet homme dans ta vie, car ce que tu conserves avec lui est précieux et chercher ailleurs le reste, ou bien en rester là.
Tiens, pour finir, une analogie un peu facile mais qui illustre mon propos.
Tu avais ton compagnon pour toi et c'était une plaquette de chocolat de luxe que tu adorais. Un jour, le dit chocolat a annoncé que tu devrais à présent ne manger non plus toute la plaquette, mais peut-être 4 ou 5 carrés. Tu as donc, légitimement faim. La question est de savoir si tu as par ailleurs du homard ou/et du caviar sur la table. Si oui, peut-être est ce l'occasion de continuer à manger tes délicieux 5 carrés de chocolat, mais aussi manger du homard et/ ou du caviar.
Mais il y a aussi la possibilité que tu ne puisses plus manger de chocolat, ou que le gout du chocolat ne soit plus aussi bon...Et là, il te faut assurément te nourrir qualitativement ailleurs...

Moi dans mon cas, ce vieux compagnon est un immense chocolat de luxe quasi inédit. Je n'ai que 5 carrés sur la plaquette pour reprendre la comparaison qui touche ses limites ( car quand je suis avec lui, j'ai toute la tablette, paradoxalement, mais enfin je schématise volontairement ). J'ai pensé: si j'ai pas toute la plaquette, alors qu'il aille au diable.
Je suis allée me goinfrer de caviar. Mais là, j'ai constaté que le chocolat, même un carré de temps en temps, me manquait...Alors quoi? Alors je sais que d'une façon ou d'une autre, il y a 99% de chance/ risque selon le point de vue où l'on se place, pour que j'aime toute ma vie ce chocolat. Il faut pourtant bien me remplir l'estomac du coeur et de l'âme: alors je cherche d'autres mets de qualité. L'amour est une sorte de débordement comme dit Onfray, pas un manque.

Je te donne ici des "leçons" que j'ai tant de mal à appliquer à moi-même...Je répète, je tâche de formuler un avis qui se veut une aide, mais j'espère ne surtout pas te heurter dans mes propos car je te sens en souffrance et je sais alors combien c'est difficile de s'entendre donner des conseils alors, surtout venant de quelqu'un qui elle même est perdue.

Message modifié par son auteur il y a 12 ans.

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Notomys

le jeudi 17 octobre 2013 à 13h08

Aviatha, je te rejoins sur ta vision des choses quant à l'aspect créatif. Il est vrai qu'on peut, j'imagine, être dans toutes sortes de configurations relationnelles sans que celles-ci soient aliénantes ou castratrices. J'ai simplement le sentiment, mais peut-être celui-ci est-il vicié par mon expérience personnelle, que la cellule du couple, disons monogame classique, verse plus insidieusement vers des formes de contrainte et de dissolution des individus. Mais, mais, mais qui dit individu dit aussi multitudes de possibles et de fait, je n'exclue rien. Philosophiquement parlant, je l'avoue cependant, le simple fait de contractualiser avec un autre qu'on lui sera fidèle à vie me semble aujourd'hui une parfaite utopie. Cependant aussi, je m'interroge par ailleurs sur les gens qui enchainent des relations monogames avec plus ou moins de distance dans le temps: c'est une autre façon de faire, restreindre les autres possibles mais pour un temps seulement...Je ne porte aucun jugement, chacun trouve ses ajustements ( sauf moi pour le moment semble-t-il).
Dans mon cas cependant, j'ai gardé avec de nombreux "ex" des relations apaisées voire parfois amicales, deux voire trois sont de réels amis même si leurs petites amies sont jalouses, ce qui complexifie nos rapports. Mais bref autre sujet éculé, mon propos est de dire que je n'aime pas, lorsque c'est possible, les ruptures et la violence qui va généralement avec. La vie me semble courte et s'il reste des choses à partager alors je tâche de le faire. Du coup, c'est une des raisons qui me pousse à m'intéresser au polyamour, au delà de mon ami polyamoureux, car précisément, j'ai l'impression que c'est une philosophie de la non violence, de la continuité, de la fluidité, où il n'y a pas de ruptures précisément, mais des agencements dans le temps. Et que si rupture il y a c'est davantage dans la concertation, le dialogue et un cheminement qui un jour diffère, mais sans heurt.
Je ne sais pas si mon propos est très clair pour le coup.
Pour le reste, avec plaisir pour le MP, mais je ne vois pas de boite à messages sur le site..Où la trouver?

