Fin (momentanée ou pas) d'un polyamour ? Comment réagir ?
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slavon12
le mardi 31 mai 2016 à 15h24
Bonjour à tous.
Je viens de vivre deux ans dans une situation polyamoureuse avec mon épouse d'un côté et une jeune femme célibataire de l'autre.
Dimanche, ma célibataire, qui m'envoyait encore mille signes d'affection la veille, m'indique qu'elle souhaite tenter le coup avec quelqu'un qu'elle a rencontré, mais ne le sent pas de maintenir deux casseroles au feu et me demande donc d'annuler nos rendez-vous.
Je lui ai souhaité bonne route et beaucoup de bonheur, même si je pleurais car j'en suis amoureux.
Quand nous étions ensemble, souvent, elle me disait que notre relation était éternelle, car elle pourrait rencontrer des gens, faire des enfants... et me retrouver.
Toutefois, il semble bien que dans l'immédiat elle souhaite se retrouver dans une situation exclusivement monogame (ce que je respecte bien entendu).
Aujourd'hui c'est une situation bizarre : il n'y a pas vraiment eu de rupture ("je ne t'aime plus" ou de dispute...), mais il y a bien par contre séparation. J'hésite entre un silence et une absence qui la respectent (et respectent la difficulté même de lui parler ou lui écrire, parce que je suis encore en attente de nous), et une petite lettre d'affection.
Nous ne nous sommes pas parlés depuis la séparation. La question c'est que je ne sais pas où est le plus juste : en fait, tout est fini, nous passons à une autre étape de notre vie ; ou bien non, en fait, nous demeurons des lutins, même si en ce moment on n'a plus que l'amitié entre nous (et dont le sous-texte est inévitablement : retrouvons-nous quand ce sera possible...).
La question c'est que je sens que je devrais avoir la force du détachement mais que je crois impossible de la voir sans souffrir en ce moment, parce que je me sens encore amoureux...
Qu'en pensez-vous ? Me taire et laisser le temps au temps. Peut-être que le jour viendra où je serai un lutin plus mûr, capable de la voir sans souffrir ? Capable d'un véritable amour qui se satisfait d'abord son épanouissement à elle.
Bien cordialement, j'ajouterai des détails si questions.
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Tcheloviekskinoapparatom
le mardi 31 mai 2016 à 17h43
Pas facile.
J'ai vécu deux fois ce genre de situation. Si j'ai un conseil c'est : fais confiance à tes sentiments, fais confiance à ton sentiment que votre connexion est de nature à être renouée un jour.
Bien sûr, on ne peut pas être sûr que ce sera vraiment le cas. Dans mon cas, une femme qui compte énormément pour moi m'a annoncé ce que t'a annoncé ta célibataire.. et elle est revenue après trois jours (ou un mois suivant les définitions). Je lui avais dit que je ne croyais pas qu'on pouvait vraiment se quitter définitivement, mais j'étais surpris de voir cela confirmé si vite.
La deuxième fois une autre femme qui compte énormément pour moi m'a annoncé ce que t'a annoncé ta célibataire... et cela fait maintenant un an que j'attends. Pourtant, je ne doute pas de notre connexion, je ne doute même pas de son amour. Mais est-ce que je peux être sûr qu'on renouera ? Non, je ne peux pas être sûr, ne serait-ce que parce que nous ne sommes pas éternels, on peut se faire renverser par un bus demain. Mais que ce soit possible et même vraisemblable dans les années à venir, je n'en doute pas.
Je ne sais pas si ça rend les choses plus faciles que de se dire "c'est fini à jamais", je pense globalement que oui. J'appelle ça l'"optimisme à long terme". C'est sûr qu'il faut se détacher, tâcher de cesser d'attendre que chaque jour qui passe apporte un changement - s'il advient, tant mieux, mais mieux vaut se préparer à la longue durée, et donc à chercher à s'occuper l'esprit d'une manière ou d'une autre, à diriger notre énergie dans une direction positive, autant que faire se peut, et tout en se donnant la permission d'être triste.
