Polyamour.info

Lili-Lutine

Lili-Lutine

avignon (France)

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Discussion : Flemme d'évoluer ;)

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Lili-Lutine

le jeudi 14 août 2025 à 22h27

@Hestia

En te lisant depuis le début de ce fil, ce qui me frappe c’est à quel point tu as avancé en profondeur, même quand tu parlais de "flemme" ou de pause

J’y vois surtout une immense capacité à te regarder en face, à ajuster, à chercher le point d’équilibre entre tes besoins, tes limites, et ceux des personnes avec qui tu es en lien

Ce n’est pas de la flemme, c’est de l’écoute de soi, et ça, c’est déjà évoluer

Tu as su nommer tes zones de confort, comprendre tes déclencheurs, chercher des solutions concrètes (l’ami·e de confiance pour exprimer à chaud, les ententes relationnelles, le suivi pro…)
Et tu sais célébrer les moments où ça va bien, sans minimiser tout le chemin qu’il y a derrière

Je trouve précieux que tu oses partager aussi les retours positifs, parce que ça montre que dans le polyamour, on peut passer de périodes très tendues à des phases beaucoup plus sereines

Ton expérience est une preuve vivante que la patience, la curiosité et la communication peuvent vraiment transformer une relation, même quand on a eu envie de tout mettre en pause

Et je crois aussi que ton chemin dit quelque chose d’important pour nos milieux : on a souvent l’impression qu’il faut "réussir" ses relations tout de suite, être toujours à la hauteur des idéaux qu’on affiche
Mais apprendre à ralentir, à se protéger, à laisser infuser les expériences… c’est aussi une forme de résistance face à la pression de performance relationnelle

Tu rappelles qu’on a le droit de cheminer à notre rythme, et ça, c’est précieux collectivement

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Discussion : Politiser la non-monogamie

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Lili-Lutine

le jeudi 14 août 2025 à 19h01

Depassage
Oui, j'avais parfaitement saisi ton propos. je voulais juste souligner l'utilisation générale et abusive d'un terme qui recouvre une réalité médicale pour ceux et celles qui peuvent en souffrir (ce qui est mon cas mais je n'en fait pas étalage et ne l'utilise pas pour me déresponsabiliser de propos déplacés)

Bien dit <3

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Discussion : Politiser la non-monogamie

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Lili-Lutine

le jeudi 14 août 2025 à 18h46

Depassage
Brillante démonstration.

Juste, non, chacun n'a pas le droit de se définir, d'un terme médicale en tout cas (ce n'est pas ce que tu dis) sans diagnostic médical.. Ce serait trop facile. Oui, c'est à la mode sur tik tok et sur beaucoup de forum cependant.




Message modifié par son auteur il y a une heure.

Oui, je comprends que pour certains termes issus du champ médical, il y ait une dimension de diagnostic formel qui joue un rôle important, notamment pour accéder à des droits, des soins ou des aménagements

Mais il me semble essentiel de distinguer ce cadre administratif ou médical, et la manière dont les personnes se définissent elles-mêmes à partir de leur vécu

Beaucoup de personnes neurodivergentes n’ont pas eu ou n’ont pas voulu passer par un diagnostic officiel, parce que les parcours sont longs, coûteux, épuisants, parce que les critères peuvent être biaisés, ou tout simplement parce qu’elles revendiquent le droit de nommer leur propre expérience sans attendre la validation d’un système normatif

Ce qui me gêne surtout ici, c’est l’usage d’un terme daté et lourd d’histoire pour justifier une attitude perçue comme brutale ou arrogante

Cela entretient des stéréotypes et invisibilise la diversité des manières d’être autiste ou neurodivergent·e, au lieu d’ouvrir à la discussion et à la compréhension mutuelle

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Discussion : Politiser la non-monogamie

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Lili-Lutine

le jeudi 14 août 2025 à 18h03

kill-your-idols
@Alabama ce n'est pas de l'arrogance, c'est de l'asperger.

Dire que "ce n’est pas de l’arrogance, c’est de l’Asperger" poserait problème à mes yeux pour trois raisons  :

1. L’histoire derrière le mot

Le terme « syndrome d’Asperger » porte le nom de Hans Asperger, un médecin autrichien dont la biographie révèle une collaboration active avec le régime nazi. Il aurait participé à l’envoi d’enfants jugés "inéducables" vers le centre d’euthanasie d’Am Spiegelgrund, certains périssant ensuite dans ces lieux de mort 
Depuis plusieurs années, des voix scientifiques appellent à supprimer cette désignation, au profit de "TSA (trouble du spectre autistique)"   

2. L’auto-identification, oui, mais dans un contexte éclairé

Bien sûr, chaque personne garde le droit de se définir comme elle le souhaite
Le problème n’est pas tant l’usage du terme que la manière dont il est mobilisé
S’en prévaloir pour justifier un comportement condescendant, supérieur ou blessant ne vaut pas excuse, et, dans ce cas, l’histoire pesante du mot devient d’autant plus gênante, presque déplacée

3. Neurodivergence ≠ immunité relationnelle

Certaines personnes autistes, souvent “diagnostiquées Asperger” par encore certains psychiatre, psy ou autres , peuvent en effet longuement ressentir un décalage, une directivité ou une intensité dans leur communication qu’on interprète comme arrogance

C’est un vécu réel, porté par la neurodivergence

Mais confondre ce trait avec un droit à écraser l’autre, se faire sentir supérieur ou légitime de dire comment ça lui vient…c’est refuser la responsabilité sociale

L’honnêteté brute n’excuse jamais l’absence d’empathie ou le mépris

En résumé :
Le mot « Asperger » est lourd de conséquences historiques et éthiques. Il est tout à fait possible de l’utiliser, ou non , mais il faut savoir à quoi on s’expose

Et non, la neurodivergence sociale ne dispense pas de l’attention aux autres

Message modifié par son auteur il y a un mois.

