Participation aux discussions
Discussion : Polyamour non désiré.

Clades
le jeudi 04 novembre 2021 à 01h13
Ton histoire est assez bouleversante. Malgré mon regard extérieur, je comprends que tu aies du mal à accepter cette situation de polyamour à cause de la façon avec laquelle vous vous êtes lancés, teintée de mensonges et de perte de confiance.
Ton amoureux semble ne pas parvenir à respecter ton rythme, celui qu'il aurait fallu adopter pour que tu puisses embrasser cette situation pleinement. Pour utiliser une image, il te demande de courir un marathon alors que tu ne sais même pas courir 5 km. Par conséquent, te voici épuisée, psychologiquement. S'il avait pris le temps de t'apprendre à courir, en augmentant progressivement les paliers, peut-être aurais-tu aujourd'hui été capable de courir un marathon et d'y prendre plaisir ! Dans ton cas à l'inverse, c'est surtout de la souffrance.
Si tu tiens à votre relation, je pense que ce serait difficile pour vous de continuer dans un modèle exclusif. Il y a des risques que vous continuiez à souffrir, sous les voiles d'une illusion de sécurité que l'exclusivité vous offre. D'autant plus que ce n'est pas son réeel souhait.
Tu peux donner une nouvelle chance au polyamour. Mais cela sous réserve que tu le veuilles et que tu y croies.
Si cela est vraiment ton choix, vous pouvez retenter, mais pas n'importe comment. Faites table rase et définissez ensemble vos paliers. Certes, ça va être frustrant pour lui au départ car il voudra vivre cette relation pleinement avec cette autre personne. Mais c'est la condition pour ne pas réduire votre relation en morceaux... Tu peux lui présenter les choses ainsi. Que tu es prête à recommencer, mais cette fois-ci en définissant un cadre que vous définissez ensemble et que vous ferez évoluer ensemble. Sans pour autant t'oublier. Si ça ne fonctionne pas, il faut te préparer à la fin de la relation. Peut-être seulement temporaire, le temps que tu travailles sur tes peurs.
Dernière chose que je rajouterai : surtout ne culpabilise pas. La situation s'est imposée à toi avec une forme de violence. Déconstruire demande du temps. Déconstruire demande de la patience. On ne te les a pas accordés.
Ces conseils, je te les donne en tant que débutante dans le monde du polyamour. Néanmoins pour moi les choses se sont passées avec beaucoup de douceur. Je sais qu'on peut y arriver à condition qu'on nous prenne la main et qu'on marche à notre rythme.
Je te communique tout mon soutien.
Message modifié par son auteur il y a 4 ans.
Discussion : Fréquence rencontres poly

Clades
le samedi 16 octobre 2021 à 08h22
Il est vrai que j'aurais tendance à me joindre aux avis de lau93 et de okami. Mais au regard de toutes vos réponses, il paraît évident que l'important est que chacun s'y retrouve et qu'il n'y a pas de solutions meilleures qu'une autre. C'est un équilibre que l'on doit trouver entre plusieurs personnes et cet équilibre peut varier en fonction des situations personnelles de chacun.
Pour vous donner mon exemple, après une relation longue de plusieurs années et un an de vie commune, nous vivons désormais dans deux pays différents. De ce fait, mettre des limites sur ce sujet dans notre situation serait complètement absurde. Je suis devenue celle qu'il voit une fois par mois et pourtant, je ne me sens pas menacée dans la priorité qu'il me donne, que nous devons à notre longévité et notre complicité assez exceptionnelle.
Vous dîtes vouloir placer les enfants en priorité. A partir du moment que cette volonté est claire pour tous et acceptée par tous, il ne devrait pas y avoir de problème. Maintenant, vous devez vous poser deux questions qui me semblent majeures :
- A quel moment considérez-vous que la stabilité familiale est menacée ? Et pour quelles raisons ? En effet, si vous avez décidé d'accorder une nuit tous les 10 jours par exemple, interrogez-vous : est-ce que passer à 2 nuits tous les 10 jours serait vraiment problématique ? La réponse à cette question, c'est vous qui l'avez, en fonction de votre planning familial et de vos obligations. Mais assurez-vous que c'est bien dans l'objectif de préserver la stabilité familiale que vous vous mettez ces limites et non pas pour de fausses raisons (insécurité, doutes...)
