[Texte] « Amour libre, vraiment et après ? » sur le blog "Le cri du Dodo" (lien périmé)
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hosti (invité)
le jeudi 22 août 2013 à 04h05
Ben si tu relis bien l'article bohwaz, tu verras que ça prend l'exemple des milieux squats/anars (ça part d'un vécu) mais que le constat du manque d'intimité est plus général. Il me semble pas que le fait de pas avoir d'intimité ou une chambre à soi (ou un lit à soi) soit un problème andogène au milieux squats ou mêmes aux anarchistes. C'est quelque chose qu'on retrouve chez la plupart des gens. La plupart des gens, en particulier les femmes; sont dans le partage "contraint" d'un lit ou d'une chambre. Que la contrainte soit économique, "amoureuse" (le couple, la famille), ou simplement par commodité : les gens ont peu d'autonomie individuelle et d'intimité dans nos sociétés. Justement l'idée c'est -je crois- de faire le lien entre ça et la société dans laquelle on vit. La "tradition" se poursuit par contrainte économique etc. La plupart des gens partagent des lieux petits par commodité et manque de ressources et d'espace. Ce qui facilite (voir rend possible) toutes les formes de domination ou de violence dans l'intimité ou la "vie privée".
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Un anarchiste (invité)
le mardi 05 novembre 2013 à 19h33
Le problème MetaZet, quand tu dis ça :
"Non, c'est une philosophie éthique ("chacun a le droit de faire tout ce qui n'empêche pas autrui de jouir du même droit") avec des conséquences politiques (gouvernement limité à la défense du "droit de faire tout ce qui n'empêche pas autrui de jouir du même droit")."
C'est que cette définition que tu donnes du libéralisme est elle aussi tendancieuse et idéologique, ou plutôt idéaliste dans la mesure où cette liberté libérale est purement abstraite. Elle n'est pas un droit de fait et n'existe donc pas pour tous les gens qui ne jouissent pas des mêmes ressources, du fait de "posséder un capital" ou diverses formes de propriétés privées. C'est à dire en fait pour la majorité. Cette proposition philosophique n'est "réaliste" que pour la minorité qui possède stabilité et autonomie économique, financière, psychologique et relationnelle, des ressources, et donc une forme ou une autre de capital. C'est à de l'espace et du temps. Pour les autres, c'est dans le meilleur des cas un "privilège" temporaire : il faut travailler pour remplir le frigo, nourrir les enfants ou entretenir un parent à charge, payer le loyer et les factures. Ou alors il faut être prêt à contourner la loi donc par exemple en vivant en squat, ce qui encore une fois n'est dans le monde dans lequel on vit qu'une solution temporaire (comme le relève l'article) soumise à des risques de précarité et de soucis avec la justice.
Le droit et l'Etat empêchent donc les plus pauvres ou même la plupart des gens qui ne possèdent pas grand chose de jouir des "mêmes droits" (temps et surtout espace en quantité parfois astronomique, et généralement de bonne facture et de bonne qualité) dont bénéficient les détenteurs du pouvoir et du capital. J'y vois plus d'une contradiction dans la définition que tu donnes de la liberté associée au libéralisme.
Dans ce jeu de quilles, les personnes les plus dépossédées lorsqu'elles sont en plus pauvres du fait même, et en plus donc, d'autres contraintes oppressives et donc "circonstanciées" qui se sur-ajoutent. Ce qui veut dire plus de travail, plus de galères, plus de violence sociale et donc moins de temps et moins d'espace.
Je crois que l'objet de ce texte c'est justement de faire le constat que la société dans laquelle on vit ne permet pas vraiment (ou pas complètement) l'amour libre pour la majorité des gens : qu'il faut donc la changer radicalement. Ou alors on considère que c'est un privilège et que c'est très bien comme ça. Ce qui n'est pas mon cas. Après si on doit employer les grands mots, il me semble qu'une révolution sociale, c'est autant un processus "objectif" -c'est à dire un bouleversement des structures sociales et un renversement du pouvoir et des privilèges- qu'un phénomène "inter-subjectif" : c'est à dire où les individus se changent eux-mêmes en inventant de nouvelles manières de vivre et d'établir des rapports sociaux.
Peut être donc que critiquer l'amour dit "libre" et se demander si les mots ont encore un sens (c'est à dire pourquoi pas de le réaliser pleinement, si on pense que ça vaut la peine), et remettre en cause certaines évidences, c'est déjà entrer dans une démarche où on remet en cause le monde qui nous entoure.