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Discussion : Un énième témoignage - aka "j'aime plusieurs personnes mais je ne me sens pas polyamoureuse"

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le vendredi 17 mars 2023 à 10h10

Bonjour à toustes,
Voilà quasiment un an que je lis les différents témoignages de ce forum, certaines ressources (articles, livres conseillés), et j'aimerais tout d'abord remercier les personnes ayant partagé leur histoire ainsi que les personnes qui prennent souvent le temps d'y répondre : je vois les pseudos les plus actifs et, quelque part, ai un peu appris à vous connaître au travers de vos expériences.
Comme beaucoup, je ressens le besoin inexpliqué de me livrer à vous : bien sûr, au fond de moi, j'aimerais qu'un miracle se produise et que les réponses tombent du ciel, mais évidemment il n'en sera rien et c'est normal.
Merci d'avance pour votre temps et votre lecture =)

Voilà : je suis "en couple" (ce terme ne fait plus vraiment sens pour moi aujourd'hui mais a défini une de mes relations pendant des années, je l'emploie donc pour le contexte) depuis un peu plus de 10 ans avec C., nous sommes mariées depuis 6 ans. Jusqu'en janvier 2022 nous étions en relation monogame exclusive, et cela nous convenait bien. Côtoyant le milieu queer et d'autres façon de relationner, nous nous questionnions parfois sur une ouverture de couple : C. a toujours été plus ouverte que moi sur la question, disant que nous ne nous appartenions pas et que, pour elle, avoir envie de vivre d'autres expériences sexuelles était normal, pour sa part elle n'était pas fermée à une ouverture de couple lorsque nous abordions le sujet, sans non plus en avoir un besoin vital, nous ne statuions donc jamais quelque chose, mais avancions. Pour ma part, je partais de très loin, avec une vision très fermée du couple (style je trouve mon âme soeur très jeune et je passe ma vie avec si c'est possible), et plus jalouse que C. (sans que cela soit maladif).

Fin 2020, nous avons fait un plan à trois, pas du tout prévu, les choses se sont faites naturellement avec une personne très proche. Nous avons aimé l'expérience, ne fermant pas la porte si elle se présentait à nouveau (avec une autre personne), et avons à nouveau abordé notre vie sexuelle. À l'époque (et depuis un bon moment), je considérais avoir une libido assez faible, du moins en dessous de celle de C. : j'ai plus souvent été la personne qui disait non. Le sexe avec elle me plaisait, mais... j'aimais parfois autant nos moments de câlins. Je me disais souvent que je pourrais vivre sans sexe, mais pas sans câlins. J'ai même pu m'interroger sur une potentielle asexualité.
Bref, à ce moment là, nous nous sommes dit que nous pouvions éventuellement parler d'une ouverture sexuelle du couple, en en parlant avant de passer à l'acte si l'une d'entre nous se sentait attirée par une autre personne. Pour ma part, je savais déjà que je risquais d'être peu concernée : jusqu'ici, je n'avais jamais réussi à envisager du sexe pour du sexe, en one shot, mais je pense que je voulais voir si j'en serais capable.

