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Lunule

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(France)

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Discussion : [Lexique] Multiamour (ou Multi-amour)

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Lunule

le lundi 02 janvier 2023 à 20h50

Déjà, je crois avoir aucune légitimité pour parler de ça. J'apporte un point de vue de mono en confrontation avec ces nouveaux termes et cherchant à les comprendre/se les approprier.
Il ne me semble pas que le problème soit uniquement étymologique. Il y a aussi une question de représentation. Dans le poste qu'@artichaut cite je fais le lien entre les systèmes d'opposition polyamour/monoamour et monogamie/polygamie.

Bien sûr si je fais ce lien c'est dans le cadre de la mauvaise représentation que peuvent avoir les monos à la réception du terme polyamour, pas de son acception par les polys. Il me semble que la ressemblance de ces systèmes d'opposition participe de la confusion et de la mécompréhension du terme polyamour comme une simple augmentation quantitative des relations monos. Autrement dit, "poly" charrie avec lui des représentations qui ne correspondent pas à l'acception que donne les concerné-es du terme, ce qui, par voie de conséquence, crée de la confusion (au sein des monos mais peut-être aussi au sein des "néo-polys", ce qui favoriserait des pratiques qui n'ont rien à voir avec les caractéristiques relationnelles que décrit @artichaut plus haut : "consentis, honnête, etc..." !?).

A ce compte, je crois que "multi" rompt avec ces représentations, quand bien même son étymologie correspond plus à une acception proche de "poly". D'où ma préférence pour ce terme, mais bon j'admets que de toute manière, c'est pas l'usage et que "polyamour" prime pour les concerné-es.

En fait, ces caractéristiques (consentement, honnêteté, etc...) me semblent être plus en rapport avec le terme "amour" que "poly", "pluri" ou "multi", de telle sorte que le choix du préfixe caractérise autre chose, mais j'ai du mal à bien définir. Peut-être le fait de la multiplicité des êtres avec qui on relationne dans un cadre amoureux (c'est-à-dire le cadre admettant obligatoirement/nécessairement les caractéristique décrite par @artichaut). Du coup, que cette multiplicité induit des rapports relationnelles multiples, diversifiés au sein de pratiques amoureuses communes et partagées (honnêteté, consentement, etc...).

Bon la limite c'est que le terme amour souffre aussi cruellement de certaines représentations en lien directe avec le monoamour (jalousie, exclusivité, non-consentement, etc...) ce qui induit un biais même, je pense, dans les termes incluant "amour". :/

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Discussion : Résignation des générations perdues et nouvelles générations

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Lunule

le lundi 02 janvier 2023 à 19h14

Déjà bonne année ! :)

bonheur
La honte !

Je sais pas si je fais un lien hasardeux, mais je viens de finir Les transclasses ou la non-reproduction de C. Jaquet, et selon elle la honte fait partie intégrante du processus de "transition" d'une classe à l'autre. Je crois que j'aime à penser les découvertes que je suis en train de faire, mon éloignement, ou plutôt mon désir d'éloignement du monoamour comme une "transition", qui engendre nécessairement son lot d'erreurs, de succès, de trouvailles malheureuses/heureuses, etc... Bon après, je veux pas non plus justifier quelconque comportement que je trouve moralement condamnable.

bonheur
D'ailleurs, notre échange d'aujourd'hui m'a inspirée un texte, adaptable en chanson.

Waw trop bien, tu me diras si ça se fait !! :)

bonheur
Ca me laisse percevoir du beau et je tente d'apprendre d'eux.

Pour tout te dire, je ressens exactement la même chose : j'ai 32 ans et je reprends mes études, actuellement en L2 je suis au contact quotidien de personne avec une génération de moins que moi. Je remarque aussi comment iels ont intégré (pour beaucoup) ce nouveau vocabulaire. D'où l'importance pour les générations perdues de constamment "réorienter son champ d'action" (comme tu dis) si on ressens une résignation, parce qu'à mon avis elle peut aussi mener à un immobilisme et/ou une perdition et c'est potentiellement un problème.

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Discussion : Résignation des générations perdues et nouvelles générations

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Lunule

le samedi 31 décembre 2022 à 15h07

Je comprends ton regard sur les jeunes qui t'entoure. Personnellement j'ai tendance à penser que même si nous ne sommes pas entouré-e de jeune (voulant dire les personnes constituant les générations postérieurs à la notre, donc en toute relativité), ça ne veut pas nécessairement dire que nous n'avons pas d'influence sur leurs constructions. J'ai tendance à voir l'influence individuelle comme connectée à un énorme réseau de multiples éléments s'influençant les uns les autres. De telle sorte que l'impact d'une personne sur une autre (quelque soit le domaine en question) influencera inévitablement les autres personnes en contact avec la deuxième. Pour être plus clair, si par exemple moi, qui n'ai aucun contact avec des jeunes, je suis en contact avec toi, que je t'impacte (positivement ou négativement), alors cet impact influera sur le contact que tu as avec les jeunes, et ainsi de suite. On peut très bien penser que ces impacts soit le fruit d'un élément objet et/ou abstrait (produit culturel, discours, émotions, contact physique, etc.).

