Quelques mots pour APH, Luc Istelie, ainsi que peut être d'autres personnes... Une logorrée nombriliste, mais avec l'intention de répondre un peu à vos questions. Avec l'espoir, surtout, de le faire avec justesse et bienveillance.
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Albaboun
le dimanche 08 janvier 2017 à 05h03
Bonjour toutes et tous,
Après une période d'absence, n'étant d'ailleurs pas un membre du forum depuis bien longtemps, je suis tombé sur le fil qui semble avoir abouti à la disparitions de certain-e-s membres. J'avoue qu'à mon retour, hier à 20h, j'ai lu consciencieusement les cinq premières pages du fil, puis j'ai sauté directement à la page huit. J'en termine donc par un message, pas si petit d'ailleurs sûrement, à l'égard de personnes dont je ne peux voir la disparition (virtuelle bien-sur) positivement. Je ne réagis pas sur le fil de discussion, tout d'abord car je ne suis pas sûr qu'APH ou Istelie y retourneront, mais aussi car je suis certain d'être capable de me disputer avec pas mal de monde sur ce fil.
Je suis personnellement un trentenaire au fait autant que je le peux de toutes les cases et catégories qui vous posent questions... Et c'est sur ce sujet que je souhaite écrire. Natif de 82, je fais partie d'une génération née sous la gauche, enfin une certaine gauche, enfin un truc à gauche de l'UMP quoi... Qui usurpe depuis bien longtemps le terme socialiste. Le PS veut d'ailleurs sûrement dire: "au départ, quand on n'est parti, on était socialistes". J'évoque cette notion temporelle (82) car elle à pour moi toute son importance dans cette discussion.
Je fais donc parti d'une génération née alors que mes parents (et assurément bien d'autres) croyaient qu'on allait "changer la vie". Ce monde promettait d'être différent, porteur, plus juste et plus beau. Pour diverses raisons, plus personnelles qu'extérieures, j'ai commencé à être baladé de psychologues scolaires en thérapies familiales depuis mes 8 ans et toute ma minorité (jusqu'à être majeur...). Hormis les raisons atypiques et personnelles, je crois tout de même que la désillusion de mes soixante-huitards de parents, qui à grandit en même temps que moi, a participé à me construire une personnalité assez torturée et dépressive. Le fait que mes passions pour la nature et l'environnement, en plus d'un père écolo, m'ont exposées depuis toujours à un décompte constant de l'impact humain sur un environnement instable (pour utiliser un euphémisme), n'y ont pas ajouté beaucoup d'enthousiasme.
Bref, je me perçois un peu comme une caricature de ma génération, une partie du moins, qui à du se construire dans une réalité ou l'espoir d'avancées sociales, politiques, environnementales, mais aussi personnelles, n'étaient plus permises. On me répondra que mon point de vue est trop noir et négatif, peut-être... Mais les idées qui étaient celles de ma "communauté" familiale, humanistes, économiquement anti-libérales et anti-capitalistes, écolos, n'ont pas particulièrement avancées. Si quelques efforts environnementaux ont vu le jour, de façon très discutable à mon sens, tout le reste à reculé drastiquement, sous la droite comme sous la gauche, depuis que je suis capable de m'y intéresser. Je suis donc personnellement du genre plutôt cynique, désabusé, souvent misanthrope et nihiliste, comme l'est en partie, je crois, ma génération.
Une conséquence des reculs sociaux, pour ne pas dire sociétaux, de notre réalité ces trente dernières années, est l'individualisation des problématiques. Je connais bien la question pour avoir été huit ans éducateur. Pour aller dans le sens des évolutions politiques et sociales, les problématiques doivent être individualisées. On fait des "projets personnalisés individualisés", on évalue, on synthétise, puis on recommence. On psychologise surtout, on repère les "schémas de répétition", les difficultés psychiques, qui sont liées à la personne. Aborder le contexte social serait bien trop complexe et inapproprié, si les personnes sont en difficultés c'est qu'elles le permettent, au moins, si ce n'est qu'elles le produisent. On essaye de "maintenir un outil de travail", malgré les baisses de budget, les hausses de population... D'ailleurs la direction vous informe qu'avec le départ en retraite de Jeannot, son poste de titulaire ne pourra être maintenu, mais on se rassure par l'arrivée imminente d'un CAE. Le vieux routard de l'éducation, ancien de science-po, est donc remplacé par du personnel précaire non qualifié, lui même en réinsertion. Ça tombe bien, c'est notre domaine, la "réinsertion".