Fin 2021, en octobre, nous rencontrons deux personnes en couple hétéro (et je parle bien du couple) : M. et Y.
Nos deux couples se rapprochent, de par un véganisme partagé et une propension pour le militantisme, plus marquée chez M. et moi. D'ailleurs, après quelques sorties à 4, c'est avec elle que j'ai partagé une journée d'action animaliste, et ce premier contact à deux nous a rapprochées. Par la suite, nous avons continué à nous voir, à deux, trois ou quatre, mais M. et moi étions les maillons communs.
De son côté, elle a senti venir des sentiments vers décembre, mais, ayant peut-être peur de m'en parler ou voulant de voiler la face, elle m'a "simplement" avoué une attirance physique. M. parle souvent de sexe, et à ce moment-là je trouvais ça à la fois "trop", et à la fois j'admirais cette libération, cette capacité à me poser des questions auxquelles je n'avais jamais pris le temps de réfléchir. J'ai donc commencé à me demander ce qui se passerait si j'écoutais mon envie, sans me cacher derrière le fait que j'étais en couple. La vérité, c'est que j'avais peur de faire l'amour avec une autre personne, peur de ma performance, d'autant que M. n'avait connu quasiment que des relations hétéros (et beaucoup !). Mais l'envie était là.
J'ai donc parlé à C. . Évidemment, je me rendais bien compte que c'était risqué, cette histoire : je ne lui parlais pas d'une personne qu'elle ne croiserait jamais et que je ne reverrai plus, mais bien d'une personne de laquelle je devenais proche, et dont nous côtoyions souvent le conjoint. C. a été d'accord pour une seule fois, en précisant bien qu'elle ne voulait absolument pas de polyamour dans notre vie. Ce n'était pas du tout mon objectif d'ailleurs : je voyais comment M. agissait dans son couple et ça ne me parlait pas du tout. Je n'imaginais pas pouvoir développer des sentiments (à ce stade, vous avez déjà compris la suite !)
Nous avons donc l'amour en janvier 2022 M. et moi, Y. était également au courant. C'était un moment extrêmement important pour moi, pour de multiples raisons. En revenant chez moi, j'avais pris beaucoup de temps pour parler à C. ce soir là, et les jours suivants. La communication a toujours été un de nos atouts, et semblait encore fonctionner : nous étions toujours aussi proches, voire plus, de mon côté personnel je me sentais...puissante, bref, la sensation était géniale. M. et moi n'avons que peu reparlé de notre expérience durant les semaines suivantes par contre : nous avions fait ce que nous voulions, et toute la tension et les sous entendus semblaient avoir disparu, la vie reprenait son cours, sans ambiguïté, et ce pendant deux mois (nous continuions à nous voir, à deux, à trois ou à quatre). Je m'appliquais à être très présente pour C., à la rassurer, quitte à m'empêcher d'aller boire un verre avec M. si elle me le proposait (c'est un exemple)
Fin mars, M. partage avec moi sa peur de développer des sentiments pour moi : de mon côté, il m'était déjà arrivé de développer des sentiments amicaux très forts pour des personnes, et aujourd'hui d'ailleurs les mots amour et amitié me posent beaucoup de questions, également les sentiments que j'ai pu ressentir envers certaines personnes. Quoi qu'il en soit, je sentais que je m'attachais très fort à M., et lorsque C. me demandait régulièrement si je l'aimais encore (oui) et si j'aimais M., j'ai dû me rendre à l'évidence : la frontière était floue. C. m'a demandé si je voulais refaire du sexe avec M., et je ne le savais pas. C. m'a dit que c'était ok pour elle que je retente (jusque là, l'ambiguïté ayant disparu, je ne pensais pas réitérer). De son côté, C. a rencontré Mi., avec laquelle elle a commencé à relationner, presque au moment où je recouchais avec M., un mercredi. Le week-end suivant, je partais pour quelques jours dans une coloc queer où j'ai pu évoquer mes polyrelations, et lorsqu'une personne m'a demandé si je parlais de polyrelations ou de polyamour, j'ai été frappée : alors comme ça, j'aimais vraiment deux personnes ? Pourtant j'avais dit à Camille que moi non plus, je ne voulais pas de polyamour. Est ce que j'avais "fauté" ? Et elle, qui passait le week-end avec Mi., allait-elle tomber amoureuse d'elle ? Allions-nous nous perdre ? Cette fois-là, c'est moi qui ai eu besoin de l'appeler pour être rassurée.
Lors de ces quelques jours, beaucoup de personnes ont partagé leur expérience du polya. De belles personnes, de belles relations. Ça me faisait rêver. Ça pouvait marcher, alors ? Je pouvais vivre mon histoire avec M., sans perdre C. ? Peut-être être heureuse si elles étaient épanouies ?
J'envoyais quelques messages à M., que je devais voir le lundi, car l'excitation et la joie m'empêchaient d'attendre. Je croyais avoir trouvé LA solution, et il est clair à l'époque que je n'ai absolument pas mesuré tous les enjeux, toutes les souffrances possibles. Je ne m'étais pas assez documentée non plus. Bref, j'ai fait des erreurs.
M., qui parlait avec Y. au fur et à mesure de nos messages, a été plus prudente et plus fine : elle a voulu mettre fin à notre relation, ayant peur de souffrir, de vouloir plus, et de faire souffrir Y.

La douche froide.

Le soir même, C. me consolait comme elle le pouvait, et déjà j'avais honte qu'elle doive être là pour épancher les larmes que je versais pour une autre. Ça me semblait injuste de lui demander ça.
Mais M. est revenue, quelques jours après. Elle ne tenait pas, voulait tenter quelque chose avec moi. A la condition que Y. ne l'apprenne pas. Ça ne me parlait pas du tout, allait à l'encontre de mes valeurs, mais l'égoïsme a pris le dessus car je voulais vivre le week-end que nous avions prévu de longue date et qui avait lieu quelques jours après. Je voulais vivre ça, deux jours avec elle. Je précise que M., après m'avoir avoué ses sentiments des semaines avant, m'avait proposé une relation adultérine, ce que j'avais refusé, voulant pour ma part être très transparente avec C.
Nous avons passé ce week-end, à l'issue duquel M. a quitté Y. : elle s'était rendu compte que ses sentiments pour moi étaient très forts, et qu'il était injuste de rester avec Y., qu'elle ne le voulait pas. Nous étions alors mi-avril. (Pour la petite histoire, Y. est resté un ami proche de M., et a été un soutien pour elle dans cette histoire. Lui et moi nous croisons régulièrement aussi).

