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Discussion : Rencontre vs Relation (dynamique de rencontre vs dynamique relationnelle)
crest
le mercredi 22 octobre 2025 à 10h07
Lili-Lutine
Je propose 4 pistes concrètes pour passer de la logique Relation à une dynamique de Rencontre sans perdre le soin ni la clarté
1-Passer du contrat de relation au contrat d’escale =>
2-Rendre visibles nos budgets relationnels
3- Droit au flou, droit à la pause, droit au retour
4 - Attentes déclarées vs hypothèses silencieuses
En lisant cela j’ai l’impression qu’il s’agit d’une explicitation de ce que les gens font déjà, en partie, quand ils sont en relation de couple pas trop bancal. Pas sous forme de contrat certes mais sous forme de conversations, à l’issue desquelles chacun sait à peu près à quoi s’en tenir, de ce qui sera possible.
Peut-être que là l’idée est de faire cette explicitation très tôt et très vite, en amont de la relation, alors que d’habitude les gens se découvrent au fur et à mesure et se laissent volontiers aller à des projections qu’ils appellent « tomber amoureux ».
Ceci dit dans la pratique, ça parait étrange de contractualiser des élans intimes avec une personne qu’on ne connaît pas encore. Par exemple en découvrant combien la personne en face est chouette, on se met à se libérer du temps pour elle qu’on n’avait pas avant.
Mais puisqu’on est ici dans des métaphores très économiques (la société marchande dans laquelle on vit nous pousse à utiliser ses catégories hors du domaine économique proprement dit), il me semble que « les coûts de transactions » que demandent l’établissement de tels contrats engagent les gens à préférer des relations qui durent le plus longtemps possible quand elles sont un minimum satisfaisantes, et non une suite de rencontres où il faut en repasser par les mêmes étapes coûteuses d’établissement de tels contrats.
En réalité je ne pense pas que les rencontres ou les relations puissent être des contrats. Ce sont plutôt des suites de dons réciproques. Établir des contrats suppose des hypothèses très lourdes sur les individus aptes à contracter, ne serait-ce que l’autonomie au sens pauvre du terme (ne dépendre de personne en particulier). L’essor du capitalisme, qui a permis ce genre d’hypothèse de se concrétiser réellement dans la sphère du travail et de la production, a nécessité des transformations majeures de la façon dont les gens vivaient matériellement, en les forçant à ne pouvoir survivre qu’en contractualisant, précisément (en l’occurrence louer leur force de travail).
La chose qui change est la notion d’escale. Quand on est en relation on n’imagine jamais que ça va s’arrêter. C’est le paradoxe du couple moderne, on sait que ça durera pas toute la vie mais on fait comme si.
Message modifié par son auteur il y a un mois.
Discussion : Here we are...secondaire...
crest
le mardi 21 octobre 2025 à 23h07
Par borne temporelle je voulais dire fixer une date au-delà de laquelle la promesse sera considérée comme non tenue et donc caduque, parce que on peut pas passer sa vie à attendre, et que la première vitesse sert surtout à lancer le véhicule mais pas à faire tout un voyage avec ^^
Message modifié par son auteur il y a un mois.
Discussion : L'envie d'être présent lors des moments importants
crest
le mardi 21 octobre 2025 à 06h43
Je note que les exemples de moments importants que tu prends ne sont pas anodins dans leur forme : ils relèvent tous de scènes sociales, où par nature le fait que des personnes ont des relations privilégiées avec d’autres personnes apparaît officiellement, et viennent ainsi valider ces relations privilégiées.
En particulier le mariage qui est le cas que tu développes au début de ton message, est par excellence une scène sociale où il est important que les individus se présentent comme en couple ou pas. Le mariage en particulier étant la consécration du couple exclusif (et vient rappeler que nous ne sommes pas dans une société polygame) apparaître ou pas accompagnée d’une autre personnes vient dire aux autres partenaires leurs places dans une hiérarchie qui existe forcément dans ce moment « important ».
Au contraire d’autres moments importants peuvent échapper à ces enjeux, y compris des moments sociaux, où le fait d’être en couple ou pas est bien moins structurant.
Aussi, le non-exclusivité signifie que seule une partie des moments importants de l’autre partenaires sont réellement partagées avec soi. Et attention au téléphone portable qui peut faire croire qu’on est partout à la fois, et qu’on partage les moments importants avec tout le monde.
Message modifié par son auteur il y a un mois.
Discussion : Here we are...secondaire...
crest
le lundi 20 octobre 2025 à 07h44
J’ai lu ton témoignage et les réponses. Je me suis dit que B t’avait proposé de « partir tous les deux », proposition que tu as refusée.
