Script romantique et NRE
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crest
le dimanche 29 décembre 2024 à 13h38
Dans le polyamour il est admis que l'énergie des nouvelles relations (NRE) existe et est neutre éthiquement. C'est-à-dire qu'elle est en soi compatible avec le polyamour.
En fait, ce qu'on appelle la NRE n'est rien d'autre que le fait de tomber amoureux, et il s'agit là de la première étape du script romantique. La NRE n'est pas qu'une émotion d’attirance envers une personne, mais un ensemble d'actions concrètes codées socialement (parler un certain type de langage, s'envoyer des mots doux, se faire des cadeaux, un certain type d'intimité, où les deux personnes se doivent d'accomplir chacune ce type d'action visible pour l'autre, tout en vérifiant pour soi-même que ça s'accompagne d'une émotion d'intensité suffisamment forte, etc). Le script romantique est un ensemble de code sociaux, partagés par toutes les personnes des sociétés modernes sécularisées. On peut en trouver un exposé critique chez Aline Laurent-Mayard (*).
Laurent-Mayard n'aborde pas le polyamour (elle défend plutôt la légitimité du célibat) et le fait que le script romantique qu'elle dénonce est monogame.
Si le script romantique n'était pas monogame, les gens ne galéreraient pas autant dans le polyamour. Quand une personne déjà en couple tombe amoureuse d'une 3ème personne, et qu'on appelle ça la "NRE", et qu'on dit que NRE fait partie du polyamour, alors le script romantique est enclenché. Systématiquement, des émotions négatives très fortes en résultent (jalousie, insécurité).
Dans le script romantique, il y a toujours deux personnes en tête à tête, à l'écart de la société, quand bien même c'est la société et son histoire qui a offert les codes permettant à ces deux personnes d'être "ensemble". Le script romantique est clairement monogame et la NRE est une étape pour former un couple monogame. Au contraire des sociétés traditionnelles, les sociétés modernes n'imposent par aux personnes un partenaire. C'est le script romantique qui permet aux personnes de trouver un autre partenaire et c'est une émotion éprouvée par les deux partenaires qui valide leur relation. Cette émotion c'est le NRE. D'où le fait que "tomber amoureux" ne soit pas considéré comme une maladie mentale ou une émotion pénible, mais au contraire comme quelque chose que toute la culture moderne valorise, y compris dans le polyamour.
Dès lors, il apparaît plus compréhensible que les personnes impliquées dans une multiplicité de relations socialement codées comme monogames (malgré le fait de proclamer la configuration comme "polyamoureuse") soient en souffrance, en tension quasi-permanente, et ressentent de l'insécurité dans une situation dissonante. Faute d'autre script, la suite socialement logique de la NRE étant le couple monogame exclusif, il est normal que les personnes se sentent menacées d'être exclues de leur relation quand la NRE surgit chez leur partenaire.
(*) Aline Laurent-Mayard présente son livre "Post-romantique" dans cette émission de Blast
https://www.youtube.com/watch?v=50nkp1l4e30
Message modifié par son auteur il y a 8 mois.
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Mark
le dimanche 29 décembre 2024 à 19h28
@crest Merci pour ce partage. Je trouve ce sujet très intéressant!
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Intermittent
le lundi 30 décembre 2024 à 00h11
Aline Laurent-Mayard : "Asexuelle et aromantique", où comment disserter sur la passion amoureuse sans la connaitre ....
Ca promet un sacré biais de raisonnement ....
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artichaut
le lundi 30 décembre 2024 à 03h33
À propos de scripts, je signale cette page.
À propos de la NRE, je signale cette page. …et ce post, où je recense des liens vers d'autres pages sur le sujet.
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LeGrandStyle
le lundi 30 décembre 2024 à 06h31
crest
Si le script romantique n'était pas monogame, les gens ne galéreraient pas autant dans le polyamour.
Les gens galèrent en amour, tout court.
Le script romantique, ou escalateur émotionnel est en effet monogame.
On peut éventuellement dénoncer les pressions, descriminations ou méconnaissances à l’encontre du polyamour, mais il y a quoi à dénoncer à l’encontre du script monogame?
Il faut tout de même avouer qu’il correspond aux besoins d’une grande partie de la population.
Je pense que ça tombe sous le sens que le script romantique inclut la NRE, et je pense que tout autres “scripts” (même asexuels) l’incluraient.
