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Discussion : Etre mono et aimer deux hommes ?

Siestacorta
le mercredi 22 octobre 2014 à 16h08
Désolé pour l'aspect un peu frontal de ma remarque, il s'agit pas de te faire mal pour le plaisir d'avoir raison.
Et comme je te dis, je ne pourrai pas te juger de vouloir autre chose que ce que tu avais, parce que la promesse de bonheur d'une monogamie qu'on ne décide pas en connaissance de cause est une promesse bien plus difficile à tenir que ce que la norme nous fait croire.
Maintenant, quand tu as pris conscience de ta situation, il faut choisir le moment où tu parles. Le moment où tu y gagnes ou celui où tu y perds le moins. Si tu avances vers une issue poly, prépare les deux hypothèses, celle où tu es prête à ce qu'on refuse ta proposition mais où tu réussis à dépasser ce conflit, comme celle où cette proposition est envisagée.
L'autre aspect de la prise de conscience, c'est de bien voir dans quelle position tu mets tes partenaires tant que tu n'as pas parlé. L'un est dans une ignorance qui lui coûtera quand elle sera remplacée par les faits, l'autre est obligé de se taire pour toi, et se trouve "à ton service" (tu peux annuler des rendez-vous parce que ta relation passe avant, le faire attendre quand tu ne peux pas communiquer devant l'autre...).
Ceci dit : l'adultère peut être choisi par ton amant. Ca peut très bien l'arranger que tu ne sois pas complètement disponible pour une histoire classique, parce qu'il peut trouver son compte dans ce qu'il vit maintenant. Par ailleurs, tu peux choisir l'adultère en reconnaissant les limites de sa perspective. Tu sors du moment où si on mesure pas l'horizon, ça veut dire qu'il est ouvert. Bon, tu dois mesurer ce qui est plausible pour rendre ce que tu veux faisable...
Enfin, l'adultère recoupe un temps de crise, c'est à dire, le moment où une transformation hésite entre être temporaire ou d'aboutir à un autre état durable.
Il n'y a pas de mal à être dans un temps de crise et de faire ce qu'on peut à ce moment-là. Par contre, faire durer la crise par inertie est plus dangereux, pour toi, pour les relations, et pour les personnes qui y sont impliquées.
Autrement dit, c'est pas ce que tu as fait qui décide de l'image que tu peux avoir de toi-même, c'est ce que tu vas faire de ce que tu as vécu.
(désolé pour le ronflant de ces formules)
Discussion : Débuts orageux

Siestacorta
le mercredi 22 octobre 2014 à 14h20
MagentadeMars
Parce que c'est comme ça qui fonctionne la culpabilisation : dès que l'on ait trouvé un coupable, on classe l'affaire. (...)Une réaction apprise, depuis un très long moment, et renforcée par tout ses connaissances, tout un tas des fictions (les fictions exprès du cinéma et les fictions de tout les jours des couples qui dissimulent leurs vérités). Ce n'est pas que je sois un jaloux, c'est qu'il m'a menti ! D'ailleurs, il n'a pas mis un capote !
[chantons ensemble)
"Un menteur, et pas de capote !
Un menteur, et même pas de capote !
Tricheur, Tricheur et irresponsable !
Sauve-toi ! Sauve-toi !"
J'ai fait tout un passage de ce fil sur le fait que la culpabilisation créait le mensonge ("La monogamie, contient, par défaut....")
Mais ce n'est pas parce que les raisons de se sentir coupable et de faire sentir coupable peuvent être déconstruites qu'il n'y a plus, même avec la pratique du mensonge, aucuns comportements qui vaillent.
C'est pas parce que tu décides de faire une connerie que t'es obligé de les faire toutes avec.
Et, dans les comportements sur lesquels j'ai interrogée Artemis (sa façon d'être avec elle et de(ne pas) protéger la relation de son propre mensonge, ) il n'y a pas que de la culpabilité, il y a du manque d'égard pour l'autre ... et même pas dans un cas de NRE, qui expliquerait un peu, puisque selon ce que dit le gars, quand on va voir ailleurs c'est seulement pour le sexe.
Alors, je suis tout à fait d'accord que le mensonge du type soit relativisé parce que la société n'enseigne pas l'éducation sentimentale nécessaire à agir en fonction de ce qui se passe entre le pôle Walt Disney et le pôle Marc Dorcel.
Maintenant, s'il s'agit déconstruire quelque chose avec quelqu'un qui a fait exactement tout ce qu'il fallait pas et semble avoir des injonctions sur ce qu'il faut faire, je crois qu'on ne peut pas juste dire "c'est de l'amour, des fois ça merde, c'est pas grave et la non-capote et les autres attitudes de manque de respect ne sont pas significatives, prenons-nous la mains et oublions".
Message modifié par son auteur il y a 11 ans.
Discussion : Etre mono et aimer deux hommes ?

