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Soissons (France)

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Discussion : Célibataire et pas là pour les contes de fées

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Topper

le dimanche 07 septembre 2025 à 11h01

Bonjour @carole,

carole
Oui, je suis célibataire… et pour être honnête, je ne crois pas vraiment en l’amour romantique à la «  happy ending ». Les histoires parfaites, les âmes sœurs instantanées… tout ça me fait sourire. 😏

Je ne crois pas du tout en tout ça. Pour moi, c'est joli, c'est mignon, c'est naïf. C'est de l'enrobage intellectuel pour sacraliser la relation amoureuse. C'est à dire lui donner quelque chose de l'ordre du mystique, pas explicable, qui nous dépasse et nous relie à l'autre malgré nous. Comme on ne contrôle pas ce qui est "au-dessus de nous", cela permet aussi de justifier des comportements jugés impulsifs, immatures, irraisonnables, violents, répréhensibles et immoraux. Nos oeuvres culturelles mettant en scène l'amour sont bourrés de ça.

Mais je ne rejette pas l'amour comme quelque chose de beau pour autant.

Il y a quelque chose de complexe dans l'attirance que l'on peine à expliquer scientifiquement. J'ai notamment vécu plusieurs coups de foudre dans ma vie et c'est une expérience à la fois euphorisante et surprenante. Pour moi, ce n'est pas de l'amour mais beaucoup aiment le lier à ça et je comprends que ça puisse évoquer quelque chose de surnaturel.

Sans aller jusqu'à un sentiment aussi bouleversant, l'amour est précédé par une attirance qui est la plupart du temps compliquée à expliquer, en particulier en ce qui concerne l'attrait physique. On peut parfois se surprendre à être attiré par une personne qui ne correspond pas à ce qu'on imaginait être "notre genre", ou alors être sidéré par la rapidité de cette attirance. Comment c'est possible que au milieu d'un groupe, mon attention soit instantanément focalisée sur cette personne que je n'ai jamais vu auparavant ? Il y a tellement de paramètres qui entrent en jeu. Et pourtant, le cerveau a effectué une analyse d'une rapidité totalement déconcertante. Cela ne me surprend pas que chez beaucoup de personnes, ce genre de situation amène à y voir quelque chose d'extraordinaire.

En ce qui me concerne, je crois en l'amour comme une attirance vers l'autre, puis le fait d'aimer cette personne comme elle est, l'admirer sous certains aspects, vouloir l'avoir prêt de soi et partager sa vie avec (que ce soit en continu ou en pointillé). Il y a pour moi quelque chose de beaucoup plus intellectuel et conscient que l'attirance simplement physique. Cela n'empêche pas que ça peut se concrétiser par l'envie de "fusionnalité" par le contact physique et sexuel.

Et justement, en parlant de sexe, je trouve que de manière générale cela peut être excitant et stimulant sans amour. Mais lorsqu'il y a de l'amour, ça prend une dimension incomparable.

Je n'y vois rien de parfait et c'est selon-moi quelque chose qui s'entretient pour le faire durer.

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Discussion : Equilibre entre soi et les relations

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Topper

le samedi 06 septembre 2025 à 09h55

Je voudrais rajouter quelque chose dans mon propos car en rédigeant, j'ai omis de faire passer une réflexion qui me parait importante.

Topper
Ce que je te donnerais comme conseil, c'est tout d'abord de ne pas chercher à équilibrer à part égale pour éviter les sentiments d'injustice. C'est ce qui peut sembler le plus simple pour éviter les jalousies. Toutefois ça ne fonctionne pas car ça n'empêche pas l'un ou l'autre de considérer qu'il mérite plus que 50% de ton temps (ou 33%, ou 25%, etc. selon le nombre de partenaires).

Lorsque j'ai débuté, j'ai cherché à faire ça au maximum. Je voulais de cette manière éviter les jalousies. "J'ai vu l'une, il faut que je vois l'autre maintenant, et ainsi de suite."

En agissant ainsi, je me disais que ce n'était pas possible qu'on me reproche de privilégier l'une ou l'autre puisque chacune était traitée de la même manière. C'est peut-être le cas en surface. Effectivement, dans la logistique, cela pouvait sembler totalement équilibré. Pourtant, dans la réalité les relations sont différentes et une égalité parfaite est illusoire.

En adoptant cette façon de faire rigide pour contenter tout le monde, je me forçais donc à être avec l'une alors que j'aurais préféré à ce moment là être avec l'autre.

Je faisais ainsi en sorte de ménager les émotions de chacune au détriment de mes propres envies que je n'écoutais pas. En plus de ça, je ne trouve pas ça correcte vis-à-vis de la personne avec qui je suis. Je suppose qu'elle a envie que sois là pleinement et parce que j'en ai envie, pas juste pour faire plaisir.

Je ne dis pas que tu as un fonctionnement similaire, mais c'est pour mettre en évidence que ton envie entre en ligne de compte et a plus d'importance que tu ne l'imagines pour prendre ta décision d'être avec l'un, avec l'autre ou seule.

Si tes partenaires t'aiment, ils devraient vouloir que tu sois heureuse et contente d'être avec eux. Cela passe donc par le fait que prennes en considération tes propres envies. Si physiquement tu es là mais que dans ta tête tu as envie d'être ailleurs, ça n'en vaut pas la peine. Pour personne.

Attention aussi aux concessions. Parfois ça permet de trouver un entre-deux satisfaisant. Cela peut aussi faire en sorte qu'au final personne ne soit satisfait. Par exemple, au lieu d'accepter un prolongement de séjour, qui sera de toute façon trop long pour toi et de toute façon trop court pour lui, tu peux dire "non" et proposer un séjour plus long à un autre moment pour compenser. Mais cette fois-là, tu en auras vraiment envie, tu auras pu anticiper et t'organiser en fonction de ça.

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Discussion : Equilibre entre soi et les relations

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Topper

le vendredi 05 septembre 2025 à 14h45

Bonjour @Layri,

Tu fais face à une difficulté inhérente à la vie polyamoureuse : le temps et l'énergie ne peuvent pas se démultiplier. Tu ne peux donc pas satisfaire tout le monde, et répondre à chacune des envies pour faire plaisir.

Ce que je te donnerais comme conseil, c'est tout d'abord de ne pas chercher à équilibrer à part égale pour éviter les sentiments d'injustice. C'est ce qui peut sembler le plus simple pour éviter les jalousies. Toutefois ça ne fonctionne pas car ça n'empêche pas l'un ou l'autre de considérer qu'il mérite plus que 50% de ton temps (ou 33%, ou 25%, etc. selon le nombre de partenaires).

Ce serait aussi ne pas prendre en compte ce dont toi tu as vraiment envie. Si tu as plus envie d'être avec l'un qu'avec l'autre à ce moment là, ou tu as plus envie de partager telle activité avec l'un qu'avec l'autre, c'est normal de privilégier quelqu'un à certains moments. C'est quelque chose qui est un fondamental pour te prendre en compte et ne pas vivre tes relations en ne faisant que répondre à des demandes.

Enfin, ce ne serait pas prendre en compte un temps que tu voudrais ne consacrer qu'à toi. Cela peut être aussi quelque chose d'important pour certaines personnes.

Je pense que le meilleur moyen pour éviter que chacun tire la couette vers lui, c'est d'imposer tes choix personnels.

Cela passe par plusieurs choses :

- Ecouter ce qu'on te propose et demande pourquoi. Le pourquoi peut faire pencher la balance dans ta décision. Par exemple, si la personne veut un séjour plus long juste pour que ce soit plus long, ça ne va être un argument significatif pour toi. Si c'est parce que à telle date, il y a un évènement qu'il veut partager avec toi, ou si c'est pour partir quelque part, ça peut jouer sur ton envie. Cela peut aussi être simplement parce que tu lui manques, que ça fait longtemps que vous ne vous êtes pas vus... peu importe. Ce qui compte, c'est que la raison a du sens pour toi et qu'elle correspond aussi à ton envie.

- Egalement proposer des choses ou faire des contre-propositions, pour ne pas être toujours celle qui suit et qui rapplique quand on la siffle. Tu as forcément des envies à toi. Quand on a pas l'habitude, c'est très compliqué à aller chercher et difficile à exprimer. Cela se travaille et ça se fait petit à petit en commençant par de petites choses qui peuvent sembler anodines (imposer une heure pour se retrouver, la composition d'un repas, l'ordre des activités, etc.). Effet bonus : ça peut avoir un effet bénéfique sur l'expression des envies sexuelles et du non-consentement.

- Enfin, lorsqu'une décision est prise, t'attribuer ce qui a été décidé. Si il y en a un qui veut te voir 7 jours, que tu as envie que ce soit 7 jours, tu as tes raisons. C'est ton choix à toi. Tu ne le fais pas pour faire plaisir, mais parce que tu en as envie. Etant donné que ça devient ton choix et non la réponse à une demande, l'autre ne peut pas contester ta propre envie. C'est la tienne. Il n'y a pas de débat à avoir. Si il n'est pas content, c'est la même chose.