La nouveauté, nouvelle voiture, nouveau parfum, nouveau voyage etc. s’accompagne d’une énergie, c’est fondamentalement humain.
Ce texte brasse l’air dans les manières de l’art.
Je suis curieux de voir les alternatives proposées, une société non-monogame imposerait, de la même manière, un script aux personnes différentes (qui donc galéraient en amour?).
Je ne pense pas non plus que n’avoir aucun script soit salvateur. Il y a aussi de la souffrance pour certains individus s’ils n’ont aucun repères.
Je serais presque tenté à dire que le polyamour c’est moins galère, car c’est pas forcément une mince à faire de trouver LA bonne personne.
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artichaut
le lundi 30 décembre 2024 à 11h51
LeGrandStyle
Le script romantique, ou escalateur émotionnel
Tiens, c'est la première fois me semble t-il que je lit la notion d'escalator émotionnel.
D'habitude on parle plutôt d'escalator relationnel, ou alors d'ascenceur émotionnel (voire de 'montagnes russes' émotionelles) mais pour parler de montées-descentes.
L'escalator monte tout droit, automatiquement, marche après marche, là où l'ascenceur monte et descend (à des hauteurs éventuellement variables).
Du coup la notion d'escalator émotionnel suppose une gradation progressive des émotions.
J'ai l'impression que la/les premières marches sont très hautes ou sont très vite franchies ('coup de foudre' & co).
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Alabama
le lundi 30 décembre 2024 à 12h43
Ce post m'intéresse beaucoup car il vient faire écho à mon questionnement.
J'ai une amie qui n'utilisait pas le terme de "nre" car il n'existait pas encore à large échelle, elle parlait plutôt de "syndrome de la vieille chaussette". ça a le mérite d'être plus clair, et moins valorisant pour la personne qui démarre une nouvelle relation amoureuse en négligeant la ou les plus anciennes.
Pour ma part, je n'ai pas, je crois, vécu de "syndrome de la vieille chaussette" ni dans un sens ni dans l'autre. Pas en tant qu'ancienne relation car la situation ne s'est pas présentée, et pas en tant que personne qui démarre une nouvelle relation car je ne ressentais pas moins d'envie de voir mes relations plus anciennes ou des émotions moins profondes.
Après bon, il faudrait voir ce qu'en disent les premiers intéressés, j'ai peut-être un biais.
Il y a effectivement quelque chose de particulier à "tomber amoureux", et je considère cette phase comme une addiction plus que comme de l'amour, même si l'un peut déboucher sur l'autre ou l'un cohabiter avec l'autre. Addiction ou obession comme on voudra. Et du coup, j'ai un souci avec le fait que la NRE soit normalisée dans le polyamour, qu'on considère que c'est quasi "inévitable". Je n'y crois pas, je pense que ça se déconstruit, avec la déconstruction de la "personne idéale" ou l'idéalisation de l'autre. Bien sûr, quand on commence à connaître quelqu'un qu'on apprécie, que ce soit avec sentiment amoureux, ou non, on connaît encore peu l'autre et on comble les pièces du puzzle manquantes, notre cerveau est fait pour fonctionner de cette manière. Je ne pense pas qu'on puisse s'empêcher totalement de projeter sur la personne qu'on connaît à peine. Mais on peut au moins être conscient.e qu'on le fait, et avoir un peu de recul vis-à-vis de ça.
Or la NRE, et l'acceptation de celle-ci, c'est à mon sens de ne pas se donner la possibilité de ce recul, de ce regard sur soi.
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Alabama
le lundi 30 décembre 2024 à 12h54
Je me demande, aussi, si la force de la NRE n'est pas proportionnelle à un certain vide existentiel.
Je vois beaucoup sur ce forum, de couples mariés avec enfants, qui découvrent le polyamour (peut-on appeler ça polyamour à chaque fois c'est la question que je me pose mais bon c'est pas le sujet ici), et dont un des partenaires vit souvent une NRE qui détruit tout sur son passage. Est-ce un sentiment "normal" en raison de la nouveauté ? Ou simplement le symptôme de quelque chose de bien plus profond, à savoir : une perte de sens, un manque d'aventure, un train-train trop pesant, une vie pro ennuyeuse ou épuisante, etc...