Je ne suis plus éduc, j'ai perdu la foi dans une possible amélioration des politiques sociales. J'ai vu passer trop de lois "réactive" après un fait divers, trop de parler creux qui accompagne la précarisation avec des belles valeurs, trop de 49.3... Et puis je suis trop dépressif.
Vient alors la réponse au mal-être, psychologique ou psychiatrique, qui me demande ou m'impose de cesser de regarder le monde comme responsable de mes maux. Je dois mieux me connaître, pour accepter ce monde tel qu'il est, accepter les autres, m'accepter moi. C'est là que je me plonge dans toutes les grilles de lecture possible: "Je suis un homme cis-genre blanc (dominant? je suis le problème), mais aussi pan-sexuel, HPI, Zèbre (serais-je discriminé, serais-je juste une victime, sans responsabilité face à cette réalité, peut-être même suis-je asperger?). Et puis quitte à déformer une citation dont je ne me souviens même pas de l'auteur, être heureux dans une société malade ne me parait pas signe de bonne santé mentale. Alors oui, je suis dépressif, mais dépressif d'un monde pathologique.
Lorsque je retrouve un peu la forme, je rejoins le militantisme... Mais lorsque c'est de façon radicale, je vois bien que je suis trop décalé du "reste du monde" pour le toucher, le faire bouger. Lorsque je suis non violent, voir même citoyenniste, je ne peux que constater que les actions et mobilisations de mes parents et des autres qui s'y sont consacrés, ces trois dernières décennies, me semblent toutes avoir échouées.
Je crois que bon nombre de celles et ceux de ma génération me ressemblent, un peu ou beaucoup. Nous construisons des cases et des catégories pour nous accepter, pour accepter les autres... Nous noyons notre absence d'espoir et nos désillusions dans la recherche de nos pairs, à l'aide de ces étiquettes. La société dans son ensemble ne fait pas sens, la réalité nous semble injuste et inéluctable, alors nous cherchons un groupe de gens qui nous ressembleront vraiment, qui seront comme nous, avec lesquels on se sentira bien et forts, le vrai sentiment d'appartenance. C'est à ça que servent ces cases, à trouver des comme nous, même si elles mènent aussi parfois(souvent?) à de nouvelles désillusions.
La génération X a tenté de diviser l'humanité en catégories, puis en sous catégories, avec toutes les sciences humaines, sociales, médicales... Quoi de plus logique, devant le constat de l'échec de nos parents. Nos soixante-huitards de parents avaient voulus s'unir, avec toute l'humanité, en se donnant la main et s'aimant les uns les autres... Avec le succès que l'on sait.
Nous, nous avons cherchés le problème, la source... Puisqu'il y avait un nous et un eux, on devait parvenir à trouver qui c'était nous, pour trouver qui c'était eux. Mais voila, en fait, à force de diviser et subdiviser, l'évidence semble apparaître... Il n'y a pas de NOUS! Mais c'est peut-être enfin ça la solution: "s'il n'y a pas de nous, c'est aussi, paradoxalement, qu'il n'y a pas de EUX!". Après nous être divisés aussi finement que possible, peut-être parviendront nous un jour à nous réunir.
Alors oui, je suis un mâle, blanc, cis-genre, pan-sexuel, zebre et misanthrope. Mais pas seulement... Je suis aussi un jeune ou un vieux con (c'est selon votre âge). Et puis aussi, peut-être, je suis tout autre chose. Si j'ai l'occasion de vous rencontrer, APH, Istelie, j'espère que c'est ça que vous verrez, tout autre chose.