Layri
J'ai peur de les décevoir, peur d'être trop égoïste.

Je comprends cette peur, mais tu n'as pas du tout l'air d'être égoïste. Bien au contraire, tu sembles apporter beaucoup d'importance à satisfaire tout le monde et te faire passer après. C'est plutôt le contraire d'être égoïste. Dans ce contexte, le moindre choix que tu imposes te fait te sentir égoïste parce que tu donnes l'impression de ne pas prendre en compte les désirs de chacun. Il faut néanmoins relativiser et prendre la situation dans son ensemble. Sur une fois où tu imposes ton envie, combien de fois tu te plies aux envies des autres ou fait des concessions.

Pour ce qui est de décevoir, il n'y a pas à en avoir peur parce que c'est normal et surtout ce n'est pas que de ton ressort. Il faut tenir compte de plusieurs choses à ce propos.

Les attentes non exprimées de l'autre, c'est à dire qu'il va avoir envie de certaines choses mais ne pas te le dire, peut-être parce que c'est pas dans son habitude ou ce n'est pas assumé. Comme c'est pas dit, tu ne peux pas savoir, et ça provoque une déception. Tu peux ne même pas comprendre pourquoi l'autre est contrarié.

Il y a aussi les attentes trop nombreuses. Forcément, plus l'autre as des attentes, moins tu es capable de répondre positivement à toutes, et cela crée de la déception.

Il y a les attentes trop compliquées. Par exemple si tu vois quelqu'un le vendredi, tu as le samedi de libre et le dimanche un déjeuner de famille. L'autre veut te voir le samedi, c'est 24h de ton temps. Cela peut sembler pas grand chose de son point de vue. Lui, il ne fait rien le vendredi et le dimanche. De ton point de vue, ça implique plein de choses : ne pas trop tirer sur la corde vendredi, enchainer le samedi avec des heures de trajets, puis même chose dans l'autre sens le lendemain, et tu te reposes quand exactement ?

Enfin, les attentes irréalistes. Par exemple, tu dis que t'as pas le temps parce que tu dois travailler sur un projet et malgré ça on te propose quelque chose. Ou alors tu as des obligations et on te demande de t'organiser autrement pour prolonger un séjour. Là encore, cela génère de la déception. Ce n'est pas de ta faute. C'est la personne qui a des attentes incompatibles avec la réalité.

Tu n'es pas responsable des attentes des autres à part le fait que tu es une personne formidable et qu'on veut tout le temps ta compagnie.

A part devenir une personne médiocre, il n'y a pas d'autres solutions que chacun doit comprendre que tu es une personne à part entière, que tu n'existes pas pour répondre aux attentes de chacun et que chacun doit apprendre à gérer la frustration sans chercher à te culpabiliser comme des enfants de 8 ans.

Layri
Le souci c'est qu'à côté de ça j'ai Will qui est saoulé, parce qu'il trouve qu'1 semaine c'est trop long. Il ne comprends pas pourquoi je pars 1 semaine alors que j'avais dit 5 jours, il dit que je me fais mener par le bout du nez et que c'est la honte.

Je ne pense pas que le souci est que Will soit saoulé, parce qu'il trouve qu'1 semaine c'est trop long. Il a tout à fait le droit de penser ça. Comme il a le droit de ne pas comprendre pourquoi tu pars 1 semaine alors que tu avais dit 5 jours initialement. Et ça, à la limite il n'a pas forcément à comprendre car ça ne change rien à ton choix et tu peux éventuellement lui expliquer si tu en as envie.

Par contre, le souci c'est qu'il se permet de donner un avis extrêmement négatif sur toi et de comment tu gères ta relation. Et a moins que tu lui ais demandé son avis, ce n'est pas correct et potentiellement toxique. En faisant ça, il fait pire que ce qu'il insinue à travers son jugement.

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Discussion : Je me sens brisée

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Topper

le jeudi 04 septembre 2025 à 18h18

Bonjour @astrogirl,

Ce qui va suivre ne va possiblement pas être facile à lire mais je n'ai pas l'habitude d'être complaisant. Parfois ça plait parce que même si ça bouscule ça donne une autre perspective, parfois ça braque.

Je vais commencer par ton rapport à M. Tu la détestes car tu la vois comme l'obstacle principal à ta relation avec Q. Je comprends ce sentiment. C'est quelque chose de courant de désigner la personne extérieur à la relation comme étant source de difficultés. On voit aussi dans ce genre de configuration un rapport de force ou chacun semble chercher à imposer ses exigences au détriment de l'autre. La pensée que si cette personne n'était pas dans l'équation, cela résoudrait tout est une raccourci facile à emprunter.

C'est une pensée simple, séduisante et réconfortante pour soi, car ça permet de désigner une personne tierce fautive de l'échec. Cela a l'avantage d'exclure soi-même des causes, ainsi que le/la partenaire directe, souvent mise sur un piédestal et considérée comme une victime. Le problème est que ça génère un fort sentiment d'injustice et fausse une analyse correcte de la situation.

M est en relation avec Q. C'est une relation historique de 13 ans avec 3 enfants. On peut comprendre dans ce contexte que M a un certain poids dans les décisions que peut prendre Q, et ceci peu importe l'état de leur relation amoureuse. Il y a un passé et un lien fort.

Ce couple tente la vie non-monogame selon un parcours relativement banal : une tromperie, une envie d'ouverture de madame, elle s'épanouie dans ce nouveau mode de vie, monsieur en profite à son tour avec un certain décalage, finalement madame le vit mal et veut revenir en arrière, monsieur ne veut pas parce qu'il a morflé un certain temps et ce serait injuste d'arrêter alors qu'il commence juste à en profiter.

Une expérimentation sans déconstruction du couple monogame, donc forcément ça coince à plein de niveaux. Tu arrives dans ce contexte là. M et Q est en réalité encore un couple monogame qui transitionne doucement vers le polyamour. Le rythme de votre relation à toi et Q résulte des accords que M et Q ont mis en place pour permettre à votre relation d'exister. Il est important de réaliser que sans le concours de M, votre relation n'aurait sans doute pas existé, et certainement pas telle que tu l'as vécue.

Si Q avait forcé les choses et que M n'avait pas accepté, ils se seraient séparés dans un contexte déjà très compliqué, avec une bataille pour la garde des enfants et d'autres complications dans le même genre. Sans doute que dans ce contexte de bordel ambiant, il aurait eu autre chose à faire que de se focaliser sur votre relation, ou alors tu aurais été une relation "tampon", il aurait peut être voulu revenir dans une relation monogame, si ça avait été avec toi cela aurait quand même posé un problème avec ton désir d'ailleurs et ses enfants.

Tout ça pour dire qu'on peut reconnaitre ce qui a favorisé l'émergence et la continuité d'une histoire, tandis que les hypothèses autres n'ont aucune valeur car les chemins de vie prennent des tournures bien plus complexes que ce que l'on peut imaginer pour se rassurer.

Le fait est que M t'a fait une place, alors que c'était loin d'être facile et qu'elle était dans une évolution radicale de sa façon de relationner avec le père de ses enfants. Même si M était philosophiquement en accord avec le polyamour, cela ne veut pas dire que c'était quelque chose d'évident. Comme toutes personnes venant de la monogamie, elle a dû se battre avec des mécanismes complexes. Par exemple, cette journée en famille, qui se ponctue par une représentation au théâtre, un dîner à trois, et une nuit avec lui était un très bon souvenir pour toi. Pour elle qui est rentrée seule chez elle, je doute qu'elle ait une lecture aussi idyllique du moment.

En outre, il est bon de rappeler qu'elle a engagé ce processus après que son conjoint l'ait trompée, ce qui n'est pas le contexte le plus sécurisant pour naviguer sereinement dans la non-monogamie. Malgré ça, vous avez, toi et Q, bénéficié d'une fréquence de rencontres assez soutenue et très rapide. De ce qui semblait être la situation de M, elle parait avoir été plutôt arrangeante pour le développement de votre histoire. Au delà de ça, M reste une personne à part entière, avec ses propres intérêts. Elle n'agit pas contre toi. Pour elle, tu n'es qu'une personne extérieure, une relation de relation, au même titre que ce qu'elle est pour toi.

Tu as toi même tes propres intérêts selon les envies que tu as par rapport à Q. Etant au centre de la configuration, c'est à lui de gérer au mieux les besoins et envie de chacun et d'effectuer des choix en fonction de ses propres besoins et envies. Parfois, cela a été à ton bénéfice, parfois, cela a été au bénéfice de M ou de sa famille. En d'autres termes, tu n'es pas victime de M, tu as subi les choix de Q.