En formation de thérapeute, on apprend à se questionner sur ce que vient révéler chez nous, le fait de tomber amoureux.e d'un.e client.e. On considère que c'est les signe de certains manques dans notre vie perso, qu'il va falloir examiner avec courage, pour ne pas faire n'importe quoi. Et ça me semble être tout à fait pertinent comme questionnement.
Je pense qu'on pourrait l'élargir à nos relations amoureuses qui "prennent trop de place". Si j'idéalise autant l'autre, si je suis autant accrod aux sensations fortes qu'iel me procure, n'est-ce pas parce il y a déjà un manque dans ma vie, préexistant à la rencontre ?
Et que donc pour limiter la portée de cette addiction, la voie serait l'introspection, et se demander quels sont les besoins non comblés dans notre vie actuelle, que pourrait-on changer pour qu'ils le soient mieux. Un peu comme pour la jalousie finalement.
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Intermittent
le lundi 30 décembre 2024 à 15h04
Il ne faudrait pas ignorer le rôle de la bio-chimie dans la passion amoureuse ....
Qui dit amour dit cocktail d’hormones en action. Elles sont nombreuses à être secrétées lorsque l’on ressent de l’attirance pour quelqu’un : Sérotonine Ce neurotransmetteur qui agit comme une hormone et régule les humeurs ou l’émotivité. Vous êtes heureux depuis que vous êtes amoureux ? C’est à la sérotonine que vous le devez. Dopamine Une hormone qui contrôle la motivation et le désir. Elle joue aussi un rôle dans les addictions et le plaisir sexuel. Ocytocine Cette hormone qui agit dans les interactions sociales joue un rôle dans le sentiment d’attachement et d’empathie que l’on peut avoir pour quelqu’un. Les endorphines Ces neurotransmetteurs, proches de la morphine et produits par le corps, provoquent un effet euphorisant, voire antidouleur.
Voir l'article de Libé très bien fait sur le sujet :
De l’amour» : en voiture hormones !
Comment se lie-t-on à son ou sa partenaire ? Quel cocktail de molécules aboutit au coup de foudre ou d’un soir ? Au Palais de la découverte, une expo décortique l’alchimie du cœur et du cerveau.
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Alabama
le lundi 30 décembre 2024 à 17h15
Pour moi la biochimie, ça n'explique pas notre rapport à l'amour. Les hormones peuvent être sécrétée pour tout un tas de raisons.
Donc un contexte social peut très bien influer sur notre chimie. Je trouve ça toujours un eu problématique d'utiliser la biologie pour justifier nos comportements sociaux. Sans doute que notre biologie y est pour quelque chose, mais on ne saura sans doute jamais pour quelle part, et je crains le côté "clôture de discussion" par un argument sensé être scientifique et donc d'autorité.
De par mon vécu, je sais que mon rapport à l'amour a changé, je n'ai pas eu ces dernières années de "nre" comme j'en avais plus jeune. Parce que je ne crois plus à cette histoire, ça m'intéresse moins. Si mes nre perdent en intensité, ou qu'elles n'existent plus, c'est sans doute que la biochimie peut être influencée par mes croyances.
Message modifié par son auteur il y a 8 mois.
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Balthazar1 (invité)
le mardi 31 décembre 2024 à 10h35
Si je puis me permettre, je trouve très pertinents les derniers messages.
Oui, le sentiment amoureux peut être trop souvent recherché pour combler (ou tenter de) un vide existentiel ou régler des comptes. Oui, l'autre n'est pas là pour guérir nos blessures. Mais n'avons nous pas tous nos failles et nos manques qu'un amour vrai peut apaiser ? Je crois bcp aux vertus thérapeutiques d' une étreinte amoureuse pleine et confiante.
Cela n'empêche pas de creuser pour savoir pourquoi je suis attiré par telle ou telle femme... mais je ne la chargerai pas de la mission impossible de me "guérir" qui seule m'appartient.
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Alabama
le mardi 31 décembre 2024 à 13h22
@Balthazar1
Oui, je suis d'accord avec toi. Je fais la différence entre NRE et relation amoureuse. Je crois qu'on peut être amoureux.e sans NRE.
Je ne jette pas le sentiment amoureux aux orties. Je l'apprécie et la relation amoureuse m'apporte beaucoup. Mais elle m'apporte plus je dirais, depuis que j'ai lâché l'idéal passionnel. Après bon, je ne prétends pas me défaire de la partie addictive du sentiment amoureux, car je pense que ce sont deux expressions pour dire la même chose :D
Je pense simplement qu'on peut apprécier les débuts de quelque chose, sans pour autant y mettre tellement de soi qu'il n'existe plus rien d'autre.
