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Compte-rendu du café poly du 23 septembre 2014 à La Cantada

Bases
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Profil

Raphaelle

le jeudi 16 octobre 2014 à 16h05

Rappel : je ne fais que retranscrire, dans une forme libre, les propos d’autres personnes. Malgré toutes mes précautions, il peut arriver que leurs propos soient déformés. Si c’est le cas, je m’en excuse.
Mes remarques personnelles sont indiquées, dans ce compte-rendu, par l’utilisation des parenthèses.

Par manque de temps, ce CR est moins structuré que les précédents.


1. Polyamour et libertinage

Il convient de prendre en compte que cette discussion a eu lieu dans le cadre d’un café poly où tous les participants ne connaissent pas forcément les subtilités du « milieu » libertin comme ils peuvent connaître celles du polyamour.
Les libertins ont aussi leurs cafés où ils discutent sans pratiquer. Une fois par mois, a lieu l’apéro libertin de M. Chapeau.

Il est indéniable que les frontières entre le polyamour et le libertinage sont poreuses. Les zones poreuses peuvent être différentes d’une personne à l’autre.

Le polyamour pourrait s’envisager comme un état d’esprit quand le libertinage désignerait des actes, des pratiques.

En Belgique, une distinction stricte est faite entre polyamour et libertinage. Pourtant, le polyamour peut inclure le libertinage qui est une forme de non-exclusivité sexuelle. Les deux sont potentiellement compatibles et, dans les tous les cas, ils sont censés se fonder sur un consensus.

Le libertinage peut être vécu dans un cadre possessif d'exclusivité sentimentale.

La multiplicité des relations vécues dans le polyamour permet la découverte de nouveaux « univers érotique ».
Le polyamour peut amener plus facilement au libertinage que le mono-amour par le fait de favoriser des sexualités de groupe (avec les partenaires de nos partenaires, par ex.) sans pour autant que coucher à plusieurs signifie coucher tous ensemble.

Le polyamour peut faire vivre des relations qui ne sortent pas d’un cadre libertin ; consentir à une rencontre sexuelle n’est pas nécessairement consentir à ce que la rencontre en question se développe sur d’autres plans. Cependant, une personne poly peut se laisser la possibilité de développer des sentiments. Dans l’absolu, elle ne colle pas d’étiquette indécollable sur une relation (mais elle peut le faire). Dans un cadre poly, l’idée de « responsabilité affective » occupera souvent une place importante même dans une relation libertine.

Le polyamour aura tendance à considérer une personne comme porteuse d’histoire. Le libertinage peut envisager une personne comme un corps avant tout (ce qui en soi n’est pas négatif).
Il ressort souvent que, dans le libertinage, tous les champs des possibles ne sont pas ouverts. Dans le polyamour, en théorie, ceux-ci sont complément ouverts.

Plusieurs personnes ont exprimé leur gêne par rapport au peu de déconstruction de la domination masculine dans les clubs qu’ils ont fréquentés (ce que ne signifie pas que tous les clubs fonctionnent ainsi).
Beaucoup de poly ne conçoivent pas le polyamour sans un rapport égalitaire entre les sexes.

Une relation amoureuse poly, du fait qu’elle soit construite comme une relation amoureuse peut parfois rendre difficile l’ouverture à des rapports libertins.

Le polyamour et le libertinage sont deux façons de résister aux normes. Parfois, la non-exclusivité sexuelle est un premier pas vers une non-exclusivité amoureuse.
Le libertinage serait-il devenu normatif ? Oui, sur certains points qu’il faudrait développer. Nulle opposition ici, puisqu’il existe aussi une « polynormativité ». Le polyamour est-il moins marqué par les normes ? (Possible mais il faudrait le démontrer.)
Le libertinage, pour certain-e-s, est considéré comme une manière « de contrôler l’infidélité ».

Le libertinage se vit à l’écart des regards quand le polyamour peut se vivre devant tous. Le polyamour reste moins connu, plus inhabituel, que le libertinage, ce qui lui vaut parfois d’être plus choquant/dérangeant.
Si le libertinage est concevable par les « autres », qu’au minimum ils en comprennent la théorie, le polyamour est souvent difficile à expliquer.