Maintenant, intéressons-nous à Q. Tromperie, forcing sur le polyamour, ce qui ne donne pas un contexte favorable à une situation stable, une compagne en souffrance, excessivement jalouse où il a sans doute une part de responsabilité. Toi-même, tu le trouves trop dur avec elle. Il quitte M alors qu'elle vit très mal une autre relation, suite à quoi elle tombe en dépression. Là encore, à plusieurs reprises tu trouves Q trop dur avec elle. Conflits avec lui. Lorsque tu sembles avoir un grand besoin de soutien de sa part, il n'est pas présent et se focalise sur une nouvelle relation. Mensonges à nouveau liés à cette histoire.

Si on se limite simplement à ça, tout le monde te dirait de fuir cette personne. Tu as mis les détails que tu as bien voulu mettre et ce qui t'a semblé intéressant à évoquer mais il y a sans doute bien plus de choses à ajouter au tableau.

Autre chose, selon-moi, dans un contexte de relations multiples, c'est très utile de s'attarder sur le comportement d'un ou une partenaire avec ses autres relations. Cela en dit beaucoup sur sa manière de gérer ses relations et éventuelles complications, car tôt ou tard, tu pourras être à la place de l'autre relation.

Si on poursuit ton récit, c'est une succession de choix de Q qui paraissent irraisonnés provoquant sans cesse des retours en arrière et une instabilité permanente qui impacte durablement tout le monde autour de lui. Le nombre de ruptures sans cesse avec les mêmes personnes est particulièrement signifiant.

Enfin, qu'il te propose un appel pour expliquer la situation, qu'il finit par annuler et tu restes sans nouvelles pendant 15 jours... qui fait ça ? C'est là tout le soin qu'il peut t'apporter ?

Et là, j'en viens à toi @astrogirl. Même si le début semblait merveilleux de ton point de vue, tout au long du récit, je ne vois qu'une relation se dégrader, avec beaucoup d'erreurs, à la fois de M, en particulier de Q. Par contre, en ce qui te concerne, tu sembles juste subir et souffrir. A te lire, on dirait que tu n'as aucune influence sur ce qu'il se passe, et tu ne fais que t'adapter à ce qu'on te propose. Je doute qu'en 10 ans, ce soit aussi lisse. Je pense que tu as une responsabilité dans ce qu'est ta relation avec Q, son évolution, et sa poursuite dans le temps.

Au fil des années, je vois des blessures qui s'accumulent pour tout le monde alors que les précédentes ne sont pas cicatrisées. Chacun, à tour de rôle, cherche à s'extraire de cette situation et finit irrémédiablement par retomber dedans et Q semble y être pour beaucoup car il est le point commun à vous tous. On dirait un cycle perpétuel où vous vous rendez malheureux à continuer toujours tout droit et heurter toujours le même mur.

Je trouve que ça fait déjà trop longtemps que tu laisses une chance à cette relation et que tu en souffres. Tu as tes raisons. Q est évidemment une personne qui compte pour toi. Cela n'en fait pas pour autant une personne qui te fait du bien.

Tu peux encore encaisser et attendre son retour, jusqu'au cycle suivant où il va te jeter parce que ce sera trop compliqué à gérer pour lui. Mais est-ce que tu as envie de ça ? Est-ce que tu as envie d'être une variable d'ajustement ?

Pour ton bien, je ne pense pas que ce soit la solution la plus raisonnable. Ta vie sans Q semble impensable. Pourtant, comme le dit justement @Caellan, il y a possiblement dans le futur une @astrogirl qui a pris son envol et qui est heureuse sans Q. Il fera toujours partie de toi et ton histoire. Je pense que tu dois te sevrer et avancer de ton côté.

C'est terrible, mais c'est comme ça. On peut aimer profondément quelqu'un et ne pas être compatibles, alignés dans la vie, ou bon pour l'autre.

Il ne s'agit pas de tourner la page, mais de fermer ce livre définitivement. Et alors, tu auras l'espace pour en ouvrir un autre avec une jolie histoire à écrire dedans.

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Discussion : Ma femme est bi-curieuse et veut ouvrir notre couple

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Topper

le dimanche 31 août 2025 à 10h24

Bonjour @Nekfeu,

Je m'aperçois que mon message de vendredi ne s'est pas envoyé. Je vais recommencer, mais avant tout, je suis très d'accord avec ça :

Alastor
Et surtout il aurait été bon de voir comment tu vivais le premier WE avant de prévoir le second.

Enfin si cette relation date de juillet c'est vraiment très rapide pour décider comme ça de déjà passer des WE avec son autre amoureuse alors que toi tu es encore en pleine réflexion et émotions du changement de modalité relationnel de votre couple.

Ce n'est pas une situation très originale car on la voit passer régulièrement ici : un couple tombé en désuétude, pris dans la course de la vie, avec maison et enfants, un quotidien fatiguant qui donne aux parents un rôle de co-gestionnaires de la famille. Le temps passe, puis un ou les deux parents passent par une réalisation que les années sont passées trop vite. Cela arrive à l'approche ou après un anniversaire qui fait basculer une dizaine, lors d'un changement de vie professionnel, suite à un décès, un problème de santé, etc.

"Ma jeunesse m'a glissé entre les doigts. Il me reste peu de temps. Qu'est-ce que je veux en faire ? Et est-ce que je veux continuer m'a vie actuelle jusqu'à la fin ?"

Il y a alors urgence de profiter de la vie, de changer de vie, et les discours qui reviennent le plus souvent sont "je veux me prioriser pour une fois", "je donne, je donne, mais ne reçois pas", "je me suis enfermée dans le rôle de maman", "j'ai tout ce que je voulais (matériellement), je ne suis pas heureux"...

Il arrive que l'ouverture du couple et le polyamour soient vus comme un moyen de s'écouter et vivre pour soi, ce qui n'est pas forcément absurde. Développer des relations à l'extérieur du couple, c'est littéralement avoir une autre vie à soi, où on se lie à qui on veut selon ses propres envies. C'est aussi l'occasion de vivre des émotions fortes qui rappellent les jeunes années où frôler une main fait tambouriner le coeur. Tout cela, sans forcément mettre tout ce qui a été réalisé dans sa vie antérieure à la poubelle. C'est pas forcément une mauvaise chose. Lorsque les relations libres n'étaient pas popularisées, ça passait simplement par une rupture.

Pour ces personnes, il y a quelque chose de l'ordre du vital et ça donne des réactions extrêmes et que l'on pourrait qualifier d'égoïste. Elles savent qu'elles font du mal, mais c'est soit elles ou l'autre. Dans les deux cas, quelqu'un sera profondément malheureux, sauf que dans la balance une des deux personnes est en train de vivre une aventure inespérée et qui, dans leur tête, ne se représentera pas car paraissant unique dans leur histoire. En outre, dans un contexte où ce sont des personnes qui ont été beaucoup dans l'abnégation, faire passer les autres devant soi, est un effort qu'elles ne veulent plus faire.

Alors que faire dans ce cas là ?

Les options ne sont pas nombreuses face à une personne qui ne prend pas conscience de ce qu'elle inflige.

Je n'ai jamais vu le rapport de force fonctionner. Cela a pu interrompre la dynamique temporairement, mais ça termine irrémédiablement par exploser en faisant des dégâts bien plus importants. Ou alors, l'autre, se sentant prise au piège demande la séparation.

Certaines personnes serrent les dents en attendant que ça passe. C'est une possibilité qui met néanmoins dans l'attente de quelque chose d'hypothétique et demande une capacité à vivre pour soi, éventuellement en vivant la même chose de son côté, tout en travaillant à trouver un nouvel équilibre.

Rompre pour se protéger. Pour ça, c'est à chacun de déterminer l'intérêt de finalement précipiter le pire qui pourrait arriver. Il faut mettre dans la balance ce qu'on ressent, sa propre santé mentale, et ce qu'on pense qu'il y a à sauver dans le couple.

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Discussion : Partagé entre couple libre et exclusif (trouble de la personnalité borderline - TPB)

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Topper

le vendredi 29 août 2025 à 10h16

Bonjour @Efron,

Tes difficultés sont très spécifiques. J'ai connu une personne ayant un trouble de la personnalité borderline et ayant tenté les relations non-monogames. Elle était pas bien tout le long. Je précise qu'elle était avec un partenaire évitant et toxique, donc même une personne sans ces difficultés aurait mal vécu la relation. J'ai vu néanmoins les crises que ça a pu provoquer.

Je ne dirais pas que ce serait impossible pour toi de vivre correctement une relation polyamoureuse, mais cela demanderait sans doute un certain nombre de contextes favorables.

Ce qui me vient en tête :
- une partenaire extrêmement aimante, rassurante et démonstrative
- une partenaire compréhensive, à l'écoute et patiente
- une aide psychologique avec un psychologue/psychanaliste*
- une aide médicamenteuse avec un psychiatre*
- une capacité à créer des liens affectifs/amoureux
- avoir un cercle social présent sur lequel se reposer (amis, confident, famille)

(* si ce n'est pas le cas, tu devrais faire ça avec ou sans relation libre.)