Lulutine, je commence par réagir au sujet des enfants. Je n'omets pas l'aspect très égoîste que peut receler le fait d'avoir un enfant. Cependant, je tiens à préciser que c'est une réflexion que je mène dans ma tête et sur cette question, je me documente aussi. J'ai été fouiller des ouvrages, du No Kids au plus dur Better Never to Have Been: The Harm of Coming into Existence de David Benatar, j'envisage aussi évidemment l'adoption pour laquelle j'ai aussi regardé les possibilités. Je suis moi-même issue d'une famille explosée, ma mère a demandé le divorce alors que j'avais 3 mois et elle m'a élevée seule avec l'aide de ses grands-parents. Je connais aussi l'immense part de hasard dans nos vies, "fooled by randomness" comme disait l'autre, et à ce titre j'ai pleinement conscience de la responsabilité ultime que représente le fait de faire un enfant, et aussi, même si la mesure est moindre, celle d'adopter un enfant. D'ailleurs, éthiquement, je ne suis pas au clair sur le sujet faire ou adopter. ( Ce qui m'a valu récemment de m'entendre dire que si j'étais à me poser ces questions éthiques c'est que je serais vraisemblablement une mauvaise mère...!)Au se-cours...
Néanmoins, tout ceci posé, éduquer un enfant, je l'avoue, me semble une expérience humaine majeure que j'ai envie de vivre. Cela me semble un enjeu majeur de l'expérience humaine. C'est sans doute d'une immense présomption de croire qu'on fera "pas trop mal" faute de bien quand on admet la part immense du hasard dans nos vies, mais au moins, me dis-je, j'ai la lucidité de le savoir.

Il ne s'agit donc en rien d'un caprice. Ni d'un pur délire égo-centré visant à me sauver la vie ou réparer mes errances via la vie d'un autre.
C'est une vraie réflexion.
En outre, j'admire beaucoup ces femmes qui se fichent du regard social et n'en font pas. Une fille que je connaissais à peine par le biais de la course à pied s'est suicidée il y a deux jours. Elle écrivait sur son mur Facebook une semaine auparavant " je n'ai pas de boulot stable, pas de mec et pas d'enfant, c'est bon, c'est dit, comme ça personne ne viendra m'en parler". Je ne connais pas les raisons de son geste, elle avait 44 ans, mais je ne peux que me dire que la pression sociale est terrible et terrifiante, peut-être même davantage sur les femmes. Je suis donc assez au clair sur cette pression au sujet des enfants. Et sur le reste.

Jusqu'à présent, j'ai par ailleurs professionnellement fait des choix de liberté davantage que des choix lucratifs. Quand au concept du mariage, j'ai vu et j'ai donné si j'ose dire.
Donc en réalité, mon titre est aussi à lire jusqu'au bout, éloge du bonheur par mes amis monogames...Je ne suis pas totalement crédule. Je sais les limites pour les avoir touchées. Et en effet Lulutine, ce que tu dis est parfaitement juste. Il n'y a aucune réalité derrière cette assertion. J'ai conscience de cela, mais, pourtant, malgré cela, néanmoins, cette pression sociale, cette fiction sociale, ce capitalisme qui pousse à ce conditionnement, est une machine redoutablement efficace, et au surplus, j'ajoute que lorsque l'on vit dans un entourage très gentil mais assujetti à cette pression, on finit par se sentir très seule, au sens décalée, déplacée...S'en suit un sentiment d'imposture permanent. Le psychiatre m'a parlé du faux self, je ne sais trop s'il faut considérer cela comme une science exacte, n'empêche que la dissonance est forte. Aussi, oui, cette phrase est stupide, quand je la decortique, je le sais, mais la difficulté c'est d'encaisser cela, sous différentes formes, tout le temps, dans chaque interstice de la vie quotidienne, car cela fini par s'infiltrer. Il faut être toujours à distance, vigilant, mais j'avoue ma fragilité alors, par moments, trop souvent, mes doutes me reviennent, je vacille et alors le discours trouve une oreille fragile donc ouverte...
A l'identique, je ne sais pas si tu auras cerné mon point de vue. En résumé je suis d'accord avec ton analyse et je la partage.
J'ai "juste" peur et cette peur, comme toujours la peur, rend irrationnelle, déraisonnable, etc...Difficile de rester au poste de commandes quand tout invite à éteindre son cerveau pour "suivre" le chemin tracé pour nous...Consomme, consomme, obtiens, accumules des vanités, encore et toujours pour t'endormir...Je m'endors alors, mais mon sommeil est léger et agité. Je n'y arrive pas.