Au plaisir de vous lire, sous un nom ou sous un autre, ici ou ailleurs.
Message modifié par son auteur il y a 6 ans.
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Loic
le dimanche 08 janvier 2017 à 10h19
Albaboun.
Nous, nous avons cherchés le problème, la source... Puisqu'il y avait un nous et un eux, on devait parvenir à trouver qui c'était nous, pour trouver qui c'était eux. Mais voila, en fait, à force de diviser et subdiviser, l'évidence semble apparaître... Il n'y a pas de NOUS! Mais c'est peut-être enfin ça la solution: "s'il n'y a pas de nous, c'est aussi, paradoxalement, qu'il n'y a pas de EUX!". Après nous être divisés aussi finement que possible, peut-être parviendront nous un jour à nous réunir.
Alors oui, je suis un mâle, blanc, cis-genre, pan-sexuel, zebre et misanthrope. Mais pas seulement... Je suis aussi un jeune ou un vieux con (c'est selon votre âge). Et puis aussi, peut-être, je suis tout autre chose. Si j'ai l'occasion de vous rencontrer, APH, Istelie, j'espère que c'est ça que vous verrez, tout autre chose.
Ouah.....
Une chouette lecture pour se réveiller.
<3 <3 <3 <3 !!!
Message modifié par son auteur il y a 6 ans.
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Lagentda
le dimanche 08 janvier 2017 à 11h21
Joli et intéressant message, Albaboun.
Signé un 82 aussi, toutefois plutôt "heureux dans une société malade", que "ayant trouvé sa case, pour dire son mal"
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ex-lstelie (invité)
le dimanche 08 janvier 2017 à 12h23
Bonjour Albaboun
Ce matin au moment de regarder mon mail, par.. curiosité..voyeurisme .. un peu des deux... je jette un œil sur polyamour.info pour voir si cette discussion incroyable que j’ai involontairement initiée a pris fin, a enfin pris fin, et je tombe sur votre message.
J’avais le pseudonyme lstelie, qui n’est pas vraiment un pseudonyme d’ailleurs, c’est une contraction de mon nom (Luc Saint-Elie) que j’utilise depuis les début des internets il y a des siècles. Je ne suis pas repassé pour re-générer 160 messages de bagarre. Il n’est pas indispensable (et peu judicieux) de répondre sur le forum à ce message, mon email est lstelie at gmail point com, il serait préférable de m’écrire directement pour m’expliquer à quel point je suis un sale type.
Votre message m’a beaucoup touché, tout d’abord parce que c’est un résumé assez juste et ensuite, surtout, parce que je respecte les gens qui se foutent à poil lorsque la solution de facilité voudrait qu’ils se content de se planquer derrière des slogans. Rien que pour ça vous avez mon respect total. C’est une qualité qui se perd (pas celle d’avoir mon respect, celle de prendre des risques) cultivez-la.
J’écris ce qui suit pour éviter à d’autres dans mon cas, (ayant le même profil que moi disons) à la fois de s’énerver bêtement alors qu’ils se fourvoient dans un truc qui ne les concerne pas vraiment, et de l’autre côté pour éviter que ce forum connaisse de nouveau des épisodes comme ça, qui au fond ne font du bien à personne.
J’ai expliqué qui je suis dans mon message, initial, je fais partie de ce que Beigbeder (le type ne m’est pas trop sympathique mais j’aime bien l’expression qui elle, est assez juste) un hétéro-connard de base.
Il y a une chose qu’on ne peut guère reprocher aux gens ayant mon profil et déboulant sur ce type de forum, c’est la sincérité de leur démarche. Elle est peut-être lourde, pataude etc. mais elle est sincère.