Siestacorta
le mercredi 22 octobre 2014 à 13h43
Bonjour !
Laura
Suis-je polyamoureuse simplement car j'aime deux hommes ? ?
Dans l'absolu, non, c'est pas suffisant (et même pas si nécessaire).
Il y a plein de gens qui aiment plusieurs personnes mais
- soit, ne changent rien à leur vie perso et n'en font jamais mention (ils ressentent mais ne mettent rien de particulier en pratique ou en parole, et surtout, choisissent au final de correspondre à la norme exclusive
- soit vivent la situation sans la partie d'honnêteté qui est spécifique au polyamour
(xxx) J'ai reparcouru ce que tu avais déjà posté avant de te répondre (xxx).
Laura
Ces deux hommes sont mono, le deuxième connait la situation, on en parle bcp, le premier ne sais rien (ou ne veux rien savoir).
(...)
Alors comment demander a ces hommes d'accepter une situation que je refuserai ? !
Tu as donc deux asymétrie "éthiques" qui font que tu n'es pas (encore) dans une situation de polyamour.
1) l'un des amants n'est pas informé. Je ne sais pas s'il t'a donnée explicitement la liberté affective dont tu as besoin, ou si tu estimes seulement que ça pourrait être possible. Mais tant que c'est pas explicite, il peut considérer en étant informé que tu as rompu une base de votre confiance mutuelle. Le "contrat" par défaut en amour est exclusif, on ne peut pas se baser sur du non-dit et des expériences non-commentées pour transformer ce contrat en un nouveau. Ce n'est pas parce que lui n'en parle pas que ça te dispense d'en parler. Parce que tu sais bien que dans sa tête, quand tu en parleras, ça amènera un changement. Il peut décider de ne rien te demander en se disant que si tu ne dis rien, c'est que c'est pas important. Mais, en fait, ça l'est, hein ? Donc cette ambiguïté n'est a priori pas une liberté offerte.
Certes, l'amant est informé, mais c'est pas ce bout là qui rend la situation polyamoureuse : c'est le cas des amants et des maîtresses d'être informé du lien légitime. Ceci dit, ça veut pas ni dire qu'ils n'espère pas la monogamie, ni qu'ils seraient content d'être le plan B si le légitime partait...
2) tu n'es pas prête à donner à tes amoureux la même liberté que celle que tu veux prendre.
Tu découvres que tu aimes plusieurs, mais tu hésites à sortir du cadre sécurisant de la monogamie classique.
Pour l'instant, tu es plus proche d'un adultère classique, même si, en prenant en compte ta réflexion, cela n'est pas forcément voué à rester en l'état si ça ne te convient plus, et que cela pourrait, avec pas mal de boulot, devenir un situation honnête et assumée.
Mais, pour être au clair avec les gens, faut l'être avec toi-même, et assumer que tu es adultère. Tu aspires au poly, tu as des affections multiples, tu serais peut-être heureuse de vivre ainsi, mais ce n'est pas ce que tu pratiques.
Un point important : je ne te juge pas pour ta situation. Peu de gens ici le feraient.
Par expérience souvent, on sait que le cadre monogame classique, en restreignant plus ou moins fortement les possibilités de variations de la vie affective, engendre mécaniquement l'adultère : on aime quelqu'un, on a besoin de vivre d'autres choses plus ou moins importantes, mais comme on a dit qu'on ne le ferait pas et que toute la société te dit qu'aimer plusieurs personnes, ça n'existe pas ou c'est carrément Mal, le mensonge devient une option pour ne pas être dos au mur ou contraint de rompre sans le désirer.
En revanche, là où je t'enjoins à soit être très habile et très décidée dans ta dissimulation, soit prendre très vite des mesures pour changer de situation, c'est que ton mensonge (complet ou par omission) va avoir un potentiel de plus en plus destructeur pour ta relation de départ au fur et à mesure du temps : plus il sera découvert tard, plus il abîmera la confiance que ton compagnon a en toi.
