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De l'influence de nos modèles familiaux sur nos fantasmes relationnels.

Famille
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artichaut

le lundi 12 juin 2023 à 18h18

Cette phrase de @Siestacorta tiré d'un autre fil

Siestacorta
On a souvent un passé mono, des parents monos, une culture mono... Difficile d'avoir complètement fait table rase.

(c'est moi qui souligne)

…me trotte dans la tête depuis quelques jours, et connecte à une idée qui germe en moi depuis longtemps.

J'ai le sentiment qu'on a tendance à très largement sous-estimer l'importance de nos modèles familiaux passé, à savoir principalement le modèle parental dans lequel on a été élevé, souvent similaire au modèle de toute la chaîne des générations précédentes.

Nous avons quasiment toutes et tous grandis, été élévés, nourris, aimés, dans un contexte hétéro-monogame. Et ce a-minima les premières années de notre vie, dont ont sait qu'elles sont fondatrices de nos fonctionnements futurs, de nos matrice relationelles, de nos idées du bonheur ou d'une vie idéale.

Comment pourrions-nous balyer cela d'un revers de main ?

Bien sûr il y a aussi la culture mainstream impérialiste qui nous gavé au biberon depuis l'enfance de ses histoires à l'eau de rose lyophilisée, à travers ses séculaires histoires holywoodiennes & co, pour enfoncer le clou.

Mais j'ai le sentiment qu'on fait souvent l'impasse, ou en tout cas qu'on minimise grandement l'influence stricte de nos modéles familiaux/parentaux.

Qui ici peut prétendre en être détaché ? Se déconstruire, quitter la norme, prendre ses distances avec le modèle hétéro-patriarcal dominant de la culture dominante, soite, mais se détacher de l'idéalisation enfantine de nos modèles parentaux, je pense que pour la plupart, on en est très très loin.
Et ce même s'il y a eu divorce, rupture, décès, inceste et j'en passe. Le modèle probablement reste. Le fait qu'il ai pu mener à un échec (ou a une vie de renoncement et de misère affective) ne change rien à la force du fantasme de ce qui se serait vécu dans ces années là.

Est-ce que (par exemple) la NRE ne serait que ça : le fantasme de reproduire la rencontre de nos parents, qui a produit cet incommensurable fait qui a mené à nous donner naissance.
Sans cette NRE et cette amour au-moins-un-temps-mono, cette vie au-moins-un-temps-de-couple …pour la plupart nous ne serions pas.
Je grossis le trait, bien sûr, mais c'est pour mieux le rendre visible.

Comment avoir vécu une telle sécurité affective (parfois très courte, mais inneffaçable) et ne pas être tenté, même inconsciemment de la rechercher ?

Ce dont je veux parler, joue à un niveau en-deçà de notre conscience. Et en-cela me semble bien plus difficile à "déconstruire" que la simple influence culturelle sociétale (même si celle-ci a également agit très trop sur nous).

.
Bref, je pourrais continuer.
Mais je vais vous laisser donner votre avis, ou partager votre expérience personnelle.

Et je serais curieux de connaître des stat's, sur les modèles relationnels des rares enfants non-né·es d'un amour-monogame-ayant-fondé-couple.

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MPB

le lundi 12 juin 2023 à 19h10

Je ne sais pas si ma réponse est ultra pertinente, mais par rapport à cette histoire de NRE, je pense qu'il y a une part sociétale oui (parce qu'on te rabâche qu'au début tu DOIS ressentir les papillons, l'envie de ne voir que LA personne, de penser tout le temps à elle, et effectivement ça fait écho à toutes les comédies romantiques etc), mais est-ce que les hormones ne rentreraient-elles pas en jeu de manière encore plus appuyée ? Sûrement d'ailleurs pour pousser à la reproduction etc au final, ce qui me désole haha, mais je soupçonne les circuits de la récompense (avec dopamines, endorphines etc) de s'ajouter très fortement à cet effet "prince.sse charmant.e" avec envie de fusion et de n'être que deux.