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Discussion : [Lexique] Poly par défaut

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Lili-Lutine

le jeudi 14 août 2025 à 17h48

artichaut
Merci pour les précisions, mais pour moi ça n'inclue justement pas les deux exemples que j'ai essayé de nommer
- La personne qui choisi le poly faute de mieux, car elle sent bien que sa catégorie sociologique ne lui permet pas d'espérer le grand amour mono vendu par la société comme allant de soi. Pour elle ce n'est ni vrai choix, ni un contexte relationnel ou situationnel (comme pour Fred) mais un plafond de verre structurel. Le polyamour peut devenir un choix, mais souvent pas défaut.
- La personne qui a le privilège de pouvoir choisir, qui choisit le polyamour, mais n'est fonciérement pas satisfait·e de son choix. Ce n'est pour moi, ni tout à fait choisis, ni tout à fait contraint.
Dans les deux cas c'est un genre de choix, mais un choix par défaut.

Oui, je comprends ce que tu veux dire par "choix par défaut" et je vois bien les deux exemples que tu cites.
Pour moi, le premier cas : la personne qui, à cause d’un plafond de verre social, n’a pas accès au grand amour monogame "vendu" comme allant de soi, se rapproche beaucoup du poly contraint dans ma grille
La contrainte, ici, n’est pas forcément un·e partenaire ou une situation immédiate, mais bien un contexte social, économique, validiste, raciste, sexiste, etc. qui limite les possibilités relationnelles
Ce n’est pas un contexte choisi, c’est un contexte subi, même si ça peut déboucher sur un poly vécu comme épanouissant ensuite

Le second cas : la personne qui a le privilège de choisir, qui choisit le poly, mais n’en est pas vraiment satisfaite, pour moi, c’est une forme de poly de contexte qui ne s’assume pas totalement comme telle
Le contexte étant ici un mélange d’envie, d’opportunité, de curiosité, mais aussi de décalage entre ce qu’on pensait trouver et ce qu’on vit vraiment

Je comprends l’idée de "choix par défaut" mais je trouve que ça rend invisible les déterminants sociaux ou personnels qui orientent ce "défaut"
Nommer ces forces-là (privilèges, exclusions, contraintes intériorisées, etc.) me semble plus éclairant que de rester sur l’impression qu’on "a juste choisi faute de mieux"

Message modifié par son auteur il y a un mois.

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Discussion : [Lexique] Le choix des termes. Termes inventés par des personnes non-concernées. Stigmatisation et résistance.

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Lili-Lutine

le jeudi 14 août 2025 à 17h31

Je pense aussi à toutes ces fois où l’on m’a assigné·e une identité qui ne venait pas de moi...

On m’a dit que je n’étais pas vraiment poly parce que j’avais une relation sexo-affective avec une personne adultérine, ou parce que je disais ne pas avoir ce besoin vital ou viral de connaître les autres relations de mes relations, ni de tout savoir de ce qu’elles font sans moi à leurs côtés...

On m’a collé bien d’autres étiquettes encore, liées à ma vie de femme cis pansexuelle… On m’a dit fétichiste, indécise, "pas fiable", "tu ne sais pas ce que tu veux"… et tant d’autres jugements, ah aussi, et plus récemment que je peux pas me définir queer puisque je suis une femme cis !

Ces assignations ne sont pas neutres
Elles s’appuient sur des normes patriarcales, hétéronormatives, monosexistes, qui fabriquent des cases et excluent celleux qui ne rentrent pas dans le format attendu
Elles peuvent peser lourd sur nos relations, notre place dans les communautés, notre légitimité à être écouté·e
Avec le temps, j’ai appris à me défendre, parfois à ignorer, parfois à répondre… mais il m’a fallu des années pour comprendre que ce n’était pas "moi" le problème, mais bien la grille de lecture imposée

Vieillir aide : on perd un peu la mémoire :-D de tout ce qui a été dit ou vécu, et on gagne en liberté intérieure
Mais on ne devrait pas avoir à passer par l’usure du temps, de nos corps et de notre santé mentale pour être reconnu·e comme légitime !

C’est aussi pour ça que j’ai envie qu’on reste attentif·ve·s à qui invente les mots, à qui décide des définitions, et à comment ces mots façonnent ou limitent nos façons d’aimer et de nous relier

Message modifié par son auteur il y a un mois.

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Discussion : Est-ce mal d'avoir des attentes dans nos relations (et dans la vie en général) ?

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Lili-Lutine

le jeudi 14 août 2025 à 16h59

Pour moi, les attentes ne sont pas un problème en soi

Le vrai enjeu pour moi, c’est de les voir, de les nommer, et de pouvoir les mettre sur la table sans que ça déclenche immédiatement l’accusation de "dépendance affective" ou d’"immaturité" (accusations d’ailleurs souvent genrées et héritées du patriarcat)

On nous apprend rarement à dire : "ça, j’en ai besoin" ou "ça, ça me fait du bien" et encore moins à le négocier

Le plus dur pour moi je pense n’a pas été d’avoir des attentes dans mes relations
Le plus dur a été de ne pas savoir assez tôt que certaines allaient être cruciales pour ma santé mentale et physique

J’ai appris, petit pas par petit pas, à mieux identifier celles qui me semblent vraiment importantes et celles qui le sont moins
Et surtout, j’ai appris à en parler dans mes relations
Pas toujours avec bienveillance au début, comme si je bégayais quelque chose à peine ressenti, mais au fil du temps… et j’apprends encore... je me sens aujourd’hui plus libre, même avec des attentes :-D :-D :-D

C’est là que je me demande si la vraie liberté relationnelle ne passe pas par la capacité à faire coexister autonomie et interdépendance ?