(xxx) Selon son caractère et sa souplesse, lorsque tu parleras de ton désir d'aller vers le polyamour, soit tu lui dis tout de ce qui est arrivé avant parce que tu crois qu'il tient assez à toit pour réfléchir prendre son parti sans rompre, soit tu crains beaucoup sa réaction, tu lui dis une version de la vérité qui ne dure pas depuis trop longtemps et où ta démarche de vouloir en parler est rattrapable (xxx).
Je pense que derrière les deux asymétries de cadre amoureux que je te pointais plus haut, il ya une même peur.
Que ta relation actuelle soit détruite.
Tu y tiens encore beaucoup, donc !
Mais tu as peur qu'elle s'arrête si la vérité était découverte et si ta démarche était revendiquée.
Ca se comprend parfaitement, d'avoir peur de ça. Il y a dedans la crainte d'être rejetée par quelqu'un de proche, la peur de passer pour la méchante, une difficulté à assumer qu'on a fait un choix d'engagement qu'on referait peut-être pas... C'est évident que face à ça, se mettre à changer le cadre est pas facile à aborder.
Et ça peut être un même doute sur la solidité de tes relations amoureuses, un manque de confiance (en toi en général ou/et parce que le domaine est inconnu et que l'inconnu, c'est pas sécurisant), qui fait que tu crains que l'arrivée d'amantes de tes amants signifieraient que votre relation ne peut plus durer.
Une question : quand tu as commencé à voir quelqu'un d'autre, comment ça allait, pour toi, moralement ? Qu'est-ce que tu attendais, trouvais, ne trouvais pas dans la vie, les relations humaines, et aussi dans ton couple ?
Parce qu'il se peut que tu projettes tes propres difficultés. Notamment, si toi tu es dans cette situation parce qu'il y a quelque chose qui ne va pas plus en amont, tu peux te dire que si tes amants trouvaient des amantes, ce serait aussi pour ça. Alors que, dans ce que tu découvres en ce moment dans des relations multiples, on peut se voir apporter plein de choses sans rejeter ce qu'il y avait avant et ce qui demeure bon.
Enfin, pour être parfaitement honnête, il existe des relations de polyfidélités "fermées". C'est à dire où chaque amant est engagé avec les autres et n'a pas de liberté affective ailleurs. C'est assez proche des modèles polygames traditionnel, même si dans ton cas ce serait une polyandrie.
Mais d'une part, c'est changer la forme, mais pas la contrainte exclusive de fond - au contraire, celle-ci grandit avec le nombre de gens qui comptent sur l'engagement pris. Puisque la contrainte actuelle est trop difficile, autant la surmonter en s'en donnant une plus difficile à tenir encore (là c'est ma façon de voir la chose, il y a des gens qui peuvent vivre dans ce cadre-là).
Pour terminer, pour ne pas te faire une idée "il suffit de mettre le nom poly dessus et ça finira par aller", je te recommande la lecture de cet article. Ca montre en quoi le changement de cadre par rapport à la monogamie est complexe, mais ça permet de bien tenir aussi un certain état d'esprit où on respecte les autres parce qu'on se respecte soi.
.
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(xxx) : si tu souhaites que j'efface ces paragraphes au cas où ton compagnon devait lire la discussion, je peux être complice. Une fois qu'il connaîtra le mot "polyamour", sa documentation peut vite tomber ici, le polyweb francophone est pas très grand.
Tu pourras par ailleurs changer ton pseudo pour détacher les deux parties de ton témoignage.
Je profite de l'occasion pour montrer qu'un mensonge entraine non seulement d'autres de ta part, mais aussi d'autres personnes à le maintenir. Parfois il faut, parfois c'est un risque de plus et surtout pas sympa pour les gens impliqués. (xxx)
Message modifié par son auteur il y a 11 ans.
Discussion : P'tit nouveau qui se présente !

