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Représentations sociales ou psychologiques

(Hors sujet)
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demeter

le lundi 05 novembre 2012 à 09h12

Bonjour,
Il y a un débat qui revient régulièrement sur le forum et dans le « discours social » généralisant qui crée une dichotomie entre un soi disant développement personnel, une recherche de quelque chose de vrai, et une coercition de la société qui tendrait à opprimer, à restreindre ce champ de développement personnel par des normes sociales extérieures à l’individu tout en exprimant rigoureusement le contraire par le discours qu’il véhicule. Quelque chose qui ressemblerait à une injonction paradoxale entre le soi toi-même, écoute toi, tu es responsable de tes actes, ne rejette pas la faute sur les autres, ton bien être ne dépend que de toi, mais conforme toi à cette injonction sociale.

Si l’on en croit Erich Fromm, (merci bouquetfleuri de me l’avoir fait découvrir), l’aliénation du travail et de sa valeur serait responsable de la marchandisation de nos personnalités, en substituant à la recherche de la satisfaction de nos besoins fondamentaux (physiologiquement limités), de « l’être », la recherche d’une accumulation de biens, d’un « avoir » (potentiellement illimité) qui aurait valeur pour définir notre bien être et notre idéologie, avoir concernant également la possession des personnes que l’on aime et définissant par extension les rapports amoureux.
L’intellectualisation de nos discours nous couperait de nos « véritables » sentiments, en leur substituant une grille (sous entendu fausse).

Selon un autre discours, le plus présent celui là, en dehors de quelques « communautés » d’idée qui reste marginales, l’homme se caractériserait par sa capacité à raisonner et vivrait dans monde intellectuel et rationnel, ce qui le différencierait des animaux (pauvres êtres vivants inférieurs) qui ne vivraient que dans la sensorialité et l’affectivité. Qui n’a pas entendu cette distinction faite par l’entourage dans le cadre d’amour pluriel entre le choix de la raison (qui est cependant mal vu, triste, mais moral, soumis aux dogmes de la société) et le choix du cœur (qui serait passionné, plus susceptible de témoigner d’un véritable amour, d’un « développement personnel », mais immoral). Selon le pont de vue sociologisant ou psychologisant, les débats s’installent entre les défenseurs d’une solidarité qui disparaîtrait et les tenants des bienfaits d’une individualisation (qui se veulent tout autant solidaires mais ne sont souvent pas perçus comme tels). Différence de conception à la base de nos représentations, selon que l’on se considère dans un milieu constitué de personnes reliées entre elles, soumises à un réseau de représentations, ou juxtaposition d’individus qui décident de leur interrelation, en fonction d’un hypothétique libre arbitre.

Je viens de lire cet article :
www.cairn.info/revue-travailler-2003-1-page-19.htm
qui propose une approche intéressante à mon sens, en tout cas qui me donne à réfléchir, parce qu’elle permet de s’approprier un autre discours, ou du moins de le nuancer. Cela me fait un peu penser à celle de Cyrulnik qui suppose que la verbalisation de nos rites et de nos histoires de vie est une aventure que l’on ne cesse d’écrire. Pardonnez moi mes raccourcis et mes imprécisions qui pourraient certainement heurter quelques uns dans ce bref exposé de mes réflexions. Je suis curieux et intéressé par vos réactions. Merci.

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butineuse

le lundi 05 novembre 2012 à 09h48

Merci demeter pour toute cette matière à réflexion....

Personnellement, je pense que la société cherche à dicter les actes et aussi les sentiments à avoir (comme très bien dit dans l'article, il faut avoir l'air joyeux à un mariage et triste à un enterrement même si au fond de soi on ressent des émotions inverses) dans un souci de maîtrise constante. S'écarter de ces "règles", c'est risquer le chaos et au-delà, peur suprême, la mort. Il s'agit alors d'un mouvement inconscient qui vise à figer ce qui est, à cause de peurs majeures qui agissent comme des rétrecisseurs d'horizon.....
S'écarter de ces normes, proclamer une différence, ne pas se conformer représentent alors des actes courageux.......mais sont des menaces pour ceux qui n'osent pas........les confrontant à un ébranlement de ce qui est figé, à une mise en danger de la maîtrise qu'ils tentent de sauvegarder.

Belle journée à toi, à vous....

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xylopyromax

le jeudi 08 novembre 2012 à 02h14

Quelques réflexions en vrac… (je n'ai pas eu le temps de finir l'article du cairn, mais il y a là de la matière, assurément).

