Polyamour.info

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(France)

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Discussion : Script romantique et NRE

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crest

le dimanche 05 janvier 2025 à 13h21

Coucou Alabama,

Oui c'est bien ça !
A ceci près qu'il n'y a pas de symétrie entre un script romantique actualisé par des millions de fictions et représentations culturelles et de pratiques sociales constituant la norme, et des nouvelles règles bricolées par des individus tentant de déplacer la norme.

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Discussion : Envisager le polyamour

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crest

le dimanche 05 janvier 2025 à 13h15

Bonjour Ulrich,

D'après ton récit, la plus grande difficulté semble provenir du souhait de N que tu quittes L, alors que tu ne le souhaites pas.

D'où sans doute les multiples ruptures / réconciliations avec N que tu mentionnes ?

Ulrich
Après de multiples ruptures / réconciliations, N a accepté (pour l’instant) que continue notre relation extra conjugale.

Tu indiques aussi :

Ulrich
Elle souffre de ne pas avoir la plénitude d’une vie de couple avec moi.

Qu'est-ce que ce serait concrètement cette vie de couple ? Te voir aussi souvent qu'elle le souhaites ? Le faire sans se cacher ? Former une famille recomposée et s'occuper avec toi de tes enfants ?

Ulrich
Enfin, c’est peut-être déséquilibré car, en en parlant à son mari, N prend le risque de voir son couple voler en éclat, alors que moi, j’ai déjà dit à L que j’étais amoureux de N et cela ne s’est pas trop mal passé au bout du compte.

L est-elle au courant que N souhaite que tu la quittes ?

Message modifié par son auteur il y a 8 mois.

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Discussion : Script romantique et NRE

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crest

le mardi 31 décembre 2024 à 16h04

Même quand la personne vivant une nouvelle relation amoureuse ne néglige pas les autres dimensions de sa vie (comme tu le dénonces à juste titre Alabama), le problème que je soulève dans mon texte existe toujours.

Pour moi la NRE, ou amour naissant, n'est pas problématique en raison de sa dimension destructrice, mais plutôt en raison de ses suites socialement possibles, c'est-à-dire dans la façon dont il peut s’institutionnaliser (*).

C'est l'étape d'après la NRE qui m'intéresse. Et le fait que les étapes dont les personnes disposent culturellement sont massivement issues d'une culture romantique par essence monogame. C'est là où ça coince.

_

(*) Pour reprendre les termes d'Alberoni :
/discussion/-eo-/Amours-institutionnelles-ou-revol...

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Discussion : Script romantique et NRE

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crest

le dimanche 29 décembre 2024 à 13h38

Dans le polyamour il est admis que l'énergie des nouvelles relations (NRE) existe et est neutre éthiquement. C'est-à-dire qu'elle est en soi compatible avec le polyamour.

En fait, ce qu'on appelle la NRE n'est rien d'autre que le fait de tomber amoureux, et il s'agit là de la première étape du script romantique. La NRE n'est pas qu'une émotion d’attirance envers une personne, mais un ensemble d'actions concrètes codées socialement (parler un certain type de langage, s'envoyer des mots doux, se faire des cadeaux, un certain type d'intimité, où les deux personnes se doivent d'accomplir chacune ce type d'action visible pour l'autre, tout en vérifiant pour soi-même que ça s'accompagne d'une émotion d'intensité suffisamment forte, etc). Le script romantique est un ensemble de code sociaux, partagés par toutes les personnes des sociétés modernes sécularisées. On peut en trouver un exposé critique chez Aline Laurent-Mayard (*).

Laurent-Mayard n'aborde pas le polyamour (elle défend plutôt la légitimité du célibat) et le fait que le script romantique qu'elle dénonce est monogame.

Si le script romantique n'était pas monogame, les gens ne galéreraient pas autant dans le polyamour. Quand une personne déjà en couple tombe amoureuse d'une 3ème personne, et qu'on appelle ça la "NRE", et qu'on dit que NRE fait partie du polyamour, alors le script romantique est enclenché. Systématiquement, des émotions négatives très fortes en résultent (jalousie, insécurité).

Dans le script romantique, il y a toujours deux personnes en tête à tête, à l'écart de la société, quand bien même c'est la société et son histoire qui a offert les codes permettant à ces deux personnes d'être "ensemble". Le script romantique est clairement monogame et la NRE est une étape pour former un couple monogame. Au contraire des sociétés traditionnelles, les sociétés modernes n'imposent par aux personnes un partenaire. C'est le script romantique qui permet aux personnes de trouver un autre partenaire et c'est une émotion éprouvée par les deux partenaires qui valide leur relation. Cette émotion c'est le NRE. D'où le fait que "tomber amoureux" ne soit pas considéré comme une maladie mentale ou une émotion pénible, mais au contraire comme quelque chose que toute la culture moderne valorise, y compris dans le polyamour.