Je me dis que ça peut expliquer la dynamique d’attente (même si c’est peut-être simpliste). Je vois ça : des personnes engagées dans des relations polyamoureuses d’une part, de l’autre l’une qui propose « vas-y on s’en fiche on n’a qu’à partir tout les deux ». Comme si pour lui une fenêtre s’était ouverte et qu’une fois fermée il se retrouve fermé à l’intérieur de je ne sais quoi.
Il a aussi pu interpréter (plus ou moins consciemment) ton refus comme une prise de distance, se sentant légitime pour mettre symétriquement une distance vis-à-vis de toi, refusant une mise en couple avec lui. Je suis peut-être à côté de la plaque et n’ai peut-être pas compris ton témoignage mais voilà à quoi ça m’a fait penser.
Je précise que j’ai lu ton témoignage parce que je souhaitais savoir ce que ça faisait d’être dans une relation secondaire. Dans ton cas ce n’est pas posé comme ça, ce n’est pas ce que tu veux, mais à pas mal de signaux, c’est la forme que ça prend.
Le sentiment amoureux sonne comme une promesse de relation, mais qui peut ne pas être tenue car le sentiment ne suffit pas, quand les conditions de sont pas reunies (ou plus réunies, pour B). Même si on peut considérer B comme lâche, il semble qu’il n’arrive pas à se dépatouiller de cette promesse et n’explique pas assez à mon goût ce qui se passe en lui pour que tu puisses apprécier les chances que cette promesse puisse être tenue.
Un horizon temporel basique et objectif (une borne dans le futur) permettait de faire tomber de son piédestal cette promesse.
Discussion : Et si on arrêtait de se forcer ?
crest
le lundi 13 octobre 2025 à 06h06
Effectivement entre « se forcer » et « faire des efforts » comment faire la différence ?
La masculinité dite toxique consiste par exemple à ne pas vouloir « se prendre la tête », à fuir les discussions compliquées, à ne pas vouloir apprendre à faire autrement.
Inversement les personnes qui s’estiment déconstruites n’ont pas envie de faire l’effort d’ « eduquer » les autres, préfèrent rester dans des espaces « safe » où on espère que rien de désagréable ne va jamais arriver dans les interactions.
Plus généralement l’émotion négative comme seul critère d’évaluation des situations rend paradoxalement les relations fatiguantes car la vie est parsemée de telles émotions et s’y arrêter à chaque fois est impossible, sauf à avoir les moyens de discerner ce qui est important.
Pour moi l’argument de la fatigue est difficile à distinguer de la flemme sauf quand il y a des valeurs et finalités que les gens peuvent avoir en commun, ou se donner collectivement. De l’extérieur d’un groupe partageant valeurs et finalités, on peut juger que les gens se forcent, alors qu’ils font juste des efforts, paraissant inutiles voire violents aux personnes qui ne partagent pas leur valeur. C’est moins le fait de se forcer qui est problématique que ces valeurs et finalités qui peuvent être criticables, être des idéaux en décalage avec les pratiques, etc. A l’aune d’une critique de ces valeurs, il apparaît alors qu’on se force, mais pas avant.
Si on reste dans le contexte du polyamour, à partir du moment où on valorise les relations de longs terme, où la rupture est coûteuse, où le polyamour est en soi valorisé, etc on a un ensemble de valeurs qui expliquent bien que les gens vont supporter des ressentis très négatifs, certes jusqu’à un certain point.
Après globalement les relations de couples modernes sont traversées par des valeurs de sécurité et liberté, et échouent quand dans la pratique on n’arrive plus à articuler ces deux valeurs.
Discussion : Amours compersives, amitiés compersives, ou la compersion comme modalité interactionnelle
crest
le jeudi 09 octobre 2025 à 06h40
Oui il faut se méfier des quiproquos en toute situation. Mais dans tout collectif de personnes qui ont l’habitude de se fréquenter les mots ont bien un sens identique. C’est quand on se déplace à l’extérieur des personnes qu’on fréquente et dans d’autres milieux sociaux que les quiproquos arrivent. Définir les mots est alors particulièrement utile quand on cherche à communiquer en dehors de son entre-soi ou réseaux habituels.
Hors contexte de relations polyamoureuses, se réjouir de n’être pas indispensable à autrui, c’est pour moi se réjouir de vivre seul, hors couple.
Quand j’entends cette éloge autour de moi, c’est souvent en référence à des relations de couples passées ou hypothétiques, dont on n’a pas ou plus envie. Il s’agit d’un sentiment de libération par rapport à des engagements que l’on ne souhaite pas ou plus. On est finalement encore dans le contexte des relations amoureuses et de couples. C’est en référence à ce contexte que ce sentiment existe.