Et ta phrase est tellement juste alors, Vaniel, ce bonheur analgésique, c'est tellement cela dont il est question.
A nouveau, je me dis que nous vivons dans un monde basé sur des rapports de compétition, il n'y a plus de place pour ...la médiocrité. Or, c'est très bizarre car au départ, "médiocritas" en latin, cela voulait dire le milieu, le juste milieu, la bonne distance, et c'était ce que les gens voulaient pour leur vie, cette philosophie épicurienne, de balance entre plaisir et déplaisir. Mais aujourd'hui notre monde ne veut plus d'équilibre, il veut des gagnants. Alors s'en suivent des rapports de force, que l'on retrouve dans les relations intimes entre les êtres.
Du moins, c'est ma modeste analyse du sujet. Tout cela me rend triste, je n'arrive pas à ployer l'échine durablement. Mais je n'arrive pas non plus à assumer ce rejet. Je ne me sens pas capable, pas assez ceci, pas assez cela, trop ceci et trop cela.
Enfin, je partage complètement ton avis quant au fait de considérer qu'il ne faut pas faire d'une personne le seul mentor, point d'encrage de sa vie. Dans le voyage du héros, il y a le mal à dépasser, le mentor qui aide et tout au fond, le dragon à tuer. Peut-être que je m'approche enfin du dragon...D'ici là, et c'est la raison de ma présence ici, je voudrai en effet trouver des bulles marginales dans cette société. Voir des gens vivre autrement, sans devoir aller en Asie pour me dire "quelle chance, quelle liberté, quelle respiration". Je me plais à croire qu'ici aussi il existe des zones franches, de non droits, de tous les droits, d'autre droits...

Merci Paul, je vais réellement considérer cette option. Dans la mesure où je ne vois aucun sujet de discussions sur le cannibalisme sur ce forum, je ne risque vraisemblablement rien à venir en effet. :)

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Notomys

le mercredi 16 octobre 2013 à 18h07

Merci encore pour vos éclairages.

Aviatha, tout d'abord.
Tu mets le doigt sur quelque chose de pertinent. Si je regarde rétrospectivement, il est certain que c'est cette rencontre avec cet homme qui m'a poussé à réfléchir sur le polyamour. S'il avait été monogame, moi qui venais de ma campagne, j'aurais sauté sur l'affaire et tout m'aurait semblé pour le meilleur. Seulement voila: la réalité, c'est qu'il ne l'est pas.
Comme je l'ai plus ou plus décrit, j'ai tout essayé. Etre amis, nous l'avons été. Cela ne marche pas. Nous sommes attirés et nous nous aimons. Ne plus le voir et être avec un autre homme, que j'aime, je le précise, c'est important, cela n'évite en rien le fait que cet homme me manque. Alors de fait, je dois essayer de composer avec le réel. On ne choisit pas ses affections.
En outre, ce qui m'a tout de même intrigué, c'est qu'au delà de cet homme, moi même en couple et notamment dans mon mariage, même lorsque les choses étaient "normales" et non violentes, sans (trop) d'enjeux de pouvoirs, j'étais tout de même mal à l'aise, en dissonance. Précisément car même dans un couple où tout va bien, je ressens ce jeu de pouvoirs pour le coup. Ce donnant donnant, et même insidieusement cette restriction de ma liberté, j'avais le sentiment de me dissoudre. D'ailleurs, j'ai eu de petits signes. J'écris, bien modestement. Pour moi et parfois je suis payée pour le faire comme pigiste. Or, comme j'étais mariée, et pourtant, je le redis, amoureuse, je n'avais plus envie d'écrire. Une part de moi était fondue dans ce tout qu'était mon couple. C'était sécurisant, ronronnant, mais je me sentais comme en léthargie.
C'est très difficile à expliquer.
Finalement, c'est précisément pendant mon mariage que j'ai réalisé que je ne réagissais pas "normalement".
Parce que j'aimais sincèrement mon mari, mais que j'aimais aussi toujours l'autre homme. Et cela était insoutenable car j'ai été éduquée dans l'idée que si c'est le bon, alors tu n'aimes que lui. Le monde s'effondrait. J'aimais les deux.
Pire encore, envisager que je n'aurai plus que mon mari comme perspective est devenu anxiogène, comme si à 30 ans une partie de moi était morte. Des portes fermées. Mais au nom de quoi, réellement? La terre est vaste mais je connecte rarement avec les gens, aussi me disais-je, si je rencontrais un autre OVNI comme moi, pourquoi refuser cette chance inouïe?
Et puis il y a eu mon mari, qui m'a vraisemblablement "trompée" avec une prostituée.
Malheureuse, une fois, j'ai fait comme plein délinquants relationnels comme dit Onfray; j'ai fouillé son portable et je suis tombée sur un numéro inconnu. Après recherches astucieuses, j'ai découvert qu'il s'agissait d'une escorte.
Je la fais courte mais au final mon mari a tenté de se complaire en explications fumeuses, en larmes et en excuses.
Mes amies mises au courant ( je ne savais alors le prix de la discrétion), m'ont toutes dit que c'était inadmissible.
Mais pourtant, j'ai non seulement admis, mais sincèrement, je n'ai pas tant souffert que cela.
Cette femme était ce qu'elle était, elle lui apportait autre chose et étrangement, je ne me suis pas sentie en concurrence. J'ai même proposé que nous parlions du fait que peut-être je ne pouvais remplir toutes ses attentes physiques et qu'en ce cas, nous pourrions réfléchir ensemble à un ajustement, entre nous.
Mon mari est monté au plafond. J'étais malsaine à proposer ça, tout allait bien. Soit.