Dès lors, il apparaît plus compréhensible que les personnes impliquées dans une multiplicité de relations socialement codées comme monogames (malgré le fait de proclamer la configuration comme "polyamoureuse") soient en souffrance, en tension quasi-permanente, et ressentent de l'insécurité dans une situation dissonante. Faute d'autre script, la suite socialement logique de la NRE étant le couple monogame exclusif, il est normal que les personnes se sentent menacées d'être exclues de leur relation quand la NRE surgit chez leur partenaire.

(*) Aline Laurent-Mayard présente son livre "Post-romantique" dans cette émission de Blast
https://www.youtube.com/watch?v=50nkp1l4e30

Message modifié par son auteur il y a 8 mois.

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Discussion : Trio asymétrique - Comment avancer sereinement ?

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crest

le jeudi 05 décembre 2024 à 12h26

Ces deux propos se contredisent nettement :

JohannS
C'est le fait d'avoir rencontré quelqu'un (A.) qui m'incite à chercher un mode relationnel compatible avec mes aspirations, et pas l'inverse.

JohannS
Je suis un homme en couple depuis 21 ans avec une femme. La question des relations multiples a plus ou moins toujours plané au-dessus de notre relation, de manière inconstante et imprécise.

Je me dis que ça fait longtemps que tu souhaites ouvrir ta relation, mais comme la voie n'était pas libre faute d'accord de ta femme, tu finis quand même par tomber amoureux de la première personne proche de toi car :

JohannS
mon quotidien n'est pas organisé de manière à rencontrer facilement des gens,

Est-ce que tu te dis qu'avec une personne moins proche de ta femme, ce serait plus facile d'ouvrir ton couple ? Qu'est-ce qui est le plus important pour toi ? Avoir une relation amoureuse avec A. ? Ou bien ouvrir ton couple durablement ?

Message modifié par son auteur il y a 9 mois.

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Discussion : Construire la non-exclusivité en dehors du couple

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crest

le mardi 03 décembre 2024 à 21h50

Merci pour vos réponses, en particulier celles d'artichaut qui me fait voir les choses autrement. Il y a déjà de bonnes bases pour un nouvel article ^^

La belle liste donnée pour redéployer les relations hors du couple est super intéressante, pour l’indécrottable amoureux que je suis. Dans cette liste, c'est le cercle de parole que je pratique et je peux témoigner que ça m'a fait du bien dans les périodes de panique sentimentale, puisqu'il y est directement d'intimité avec des personnes avec qui on ne partage pas une intimité amoureuse. Et qui peuvent ensuite devenir des ami.es.

Message modifié par son auteur il y a 9 mois.

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Discussion : Toute relation amoureuse et sexuelle est monogame

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crest

le mardi 03 décembre 2024 à 21h32

Je peux témoigner que ce concept de polymonogamie lancé par artichaut a une très grande vertu thérapeutique pour sortir du schéma infernal mono-poly :

- Il permet à la personne monogame qui se fait "ouvrir" son couple d'améliorer son estime de soi, puisque tout le monde est monogame, même le partenaire qui a 2 relations. Elle n'est donc ni à la traîne, ni le maillon faible, ni la plus lente, ni la plus mono, ni la moins poly.

- Il permet de voir un truc qui sinon reste dans l'ombre : dans le polyamour comme projet, c'est un même type de relation que l'on superpose dans le temps, dont l'essence est l'exclusivité c'est-à-dire l'intimité, c'est-à-dire la séparation radicale et existentielle, entre un intérieur et un extérieur.

- La personne qui se fait ouvrir son couple vit une crise existentielle. La bulle qui la protégeait de l'extérieur est comme percée. Elle perd pied car le centre à partir duquel elle se situait dans le monde est emporté dans cette tempête entrée dans sa bulle.
La personne qui ouvre le couple (pour avoir deux relations au lieu d'une seule par exemple), elle, devra se faire violence pour scinder en deux son intimité, comme ses autres relations le lui demandent.
Les deux personnes ne peuvent plus se comprendre directement (malgré les sentiments restés intacts), elles ne partagent plus les mêmes coordonnées du monde.

