Qu'il est étrange de dire "je t'aime, à dans 3 jours"
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Chupapink
le jeudi 20 novembre 2014 à 21h51
Les jours passent, les semaines et une sorte de vie parallèle s'installe par rapport à celle que nous avions auparavant. Quel chemin depuis le mois d'avril ! Mais sommes-nous vraiment partis pour une autre vie, plus libre, plus honnête, plus ouverte ? Je pense que oui, mais des doutes et des interrogations se posent toujours quelques fois.
On m'a demandé si je considérais que nous étions toujours un couple. Ce à quoi j'ai d'abord répondu par un joli "blanc" et ensuite par un "je pense que oui mais plus dans le sens du couple rien que nous deux". Nous sommes toujours un couple puisque nous continuons à gérer l'intendance ensemble, à nous occuper des enfants, à sortir ensemble et à avoir des relations ensemble. La seule différence avec avant c'est que nous ne vivons plus sous le même toit. Certes pour certains voir beaucoup de gens, ce petit détail signifie énormément, mais plus pour moi. Pourquoi faut-il finalement décréter vivre sous le même toit pour s'aimer. Chez nous, l'un n'empêche pas l'autre. Et puisque c'est vivre sous le même toit qui nous a repoussé à nos limites du supportable, autant se voir et profiter quand on en a envie maintenant. Il me dit que je suis bizarre d'avoir opté pour cette théorie, mais profite aussi bien que moi de ces moments passés ensemble. Des questions ou même des discussions que nous ne nous posions pas avant, entrent dans nos conversations. La liberté d'expression prend tout son sens depuis quelques mois. Et ce dialogue qui s'est installé a, en quelque sorte, sauvé notre couple. Finalement ça aura eu du bon d'être entêtée !
Aujourd'hui je suis bien dans ma tête, bien dans mon corps. Les projets récemment disparus, reviennent en petite quantité. Je me projette dans mon futur chez moi (une fois la maison vendue), et bizarrement je n'y trouve rien d'étrange ou de "pas normal". Reste à lui faire comprendre que je ne l'en aimerais pas moins parce que je n'aurais plus besoin de lui matériellement. Il ne veut pas en démordre : une fois autonome, je vais forcément m'éloigner de lui. Une vraie tête de mule. Alors j'ai décidé de faire abstraction de ses craintes, la vie avance et je veux la croquer. Mon nouveau boulot commence à prendre de l'envergure, je me suis lancée dans de nouvelles rencontres (voir le 5 décembre à Rouen) en découvrant qu'un membre du forum était comme moi un peu seul en Normandie. Et puis je viens toute seule au prochain café poly à Paris. La dernière fois mon homme n'est venu que pour me faire plaisir, et là je ne peux plus supporter ce "sacrifice" de sa part. C'était juste pour être avec moi. L'idée de base est bien charitable mais s'il vient je préfèrerais que ce soit pour les sujets abordés. Perso, j'aime ces rencontres, découvrir les "autres" et leurs histoires, me sentir moins seule tout simplement.
Et puis, il y a la vie de tous les jours. Routinière : enfants, boulot, enfants, boulot. Mais deux soirs par semaine, c'est tendresse et câlins qui reviennent. Ceux-là même qui avaient disparus de notre vie. Plus besoin de faire "semblant", ce sont les vrais sentiments qui ressortent, ceux qu'on avait cru disparu mais qui, devant le risque de tout perdre, ont refait surface avec plus de force. Alors, on s'appelle des fois juste pour entendre l'autre, on s'envoie des sms pour se souhaiter bonne nuit (même s'il est avec elle), et on se dit à demain. Des fois le lendemain c'est pour se voir, des fois c'est plusieurs jours après. Donc on se dit : "à dans 3 jours" avec deux petits mots au bout "je t'aime". Deux petits mots qu'il ne disait plus non plus, mais qui sont aussi revenus comme tant d'autres choses. Des petites choses qui finalement suffisent à être heureuse une fois soustrait les douleurs causées par le doute, l'abandon, la trahison, la jalousie, la rancune.
Mon coeur se sent plus libre d'aimer maintenant ...
Message modifié par son auteur il y a 8 ans.
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Chupapink
le jeudi 20 novembre 2014 à 23h57
Merci beaucoup, j'avais envie de partager où j'en étais. Ça permet aussi de faire un peu le point dans sa tête et de savoir où on en est vraiment. En écrivant ce que je ressens, je me sens mieux car je constate par moi-même que tout ça n'est pas juste une solution pour ne pas perdre mon homme, mais une ouverture de vie qui n'était pas envisageable au départ. Et le "pourquoi pas" prend beaucoup plus de place de jour en jour.
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Juliejonquille
le vendredi 21 novembre 2014 à 09h49
Je suis très heureuse à te lire, merci pour ce beau témoignage et ces nouvelles. Je vois que vous avez fait du chemin et ça me fait plaisir par rapport à tes premiers messages.
Chez moi, c'est vraiment du sur-place et j'ai même la tentation d'abandonner, de faire machine-arrière, de me renier.
Comme toi, je viendrai au prochain café-poly (mais celui de Lyon) sûrement seule car mon mari vient pour me faire plaisir ou par curiosité intellectuelle (oh, quel beau sujet de roman ça ferait !). S'il vient ce sera pour lui, pas pour me faire plaisir, me chaperonner ou autre...
C'est vraiment un peu énervant de sentir que l'autre se force pour nous faire plaisir. Peut-être est-ce que je suis trop volontaire, que j'impose sans le savoir ? Gros sujet de développement personnel : ne pas infantiliser l'autre et influencer ses décisions.
Message modifié par son auteur il y a 8 ans.