Je pense que ça peut toucher les femmes pour des raisons spécifiques car c’est elles qui peuvent être épuisées en particulier par le travail de care qu’il y a à l’intérieur du couple. Ce travail d’attention de tout les instants à l’autre peut rendre réjouissant et libérateur le fait que ce travail soit d’avantage distribué et ne repose pas que sur soi.
Discussion : Amours compersives, amitiés compersives, ou la compersion comme modalité interactionnelle
crest
le samedi 04 octobre 2025 à 07h26
artichaut
Je pense qu'on se comprendrais mieux, si justement on mettait un peu plus de récit d'expériences derrière ce qui sinon ne sont que des mots vides et creux.
Cela suppose-t-il que la notion de compersion n’est pas si claire que cela en contexte amoureux ?
J’ai plutôt compris que tu souhaitais utiliser ce mot pour désigner une expérience plus générale, non limitée au contexte amoureux.
Qu’est-ce que ça apporterait par rapport aux autres notions existantes (empathie, altruisme, bienveillance, care, …) ?
Au delà du sujet amoureux, je m’intéresse particulièrement à tout ce qui rend possible le don sans contrepartie, au fait de donner contre rien, le don étant par définition un acte volontaire. Dans les autres cas on est soit dans le registre de l’échange ou du contrat, soit dans le registre du transfert obligatoire ou de l’extorsion.
Le don est pour autant un très vaste domaine de pratiques et très riches en sous-catégories possibles, même dans les sociétés capitalistes qui en tant que telles sont fondées sur l’échange. On le trouve par exemple là où la réciprocité n’est pas possible, par exemples dans les liens entre parents ou enfants, ou le soin envers les handicapés. Je ne développe pas plus ici (*).
Je précise cela car il me semble un peu que ce qui tu souhaites décrire ou valoriser est relatif aux logiques sociales du don.
(*) voir par exemple
https://journaldumauss.net/?Le-nouveau-MAUSS-est-a...
Message modifié par son auteur il y a 2 mois.
Discussion : Amours compersives, amitiés compersives, ou la compersion comme modalité interactionnelle
crest
le jeudi 02 octobre 2025 à 05h41
En fait pour nommer une expérience je pense qu’il faut au moins deux personnes qui aient la conviction qu’elles fassent la même expérience. Il n’y a pas de langage privé disait Wittgenstein.
Imagine un enfant qui apprend à parler français et ne connaît pas le sens du mot froid. Il sort dehors pendant l’hiver avec un adulte qui lui dit « oh il fait froid! ». L’enfant vient d’apprendre le mot « froid ».
L’autre façon d’apprendre un mot à l’âge adulte est de décrire un certain contexte d’où un événement émerge, et qu’il s’agit de nommer.
Le mot compersion a été inventé dans le contexte de relations amoureuses plurielles, ordinairement entachées de jalousie et divers sentiments désagréables à ressentir, et d’où émerge l’événement d’une émotion positive, que l’on a nommé compersion. Il n’y a pas forcément besoin d’en dire beaucoup parce que la compersion dérive d’une expérience ordinaire connue des locuteurs : la relation amoureuse.
C’est pourquoi je serai favorable à la création d’un autre mot ou expression pour décrire les expériences que tu décris, et dont la toile de fond est différente. Cette toile de fond est à mon avis la critique du modèle amoureux étendue à la critique du modèle polyamoureux. Dans ce modèle les individus sont fortement validés par un ensemble de relations très intimes (j’aurais envie de dire communautaires) répétées dans le temps et avec un engagement à ce qu’elles se répètent. La critique de se modèle fait émerger des expérience où l’individu apparait comme détaché de ce type de relation, et valorisant fortement le fait de s’en détacher.
J’ai tenté d’appuyer le fait que le détachement complet à l’égard des égards des autres êtres humains pour nous, tout en éprouvant de l’amour pour ces êtres humains, etait une expérience limite spirituelle voire religieuse/
Dans mon expérience je parle « d’accéder à la sainteté » pour décrire ironiquement mon état psychologique quand je suis détaché des turpitudes amoureuses avec autrui que connaît ma partenaire. Je parle d’ironie parce que je ne pense pas que ce soit de la sainteté : je suis tout simplement content d’être seul, cependant que je sais que je serai content de retrouver ma chérie plus tard.