- La jalousie n'est jamais que l'autre face de l'exclusivité qui a servi de base pour se construire une existence, protégée de l'extérieur (nous et les autres)

A part cela je dirais que :

- Le couple de 2024 n'a presque rien à voir avec le couple des sociétés traditionnelles.
Cette intimité qu'il peut y avoir à tous les niveaux, et que l'on recherche dans le couple moderne, est très historiquement située. Et propre aux sociétés où l'individu est émancipé des communautés de base (famille, village, corporation etc) donc libéré dans un sens, mais sur un autre plan soumis à des épreuves continuelles dans une société basée sur la concurrence et la marchandise. Le couple est cet espace minimalement communautaire à partir duquel bricoler le confort affectif domestique, sans lequel il n'est pas possible de se projeter vers la société, dans l'espace public que sont les différentes scènes sociales (travail etc) qui n'offrent à l'individu que des liens faibles.
- L'exclusivité tant décriée est cette bulle de sécurité psychique, gage de santé mentale car elle valide l'importance de la personne et sa dignité à l'abri des épreuves de la société. Ces épreuves, par définition, comparent les personnes sur un même plan, tandis que dans le couple exclusif la personne est unique, mais comparable quand elle se fait ouvrir son couple. Sauf à ce que les deux relations soient fortement différenciées (distance géographique, sociale) et hiérarchisées (par des règles, des limites, des interdits, etc) pour créer autant que possible une incommensurabilité des personnes aimées.

- Le polyamour est une sorte d'opportunité dont les gens se saisissent pour ne pas rompre, alors que les individus dans le couple se mettent à diverger sur l'une ou l'autre des facettes de leur exclusivité. A condition qu'il n'y ait pas trop de facettes à remettre en jeu à la fois, le couple peut transformer son lien sans le détruire.
- Tant que la société est comme elle est, de plus en plus anxiogène et concurrentielle, les individus pourront y trouver une forme de sécurité psychique minimale. C'est donc plutôt la société telle qu'elle est devenue qui est à critiquer, plutôt que les moyens précaires par lesquels les gens bricolent des conforts affectifs.

Message modifié par son auteur il y a 9 mois.

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Discussion : Construire la non-exclusivité en dehors du couple

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crest

le dimanche 01 décembre 2024 à 12h06

Coucou,

J’essaie de trouver des stratégies pour être moins fusionnel dans mon couple avec ma compagne, qui a une relation avec une autre personne depuis quelques temps, cette situation étant amenée à durer.
De mon côté je ne suis pas super emballé par l’idée d’avoir une autre relation de mon côté. Notre couple était ouvert dans son principe depuis le départ mais monogame de fait, très fusionnel et très fluide jusqu’à ce que cette ouverture se concrétise, avec peu de consentement de mon côté (j’euphemise parce que je n’ai pas trop envie d’appuyer là-dessus dans mon propos pour l’instant).

Je lis ce forum et en particulier ´artichaut’ pour trouver de nouvelles façon de voir. Et de me sortir d’impasses qui je pense ont un lien avec les mots qu’on utilise pour décrire une situation.
Par exemple je coche pas mal de cases de la personne ´mono’ et ´polyacceptant’. Et s’ensuivent des réflexes comme par exemple l’idée qu’avoir une autre relation de mon côté serait une façon de retrouver l’équilibre intérieur perdu.

En partant du principe que ma partenaire qui a deux relations et mes metamours qui en ont deux aussi ne sont pas en polyamour mais en polymonogamie, je me dis que je pourrais construire du polyamour d’une autre manière qu’en investissant des relations amoureuses, sachant que dans mon couple la complicité est très forte avec beaucoup d’activités communes, répondant à mon idéal du couple de «  créateurs » (en l’occurrence dans le champ social/politique).

Je me dis aussi que ce changement dans mon intimité, soit je le ressens négativement comme une nostalgie douloureuse où tout était plus simple, soit je le vois comme un nouvel espace dégagé pour construire une autre manière d’être au monde, plus hardie envers les autres, moins recroquevillée sur le couple, que je pense on peut investir très fortement, non pas par conformisme social (et c’est là où je suis moins d’accord avec artichaut) mais parce c’est pour moi un espace de liberté et de sécurité incroyable dans une société en crise.

Cependant c’est un autre genre d’espace que je visualise comme alternative au couple. Le polyamour n’est pas forcément le nom de cet espace mais dans mon cas c’est peut-être une sorte de première mesure révolutionnaire, dans la mesure où la nouvelle relation de ma compagne peut être une force de changement comportant une part destructrice et créatrice.

Une autre raison qui pourrait donner du sens à une abstinence polyamoureuse dans mon cas (ne pas avoir d’autre relation alors que la voie est libre) c’est que je cumule pas mal de privilèges. Et que dans un sens la configuration où je reste avec une seule relation est une façon de rééquilibrer les liens existant et voir quelle dynamique ça peut créer.

Message modifié par son auteur il y a 9 mois.

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