M. et moi avons alors discuté d'une possible relation. Pour ma part, j'envisageais un polyamour hiérarchisé, et la peur de perdre C. et la relation que je connaissais avec elle m'a amenée à faire beaucoup de mal à M.. Je pensais être claire avec elle, je lui expliquais que je ne me voyais pour l'instant pas la présenter à mes amies, pas passer Noël ou des choses comme ça avec elle, bref, aujourd'hui j'ai l'impression de lui avoir proposé des miettes, mais à l'époque ça me semblait juste. Avec C., nous avions mis en place beaucoup de règles pour protéger notre relation, mais à ce moment là je ne prenais pas vraiment en compte les sentiments de M. : je me disais qu'elle savait dans quoi elle s'engageait, qu'elle avait bien conscience que je ne voulais pas lui faire plus de place, je pensais être droite et juste. Ce n'était pas le cas, malheureusement. Cela a fonctionné un temps, mais M. voulait me voir plus souvent que ce que je ne me projetais, voulait envisager nos anniversaires ensemble, que je parle d'elle à ma famille, etc. Une sorte d'ascenseur relationnel. Je me sentais prise entre ma peur de la blesser, mon envie de la voir (NRE oblige !), mon envie de la voir pour ne pas la blesser, mon envie de voir C. (pour profiter mais aussi pour ne pas qu'elle se sente abandonnée et pour ne pas avoir l'impression de déserter)...il y avait beaucoup de pression.
Lorsque je lui demandais elle attendait que je quitte C. pour elle, elle me répondait toujours que non, que tout était clair. Elle m'a avoué beaucoup plus tard que oui, c'est ce qu'elle voulait, mais qu'elle savait que je partirais si elle le disait. Nous avons passé trois mois très compliqués, où j'avais l'impression de ne jamais pouvoir répondre à ses attentes (et pour cause !), où je me sentais au milieu de C. et M., où la rupture avec M. me semblait être la seule solution. Nous avons tenté cette séparation à plusieurs reprises depuis le début, mais n'avons jamais réussi à tenir.
En juin et en août, M. a tenté de rencontrer d'autres personnes, dans un premier temps pour faire de moi sa relation secondaire (elle a vite abandonné), puis "seulement" pour du sexe (elle n'a pas réussi). À ce moment là, j'étais déchirée : ça me semblait être une bonne chose, une possibilité de créer un équilibre entre nous, une façon de diminuer ses attentes envers moi. D'un autre côté, j'avais si peur. M. me disait souvent ne pas être polyamoureuse, et qu'en tombant amoureuse d'une personne elle avait toujours su que c'était fini avec une autre. J'avais peur de la perdre.

M. a longtemps refusé de lire des ressources sur le polya (moi, j'épluchais ce forum compulsivement !), par peur de se rendre compte qu'elle "était nulle", que tout le monde réussissait sauf elle. Pour elle, je ne pouvais plus être amoureuse de C. (ce n'est que plus tard que je l'ai su bien sûr). Et au fur et à mesure, vers septembre, nous avons pu parler plus librement de tout ça. Mais M. était très mal, je ne voyais pas à quel point (ou ne voulais pas voir ?).
Avec C., c'était également compliqué, de par un éloignement physique : sans savoir l'expliquer, je ne parvenais plus à faire l'amour avec elle. J'ai quelques pistes (notamment la découverte du BDSM avec M., mon côté dominant que je ne me vois pas du tout exercer dans le sexe avec C.), mais ce message est déjà long et je ne sais pas s'il convient de développer tout ça tout de suite, même si je me rends bien compte que beaucoup de blocages partent de là. Je tentais de préserver C., en ayant l'impression que cela blessait M., bref, je ne voyais aucune issue.

