[Bande Dessinée] La rose la plus rouge s'épanouit, de Liv Strömquist, Rackham 2019
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Ben356
le jeudi 19 septembre 2024 à 14h20
Je viens de lire cette BD de Liv Stromquist.
Selon Wikipedia : "La Rose la plus rouge s'épanouit, publiée en 2019, questionne la disparition du sentiment amoureux et le refus de l'engagement dans le domaine sentimental."
Ce que j'en ai compris, c'est que l'auteure perçoit le non-engagement comme une des dérives de notre ère capitaliste. Et que l'amour vrai, sincère, ne peut-être que dans l'abandon de soit et dpit être exclusif.
Que c'est à cause de notre façon de scientiser et rationaliser nos relations que le sentiment amoureux ne prend plus assez de place, et qu'on agit comme des consommateurs dans nos relations amoureuses.
Qu'en pensez-vous ?
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Daria
le jeudi 19 septembre 2024 à 15h23
Je suis partagée sur la question de l'exclusivité. Historiquement l'engagement du mariage avait plus à faire avec la raison et la fidélité des femmes était la garantie de la légitimité de la filiation alors que celle des hommes n'était pas attendue. Avec l'essor du mariage d'amour les femmes ont gagné la réciprocité de la fidélité prônée par la religion et l'interdit moral de l'adultère.
Jusqu'aux années 70, la loi et la morale ont condamné l'infidélité et les liaisons se passaient dans le secret, le divorce n'étant pas encore inscrit dans les mœurs.
Aujourd'hui alors qu'on nous encourage à des attitudes individualistes et hédonistes les relations amoureuses rentrent il est vrai dans un paradigme libéral et capitaliste où les sentiments et l'engagement perdent de leur force. C'est bien regrettable.
Je pense néanmoins qu'il peut y avoir un pas de côté, une remise en question et de la morale religieuse et ascétique et de l'hypersexualisation des unes et des autres dans une consommation qui répond aux loi d'un marché de l'amour où nous devons prouver notre valeur et où nombre d'entre nous sont exclus.
Sans parler des abus de pouvoir et des vss dont on parle beaucoup en ce moment....
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De passage (invité)
le jeudi 19 septembre 2024 à 16h51
+1. Et une remise en question nécessaire sur une possible absence de moral et d'éthique à propos des nouvelles relations amoureuses.
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Intermittent
le jeudi 19 septembre 2024 à 23h33
Daria
Aujourd'hui alors qu'on nous encourage à des attitudes individualistes et hédonistes les relations amoureuses rentrent il est vrai dans un paradigme libéral et capitaliste où les sentiments et l'engagement perdent de leur force. C'est bien regrettable.
C'est la même Daria qui vient de poster qu'elle envisage de tromper son mari dans Mariage et après ? ?
J'ai un peu de mal à voir la cohérence entre les deux discours ...
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Daria
le vendredi 20 septembre 2024 à 07h12
Intermittent
C'est la même Daria qui vient de poster qu'elle envisage de tromper son mari dans Mariage et après ? ?
J'ai un peu de mal à voir la cohérence entre les deux discours ...
Pour vous répondre, je n'envisage pas de tromper, puisque je parle avec lui de mes sentiments et que je ne prendrai pas de décision sans avoir pleinement conscience des conséquences et je tiens à mon mariage. Respecter son engagement et son conjoint ne signifie pas forcément être monogame et s'interdire toute émotion physique et/ ou affective en dehors du couple.
Je pense que l'hypocrisie, le mensonge et le déni de ses désirs font au moins autant de mal que la remise en question de la fidélité conjugale, qu'elle aboutisse ou pas sur une liaison.
Bien avisé qui pourra jurer ne jamais avoir pensé " tromper" son partenaire... Merci.
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Aki
le vendredi 20 septembre 2024 à 18h09
Ah c'est sur, aujourd'hui 45% des français/es ont déjà trompé au moins une fois un/e de leurs conjoint/es et à un instant T, 13% lae trompe.
La question de la difficulté croissante des gens à s'engager (dans plein de domaines) mérite d'etre posée. Mais a-t-elle à voir avec l'exclusivité ?
Plein de polyamoureux/ses s'engagent dans des relations construites, sérieuses, suivies. Iels sont fidèles à leurs engagements et respectent leur parole.
Liv Stromquist dans son livre me donne aussi l'impression qu'elle considère l'amour comme exclusif par essence. Elle confond fidélité (respect des règles, engagements convenus ensemble) et exclusivité romantique et sexuelle.
Cet aspect de son ouvrage (graphiquement à vomir, soit dit en passant) m'a bien saoulé, personnellement.
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Nouna
le mardi 01 octobre 2024 à 09h07
C’est surprenant quand même. Je n’ai pas lu cette BD, mais dans « les sentiments du prince Charles » elle tient le discours inverse.
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GeorgyPorgy
le mardi 01 octobre 2024 à 10h02
Je l'ai lue il y a quelques années déjà, mais il semble que je suis resté un peu perplexe à la fin de ma lecture.
Son propos de mémoire étaint effectivement d'interroger la forte influence de la matérialité & de l'individualité de la vie moderne, par rapport à la survenance des sentiments amoureux qui devraient logiquement s'en affranchir.
