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Discussion : Une vision du couple selon Lucchini

bounty
le dimanche 03 juin 2012 à 19h55
Quelle bonne idée d'avoir déterré ce topic !! Tellement de justesse tant sur le fond que sur la forme !
"au sujet du besoin; comme de demander à quelqu'un d'autre de combler le gouffre du manque en soi-même" [Popol] c'est tellement ça !! J'aurai envie de le crier sur les toits ! Mais combien sont capables d'entendre et de comprendre cela, et d'aller au bout de ce chemin de réflexion .... ?
Discussion : Dire est-il une bêtise? je m'enlise

bounty
le jeudi 31 mai 2012 à 20h05
Comme je comprends bien ce besoin de vide, de silence.
J'en étais arrivée à me réjouir de mes déplacements professionnels à l'étranger, pour être en tête à tête avec moi même ! Et cela fait un bien fou !!
J'ai beaucoup lu, beaucoup écrit aussi. Poser sur le papier ou sur écran, ce qui tournait dans ma tête : mes peurs, mes questions (est ce que l'un va me manquer plus que l'autre ? est ce que j'aime vraiment les deux ? comment ?).
Il y a aussi une réflexion de Françoise Simpère qui s'est écrite dans ma mémoire, à propos des débuts. Ne pas prendre de décision hâtive durant les 6 premiers mois qui suivent le "choc". Je me suis accrochée à ça. Car j'ai vite senti que les premiers élans auraient pu être dévastateurs. Et le temps m'a effectivement prouvé qu'attendre avait été la meilleure chose à faire.
Mon mari sait donc qu'il y a un lutin dans ma vie. Il ne souhaite pas le connaitre, je ne souhaite pas qu'il le rencontre. Il sait quand je le vois, et ça s'arrête là. Si dans nos conversation, je rapporte des paroles du lutin, ça ne pose pas problème. Je ne me censure pas, mais je n'insiste pas non plus.
Enfin, je voulais revenir sur tes migraines ... oui, le corps parle ! Basiquement, tu te prends la tête, alors ... :) Voilà presque 7 mois que mon ostéopathe ne m'a pas vue ! Mon dos, mon porte feuille et moi en sommes très satisfaits :)
Discussion : Dire est-il une bêtise? je m'enlise

bounty
le jeudi 31 mai 2012 à 09h33
Bonjour,
Voilà plus d'un an que le terme de polyamour fait partie de mon vocabulaire.
Je lis ici régulièrement, sans participer. Je me "nourris", comme j'ai pu le faire avec les livres de Françoise Simpère, ou son blog.
Mouvante, votre histoire me parle énormément, alors je me lance sur mon clavier !
Tout d'abord, comme Fleur des champs, je voudrai dire merci à tous ceux qui élève et font grandir le débat, par leurs propos justes, posés, mesurés, qui s'attachent plus à la réflexion, qu'à un argumentaire exhaustif.
Mon histoire ... (attention, ça risque d'être un peu long !)
Depuis plus de 6 ans que je travaille dans la même entreprise, j'ai appris à connaître certain(e)s de mes collègues plus intimement. Les discussions pros deviennent plus persos, des liens se tissent.
Avec l'un d'entre eux, un profond sentiment est né.
Il y a un an, ça m'a explosé au visage, au cœur, au corps ! Je ne voulais pas l'admettre, mais j'étais tombée amoureuse de lui.
Je ne voulais pas l'admettre car dans le "programme" initialement installé par la société, mes parents etc, être amoureuse de lui et le reconnaître signifiait ne plus aimer mon mari. Or ce n'était pas ce que je ressentais. J'étais complètement perdue et j'avais l'impression de me noyer en moi même.
Dans un premier temps, j'en ai parlé avec l'homme concerné : tout aussi perdu que moi, car lui aussi, amoureux.
J'ai pleuré des nuits entières, cachée de mon mari. J'arrivais au boulot telle un zombie, et dès que je croisais "l'autre" j'étais prise de vertiges, nausées ...
