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Le mieux c'est sans doute de prendre des extraits de ce mail écrit il y a quelques jour :

"Mais encore faudrait il définir les amours multiples. Je ne vais pas trop développer mais disons simplement que j'ai personnellement toujours eu l'idée que mes rapports amoureux ne pouvaient être basés ni…

Ma loi d'avenir, Claire Démar

Rédigé le samedi 30 avril 2011 à 17h01

Mis à jour il y a 12 ans

Claire Démar est une militante Saint Simonienne du début du XIX ème siècle. Passionnée, écorchée vive, précurseure du féminisme. Extraits de sa seconde brochure, notamment sur la liberté amoureuse

Claire Démar est l'auteure de deux brochures « Appel au peuple sur l'affranchissement de la femme » et « Ma loi d'avenir ». La deuxième, dont sont publiés ici quelques extraits, est publiée à titre posthume après son suicide en 1833 à l'âge de 33 ans.

Je trouve passionnant et savoureux sur le fond comme sur la forme ce texte ou les origines de la pensée féministe du XIXème siècle se croisent avec la dénonciation du carcan monogame, la réhabilitation de la chair et du plaisir féminin et l'affirmation d'un lien entre liberté amoureuse et émancipation des femmes.

Ma loi d'avenir (extraits)

Oui, l'affranchissement du prolétaire, de la classe la plus pauvre et la plus nombreuse, n'est possible, j'en ai la conviction, que par l'affranchissement de notre sexe ; par l'association de la force et de la beauté, de la rudesse et de la douceur de l'homme et de la femme.

Aux femmes donc à faire retentir ce cri d'affranchissement ; à répudier la protection injurieuse de celui qui se disait son maître et n'était que son égal !

(...)

Et les temps sont venus où la chair doit être réhabilitée où la matière sera l'égale, non l'esclave de l'esprit, où un principe ne se développera plus au détriment de l'autre, mais où chacun réalisant son action, dans toute sa force, dans toute son énergie, dans toute sa sainteté, la vie reprendra son cours uniforme, majestueux, et complétera par toutes voies son oeuvre féconde!! - Alors enfin, seulement l'homme sera l'image de Dieu.

(...)

Et c'est ici le lieu d'examiner, de discuter la loi de constance ou d'inconstance , de mobilité ou d'immobilité, sur laquelle les partisans des doctrines Saint-Simoniennes font pivoter toute l'organisation morale de l'avenir.

(...)

Si j'allais demander au monde : qu'est ce que l'amour ?

(...)

Oui, femme étrange, illustre écrivain [il s'agit de Madame de Staël], tu as dit vrai : oui, jusqu'à ce jour, l'amour n'a été que de l'égoïsme à deux : L'homme n'a aimé que lui dans la femme ; la femme n'a cherché que sa propre satisfaction auprès de l'homme, et, malgré les serments d'éternelle fidélité que l'un n'a faits que pour être en droit de les exiger en retour de l'autre, tous deux réciproquement se sont trompés, se sont mentis, se sont parjurés ; tous deux, l'un envers l'autre, ont été plus ou moins souvent, plus ou moins longtemps infidèles !

Que les femmes qui me liront mettent de côté tout vain orgueil, toute pruderie de commande déplacée (...) qu'elles répondent : Dites, Mesdames, en est-il parmi vous une seule qui, au sein de l'union la plus féconde en bonheur et en joie, n'ait pendant un moment, si court soit il, détourné son regard de son époux ou de son amant, pour le reporter avec complaisance et plaisir sur quelqu'autre homme, et, établissant à son insu une comparaison toute à l'avantage de ce dernier, désiré que l'amant ou l'époux lui fût semblable.

Oui, s'il peut, entre vous toutes, s'en trouver une seule ainsi faite, qu'elle se lève, me condamne et me jette la pierre ; car alors j'aurais dit une parole imprudente et calomniatrice, dont je dois porter la peine : j'y suis résignée !

Mais je crois que si la durée de ma vie était attachée à cette condition, je courrais risque d'immortalité.