- Mettre des règles est-il vraiment nécessaire ? Si cela paraît trop rigide, rien n'empêche de discuter ensemble d'une "moyenne". Après c'est à lui de faire en sorte de respecter cette volonté, avec néanmoins quelques souplesses si jamais il y a des exceptions.
Je pense que l'idéal c'est qu'avec le temps, toutes ces règles ne soient pas nécessaires. Que vous sachiez où se situent les limites compte tenu de vos objectifs et en discuter si jamais il y a selon vous un débordement, en toute intelligence.
N'oubliez pas aussi qu'il y a une autre personne dans l'équation. Et prendre en compte son avis peut permettre de prendre une décision plus respectueuse des intérêts de chacun.
Message modifié par son auteur il y a 4 ans.
Discussion : Couple ouvert à sens unique

Clades
le jeudi 14 octobre 2021 à 08h22
Heureuse de savoir que mon commentaire puisse être utile. :-) Et j'admets qu'échanger sur ce sujet fait vraiment du bien. Jusqu'alors, j'ai tout gardé pour moi et c'est un secret très lourd à porter. Peut-être un jour partagerai-je ici mon expérience...
Et merci pour tous les précieux conseils que tu donnes à cette communauté. J'ai beaucoup lu et te lire m'a énormément apporté. Je ne peux que conseiller à Talnari de faire de même et s'imprégner des témoignages de cette communauté. C'est riche d'apprentissage et cela permet de définir si oui ou non, c'est un mode de vie qui nous convient et qu'on a envie de vivre, tout en acceptant que tout ne sera pas tous les jours tout rose.
@Minoushka
Je te rejoins dans ton expérience et les conseils que tu donnes. Je pense que le premier point que tu évoques est extrêmement important. J'ai l'impression que Talnari ne parvient pas à s'identifier dans cette configuration de relation. Mais est-ce parce qu'il ne se retrouve pas dans ce modèle ? Ou parce que la pratique ne ressemble pas assez à la théorie ? Le fait est que... la pratique ne ressemble jamais exactement à la théorie. Mais cela vaut pour tout. Même pour un modèle monogame. Donc le plus important est de savoir ce qui correspond vraiment à notre intime conviction.
@lau93
Pour avoir lu ton expérience, je ne peux que confirmer la similitude de notre parcours, sur de nombreux aspects. :-) Et te lire m'a procuré la même consolation et beaucoup de courage. Je ne peux que te remercier d'avoir participé indirectement à ma transition vers le polyamour et je suis contente de savoir que nous pouvons nous soutenir, même en étant éloignées !
PS : Moi aussi mes moments difficiles arrivent généralement le soir. Généralement je ne tergiverse pas longtemps. Je vais dormir. J'estime qu'il n'est pas utile de gaspiller du temps et de l'énergie à ruminer. Ce n'est pas facile, il faut se forcer car notre cerveau nous fait croire que ressasser nos pensées négatives est la seule option qui s'offre à nous. J'y arrive de mieux en mieux. Et le lendemain je me dis de plus en plus : "ouf, ce n'était que passager !".
Message modifié par son auteur il y a 4 ans.
Discussion : Couple ouvert à sens unique

Clades
le mercredi 13 octobre 2021 à 09h04
Salut,
Habituellement je m'abstiens de commenter et préfère suivre ce forum dans le silence. Mais ton expérience fait tellement écho à la mienne que je ne peux m'empêcher de partager avec toi mon parcours et ainsi te donner quelques conseils pour t'aider à mieux gérer cette situation.
Tout comme toi, je suis en couple avec un homme depuis plusieurs années et suis aujourd'hui témoin de sa relation avec une autre femme. Tout comme toi, j'ai entamé un long parcours de déconstruction des schémas sociaux qu'on nous inculque depuis l'enfance et me suis confrontée plusieurs fois à la jalousie et la tristesse. Tout comme toi, il y a des jours ou je gère et il y a des jours où je ne peux contrôler mes émotions négatives qui m'assaillent sans crier gare, me donnant l'impression que tout s'effondre. Tout comme toi, je pense que la situation serait plus simple si elle n'était pas aussi asymétrique, mais le fait est que je n'ai connu que lui dans ma vie, que je n'ai pas de désir de construire une relation avec une autre personne et que je suis une vraie bille en relations sociales.