2. Polyamour et adultère

L’adultère est une norme avec un mode d’emploi facile à expliquer. On ne peut en dire autant du polyamour (ne serait-ce qu’à cause de la diversité des polyamours vécus qui chacun ont leur propre mode d’emploi).

Une position possible pour le poly est de dire : je suis d’accord pour avoir une relation avec toi qui caches notre relation mais tu te débrouilles, je ne me cacherai pas et je ne veux pas que tu annules nos rendez-vous. (Je vous laisse évaluer les chances que ce marché soit accepté par la personne en face de vous.)

Une des limitations à ne vouloir sortir qu’avec des poly est que, souvent, les poly sont moins disponibles qu’un homme marié infidèle.
Dépendre du planning de l’autre n’est en rien le propre d’une relation adultérine.

Une relation adultérine peut être vécue en dépit du fait que nous ne souhaitons pas nous engager dans ce type de relation quand « la NRE (New Relationship Energy) met sous silence la raison ».
Une relation adultérine peut aussi jouer sur l’excitation du caché.

Selon certain-e-s, une relation adultérine serait plus facile à vivre en tant que poly parce que le/la poly n’attend pas après une seule personne.

Il est souvent plus facile de vivre une relation adultérine si l’on ne connaît pas la personne à laquelle la relation est cachée.

Nous pouvons nous trouver dans une relation non cachée et se cacher, des parents ou des collègues par exemple.

La gestion de la protection vis-à-vis des IST est plus compliquée dans le cadre d’une relation adultérine.

Il peut arriver que tous/toutes les amant-e-s soient au courant des relations d’une personne dont la relation principale/racine ignore tout.

La société pousserait vers l’adultère comme seule échappatoire à la relation conjugale. Autrement dit, l’adultère serait pensé comme étant l’unique modalité de l’extra-conjugalité.

Dans l’ensemble, les relations de poly à poly seraient plus pratiques, moins risquées. Cependant, elles peuvent avoir d’autres inconvénients comme la gestion de partenaires qui ne s’entendraient pas, les complexités liées au partage du temps géré d’une manière transparente, etc.

L’adultère pourrait être un « mode transitoire dans une société majoritairement mono-exclusive ».
L’adultère peut être envisagé comme une « relation utilitaire/secondaire puissance 10 ». (Aux Etats-Unis, chez les poly, il existe souvent un très fort « privilège du couple » primaire/racine ; les relations poly secondaires sont souvent pensées comme aisément sacrifiables.)

« Le mensonge, c’est comme les caniches, plus c’est vieux, plus c’est fragile et méchant. » Ainsi parlait Siesta.

Le fait d’avoir soi-même une relation cachée peut faire penser (à tort ou à raison) à une autre de ses relations non cachées qu’elle est un plan B, celle/celui dont nous sommes « sûr » qu’elle/il reste si l’autre relation se termine.

Certain-e-s ont parlé de « complicité d’adultère », de la facilité qu’il y a à rejeter la responsabilité sur l’autre. Ils/elles préfèrent mettre en œuvre une « responsabilité extensive » partagée par tous/toutes.
Il y a différents degrés de responsabilité : envers la personne dans la relation adultérine et envers ses autres partenaires.

La personne adultère est-elle « responsable mais pas coupable » ? La réponse à cette question divise. Mais, il semble y avoir un consensus sur le fait que la responsabilité devrait être déconnectée de la culpabilité.

A été pointée la facilité avec laquelle les relations adultérines sont rejetées dans un milieu parisien/libéré où il existe plus de choix pour vivre des relations (ce qui, pour différentes raisons, n’est pas valable pour toutes les personnes qui résident à Paris ou à proximité).

Se refuser de vivre une relation adultérine pourrait être une manière de faire perdurer la morale, de respecter une injonction sociétale.
L’injonction de transparence exigée par certain-e-s poly n’est-elle pas trop importante ?

Le polyamour accorde à chaque partenaire son autonomie. Il pourrait donc aussi respecter l’adultère de l’autre en raison de son droit à être autonome.

L’adultère peut permettre d’avoir, à moindre risque, des satisfactions. L’adultère peut être une manière de conserver sa sécurité affective (au moins tant que la relation cachée n’est pas découverte).

Message modifié par son auteur il y a 9 ans.