Quant à mon compagnon actuel, je ne vis pas avec lui et même si l'idée de la cohabitation semble toujours me séduire, essentiellement car je veux des enfants je l'avoue et je ne vois donc pas d'autre option douce et harmonieuses (...), je n'ai pas envie d'habiter avec lui. C'est terrible à dire. J'aime aujourd'hui ma maison, mes habitudes, mes secrets. Et ma liberté, même si elle me fait peur car elle va avec la solitude et la marginalisation.
Je ne compare pas mes relations. Ma relation avec lui est ce qu'elle est. Mon autre relation a son unicité. Il y a une résonance avec mon vieil ami qui me permet de pouvoir être moi. Cette résonance n'est présente dans la relation avec mon compagnon "officiel", mais elle a d'autres choses pour elle, cette relation.
Aussi, aujourd'hui, je crois que j'aimerais pousser les choses, essayer précisément une autre forme de rapport à l'autre.
Mon couple classique et normée ne me rend pas heureuse. Je supporte de moins en moins les contraintes sociales.
J'aime mon compagnon, mais une partie de moi est aussi très égo centrée.
En effet, je suis perdue, mais je tâche de ne pas être en totale perdition. De garder mon cerveau allumé.

Si tu veux bien en parler, quand tu dis que tu es malade, s'agit il de bipolarité?
Mon psychiatre marche sur des oeufs avec moi car il semble que j'ai décroché la timbale, d'un côté, j'ai fait ses tests ineptes et mon QI semble assez bon, du coup, et bien que je déteste ces graduations, cette petite "différence", me porte selon lui à une immense sensibilité et des réactions "marginales". Mais évidemment, on peut être pas trop con et aussi bi polaire. Jackpot. Aujourd'hui nous parlons de traitements, mais je m'y refuse. Je veux rester lucide et voir où mon cerveau me porte. Les seuls anti-déprésseurs me suffisent, du moins, j'ai peur de l'engrenage médicamenteux.
Si tu as un éclairage la dessus, même en privé, c'est une question difficile.
En tous les cas, je vais regarder plus avant tout ce qui concerne le polyamour, je ne prétends pas être légitime à me proclamer polyamoureuse, tu as raison, mais je cherche simplement ma place. Et je trouve dans les récits que j'ai vu ici une réponse et une intelligence qui me touche. Une douceur aussi qui me réconforte.

Vaniel, en parlant de douceur, merci pour celle de tes propos. Quant au réconfort, je n'entends pas confondre ce forum avec un divan, mais je m'intéresse à la gestion du manque et de la confiance en soi. Je vais venir régulièrement. Merci.