Pas à nier qu’on attend des choses des autres, mais à créer un espace où ces attentes peuvent circuler, se transformer, parfois se combler, parfois s’ajuster

Et peut-être que le problème n’est pas "avoir moins d’attentes", mais "ne plus subir l’injonction à se taire dessus"

J’aimerais bien savoir comment vous, vous distinguez attentes nourrissantes et attentes qui enferment <3

Message modifié par son auteur il y a un mois.

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Discussion : [Lexique] Poly par défaut

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Lili-Lutine

le jeudi 14 août 2025 à 16h03

Et je me demande comment on pourrait nommer les personnes qui, depuis le début de leur vie, regardent la monogamie comme étrange et peu enviable… comme un truc perçu très tôt comme risqué, contraignant, pas pour elles
Celles qui sentent confusément qu’il faut se méfier, que ça ressemble à un piège
Sans forcément avoir les mots, ni les références, ni même les exemples autour d’elles, elles savent tôt dans leur vie que ce format relationnel n’est pas le leur
Elles vont alors passer des années à se cogner à la norme, aux structures, aux autres, toustes les autres, avant de réussir à s’en extraire ou à ne jamais y entrer du tout
Peut-être que pour elles, on pourrait parler de Poly instinct ? :-D

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Discussion : [Lexique] Poly par défaut

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Lili-Lutine

le jeudi 14 août 2025 à 15h47

artichaut
Oui, le risque est là.


Lili-Lutine
Je trouve plus clair de distinguer poly choisi, poly de contexte et poly contraint


- Poly choisi, je pense que je vois

- Poly de contexte, je ne suis pas certain : tu veux dire être dans une relation avec un poly et le vivre bien, même si ça n'aurait pas été notre choix ?

- Poly contraint me semble un peu maladroit ou prêter à confusion Je suis de ceux qui pense que Le polyamour subit n'existe pas. Et j'aurais peur que ça instille l'idée qu'on peut légitimement imposer le polyamour à son/sa partenaire. En même temps je vois l'idée, puisqu'une personne en couple, dont le couple à été ouvert de force, et qui tant bien que mal fait des efforts d'empathie/compersion (car par exemple à trop à perdre dans la rupture de cette relation), est de fait dans une dynamique poly. Bien plus d'ailleurs que la personne qui s'est contenté d'ouvrir le couple de force pour aller voir ailleurs sans culpabiliser d'une adultère.

Poly choisi
C’est celui qui se construit dans le temps, souvent après des expériences en monogamie
On modifie peu à peu son parcours relationnel, ses choix de partenaires, et on développe le désir ou la curiosité d’essayer un autre format
Ce n’est pas toujours un chemin linéaire : on teste, on ajuste, on change d’avis, on explore encore, jusqu’à trouver un modèle qui convient

Poly de contexte
Je vais donner ici un exemple personnel : mon compagnon Fred
Il n’avait jamais pensé, ni même envisagé, que la non-monogamie puisse lui convenir
À mes côtés, il a dû se confronter à ses croyances de l’époque sur ce qu’était une "vraie" relation amoureuse
Cela a impliqué environ 18 mois à 2 ans de discussions souvent intenses, parfois d’incompréhensions ou de malentendus
Finalement, il a trouvé dans ce format relationnel un espace d’épanouissement qui aujourd’hui lui fait dire qu’il n’en changera pas

Ce que Fred vit comme choix non-monogame ressemble très peu à ma façon de le vivre
Après quelques essais qui ne lui convenaient pas, il a rapidement choisi de n’avoir qu’une seule autre partenaire que moi
Cette personne, comme lui, ne souhaite pas avoir d’autres partenaires
Iels sont donc en exclusivité l’un·e avec l’autre, et moi avec ellelui
Elle et moi nous apprécions beaucoup, et cela dure depuis plusieurs années
Leur format est le plus adapté à leurs besoins communs, même s’il ne correspond pas à ma propre pratique de la non-monogamie

Sans le contexte (ma non-monogamie dès le départ), Fred n’aurait sans doute jamais eu cette expérience
C’est pourquoi je parle ici de "poly de contexte" : c’est l’environnement relationnel qui rend possible (ou qui amène à explorer) un format qu’on n’aurait pas cherché spontanément

Poly contraint
C’est, pour moi, une réalité qui existe, même si le terme peut heurter
Il désigne les situations où l’on reste dans un lien non-monogame qui ne nous convient pas, mais dont on ne peut pas ou ne sait pas sortir
Les raisons peuvent être nombreuses : dépendance économique, sociale, émotionnelle, peur de perdre ses enfants, peur de la solitude, manque de réseau de soutien, invalidité, pressions culturelles ou familiales…
Ce maintien peut être volontaire pour certain·e·s (« je reste quoi qu’il arrive »), ou transitoire jusqu’à ce qu’il devienne nécessaire pour sa santé mentale ou physique de partir
On ne peut pas analyser cette catégorie sans la replacer dans les structures sociales qui pèsent sur nos choix : patriarcat, culture du viol, inégalités économiques et de genre, validisme… Ces systèmes influencent profondément notre capacité à négocier ou refuser un format relationnel

Peu importe au fond les noms qu’on invente ou les concepts théoriques : l’important reste de se comprendre et d’apprendre ensemble, en décortiquant ce qui se joue dans nos liens
Surtout là où nos angles morts et nos impensés, souvent hérités de normes sociales, peuvent être à l’origine de nos souffrances ou de nos échecs relationnels

Message modifié par son auteur il y a un mois.