J'ai cherché des réponses en moi : j'étais une trainée irrespectueuse, je ne méritais pas l'amour et la confiance de mon mari. J'en étais arrivée à me dire que la meilleure solution pour moi serait de m'installer seule, pour ne plus faire souffrir personne.
J'ai aussi cherché sur internet et le hasard de la vie a voulu que j'arrive ici, et que mon "autre" tombe sur une couverture de Rue89 "polyamour" au même moment.
Ca a été une révélation. Une délivrance évidente, une évidence délivrante.
J'ai refait le chemin de ma vie amoureuse en marche arrière, et j'ai trouvé bon nombre de réponses. Mais ce n'était qu'un mince soulagement.
Car le plus gros des poids pour moi restait bien sur mon mari, dans le sens où il fallait que je lui en parle. Pas pour soulager ma conscience, mais parce que j'avais une extrême confiance en lui, en nous, et que je venais de découvrir quelque chose d'énorme, sur moi, mais aussi sur la vie et que dans mes rêves les plus fous, je voulais partage tout cela avec lui !
Alors je me suis lancée. Pour lui, il était évident que j'étais bien amoureuse de l'autre, même si je ne voulais pas l'admettre.
Je lui ai expliqué que c'était lui que j'aime, même si effectivement, j(avais des sentiments forts pour l'autre. Sa réponse a été calme : vis ce que tu as à vivre, je ne peux pas t'empêcher de vivre.
On a ensuite parlé du poylamour. Je lui ai expliqué mes lectures, donnés des liens etc Nous avons passé plusieurs nuits et week ends à échanger sur le sujet, à éclaircir les points obscurs, à répondre aux questions que l'autre se pose etc . Nous avons ri, pleuré. Sans cesser de nous aimer, sans cesser de nous respecter et sans jamais nous juger.
Ce qu'il en est ressorti, c'est que ça allait changer notre façon d'aborder et de vivre notre vie vs ce que nous connaissions.
Mon mari comprend que l'on puisse aimer plusieurs personnes, même si il dit que pour lui, c'est impossible car je remplis entièrement son cœur et ses pensées, mais il l'accepte pour moi. Ça m'a fait mal au début, car l'entendre dire ça, c'était comme si il me disait " donc moi, je n'occupe pas toutes tes pensées ni tout ton amour" alors que non.
Dans le même temps, l'histoire qui s'écrivait avec l'autre avait quelques pages noires ... Lui a eu besoin d'en parler à sa femme, en espérant avoir le même accueil que moi. Raté. elle m'a contactée, me demandant de ne plus avoir de contacts avec son mari, que ce soit par mail, téléphone, réels, tactiles etc. Difficile sachant que l'on travaille ensemble, bref ... On s'est un peu déchirés, lui le cul entre deux chaises, moi à vouloir arrêter de le voir et de construire quelque chose sur du sable, en sachant que de toutes façons, la raison le pousserait à faire un choix pour sauver son couple.
Aujourd'hui, l'autre est toujours dans ma vie et c'est toujours aussi compliqué : pour lui, avoir dit, a créé un énorme séisme dans son couple, dont les répliques sont encore fréquentes aujourd'hui. On ne peut toujours pas se voir en dehors des horaires de bureau.
De mon côté, mon couple va bien, mon mari a eu quelques moments de questionnements, de jalousie, et avec du dialogue, nous avons ôté au fur et à mesure le brouillard qui apparaissait au loin. C'est un bouleversement de chaque jour, mais dont nous sommes aujourd'hui sortis grandis.
Nous portons un regard totalement autre sur le couple et notre façon de le vivre, ce qui ne veut pas dire que ni lui ni moi ne sommes désormais plus jamais face à des doutes ou des questions, mais nous les abordons ensemble.
Je sais aujourd'hui que ce choix de vivre ces deux amours (que je me l'autorise et mon mari également) m'a permis de devenir moi, et d'entrer dans l'age adulte. C'est même surement mon premier choix d'adulte, qui m'appartient, à moi.
Ce choix m'a aussi permis de me replacer en tant qu'individu unique et me définir en tant que tel : avec des envies, des doutes, des questions et des sentiments, que j'ai déjà bien du mal parfois à contrôler, alors comment un autre individu extérieur le pourrait ?