D’un autre côté j’ai été tellement déstabilisé par l’expérience d’ouverture de mon couple que j’ai eu envie de me tourner vers une religion pour m’agripper à quelque chose. Puis j’ai découvert que ma façon d’aimer en relation amoureuse ressemblait beaucoup à l’idolâtrie qui est au principe de la critique que font les religions monothéistes naissantes des sociétés d’où elles émergent. L’idolâtrie est le fait d’adorer et de diviniser des entités que l’on crée soi-même, en pensant ensuite qu’elles ont une vie propre et qu’elles vont nous sauver des affres de la vie. Je pense que l’expérience amoureuse est une forme d’idolâtrie, et dire cela est évidement un geste critique pour tenter de s’en détacher.
Il me parait difficile de nommer une expérience sans un geste critique vis-à-vis d’une autre expérience dont les locuteurs ont l’expérience et qu’ils savent nommer.
Le fait de ne pas le faire s’appelle le quiproquo et génère des « faux problèmes ».
Message modifié par son auteur il y a 2 mois.
Discussion : Amours compersives, amitiés compersives, ou la compersion comme modalité interactionnelle
crest
le mercredi 01 octobre 2025 à 06h19
J’ai l’impression que la compersion des polyamoureux est plus spécifique voire d’une autre nature que celle que souhaites conceptualiser ici. Je projette un peu ma vision dans ce qui suit mais c’est pour tenter de mieux cerner ce que tu veux dire.
Il me semble que la compersion des polyamoureux est plus (schématiquement) de l’ordre de l’excitation sexuelle, celle du caudalisme.
Il y a un « oubli » de soi fugitif qui peut faire penser qu’on a franchi un cap dans le lâcher prise.
Mais à mon avis cela est permis par un lien très particulier avec la personne dont on se réjouit de la joie qu’elle éprouve, en sachant (et parce que on le sait, pour certaines raisons) que cette personne pense à nous aussi, à tout moment, de sorte que cette personne nous inclue dans son ressenti. On peut s’oublier mais c’est parce que l’autre, précisément, ne nous oublie pas, pense à nous. On n’a plus besoin de l’autre à ce moment-là, mais c’est parce que antérieurement il nous a promis de ne pas nous oublier, et qu’on sait qu’on le retrouvera bientôt.
Bref je suis tenté de dire que la compersion des polyamoureux a tout de l’amour amoureux, un peu déviant par rapport à la norme, mais qui puise quand même dans les mêmes ressorts affectifs, du lien privilégié et unique entre deux personnes qui s’aventurent hors de leurs habitudes mais qui peuvent le faire grâce à une grande confiance préexistante.
Le fait qu’on appelle « amoureux » différentes phases du script romantique (le début de l’excitation sexuelle comme la relation de couple plus mature après plusieurs années ensemble) fait qu’il est tentant de nommer polyamour des relations simultanées mais développées à des stades de maturité différents. La compersion pourrait dans cas être l’évocation émotionnelle de l’amour naissant au sein d’un couple mature, qui peut ainsi revivre les sensations, érotiques, de l’amour naissant.
La compersion est une peur surmontée de perdre le lien mais le lien est préexistant. J’ai du mal à visualiser une personne flottante se réjouissant de ne pas être indispensable nul part, sauf à être particulièrement touchée par une foi en quelque chose (dieu, un idéal, etc) ou à accéder à des mondes transcendants qui la valide à tout moment. Le prototype de cette personne est quelqu’un qui aime indistinctement tous les êtres en raison d’une conscience élargie et d’une conviction que quelque chose de commun préexiste à l’infinité possiblement chaotique des événements humains.
A l’inverse de cette vision de la sainteté tu postules une compersion ancrée dans les expériences les plus ordinaires des gens. Je pense qu’il serait intéressant de décrire ces expériences car paradoxalement leur caractère ordinaire fait qu’on a particulièrement besoin de le faire.
Message modifié par son auteur il y a 2 mois.
Discussion : Revalorisons l'amitié, les amitiés, le lien dit amical.
crest
le mercredi 13 août 2025 à 18h12
Je ne sais pas trop où mettre cela, mais je signale ces deux choses :
> Le 30 août, un nouveau festival s’invite à Lyon pour célébrer ce lien essentiel, trop souvent invisibilisé : l’amitié !
https://rebellyon.info/Nos-Puissantes-Amities-Open...
> Le Monde, 30/07/2025 : Ils sont amis et se marient : « Ça faisait un moment que je réfléchissais à décentrer l’amour romantique de ma vie »
Difficiles à quantifier car souvent non officielles, les unions entre amis se développent. Une façon de marquer l’amitié, à l’heure de la remise en question du couple hétéronormé et de ses attributs.
https://justpaste.it/j0120
Message modifié par son auteur il y a 3 mois.
Discussion : Politiser la non-monogamie
crest
le jeudi 19 juin 2025 à 11h05
RedRackham
--> Est-ce vous pensez que la non-exclusivité / la non-monogamie justifie un engagement politique ?