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Discussion : [Lexique] Poly par défaut

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Lili-Lutine

le jeudi 14 août 2025 à 14h39

En vous lisant, je repense à combien ce terme "Poly par défaut" peut recouvrir des réalités très différentes

Et, à mes yeux, il y a un vrai risque qu’il devienne une étiquette un peu rapide qui gomme les nuances

Je trouve plus clair de distinguer poly choisi, poly de contexte et poly contraint
Ça permet de nommer la diversité des trajectoires sans coller tout le monde dans le même sac ni instaurer une hiérarchie implicite entre les "vraies" et les "moins vraies" façons d’être non-monogame

Pour moi, un point essentiel est la question du consentement réel, pas seulement théorique

On peut se demander :

• Est-ce que chaque personne peut dire non, ralentir ou changer la forme du lien sans sanction ?
• Est-ce que les attentes implicites ont été rendues explicites et renégociables ?
• Est-ce que la personne la moins avantagée dans la relation a des options réelles pour partir ou rééquilibrer ?

Ces questions évitent de tomber dans le jugement moral ou dans la posture de supériorité qui consiste à dire qu’une manière de vivre le poly serait plus aboutie ou supérieure à une autre !

On peut avoir un parcours très linéaire ou très atypique sans que ça dise quoi que ce soit de notre capacité à prendre soin, à écouter, à respecter les limites !

Être "par défaut" n’enlève pas la capacité à poser des choix, des limites, à redéfinir son chemin

Le problème n’est pas l’étiquette en soi, mais l’absence d’espace pour décider autrement

En bref, je ne cherche pas à classer les vécus mais à outiller la lecture des situations

Si on garde la boussole du consentement réel, de la clarté et de la possibilité de choix, alors "poly par défaut" peut rester un terme descriptif et non prescriptif

Et nos liens gagnent en liberté comme en soin <3

Message modifié par son auteur il y a un mois.

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Discussion : C'est quoi l'engagement ?

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Lili-Lutine

le jeudi 14 août 2025 à 13h19

L’engagement, tel qu’il est défini et imposé dans nos sociétés patriarcales, reste un terrain miné où tant de personnes se perdent, s’épuisent, se sacrifient… Un terreau fertile pour les violences, surtout quand la culture du viol y a ses racines bien plantées !

____________

En vous lisant, je partage beaucoup sur la cohérence paroles-actes et le soin du lien, mais mon regard s’éloigne des visions trop stables de l’engagement

Pour moi, l’engagement n’est pas un bloc immobile, c’est un processus vivant qui se co-construit, se réajuste et se renégocie selon les personnes, les contextes et les saisons de la vie

Ce que j’appelle engagement

• Une intention claire d’être là, sans promesse vide
• Une responsabilité affective assumée (je tiens ce que je dis, et si je ne peux plus, je le dis)
• Des modalités concrètes et mutuelles (comment on se rejoint, quand, par quels canaux, comment on se répare)

Ce que ce n’est pas pour moi

• Ni la disponibilité illimitée, ni l’exclusivité par défaut
• Ni un test permanent où l’autre note ma performance
• Ni une suite de sacrifices où je me perds pour prouver que j’aime

Comment je le rends visible

• On nomme un minimum partagé (cadence de nouvelles, façons de dire stop, temps au calme, gestes de soin)
• On prévoit l’ajustement régulier (check-ins, limites qui bougent, réalités qui changent)
• On prévoit aussi l’issue douce si besoin (ralentir, décaler, passer à une autre forme de lien sans punition)

Quand on se plante

Se tromper d’estimation arrive
Pour moi, l’important c’est 1) reconnaître 2) expliquer 3) réparer 4) réajuster

La fidélité n’est pas dans l’infaillibilité mais dans la capacité à revenir au centre ensemble

Engagement poly et pluralité des liens

En non-monogamie, je ne cherche pas une relation qui fasse tout
Chaque lien a sa forme propre, son rythme, son terrain de jeu et de soin
L’équilibre, ce n’est pas donner la même chose à toustes, c’est donner juste à chacun·e, sans se trahir ni trahir l’accord

Petites questions qui m’aident à cadrer sans rigidifier

• De quoi avons-nous besoin pour nous sentir en sécurité dans ce lien
• Quel est notre minimum viable de présence et de nouvelles
• Que fait-on quand l’un·e n’a plus la bande passante
• Comment on répare quand ça dérape
• À quoi ressemble un ralentissement respectueux si l’une des personnes en a besoin

À propos de qui « juge » l’engagement

L’auto-évaluation est nécessaire, l’évaluation mutuelle est utile, le tribunal extérieur l’est rarement

Ce qui m’importe, c’est l’accord explicite entre les personnes concernées et leur liberté réciproque d’y consentir… ou de renégocier

Je serais curieuse de lire vos manières concrètes de poser un minimum viable d’engagement sans tomber dans le contrat rigide
Quels rituels ou check-ins vous aident à garder le lien vivant plutôt que figé

Petit aparté logistique

Je suis en road trip solo depuis début juillet jusqu’à fin août
Connexion parfois faible voire absente, énergie variable
Mes contributions d’ici mon retour seront un peu plus brutes que je ne le souhaiterais d’habitude, mais l’intention d’être là et d’échanger reste entière <3

Message modifié par son auteur il y a un mois.

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Discussion : Mon homme est polyamoureux aidez moi s’il vous plaît..

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Lili-Lutine

le mercredi 13 août 2025 à 18h18

kill-your-idols
En réalité, ajuster son intérêt est plutôt une manipulation sur soi même. Une relation fonctionne bien quand elle est équilibrée, et quand les deux personnes y mettent la même énergie. Ce que je conseille est d'y mettre la même énergie que l'autre personne, voire un petit peu moins, et ceci même si on aurait envie d'y mettre beaucoup plus d’énergie.

Mon conseil aurait été de la manipulation si j'avais dit d'y mettre beaucoup moins d’énergie que l'autre personne. Dans ce cas, l'autre se retrouverait en manque d'affection sans trop d'explication, et ça ne serait pas correct vers lui. Au contraire, je propose plutôt un rééquilibrage, ou personne ne se sent négligé et personne ne se sent étouffé.