Je passe beaucoup de détails qui n'en sont pas, mais nous voilà déjà en janvier 2023 : M. et moi nous séparons, car nous ne sommes pas heureuses. Surtout elle. Elle attend des choses que j'ai peur de demander à ma relation avec C., et je ne me sens presque plus apte à cerner mes envies. J'ai l'impression de faire au mieux, d'être honnête, d'être amoureuse, mais cela ne suffit pas bien sûr. Je suis épuisée.
Précision : C. a beaucoup souffert des comportements très possessifs de M. à mon égard et, malgré les excuses de M. sous forme de lettre, d'invitation à passer un moment à deux, de cadeaux symboliques (nourriture), C. n'a jamais refait de pas vers M.
En janvier, après cette séparation, C. décide d'aller parler à M., de voir comment l'aider à mieux vivre cette relation avec moi si d'aventure elle voulait retenter quelque chose. Je précise que C. n'est pas ok pour que M. et moi dormions dans notre maison (à C. et moi) ni n'y fassions de sexe (de mon côté, c'est ok en ce qui concerne C. et Mi., mais pas les autres relations de C.), mais M. peut venir chez nous pour passer du temps. C. a pu expliquer pourquoi à M., notamment parce que C. et moi n'avions plus ces rapports là comme je l'ai dit, et que je sais qu'elle en souffre beaucoup, et ne peut pas imaginer que M. et moi fassions chez nous ce que C. ne partageait plus avec moi.

Nous avons donc retenté quelque chose. M. a été apaisée sur beaucoup de points, presque trop. Selon ses dires, elle comprenait mieux le polyamour, et voulait elle aussi chercher d'autres relations amoureuses. Cette recherche a duré moins de deux mois, car M. a pris conscience, toujours selon elle, qu'elle aimait n'aimer qu'une personne, lui donner toutes ses attentions et ses pensées, ne voulait pas penser à une personne en étant avec une autre, peut-être comparer, bref. Cependant, elle voulait des "jokers" (qui n'en étaient pas donc pas dans le cadre de notre relation) : auparavant, dans ses relations amoureuses, elle avait pu ressentir le besoin d'aller faire du sexe avec d'autres personnes, selon elle très ponctuellement et rarement, "une fois par an". M. a un rapport au sexe qui n'est pas du tout le mien, ce qui n'est pas grave mais engendre beaucoup d'incompréhension entre nous, d'autant qu'une ambivalence subsiste selon moi : M. semble à la fois considérer le sexe comme une partie de tennis, un partage d'un moment qui n'engage pas vraiment le corps et l'esprit (là ce sont mes mots, mes impressions), quelque chose qu'elle n'apprécie pas plus que ça, mais qu'elle semble chercher très frénétiquement (via des sites de rencontre etc actuellement). M. dit avoir beaucoup évolué sexuellement grâce à moi (notamment même au niveau du consentement) et c'est vrai que nos rapports évoluent vers un BDSM qui tend à être de plus en plus cadré, M. était plus avancée que moi sur ce sujet mais nous découvrons maintenant ensemble et aimons beaucoup ça. Ce qui me fait aussi beaucoup apprendre sur moi, qui considérait presque pouvoir me passer de sexe : il s'avère qu'avec M., le sexe est un pilier de la relation (reconnu par nous deux), pilier que j'ai peur de perdre.
Car oui, je me découvre une peur panique de ses autres relations, pourtant uniquement sexuelle et ne représentant selon elle aucun danger pour notre relation. M. me répète souvent que je suis la personne qu'elle préfère voir, à tous les niveaux. D'ailleurs, je parle de ses relations, mais depuis ses recherches je crois qu'elle n'a couché qu'avec un homme, une seule fois (je dis "je crois" car je ne veux pas savoir lorsqu'elle voit quelqu'un, ce qui montre évidemment que je ne le vis pas bien).

Voici donc le topo ultra résumé : M. et moi ne sommes pas heureuses, nous en sommes conscientes et l'avons verbalisé. Elle aimerait une relation monogame avec moi, même si elle dit très souvent qu'elle comprend vraiment la place de C. dans la vie et ne veut pas que je la perde, ni qu'elle sorte de ma vie. Au départ, j'ai eu l'impression d'être mise sur un piédestal+++ : énormément d'attentions, une mise à disposition énorme (avec des biais de consentement évidemment), beaucoup de souffrances parfois tues, juste pour être avec moi. Car selon M., elle n'a pas eu le choix du polya car ne voulait pas me perdre. Elle a donc pu me reprocher ce qu'elle considère comme mon choix uniquement.
Malgré l'apaisement par la suite, nous ne trouvons pas notre équilibre, et moi-même, bien qu'une partie de moi soit convaincue que voir d'autres personnes pourrait épanouir M. et, quelque part, nous aider, je ressens trop d'insécurité et je manque de confiance en elle pour être sereine quant à ça. D'autant que mon histoire personnelle m'amène à me méfier des hommes cis, que je côtoie d'ailleurs assez peu dans mes cercles amicaux etc : je sais que là, c'est uniquement mon problème à moi, il n'empêche, cela ne m'aide pas du tout je crois, car M. cherche des relations sexuelles avec ces personnes là en priorité. Elle sait tout ça, le sent, me propose d'arrêter, ce qui serait pour moi horrible, car je sais que l'enfermer serait extrêmement malsain et irait à l'encontre de mes valeurs de justice etc : le déséquilibre entre nous est déjà trop marqué. Cependant, si je n'arrive pas à gérer ça, je sais qu'il faudra que je parte, pour ne pas me mettre en danger. Car voilà : suis-je réellement polyamoureuse ? Aimer plusieurs personnes a la fois, oui, évidemment, je peux le faire, quel que soit le mode de relations. Mais le mode de vie polya ? L'organisation, les insécurités, les "autres"? Je crois que sur le papier, je suis d'accord avec ce que je lis, la non appartenance, l'amour bienveillant et partagé à l'infini, dans le respect et le consentement. Quant à le vivre...