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Notomys

le mercredi 16 octobre 2013 à 12h33

Tout d'abord, je tiens à préciser que je suis très étonnée, et c'est pour le mieux, quant au fait d'avoir eu des réponses. En outre, je le suis davantage encore quand je vois la qualité de celles-ci. Merci de vos analyses, tout à fait fines et pertinentes.
Je vais tâcher de prendre sur ma petite et relative angoisse et tenter de venir vous rencontrer un lundi soir prochain. A ce titre, je ne sais trop comment cela se passe...Il s'agit de se retrouver au café à Paris, mais ensuite, comment savoir qui fait partie, si j'ose dire, de la guilde des polyamoureux? Je redoute la situation visant à interpeller une personne avec une accroche du style " bonsoir, vous êtes membre du groupe polyamour?" -" Non pas du tout..." *oeil torve et/ou en biais*...*déglutition de salive*.
Vous me direz que ce ne serait pas bien grave,c'est certain, mais la première prise de contact est un peu déconcertante.

Je viendrais seule le cas échéant, mon "officiel", comme tu le dis Siesta, n'est pas du tout dans cette quête. Tous ses amis sont en couple, avec des enfants, et ils font leur week-end à Center Park. Je n'ai rien contre ce mode de vie, mais je ressens simplement que je suis trop cynique pour être en adéquation avec cela. Et comme le caniche et le mensonge, la contrainte, avec le temps, ça devient aussi méchant et ça mord.
Toujours pour te répondre Siesta, mon ami poly m'a dit que je ne serais pas vraie lors de mon mariage car il savait que je me contraignais à cette exclusivité, mais que ce n'était pas mon choix à moi. En d'autres termes, si demain, je n'avais *réellement*plus envie de partager une intimité avec lui, alors il l'accepterait car il considère que la relation doit être la réunion de deux envies. Mais si les deux envies sont présentes mais que l'une est artificiellement maintenue et contrainte, alors là, il considère que la relation est fausse...Je ne sais pas si cela fait davantage de sens ainsi.
En tous cas, ton site est noté, et j'ai trouvé la version mobile, relativement bien faite. Merci de ce petit conseil.

Geraldine, merci. Ainsi qu'à Atthis pour vos mots réconfortants.
Si ma pensée est relativement structurée c'est que je discute de cela avec mon ami très souvent. Lui me donne son avis, il m'explicite sa façon de vivre, sans être prosélyte car foncièrement, il souhaite surtout que je sois heureuse, idéalement avec lui dans ma vie, mais même si cela ne devait plus être le cas, je crois qu'il tient assez à moi pour espérer ma sérénité avant son plaisir, ou son bonheur à lui avec moi. En outre,j'ai lu des choses sur le sujet. Mon divorce a été un crash massif, une nécessité de revoir mon modèle, à la dure. Depuis, j'oscille et la dissonance cognitive entre mon ressenti chaotique et le discours normatif est terrible.

Enfin Robot étourdi, tu mets le doigt sur un point sans doute pertinent. J'ai longtemps espéré le prince charmant, le sauveur de facto. Mais là aussi, j'ai touché les limites. Mon mari n'était qu'un homme, de surcroit avec ses propres errances, tout comme tout un chacun. Même mon psychiatre ne peut pas m'aider sur tout. Lui considère également mal cette relation que j'entretiens avec mon ami. Il met cela sur une pseudo incapacité à m'engager réellement, avec de pseudo corrélations parentales qui me semblent un peu faciles. Au final, il est bon, mais lui aussi reste un homme, avec toute sa subjectivité. J'ai donc bien conscience que la réponse doit venir de moi, mais c'est une manoeuvre difficile. Je manque de confiance, j'agis par impulsions, un pas en avant, deux en arrière, et j'ai le sentiment de végéter et voir le temps passer sans trouver ma place. Je me demande pourquoi autour de moi, aucune de mes amies ne remet en cause l'existant et que moi je ne puis m'en contenter. Quand j'étais môme ma mère me disait une éternelle insatisfaite, il faut peut-être considérer qu'elle avait raison.
En tous cas, j'ai commencé et je vais continuer à éplucher ce forum, j'ai notamment trouvé des choses sur comment gérer le manque, qui me seront bien utiles en cette période à nouveau bien triste.