Dire clairement ce qu'on ressent et exprimer ses besoins: bien que cela puisse sembler un acte anodin et bienveillant, c'est un acte de manipulation très fort. En disant tout, on se décharge de toute responsabilité, et on met sur l'autre toute la responsabilité de la relation.

Tu présentes ça comme un “rééquilibrage” plutôt que comme une manipulation Mais il me semble utile de souligner deux points qui peuvent poser problème :

1.Ta définition de la manipulation change en fonction de ton exemple, de manière à te dédouaner Or, ta "technique" reste bien une façon de moduler artificiellement ton comportement pour influencer l’autre, ce qui relève d’une stratégie indirecte plutôt que d’un échange transparent

2.Tu présentes la communication ouverte comme une forme de manipulation, ce qui est un renversement rhétorique assez classique : discréditer une pratique relationnelle saine (dire ses besoins) en l’assimilant à un "piège" pour l’autre

Pour moi, exprimer ses besoins et ses ressentis n’est pas "se décharger" sur l’autre, mais au contraire assumer sa responsabilité dans la relation et permettre à l’autre de faire des choix libres et éclairés , ce qui est la base du consentement

Je ne vais pas jouer au ping-pong sur ce point avec toi, car je sais que tu continueras à appuyer sur ta propre vérité Je préfère laisser ces éléments ici, afin que chacun·e puisse se faire sa propre réflexion

Message modifié par son auteur il y a un mois.

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Discussion : Mon homme est polyamoureux aidez moi s’il vous plaît..

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Lili-Lutine

le mercredi 13 août 2025 à 16h20

kill-your-idols
Le consentement est toujours uniquement relatif à soi même.

Si l'autre personne vous trompe ou vous quitte, vous ne pouvez pas consentir à sa place.

Tout ce que vous pouvez faire est accepter son changement et décider ce que vous faites.

- je reste?
- je pars?
- je trouve moi aussi une autre relation de mon côté?
- j'essaie de la convaincre à rester avec moi jusqu'à qu'elle cède ou jusqu'à qu'elle me bloque de partout?

Mais vous ne pourrez jamais décider à la place de l'autre personne.

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Ceci dit, il y a un moyen pour faire revenir une personne qui a perdu de l'intérêt pour vous. Ça ne fonctionne pas dans le 100% des cas, et souvent ça prend du temps pour fonctionner. Mais, en général, ça fonctionne toujours plutôt bien.

Vous observez votre partenaire, vous prenez note de l'intérêt qu'il porte pour vous. Essayez de le quantifier, et faites de manière que votre intérêt pour lui soit toujours un cran plus bas de l'intérêt qu'il porte vers vous.

De cette manière, il se sentira libre, il ne se sentira pas jugé, et il sera libre de venir vers vous à la première occasion.

Je comprends l’idée de départ sur le consentement : on ne peut décider que pour soi-même, et c’est une base saine dans les relations

En revanche, la partie "moyen pour faire revenir une personne" m’interpelle...
Ajuster volontairement son intérêt "un cran plus bas" que celui perçu chez l’autre, dans le but de provoquer une réaction, ça ressemble beaucoup à une stratégie de contrôle affectif...

Ce type de mécanique joue sur le manque, sur la frustration, et non sur la communication ouverte

Même si ça peut "marcher" ponctuellement, ça s’appuie sur une forme de manipulation émotionnelle qui, à mon sens, n’a pas sa place dans une dynamique éthique ou consentie

Dans les relations où l’on souhaite de la liberté et de la sécurité émotionnelle, il me semble plus constructif de dire clairement ce qu’on ressent et ce dont on a besoin, plutôt que de doser intentionnellement son intérêt comme un levier !

Message modifié par son auteur il y a un mois.

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Discussion : Les traces de la monogamie dans tous nos liens : système, loyautés, attachements, et comment on compose avec

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Lili-Lutine

le mercredi 06 août 2025 à 17h28

Petite note en aparté…

J’ai écrit le texte ci-dessus depuis chez @artichaut, où je passe quelques jours

Et comme à chaque fois qu’on se retrouve, on parle des heures durant de tout ce qui nous traverse, nous anime, nous questionne dans ce monde de liens, de désirs, de loyautés

C’est de là qu’a germé cette réflexion, hier soir, entre huîtres et vin blanc du pays, les pieds posés sur la terre fraîche entouré·e·s de son potager

Et en clin d’œil à ce qu’il partageait récemment, cette idée qu’il pense beaucoup moins, ou n’aime plus une personne quand elle n’est pas là, qu’il se sent alors moins (ou plus du tout) en lien, j’ai eu envie d’y glisser un peu de rire

J’ai vu ses allées de courgettes, de tomates, et d’autre légumes …
Et quand il m’a dit : « Tiens, si on faisait ensemble des bocaux à stériliser
Comme ça, chaque fois que j’en ouvrirai un cet hiver, je penserai à toi »
J’ai souri
Je ne suis pas dupe
C’est une boutade
Mais pas que
Parce que même quand on théorise le lien, qu’on explore de nouveaux modèles, qu’on tente de déconstruire les attentes…
Il reste toujours, quelque part, une petite fibre en nous
Qui aimerait laisser une trace
Un souvenir
Un goût
Quelque chose d’affectueux
Qui dirait : je suis passée par là
Et peut-être même : pense à moi, un peu, parfois

Pas pour contrôler
Mais juste parce qu’on est humain·e·s
Et qu’on ne vit pas les liens sans y mettre un bout d’égo, de tendresse, et de besoin d’être reconnu·e, même de loin
Alors oui
J’ai envie de l’aider à faire ses conserves
Parce que moi, j’aime qu’il pense à moi
Et que si, quand je ne suis pas là, il ne m’aime qu’au travers de ses bocaux…
Eh bien j’ai envie qu’on les remplisse ensemble :-D :-D :-D :-D

Message modifié par son auteur il y a 2 mois.