Siestacorta
le mercredi 22 octobre 2014 à 10h44
ptitgars49
J'aime beaucoup cette image Siestacorta !
Fais gaffe quand même, hein, surtout quand tu l'emploies avec un exclusif, ya peu de gens qui comprennent pourquoi on les compare à des chiens si on a pas bien tourné sa phrase avant :-)
Message modifié par son auteur il y a 11 ans.
Discussion : Débuts orageux

Siestacorta
le mardi 21 octobre 2014 à 14h55
Bon... Je n'ai pas répondu de suite.
Ca fait 10 ans que tu as cette relation, donc j'imagine que tu connais certains aspects fiables à côté. Mais sur ce que tu me dis, pour ma part, je trouve qu'il ya eu beaucoup de manque de respect pour toi pendant la période, que sur ces bases ça peut être très difficile de construire quelque chose. C'est toujours faisable, mais il ya énormément, énormément de travail.
Et évidemment, sur le point de la non-protection, je trouve ça très grave... La confiance et les bons sentiments ne sont pas des contraceptifs ni des protections contre les MST. Et comme le mensonge est avéré ici, pourquoi imaginer que son amante n'est pas elle aussi capable de dire que ce qui l'arrange ?
Bref, faites vos tests, de toute façon, et refaites-le si la situation dure...
Discussion : P'tit nouveau qui se présente !

Siestacorta
le mardi 21 octobre 2014 à 12h59
En fait, la fidélité qu'on peut offrir dans le temps, c'est la loyauté. C'est ce qui fait que même après les premiers temps de passion, même après les difficultés plus tard, même après d'autres rencontres, même après s'être éloignés, tu es capable d'être présent et de répondre à la personne.
Pour faire une image, la différence entre la fidélité mono et la fidélité poly, c'est un peu comme la différence entre un chien qui reste près de la maison parce qu'il est attaché à sa niche (et oui, là dans l'exemple on suppose qu'il est parfaitement capable de s'être attaché tout seul) et un chien qui revient toujours à la maison même sans qu'on lui ait mis d'attache.
Discussion : Café poly à Rennes 2014

Siestacorta
le mardi 21 octobre 2014 à 01h53
Yohann
Oui, dans la même veine, mon idée initiale allait plus dans le sens d'une certaine régularité, d'un certain rythme, et, dans le groupe, j'ai bien entendu qu'il n'y avait pas vraiment ce souhait-là.
Tente le truc, tu verras si tu as des gens qui reviennent ou pas.
Et puis les gens qui étaient là parlent pas au nom de ceux qui n'ont pas pu venir ou n'ont pas encore entendu parler du rendez-vous.
Message modifié par son auteur il y a 11 ans.
Discussion : D'un point de vue polyamoureux: différence entre 'aimer' et 'être amoureux'

Siestacorta
le lundi 20 octobre 2014 à 17h39
(il y a un mélange, dans mon intervention, de ce que chacun pourrait expliquer pour parler de polyamour et de ma conception personnelle des sentiments et des relations, c'est à dire que tout ça est juste mon écho, pas un truc indiscutable et monolithique)
Discussion : D'un point de vue polyamoureux: différence entre 'aimer' et 'être amoureux'