Une chose est sure, tu vas morfler. Je ne dis même pas ça par rapport à ton trouble. Socialement, nous nous sommes construits pour être monogames. Il y a certaines personnes qui ont été moins influencées par cette norme durant leur construction et qui ont plus de facilité à s'en extraire et vivre les relations monogames. Tant mieux pour eux. C'est quand même une infime minorité.

Le reste des gens doit batailler avec des fonctionnements inconscients et spontanés, des mécanismes et émotions issues de la construction monogame et qui sont incompatibles et en contradiction totale avec les relations libres.

Un exemple caricatural mais trivial et compréhensible : dans la monogamie on considère que la jalousie est une preuve d'amour. On a tous entendu ce genre de phrases "si il est pas jaloux, c'est qu'il t'aime pas". Ou alors des stratégies de manipulation qui consistent à rendre l'autre jaloux pour tester son amour.

Dans un contexte de relation libre, si la partenaire est contente que l'on ait une autre relation amoureuse et que ça ne lui pose aucun problème, la construction monogame amène à penser qu'elle s'en fout de nous perdre et n'est donc pas amoureuse. Or, ce n'est pas absolument pas une preuve de quoi que ce soit dans ce mode relationnel.

C'est pourquoi, je ne cesse de le répéter ici, il est impossible de bien vivre les relations multiples avec une façon de penser de monogame. Il faut déconstruire tous les mécanismes monogames que l'on a intégré, les comportements associés et raisonnements que l'on peut avoir. On doit notamment arrêter de penser avec des interprétations et de l'implicite car on ne fait plus face à un mode relationnel normé (c'est de toute façon une très mauvaise façon de faire, même dans un contexte monogame).

En résumé, cette transition est longue, fastidieuse et lorsque l'on débute ce chantier, c'est particulièrement tumultueux. Si l'on rajoute à ça ton trouble, cela ne facilite pas la tâche.

Si tu as absolument besoin d'une petite vie calme, sereine, et sécurisante, alors faire le choix de la relation libre n'est pas la meilleure option, car avant de revenir à ça, cela prendra du temps. Et là encore, ton trouble peut allonger considérablement cette période de transition qui fait que tu pourrais avoir le sentiment de ne jamais en voir la fin et ne jamais faire de progrès en raison des crises ponctuelles que tu pourrais avoir.

Si tu le fais pour faire plaire à ta partenaire, et ne pas l'enfermer dans votre relation, c'est très louable, mais ne le fais pas.

Si tu le fais, tu dois le faire parce que tu en as envie pour toi, parce que c'est ton choix de vie. Etant donné que tu passeras par des moments difficiles et éprouvants, il faut absolument que tu sois pleinement convaincu de ta volonté à vivre ce mode relationnel. C'est quelque chose sur lequel tu pourras t'appuyer dans ces moments là.

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Discussion : Ma femme est bi-curieuse et veut ouvrir notre couple

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Topper

le jeudi 28 août 2025 à 09h59

Bonjour @Nekfeu,

Nekfeu
Naïvement, à l’époque, je pensais que ce serait plus facile pour moi si c’était avec une autre femme (2e spoiler alert : finalement non 😊).

Ahahaha, alors... attend qu'il se passe la même chose avec un homme qu'avec cette femme, et on en reparle. Dans un contexte de couple hétérosexuel et de société hétéronormative, le partenaire de sexe opposé est toujours vécu davantage comme une menace. C'est plutôt logique, et légitime comme crainte.

Nekfeu
Ma femme est quelqu’un d’impulsif

J'imagine assez facilement que le tempérament de ta femme doit être une source d'angoisse conséquente. (J'ai la même à la maison)

Nekfeu
Etre ok avec la théorie est une chose, mais être confronté à la réalité en est une autre.

On est toujours extrêmement loin de la réalité dans ce qu'on imagine. Dans certains cas, la réalité est moins dramatique, dans d'autres elle est pire. C'est une bonne leçon pour la suite : il ne sert à rien de se torturer l'esprit sur comment ça peut se passer, que ce soit pour prendre une décision, ou juste pour le plaisir d'angoisser. Ta projection sera forcément à côté de la plaque.

Tu pourrais me rétorquer : comment prendre une décision si je ne me projette pas dans la situation ?

Déjà, je ne crois pas que ce soit vraiment pertinent de se projeter dans une situation qui n'existera pas. Dommage, le cerveau humain est extrêmement doué pour faire ça, et il le fait avec une telle facilité que ça demande peu d'effort et est réalisé spontanément. Au point que cela demande un effort conscient de ne pas le faire. Je pense que ce sur quoi tu dois porter ton attention c'est sur ce que tu veux plutôt que sur comment tu vas le vivre.

Comment tu vas ressentir une situation inconnue est totalement imprévisible, alors que ce que tu désires ça fait partie de toi. Tu peux sonder à un instant précis si telle ou telle perspective est en accord avec ce que tu désires. C'est relativement stable et c'est quelque chose sur lequel tu peux t'appuyer à tous les moments : pour prendre une décision, pour apaiser des émotions, pour te confronter à la réalité.

A toi de faire ta liste de "je veux", éventuellement l'écrire peut être utile : je veux que ma femme soit heureuse, je veux qu'on soit libre, je veux qu'elle vive de belles histoires avec quelqu'un d'autre, je veux qu'elle rentre contente, je veux qu'elle continue à m'aimer, je veux qu'elle s'épanouisse, je veux qu'on ne soit pas acquis, etc.

Lorsque tu es face à une situation difficile, c'est plus facile à gérer lorsque tu es certain que ce qu'il se passe et en accord avec ce que tu veux. "Je ressens des émotions compliquées à gérer. Du calme. Il se passe quelque chose que je veux. Cela va passer."

C'est beaucoup plus stabilisateur que "Ohlala, je pensais bien le vivre alors que pas du tout. Je ne comprends pas ce que je ressens. C'est catastrophique. A l'aide !".

Nekfeu
J’ai réagi comme je déteste être : ne pas vouloir lui parler, la fuir, etc. Il m’a fallu plusieurs jours pour digérer (et oui, je sais que j’ai dit que j’étais ok).

Ce n'est pas grave, et c'est même plutôt une bonne façon de faire. Il vaut mieux digérer les évènements, se laisser le temps de bien analyser ce qu'il s'est passé et ce qu'on ressent, plutôt que de se laisser conduire par les émotions, partir dans tous les sens, avoir des paroles malencontreuses, être agressif, etc.

Attention néanmoins à communiquer (le plus calmement possible) à l'autre les raisons de la mise à distance. "Là, je vais avoir besoin d'un temps seul pour digérer les choses et faire le point sur ce que je ressens."

Nekfeu
Depuis, elle l’a revue encore deux fois, et à chaque fois, c’est très difficile à supporter pour moi. Je passe sans arrêt par des ascenseurs émotionnels, où d’un côté j’ai envie de la serrer fort dans mes bras, tandis que de l’autre je lui en veux que ça aille si vite, sans que je puisse m’adapter.

Est-ce que vous faites un rapport de tout ce qui s'est passé avec les détails à chaque retour de rencontre ?

Nekfeu
Je ne veux pas être celui qui l’empêche de vivre ses expériences pour être heureuse. De l’autre côté, j’ai beaucoup de mal à accepter (le we prochain, elle va chez elle tout le we, et j’ai une boule au ventre 10x par jour en pensant à ça).

Sans l'en empêcher, tu peux ralentir les choses. Cela va effectivement très vite.

Nekfeu
Et ce qui me fait mal : l’impression que son envie de la voir est plus forte que le respect de mes sentiments sur la question.

Elle n'est pas dans ta tête. Elle ne ressent pas ce que tu ressens. Par contre, elle est dans sa tête, est elle a très envie de passer un week-end complet avec cet autre femme.

A toi d'exprimer ce que tu veux. Par exemple, "Je suis très content de ce que tu es en train de vivre, et je veux vraiment que tu te sentes libre d'expérimenter ce que tu souhaites, mais j'ai besoin de temps pour m'adapter. Il faut que ça ralentisse parce que je le vis très mal."

Aussi, tu pourrais rajouter que, car je ne doute pas que c'est une réalité :

"Je suis tellement focalisé et malmené par ton histoire, que je suis dans l'incapacité de me projeter sereinement dans ce que je peux vivre de mon côté".

Et j'en viens là...

Nekfeu
Pour ma part, j’ai aussi rencontré une fille via une app (que j’ai vue deux fois avec l’accord de ma femme), mais je ne sais pas encore vraiment dire si je fais ça en réaction, où si j’en ressens vraiment le besoin…Là, je viens d’annuler un date, car je me sens dans un état mental trop négatif (et pas envie de prendre l’autre personne pour mon psy 😉).