Cependant, pour revenir un peu dans ton sujet, j'ai beau déconstruire au mieux toutes mes croyances sur le couple (à tel point que ce mot ne me parle plus tant), je ne peux pas m'empêcher de rester accrochée à cet idéal de relation qui dure pour la vie. Aujourd'hui, me séparer de ma femme serait un échec à mes yeux, alors même que je sais que non. Mes parents ont divorcé, et si petite je leur en ai voulu, aujourd'hui je comprends que c'était nécessaire et qu'ils sont bien plus heureux comme ça !!
Donc oui, certaines idées ont la vie dure, malgré le côté "lucide".
J'espère ne pas avoir tapé à côté dans cette réponse !

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artichaut

le lundi 12 juin 2023 à 21h35

MPB
Je ne sais pas si ma réponse est ultra pertinente, mais par rapport à cette histoire de NRE, je pense qu'il y a une part sociétale oui (parce qu'on te rabâche qu'au début tu DOIS ressentir les papillons, l'envie de ne voir que LA personne, de penser tout le temps à elle, et effectivement ça fait écho à toutes les comédies romantiques etc), mais est-ce que les hormones ne rentreraient-elles pas en jeu de manière encore plus appuyée ? Sûrement d'ailleurs pour pousser à la reproduction etc au final, ce qui me désole haha, mais je soupçonne les circuits de la récompense (avec dopamines, endorphines etc) de s'ajouter très fortement à cet effet "prince.sse charmant.e" avec envie de fusion et de n'être que deux.

Donc ça ferait 3 réponses pour la NRE !
Celle que j'ai évoqué (répéter inconsciemment des choses qui ont mené à notre propre naissance), les comédies romantiques (la part sociétale), et les hormones (lié à la reproduction).
Whaou. Tu m'étonnes qu'on ai du mal à s'en défaire…

MPB
je ne peux pas m'empêcher de … alors même que je sais

On est à fond dans le sujet.

Enfin, c'est probablement une variante du sujet.
Il y aurait la version qui agit inconsciemment (que j'évoque plus haut), et la version consciente (je sais, mais je ne peux m'empêcher de).
Fantasme conscient ou inconscient.

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bonheur

le mardi 13 juin 2023 à 08h54

Je me permets. Tout dépend du constat que l'on fait de notre éducation et des parents...
Si l'on constate que l'on a été élevé dans un climat heureux monogame, alors ce sera difficile de remettre en question ce qui se vit bien. Si l'on constate avec désarroi les dégâts causés, alors on remet en question (possiblement).
Je mets possiblement, car la faculté de se réinventer, de remettre en question, est-elle uniforme et universelle ? Je ne le crois pas. Ca oblige à s'aventurer en terrain inconnu, à découvrir et donc à s'insécurisé.
Dans mon cas, mon chéri de vie est la bonne personne, car avec moi, il a accepté d'explorer, de sortir du schéma. Il a fait le constat d'un épanouissement, d'une éclosion nouvelle et sa compersion se situe ici, je pense.
Après, il y a le "de naissance". Petite j'étais déjà plurielle sur mes amours. Ado j'étais "salope" et aujourd'hui je m'en fous. Adulte j'étais dans le moule jusqu'à ce que la peur me fasse sortir de ce moule. D'abord avec des dégâts (ce fut un choc psychologique), aussi avec ce sentiment intérieur, cette joie immense d'une libération.

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GeorgyPorgy

le mardi 13 juin 2023 à 10h33


J'ai le sentiment qu'on a tendance à très largement sous-estimer l'importance de nos modèles familiaux passé, à savoir principalement le modèle parental dans lequel on a été élevé, souvent similaire au modèle de toute la chaîne des générations précédentes.

Nous avons quasiment toutes et tous grandis, été élévés, nourris, aimés, dans un contexte hétéro-monogame. Et ce a-minima les premières années de notre vie, dont ont sait qu'elles sont fondatrices de nos fonctionnements futurs, de nos matrice relationelles, de nos idées du bonheur ou d'une vie idéale.


Mais j'ai le sentiment qu'on fait souvent l'impasse, ou en tout cas qu'on minimise grandement l'influence stricte de nos modéles familiaux/parentaux.


Comment avoir vécu une telle sécurité affective (parfois très courte, mais inneffaçable) et ne pas être tenté, même inconsciemment de la rechercher ?

@artichaut

Je mets en exergue quelques unes de tes phrases que je trouve particulièrement justes.