Par exemple, j'adore ce moment où je me rends pour la première fois à une activité, ou le premier jour d'une formation dont le sujet me passionne. Il y a un peu d'anxiété, les fameux "papillons dans le ventre", c'est une anxiété positive, une anxiété joyeuse. Je ne connais pas encore les gens, j'espère y rencontrer de chouettes personnes, y vivre de belles expériences, apprendre des choses passionnantes.
Est-ce que pour autant ça m'empêche de faire ou de penser à autre chose pendant 3 mois ? Au point d'oublier tout le reste dans ma vie ? Non. Est-ce qu'on trouverait ça normal et beau que quelqu'un de notre entourage soit complètement obnubilé par une nouveauté de sa vie au point de négliger conjoint.e, enfants, ami.e.s, travail ? Non. Quand ça arrive on trouve que y a un truc qui cloche. Ben pour moi la NRE, telle que je la vois souvent décrite dans ce forum, c'est qu'il y a un truc qui est déséquilibré. Et c'est pas si grave, je veux dire, on est pas des êtres parfaits, parfois on tombe dans l'addiction, dans la maladie psychique, dans la dépression, etc... il n'y a pas à juger ça, il n'y a pas à juger comment les gens vivent avec leurs traumas.
Ce que je questionne, c'est le fait d'idéaliser cette NRE, de trouver ça très normal, comme étant un passage obligé, un dégât collatéral inévitable.
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crest
le mardi 31 décembre 2024 à 16h04
Même quand la personne vivant une nouvelle relation amoureuse ne néglige pas les autres dimensions de sa vie (comme tu le dénonces à juste titre Alabama), le problème que je soulève dans mon texte existe toujours.
Pour moi la NRE, ou amour naissant, n'est pas problématique en raison de sa dimension destructrice, mais plutôt en raison de ses suites socialement possibles, c'est-à-dire dans la façon dont il peut s’institutionnaliser (*).
C'est l'étape d'après la NRE qui m'intéresse. Et le fait que les étapes dont les personnes disposent culturellement sont massivement issues d'une culture romantique par essence monogame. C'est là où ça coince.
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(*) Pour reprendre les termes d'Alberoni :
/discussion/-eo-/Amours-institutionnelles-ou-revol...
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Alabama
le mardi 31 décembre 2024 à 17h07
@crest : il faudrait plus d'éléments concrets. Que signifie l'institutionnalisation pour toi ? Est-ce qu'on parle des codes sociaux type : habiter ensemble/acheter une maison/passer tout son temps libre ensemble/faire des enfants etc ? Ou est-ce que tu inclues, de manière plus générale, tout ce qui devient des règles, comme il peut y en avoir en polyamour comme : tel truc est ok et pas tel autre ?
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crest
le dimanche 05 janvier 2025 à 13h21
Coucou Alabama,
Oui c'est bien ça !
A ceci près qu'il n'y a pas de symétrie entre un script romantique actualisé par des millions de fictions et représentations culturelles et de pratiques sociales constituant la norme, et des nouvelles règles bricolées par des individus tentant de déplacer la norme.
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crest
le dimanche 05 janvier 2025 à 14h20
Je signale un témoignage intéressant sur le thème dans la brochure La fabrication artisanale des conforts affectifs dans la partie "Petits bricolages et grands travaux". La personne décrit le cheminement qui l'a conduit à développer une approche anti-romantique dans ses relations.
https://infokiosques.net/spip.php?page=lire&id_art...
Brochure déjà mentionnée ici :
/discussion/-LB-/-Brochure-La-Fabrication-artisana...