Car je pense que tu en as besoin sans le savoir.

Comprenons-nous bien que cette fille, c'est une personne avec des sentiments, ce n'est effectivement pas une psychologue gratuite et ce n'est pas non plus un pansement. Tu en as conscience, alors fais en sorte que ce ne soit pas le cas.

C'est aussi une bonne chose d'annuler si tu n'es pas dans de bonnes conditions.

Néanmoins, vivre toi-même des relations de ton côté permet des choses extrêmement importantes :

- Tu te rends compte que tu peux partager de la sexualité avec quelqu'un ou des sentiments, puis rentrer chez toi, reprendre ta vie normale, et toujours aimer ta femme comme avant. Cette réalisation permet de calmer beaucoup d'angoisses vis-à-vis de ce que peut vivre ta femme de son côté.

- Tu es moins dépendant de ta femme. Si tu partage de l'affection, du sexe, de l'amour avec d'autres personnes, tu te sens moins vulnérable que si ça ne vient que d'une personne, alors que celle-ci a son attention portée sur quelqu'un d'autre.

- Cela équilibre votre relation. Aujourd'hui, ta femme est très en avance par rapport à toi. Tu suis tant bien que mal. Elle n'a aucune raison d'angoisser. Elle vit sa meilleure vie et elle ne sent pas son couple menacé. C'est quelque chose de terriblement récurent dans les couples polyamoureux hétérosexuels. Passe un week-end entier avec une autre femme, pendant qu'elle s'occupe des enfants à la maison. Son euphorie va certainement se modérer d'elle-même.

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Discussion : Questionnements sur le PolyA et sur moi-même

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Topper

le mercredi 27 août 2025 à 07h21

Sly1807
J'ai tenté de me relancer dans d'autres histoires, mais ça ne fonctionne pas. J'aime "beaucoup" ces relations mais pas assez pour entamer une relation amoureuse. Je ne m'en sens pas capable. Suis-je vraiment polyamoureuse ?

Je pense que c'est une manière inappropriée de définir le polyamour et si tu es polyamoureuse.

La définition Wikipédia pour rappel : Le polyamour est une orientation relationnelle qui désigne la capacité à aimer et/ou avoir de l'affection pour plusieurs personnes en même temps, ce qui peut se traduire par plusieurs relations amoureuses non exclusives, avec le consentement éclairé de tous les partenaires.

Il faut bien porter de l'attention à "aimer et/ou avoir de l'affection [..] ce qui peut se traduire par" qui apporte une nuance sur le lien entre les personnes. Contrairement à la monogamie où les sentiments et l'interaction sexuelle définissent la relation entre deux personnes, c'est beaucoup plus nuancé et flou dans un contexte polyamoureux.

La raison est que définir précisément la relation n'est pas nécessaire. Il n'y a pas d'exclusivité sentimentale et sexuelle, donc partager des sentiments amoureux et/ou de la sexualité n'implique pas de se considérer en couple, supprimer les autres relations amoureuses/sexuelles, et s'engager dans l'escalator relationnel qui s'en suit.

On peut avoir un amoureux qu'on voit très régulièrement, un homme qu'on ne voit que pour partager du sexe parce que c'est vachement bien, un ami très important avec qui on partage parfois de la sexualité mais très rarement, un amoureux avec qui il n'y a pas de sexualité mais énormément d'affection...

Pour certaines relations, ça peut être assez simple de définir ce qu'elle est, parce qu'elle correspond parfaitement à une représentation commune. Pour d'autres, c'est plus compliqué, soit parce que c'est un entre-deux ou c'est fluctuant. Dans ce cas, certaines personnes créent des dénominations qui leur sont propre, tandis que d'autres ne s'embarrassent pas avec ça parce qu'au final, ça n'a aucune importance. Il est possible que ton amoureux soit dans ce cas.

Là encore, contrairement à la monogamie où le partenaire doit absolument combler toutes les attentes amoureuses et sexuelles, dans le polyamour, chaque personne peut t'apporter des choses différentes. L'exclusivité force à choisir car tu ne peux avoir qu'un seul partenaire avec qui tu partages des sentiments amoureux et du sexe. Cela amène à comparer les partenaires pour déterminer celui qui est mieux que les autres. Dans le polyamour, si les deux personnes se sentent bien dans une relation, peu importe ce qu'elle est, elle peut continuer. C'est aussi simple que ça.

Il est important de comprendre qu'être polyamoureuse, ce n'est pas cumuler plusieurs relations de couple monogame.

J'aime "beaucoup" ces relations mais pas assez pour entamer une relation amoureuse.

Si tu aimes beaucoup ces relations, que tu as le temps et l'énergie pour ça (en sachant que toutes les relations ne demandent pas autant de temps et d'énergie), alors tu peux rester en relation avec ces personnes. Tu n'as pas à entamer quoi que ce soit et toutes tes relations n'ont pas à être au même niveau d'engagement et d'implication.

Suis-je vraiment polyamoureuse ?

Tu dois mettre de côté tes difficultés et te concentrer sur ce que tu veux au fond de toi. Est-ce tu as envie d'être exclusive, n'avoir qu'un partenaire, qu'il ait uniquement toi comme partenaire, que tu fasses reposer tous tes besoins sur cette personne, et qu'il fasse de même ? Ou est-ce que tu as envie de te sentir plus indépendante et être libre d'avoir plusieurs partenaires, développer les relations que tu souhaites en fonction des rencontres que tu peux faire dans ta vie ?

Tu dois déterminer ce avec quoi tu es le plus alignée. Si c'est le polyamour, à toi de travailler sur tes insécurités qui peuvent venir à la fois de ton histoire, et à la fois de ta construction monogame. Tu as sans doute des mécanismes et façons de penser à déconstruire.

Dans ce processus, garde en tête que certaines difficultés peuvent venir de la personne avec qui tu es en relation et que ça n'a rien à voir avec le polyamour.

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Discussion : Questionnements sur le PolyA et sur moi-même

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Topper

le mardi 26 août 2025 à 20h41

Bonjour @Sly1807,

Sly1807
Est-ce que cela semble irrationnel le fait d'avoir ce besoin de savoir qui il voit et quand?

Non. Déjà, je considère que c'est un signe d'intérêt de savoir ce que l'autre fait et cela n'a rien à voir avec fliquer la personne. En outre, c'est important pour moi de savoir car ça permet de comprendre une indisponibilité à distance. Ce n'est pas un problème que la personne soit indisponible, mais ça peut être inconfortable qu'elle ne réponde plus ou succinctement sans en connaitre la raison.

Sly1807
Est-ce que le fait d'être avec une relation switch complètement les autres pour vous ?

Lorsque je suis avec mon amoureuse de loin, je ne suis pas très disponible pour ma compagne. On a peu de temps, alors j'en profite un maximum. Je prends quand même des nouvelles de temps à autre.

Sly1807
Est-ce qu'il vous arrive de "douter" de la confiance accordée à une relation ?

Si tu doutes, tu dois avoir des raison de douter. Interroge-toi sur les raisons que tu as de douter.

Sly1807
Est-ce que le polyamour est fait pour des personnes comme moi : qui sont en insécurité affective ?

Tout à fait. Comme toute les insécurités, ça se travaille.

Au delà de ça, il faut avoir conscience que tu peux avoir des insécurités mais qu'elles sont liées à la relation et la personne, et pas au mode relationnel.

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Discussion : D'amour ou d'amitié

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Topper

le lundi 18 août 2025 à 09h54

Bonjour @JeanneLeaf,

Je ne suis pas certain de saisir le problème.

Tu es en couple libre. Tu fais des rencontres. Tu as une connexion forte avec quelqu'un. C'est réciproque et cette personne semble attendre une initiative de ta part pour que cela devienne une relation plus intime.

Ce qui te pose problème, c'est un décalage trop élevé entre ce que tu ressens pour cette personne et ta partenaire principale actuelle ?

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Discussion : Est-ce mal d'avoir des attentes dans nos relations (et dans la vie en général) ?

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Topper

le samedi 16 août 2025 à 14h32

Je pense que c'est tout à fait normal d'avoir des attentes dans nos relations.

Je pense même que cela fait partie intégrante des relations humaines. Pour moi, dire que l'on a pas d'attente est à la fois faux et est en soi une attente.

On peut juger que l'on a pas d'attente dans le sens que l'on exige rien de l'autre et que l'on ne souhaite pas que l'autre se conforme à des besoins que l'on aurait. Même dans ce cas, selon-moi, il y a des attentes conscientes ou non.

Je ne pense pas que nous puissions être en relation avec qui que ce soit, amis, familles, amours, et n'attendre absolument rien. Cela n'a aucun sens de consommer de l'énergie à interagir avec des personnes sans attendre du partage, de la stimulation, de la complicité, de la sécurité, de l'affection, de l'amour. Je rejoins donc totalement les propos de @Alastor.