Dans ce cadre, il devient pertinent, à tous les égards, de comprendre notre rôle signifiant dans ce monde et de prendre nos dispositions pour réfléchir et expérimenter dans le sens de la déconstruction (tout en admettant qu'elle n'est pas viable en finalité, et donc vaine). Je trouve ça assez paradoxale en soit, mais cette vision vertueuse m'enchante et m'empêche de me résigner. Du coup, même si le socle que tu es pour tes deux jeunes est clairement solide et ancré, je pense que tu fais partie d'un socle générationnel bien plus large sur lequel s'appuie les nouvelles générations (sans même en avoir conscience en fait, juste qu'elles héritent des réflexions et des expérimentations des générations perdues).

Bon, a priori, les jeunes dont du parle on déjà un certain âge, perso je les considère comme faisant déjà partie d'une génération perdue, dans le sens où la socialisation primaire est constituée depuis belle lurette. A vrai dire, il n'y a majoritairement que des générations perdues, le reste étant les générations n'ayant pas encore vécu cette socialisation, donc des personnes post-adolescentes. le principe étant que chaque génération met en œuvre des déconstructions en rapport aux socialisations primaires qu'elle a subit, et fasse bénéficier les résultats de ces déconstructions aux générations émergentes. Dans cette vision on remarque la temporalité du processus générationnelle, comme tu dis : il faut laisser le temps au temps.

Le tout c'est de saisir notre "rôle", ou en tout cas celui qu'on veut bien s'attribuer, dans ce jeu générationnel. Dès lors on comprend notre bassesse, à la fois dans ce réseau énorme d'influence (spatialité) et dans cette durée du changement aux échelles de génération (temporalité). Personnellement, ça me fait carrément relativiser les luttes, mon impact, la considération que j'ai pour les générations perdues, leur souffrance et leur actes engendrant de la souffrance. Ceci dit, bien entendu qu'il est important de la condamner cette souffrance et ces actes de souffrance, et je rejoins Caoline et artichaut pour relativiser le polyamour dans ces circonstances, mais dans le but d'un changement, je me dis que ce sont des souffrances obligées (j'suis pas sûr de ce que je dis là hein lol).

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Discussion : Consentement en polyamour : stop à l'usage du mot pour des situations qui n'en sont pas

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Lunule

le samedi 31 décembre 2022 à 12h05

Je pense qu'on se rejoint dans le fond @bonheur. Quand tu dis que tu te résignes pour ta génération mais que tu t'investis pour les nouvelles, c'est justement mon point !!
A vrai dire, je crois qu'il y a trop, dans les luttes en général, d'attentes vis-à-vis des générations perdues (c'est-à-dire déjà trop socialisées aux normes contemporaines et dont la déconstruction est vaine en finalité, mais pas dans la démarche). Et qu'en fin de compte, nos luttes devraient prendre un peu plus conscience que les réflexions et les expérimentations des générations perdues, conséquences de la démarche de déconstruction, sont le plus bénéfiques pour les générations en construction et non celles s'investissant dans cette démarche.

Là où il me semble qu'on diverge, c'est dans la prise en compte de cette démarche comme socle de construction pour les nouvelles générations. Je crois que ces réflexions et expérimentations participent, peu ou prou, à la construction des générations suivantes. Par ce fait, je comprends tout à fait qu'elles n'aient pas le besoin de nommer dans la mesure où elles intègrent peu à peu ces nouvelles normes. Pour résumer, pour moi, il n'y a rien d'ontologique, ça vient autant d'elles que de nous et que des générations mortes (littéralement).

En fait, je côtoie beaucoup de plus jeune que moi aussi, environ une génération d'écart, et je remarque cette capacité, quand bien même la personne de cette génération n'est pas sensibilisée aux vocabulaires et concepts formalisés par les générations précédentes, à s'adapter potentiellement facilement à eux. En un sens je trouve ça assez spectaculaire, dans la mesure où ces "jeunes" sont quand même adultes, alors j'imagine pas les enfants d'aujourd'hui dans le futur ahah.

Enfin tout ça pour dire que j'ai confiance, pour ma part, et je pense que cette résignation pour les générations perdues me paraît logique et même saine (si on comprend qu'elles sont perdues, dans une certaine limite de déconstruction ^^). Maintenant, est-ce que c'est pas dommage de se résigner pour les générations suivantes ? Est-ce que, si on admet que la déconstruction est utile et nécessaire pour elles, il n'y aurait pas un devoir éthique à se déconstruire (c'est-à-dire à réfléchir et expérimenter de manière transgénérationnelle mais aussi à l'intérieur de notre génération perdue) ? Et par voie de conséquence, se casser les dents, faire de la merde, souffrir, faire souffrir, etc... ?

Merci pour l'accueil, vos discussions sont éclairantes à plein d'égards, pas seulement sur le polyamour d'ailleurs. ^^

Message modifié par son auteur il y a 3 ans.

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Discussion : Consentement en polyamour : stop à l'usage du mot pour des situations qui n'en sont pas

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Lunule

le samedi 31 décembre 2022 à 10h13

Il y a autre chose sur laquelle j'aimerais rebondir.