Et pourtant... j'y arrive, je sens une amélioration de jour en jour. Petit à petit, mes moments de détresse se font plus rares et je commence à ressentir une certaine forme de gratitude et de reconnaissance à l'idée que nous sommes arrivés là, lui et moi. Il a fallu du temps, mais pas seulement. On ne doit pas être passifs et penser que le temps guérira tout. Alors, qu'ai-je fait pour en arriver là ? Permets-moi de partager avec toi mon expérience qui pourra ainsi te donner des pistes d'action.
- Tout d'abord, je me suis concertée moi-même en me posant la question : est-ce que le polyamour est une philosophie à laquelle j'adhère ou l'ai-je accepté par défaut ? Pour y répondre, j'ai lu. J'ai le guide des amours plurielles de Françoise Simpère, j'ai lu des témoignages sur ce forum et sur des groupes de discussion sur les réseaux sociaux, j'ai écouté des podcasts... bref, je me suis imprégnée des valeurs et des expériences de chacun pour décider si oui ou non, c'est quelque chose qui me convient, qui fait écho à mes propres valeurs. La réponse a été finalement "oui" et cela m'a beaucoup aidée dans le sens où ma détermination, mon envie d'y arriver est plus grande et presque inébranlable. Ainsi, pendant mes moments de détresse, je n'ai quasi plus de doutes sur la validité du modèle car j'ai envie d'y croire. Si la réponse avait été "non", j'aurais envisagé la séparation. Car on ne peut subir une telle situation très longtemps.
- Parallèlement, j'ai fait un travail sur moi-même afin de mieux gérer mes émotions négatives. Dès que je sens que tout va mal, généralement quand je suis fatiguée, je vais dormir et attends le lendemain pour débriefer sur mes émotions et tout consigner à l'écrit. J'utilise notamment les colonnes de Beck (méthode pour confronter mes pensées automatiques avec des arguments rationnels utilisée en psychothérapie) et un journal intime où je consigne mes pensées. J'ajoute aussi que je suis suivie par une psychologue pour travailler sur ma confiance en moi ce qui m'aide aussi à travailler sur mes insécurités. Il m'arrive parfois d'avoir des moments plus difficiles que d'autres mais cela fait partie du processus. Je l'accepte, personne n'est infaillible.
- De même, afin de me libérer d'une forme de dépendance affective que j'ai avec mon compagnon, je sors, je vais voir des gens et tout ça sans lui. Plutôt réservée de base, pas très adepte des relations sociales, ce n'est pas toujours évident pour moi. Mon cercle social est très restreint. Mais cela m'aide à occuper mon esprit et me donner envie de consolider d'autres relations, amicales pour le moment, avec d'autres personnes.
- Pareillement, je discute. Je discute beaucoup avec mon compagnon. Parfois c'est long. Mais c'est nécessaire. Dès que j'ai un moment de doute, une frayeur, un besoin... je lui en parle. Mais je ne le fais pas n'importe comment. Quand je bouillonne intérieurement, je me donne un peu de temps pour me calmer et pour lui dire les choses intelligemment. Ainsi, il m'aide à rationaliser, à affronter mes peurs et à aller de l'avant.
- Enfin, je me projette mentalement. J'essaie d'imaginer la vie idéale que je souhaiterais vivre avec lui, elle et potentiellement d'autres personnes. Je pense positif. Je fais le bilan de ce que cette situation nous a apporté de bon : la possibilité d'être complètement soi-même en présence de l'autre et de vivre à fond ses émotions et ses sentiments, la possibilité de s'ouvrir au monde et aux nouvelles expériences, la chance assez exceptionnelle d'avoir accès à une partie du jardin secret de son compagnon, ce qui est une grande preuve d'amour... Je me lance aussi des défis, pas à pas et quand je me sens prête à les relever. Le prochain est de rencontrer son amie et de dédramatiser la situation avec elle car la situation est insolite pour elle aussi.
C'était un long message mais j'espère ainsi t'avoir donné quelques pistes d'action pour la suite, si tu souhaites continuer dans cette voie. Je suis convaincue que c'est possible, autant faut-il que tu le veuilles. Et pour cela je ne peux que te conseiller de travailler sur tes propres valeurs d'amour. Cela ne fera que te rendre plus fort en faisant grandir ta détermination. Et surtout, ne te précipite pas pour rencontrer quelqu'un dans le but de "rééquilibrer" la situation. Construis une relation quand tu te sentiras prêt et pas pour mettre un pansement sur tes blessures. Je pense que c'est important.
Bon courage, je suis de tout cœur avec toi !
Message modifié par son auteur il y a 4 ans.