Merci encore de votre attention et de vos mots.

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Notomys

le mardi 15 octobre 2013 à 22h28

Bonsoir et d'avance un immense merci à tous ceux qui auront la gentillesse de me lire en intégralité.
Je crains d'être passablement ennuyeuse, mais je viens chercher ici ni plus ni moins qu'une aide et un réconfort.
Une authenticité aussi.
J'ai longtemps hésité à m'inscrire ici et encore davantage à oser écrire ce qui va suivre pour avoir des avis et points de vue, peut-être divergents de ceux que j'entends tout autour de moi. Car en réalité aujourd'hui, je n'ai plus personne à qui confier ceci et je suis perdue. Je mens en permanence et cela devient de plus en plus lourd.

Je connais un homme depuis 9 ans.
Cet homme a depuis le début de notre échange fixé le fait qu'il avait des relations multiples, qu'il les considérait chacune comme rares, précieuses, uniques, sans hiérarchie et incomparables. Il a en outre été très clair quant au fait qu'il ne voulait pas d'enfant pour des raisons éthiques, et pas de cohabitation non plus, préférant que chacun vive chez soi de sorte à ne se voir que lorsque chacun en aurait envie et pas parce qu'il y aurait de la contrainte.
Lorsque je l'ai rencontré, je débarquais de ma campagne sur Paris, j'avais 25 ans et beaucoup d'illusions normée. Il a alors freiné quant à notre relation, bien que l'attirance soit réelle et réciproque, de sorte à ne pas me faire souffrir. Pendant plusieurs années, il a eu ses relations avec néanmoins beaucoup de discrétion, et moi les miennes-monogames- et sans aucune discrétion...J'estimais être dans le vrai et que lui était déviant. Il ne m'en a jamais fait le reproche, à l'inverse, il a toujours été là pour me consoler de mes souffrances et peines de coeur, sans aucune jalousie ni possessivité, ce que j'ai longtemps pris pour de l'indifférence. Pour expliciter les choses, dès que j'étais célibataire, nous dormions ensemble, nous nous tenions la main, nous écoutions de la musique, et tant d'autres choses mais pragmatiquement, nous ne faisions pas l'amour et nous ne nous embrassions pas. Avec les années, cela s'est avéré de plus en plus difficile cependant, si bien qu'au bout de 3 ans, nous avons finalement été plus loin, ce qui a évidemment intensifié la relation mais aussi provoqué chez moi beaucoup de souffrance comme lui n'a pas changé son mode de vie. Je suis tombée encore plus amoureuse de lui, d'une façon pour le coup unique et extrêmement forte. Ironie du sort me suis-je dis non sans peine...

A bout de souffle, j'ai donc finalement décidé de le quitter au bout de quelques mois et j'ai rencontré un autre homme. Alors j'ai emménagé avec lui et un an plus tard, je me suis mariée. J'ai dès le jour de cette rencontre totalement éjecté de ma vie cet homme qui avait été là pour moi depuis des années, que j'aimais et qui m'aimait. Mais tout le monde me disait qu'il me manipulait, qu'il ne m'aimait pas, que c'était un malade mental, que je "n'obtiendrais" jamais rien, que je ne "construirais" rien. J'ai donc choisi l'autre, celui qui proposait de construire, d'avoir des enfants, une vie à laquelle j'avais tant aspiré.

Pendant les 3 ans où j'ai été mariée, je ne n'ai pas revu mon compagnon de route, et je lui ai écrit 3 fois. Lui m'avait en outre dit clairement qu'à partir du moment où j'avais décidé d'être exclusive avec un autre, que j'avais "contractualisé" en me mariant, il ne souhaitait plus me voir de façon artificiellement amputée. Il disait que nous avions toujours envie de vivre notre relation mais que par contrainte sociale, je bridais ce qui était vrai. Et que lui ne voulait pas d'une relation fausse avec moi. Qu'il préférait rien que mal.
J'ai tenu bon et je suis restée fidèle à mes idéaux et mon mari.
Pendant 3 ans pourtant, il n'u eut presque pas un jour où je n'ai pas pensé à lui. Pourtant j'aimais mon mari. Cette situation me rendait malade de culpabilité. J'en rêvais la nuit et pleurait dans ma douche le matin. J'en ai parlé à quelques rares amies et à ma maman. Toutes m'ont dit la même chose: "tu as bien fait. Et tu oublieras. Il n'était pas bon pour toi".
J'ai fait de mon mieux pour croire.
Au bout de 3 ans, mon mariage a tourné court. Mon mari était peu à peu devenu extrêmement autoritaire, et malheureusement violent. Ironie du sort, j'avais quitté l'absolue liberté pour la pure prison dorée. La contrainte et la misère affective me rongeaient. J'avais perdu toute estime de moi et il ne demeurait qu'une jolie façade totalement factice. Tout le monde autour de moi adorait cette façade et ne cessait de me renvoyer une image de réussite. Mais au fond, terrible vérité, je savais à quel point tout cela était faux et misérable.