Je ne suis pas dupe : mon expérience actuelle ne reflète pas le polyamour. M. et moi partions de très loin, sans cadre, empêtrées dans des idées très hétéronormatives (je ne cite pas C., pour qui le polya semble naturel ! Elle est amoureuse de Mi., relationne actuellement avec Ma., et parle à d'autres personnes avec qui elle a pu créer du lien avec ou sans sexe), et aujourd'hui je ne vois aucune autre solution que la rupture, la vraie cette fois. Il est extrêmement difficile de se dire "tout ça pour ça !", surtout en voyant l'évolution et le chemin parcouru, mais j'ai du mal à me dire que nous pourrons construire quelque chose avec tout ce passé et ces blessures qui nous encombrent. Est ce que je viens l'écrire ici pour être confortée dans ce choix ? Je n'ai pas pu tout vous raconter (je pourrai toujours répondre à des questions par commentaires si besoin), ni les interminables discussions, les disputes, les drama...Mais aussi le beau, le militantisme partagé, les discussions sur la société, l'amour, le sexe, la découverte d'un sport commun, les balades le long de l'eau, les week-ends à la mer.
J'ai imaginé quitter C. pour me donner une chance de vivre une histoire avec M. et voir ce que ça donnerait (mais je n'ai pas assez confiance en elle et en nous, et surtout je ne veux pas quitter C.), j'ai imaginé quitter M. (et l'ai fait plusieurs fois), j'ai imaginé quitter les deux, pour poursuivre sur mon chemin, identifier les relations que j'aimerais avoir, mes limites. Peut-être rester seule très longtemps, mais la fatigue et la lassitude parlent sûrement. Aujourd'hui je ne comprends pas ce que j'attends d'une relation, ni si je suis capable de...vivre ce que j'ai en tête.
Est ce que ma relation avec C. a été trop abîmée pour survivre ? Est ce que je devrais rencontrer une personne "polypoly" avec qui le cadre serait mis dès le départ, pour que je voie réellement ce que je peux ressentir (jalousie, compersion etc) ? Est ce que je suis finalement monogame exclusive, même si j'interroge ce modèle ?

C. est triste que nous nous éloignions physiquement, et pour l'instant je n'arrive pas vraiment à réfléchir à ce blocage (qui vient de moi) et à comment le résoudre. Mais je sais que, malgré notre relation solide, malgré tout ce que nous avons construit, C. risque de partir si cette complicité physique ne revient pas. Ce qui me met une pression dessus. D'autant que je sais que M. ne pourra pas dormir chez nous tant que ces blocages persisteront, et que bien sûr elle en souffre, bref, tout le monde souffre, et quelque part je me sens fautive car tout me semble partir de moi, d'une "solution" irréfléchie, alors que C. et M. n'étaient pas du tout pour le polyamour. La barque coule et je suis le capitaine : ne pas maîtriser la situation que je semble avoir choisi (même si j'ai plutôt l'impression de la subir actuellement !) me blesse.

Voilà, tout cela est peu glorieux, même si je sais que je grandis beaucoup, que je me pose des questions, que j'avance beaucoup plus loin que je ne m'en serais crue capable : je remets beaucoup de modèles sociétaux en question, et quoi qu'il arrive par la suite, j'espère que je pourrai dire que ça sera par un choix réfléchi de ma part.

Je vous remercie d'être arrivé.e.s jusqu'ici, et je vous souhaite le meilleur dans vos amours, quelle que soit la forme de ces amours (s'aimer soi-même, c'est aussi de l'amour)

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