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Le pouvoir des mots

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(compte clôturé)

le samedi 07 mai 2011 à 08h13

@janis
"C’est pire parce que quand on me le dit je le crois. Je le crois, et je m’en souviens quand la réalité me montre qu’il faudrait que je revois pourtant ma copie, et que ce n’est pas si clair, pas si simple... Et je me rends compte que je suis beaucoup plus engagée - et aliénée - par les "je t’aime" qu’on m’a dit que par ceux que j’ai moi-même prononcés... "
ce passage là je comprends pas, tu peux développer stp?

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(compte clôturé)

le samedi 07 mai 2011 à 09h47

Je vais essayer, et surtout essayer d'être claire et pas trop capillotractée...

Imagine une relation amoureuse entre A et B. A et B s'échangent des "je t'aime". Jusqu'ici, tout va (à peu près) bien.
Et puis tout va moins bien. A montre par plein de petites choses à B qu'il a un problème avec la relation. Et un problème avec B.
La relation se dégrade. Doutes, angoisses, manque, colères, incompréhensions...
Les "je t'aime" ont peu à peu disparu.
Mettons que B ce soit moi. Quand ça arrive, j'ai beaucoup de mal à ne pas "faire fonds" sur les "je t'aime" passés. Il y a toujours une petite part de ma conscience amoureuse naïve qui me sussurre à l'oreille, contre l'évidence : s'il t'a aimée un jour, il ne peut pas ne plus t'aimer vraiment, donc tout ça va passer. Donc accroche-toi.
Alors que dans certains cas, c'est bel et bien mort ou en train de mourir, que je le SAIS et que le bon sens me commanderait de me détacher à mon tour.
Comme si le "je t'aime" passé et mémorisé s'incrustait en filigrane dans la relation, s'y imposait, et en venait à recouvrir la réalité actuelle vécue et ressentie de la relation.

C'est pour ça que je m'en méfie, et que je me méfie beaucoup plus peut-être des "je t'aime" qu'on me dit et que je reçois, que des miens. Sans doute que ça me semble tellement bizarre, démesuré, fou qu'on me dise un truc pareil, que ça vient tout aveugler, comme un spot hyper puissant.

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(compte clôturé)

le samedi 07 mai 2011 à 15h54

@janis
C'est plus à ma portée là, je comprends mieux.
La douleur liée à cette fabuleuse capacité humaine (en tout cas plus balèze chez l'homme que chez les animaux): la mémoire.
le souvenir du je t'aime passé qui empêche la lucidité sur le présent.
Il y a un film de SF (désolé ma mémoire de poisson rouge ne me renvoie pas le titre) qui traite d'une société ou les gens peuvent effacer je crois réciproquement et d'un commun accord les souvenirs d'une histoire sentimentale commune: pour éviter que les fantômes d'amour ne viennent nous hanter quand on voudrait tourner la page: commode mais dangereux (En oubliant nos erreurs ou errements, on perd la chance de changer d'apprendre de se métisser)..

ça m'a rappelé Orange mécanique sur un autre plan: quand le remède est pire que le mal.
Ce qui est terrible et interessant, c'est qu'il y a une equipe de neuro scientifiques aux etats unis theoriquement capable d'effacer des souvenirs, en attaquant de façon ciblée les synapses (liens chimiques que l'on crée toute sa vie entre les neurones: leur combinaison unique et specifique à chaque etre formant la personnalité, les souvenirs, competences, affects et autres sediments de la vie: voir "the synaptic Self" de Ledoux).
La Sf est des fois juste un tout petit peu en avance....

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(compte clôturé)

le samedi 07 mai 2011 à 16h15

Je crois que le problème est que (je suis bien placé pour le savoir) pour les non traumatisés des mots d'amour et autres cœurs d’artichaut, les mots du desamour: je ne t'aime plus, je ne suis plus amoureux, je ne plus moi dans notre relation.... sont rarements dits clairement à l'autre, qui a, du coup un boulevard pour s'accrocher à ses souvenirs, ses fantômes.
Les coeurs d’artichaut n'ont aucun merite à dire les mots d'amour: c'est facile pour eux, ça leur rechauffe le coeur, leur fait plaisir et en plus ils n'attendent rien en retour: leur difficulté (en tout cas la mienne clairement) c'est plutot de dire les mots de la fin, plutôt que de rester sur des points de suspension ou des passages à l'acte sans préavis.
Quand la marée des mots d'amour reflue, et que la plage devient un vaste desert calme et silencieux: la responsabilité est souvent partagée: il vaut mieux une bonne marée noire des fois qu'une plage hantée, un mirage de mer, juste une illusion, sirupeuse et dangereuse parce que depersonnalisante et derealisante.
Perso, devant mon handicap a dire les mots du désamour, je crois que je vais les ecrire.
Bon je vous laisse, j'ai une marée noire à écrire.

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(compte clôturé)

le dimanche 08 mai 2011 à 09h30

En espérant que la marée noire ne t'a pas trop emmazouté...

Juste pour dire que oui, la mémoire est un piège délicieux, et que l'idéal ne serait pas à mon sens de pouvoir effacer les souvenirs pour s'en libérer, mais d'être capable de les envisager et utiliser uniquement comme des souvenirs : des choses bonnes et heureuses qu'on a eu le privilège de vivre, que personne ne peut donc plus jamais nous ôter, et dont le souvenir adoucit la platitude quotidienne de la vie. Sans que ça nous attache pour autant.
Un truc très épicurien dans l'esprit, et donc très ascétique en réalité.

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Profil

Siestacorta

le dimanche 08 mai 2011 à 10h21

vi, parce que pas vouloir retrouver ce qu'on a aimé, c'est faisable pour un ascète, mais dans une vie ordinaire, c'est plus rude. Se priver de quelque chose qui nous plait, on a pas très envie de le faire. Surtout si on n'y gagne que des choses qui nous déplaisent.

Solution : connaître une grande variété de plaisirs, avec lesquels se réconforter quand l'un vient à manquer (hédoniste plus qu'épicurien !)

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Tigre (invité)

le dimanche 08 mai 2011 à 19h02

"Eternal Sunshine of the Spotless Mind
" le titre du film.
le lien vers allocine:
www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=40191.html
je me rappelais plus qu'il y avait Jim Carrey, il devait etre supportable, donc.

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Profil

Siestacorta

le dimanche 08 mai 2011 à 19h28

Eternal Sunshine ! Gondry ! Surréalisme SF ! avec même Frodon dans un rôle, et un effet spécial bien flippant sur son visage.

Jim Carey, il est aussi très bon dans "Man on the moon" et "Truman Show", films de cinémâh et pas "cinoches". C'est justement parce que dans un registre sobre il fonctionne bien que son too much comique est sans doute pas si béta. Tfaçon, moi j'aimons bien le comique burlesque, alors...

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(compte clôturé)

le lundi 09 mai 2011 à 07h24

Man on the Moon, j'avais adoré ce film <3

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