Pour ma part, j'ai grandi dans le cadre de ce fameux modèle que tu décris, de ma naissance à mes 20 ans (quand ma mère est décédée).

J'ai grandi avec la perception (non "pensée") que mes parents étaient un couple globalement heureux & amoureux, malgré les difficultés de la vie.

C'est uniquement en devenant adulte & via certains bouleversements de la vie, que j'ai commencé à développer un regard différent sur ce passé, qui a comme tu le décris, contribué à forger ma conception (initiale) de la relation amoureuse, de ses motifs, le script, tout ça.

En me trouvant à l'approche de la quarantaine moi-même dans une situation d'adultère, puis dans une longue période réflexion profonde sur tout ça, je me suis mis à questionner le modèle familial, à remettre en cause l'histoire que je me suis raconté de leur histoire à eux.

J'ai appris des trucs via mon père, qui ont complétement modifié ma compréhension, mon regard sur ces 20 années - pas grand chose, mais assez pour que le déroulé global soit totalement chamboulé & ne tienne plus vraiment debout.

Il y a des situations très claires. Des couples qui s'aiment pour toute la vie, c'est éclatant & ça ne fait aucun doute même s'ils sont probablement rares sur un temps long. Des couples qui se séparent, divorcent - et c'est tout aussi clair. Mais entre ces deux situations, il y a tout un spectre de gens, d'histoires moins tranchées qui perdurent bon an mal an & ça concerne probablement une majorité (?).

Ce que je veux dire, c'est qu'en tant qu'enfant, puis ado, puis jeune adulte - si des éléments de vie ne viennent pas chatouiller l'état de fait, on ne soupconne pas ce qui se joue dans le couple de nos parents - en tant qu'entité autonome, pré-existante aux enfants & qui se prolonge après leur arrivée.

Aussi, en tant que parents, on "raconte" une certaine histoire à nos enfants, même involontairement via des attitudes, des signaux, des discours impensés . Ce que leur esprit, leur psyché, leurs expériences en feront nous échappe quelque part, si on n'y réflechit pas.

Papa à mon tour, je suis très sensible au fait de parvenir à donner de meilleures compétences à mes enfants pour leur permettre de grandir en comprenant * aussi * les difficultés émotionnelles de leurs parents dans une plus grande lucidité. Sans les accabler, mais aussi en leur montrant que tout ça c'est pas blanc ou noir, mais plutôt des pentes plus ou moins heureuses. Et qu'ils ont la capacité d'envisager les choses différemment. J'ai envie de leur épargner ce que j'ai eu à vivre, le questionnement & la remise en cause de ma propre histoire (en tant qu'enfant de mes parents), avoir à s'interroger sur quasiment toute une période "structurante" de ma vie.

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bonheur

le mardi 13 juin 2023 à 10h54

GeorgyPorgy
Papa à mon tour, je suis très sensible au fait de parvenir à donner de meilleures compétences à mes enfants pour leur permettre de grandir en comprenant * aussi * les difficultés émotionnelles de leurs parents dans une plus grande lucidité. Sans les accabler, mais aussi en leur montrant que tout ça c'est pas blanc ou noir, mais plutôt des pentes plus ou moins heureuses. Et qu'ils ont la capacité d'envisager les choses différemment. J'ai envie de leur épargner ce que j'ai eu à vivre, le questionnement & la remise en cause de ma propre histoire (en tant qu'enfant de mes parents), avoir à s'interroger sur quasiment toute une période "structurante" de ma vie.

J'avais oublié que nous étions parents, mon chéri de vie et moi-même. Dans une vie commune depuis 1986 maintenant. Je partage le discours de @GeorgyPorgy. Nous offrons à nos jeunes adultes un mode de réflexion hors sentiers battus et ils sont libres de mûrir à leur guise. Ayant été longtemps dans un schéma stéréotypé (de 1986 à 2007), je veux qu'ils ne soient pas comme je les ai élevé. Ce n'est qu'en 2011-2012 que je suis ouvertement sortie des normes. Ils ne dépendent pas de moi et surtout ne sont pas comme moi, ni comme leur père d'ailleurs. Ils sont qui ils veulent et peuvent.