Il demeure tout à fait logique que les choses soient mal faites en terme de nouveautés relationnelles (ou tout autre expérimentation d'anormalité d'ailleurs mais le sujet ici c'est les relations) et même si on s'améliore avec temps, ce n'est pas sur une vie qu'on peut échapper à nos socialisations primaires, mais bien sur une temporalité générationnelle.
La déconstruction reste une chimère idéale et idéelle, qui est bénéfique dans sa démarche, mais injectée d'illusions et potentiellement néfaste dans sa finalité.

D'un point de vue extérieur, ça me semble tout à fait logique que vous finissiez par être critique du polyamour, mais j'ai du mal à comprendre cette résignation, ce renoncement (je parle surtout à @artichaut ici) dans la mesure où tout reste à faire (je parle évidemment de socialiser les enfants). Ce que vous théorisez du polyamour, du consentement, de la compersion et du metamour ne demande qu'à être appris par des êtres encore dépourvus de normes ancrées profondément en eux.

Bon évidemment je ne me fais pas d'illusion, ce n'est pas en une génération que tout va changer, tant les mécanismes institutionnels échappent aux familles et proches des enfants, mais j'ai l'intime conviction que c'est pas ce biais que la déconstruction prend tout son sens. Et qu'alors il est normal de trouver dans des expérimentations d'anormalité des pratiques qui se confrontent de plein fouet à l'idéal de l'anormal.

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Discussion : Consentement en polyamour : stop à l'usage du mot pour des situations qui n'en sont pas

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Lunule

le vendredi 30 décembre 2022 à 23h12

artichaut
Ça a été mon combat ces dernières années. Notamment avec ce texte sur le consentement relationnel. J'ai fini par renoncer.

Waw merci beaucoup pour ce texte.

Je suis en plein questionnement sur le polyamour (même si, suite à vos conversation, je suis dubitatif sur son acception et ça me questionne encore plus), commençant à relationner avec une personne qui ne se définit pas clairement comme polyamoureuse mais qui a ce besoin de vivre différentes relations. Ma réaction a été en premier lieu de me braquer, ressentant frustration, jalousie, désir d'exclusivité, enfin tous les travers de mes intériorisations sociales (je dirais même incorporations, dans le sens où mon corps répond de lui-même et par lui-même à des injonctions et normes sociales). En fin de compte, suivant une psy en TCC, j'ai décidé d'affronter ces travers, dans une démarche thérapeutique, en continuant cette relation, bien entendu avec le consentement éclairé de cette personne (que je renouvelle et jauge dès que l'occasion se présente).

Et alors, avec un certain enthousiasme (pour dire comme je consens ahah), je multiplie les lectures, les visionnages et les discussions pour explorer ce fameux monde anormal (méliorativement ^^). Je crois que votre texte, « Poly yes ! », « Polyamour 2.0 » : la question du consentement relationnel, m'a pas mal secoué, tant il lève des points qui confrontent mes représentations, confortent des pensées et des ressentis et génèrent de réelles attentes sur ce que je voudrais vivre idéalement des relations polyamoureuses (ou devrais-je dire pour plus de généralité et être le moins précis possible tant ce que je découvre me chamboule et me fait douter : de relations amoureuses multiples).

Je crois d'ailleurs que je préfère le qualificatif multi à poly, parce qu'en plus de décrire une potentialité plurielle, il brosse aussi la diversités des formes de relation qu'engendre nécessairement (ou pas) cette potentialité. Et je crois que c'est un point étymologique important, qui pourrait peut-être répondre en partie au problème de compréhension qu'amène le terme polyamour (compris comme une multiplication de relation mono). Puis aussi, le multiamour pourrait sortir du système d'opposition monoamour/polyamour trop fréquemment rattaché à la structure monogamie/polygamie. Ce qui permettrait, peut-être, de prendre plus d'indépendance d'avec les normes amoureuses !? (Enfin même si ce n'est clairement pas qu'une question de terme, mais bon ça y participe quand même surtout vis-à-vis de la sensibilisation aux monos)

En vérité, même le terme amour me questionne, tant il charrie avec lui des prémisses normo-normées et stimulent/déclenchent ces incorporations et intériorisations décrites plus haut. A vrai dire, j'en viens même à penser que je serais prêt à l'abandonner, tant mes attentes en terme de relations multiples vont bien au-delà de l'amour (en tout cas comme on me le définit depuis que je suis de ce monde). Le mot relation me semble tellement ouvert et vierge de connotations, tellement approprié et libre pour imaginer ces formes multiples qui ne demandent qu'à être explorées loin des injonctions sociales et autres normes dominantes (dont l'"amour" tient une place privilégiée, de part les affects qu'il transporte).

Enfin en somme, j'ai l'impression, en lisant sur le polyamour, que les termes sont/restent à inventer, tant ceux utilisés traduisent mal les acceptions/intentions qu'on leur donne (peut-être par désir de s'affirmer sur ces normes qui nous écrasent, on emprunte leurs codes ?).

Message modifié par son auteur il y a 3 ans.

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