J'ai parfois été triste a un mariage et joyeux a un enterrement et ça ne m'a jamais posé de problème. Cela ne choque pas forcément outre mesure, dès qu'on se sent en accord avec soi-même et qu'on peut expliquer ce qu'on ressent à ceux qui le demanderaient. En général, bien sûr, personne ne le fera, mais froncera plutôt les sourcils. Il s'agit donc de ne pas le montrer trop ostensiblement (ça serait une forme de crânerie), et dans une certaine mesure, ça passe très bien. Tout est question de bienveillance. Ça ne veut pas dire non plus qu'il est interdit de se moquer lors d'un discours ennuyeux, mais dans ce cas, on prend le risque de déranger des individus, de choquer sans être compris, ce qui est inutile le plus souvent (pas toujours). Il y a clairement une limite difficilement franchissable sans être mis dehors pour trouble de l'ordre public. Ça peut être néanmoins un objectif valable dans certains cas. Mais tant que ça se passe discrètement, je dirais même que ça rassure de voir que quelqu'un puisse extérioriser un peu ces sentiments contradictoires que chacun porte en soi. Donc le problème chez nous n'est pas tant sociétal qu'individuel. Il rejoint ce que Don Miguel Ruiz appelle le «  mitote», le brouillard, dans les quatre accords toltèques. Ce brouillard est formé des voix des autres, donc c'est l'écho de la société toute entière, et c'est ce qui altère profondément notre jugement intérieur.

L'espace d'intervention est toutefois ténu. Comme dit «  butineuse», proclamer est un acte courageux. C'est parfois indispensable, quand on se sent acculé, mais c'est parce qu'on a plus le choix et que c'est la question de ne pas être écrasé. Mais est-ce toujours nécessaire? Je crois qu'il existe un espace où on peut toucher sans tout bousculer, car le problème des comportements révolutionnaires, c'est qu'ils sont souvent égocentriques (MOI je vous dis que…). Suggérer est un moteur plus puissant car il préserve la liberté de l'autre de recevoir ou non le message. Notre société est normative, mais pas autant que d'autres, qui emprisonnent, mutilent, lapident et pendent pour toute forme de déviance. Alors de quoi avons-nous peur? Somme-nous coupés de nos fondamentaux à ce point?

Comme la société n'est finalement que la somme de tous ces comportements individuels, il suffirait que chacun puisse jouer avec ce petit espace de liberté en poussant les murs pour qu'elle évolue en douceur. Ça paraît pas gagné mais c'est ce qui se passe par le renouvellement générationnel, sauf qu'on sait pas trop où ça va. On peut juste espérer qu'il y ait un sens plus juste et qu'il devienne majoritaire (ouch, c'est vague, ça… tout le monde peut espérer ça, désolé).

Quant au paradoxe entre le développement personnel et l'injonction sociale de le faire, il existe effectivement. Ça ressemble bien au fameux paradoxe «  sois spontané» mettant en scène une double contrainte. D'une certaine manière, l'injonction est donc inhibitrice. C'est comme si la société, par le simple regard que ses acteurs portent sur eux-mêmes, normalisait le processus d'extraction de la norme, et m'amènerait à penser que puisque le développement personnel devient à la mode, et que je cherche à m'individualiser, je ne le pratiquerai pas. C'est effectivement redoutable et la seule manière de s'en sortir à mon avis est d'ignorer le discours dominant, de réduire le robinet médiatique, et donc de s'échapper d'un cadre social globalisant et «  d'écouter son cœur». Cependant, il faut donc être déjà un peu libéré, hors cadre, un minimum conscient, pour devenir plus libre encore. Ça s'apprend, et pas à l'école. Ce «  bootstrapping» est néanmoins possible à tout moment car trouver son propre chemin est étranger à toute normativité, se pratique un peu par accidents, et ne peut être fait que dans le cadre de sa propre singularité. Même si chacun le pratique, chacun le fera différemment et il suffit d'accepter que devenir soi-même est un processus aussi naturel que de respirer, et qu'on ne peut s'y soustraire durablement sans souffrir intérieurement, et qu'il n'est nul besoin de faire des stages pour cela (même si ça peut aider). Tout le monde trouve normal de respirer et personne n'attend de la société de nous dire comment le faire (même si là aussi, respirer peut se réapprendre).

Ce qui est à posteriori effrayant, finalement, c'est de se dire qu'être simplement soi-même était devenu socialement contre-nature. Ça s'appelle du totalitarisme, ça rejoint aussi le «  monstre doux» de Raffaele Simone, mais je pense qu'il a néanmoins du plomb dans l'aile, nos consciences n'étant pas si endormies que cela et se réveillant collectivement et très progressivement, enfin, je crois. Mais peut-être que je rêve un peu.

Enfin, la démarche de l'épanouissement personnel n'est en rien individualiste, puisque notre singularité est réinjectée dans le corps social tout en s'en nourrissant. C'est à partir de là, je pense, que le lien social prend tout son sens, et s'affirme par la multiplicité des échanges. Ce qui crée et entretient le conformisme totalitaire, en définitive, c'est la peur de se retrouver seul car rejeté, et rien d'autre, et ça devient une émotion socialement auto-générée, bizarrement construite sur l'idée de sécurité matérielle excluante, d'ailleurs. De plus, en attribuant de la valeur à tout, par le biais de la marchandisation, on en arrive à croire que l'échange social est sans valeur aucune, alors que c'est tout le contraire.

Work in progress, anyway… il y a beaucoup à discuter là-dessus.

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Plusssdamour

le jeudi 08 novembre 2012 à 10h29

Work in progress, anyway…

Waouh, xylopyromax....

j'approuve (+)

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