Alors au bout du rouleau, avec des idées noires, me voyant piégée, j'ai finalement demandé à cet homme de le revoir.
Je voulais lui dire au revoir. Je ne voyais plus aucune issue à ma vie. Etrangement, cette fois, il a eu comme un pressentiment que c'était important, sans bien savoir pourquoi, mais il a accepté de me revoir, le temps d'un diner.
Quand je l'ai revu alors, au bout de ces trois années, c'était comme si je l'avais quitté la veille. Immédiatement il m'a réinjecté une forme d'espoir en mesurant l'abîme où je me trouvais et c'est en partie grâce à cela, grâce à lui, que j'ai trouvé la force de partir, en 48H à peine, avec presque rien.
Je me suis retrouvée un appartement, je suis repartie de zéro, et cet homme, encore, m'a écouté déverser tout mon chagrin, crier mes vaines désillusions aussi.
Et nous avons repris une relation. Au sortir de mon mariage, je n'aspirais plus qu'à une totale liberté, et aussi beaucoup de solitude. Les premiers temps entre nous ont alors été simples et doux. Il a cru que j'avais changé pour de bon d'état d'esprit et moi aussi.
Mais au bout de quelques mois, alors qu'il m'a annoncé qu'il avait acheté un terrain à l'autre bout du monde et qu'il comptait y faire construire une maison dans laquelle il comptait vivre 6 mois de l'année, j'ai littéralement pété un plomb. En réalité je m'étais leurrée, j'avais peu à peu dans ma tête imaginé que nous étions en couple, lui et moi, bien que je continue à lui faire des crises impossibles au sujet notamment de deux relations qu'il a dans sa vie depuis autant, voire plus longtemps que moi. Il est parti et en fin d'année dernière, je me suis effondrée. Une grosse dépression, avec une suspicion de bipolarité. J'ai commencé à prendre des anti-depresseurs mais pas autre chose. A distance, il m'a quasiment écrit tous les jours, prenant de mes nouvelles. Quand il est revenu 3 mois plus tard, j'ai encore été impossible, l'exhortant à changer, désespérée et malheureuse. Avec beaucoup de douceur il a maintenu sa position et m'a longuement écouté et essayé de me rassurer sur ma jalousie, ma possessivité et mon manque vis à vis de lui.
Finalement, en milieu de cette année, j'ai rencontré un homme. Celui-ci m'a quittée deux fois et est revenu, dans le cadre d'un contrat classique de monogamie, car il ne peut accepter autre chose et moi, j'ai été maladroite pour tenter d'expliquer mon ressenti. Et une nouvelle fois, j'ai pensé que c'était mieux ainsi.
Mais le fait est que lorsque mon ami est revenu, nous nous sommes revus et alors que j'étais, que je suis "en couple", je n'ai pas pu m'empêcher de continuer notre relation, au sens l'aimer à l'identique. Cela me ronge car je vis dans le non dit avec mon partenaire "officiel", et personne ne cautionne le fait potentiel que je "vois encore ce manipulateur alors que mon mec est tellement génial".
Fin de citation. Alors je mens à tout le monde et je dis que mon ami n'est plus qu'un simple ami,mon meilleur ami, pour pouvoir justifier de partir avec lui le temps d'un week-end, ou le voir tout simplement le soir pour diner. Mais évidemment, mon partenaire "me fait confiance" comme il me le dit, et s'il me laisse de la liberté c'est sous entendu pour ne pas "en abuser".
Plus personne dans mon entourage ne veut entendre parler de cet homme poly amoureux. L'antéchrist, l'égoïste, le manipulateur qui ne me respecte pas. C'est là ce qu'on me dit. Pourtant, je suis en souffrance et lui seul le sait et m'accepte comme je suis.