En gros, les matérialités, les contraintes & le souci de préserver son bénéfice individuel dans le monde contemporain nous empêcherait de nous laisser "aller" à vivre des amours réelles au sens profond & désintéressé... (c'est juste des vagues souvenirs)
Elle interroge aussi la différence potentielle entre faire relation, s'engager avec le sentiment amoureux. On a tendance à les associer indiscutablement, et je crois me souvenir qu'elle remettait en cause cet aspect
Je dis que je suis resté perplexe car même si l'angle me paraissait intéressant à aborder, j'ai trouvé le message un peu "bourgeois" & donneur de leçon. Comme si c'était "facile" de s'affranchir de toutes ces contraintes dans nos vies réelles.
Ca a le mérite de nous amener à nous interroger cependant, en mettant à distance certains paramètres qu'on a peut-être tendance à aborder uniquement sous la forme d'éléments indépassables...
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Aki
le jeudi 03 octobre 2024 à 17h19
GeorgyPorgy
... j'ai trouvé le message un peu "bourgeois" & donneur de leçon.
+1. J'ai trouvé le propos malaisant et la logique sous-jacente un peu "tordue", sans vraiment réussir à définir pourquoi.
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Nouna
le vendredi 04 octobre 2024 à 12h30
Ça me donne envie de la lire quand même. C’est vrai qu’on peut s’interroger : si le sentiment Amoureux est si fort, n’est-ce pas lié à des questions matérialistes finalement ? Ou d’anciennes considérations matérialistes ?
Cette sensation de « mourrir » lors d’une séparation, n’est-il pas lié au fait qu’à un certain moment, pour les femmes en tout cas, mais peut être pour les hommes aussi, la séparation était un réel danger ? Danger pour la sécurité reelle, et matérielle.
Et effectivement maintenant dans notre société de consommation, et surtout dans une société où les individus peuvent survivre seuls, sans la contrainte de devoir se lier, c’est moins le cas, l’amour est moins vital, donc moins intense. Cela ne paraît pas déconnant comme idée… Et plutôt libérateur.
Dans les sentiments du prince Charles, elle traite notre rapport au sentiment amoureux comme une évolution de notre rapport à la religion, dans le sens où l’on porte ce sentiment au nues, que c’est le sujet d’une très grande partie des artistes, des films, des histoire. Avant, les histoires, l’art parlait souvent de Dieu, de son amour infini, de ses règles morales. Le premier sujet de culpabilisation était la religion. C’etait aussi un endroit où l’on trouvait énormément de joie, de l’extase, et c’était un endroit qui était un lieu de communauté, qui faisait le lien entre les gens. C’était le sujet le plus important. C’est vrai qu’on pourrait se dire que l’Amour a, ensuite, joué tous ces rôles. Peut-être qu’on est effectivement dans une période où le sentiment amoureux prend moins d’importance, comme l’a fait la religion à une autre époque, mais est-ce si grave ? Ou n’est-ce pas une forme de libération ?
C’est une idée comme ça.
J’ai bien envie de lire.
Message modifié par son auteur il y a 11 mois.
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Nouna
le vendredi 04 octobre 2024 à 13h09
Quand au fait que nous soyons sur un marché où il faut prouver notre valeur, est-ce regrettable ? Était-ce préférable quand on devait se mettre avec quelqu’un, même si il était sans valeur ? Inintéressant, pas sexy à nos yeux, ennuyeux, voir méchant ?
Moi je suis d’accord avec la phrase mieux vaut être seul que mal accompagné. Avant ce n’était pas une phrase imaginable.
Message modifié par son auteur il y a 11 mois.
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GeorgyPorgy
le vendredi 04 octobre 2024 à 14h52
Nouna
Ça me donne envie de la lire quand même.
Oui c'est pas déagréable à lire malgré tout, même si on n'est pas d'accord avec le point de vue - après tout c'est à ça que peuvent servir les livres, envisager des visions différentes de manière développée. Ca donne à réflechir... :)
Sur ton point sur le sentiment de mourrir lors de la séparation, je te rejoins - et c'est le principal reproche que je fais à ses arguments. Elle met en exergue le caractère ABSOLU de l'amour, qui devrait nous amener à nous laisser totalement embarquer alors que notre monde moderne nous amène à développer des stratégies de préservation & de maximisation (du confort, de la sécurité, etc.) individuelles.
Mais on est pas tous des artistes vivant une vie de bohème sans attache, prêt.tes à tout claquer du jour au lendemain pour laisser s'épanouir un nouvel amour.
De plus, j'ai du mal avec cette dichotomie qui ne dit pas son nom entre le confort & la sécurité qu'on arrive à bâtir au long cours avec quelqu'un ET la survenance d'un nouvel amour. Le discours qui dit que ces éléments sont inconciables, n'est-ce pas justement ce avec quoi beaucoup de gens se débattent, galèrent (dans ce forum a fortiori). Ca entretient cette injonction à la monogamie successive, alors qu'on pourrait, devrait essayer de dépasser ces endroits de souffrances
Ce "confort" de l'histoire pré-existante, c'est aussi un engagement de l'amour à un moment donné qui a sa valeur, qui mérite d'être entretenu, chéri & soigné - soyons fous, on peut même y être attaché pour de bonnes & belles raisons. Même si y'a pas le FEU PASSION PAPILLONS DANS L'VENTRE des débuts, être sensible à l'éthique du polyamour devrait aussi nous amener à reconnaître que son imparmence n'est pas le signe de sa perte de valeur.
Message modifié par son auteur il y a 11 mois.