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bidibidibidi

le mardi 13 juin 2023 à 10h55

Je vais me faire l'avocat du diable, mais je trouve qu'il y a des points très critiquables dans ton post :

1. Tu prêtes une compréhension adulte à l'enfant. Par exemple, mon grand père partait au travail très tôt et revenait très tard, mon père ne voyait son père que le week end et autant dire qu'il ne s'en occupait pas. En tant qu'enfant, il a été plutôt éduqué dans une famille monoparentale. Similairement avec les nounous, qui étaient hyper importantes pour les enfants de riches et pouvaient même supplanter les parents. Ces gens là seraient fondamentalement non monogames ? Ca ferait plus de non monogames qu'autre chose, vu que le modèle traditionnelle voit la mère comme seule éducatrice du jeune enfant.
2. Tu considères que l'évolution de l'image mentale de l'enfant se fait par accumulation. Rien ne dit que les connaissances acquises en bas âge restent telles quel. Il est fort probable qu'elles subissent des mutations et se mélangent avec les connaissances acquises après, ce qui expliquerait la difficulté qu'on a pour se rappeler de nos premières années, parce que dans nos têtes elles n'existent peut-être plus du tout.
3. La monogamie a à voir avec la sexualité. Je peux difficilement parler de la sexualité d'un enfant mais je pense qu'elle est très différente de celle d'un adulte, donc le lien entre la structure familiale et le choix sexuel est certainement impossible à faire. Ce ne sont donc pas les sensations de l'enfant, inconscientisée chez l'adulte, qui peuvent guider sa vie sexuelle.
4. On a jamais connu la NRE de nos parents, et rien ne dit qu'elle a existé.
5. Les émotions sont immédiatement accessibles aux bébés, très alertes sur ce qui se passe autour d'eux et qui n'ont pas les clés pour comprendre les comportements adultes. Donc je pense que les bébés perçoivent l'état du couple parental, la relation qui les lie, d'une manière émotionnelle avant de le percevoir d'un point de vue sociétal. Un couple qui va mal sera perçu comme tel bien avant qu'il ne devienne un modèle de monogamie. Et donc seuls les enfants élevés dans une couple monogame fonctionnel (et même hautement fonctionnel) pourraient avoir une idée originelle positive de la monogamie.

Je dis pas que tu as tort, parce que je suis incapable de savoir ce que comprend et perçoit un jeune enfant. Mais je pense que ta théorie est non prouvable. Et je t'avoue que ce genre de théories non prouvables qui vont lier l'adulte à l'enfant ont tendance à me faire froid dans le dos. Je suis pas un grand amateur de psychanalyse. On a, à mes yeux, cherché un peu trop souvent dans la nature ou chez l'enfant des causes et des raisons pour justifier un peu n'importe quoi dans notre société (et souvent pour justifier notre société tout court).

Message modifié par son auteur il y a 2 ans.

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bonheur

le mardi 13 juin 2023 à 11h53

J'ignore si cette vidéo est à la bonne place ?

https://videos.reseau-canope.fr/eduquercontrelerac...

L'identité, un vaste débat...

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artichaut

le mercredi 14 juin 2023 à 09h22

GeorgyPorgy
J'ai grandi avec la perception (non "pensée") que mes parents étaient un couple globalement heureux & amoureux

Oui, l'aspect perceptif non pensé, me semble important.
Ça agit ailleurs que sur la pensée, même si ça vient alimenter ensuite, aussi, la pensée.

bidibidibidi
Je vais me faire l'avocat du diable

Ça ne m'étonne pas !

Oui, la monogamie est un impensé. Pas que chez l'enfant ou le bébé ! L'adulte aussi baigne souvent longtemps dans cet impensé.
Je ne dis pas que le bébé analyse intellectuellement la structure monogame de ses parents et la valide pour son futur, je dis qu'au travers de nos premières années de vie, le les shémas monogames s'ancrent très tôt dans nos corps et nos structures inconscientes, tant affectives (la "bulle de bonheur" des débuts), capacitantes (la toute puissance infantile générée), que symbolique (c'est ce qui à donné notre naissance et notre éveil).
Bien sûr que tout ça n'est pas tout rose, et pas identique pour tout le monde. Mais la construction sociétale et culturelle viendra ensuite limer toutes ces petites aspérités, pour en faire un souvenir idéalisé, donc un futur désirable.

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