A mon sens, cela demanderait une clarification de ce qu'est la non-monogamie.
1) Est-ce que c'est une polygamie ?
Dans ce cas, la dimension politique concerne la filiation, la parentalité, le régime patrimonial.
2) Est-ce que c'est une nouvelle façon de flirter (rencontrer plusieurs partenaires en même temps) en attendant de construire une relation monogame, agrémentée éventuellement de relations secondaires ?
2bis) Ou bien une nouvelle façon de rompre les relations monogames, en s'autorisant une chevauchement (de plus en plus public et assumé) des relations monogames dans le temps ?
Dans les deux cas, je ne vois pas où est la dimension politique. On est plus sur une évolution des codes sociaux à l'intérieur du paradigme monogame.
3) Est-ce que c'est une remise en cause du script romantique/amoureux ? Et dans ce cas, la non-monogamie est également une critique du polyamour (au sens où il est fondé sur la norme du sentiment amoureux) ?
Le but est moins de reconnaître une nouvelle forme de relation, que faire descendre de son piédestal la relation amoureuse comme nec plus ultra des relations humaines. En revalorisant l'amitié par exemple.
Message modifié par son auteur il y a 5 mois.
Discussion : Penser aux autres partenaires avec 1 partenaire
crest
le mercredi 14 mai 2025 à 08h03
Je pense effectivement que si les pensées ne se contrôlent pas entièrement, la valeur qu'on leur donne est volontaire et consciente, ce qui explique qu'on s'autorise à les verbaliser.
Cependant le cadre intime d'une relation peut inciter à "tout dire" et être le plus transparent possible, surtout dans un cadre de relation non-exclusif où c'est d'autant plus valorisé.
E..<3
Mon partenaire trouve ça chouette de penser à ses autres partenaires quant il est avec moi.
Moi je trouve ça chouette de cultiver le moment present quant on est ensemble.
Je pense la même chose quant il est avec ses autres partenaires, je ne trouve pas ça chouette qu'il pense à moi.
Il cultive/alimente ses pensées.
Type elle me manque, j'ai hâte d'échanger avec elle quant il est avec moi.
Simple hypothèse : Cela peut pouvoir dire que, plus généralement, ton partenaire fusionne ses relations et valorise cette fusion possible (ou aurait envie de le faire d'avantage, façon trouple), et à du mal à cloisonner les relations qu'il a en ce moment. Ce qui est peut-être en décalage complet avec ce que ses partenaires souhaitent vivre, à savoir une certaine exclusivité "sur le moment".
C'est pour cela que le fait qu'il alimente ces pensées devient alors problématique.
Si c'est le cas, ça doit se manifester par d'autres actions de sa part dont on n'a pas connaissance ici.
Autre hypothèse : la phrase "elle me manque" renvoie je pense à un imaginaire particulier, romantique-amoureux et donc exclusif (*), qui rend mal à l'aise dans une configuration de non-exclusivité.
(*)
/discussion/-cXL-/Script-romantique-et-NRE/
/discussion/-cZx-/Relations-amoureuses-et-comparai...
Message modifié par son auteur il y a 6 mois.
Discussion : Besoin de conseils pour une situation d'ouverture de couple avec une amie
crest
le mercredi 14 mai 2025 à 07h43
Die Hexe
Je suis en couple exclusif avec ma compagne depuis 5 ans. Nous nous sommes rencontrées lorsque j'étais avec mon ex avec qui nous avons vécu 6 mois en trouple, mon ex et moi nous sommes séparées et nous avons décidé de rester ensemble avec ma compagne actuelle. (...) Au départ j'étais d'accord avec cette idée, surtout après ce qu'on venait de vivre à 3 je m'en sentais capable et ça me plaisait. Mais au fil du temps je me suis renfermée et j'ai repoussé toute conversation sur ce sujet car remplie de peurs et d'injections à l'exclusivité (alors que moi aussi j'ai éprouvé du désir pour d'autres personnes mais j'ai refoulé ça en me culpabilisant).
Qu'est-ce qui a fait que "au fil du temps", tu sois passé d'une relation de trouple (dont tu dis plutôt du bien ici mais dont tu parles très peu) à une relation de couple à deux que tu souhaites maintenant exclusive ?
Die Hexe
Je suis en couple exclusif avec ma compagne depuis 5 ans.
(...)
Je me sens sous pression mais en même temps ça fait au moins 1 an que j'aurais pu prendre ce sujet en charge. Ma temporalité, mon besoin de défricher un peu tout ça avant qu'elles aient une relation plus intime, n'est pas la leur. Surtout pour notre amie pour qui l'intensité de son désir devient très difficile à gérer.