(...)

la jalousie, qu'est ce autre chose, je vous prie, que l'expression la plus haute, la mieux prononcée de cet égoïsme qui rapporte tout à soi, qui voudrait, exempt de toute condition, de toute entrave, de toute abnégation personnelle, enchainer à jamais le corps et l'esprit, la pensée le vouloir, la sensation de tout être aimé, le courber à sa loi, à son plaisir, à son caprice ? - La jalousie, qu'est ce autre chose que le sentiment anti-social de propriété qui vous fait dire : mon château, mon domaine, ma maison ; qui vous fait enceindre le château d'un vaste fossé, la maison d'une forte muraille, les champs d'une hie vive impénétrable !

(...)

Enfin, si j'osais me citer moi-même en exemple, et on peu, je pense, me le permettre, après ce qui précède, je ferais ma confession avec la naïve candeur, toute la bonne franchise de ce pauvre âne de la fable, qui avait, en un pré, tondu l'herbe la largeur de sa langue, et que tigres et lions dépecèrent pieusement en holocauste aux dieux irrités!...

Je dirais que moi, parce que j'étais jalouse, et très jalouse, pendant longtemps je me suis crue constante, et que plus tard, venant à mieux apprécier, à mieux déchiffrer le problème de mon individualité, j'ai bien compris qu'assurée du silence et du secret, je ne sais trop en vérité ce qui aurait pu advenir de ma fidélité ! - Parmi tous les hommes, il en est un que certes j'ai aimé au-dessus de tous les autres, vers lequel toujours mon affection me ramenait de préférence ; mais enfin d'autres se sont aussi rencontrés, qui me plaisaient plus ou moins, et avec lesquels j'aurais bien pu volontairement de temps en temps oublier le premier, certaine de conserver toute sa tendresse, grâce à son ignorance. - Et cette mienne histoire est encore celle beaucoup de femmes : je le dis à l'acquit de mon amour-propre ; honni soit qui mal y pense.

Il me faut résumer.

La jalousie n'est qu'un sentiment odieux d'égoïsme et de personnalité, qui ne préjuge rien en faveur de la constance, au contraire...

la fidélité n'a presque toujours reposé que sur la crainte ou l'impuissance de faire mieux ou autrement.

Et cela n'est que la conséquence rigoureuse de ce fait, de cette vérité, qu'il n'existe que des natures mobiles, inconstantes.

- Car la mobilité est la condition du progrès, et je ne saurais concevoir d'autre immobilité, d'autre constance que celle de Dieu, seul éternellement et nécessairement immuable, parce que Dieu est tout ce qui est, est le progrès, est la vie.

C'est par la proclamation de la loi d'inconstance que la femme sera affranchie ; mais seulement par-là.

L'union des des sexes doit reposer sur les sympathies les plus larges, les mieux établies ; et comme la vie se formule constamment sous les deux aspects d'esprit et de matière, il devra y avoir sympathie de l'esprit avec l'esprit, de la matière avec la matière, essai plus ou moins long de l'un et de l'autre par l'un et l'autre, cohabitation plus ou moins prolongée.

(...)

La loi de constance, qui vint ouvrir les gynécés de la Grèce et de Rome, où les femmes languissaient par centaines pour le plaisir et le service d'un seul homme, en proclamant qu'un seul homme ne pouvait s'unir d'un lien religieux qu'à une seule femme, et réciproquement, fut, comme toute loi venue en son temps, bonne et utile ; car elle était l'expression d'un progrès, une voie plus large d'émancipation pour la femme. - A cette heure qu'elle est devenue stérile, en la répudiant, en la brisant comme un instrument inutile, nous lui élèverons une statue ainsi qu'aux grands hommes expirés la patrie reconnaissante.

(Claire Démar, Appel au peuple sur l’affranchissement de la femme : aux origines de la pensée féministe, Histoire à deux voix, publié chez Albin Michel, 2001)

7 réactions (la dernière il y a 11 ans)

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