Siestacorta
le lundi 20 octobre 2014 à 16h50
Salut !
astrogirl
dès lors qu'on se met dans le polyamour, on ne pense plus nécessairement au couple comme objectif (...). Et même, on ne pense plus nécessairement à 'construire' des choses ensemble, mais plutôt, disons, à 'vivre' des choses
Je suis pas certain que le polyamour exclue la construction.
Tu dis quelques messages plus loin
astrogirl
Je considère que cette relation a une épée de damoclès suspendue au dessus, et que le jour où sa compagne va découvrir la vérité, elle se brisera.
J'en conclue que toi, tu es poly, mais que la situation où tu es n'est pas une situation de polyamour pour les deux autres personnes.
J'insiste sur ce point, je m'excuse d'avance si c'est un peu rude, mais tes questions et ta situation doivent se recouper, ça me ferait bizarre de rien en dire.
Cette asymétrie dans vos pratique amoureuse fausse énormément tout ce que vous pouvez porter comme projets de construction, autant sur les moyens à mettre au présent (on ne peut pas construire si on refuse de partager temps et espace, comme tu le dis ) que sur les perspectives, les choix que vous pouvez faire ensemble (tu n'as pas eu voix au chapitre).
Bref, quand la personne te dit "je suis amoureux de toi, mais cela ne change rien dans ma vie", dans son cas précis, ce qui la contraint (et toi avec)dans sa façon d'aimer, c'est pas le polyamour ou la qualité du sentiment (amoureux ou aimant), c'est l'adultère.
Maintenant, qu'est-ce qu'on peut construire en polyamour, si on est dans la situation où tout le monde a assumé l'existence des autres ?
Ma première réponse fera écho à ce que tu dis : il y a, pour certains, dans un certain nombre de situations, une partie de la vie polyamoureuse où on ne vit pas en terme de but, de constructions, mais de moments amoureux.
Que ce soit parce qu'on est une personne qui ne souhaite par monter très haut sur l'escalator relationnel, ou parce que la relation elle-même est définie comme secondaire par les personnes concernée (pas superflue, éjectable ou dispensable... non : secondaire, c'est juste qu'il y en a une première qui de fait prend plus de temps et d'espace, le polyamour c'est aussi dire que dans la relation, représenter "plus" et "tout" c'est différent).
Mais évidemment, ces modes de relation ne représentent que certaines possibilités. C'est déjà beaucoup de les avoir, mais on peut bien sûr parler d'amour avec un temps long en tête.
Quand je partage la relation principale, il y a une transformation de la relation traditionnelle et de son "encouplement", pour se donner la marge correspondant à nos capacités de multiplicité amoureuse. Mais il n'y a pas beaucoup plus d'obstacles concrets ou théoriques pour aimer et construire que dans une relation exclusive. Ca dépend des rencontres. C'est souvent plus complexe que dans les histoires de monsieur et madame Toulemonde, mais c'est la complexité ou/et le confort affectif qui nous va, alors on fait le travail et les compromis quand même.
Quand je ne ne partage pas la relation racine, fondatrice d'un mode de vie (le mien ou celui de mon amant), ce qu'on peut construire ensemble a
- des limites à court terme. On peut parler de projets communs (soirées, w-e, vacances)
- un cadre nouveau de moyen terme : on peut se faciliter la vie, prévoir d'habiter plus près, ou de se donner les moyens d'une régularité (s'organiser pour l'autre, c'est s'engager aussi).
- un autre type de long terme : on se dit " ma vie avec toi c'est ça, et je veux que ça demeure, donc on fait des projets où on se promet qu'on compte pas éjecter l'autre, on peut effectivement rentrer sur un fonctionnement "familial" avec le partenaire et ses partenaires (vacances communes, réflexion commune sur l'emménagement, tâches ménagères échangées ou partagées...)
Ya aussi l'option "on vit tous ensemble parce qu'on s'aime", mais disons que le vivre ensemble à plus de deux est un gros pari, que je ne vendrais pas sans être sûr que les personnes savent être rassurantes, bienveillantes, patientes, capables de se faire oublier et de fiche la paix aux cohabitants... Que les gens "se trouvent". Et pour moi, les gens qui pensent s'être trouvés l'un l'autre dans les relations avec un "objectif couple" ont souvent pas fait le boulot sur soi et sur la compréhension des autres que ça demande.
Or, justement, une fois passés
- la première période romantico-hormonale
- le changement autoréalisateur : on s'engage parce qu'on a un sentiment fort et la peuve, on s'engage !
aimer c'est justement continuer à vivre son sentiment d'attachement malgré et avec les contraintes matérielles. Est-ce que l'autre en est capable, en général, et qu'est-ce qui en moi m'assure que ça va être agréable pour lui de le faire vivre pour moi en particulier.
C'est là où on parle de pratiques et de rapports, sans que le sentiment suffise à les rendre bons, épanouissants, constructibles...
Oui, je crois qu'en polyamour on peut très bien faire ça, chacun à sa manière, dans chaque relation d'une façon un peu différente.
Polyaimer, c'est pas du tout incompatible avec vivre dans un temps long et pas juste dans le moment, mais ça demande un travail plus gros. Il faut se sentir capable de ça, et c'est là que le principal argument de l'amour monogame n'est pas du tout romantique, mais pratique : pas penser à ce qu'on fait avec des autres amoureux, c'est quand même plus simple au quotidien. Moins de questions, de changements autres qu'intérieurs, une promesse qui trace bien proprement les limites des changements amoureux... c'est irréaliste (on change quand même amoureusement), mais au moins, on sait quand le changement est pas désiré (puisqu'on la dit au début : on reste entre nous et on ne donnera jamais de droits durables à d'autres amants sur notre situation).
Message modifié par son auteur il y a 11 ans.
Discussion : Café poly à Rennes 2014