Les jeunes pour qui polyamour va de pair avec une activité militante et sont en quelque sorte entrés dans la sexualité et la relation par cette porte, ne s’en rendent peut-être pas compte, mais pour les gens comme moi, arriver ici, c’est l’aboutissement d’un trajet, long. Il faut s’interroger, rechercher, découvrir qu’il y a des gens et des endroits qui parlent de ça, s’inscrire.. alors que si on méprise les femmes, le plus simple c’est de s’adonner à la baise kilométrique inconséquente (je l’ai fait dans ma jeunesse mea culpa), c’est facile et c’est socialement très accepté, etc etc...et sur-cerise-sur le gâteau c’est même socialement valorisant lorsqu’on est un homme.
Depuis quelques temps, je gamberge sur mes relations, je lis, je vais à des réunions, c’est comme ça que par rebonds successifs, j’en suis arrivé à écrire ce message maudit. J’ignorais tout des spasmes qui semblent agiter ce « milieu », j’ignorais même qu’il y avait un « milieu » du polyamour, pas à ce point en tout cas. Ma question était sans doute très conne et portait sur un sujet manifestement hyper polémique, mais je ne le savais pas, ma question elle était surtout naïve, « sans intention de nuire » comme on dit.
On a chacun ses « triggers » (« ses déclencheurs » je ne trouve pas de bonne traduction), moi c’est pas la bienveillance. La bienveillance, est quelque chose que je ne demande pas (pour moi s’entend). Des coups j’en ai pris toute ma vie, ça ne me dérange pas (je me demande parfois si je n’aime pas ça au fond).
Si j’ai supprimé mon compte c’est pour deux raisons, une assez légère, et surtout logique, l‘autre en revanche profonde.
La raison légère, c’est que je l’ai créé sur un malentendu. J’ignorais qu’il s’agissait d’un « milieu » et je n’entends pas faire partie d’un « milieu » , d’un « groupe », d’un « mouvement » ou autre, je n’ai rien contre, je ne pense pas que ce soit mal, ce n’est simplement pas mon truc.
Moi ce que je cherche c’est plutôt des voies qui me permettent de m’aider à penser un peu différemment mes affects, mes relations, une façon de redéfinir mes relations en dehors des schémas classiques serial-monogame ( que j’ai longtemps pratiqués), de façon plus équitable, éthique, en lésant moins, et surtout je cherche « les mots pour le dire » (ce qui est mon souci actuellement).
Ça, si c’est très bien décrit dans les bouquins de F. Simpère , et sans doute d’autres, il faut que je continue ma quête, elle m’intéresse, ce n’est manifestement pas ce qui est recouvert par le terme « polyamour » qui, Junon l’a très bien dit [1] sans être contredite, et la teneur globale de ces 160 (putain 160 ..) messages est assez explicite sur ce point, est une application sur le plan amoureux et plus largement relationnel de positions militantes beaucoup plus larges.
Bref, c’est pas grave, je trouve même cette distinction que m’a fait découvrir ce long fil de messages intéressante.
Anecdotiquement il serait bien que les cercles étiquetés « polyamour » soient plus explicites sur ce clivage qui les sépare très nettement des « amours pluriels » façon F. Simpère. Ça vous éviterait de voir débouler des gus dans mon genre avec leurs gros sabots.
L’autre raison, la raison profonde, elle est liée à l’historique des générations que vous avez très bien décrit dans votre message, et qui se traduit chez moi par : jamais je ne cautionnerai ou ne participerai à cautionner activement ou passivement une idéologie totalitaire.
Comme vous l’avez très bien dit, je fais partie de la génération qui a cru a de grandes choses.. et qui au final a tout foiré. Il ne nous reste pas grand-chose, chacun s’accroche a quelques pans de murs..moi c’est ça : jamais je ne cautionnerai ou ne participerai à cautionner activement ou passivement une idéologie totalitaire.
Alors ça, ça demande un peu d’explication parce que balancé comme ça, brut de fonderie ça fait à la fois provocateur et déplacé. J’ai essayé à deux reprises.. aucun effet, Bagheera a essayé avec une présentation différente (que j’aime bien, je lui emprunterai peut-être un jour) avec son idée de nouveau péché originel… aucune réaction.
Ça fait froid dans le dos.