Alabama
J'ai la sensation que nous sommes dans une époque qui valorise beaucoup le fait de diminuer ses attentes, de se suffire à soi-même avant d'entrer en relation, de ne pas compter sur l'autre pour répondre à nos besoins, etc. Cela se reflète dans pas mal d'interventions sur le forum, et on peut lire beaucoup de livres de dév perso qui vont dans ce sens.

J'ai l'impression totalement inverse.

Je comprends bien ce à quoi tu fais allusion. Il y a effectivement un discours de développement personnel qui infuse depuis quelques décennies incitant les gens à se suffirent à eux-mêmes. Au premier abord (et j'imagine bien que ça en est la motivation première), cela peut sembler être une bonne démarche de ne pas faire reposer son bonheur et son équilibre mental sur les autres. Il n'y a rien de plus instable et imprévisible que les autres, car on ne les contrôle pas. Alors, il faudrait apprendre à être heureux et équilibré seul, avant de se mettre en relation et combler tout un tas de lacunes et insécurités avec l'autre. A titre personne, je suis très loin de correspondre à ça, mais cela me parait totalement logique et cohérent que ce serait plus sain et éviterait un phénomène de dépendance qui alimente des rapports de domination involontaires.

Toutefois, le monde est ce qu'il est, et cette approche est facile à détourner pour servir d'autres intérêts.

On peut le retrouver chez certains polyamoureux qui s'en servent pour rendre l'autre responsable, à la fois de ses émotions, et à la fois de la gestion de celles-ci. En d'autres termes, "si ça ne va pas, travaille sur tes insécurités, ce n'est pas mon problème. Je ne veux pas m'embarrasser avec ça."

Ce discours est notamment bien utile pour servir une doctrine politique. L'autonomisation de l'individu permet de briser ce qui constitue l'essence même de la communauté, la solidarité, le syndicalisme ou le recours à un Etat protecteur. Cela colle parfaitement avec l'ambition de nos sociétés actuelles néolibérales.

Le milieu masculiniste est aussi un fervent défenseur de ce discours. En gros, un vrai homme doit être fort et ne dépendre de personne. Ce qui fait aussi que les autres ne doivent pas dépendre d'eux et qu'ils ne veulent pas s'embarrasser des émotions des autres, isolant particulièrement les personnes qui tombent là dedans.

Je perçois que les femmes sont plus exigeantes concernant leurs relations affectives/sexuelles/amoureuses et c'est tant mieux. Sans que l'on s'en rende forcément compte, le discours féministe infuse lentement et avec constance même auprès de personnes qui ne sont pas en direct contact avec les milieux féministes. Aujourd'hui, les femmes attendent un certain nombre de choses dans une relation hétérosexuelle qui n'existaient pas il y a 20 ans de ça.

Je ne pense pas qu'elles ont moins d'attentes mais que les attentes ont changé.

Du côté des hommes, je trouve que c'est moins clairement lisible au-dessus de 25 ans car ils ne s'expriment pas/peu sur ces sujets. En dessous, j'ai le sentiment qu'une partie s'adapte et en vient à davantage questionner leurs attentes, une partie est dans une augmentation irréaliste des attentes (alors qu'ils pensent s'en libérer) concernant les femmes et en totale contradiction avec les leurs, et le reste me semble être dans une résignation dramatique assez générale.

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Discussion : Les traces de la monogamie dans tous nos liens : système, loyautés, attachements, et comment on compose avec

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Topper

le jeudi 14 août 2025 à 20h14

artichaut
D'une part une exigence, pas forcément à vouloir plus, mais en tout cas à vouloir ne pas avoir moins (de temps, de rv, de messages, de sexe, de mots d'amour, de nombre de relations, etc). Ce qui peut aussi se traduire par ne pas vouloir de variations (en tout cas si variations doit/peut passer par du moins). Un palier une fois atteint, on ne peut redescendre au palier inférieur.

Je l'ai vécu alors que ce n'était pas mon choix et c'est effectivement difficile à accepter. J'imagine très bien que pour certaines personnes, la rétrogradation n'est pas quelque chose d'envisageable.

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Discussion : Les traces de la monogamie dans tous nos liens : système, loyautés, attachements, et comment on compose avec

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Topper

le jeudi 14 août 2025 à 20h07

Alabama
Cette phrase que tu as dite plusieurs fois m'interpelle.
[...] Je peux imaginer que les personnes avec qui tu as vécu cela, voulait depuis le début "plus", mais n'osaient pas l'exprimer, pour x ou y raisons, en lien avec toi ou pas.

C'est très intéressant comme point de vue.

Il est effectivement tout à fait possible que mes partenaires avaient des attentes bien supérieures dès le départ. Elles pouvaient aussi ne pas en avoir conscience et ça s'est révélé sur le tard au fur et à mesure que le lien se renforçait. On peut aussi imaginer qu'au début on est malléable, on cherche à ne pas être contrariant et à mettre ses exigences de côté, entraîné par la NRE qui a tendance à annihiler toutes réflexions pouvant entacher l'euphorie du moment.

J'ai la volonté d'anticiper les problèmes ou souffrances que je pourrais causer. J'ai toujours eu à cœur d'être extrêmement clair sur ce qui était possible ou non dans mes relations en prenant soin de ne jamais faire miroiter quoi que ce soit.

Dans certaines relations, j'avais le sentiment que c'était complètement ignoré. Il m'arrivait de devoir le rappeler cycliquement. C'était "oui, oui", jusqu'à ce que ça devienne "ça me va pas".

Ce que je raconte, c'est dans mon vécu, mais c'est aussi quelque chose que j'ai constaté dans de nombreuses autres relations polyamoureuses.

Il me paraît important de préciser que ce n'est pas une problématique propre au monde polyamoureux.

On retrouve la même chose dans les relations monogames. Lorsqu'un des deux partenaires bloque l'avancée de l'escalator relationnel, cela provoque une frustration qui peut mener à la rupture.

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Discussion : Les traces de la monogamie dans tous nos liens : système, loyautés, attachements, et comment on compose avec

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Topper

le mercredi 13 août 2025 à 10h41

LeGrandStyle
Peut-on faire sans escalator relationnel? J’ai l’impression que c’est une condition du psyché humain.

Je pense que l'on peut tout à faire sans escalator relationnel. Certaines relations polyamoureuses en sont totalement exempte. Ces personnes se voient quand elle se voient, passent de merveilleux moments ensemble, s'aiment, ne "construisent" absolument rien d'autre que leur lien, n'ont aucun projet commun et ne veulent pas plus que ça.

J'ai au moins un exemple de couple monogame dans mon entourage qui a fait sans escalator relationnel. Ils ne se sont jamais mariés, jamais d'enfants, et ont toujours vécu séparément tout au long de leur vie. Cela fait quarante ans qu'ils sont ensemble. Ils se sont finalement installés dans la même maison il y a quelques années à environ 65 ans.

Si on y regarde de plus près, qu’est-ce qui n’est pas escalator dans la vie? Notre carrière, nos loisirs, nos sports, notre style de vie etc. j’ai un peu l’impression que tout suit une envie de toujours plus.

C'est vrai, et c'est ce que j'évoque dans mon message précédent. Est-ce que l'envie de toujours plus est propre à l'humain ? Le capitalisme qui est construit ainsi nous pousse-t-il à ça ou est-il la résultante de la construction humaine ?

Quand bien même, est-ce que ça justifie de ne pas le remettre en question ?

Il y a trente ans, on imaginait pas la planète comme quelque chose d'épuisable. Aujourd'hui, on a complètement changé notre perception (du moins pour une part de l'humanité). On réalise que les ressources sont limitées, que la croissance infinie est impossible. Ce n'est pas parce que on a toujours fait comme ça que c'est la bonne et la seule façon de faire.

A mon sens, ce n'est pas ce qui compose les étapes de l'escalator le problème. C'est le mécanisme même d'escalator. Lorsque tu mets le pied sur la première marche, tu es irrémédiablement entrainé vers l'étape suivante. Tu ne te poses pas la question de ce que tu veux. Ton/ta partenaire, ta famille, tes amis, les livres, les films, les séries, la société s'en charge pour toi. Tu n'as pas à réfléchir.

Le problème, c'est que les gens sont conditionnés, ne réfléchissent pas, se réveillent 25 ans plus tard alors qu'ils ont la baraque, le crédit, les gosses, le monospace et s'aperçoivent qu'ils ne sont pas heureux. Entre temps, la moitié de la vie est passée.
Pour revenir à l'escalator relationnel, il me semble intéressant de comprendre pourquoi on ressent une envie de plus, une frustration de ne pas avoir plus, comment ça modifie notre perception de la relation et notre satisfaction. Surtout, pourquoi ça peut nous mettre dans une telle souffrance que l'on peut préférer saboter une relation autrefois satisfaisante, uniquement parce qu'elle ne répond plus à cette envie sans cesse grandissante ?