Cinq ans c'est largement suffisant pour "oublier" le contrat initial qui comportait la possibilité de relation non-exclusive. Que s'est-il passé pendant ces 5 années ? Est-ce qu'il y a eu un travail de fait pour discuter des relations non-exclusives à froid (c'est-à-dire en l'absence d'une autre relation possible et pas sous la menace d'une séparation comme aujourd'hui) ? Qu'est-ce qui a été fait pour éviter de retomber dans l'exclusivité ?
Die Hexe
Tout en me rassurant à 1000% sur le fait qu'elle m'aime, qu'elle veut continuer la vie avec moi et que notre relation est la relation socle. Mais que si je n'arrive pas à accepter leur
potentielle relation et bien ça remettra en question notre couple pour elle
.
Je ne crois pas que ce soit tellement rassurant de dire à la fois qu'on tient à une personne et qu'en même temps, si elle n'arrive pas à faire quelque chose de très difficile pour elle (et suffisamment vite), on la quitte.
Ce qui aurait rassurant aurait été de dire est que les choses vont aller à ton rythme, puisque de ton côté visiblement tu multiplies les démarches pour ouvrir ton couple.
Aussi, le terme de "relation socle" est je pense assez ambigu quand la relation en question n'est pas si solide et en questionnement comme tu l'expliques par ailleurs. Ça donne plutôt l'impression que ce "socle" est en réalité conditionné à plein de choses encore très incertaines.
L'idée très prochainement, à ma demande, est qu'elles définissent ensemble des possibilités de relation, s'accordent sur leurs envies, (je ne veux pas participer à ce temps, j'ai posé mes limites) et qu'ensuite on en reparle à 3 et définisse un cadre et des règles.
ça devrait te permettre de diminuer ton stress, je l'espère. Tiens-nous au courant :)
Message modifié par son auteur il y a 6 mois.
Discussion : Mon conjoint souhaite devenir polyamoureux
crest
le lundi 12 mai 2025 à 09h01
Ceriseflo
Cela fait seulement 5 semaines mais tout va très vite et il m'a dit il y a 2 jours qu'il souhaitait vivre du polyamour avec sexualité. Il n'a pas besoin que les choses se fassent dans l'urgence mais il m'a dit que c'était maintenant une certitude et que si je ne pouvais l'envisager le moment venu il me quitterai car il ne voulait pas m'imposer cela.
C'est un sacré coup pression que tu vis là.
Certes il n'y pas d'"urgence" mais maintenant il y a une menace de séparation si le "moment venu" tu n'es pas prête. J'y vois une injonction paradoxale (pas d'urgence mais une menace qui peut s'exécuter à un moment indéterminé, et surtout à moment qui ne dépend pas de toi).
Quelque chose de plus bienveillant et plus réaliste aurait été de proposer de construire une non-exclusivité dans le couple, en y allant progressivement et à ton rythme, et sans commencer par le plus difficile pour toi.
Est-ce que avant ces 5 semaines vous aviez déjà évoqué la possibilité de relations non-exclusives ? Est-ce que ton conjoint se documente sur le sujet également et pas uniquement toi ?
Discussion : Difficultés du polyamour en ruralité dans un petit milieu
crest
le mardi 06 mai 2025 à 09h23
Genre si ça va pas entre nous, j'ai l'impression que tout mon monde s'écroule, je me mets en retrait car j'ai l'impression d'être moins légitime qu'S. à exister dans ces espaces.
Qu'est-ce qui t'incite à te mettre en retrait ? Ton propre malaise intérieur ou le fait de ne pas être légitime à ressentir de l'insécurité dans des schémas non-exclusifs ?
As-tu des personnes à qui te confier sur place ? Les autres personnes sont-elles dans des orientations non-exclusives également ?
Et risqué (si les choses se passent mal pour 1 raison ou 1 autre, c'est tout ce petit noyau de personnes qui peut imploser: on est queer et on a pas bcp d'espaces safer).
Si d'autres personnes de ce milieu sont en relation non-exclusives, il y a fort à parier que ça ne se passe pas comme sur des roulettes. Y a-t-il possibilité d'organiser quelque chose comme un café poly, ou autre espace de discussion, qui permettrait au moins d'échanger sur des ressources théoriques ?