Ça fait froid dans le dos parce que si ce concept (que je vais décrire) s’était un peu délité, l’histoire récente montre qu’il revient à la surface plus vite et plus fort que jamais. S’il y a une période de l’histoire ou il aura (aurait?) été important d’en être conscient, c’est bien celle que nous nous apprêtons à traverser.
Pour les gens de ma génération le terme de « fasciste » est utilisé dans un sens assez éloigné de son sens d’origine (qui désignait un épisode de la vie politique italienne), on l’utilise pour désigner de façon générique une idéologie totalitaire.
Je ne pense pas, bien sur que je ne pense, pas, en outre je ne les connais pas, que les membres de ce forum soient des fascistes. Je ne pense pas que les gens de ce que je perçois du « milieu du polyamour » soient des fascistes, pour autant, le socle idéologique que vous utilisez l’est et l’est même de façon quasi scolaire, c’est « le fascisme pour les nuls ».
Comme je ne peux pas asséner des trucs comme ça, sans m’expliquer.. ça va être longuet.
Tout d’abord, je parle bien du socle idéologique, pas de la cause. C’est l’ironie du truc, personne dans ces 160 messages, n’a remis en cause la nécessite de la lutte pour l’accès des femmes et autres genres aux même droits que les hommes, personne. J’ai d’ailleurs été surpris de ce déversement prosélyte sur un lieu où le public est conquis d’avance. Il serait, avis perso, et ce n’est pas de l’ironie, plus judicieux d’aller faire ça dans d’autres forums parlant d’autres thèmes que celui de l’amour où peu ou prou tout le monde partage a des degrés divers, cette idée qu’il serait bien d’arrêter de traiter les gens différemment selon leur genre.
Une idéologie totalitaire, toutes les idéologies totalitaires, ça repose sur deux principes simples : le premier c’est la dépersonnalisation, le second c’est la segmentation. La force du truc c’est que ces deux volets sont utilisables séparément (mais il faut les deux pour faire une vrai idéologie totalitaire).
La dépersonnalisation est facile a repérer. Lorsque dans un contexte non technique tout le monde utilise le même lexique, en général c’est pas bon signe. 160 messages, pas ou très peu de cas concret mais des centaines de répétitions de « privilège », « oppression », « dominant », « cisgenre » etc.... Ça en général c’est un signal qui doit faire dresser l’oreille on ne parle pas de « vraie vie », on récite.
La dépersonnalisation c’est le remplacement d’un cas réel, d’une personne réelle, d’une situation réelle, par un terme générique.
Exemple concret, ma frangine, est psychologue à la protection de l’enfance. Elle est titularisée depuis un an (elle a été précaire pendant 10 ans avant d’être finalement titularisée). Elle bosse pour un salaire de misère dans des conditions, matérielles et morales assez ahurissantes (les gamins dont elle s’occupe sont dans des états affolants, ses éducs sont en burn out lorsqu’ils ne sont pas en arrêt pour avoir été agressés par les mômes, ils n’ont pas assez de moyens etc etc..). Il ne viendrait a personne passant une journée avec elle l’idée de dire « la sœur de Luc est une privilégiée trop payée qui devrait travailler plus ». Immédiatement on se rendrait compte qu’il y a un truc qui déconne dans la phrase.
En revanche dire « les fonctionnaires » (et elle en est une) « sont des privilégiés trop payés qui devraient travailler plus » ça.. ça va faire les gros titres de la campagne électorale qui s’annonce. « les fonctionnaires » c’est personne en particulier, c’est ça la dépersonnalisation.
Autre exemple, le 23 novembre dernier, un niçois, un enseignant-chercheur, Pierre-Alain Mannoni a pris 6 mois avec sursis pour avoir emmené en voiture trois jeunes Érythréennes blessées chez le docteur. Il ne viendrait à l’idée de personne de dire que Pierre-Alain Manonni est un oppresseur dominant qui maltraite les femmes. Immédiatement on se rendrait compte qu’il y a un truc qui déconne dans la phrase.