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Discussion : Les traces de la monogamie dans tous nos liens : système, loyautés, attachements, et comment on compose avec

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Lili-Lutine

le mercredi 06 août 2025 à 17h27

En ouvrant cette discussion, j’ai eu envie de partager quelques réflexions sur les traces invisibles mais puissantes que laisse en nous la monogamie comme système

Même quand on explore d’autres manières de faire lien, on reste traversé·e·s par des loyautés, des attentes implicites, des scripts qu’on rejoue souvent malgré soi

Ce texte n’est pas un manifeste, juste un point de départ pour penser ensemble

Je serais heureuse de lire vos résonances, vos vécus, vos nuances

Je ne suis pas chercheuse
Je ne parle pas depuis un savoir théorique, mais depuis mes histoires
Mes liens
Mes douleurs
Et des heures, des années peut-être, à essayer de comprendre pourquoi c’est si difficile parfois… de faire lien

Je ne parle pas seulement de couple, ni même d’amour
Je parle des mécanismes qui traversent tous nos liens
Des mécanismes qu’on n’a pas choisis, mais qui nous habitent quand même
Des loyautés implicites
Des attentes non dites
Des rôles figés qu’on rejoue sans toujours s’en rendre compte

Je parle de cette trace monogame, invisible mais persistante
Qui continue de faire modèle, même quand on croit l’avoir dépassée
Et pas juste dans les liens sexuels ou amoureux
Dans les amitiés
Dans les familles
Dans les réseaux militants
Dans les communautés queer ou polyamoureuses elles-mêmes

Je crois qu’il y a quelque chose comme une monogamie qui coule dans nos veines depuis si longtemps
Elle a colonisé nos imaginaires
Elle s’est glissée dans la tendresse, dans la sexualité, dans les soins implicites qu’on s’offre
Elle a tissé des hiérarchies, des obligations muettes, des discriminations sourdes entre les types de liens
Elle a défini ce qui compte, ce qui vaut, ce qu’on doit protéger, et à quel prix

Je parle de l’idée qu’un lien devrait être « prioritaire »
Qu’un lien plus ancien devrait avoir plus de droits
Qu’il faudrait choisir, trancher, hiérarchiser

Je parle aussi de ce que ces mécanismes provoquent
Des malentendus
Des douleurs
Des ruptures parfois brutales
Parce qu’on ne parle pas assez
Parce qu’on ne sait pas toujours comment poser les choses
Parce qu’on espère que l’autre comprendra sans qu’on ait besoin de tout expliquer

Perso je suis sensible à la trahison
À ce qui n’est pas dit
À l’abandon quand quelqu’un·e sort de ma vie sans mot
Je ne demande pas qu’on m’aime toujours
Mais qu’on me parle
Qu’on me considère

Et là encore, je vois à quel point la culture du lien unique, exclusif, fusionnel rend tout ça compliqué
Comme si parler, expliquer, dire « je m’éloigne », était une trahison en soi
Comme si on devait soit rester totalement lié·e·s
Soit disparaître sans un mot

On a peu de modèles pour les liens en mouvement
Pour ceux qui se transforment, qui ne se figent pas, qui ne s’effondrent pas à la moindre déviation
Alors on reste souvent pris·es dans des équations binaires
Soit tout, soit rien
Soit fusion, soit éloignement
Soit fidélité figée, soit soupçon ou silence

Et je me demande si ce n’est pas aussi une trace de la monogamie comme système
Pas celle qu’on choisit en conscience
Mais celle qu’on a intégrée malgré nous
Celle qui dit que le vrai lien est exclusif ou prioritaire
Défini une fois pour toutes

Et quand on en sort, on croit parfois qu’on est libre
Mais on emporte avec nous les réflexes
Les peurs
Les scripts
Et on les rejoue ailleurs
Parfois avec d’autres mots
Mais les mêmes ressorts

Je pense qu’on gagnerait à les nommer
À les déplier
Pas pour s’auto-culpabiliser
Mais pour se rendre plus disponibles
Plus justes
Plus lucides
Sur nous
Sur les autres
Sur les conflits qu’on traîne
Et sur ceux qu’on pourrait peut-être éviter
Si on osait dire plus tôt
Écouter autrement
Renoncer à certaines illusions

Et je pense surtout qu’on gagnerait à parler de ce qui se joue dans les espaces entre les liens
Pas juste dans les liens eux-mêmes
Mais dans ce que chacun·e y projette
L’idée d’être indispensable
De devoir réparer
De se sacrifier
De mériter
Combien de ruptures violentes naissent d’une attente jamais posée
D’une loyauté supposée
D’un rôle assigné

Je ne prétends pas savoir mieux
Je trébuche souvent
Je me suis parfois tue trop longtemps
Ou exprimée trop tard

Mais je sens que c’est là que ça vibre
Dans ces endroits où il faut du courage pour rester en lien sans s’effacer
Pour aimer sans posséder
Pour dire non sans abandonner
Pour inventer d’autres façons d’être là
Alors je partage ça ici
Comme un point de départ
Pour continuer à parler ensemble
De ce qu’on voudrait construire
Et de ce qu’on voudrait cesser de reproduire

Nous ne sommes pas hors du monde
Même quand on rêve d’autres possibles
Même quand on invente, explore, bifurque
La société continue de peser sur nos choix
Nos familles ont leurs attentes
L’administration ses cases
La loi ses obligations
Parfois on se pacse
On signe
On se couple
Pour simplifier la vie
Pour apaiser les parents
Pour alléger ses impôts
Pour faciliter un bail, un visa, un héritage
Pas par amour fusionnel
Mais parce que le monde ne nous laisse pas tant d’options
Et ça n’est ni bien ni mal
Ça ne dit rien de notre valeur
On fait toustes de notre mieux avec ce qui est là

Et parfois, pour pouvoir respirer
On accepte de porter quelques chaînes

Le plus important, peut-être
C’est de le faire en conscience
De savoir qu’on compose
Et de ne pas oublier que la liberté
Ce n’est pas toujours l’absence de contraintes
Mais la possibilité de choisir, au moins un peu
Les formes de ses attaches

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Discussion : Dis...c'est quoi l'amour ?