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(compte clôturé)

le vendredi 17 octobre 2014 à 09h41

Merci pour ce compte-rendu Vaniel :-) C'est intéressant de lire une synthèse a posteriori.

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Strega

le vendredi 17 octobre 2014 à 10h17

Merci Vaniel. C'est super d'avoir une idée de vos débats, quand on ne peut pas y participer. Et ce thème est particulièrement intéressant.

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Profil

Lili-Lutine

le vendredi 17 octobre 2014 à 10h22

idem pour moi , je lis avec grand intérêt tes comptes rendus , merci merci pour ce généreux partage :-)

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astrogirl

le dimanche 19 octobre 2014 à 22h57

Idem pour moi aussi Vaniel, surtout que polyamour et adultère est un sujet qui me touche. Les différents points de vue sont si pertinents et enrichissants. Merci infiniment d'avoir partagé! :-)
A bientôt!

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Siestacorta

le lundi 20 octobre 2014 à 00h24

En plus de remercier Vaniel, je voulais ajouter un petit argument que j'avais développé : il peut y avoir un consentement raisonnable pour un poly à vouloir vivre une relation avec une personne adultère.
Parce que les limites de ce cadre de relation permettent aussi de vivre une relation sentimentale stimulante,avec certaines satisfactions, en ayant en échange du renoncement aux privilèges d'époux, aucune obligation de promettre de monter sur l'escalator relationnel classique. Certains moments ou certains caractères polyamoureux peuvent être à l'aise avec cette perspective moins forcée que d'habitude...

On doit pas se donner de faux espoirs avec une notion de souplesse poly qui tiendra pas forcément la longueur ("bah pour moi c'est pas grave je tolère la (le) légitime parce que je suis poly en plus d'être arrivé après, et parce que je suis poly je suis autonome toutvabientoutvabientoutvabien") : les limites données par le mensonge et par le bon-vouloir du couple officiel (annulations de dernières minutes, communication directe impossible, perspectives et projets peu plausibles) se feront toujours sentir.

Mais on peut, en sortant du cadre moral classique, et à condition d'accepter d'être dans les limites d'une relation secondaire, tirer les avantages d'indépendance que donne le cadre adultère - aussi bien que les monos l'ont toujours fait, mais avec peut-être une posture éthique plus émancipatrice, puisqu'on a alors encore moins de raisons de respecter une demande d'exclusivité de la part de la personne adultère, d'être disponible à la demande sachant que notre vie amoureuse ne nous y autorise de toute façon pas forcément.

Message modifié par son auteur il y a 9 ans.

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LuLutine

le mardi 21 octobre 2014 à 12h16

Vaniel
Le libertinage peut être vécu dans un cadre possessif de non-exclusivité sentimentale.

Euh, je ne suis pas sûre de la formulation de cette phrase ?
C'est bien ce que tu voulais dire ?

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Choco

le mercredi 22 octobre 2014 à 00h04

Merci pour ce compte rendu. J'espère qu'il y en aura souvent. C'est top !
On pourra être plus serein lors d'une absence au café poly. :}

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Raphaelle

le mercredi 22 octobre 2014 à 12h57

LuLutine
Vaniel
Le libertinage peut être vécu dans un cadre possessif de non-exclusivité sentimentale.

Euh, je ne suis pas sûre de la formulation de cette phrase ?
C'est bien ce que tu voulais dire ?

Effectivement, il y a là un contre-sens que je vais corriger. Il fallait lire "exclusivité sentimentale" au lieu de "non-exclusivité sentimentale".

@ Choco : l'idée serait de faire un compte-rendu pour chaque café, si j'ai le temps. Comme je ne serais pas là à celui d'octobre et que personne ne s'est proposé, il faudra certainement attendre novembre pour le prochain CR.

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Profil

LuLutine

le jeudi 23 octobre 2014 à 01h18

Vaniel
@ Choco : l'idée serait de faire un compte-rendu pour chaque café, si j'ai le temps. Comme je ne serais pas là à celui d'octobre et que personne ne s'est proposé, il faudra certainement attendre novembre pour le prochain CR.

Ah ben, si je me motive, je peux essayer...
Mais ça risque d'être beaucoup plus synthétique ! :)

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