Siestacorta
le lundi 20 octobre 2014 à 12h59
Yohann
. Il est ressorti qu’il y avait un risque à faire des café-poly à répétition : les “nouveaux” viennent découvrir ce que vivent les autres et, lorsqu’ils commencent à être plus posés dans leur cheminement, ne ressentent plus le besoin de continuer ces rencontres, du coup, c’est toujours de nouveaux “nouveaux” qui viennent et le Café-poly devient quelque chose de répétitif finalement...
Le phénomène existe probablement, et il sera sans doute plus sensible si le groupe qui se rencontre est pas gros.
Mais :
- les nouveaux peuvent rester et vouloir que les rencontres continuent, parce que le café poly représente un bain d'énergie, un fil rassurant quand, tout le reste du temps, la société leur parle d'exclusivité et à tendance à leurs dire "bon, arrête tes conneries ça te passera". Même si t'es content de ta vie poly, qu'on est moins dans la métamorphose récente que dans la pratique à long terme, pouvoir juste papoter normalement de ce qui t'arrive avec des gens qui te jugent pas, ça reste bénéfique. Ce n'est plus la même attente, certes, mais un besoin en remplace un autre.
- ça devient répétitif... oui, certaines questions, certains contenus et raisonnements sont répétés. Mais, déjà, "tout ce qui a été dit n'a pas été entendu", donc ça vaut un peu le coup. Ensuite, sur le long terme, on s'est retrouvé à traiter des questions que ne se posent pas forcément les nouveaux, ou en tout cas, pas avec la même approche du tout. Il y a les sujets classiques, les trucs qu'on peut dire à des gens qui découvrent, mais il y a aussi tout un SAV qui concerne des gens qui ont fait un choix poly, et se retrouvent avec des difficultés et des expériences différentes de celles que traitent les couples mono, ou de celles qu'ils avaient au début.
Les petits évènements "sans débat" que vous vous êtes proposés, je crois que c'est une bonne idée, on fait quelque chose d'un peu similaire parcheunous, les "goûters" et pique-niques. Mais ça s'ajoute aux cafés plutôt que ça ne s'y substitue.
L'intérêt d'une continuité à rythme raisonnable (mensuel, bimestriel), c'est que même si certains peuvent pas venir à chaque fois, il y en a qui s'engagent à venir parce qu'ils voient la répétition, donc la solidité du rendez-vous dans le temps, et que ça leur donne confiance, et aussi une visibilité pour réserver leur soirée en avance pour ça.
Message modifié par son auteur il y a 11 ans.
Discussion : Compte-rendu du café poly du 23 septembre 2014 à La Cantada

Siestacorta
le lundi 20 octobre 2014 à 00h24
En plus de remercier Vaniel, je voulais ajouter un petit argument que j'avais développé : il peut y avoir un consentement raisonnable pour un poly à vouloir vivre une relation avec une personne adultère.
Parce que les limites de ce cadre de relation permettent aussi de vivre une relation sentimentale stimulante,avec certaines satisfactions, en ayant en échange du renoncement aux privilèges d'époux, aucune obligation de promettre de monter sur l'escalator relationnel classique. Certains moments ou certains caractères polyamoureux peuvent être à l'aise avec cette perspective moins forcée que d'habitude...
On doit pas se donner de faux espoirs avec une notion de souplesse poly qui tiendra pas forcément la longueur ("bah pour moi c'est pas grave je tolère la (le) légitime parce que je suis poly en plus d'être arrivé après, et parce que je suis poly je suis autonome toutvabientoutvabientoutvabien") : les limites données par le mensonge et par le bon-vouloir du couple officiel (annulations de dernières minutes, communication directe impossible, perspectives et projets peu plausibles) se feront toujours sentir.
Mais on peut, en sortant du cadre moral classique, et à condition d'accepter d'être dans les limites d'une relation secondaire, tirer les avantages d'indépendance que donne le cadre adultère - aussi bien que les monos l'ont toujours fait, mais avec peut-être une posture éthique plus émancipatrice, puisqu'on a alors encore moins de raisons de respecter une demande d'exclusivité de la part de la personne adultère, d'être disponible à la demande sachant que notre vie amoureuse ne nous y autorise de toute façon pas forcément.
Message modifié par son auteur il y a 11 ans.
Discussion : Mardi, c'est Poly (octobre)