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Lili-Lutine

le jeudi 31 juillet 2025 à 21h37

Je n’ai pas de définition de l’amour, je n’en cherche pas vraiment
Mais je sens qu’il est important pour moi de nommer ce que j’essaie de vivre en marge des modèles dominants, dans une attention aux liens qui ne ressemblent à rien de prévu
Des liens mouvants, fragiles, puissants aussi
Des façons d’aimer qui désobéissent aux cadres mais cherchent à faire soin
Alors voilà ce que j’ai tenté d’écrire, comme une réponse partielle, située, en chantier :

Je ne sais pas dire ce qu’est l’amour
et je m’en méfie un peu, de ce mot
il enferme plus qu’il n’ouvre, parfois
il colle aux normes, aux rôles, aux illusions de fusion
je le préfère au pluriel, fluide, indocile
je le préfère quand il respire à travers les failles

Mes liens sont mouvants, inclassables
ils tentent de s’écrire hors-cadre, à la main
de se soustraire aux scripts, aux cases, aux hiérarchies d’évidence
ils débordent parfois, ils s’inventent tant qu’ils peuvent
ils n’aspirent ni à sauver, ni à posséder
juste à se reconnaître sans se réduire
à s’apprivoiser un peu, quand c’est juste
tant que c’est doux, tant que c’est vrai

Aimer, pour moi, c’est dire
Je te vois
Je ne t’attends pas
mais je me réjouis de croiser ton souffle
dans le respect de nos rythmes, de nos écarts, de nos devenirs

Et parfois, cela suffit
à faire lien
à faire soin
à faire monde autrement

Message modifié par son auteur il y a 2 mois.

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Discussion : [Vocabulaire] Relation ou pas ?

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Lili-Lutine

le jeudi 31 juillet 2025 à 21h01

Relation ou pas ?

Je ne compte plus en relations, mais en liens

J’ai longtemps essayé de répondre à cette question du nombre de relations dans ma vie
Aujourd’hui, je n’en ai plus envie
Non pas parce que je suis seule ou sans attache, mais parce que ce mot-là me semble trop étroit, trop chargé d’implicite, même dans les milieux poly
Il embarque avec lui des critères souvent hérités de la monogamie : durée, exclusivité affective ou sexuelle, engagement officiel, visibilité sociale, place dans un système hiérarchique

Je vis entourée de liens
Parfois mouvants, parfois intenses, parfois flous ou légers, mais choisis
Je peux être touchée par une rencontre ponctuelle, dormir avec tendresse contre un corps qui ne reviendra peut-être jamais, ou construire sur des années une complicité qui ne passe ni par le sexe, ni par le romantisme, mais par le soin, la joie, la présence sincère

Dans ma constellation, il y a des liens qui n’ont pas de nom
Ni partenaires, ni ami·e·s, ni amant·e·s
Parfois un peu tout ça à la fois
Parfois rien de tout ça
Mais ils comptent
Ce sont ces attachements sans catégorie fixe qui m’ouvrent des espaces, qui me nourrissent, qui me transforment

Je préfère parler d’attachements électifs, de complicités choisies, de liens non hiérarchiques, que je vis comme une forme de résistance à ce que la société attend de nous
Ces mots-là ne cherchent pas à figer, mais à ouvrir
Ils nous permettent de rendre visibles des formes d’attachement qui comptent autant qu’un "amour officiel" ou une amitié reconnue

Et je crois que ça compte, profondément, de chercher d’autres mots
Pas pour tout nommer
Pas pour enfermer
Mais pour élargir le champ de ce qui peut exister
Parce que les mots qu’on n’a pas sont aussi des vies qu’on ne voit pas
Réfléchir à ce qui nous relie, inventer des façons de dire ou de ne pas dire, c’est déjà politique
C’est refuser d’être invisibilisé·e, réduit·e, assigné·e à des normes qui ne nous contiennent pas
C’est affirmer nos existences, mouvantes, multiples

Cette façon d’habiter le lien, je la vois comme une manière d’être au monde, à la fois intime et politique
Tisser, au lieu de classer
Toucher, au lieu de posséder
S’attacher, sans mode d’emploi

Alors si on me demande "Tu as combien de relations ?", je peux parfois sourire et répondre : Je tisse :-D

Message modifié par son auteur il y a 2 mois.

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Discussion : [Lexique] Monogamie de fait

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Lili-Lutine

le samedi 26 juillet 2025 à 15h15

En lisant vos échanges, j’ai eu envie de partager un bout de mon propre cheminement, entre non-monogamie assumée et monogamies de fait vécues malgré moi

Voici ce que ça m’évoque :

Je n’ai jamais été monogame par principe
Mais j’ai connu des périodes de monogamie de fait
non pas co-construites comme exclusives plutôt des moments où le contexte, la fatigue, l’envie d’intensité ou le manque d’autres possibles faisaient que ça y ressemblait

Je pense qu’on parle peu de ce qui rend certaines formes de non-exclusivité inaccessibles, même aux personnes qui se sentent concernées par les alternatives relationnelles
Pas seulement par peur, mais par usure
Par manque de réseau, d’élan, d’espace de confiance
Par le simple fait de ne pas avoir de milieu ou de ne pas se reconnaître dans ce qu’on y trouve