Dans mes dernières relations impliquant de la sexualité, j’ai tenté différentes choses afin de maintenir des imaginaires relationnels bienveillants. J’ai voulu éviter certains codes, certains signes, certaines paroles, qui me semblaient faire évoluer les relations vers des schémas amoureux de fusion, de passion et d’irrationnel. Par exemple, arrêter de se dire des « je t’aime » un peu vides de sens, des « je tiens à toi », des « je suis attachée à toi », des « tu me manques » et tout le vocabulaire associé à la dépendance et à l’aliénation. C’est une piste à approfondir, parce que censurer des mots et des gestes, ça ne suffit pas à s’assurer qu’on ne vivra pas les sentiments qui sont planqués derrière. Ça peut même juste amener que ces sentiments existent tout de même et deviennent des tabous. Alors j’ai aussi tenté d’arrêter certaines pratiques qui me semblaient nourrir des imaginaires romantico/amoureux. Je pense aux élans poétiques de certaines lettres, à la valeur symbolique et fétichiste de certains cadeaux, au décompte du temps des séparations qui viendra nourrir le manque, aux fantasmes qu’on peut construire autour d’une personne et qui deviendront des attentes puis des déceptions. A vrai dire je tâtonne encore un peu dans le repérage de ces mécanismes, puis dans comment les déconstruire de manière concertée. Ma posture anti-romantique a pu être interprétée par des personnes comme du désintérêt de ma part plutôt que comme de la bienveillance pour elles. Du coup tout ça n’est pas encore vraiment au point. Évidemment ça serait tellement plus pratique d’avoir des mots vraiment adaptés aux interactions que je souhaite mettre en place, plutôt que de m’exprimer toujours en creux, en négatif, par les trucs que je veux éviter. Ça me permettrait de me concentrer un peu plus sur ce que j’aime construire, sans focaliser toujours sur les risques à contourner...
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Alabama
le lundi 06 janvier 2025 à 21h29
Je crois que ce qui est difficile, quand on veut réinventer les relations, qu'elles soient amoureuses, sexuelles, amicales ou un mélange de tout ça, c'est de trouver l'équilibre juste entre ce qui est vécu authentiquement et qui peut être relié à une certaine norme (le manque amoureux), et la déconstruction.
Pour moi, l'effort que je fais, c'est d'essayer, lorsque j'ai un élan typiquement amoureux, ou que mes élans sont démesurément nombreux envers mon amoureux, d'observer ces élans, et de voir si je peux les rediriger vers d'autres personnes de mon entourage. Pas en me forçant, par une nouvelle norme politiquement correcte, mais simplement élargissant mon regard. Car ces élans-là, je peux tout à fait les ressentir pour d'autres personnes qu'un amoureux si je pense à des amies chères. Cela me demande par contre un effort de conscientisation, car la culture dans laquelle on baigne ne nous formate pas à cela, et je n'ai donc pas le réflexe de le faire, contrairement à la "monogamie-réflexe" dont j'avais parlé dans un autre post. Concrètement, si j'ai envie d'écrire une lettre pour la 3ème fois en 15 jours à l'amoureux, je me pose 5mn, et je jauge mentalement "et si j'écrivais une lettre à un·e telle ? ou à un·e telle ?" et je vois si l'élan est là. La plupart du temps, il est bien là aussi pour d'autres personnes mais je n'y pense juste pas !!!
Ma ligne n'est donc pas de "retirer" quelque chose, mais plutôt de "rediriger", ou de voir si une redirection est possible, ou de multiplier. Parfois oui, mais parfois non : si j'ai un élan vraiment spécifique envers mon amoureux, je ne vais certainement pas m'en priver juste parce que ça serait trop normé. Je ne me prive pas de lui dire qu'il me manque ou va me manquer si je le ressens, car je n'aime pas l'idée de taire ou mettre sous le tapis par conformité "politique". L'élan est là et je n'ai pas envie de l'écraser (il ressortirait d'une autre manière de toutes façons, et l'étouffer me rendrait malheureuse).
Message modifié par son auteur il y a 8 mois.
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artichaut
le lundi 06 janvier 2025 à 21h55
Alabama
Je ne me prive pas de lui dire qu'il me manque ou va me manquer si je le ressens, car je n'aime pas l'idée de taire ou mettre sous le tapis par conformité "politique". L'élan est là et je n'ai pas envie de l'écraser (il ressortirait d'une autre manière de toutes façons, et l'étouffer me rendrait malheureuse).
Moi il m'arrive de le taire, ça (le manque) ou le désir. Non pas par "conformité politique", mais…
- soit par non-envie de gérer ce que ça pourait provoquer chez l'autre (concernant le manque)
- soit par envie de ne pas mettre la pression à l'autre (concernant le désir sexuel)
Ça ne veut pas dire que je le tais à chaque fois. Mais désormais, je mesure le poids et les conséquences possibles de mes paroles, sur certains sujets, avant de les dire.
Et globalement j'ai le sentiment que ça me rend ma vie plus facile, et plus nourrie. Et de surcroît ça fait moins de dégâts.