Discussion : Difficultés du polyamour en ruralité dans un petit milieu
crest
le mardi 06 mai 2025 à 09h11
Salut,
Je te conseille si tu ne les connais pas les 2 brochures "Le début de la fin des haricots" vol 1 et 2, qui ont été écrites dans un contexte féministe avec lequel tu seras peut-être familier :
https://infokiosques.net/spip.php?article1566
https://infokiosques.net/spip.php?article1854
Un petit extrait :
Si vous souffrez très fort de jalousie dans le cadre d’une relation poly, rappelez-vous d’abord que le poly n’est pas une injonction et que personne n’est un super héros/une super héroïne capable de déconstruction express de la jalousie. On n’est pas venu.es ici pour souffrir, ok.Ensuite, soyez indulgent.es avec vous-même, sans pour autant vous laisser aller totalement dans le délire control freak. Expliquez plutôt à vos partenaires ce qui vous effraie réellement (oui vous vous sentirez peut-être ridicule, mais vaut mieux avoir l’air con que de péter un plomb), la jalousie est souvent l’arbre qui cache la forêt :
- Partenaire A : « J’suis jaloux de Fifrelin, mais j’ai surtout peur que : il soit meilleur amant que moi/que tu te barres avec lui loin de moi/que tu adoptes un cochon d’inde avec lui/qu’il soit meilleur aux petits chevaux que moi, etc. »
Et là, la personne en face devrait répondre un truc du genre :
- Partenaire B : « tu es exceptionnel à mes yeux pour telle ou telle raison, aie confiance, et je peux aussi adopter un cochon d’inde avec toi si c’est vraiment ça qui te ferait plaisir. »
J'ai moi aussi été confronté à cette difficulté de vivre des relations multiples dans un "petit milieu", qui plus est enclin au départ à "politiser" le polyamour sous forme d'une injonction à déconstruire le modèle exclusif.
Comme le dit la brochure, c'est surtout l'estime de soi qu'on risque de déconstruire quand on est confronté au risque permanent d'être comparé à d'autres personnes dans son intimité.
J'ai aussi vécu ce qui est dit dans le volume 1 : "la sur-importance de la relation amoureuse peut être provoquée par la non exclusivité elle-même."
Pour moi la porte de sortie est de s'interroger sur le script romantique et à ce qu'il entraîne comme schémas de compétition.
J'ai tenté de théoriser cela ici :
/discussion/-cXL-/Script-romantique-et-NRE/
/discussion/-cZx-/Relations-amoureuses-et-comparai...
Message modifié par son auteur il y a 7 mois.
Discussion : Le rationnel comprend, l’émotionnel s’effondre
crest
le jeudi 03 avril 2025 à 20h08
Je compatis à ta souffrance et beaucoup se reconnaîtront, malheureusement, dans ton témoignage.
Tes mots sont touchant.
Ceci dit j'aimerais tenter de décaler le regard.
Thorba
Ce matin-là, j’ai fini par voir la réalité en face : je suis dans une relation polyamoureuse.J’ai toujours dit que je ne voulais pas l’être. Que c’était une de mes limites dans cette relation. Mais de fait, je l’ai toujours été. À mon insu. J’ai refusé de le voir, de l’accepter.
Je lui ai exprimé ça. Elle a hoché la tête.
Je te propose un autre exercice de pensée : dis-toi que personne n'est polyamoureux dans cette situation que tu vis, que tu ne l'es pas, mais que ta compagne non plus, pas plus que son ex.
Qu'est-ce que ça fait ?
Personnellement ça m'a aidé, dans une situation similaire à la tienne, à me sentir mieux.
Tu peux voir le polyamour dans votre cas comme un projet de construction collective à trois personnes d'un édifice existentiel dont le résultat est que chacun se sente en sécurité (affective). Ce résultat n'étant pas atteint, il est rédhibitoire -et en réalité absurde- de dire que unetelle est polyamoureuse et que untel ne l'est pas. Le polyamour n'est pas une qualité attachée à un individu (ainsi le fait d'avoir un élan romantique envers 2 personnes ne devrait pas être appelé "être polyamoureux") mais à une maison collective où tout les habitants se sentent aimés et en sécurité.
Il faut suivre le "rythme du plus lent" (c'est une expression des polyamoureux). Si tu ne te sens pas bien, le chantier doit d'arrêter. Il faut discuter, et comme vous vous en êtes aperçus vous-mêmes, arrêter de le faire quand la fatigue se fait sentir.
Je pense que les mots déclenchent un imaginaire et des attentes sociales qu'on ne peut pas évacuer. Le choix d'utiliser le mot "amoureux" pour décrire un genre d'émotion n'est pas neutre car il est directement associé à une institution qui dans notre société est la monogamie (historiquement assurant la filiation et l'héritage), que la société moderne a relié et fusionné avec l'idéal du mariage d'amour, et donc un style d'émotions et de sentiments, et que l'on apprend à force de répétition à nommer "être amoureux". Cette socialisation est très puissante - comme toute socialisation. Les émotions très violentes que l'on ressent quand on la transgresse en sont la manifestation.