En revanche dire que le « cis-genre » (et indiscutablement il en est un) oppresse les femmes ça, ça passe très bien, ça ne concerne personne etc…
On pourrait multiplier les exemples à l’infini, ce qu’il faut juste retenir, c’est que les politiciens ont parfaitement intégré ce principe qui permet de dire des choses que la réalité invalide avec l’assentiment de tous.
Par exemple, depuis qu’on a remplacé « réfugié de guerre » par « migrant » il y a unanimité. Et du coup Vals (espagnol) Cioti (Italien) Sarkozy (hongrois) etc.. peuvent parfaitement chasser le « migrant » sans que personne ne se demande s’il n’y a pas un peu foutage de gueule, et surtout de quelle guerre ils sont réfugiés et si on ne serait pas pour quelque chose dans cette guerre.
Aujourd’hui ou la « post-vérité » est tellement entrée dans les mœurs qu’elle a même été théorisée, ce système fait un carton.
La dépersonnalisation ça marche, ça a le vent en poupe mais ça ne suffit pas a faire une idéologie totalitaire, il faut l’autre volet.
L’autre volet il est technique.
Il faut prendre une caractéristique du groupe que l’on cible, une seule. Cette caractéristique elle doit correspondre à deux critères indispensables :
- ne pas être contestable
- ne pas être liée à quoique ce soit de personnel (volonté, idée, pensée, acte etc..)
Si ces deux critères sont réunis la cible ne peut pas contester l’être (noir, femme, cisgenre, juif etc.) et ne peut pas se défendre d’être qualifié ainsi (on peut se défendre d’être un intellectuel, d’être de gauche ou de droite, pas d’être juif).
Ensuite on applique à ce critère un certain nombre de caractéristiques, et enfin on indique que ces caractéristiques méritent un traitement X (mort, opprobre, déportation etc....)
La force du système c’est que comme le traitement est justifié par les critères et les critères justifiés par la caractéristique, le bazar devient tellement distanciant que son application par un quidam lambda ne déclenche aucune culpabilité particulière.
Personne (enfin peu de personnes disons) n’a envie, et si l’envie est là, le courage, d’aller dire en face à Wizmann le gentil voisin de palier que c’est à cause de lui que l’économie va mal, en plus quand on voit comment il vit on sait bien que ce serait ridicule, tandis que « les juifs sont cupides c’est à cause d’eux qu’il y a du chômage » ça c’est assez simple à professer.
Personne ne va aller dire a Mamadou qui se flingue le dos avec un marteau piqueur en bas de l’immeuble que c’est un tire-au flanc, tandis que « les noirs sont des fainéants lascifs, ils n’en branlent pas une, ce sont des animaux, il faut les renvoyer chez eux » ça c’est facile à dire et ça culpabilise peu… et ça permet de virer Mamadou parce que effectivement il est noir, et il ne peut pas le contester.
Tout le discours sur les cisgenre relève de ça. Et ça pour moi c’est une frontière infranchissable, comme je l’ai écrit, j’ai passé une partie de ma vie à me battre comme un chien contre ça, (je pensais que c’était fini, lorsque je vois les évolutions récentes du monde, je me dis qu’il va peut-être falloir recommencer) et jusqu’à mon dernier souffle je le refuserai..
La cause des femmes, des transgenre etc.. est tout ce qu’il y a de défendable et moi pas plus que les autres membres du forum ne la remettons en cause. Mais la fin ne justifie pas tous les moyens pour moi, surtout a l’époque actuelle. Il y a d’autres moyens de militer, d’autres méthodes pour convaincre, d’autres façons de faire que d’utiliser les vieux ressorts du fascisme.
C’est pour ces deux raisons que j’ai supprimé mon compte, pas vraiment à cause de la température de l’échange, les engueulades, je ne déteste pas. Si nous avions été sur politique.info, j’aurais persévéré au titre qu’il ne faut pas se défiler devant l’adversaire mais au contraire , argumenter sans relâche. Là c’est polyamour.info, ça n’a pas de sens, ça revient à cautionner ce qui, vu l’absence de réaction sur ce point tout au long de 160 messages, n’est clairement même pas un sujet de discussion. Donc supprimer mon compte relevait d’une bête question de prophylaxie personnelle.
