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Le polyamour et les deuils familiaux

Famille
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Tcheloviekskinoapparatom

le mercredi 05 juillet 2023 à 16h49

Eh oui, c'est pas le sujet le plus joyeux ! Mais voilà ça arrive, et en cherchant un peu c'est un sujet sur lequel je n'ai pas trouvé grand chose, en tous cas en français.
Je pense en particulier à comment gérer les morts dans nos familles, comment au moment des obsèques on peut ressentir à la fois un très fort besoin d'avoir celles et/ou ceux qu'on aime près de nous, ou de les soutenir si ce sont elleux qui ont perdu un·e proche, et en même temps se demander comment gérer le regard des familles.
J'ai eu le malheur d'être confronté à la question deux fois récemment, la première fois à l'occasion de la mort de la grand-mère d'une de mes amoureuses. Elle n'a pas d'autre relation suivie que moi à l'heure actuelle, donc la question ne posait pas de difficulté, vu que sa famille ne connaissait que moi.
Peu de temps après c'est mon père qui est mort et je n'ai pas hésité non plus, il était évident que j'allais inviter mes deux amoureuses à m'accompagner lors des obsèques. J'en avais bien besoin.
Ma situation amoureuse était déjà connue dans ma famille proche, probablement moins ou pas du tout pour mes tantes ou cousin·e·s, qui ne connaissait que l'une d'entre elles. Peut-être y a-t-il eu quelques interrogations ou surprises, je n'en sais rien et dans une certaine mesure je m'en fous : si on ne peut pas être honnête envers soi-même et les autres quand on perd un parent alors quand ? Et puis on a le droit de s'interroger ou d'être surpris, ce n'est pas forcément grave.

Je ne peux pas dire que ça m'a posé des difficultés, mais je me dis que c'est pas mal lié au fait que je suis poly depuis longtemps, avec deux relations ancrées (durant respectivement depuis quatorze et trois ans), que je suis un mec qui a passé 50 ans, et que je suis dans une famille de toutes façons très ouverte. Je me dis que ce n'est pas forcément si simple dans d'autres cas, et que ce serait bien d'ouvrir un espace de parole sur le sujet.

Avez-vous dû vous retenir de faire un coming out au moment de la mort d'un proche ? Ou ne pas être là pour soutenir un·e amoureux·se parce que il/elle ne se sentait pas d'assumer des relations multiples dans ces circonstances ?

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libreee (invité)

le mercredi 05 juillet 2023 à 23h16

Merci pour ton témoignage !

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lecteur de ce site (invité)

le mardi 11 juillet 2023 à 19h50

On n'est pas obligé de s'étaler sur sa vie sentimentale lorsqu'on assiste à un enterrement ..

Je pense que la plupart des personnes dans ce genre de situation, se foutent totalement de savoir si on est accompagné par des amoureuses ou des amies .

Donc à moins de faire venir le sujet sur le tapis, et le lieu me semble peu approprié, il me semble que ce problème n'en est pas un ...

Plus compliqué est de gérer ça dans le cadre d'une réunion familiale plus récréative ...

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Tereza

le jeudi 13 juillet 2023 à 15h36

C'est un sujet intéressant et delicat.
Même si on "s'étale pas sur sa vie amoureuse", les membres d'une famille peuvent se demander qui est telle ou telle personne présente à des obseques, car cela reste un moment de réunion familiale.
Je pense que, tout comme les réunions plus heureuses, la participation à ce type d'évènements est importante si la relation est installée : la définition même d'une relation amoureuse est pour moi le fait d'être présent dans les bons et mauvais moments. Je vivrais mal le fait que mon/ma partenaire ne souhaite pas ma présence –même si je pourrais le comprendre en cas de famille vraiment conservatrice/situation familiale tendue– au même titre que je serais blessée de ne pas être invitée à son anniversaire.

Tout ça est lié au besoin d'une certaine "légitimité" vis à vis de l'entourage.

Personnellement, j'ai vécu une situation très dure récemment à ce propos : un déces brutal est survenu dans la famille d'un partenaire, et la nouvelle est arrivée pendant une soirée/nuit que on partageait à deux.

Nous nous connaissions depuis 4 mois seulement, mais cette période avait été très sereine : pour la première fois j'avais la sensation de vivre une relation poly viable sur la durée, on avait des habitudes, intérets et rhytmes de vie compatibles, et le fait que il ait une relation "principale" ne me faisait pas sentir limitée. Lui et son amoureuse (une relation de 3 ans) habitent séparement, n'ont pas d'enfants ni de projets immobiliers, les agendas sont flexibles... dans les faits, nous avons pu nous voir chaque semaine depuis le début, et j'ai été touchée par le soin qu'il a toujours mis dans la planification de nos rdv, le fait qu'il soit présent régulièrement par sms même en cas de petits coups durs pour moi. Aussi j'avais posé mes attentes tout de suite sur le fait de ne pas chercher de relation type "amants/sex friends", cela ne me convenait pas.
Il est timide et introverti, pas très à l'aise avec les mots mais la somme et la régularité de tous ses gestes ont su me mettre en confiance. Nous avons partagé beaucoup de discussions intimes sur notre passé, nos familles, nos relations, nos cheminements dans les relations non exclusives. Il était prévu que je rencontre sa meilleure amie, et on était même en train de planifier un weekend. Physiquement et sexuellement aussi, nous étions alignés (beaucoup de tendresse, des gestes visibles comme se tenir toujours la main en public, un goût partagé pour certaines pratiques sexuelles...).