Se dire "polyamoureux" quand on souhaite des relations intenses plurielles c'est, plus j'y réfléchis, se tirer une balle dans le pied. Pour reprendre le titre de ton témoignage "Le rationnel comprend, l’émotionnel s’effondre", je pense plutôt que, quand il y a une telle déconnexion entre l'idéal (ce qu'on voudrait qu'il existe) et la pratique (ce qu'on vit réellement dans sa chair), c'est que la théorie et les concepts qui formulent cet idéal sont à retravailler.
Bon courage à toi
Message modifié par son auteur il y a 8 mois.
Discussion : Relations amoureuses et comparaisons
crest
le dimanche 30 mars 2025 à 11h59
Déjà il y a t-il une différence entre comparer et le sentiment d'être comparé ? Est-ce qu'on se compare, car on a le sentiment d'être comparé ?
Justement, c'était le sens de mon propos : on n'a pas le choix de se comparer ou pas, c'est induit dans la façon dont est codée la relation amoureuse dans une société qui n'est pas polygame. Ce n'est pas une question de volonté ou d'auto-discipline personnelle.
Discussion : Le rationnel comprend, l’émotionnel s’effondre
crest
le dimanche 30 mars 2025 à 11h52
Et je ressens en même temps une pression énorme à devoir m'ouvrir pour ne pas la perdre. Elle ne me le demande pas explicitement.
Peut-être qu'il faudrait creuser cela : le non-dit, une façon de faire peser une exigence/pression sans en parler ?
Comme une contrepartie ou contre-poids à une pression ressentie de l'autre côté :
Mais elle m'a aussi dit qu'elle ne pouvait pas me donner plus sans se perdre elle-même. Et je le crois. Je le vois. Elle a ses propres limites, ses propres douleurs aussi. Elle n'est pas mon sauveur. Elle ne peut pas porter tout ce que je vis.
?
Dans certains cas, le polyamour est la "solution" involontairement trouvée (rien que le fait que le concept existe dans la société suffit...) pour rééquilibrer une relation existante insatisfaisante mais dont l'insatisfaction n'a pas pu être verbalisée, conscientisée, assumée.
Discussion : J'ai juste besoin de partager ce moment compliqué
crest
le dimanche 30 mars 2025 à 11h38
J'ai finalement déplacé mon message ici :
/discussion/-cZx-/Relations-amoureuses-et-comparai...
Concernant le récit fait ici je m'étonne qu'on s'en tienne au fait que quelqu'un "soit" "mono" comme l'explication ultime de pourquoi ça se passe pas bien. Sans qu'il y ait eu besoin de décrire ce que fait cette personne "mono".
Il y avait pourtant d'autres signaux explicatifs qui n'avaient pas besoin de cette hypothèse essentialisante (des gens seraient "mono" et d'autres pas):
Alastor
Je n'avais pas de jalousie, pas de sentiments négatifs, MAIS j'étais aussi toujours la relation cohabitante.
Que j'ai traduis par : par le fait d'habiter avec ma relation, j'avais une place spéciale dans la configuration polyamoureuse qui évitait que je compare ma relation (ou que je la compare défavorablement) avec les autres relations de la personne avec qui je partage le quotidien.
Cette autre relation a débuté sur une amitié sur laquelle nous avons ajouté une dimension sexuelle.
On en attendait rien de plus...
Cette autre relation a une relation amoureuse et sexuelle avec quelqu'un d'autre qui a débutée quelques mois avant la nôtre.Actuellement nos sentiments ont évolués on s'est dit qu'on était amoureux l'un de l'autre.
Mon problème est que je vois cette personne que j'aime faire entrer de plus en plus dans sa vie quotidienne son autre relation.
Concrètement cette personne passe plus de temps avec son autre relation.
Il pense aussi présenter cette autre relation à ses enfants.(...)
Je suis en colère que cette relation présente son autre relation a ses enfants car pour moi cela revient à la faire entrer dans son foyer intime et donc passer encore plus de temps ensemble pour eux deux.
Ici on passe de l'amitié à l'amour amoureux, puis à la présentation aux enfants. C'est à partir de ces 2 événements que la question de la comparaison et de la place se pose et donc de l'insécurité affective : 1/ c'est une relation amoureuse 2/ qui devient comparable défavorablement à une autre relation amoureuse qui prend une double forme officielle/publique (escalator relationnel) et cohabitante (ce qui a manifestement son importance ici cf point précédent).
Message modifié par son auteur il y a 8 mois.