Merci de m’avoir lu, excellent dimanche à tou(te)s.
Luc
[1] « Le polyamour va de pair à mon sens avec une interrogation globale sur la vison que nous avons du monde, de ses représentations, de nos certitudes, des luttes que nous menons, consciemment ou pas. S'y cramponner de mon point de vu est contre productif. »
/discussion/-brZ-/Liens-entre-polyamour-et-genre/p...
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Siestacorta
le dimanche 08 janvier 2017 à 12h46
Albanoun : ta citation, santé mentale / société malade est de Krishnamurti.
Et merci pour le reste du message.
Message modifié par son auteur il y a 6 ans.
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Maxence_Lascombe
le dimanche 08 janvier 2017 à 13h12
Touchant, touché.
Merci.
@Luc,
Merci de ce développement, "enveloppement" (comme une chaleureuse couverture lors d'un hiver rigoureux :-) ).
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GhanobNec (invité)
le dimanche 08 janvier 2017 à 13h52
« Personne (enfin peu de personnes disons) n’a envie, et si l’envie est là, le courage, d’aller dire en face à Wizmann le gentil voisin de palier que c’est à cause de lui que l’économie va mal, en plus quand on voit comment il vit on sait bien que ce serait ridicule, tandis que « les juifs sont cupides c’est à cause d’eux qu’il y a du chômage » ça c’est assez simple à professer.
Personne ne va aller dire a Mamadou qui se flingue le dos avec un marteau piqueur en bas de l’immeuble que c’est un tire-au flanc, tandis que « les noirs sont des fainéants lascifs, ils n’en branlent pas une, ce sont des animaux, il faut les renvoyer chez eux » ça c’est facile à dire et ça culpabilise peu… et ça permet de virer Mamadou parce que effectivement il est noir, et il ne peut pas le contester. »
Je ne sais pas trop si tes arguments confus te donnent raison, mais à cette phrase, et parce-que tu tiens à nous donner des détails sur ton identité, je peux te donner au moins un exemple de personne qui pourrait dire ce genre de chose de manière plus ou moins subtile : toi il y a deux ans.
https://plus.google.com/photos/photo/1143725903558...
Mais bon, je t'accorde la possibilité du changement en deux ans. C'était juste pour dire, quoi.
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Apsophos
le dimanche 08 janvier 2017 à 13h59
J'ai pas lu la discussion mais je me pose une question : quand est-ce qu'on extermine ?
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RecConUc (invité)
le dimanche 08 janvier 2017 à 14h03
Ho, Ap', je me demandais justement ce que tu étais devenu, et je me disais que je serai content de voir une de tes interventions dans le coin.
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gdf
le dimanche 08 janvier 2017 à 14h56
GhanobNec
je peux te donner au moins un exemple de personne qui pourrait dire ce genre de chose de manière plus ou moins subtile : toi il y a deux ans.
https://plus.google.com/photos/photo/1143725903558...
Parallèle intéressant... l'image citée a une vocation comique, mais admettons qu'elle ne le soit pas. Je crois qu'il y a une subtilité dans l'expression quand on dit "les fonctionnaires sont feignants" ou "les français creent plus de problème qu'ils n'en résolvent" ou "les hommes sont des oppresseurs" ou "les hommes sont plus grands que les femmes".
Certaines affirmations sont basées sur des faits (les hommes sont plus grands), mais sont une simplification. On devrait dire les hommes sont statistiquement plus grand.
Certaines sont basées sur des opinions (les fonctionnaires sont des feignants). Je n'ai jamais vu d'étude qui démontrent cette affirmation. À la limite on pourrait demontrer que la performance de notre service public est faible (par exemple à travers les enquêtes PISA), mais ça ne permet pas de conclure que les profs sont des feignants. C'est peut être le cas, mais je pense plutôt que le problème est que l'environnement dans lequel les profs évoluent ne leur permet pas d'obtenir les résultats qu'on souhaiterait.