Siestacorta
le samedi 18 octobre 2014 à 18h40
EDIT : il y avait déjà un autre sujet posté sur l'évènement (maintenant; sujet E), désolé, j'ai zappé.
+
Sujet F, donc, compartimentation ou ouverture, comment on fait quand deux partenaires n'ont pas la même attente en la matière.
J'aime bien aussi.
Message modifié par son auteur il y a 11 ans.
Discussion : Mardi, c'est Poly (octobre)

Siestacorta
le samedi 18 octobre 2014 à 17h27
Ya actuellement une petite 30aine d'inscrits sur l'évènement FB.
Les sujets proposés jusqu'ici :
A dans quelle mesure sommes nous responsables des sentiments de l'autre (pas du tout ou un peu quand même)
B les attentes implicites dans une relation poly / vos attentes en commençant le poly, quels non-dits, quelles conséquences ?
C les vestiges de schémas amoureux monos dans la façon d'aborder les relations non-exclusives (avec hiérarchisation parfois, ou au contraire tout vouloir sur le même plan), quel rapport de confiance pour tenter de se déconditionner de nos cadres antérieurs
D avec un partenaire en situation de NRE. Quelles difficultés à anticipé ? Quelles ont été vos réactions si ça vous est déjà arrivé ? Quelles solutions ?
E Quelle perception des rapports avec les amants de nos amants (les tiers-aimants - NDSiesta), de nos zones de conforts et d'inconforts ? Comment éviter de blesser sans le vouloir une personne avec laquelle nous ne sommes pas en relation directe ? Comment réussir à expliciter son point de vue sans établir une "vérité" ?
Les six ont déjà un bon potentiel de débat.
Le B et le C se recoupent, mais je voudrais pas passer à côté de leur spécificité.
Le A est chouette parce qu'il s'adresse aussi bien aux nouveaux qu'aux anciens. Par contre il me faudra sans doute du soutien de témoignages persos pour pas être dans le pur café philo.
Le D, ben on a tous vécu ou observé, je le trouve assez accrocheur.
Le E a le potentiel de donner lieu à des exemples pratiques assez facilement, je crois.
Vous pouvez encore m'en ramener quelques uns, à vous ou récupérés dans les sujets non-traités des précédents cafés poly, ou essayer de m'aider à formuler au mieux chacunes des questions pour nous assurer que tout le monde sentira de l'intérêt de passer presque une heure à tenter d'y répondre.
Message modifié par son auteur il y a 11 ans.
Discussion : Café poly confidentiel à Lyon, retour d'expérience

Siestacorta
le samedi 18 octobre 2014 à 00h47
Ah bah j'en attendais pas tant, mais je te remercie d'autant plus de l'avoir raconté, et je suis super heureux que ça ait pu aider de se livrer et de mettre des mots sur tout ça !
Bonne chance à tous pour les suites !
Discussion : Mardi, c'est Poly (septembre)
Discussion : Banal mais que faire...

Siestacorta
le mercredi 15 octobre 2014 à 18h43
Question banale, réponse banale : plus la situation dure, plus tu souffres et fais souffrir "dans le vide".
Trancher et prendre une décision fait un mal de chien, mais on peut se remettre d'une blessure, tandis qu'on peut pas se remettre d'une menace.
Discussion : Café poly confidentiel à Lyon, retour d'expérience

Siestacorta
le mercredi 15 octobre 2014 à 14h54
Non, pas un résumé de ce qui s'est dit, un résumé de la question posée avant le rendez-vous.
Idéalement, tu demandes à la personne, ou elle le balance si elle a capiche le truc, mais ça permet de savoir si on a un témoin qui a juste une histoire qui pourrait répondre, et aussi de savoir si quelques autres se retrouvent à la fois dans la question et la demande d'un petit groupe.
Quitte à pas raconter les détails persos ici (puisque c'est le but aussi, du "confidentiel", quand même), mais au moins donne un aperçu des questions qu'on s'apprète à traiter.
Discussion : Café poly confidentiel à Lyon, retour d'expérience