Je ne cherche à convaincre personne autour de moi. J'ai des ami(e)s proches qui savent qu'un lutin est entré dans ma vie. Cela suscite des questions, des jugements ou interrogations. Je réponds calmement, en expliquant que c'est MON choix et que mon mari partage cette vision du couple. J'explique comment la jalousie est sortie de ma vie et combien ça a alléger mon quotidien. J'explique aussi que pour moi aimer l'autre, ce n'est pas vouloir l'enfermer dans une cage dorée, ni vouloir le modeler à mon goût. Et que oui, j'ai un lutin et mon mari aucune lutine, mais que si ça devait arriver, non, ça ne me poserai pas de problème, car je ne suis ni Wonderwoman, ni miss monde, pour prétendre pouvoir satisfaire ses désirs, fantasmes et envies à 100% pour les 60 prochaines années. Et qui suis je pour le priver de vivre une expérience, quelle qu'elle soit, dont il a envie ? En quoi priver l'homme que l'on aime, est ce l'aimer ?
tout cela me permet de l'aimer encore plus fort, encore plus libre. Ceux qui nous connaissent sous cet angle nous appellent toujours les bisounours, car oui, quand nous sommes ensemble, c'est toujours comme si l'on avait un peu 14 ans, et c'est bon.
Et l'on continue d'échanger sur le polyamour, de partager nos lectures et trouvailles, même si plus moi qui partage :) Il avait d'ailleurs commencé à lire "le guide des amours plurielles" pour me dire au bout d'une vingtaine de pages " mais je n'ai pas besoin de guide ! je vis comme j'en ai envie en fait ! j'ai pas besoin d'un mode d'emploi pour t'aimer".
Depuis un an, j'ai énormément "grandi" : à plus de 30 ans, imaginer un enfant dans nos vies me faisait terriblement peur. J'ai acquis une grande sérénité depuis tout cela.
Avoir fait entrer le polyamour dans ma vie et dans mon couple a été un énorme bouleversement, dont l'intégration ne se fait pas en un claquement de doigt ni en un jour.
L'adaptation est toujours en cours pour moi, mais cette fois ci, avec cet autre que j'aime et qui ne m'est pas "autorisé", qui voudrait mais se refuse, car sa femme envisage le couple comme une fusion exclusive (= exclu tout autre, même les amis, famille etc ...). Pour lui le bouleversement n'est plus seulement au niveau unique du couple à deux, mais remets également en cause la liberté individuelle qu'il n'a pas dans son couple, un gros chantier donc ... Mais je suis là, à ses côtés. Pas pour le convaincre de quoique ce soit non plus, mais parce que l'unique but de ma vie est la recherche du plaisir, et il fait partie des plaisirs de ma vie. Ma seule crainte aujourd'hui est de le perdre, mais l'amour que j'ai pour lui est pour l'instant plus fort que cette peur, alors j'avance avec cette épée au dessus de la tête, en prenant tout le bon qu'il y a à prendre maintenant .... Car je sais que l'on ne change pas les gens, et qu'il aura du mal à convaincre sa femme de changer. Il devra faire un choix tôt ou tard, et je ne suis pas sûre qu'il mettra en péril l'équilibre familial de ses enfants pour vivre plus libre ....
Je retrouve donc dans mon histoire deux exemples de "dire", avec deux issues différentes, qui vont encore être amenées à évoluer.
Je ne peux pas dire aujourd'hui si je serai toujours avec mon mari dans 6 mois, 6 ans, 30 ans. Je ne sais pas non plus si je ne vais pas tomber éperdument amoureuse d'un autre et tout plaquer, ou même si je ne m'installerai pas avec ce collègue dans 6 mois, un an 10 ans. Aujourd'hui, je veux juste vivre, avec pour seul but de remplir ma vie uniquement de plaisir(s). Avec un peu de chance, il me reste encore une soixantaine d'années à passer sur cette terre, et envisager tout ce temps à n'être qu'un mouton formaté ne m'enchante guerre :)
Avec mes excuses pour la longueur du message !
bonne journée.