Certaines sont basées sur des tendance. Quand on travaille avec des gens d'autres pays (j'habite en Angleterre pour ma part) on constate que "les anglais" ont un mode de fonctionnement différent "des français". Ça ne veut pas dire que chaque anglais est comme ci ou chaque français est comme ça, et c'est difficile à quantifier, mais il y a indéniablement une tendance.
Certaines sont basés sur des fautes logiques. Les oppresseurs sont des hommes, donc les hommes sont des oppresseurs.
Quelque soit l'affirmation, et sa justesse, elle devient dangereuse quand est elle totalitaire, ou sens "tous".
Même s'il peut y avoir une vérité à dire "les français créent des problèmes" (ce qui, en l'occurrence, une blague, peut être maladroite), c'est acceptable tant que cela ne devient pas "tous les français créent des problèmes", donc je refuse de travailler avec les français.
Message modifié par son auteur il y a 6 ans.
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gdf
le dimanche 08 janvier 2017 à 15h03
@Luc
Je ne crois pas qu'il y ait uniformité de la communauté polyamoureuse. S'il y a eu 160 message, c'est bien parce que toutes les personnes qui se sont retrouvées sur ce forum car elles étaient en recherche de discussion sur le thème du polyamour ne sont pas en accord sur ces questions de cisgenritude.
Ce forum est ce que les gens en font, et quiconque souhaitant vivre plusieurs amours de façon transparente et respectueuse est bienvenu ici.
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Nagryoglij (invité)
le dimanche 08 janvier 2017 à 15h07
> Certaines sont basés sur des fautes logiques. Les oppresseurs sont des hommes, donc les hommes sont des oppresseurs.
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gdf
le dimanche 08 janvier 2017 à 18h02
Nagryoglij
> Certaines sont basés sur des fautes logiques. Les oppresseurs sont des hommes, donc les hommes sont des oppresseurs.
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89pouvantail_(rh...
Ce que tu veux dire, c'est que tu as pris un petit bout de mon message facilement réfutable, et que tu démontes donc le message en entier?
Plus sérieusement, je ne comptais pas refaire tout le débat sur les propositions contenant les mots "homme" et "oppresseurs", et la phrase que tu cites aurait méritée d'être plus détaillée. Le point important (j'espérais que ce soit clair mais apparemment non), c'est le glissement dangereux de "une partie d'un groupe" à "tout le groupe.
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(compte clôturé)
le dimanche 08 janvier 2017 à 19h31
ex-lstelie
La cause des femmes, des transgenre etc.. est tout ce qu’il y a de défendable et moi pas plus que les autres membres du forum ne la remettons en cause. Mais la fin ne justifie pas tous les moyens pour moi, surtout a l’époque actuelle. Il y a d’autres moyens de militer, d’autres méthodes pour convaincre, d’autres façons de faire que d’utiliser les vieux ressorts du fascisme.
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Merci Luc d'avoir si bien dit ce que je ressent au fond de moi. en gros, il est vrai que plus je rencontre des polys, plus je vois la teneur de leur discussion, plus je m'énerve! Envie de dire: "mais putain, quelle bande de cons! Quels bandes d'intégristes de merde!"
Et puis je te lis, Luc, et tu me fais voir ce qui était au bord de mon champ de vision: ce "fascisme" de la jeune génération poly (et de certains anciens pas évolués aussi, d'ailleurs!)
En gros, le poly amour est une philosophie de vie tout-à fait intéressante et viable, mais ceux qui s'en réclament le plus fort me font penser à certains intégristes religieux, quelle que soit la religion: prêts à toute violence pour imposer leur vision comme LA SEULE VISION DU MONDE POSSIBLE! les autres sont des HÉRÉTIQUES!
Bref, vive le polyamour pour les très rares qui l'ont compris, et MERDE à tous les autres beauf (mâles, femelles, fluides, trans, indéterminés et asex, et etc.) poly de médeux!
Voilà, c'est dit.
Sébastien PERONI
Message modifié par son auteur il y a 6 ans.