Siestacorta
le mercredi 15 octobre 2014 à 13h33
Ceci dit, là, c'est carrément pas un café confidentiel, c'était carrément de l'underground et le maquis :-)
Idéalement, pour que l'initiative puisse être facilement reproduite, en plus de la recette de "recul" saine que donnait Bouquet, c'est aussi bien de faire un résumé, même un peu impersonnel, de la situation.
En gros, cette part de transparence garantit qu'on passe plus de temps à aider au polyamour qu'à constater avec compassion une impasse adultère...
Discussion : Questionnement sur le choix de vie - 30 ans, polyamour et enfants
Discussion : Poly perdu ou en recherche

Siestacorta
le mardi 14 octobre 2014 à 10h59
alaingood
Le problème c'est que avant même d'avoir fais ou tenter quelque chose je me sens coupable et j’oscille entre stress et désir par rapport à cette nouvelle rencontre.
(...)
Ma difficulté est de ne pas assumer totalement mon coté polyamoureux.
(...)
Ça m'oblige à sortir de ma "zone de confort" (ce que j'ai comme repaires "moraux" et monogame) pour aller vers l'inconnu : le Polyamour.
Bon, et je ne sais pas si tu as lu les articles, mais être polyamoureux, ce n'est pas juste aimer plusieurs personnes. Ca, en vrai ? tout le monde ou presque ressent des choses pour plusieurs personnes. Tout le monde en fait pas quelque chose.
Ce qu'il faut assumer (comme tu dis) dans l'histoire c'est :
le dire à l'autre quand on agit dans ce sens (et l'expliquer - "'j'aime quelqu'un de plus", comme je te dis, c'est quelque chose qui arrive à plus de gens qu'on ne croit, mais "j'ai envie de passer aux actes", c'est tes motivations et ton caractères qui sont en jeu, l'amour en soi ne fait pas ça à tout le monde, et le polyamour non plus...).
+ écouter les partenaires (dont l'ancien) presque autant qu'on écoute ses propres désirs, dialoguer sans se braquer
+ accepter de sa part qu'il agisse et s'exprime de même
+ être ouvert à aux changements dans la vie de la relation, bien sûr aux changements apportés par une nouvelle, mais aussi, surtout, aux changements que va demander le premier partenaire - et être prêt à prendre en charge ses réactions
+ être préparé à ce que l'autre nous envoie promener, plus ou moins loin de son lit, de son domicile, ou de sa planète.
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Comme tu conçois tes difficultés à en arriver à parler, tu peux concevoir tes difficultés à accepter que l'autre fasse comme toi, et celles que l'autre aurait si tu lui parlais.
Les habitudes de ce que c'est qu'aimer et être aimé, avec l'exclusivité et le droit à l'exclusivité sur l'autre, ça se travaille, le changement se décrète pas.
Et dire la vérité accélère parfois le changement, mais l'honnêteté n'en fait pas un changement parfait : "hé mais j'ai été honnête, pourquoi tu pars ?", c'est une situation qu'on peut facilement rencontrer. Et c'est normal : c'est pas notre honnêteté qui garantit par elle-même le confort affectif du partenaire à qui on va parler d'amour ou de polyamour (ni l'aveu "honnête" d'un adultère d'ailleurs), c'est notre volonté de maintenir, consolider et poursuivre l'engagement.
Connaître la vérité sur soi-même et la dire, c'est juste le coup de feu qui lance le marathon.
Sinon, la culpabilité...
La culpabilité, c'est pas mauvais en soi, hein.
C'est le signe qu'on est dans un dilemme moral par rapport à nos valeurs, à nos actes antérieurs.
C'est aussi une façon d'éviter des ressentis, quand on se représente une partie d'une action passée ou à venir.
En agissant, on a fait/ ferait quelque chose qui nous attriste. Mais en se sentant coupable, on s'évite cette étape, tout en la racontant déjà comme si elle était arrivée. C'est une façon qu'on a de se donner un rôle, ou de le préparer.
(je sais pas si c'est clair ce que je raconte, là).
Message modifié par son auteur il y a 11 ans.