Aussi, quelle est la limite du toujours plus ? Car si l'aboutissement est la vie monogame, alors toutes relations polyamoureuses qui ne se satisfont pas de ce qu'elles ont à offrir, sont vouées à se terminer à cause de ça.

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Discussion : Les traces de la monogamie dans tous nos liens : système, loyautés, attachements, et comment on compose avec

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Topper

le mercredi 13 août 2025 à 10h00

artichaut
Est-ce que toi aussi, tu te sens en prise avec l'escalator (ou tu décris ce que tu observe chez les autres) ?

Je l'ai été.

Je suis un grand angoissé de la mort. Je dirais très au-delà de la moyenne. Je passe sur les détails du pourquoi mais le fait est que cela m'a rendu extrêmement sensible au passage du temps. Très tôt dans ma vie, j'ai remis en question mes choix de vie. J'ai réalisé que mes choix n'étaient pas les miens. J'ai fait ce qui était attendu, ce qui infuse dans notre esprit dès l'adolescence.

Je me suis souvenu que dès cette époque j'avais déjà une vision ordonnée de ce que devait être la vie et les étapes que je devais passer. En d'autres termes, j'ai réalisé que j'étais conditionné par un schéma terriblement rigide, consistant à vouloir atteindre un bonheur fictif miroité par la société, et que ceci je ne l'avais jamais questionné et personne ne le questionnait autour de moi. Je me suis souvenu qu'il m'était arrivé de croiser dans ma vie des gens qui ne collaient pas à ce schéma, mais ils apparaissaient bizarres, marginaux, et même si ils ne semblaient pas particulièrement malheureux, ils ne donnaient pas envie. Ce qui donnait envie, c'est la famille de la publicité Ricoré. Eux paraissaient heureux.

J'ai suivi cet objectif depuis que j'étais entré dans la vie d'adulte. J'avais un travail. Je gagnais beaucoup d'argent. J'étais en couple. J'avais acheté un bien immobilier. D'où je partais dans la vie, c'était un succès inespéré. Je ne pouvais être qu'heureux. La réalité est que je ne partageais rien avec cette femme, on était ensemble parce qu'il fallait être avec quelqu'un, je détestais mon boulot mais il fallait de l'argent pour financer les contraintes que je m'étais mises sur le dos. Je me mettais minable lors des afterworks du vendredi pour m'échapper, et ce sont devenus des afterworks du mardi, et du jeudi, et de tous les jours. Et les collègues faisaient pareil. Pourquoi étions nous tous aussi malheureux dans nos vie alors que de l'extérieur nous n'étions pas à plaindre ?

Je ne comprenais pas comment on en était tous arrivés là, à avoir bataillé pour ça, et en être tous autant insatisfaits qu'il fallait oublier la situation avec l'alcool. Je nous ai regardé de l'extérieur. Je nous ai trouvé pathétiques. Tout autour de moi, j'ai vu la même chose. Dans le métro, dans la rue, au travail. Les mêmes gens, entrainés dans une course sans fin avec des objectifs absurdes sans finalité. J'ai réalisé qu'on tous entrainés en avant, sans possibilité d'arrêter la course, qu'on ne se demandait pas pourquoi on faisait ça, et que c'était juste ce qu'il fallait faire. Pourquoi ? Et jusqu'où ? Nous étions tous comme sur un escalator qui nous contraint à toujours aller en avant.

J'ai repensé à ma vie, à mes choix qui n'en étaient pas, à comment j'avais répondu aux injonctions de la société mais aussi de ma famille. J'ai réalisé la pression que je subissais de l'extérieur mais aussi que je m'étais mise seul pour rester dans la course. J'ai compris que je répondais à un schéma écrit à l'avance. J'ai compris l'escalator relationnel. J'ai compris comment ce mécanisme est exploité par le capitalisme, consciemment ou non, mais en tous cas les deux fonctionnent merveilleusement bien ensemble comme une machine bien huilée.

A plusieurs étapes de ma vie, j'ai fait des crises de la quarantaine, à 25 ans, 28 ans, 30 ans, 34 ans, 40 ans. Chaque fois, j'ai fait un pas de côté pour m'extraire de ce système.

Aujourd'hui, je ne me sens pas en prise avec ça mais j'ai peut-être tort. Je ne me sens plus enfermé là dedans. Je dirais que c'est peut-être encore là, mais en l'ayant conscientisé et déconstruit, je suis attentif aux effets pervers que cela peut avoir.

artichaut
soit que tu devient toujours insatisfait au fil du temps

Non, si il y a quelque chose que j'ai réussi à faire, c'est d'être heureux de ce que j'ai. Je ne suis jamais insatisfait de ne pas avoir plus. Je chéris chaque moment de bonheur tel qu'il est.

artichaut
soit que tu subis l'insatisfaction de ta/ton/tes partenaire(s) au fil du temps

C'est arrivé plusieurs fois que ça cause la fin de certaines de mes relations polyamoureuses. Peu importe le contexte qui est chaque fois différent, au final, la cause principal de la dégradation de la relation est l'insatisfaction due à l'arrêt ou le frein d'une progression vers le toujours plus.

En dehors de mon expérience personnelle, j'ai trop souvent constaté ça dans les relations polyamoureuses que je connais et c'est régulièrement en filigrane dans les témoignages que je peux lire ici ou ailleurs.

Tout va bien jusqu'à ce que rien ne va plus, parce que ça veut plus que quand tout allait bien.

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Discussion : Les traces de la monogamie dans tous nos liens : système, loyautés, attachements, et comment on compose avec

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Topper

le mardi 12 août 2025 à 10h25

Pour moi, la marque la plus profonde de la monogamie dont on peine à se débarrasser est l'escalator relationnel. Je l'assimile à la monogamie car cela rythme la construction des relations monogames. L'escalator est tellement intrinsèque aux relations monogames qu'il n'est jamais questionné ou même pensé. Même le terme "construire" une relation signifie mettre en place des actions visant à passer les étapes de cet escalator avec une finalité mal définie.

Cet escalator entraîne dans une envie de toujours plus, pour une recherche de bonheur toujours plus importante. Pourtant l'étape précédente, qui était alors une promesse d'accomplissement devient irrémédiablement insuffisante. Telle une fuite en avant, un nouvel objectif remplace sans cesse le précédent.

Je parlais d'une finalité mal définie dans l'escalator relationnel. Selon-moi, ce n'est pas pour rien. Lorsqu'on évoque le sujet, personne ne remet en question ce mécanisme, tout le monde s'accorde à peu près sur les différentes grandes étapes à franchir même si l'ordre peut varier. Par contre, plus on se projette dans le futur, plus ça devient flou. Personne n'est capable de dire précisément et avec assurance quelle est l'étape finale de l'escalator, celle qui permettra d'obtenir l'épanouissement ultime. Non pas que l'étape finale soit propre à chacun, elle est simplement impensable et angoissante.

Car si "faire couple" c'est être dans une "construction" perpétuelle, dans le toujours plus, que se passe-t-il lorsque la supposée étape finale est atteinte ?

Pour beaucoup de couples, cela signe la mort de la relation, en particulier pour les relations qui se sont créées jeune où l'escalator relationnel est la raison d'être de la relation. Ce n'est pas "je veux me marier et avoir des enfants avec cette personne". Même si on le croit, elle est précédée par la pensée : "je veux me marier et avoir des enfants et je dois trouver quelqu'un pour faire ça".

Au début de la vie amoureuse, c'est inconsciemment l'escalator lui-même qui conduit à vouloir une vie de couple. Avant même d'être en relation, on a déjà une idée fantasmée de ce que doit être notre couple et comment l'évolution des étapes doit se dérouler.

On retrouve la marque de l'escalator vers la trentaine avec des réflexions du type "si je veux un enfant, il faut que je trouve quelqu'un maintenant", avec une représentation en années des étapes nécessaires pour y arriver en compressant l'escalator relationnel au maximum en raison du temps qui passe.

Les couples qui perdurent auront su se créer de nouvelles étapes d'escalator, auront su se renouveler et faire couple autrement, ou se contenter de la relation telle qu'elle est.

Je retrouve dans les relations polyamoureuses cet escalator relationnel monogame comme principale difficulté à pérenniser ce type de relation. Non seulement, il y a cette envie permanente du toujours plus qui est davantage contrainte par la multiplicité des relations et la conjugaison des besoins de chacun. Mais il y a aussi bien souvent un escalator relationnel calqué sur l'escalator monogame.

Ainsi, on retrouve ces relations polyamoureuses dites secondaires incapable de se contenter de la relation telle quelle est, pourtant auparavant merveilleuse, désormais insatisfaisante et frustrante. Frustrante, car heurtée à un plafond de verre, autrement dit, un escalator relationnel bloqué à une certaine étape.