Par rapport à l'immédiat, c'est peut-être même le plus important pour toi : "impossible de la voir sans souffrir en ce moment". Normal. Normal d'être triste, de passer quelques heures à regarder le plafond, ou à faire ce qui te va le mieux quand tu es triste. Mais laisser la raison parler aussi : elle veut tenter un truc, tu l'aimes, tu la laisses donc faire, tu la laisses tranquille : tu as raison. Oui, c'est une autre étape de la vie. Mais après cette autre étape il y en aura encore une autre, puis une autre. J'aime bien l'expression "ne pas insulter l'avenir". En la laissant tranquille, en tournant la page (cette page-là), tu laisses d'autant plus possible qu'un autre chapitre vous permette de vous reconnecter d'une manière ou d'une autre. (ça n'empêche pas du tout une petite lettre d'affection, faut juste que tu sentes que tu peux le faire sans que tu aies du mal à attendre la réponse, sans que ça soit une façon détournée de la culpabiliser, etc. mais si c'est sincère, j'imagine qu'elle appréciera beaucoup)
Ah oui, tiens, au fait. Mon amoureuse qui n'est plus avec moi depuis un an : on avait auparavant eu un creux de... vingt-deux ans avant de recréer des merveilles. Ça ne suffit pas tous les jours à me rassurer, mais ça permet quand même de sacrément relativiser.....
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slavon12
le mardi 31 mai 2016 à 18h50
Merci pour ta réaction qui est très constructive et réparatrice.
Une simple question. Après les ruptures, tu es resté dans le silence complet et éloigné où tu es parvenu à les revoir comme amies (aller manger un resto... etc).
Merci pour l'expérience. C'est précieux.
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(compte clôturé)
le mardi 31 mai 2016 à 19h44
Il m'est plusieurs fois arrivé de perdre des amoureux partis loin ou désirant "former couple" avec quelqu'un. Je les ai souvent retrouvés, parfois plusieurs années après. Avec certains, en amoureux, d'autres en amireux (amitié amoureuse) d'autres en amis, mais dans les trois cas, avec des sentiments partagés. Quelques-uns aussi, soyons honnête, ont disparu totalement, mais les retours précités m'ont toujours permis de me dire "ce n'est pas forcément fini", ce qui permet de bien mieux vivre le manque, et parfois de soi-même se détacher...
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Tcheloviekskinoapparatom
le mercredi 01 juin 2016 à 11h33
slavon12
Merci pour ta réaction qui est très constructive et réparatrice.
Une simple question. Après les ruptures, tu es resté dans le silence complet et éloigné où tu es parvenu à les revoir comme amies (aller manger un resto... etc).
Merci pour l'expérience. C'est précieux.
Dans le premier cas, il n'y a donc eu que trois jours de vraie séparation, en silence donc, mais il n'y avait pas l'idée de nécessairement couper la communication - on a repris doucement, en se revoyant et en se rapprochant petit à petit - elle-même avait besoin de se remettre de ce qui a été un épisode éprouvant pour elle.
Dans le second cas, c'était une relation à longue distance, donc dans un premier temps ça s'est traduit par la suspension de nos projets de retrouvailles, mais on a continué à dialoguer quotidiennement par mail pendant plusieurs mois, sur un mode amical, ce qui m'allait, mais qui tendait toujours, forcément, vers l'amoureux, vu que nos sentiments n'ont pas diminué... mais la distance fait qu'on évite facilement les dérapages impulsifs.
Les dynamiques dépendent beaucoup des situations spécifiques. Je ne pense pas qu'il y ait de règle en la matière. L'important est de commencer par définir ce qui t'irait toi. Pour le moment ça te fait souffrir de la voir, aucune raison de se forcer à mon avis.
La situation entre vous est-elle claire ? Ça n'est pas toujours possible, mais ça aide à se situer. Tu écris "il semble bien que dans l'immédiat elle souhaite se retrouver dans une situation exclusivement monogame". Il "semble bien", ou bien elle te l'a dit tel quel ? Si ce n'est pas déjà fait, il peut être pas mal d'expliciter la situation, y compris sur le mode de communication qui lui va, qui te va, et en ayant conscience qu'il est toujours possible qu'il n'y ait pas d'intersection possible à certains moments, en laissant le temps au temps. En tous cas lui faire savoir tes dispositions, éventuellement donner un rendez-vous dans six mois ou un an sans communication avant cela. Toutes sortes de possibilités si vous êtes tous les deux partant pour gérer ça de façon concertée.
Et par ailleurs, défocaliser tant que tu peux, t'occuper de toi, te consacrer à tes passions.
Merci à APH en passant de me rappeler avec ses expériences qu'un avantage important de la non-exclusivité c'est cette fluidité, cette ouverture des possibles - qui ne seront certes pas tous réalisés, mais rien que les savoir ouverts peut aider à mieux vivre les séparations.