J’ai l’intuition que la monogamie réflexe s’infiltre aussi dans nos sexualités
Pas seulement dans le fait d’avoir un·e seul·e partenaire mais dans le conditionnement à croire qu’il n’existe qu’une seule bonne manière de vivre l’intime
qu’une seule forme de lien mérite d’être érotisée
qu’un seul corps peut faire "safe"

Et que dès qu’on en sort on se sent soit déviant·e, soit en terrain glissant

Je me suis souvent demandé combien de fois j’avais dit non à des désirs qui n’avaient pas les bons codes
combien de liens j’avais censurés parce que leur texture ne correspondait pas à ce que j’avais appris à reconnaître comme érotique ou digne d’un engagement

La monogamie de fait ce n’est pas seulement l’exclusivité d’un partenaire amoureux ou sexuel c’est aussi tout ce qu’on exclut de soi, de sa capacité à désirer, à créer du lien autrement

Et je pense aussi que beaucoup de nos désirs sont socialement encadrés même quand on se dit en dehors des normes

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Discussion : Réflexions sur la sexualité exclusive, ou relation sexuelle unique.

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Lili-Lutine

le samedi 26 juillet 2025 à 14h52

Ce que je lis ici entre en partie en résonance avec certaines de mes expériences

J’ai déjà partagé ailleurs combien aujourd'hui, depuis quelques années, mon rapport à la sexualité ne peut se penser sans prendre en compte le corps vécu, la sensorialité fine, le système nerveux, les états de sécurité ou d’alerte, et leur fluctuation constante

Pour moi, la sexualité n’est ni exclusive ni non-exclusive, ni stable, ni toujours accessible. Pour moi, elle est conditionnée aujourd'hui par l’état intérieur dans lequel je me trouve. Si mon système nerveux perçoit un danger, même subtil, surcharge sensorielle, attente implicite, rythme imposé, bruit, tension dans l’air , plus rien ne circule. Mon corps se ferme. Ce n’est pas un refus raisonné : c’est une impossibilité incarnée

Et inversement, dans des conditions très précises de lenteur, de confiance, de non-attente, de pleine présence… quelque chose peut s’ouvrir, parfois de manière inattendue

Ce n’est donc pas "avec qui" je sexerai ou non, mais dans quel climat relationnel, émotionnel, sensoriel, temporel cela devient envisageable Et ce climat peut varier d’un jour à l’autre, même avec la même personne. Le désir n’est pas une ligne droite, c’est une météorologie interne mouvante, qui demande à être écoutée, pas planifiée

J’aime l’idée qu’il n’y ait ni tout le temps ni jamais
Qu’il puisse y avoir du désir, puis plus, puis à nouveau
Qu’on se laisse surprendre
Qu’on ne décide pas à l’avance

Mais pour cela, il me semble qu’il faut des conditions de sécurité rare, hors des logiques de consommation et de performance. Il faut désapprendre l’urgence. Désapprendre la projection. Revenir au contact. Au silence. À ce qui est

Je pense aussi que notre monde rend difficile l’accès à une sexualité fluide et non scriptée, car il abîme nos régulations profondes
Il nous pousse à produire, à performer, à plaire, à nous définir, à choisir… là où le corps réclame parfois juste de ne pas savoir

Alors pour ma part, je ne sais pas ce que je suis sexuellement :-/
Je sais que parfois le lien appelle une sensualité, parfois non
Que j’ai eu des relations très incarnées avec une seule personne, puis aucune. Puis plusieurs, puis à nouveau une seule
Mais ce n’est jamais un modèle que je cherche à reproduire
C’est un état de présence et d’ajustement que je cherche à préserver

Et j’aimerais que la sexualité puisse s’éloigner des schémas binaires : exclusif / non-exclusif, désir / non-désir, pour devenir un territoire habitable, respirant, variable, sensible
Un territoire où l’on ne serait pas sommé·e·s de savoir à l’avance
Et où l’on pourrait dire : je ne sais pas encore… et c’est très bien comme ça

Message modifié par son auteur il y a 2 mois.

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Discussion : [Outil] Les privilèges monosexuels

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Lili-Lutine

le samedi 26 juillet 2025 à 10h15

En tant que personne queer, non-monogame et attentive aux nuances de langage, j’aimerais apporter une petite réflexion complémentaire :-)

Il me semble que les mots "monosexuel·le", "monogame", "mono-partenaire sexuel·le", etc. se croisent parfois dans les conversations, au point de flouter les lignes entre orientation sexuelle, style relationnel, et choix pratiques. Et c’est sans doute normal que les termes glissent, car nos vécus ne rentrent pas dans des cases figées

Mais peut-être qu’un terme comme mono-érotisme, ou sexualité exclusive (ou même exclusivité sexuelle choisie) pourrait venir dire ce que certain·e·s vivent sans confusion avec l’orientation sexuelle. Parce qu’on peut avoir une sexualité exclusivement avec une personne sans être monosexuel·le au sens bi/pan vs hétéro/homo. Et à l’inverse, on peut être bisexuel·le et pourtant vivre une sexualité exclusive, temporairement ou durablement, avec une seule personne. Bref, il y a mille configurations possibles, et c’est précieux de les nommer avec délicatesse

Ce que je retiens, c’est que les privilèges monosexuels, comme les privilèges monogames, fonctionnent sur une validation sociale automatique : on ne te questionne pas, on ne t’efface pas, on ne doute pas de la “réalité” de ton orientation ou de ta capacité à aimer. Alors que dans les vécus bi, pan, queer, non-binaires, ou poly, on passe souvent notre temps à justifier ce qui est pourtant simple pour nous : notre façon d’aimer <3

Message modifié par son auteur il y a 2 mois.

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