D'ailleurs "secondaire" sonne pour beaucoup comme une case insupportable, mais pas seulement pour des questions d'ego. Etre une relation secondaire signifie une relation dont l'évolution, donc l'escalator relationnel, est contraint par une autre relation qui demeure prioritaire.

Le cas de la relation secondaire est plus parlant, mais je retrouve la même problématique dans des relations polyamoureuses qui ne se disent pas hiérarchiques, anarchiques ou indéfinies.

Soit les relations arrivent à se contenter de certaines limites inhérentes à ce mode relationnel et peuvent perdurer sereinement, soit la frustration grandit et érode la relation avec le temps.

Dans tous les cas où la relation était satisfaisante dans le passé, qu'elle devient insatisfaisante ensuite, alors que rien a changé négativement, je perçois un mécanisme d'escalator relationnel causant une frustration car interrompu dans sa course en avant.

Il ou elle ne veut/peut pas se voir plus souvent, plus longtemps, partager des vacances, présenter ses amis, sa famille, s'installer plus proche, voire ensemble, avoir des enfants. Tout ce qui pourrait être représentatif d'une évolution qui évolue positivement.

Et parce que je l'ai constaté maintes fois, je suis même tenté de dire que ce mécanisme de l'escalator relationnel dans les relations polyamoureuses, lorsqu'il est très présent dans la dynamique de la relation, tend à rendre celle-ci monogame.

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Discussion : Le polyamour de ta femme, la fin de ta relation

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Topper

le dimanche 10 août 2025 à 15h04

zesensei
J'ai eu l'impression de lire un discours de mascu/incel.

Je me suis fait la même réflexion.

AD32
Ta femme va voir ailleurs. Adultère, ou non si tu es chanceux.

Tu fais partie de ces hommes qui écoutent, comprennent.
Qui partagent les tâches à la maison, l'anti-macho.

Tu n'as pas un caractère fort, tu es arrangeant, cérébral, analytique.

On est en plein dans cette opposition du "good guy" vs "bad boy".

Je ne vois pas en quoi le fait de ne pas être un homme médiocre est pertinent pour expliquer un couple à la dérive. Il suffit d'écouter les femmes pour se rendre compte qu'un homme à l'écoute, qui est actif à la maison, sont des qualités recherchées.

Selon-moi, réduire le désintérêt de sa compagne à ce genre de considérations, des propos lus et relus d'hommes victimaires, est la meilleure façon de ne pas se remettre en question et ne pas chercher/trouver les vraies raisons de la situation.

Et si vraiment elle a si peu de considération pour soi, il faut peut-être se poser les questions de vouloir à tout prix conserver une relation avec cette personne.

L'autre peut avoir envie de liberté, de vivre des expériences amoureuses et/ou sexuelles, avoir un coup de coeur, etc. Oui, l'autre peut succomber, et briser la confiance du contrat moral monogame.

Toutefois, la manière dont c'est géré et comment cela dégrade le couple, en dit plus sur l'état du couple que sur l'amant qui la fait jouir.

Cela arrive que madame soit particulièrement égoïste et n'écoute que son clitoris qui palpite. Dans ce cas, est-ce une grande perte ?

Pourtant, la plupart du temps, lorsqu'on commence à gratter, on découvre les lacunes : le désintérêt pour l'autre durant des décennies, une communication de mauvaise qualité, des non-dits à la pelle, des tabous, une sexualité figée. Parfois des charges mentales déséquilibrées, parfois un couple qui fonctionne bien mais uniquement en tant que co-gestionnaires. Et lorsque quelqu'un d'autre apparait et met en évidence malgré lui ce qui manque dans le couple, c'est souvent trop tard, irrattrapable, cassé.

AD32
"Chéri, je t'aime toujours, tu es un super mari et papa, mais ma relation m'a fait découvrir de nouveaux besoins. Je me sens vivante, moins seule ".

Peut-être qu'il serait judicieux de comprendre pourquoi elle se sentait seule et inerte auparavant. Ce n'est pas rien tout de même et je doute que ça ait un quelconque rapport avec le fait que les tâches à la maison soient partagées.

Si tu souhaites sauver ton couple @AD32, ce n'est pas quelque chose que tu peux faire seul. C'est un travail que vous ne pouvez faire qu'à deux et qui demande de la patience. A vous de déterminer ce dont vous avez besoin dans votre couple, et si vous avez l'envie de travailler sur vous-même pour rendre cela possible.

Si par exemple, tu souhaites une sexualité commune et qu'elle n'est pas enthousiaste à cette idée, alors il faudra se rendre à l'évidence que vos envies ne sont plus compatibles.

Si vos envies coïncident, il me parait primordial de revenir sur votre vie de couple depuis le début, comment il a évolué, comment vous avez évolué, comment vous l'avez vécue année après année, depuis la rencontre, avant les enfants, après les enfants, etc. Vous avez en vous une mine d'information qui sera utile pour repartir sur une base saine.

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Discussion : Comment gérer les 1er pas en polyamour ?

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Topper

le samedi 26 juillet 2025 à 22h06

Zoula
Sans compter que la découverte de cet univers m'a plongé dans le "côté obscur " de la société avec le jugement et la médisance. Ce qui n'a pas facilité le process.

Désolé pour ça. C'est difficile et éprouvant d'avoir à subir du jugement négatif alors que justement tu attendrais de l'écoute, de la compréhension et du soutien.

Le rejet de certaines personnes pour ce mode de vie ne se découvre souvent qu'une fois que l'on est de l'autre côté.

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Discussion : Comment gérer les 1er pas en polyamour ?

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Topper

le samedi 26 juillet 2025 à 15h25

Bonjour @Zoula, j'ai connu comme toi de grosses bouffées d'angoisses assez vertigineuses et compliquées à calmer. C'est devenu de moins en moins récurrent avec le temps, et ça fait des années que ce n'est pas arrivé.

Je ne sais pas exactement comment j'en suis arrivé à cette sérénité alors je te livre quelques pistes.

La première est un lâcher prise sur la perte possible de la personne. Il faut partir du principe que les gens passent dans notre vie. C'est un fait qu'il faut accepter. Etre dans cette angoisse constante, met dans une résistance par rapport à ça qui est totalement inutile. Si quelqu'un veut nous quitter, il nous quittera. A quoi bon se focaliser là dessus alors qu'on ne peut rien y faire.

La seconde est une façon d'articuler l'événement dans son esprit. Au lieu de se dire "il passe du bon temps avec elle et ça fait qu'il renforce le lien avec elle, ce qui le détourne de moi", se dire "il passe du bon temps avec elle, ce qui le rend heureux et comme je l'aime, j'ai envie qu'il soit très heureux".

La troisième est de donner moins d'importance à cette autre relation. Ainsi, c'est considérer qu'il passe du temps avec quelqu'un, comme si c'était un ami. Si c'était un ami, tu n'y prêterais aucune importance. Là, c'est pareil. C'est prendre ça comme un non-événement.

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Discussion : Je découvre cet univers de poly

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Topper

le mardi 22 juillet 2025 à 13h14

Bonjour @Interogatif, pour commencer, nourrissez-vous de témoignages de polyamoureux pour découvrir les multiples situations que vous pourriez expérimenter.

Aujourd'hui, vous n'avez aucune idée de ce par quoi vous allez passer. Tout ça vous donnera matière à enrichir vos réflexions/discussions et ce vers quoi vous voulez aller.

Gardez une grande flexibilité sur ce que vous allez vivre. Vous allez forcément tous les deux tâtonner et identifier avec le temps ce que désirez ou non. Ne soyez pas rigides.

Même chose pour les règles. C'est un très bon moyen de se ménager pendant la période de transition difficile entre la monogamie et le polyamour.

Faites en sorte qu'elles ne soient pas trop strictes. Gardez en tête qu'elles peuvent évoluer. Demandez-vous aussi (et expliquer à l'autre) la raison de cette règle. Une règle bien comprise est plus facile à appréhender et respecter.

Prenez soin de l'autre et échangez sur vos émotions. N'ayez pas de non-dits ou sujets tabous. Faites des contrôles réguliers de comment vous vous sentez et vivez les choses. Communiquez.

Ne partez pas du principe que l'autre pense comme vous, fonctionne comme vous et ressens les choses comme vous. C'est un piège d'autant plus courant que la relation est longue. On a le sentiment de bien connaître l'autre. La situation est nouvelle et vous allez beaucoup évoluer en très peu de temps. Vous n'êtes pas dans la tête de l'autre. Rester figé sur ce qu'on pense connaître de l'autre est la meilleure façon de se planter et provoquer des situations conflictuelles à l'avenir.

Enfin, avancez au rythme du plus lent. N'essayez pas de forcer les choses, ça ne fera que les ralentir.

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