Au moment du déces, j'étais en train de commencer à tomber amoureuse depuis quelques semaine, même si je ne l'avais pas encore verbalisé. J'ai essayé mieux que j'ai pu d'être présente même à distance (il est resté une dizaine de jours avec sa famille), avec parfois la sensation de presque déranger. Ayant vecu ce moment choquant avec lui, j'ai été particulièrement sécouée et surtout inquiète, alors que il était dans un état de retenue, au moins avec moi. Au point de me dire de "pas trop m'inquièter pour lui".

Quelques semaines après cet évènement, lors d'un moment particulièrement intense emotionnellement (j'allais partir à mon tour pendant 2 semaines et nous étions en train de nous dire au-revoir, difficilement) je lui ai avoué, mot pour mot, "commencer à éprouver des sentiments". Je voulais le faire parce que je n'arrivais plus à retenir ces mots, et je n'attendais même pas que il me réponde de la même façon. Je n'attendais absolument rien de ce moment, ni que notre mode de relation change, ni de devenir sa priorité... Je ne me suis jamais sentie en compétition avec son amoureuse, justement car je trouvais que il m'apportait suffisamment d'attention et de soin.

Et à partir de là, tout est parti en cacahuète. À mon retour, son comportement a changé : il m'a avoué se sentir sous pression, que mes mots l'avaient déstabilisé, il n'avait plus envie qu'on parte en weekend, et même physiquement il n'a plus voulu de rapprochement. Le tout, en me disant vouloir continuer à me voir, sans préciser sous quelle forme.
Cela a été une douche froide pour moi, surtout que la raison évoquée a été le fait que j'aie avoué mes sentiments, que ça "s'emballe trop", et non pas la période très difficile pour lui ce que j'aurais compris clairement, j'aurais été prête à l'accompagner, m'adapter sur pas mal de choses... je l'avais d'ailleurs invité à exprimer ses besoins en ce sens, mais il n'a rien formulé de precis.

J'ai vecu une anxiété très forte, avec des symptomes physiques aussi, le tout couplé à un environnement professionnel stressant. Résultat, arrêt maladie pendant une semaine.
Pour me préserver, et car je suis totalement incapable de rester dans le flou relationnel pendant longtemps, j'ai proposé une rupture ou une pause, et nous avons convenu pour cette dernière.
Mais je reste dans l'incomprension : si au début je me disais que tout cela venait du traumatisme du deuil et que il fallait être patiente, maintenant à tête froide j'ai des réflexions beaucoup plus banales et peu glorieuses.
Je me dis que peut-être, depuis le début, je n'ai été que un espèce de "pansement", une relation secondaire démarrée avec le but de se rassurer émotionnellement (car sa relation principale lui fait vivre parfois des moments d'insecurité dont on avait parlé, je sais aussi que il est très amoureux de sa partenaire). Que le deuil a été seulement le déclencheur pour qu'il se rende compte, tout d'un coup, ne pas vouloir la même chose que moi.

Quelle que soit la raison, c'est très dur à vivre, je suis tombée de haut. :-(

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Caoline

le jeudi 13 juillet 2023 à 18h14

@Tereza, je n'ai pas l'impression que la triste évolution de cette relation ai un rapport avec le deuil vécu de ce que tu décris. C'est fou ce que beaucoup de gens ont peur des sentiments, alors que moi je ne peux, sauf rares exceptions ponctuelles en présence d'une personne avec qui je suis en relation amoureuse, avoir de relation intime sans sentiments.

Pour revenir à la question initiale que je trouve très intéressante, je me suis déjà dit que le décès de ma grand mère sera probablement l'occasion de mon "coming-out" auprès des membres de ma famille dont je ne suis pas proche (certains oncles tantes cousin.e.s), ou en tout cas l'occasion qu'ils rencontrent mon deuxième compagnon, ils savent peut-être déjà tous, car j'aurais envie qu'il m'accompagne aux obsèques et que mon compagnon historique ayant été très proche de ma grand-mère viendra probablement aussi. Les membres au même degré que j'apprécie connaissent l'existence de mon second compagnon même si ils ne l'ont pas forcément rencontré pour une question de distance. Enfin si nous y allons, je ne suis pas trop obsèques... En tout cas hors de question pour moi de le cacher ou de me priver de sa présence si j'en ressens le besoin.
Il y a peu, le père de l'amoureux d'une de mes filles est décédé. Nous ne le connaissions pas mais son père et moi sommes allés aux obsèques pour soutenir ma fille et son amoureux. Nous ne nous sommes pas posé la question pour mon second compagnon, même si il les apprécie beaucoup, car il était loin, il travaillait... mais je me suis posée la question pour la carte de condoléance de le noter, en général je mets les prénoms de la famille en ce genre de circonstances. Comme je ne voulais pas risquer que ça mette les jeunes mal à l'aise ni les déranger avec cette question, j'ai signé famille S... sans prénoms puisque nous considérons que mon second compagnon fait partie de la famille.

Dans l'autre sens, j'ai longtemps cru que je connaîtrais la très petite famille de mon second compagnon le jour du décès de sa maman vu ses réticences à ma la présenter. Mais la situation ayant positivement évoluée dernièrement normalement je la rencontre ce week-end. J'en ai tellement rêvé mais du coup je suis plutôt angoissée !

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Tereza

le dimanche 16 juillet 2023 à 19h50

Caoline
@Tereza, je n'ai pas l'impression que la triste évolution de cette relation ai un rapport avec le deuil vécu de ce que tu décris.

Je le pense aussi, malheureusement :(

J'espère que la rencontre familiale de ce weekend s'est bien passée !

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Caoline

le dimanche 16 juillet 2023 à 20h44

Tereza
J'espère que la rencontre familiale de ce weekend s'est bien passée !

Très bien merci, au delà de toute espérance.

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