Longtemps j'ai été boulimique, j'ai réussi à arrêter, idem pour la prise de drogue dure, mais la peine demeure. Tout cela, cet homme le sait, et il m'a aidé de son mieux. Il m'a emmené dans les plus grands restaurants que je ne mangeais pas et pesais 41 kilos pour 1m61, il est venu en pleine nuit quand j'étais au bord du gouffre. J'ai eu des crises de nerfs terribles avec lui, car je suis vraie pour le coup, je deviens émotionnellement incontrôlable, je me mets à pleurer, je dis n'importe quoi, de la colère, je suis méchante, je pars en pleine nuit. Il supporte, quand je reviens, honteuse et coupable, il ne me juge pas mais essaye de m'aider à comprendre ce qui me hante.
Il me dit qu'il ne vit pas dans le donnant donnant, que je lui suis précieuse avec mes bons et mes mauvais côtés, qu'il me prend comme je suis, car on ne choisit pas ses affections. Je crois que personne ne pourrait supporter avec autant de calme et d'intelligence mes extrémités.
A nouveau, cet homme est reparti. Du moins, non, il n'est plus disponible jusqu'à la fin du mois. J'ai cherché et j'ai découvert que c'était pour voir une autre femme, qu'il connait depuis des années. Nous avons passé un mois à la colle, avec beaucoup de tendresse, il m'a emmenée en week-end, il est venu passer une semaine chez moi alors qu'il déteste cohabiter, mais le fait de savoir qu'il allait maintenant passer du temps avec cette autre avec qui il va avoir une intimité pour le coup, et ensuite repartir pour un temps indéfini me rend à nouveau totalement malade. Il m'a apaisée, en me disant une nouvelle fois qu'il ne comparait pas les relations, que cette femme ne prenait pas ma place et que s'ils devaient cohabiter durant quelques jours avant son départ à lui c'était car elle habitait à l'étranger, mais il a ajouté que cela était un problème en suspend car il ne voulait pas cohabiter, même pour une courte période, ni avec elle, ni avec personne.
Je me retrouve ainsi, à nouveau seule, sans personne avec qui partager ma peine, car tout le monde me croit folle- ce que je suis sans doute par ailleurs...- et même avec mon compagnon, je ne peux pas partager ma réalité. Je me demande si je suis cinglée de me prendre à rêver d'avoir un homme à mes côtés à qui je pourrais dire cette réalité, cette peine d'en aimer un autre, aussi.
Je me dis que si quelqu'un acceptait cela, alors cette relation serait merveilleuse.
J'aimerais avoir des enfants, avec un autre homme. J'aimerais aussi cohabiter. Mais je me sens aussi condamnée à aimer cet autre homme. Et son absence, dans ma condition actuelle de solitude et de mensonges, est insupportable. Dans le même temps, j'ai des attirances pour des femmes, rares par rapport aux hommes, mais réelles. J'ai envie de concrétiser cela. Je me dis que je ne suis assurément pas câblée correctement et que c'est une sacrée tempête sous ma petite tête.
Avant de me laisser, mon ami m'a dit d'essayer de trouver des gens différents, plus ouverts d'esprit, pour ne pas demeurer seule avec mes questionnements.
C'est la raison de ma présence ici et si quelqu'un a eu le courage d'aller au bout de cet interminable laïus, je lui serai reconnaissante de me donner son avis, peut-être une quelconque aide pour la route, des suggestions, des loupiotes dans la nuit- sauf si comme tout le monde il s'agit de me dire qu'à ce jeu dont j'ai passé l'âge ( j'ai 33 ans, je précise) , je vais finir seule,sans enfant, sans boulot dans mon appartement en location à avoir attendu après un homme malhonnête. :(
J'ai lu, discrètement, les ouvrages de mme Simpère. J'ai lu Onfray et aussi Ethical Slut. Je cherche, maladroitement, mais je cherche.
Sur le papier, cela me semble d'une vraie puissance, mais dans la pratique, à part cet homme, je ne connais personne qui vive ainsi, qui soit polyamoureux comme c'est le terme consacré et soit en outre heureux.

Je crois en avoir dit assez voire beaucoup trop, alors merci encore de votre aide.

Message modifié par son auteur il y a 12 ans.

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