Continuer à avancer, malgré tout
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April
le mardi 21 mars 2023 à 13h15
Bonjour tout le monde,
Je vous écris aujourd’hui, -mon dernier message remonte à plusieurs mois- en sachant pertinemment bien que mon histoire est banale à mourir dans le monde des aspirants polyamoureux, mais j’ai besoin de déposer ce qui me tord le cœur.
Pour resituer un peu le contexte, en couple depuis plus de 15 ans, je me suis intéressée au polyamour à la suite d’une reprise de contact d’une personne dont j’étais tombée amoureuse quelques mois à peine avant de rencontrer celui qui est aujourd’hui mon mari.
C’était il y a 4 ans. Cet homme m’annonçait qu’il avait été trompé par la mère de ses enfants, à la suite de cet adultère ils se sont séparés. Depuis deux ans, j’ai l’impression de vivre des aller-retours incessants entre espoir et deuil, entre prises de contacts et prises de distance…Avec cet homme je n’ai que peu partagé, quelques discussions, quelques échanges sur les réseaux, beaucoup d’attente et de projections, quelques baisers. J’ai longtemps gardé l’espoir de pouvoir vivre quelque chose de concret. Sauf que je suis la seule à reconnaître le lien, cet homme là ne supporte pas « de passer en deuxième » et ne veut pas « se satisfaire de miettes pendant que je continue à vivre tranquillement ma petite vie avec ma famille ».
De son coté, mon mari, passé le choc de l’annonce de ce qui se tramait en moi et du baiser échangé quelques mois à peine après notre mariage, est resté constant à mes côtés, bienveillant. J’ai eu le sentiment que tout ça nous avait rapproché, malgré tout. J’ai compris petit à petit que j’essayais de trouver une nouvelle autonomie dans tout ça, affective, émotionnelle. Mais tout ce qu’il a fallu gérer, ces allers-retours, se rassurer soi dans tout ça, ces tiraillements incessants entre deux hommes que j’aime différemment, ça m’a épuisée. Il m’arrive de penser que je n’ai pas à m’infliger tout ce travail pour si peu de plaisir finalement.
De son coté, mon homme s’est peu à peu « réfugié » dans le sport intensif. Il s’entraîne 5 jours sur 7. Cela implique une bonne dose de contraintes au niveau de l’organisation familiale, et je comprends son besoin de se fixer des objectifs et la satisfaction qu’il en retire lorsqu’il obtient les résultats espérés. Personnellement, je ne fais pas de sport, du coup ça me dépasse un peu ; j’ai toujours été plus artistique, je me réfugie dans le piano pour exprimer une sorte de mélancolie qui m’habite depuis toujours.
Depuis un mois et suite à un énième revirement de situation (reprise de contact de V., rendez-vous planifié puis crise et coupure de contact) , je me sens émotionnellement au plus bas. Je fais ce que je peux pour garder le cap, mais la vérité c’est que je perds pied. Sur le coup de la colère, j’ai demandé à V. de ne plus jamais me contacter.
Il y a deux semaines, le simple fait de me débloquer des réseaux a commencé à perturber mon sommeil. La dernière réaction de V., qui m’est apparue tout à fait disproportionnée, m’a fait prendre conscience sur le coup, que je n’avais pas à faire tous ces efforts, ni m’excuser d’être celle que j’étais, ni avoir peur de faire quoi que ce soit comme bêtement envoyer un message …
Depuis plusieurs mois, mon mari a développé des symptômes physiques qu’il attribue au stress du travail. J’ai tenté d’en discuter avec lui, pressentant que tout ce qu’on avait eu à gérer ces derniers mois n’y était sans doute pas « pour rien ».
Ces derniers jours il s’est montré plus distant. Hier, en évoquant un entraînement collectif auquel il avait participé, j’ai été prise d’émotions, les larmes me montant aux yeux. Mon mari m’a avoué son attirance envers une autre femme de son club. Ils se sont retrouvés seuls il y a quelques jours, mais au moment de l’embrasser, il dit qu’il a soudainement pensé à moi et cela a empêché leur rapprochement.
Il part à l’étranger tout prochainement pour un marathon pour 4 jours…Il est prévu qu’ils dorment dans le même hôtel.
Nous sommes un peu perdus tous les deux je crois…J’ai le sentiment d’avoir ouvert une porte pour lui, je me pose pas mal de questions par rapport au fait de dire les choses, jusqu’où dois-je dire les choses,et, par rapport à lui, jusqu’où dois-je savoir ?
C’est compliqué pour moi de compartimenter ma vie, de réfléchir à mes propres besoins et de bien faire la distinction entre ce que je souhaite vivre personnellement, ou je ne souhaite plus (poursuivre cette « relation » ou pas) et ce que je suis prête à accueillir comme changement chez mon mari…
La situation est aussi compliquée parce que j’apprends tout ceci alors que j’essayais de prendre mes distances vis-à-vis de V. J’ai toujours interprêté ses réponses à mes reprises de contact, ou ses retours entrecoupé de quelques semaines, comme un souhait que les choses évoluent entre nous, malgré tout.
Je pars demain me ressourcer seule, à une centaine de km de chez moi. J’espère que ça m’aidera à prendre un peu de recul, me recentrer un peu et me reposer.
Je remercie ceux et celles qui m’auront lue et serais très heureuse de lire ce que cela vous évoque. Prenez soin de vous ;-)
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bonheur
le mardi 21 mars 2023 à 13h29
J'ai tout lu et cela m'évoque... du passé concernant cet homme qui attend ce que tu ne lui offriras pas. Perso, je me suis sentie soulagée d'un amour lors de ma prise de décision d'une rupture définitive. Et je m'y tiens (ça fait 11 ans maintenant).
Autrement, je crois que ton mari doit vivre ce qu'il veut, et peut. Ce n'est pas parce qu'il partage le sport avec cette personne qu'il te quittera. L'amour, je crois, ne dépend pas des passions hors amour.
Prend soin de toi également (+) . Merci pour ces nouvelles !
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GeorgyPorgy
le vendredi 24 mars 2023 à 18h14
Merci pour ces nouvelles. Courage pour les difficultés qui perdurent.
On a déjà évoqué certains éléments dans des discussions précédentes ensemble...
A lire ton message, on dirait que tu as du mal à composer avec cette relation ambigue & ambivalente avec V. La prise de distance semble mouvante, faite d'aller/retour qui te font souffrir. J'ai expérimenté cela comme tu le sais dans mon histoire, je ne peux que te souhaiter le courage & la force nécessaire pour maintenir un cap qui te convienne à long terme. Tu as le droit d'avoir des attentes dans cette configuration, même si elle est spéciale - et si cette personne n'est pas en mesure d'y répondre, que la relation ne se transforme pas, le mieux est probablement de maintenir cette distance pour toi. Le temps fera son oeuvre...
J’ai toujours interprêté ses réponses à mes reprises de contact, ou ses retours entrecoupé de quelques semaines, comme un souhait que les choses évoluent entre nous, malgré tout.
=> J'ai expérimenté cela aussi dans mon histoire comme tu sais, pendant un temps assez long. Sans pour autant voir la personne s'engager plus avant dans cette direction. Ca a généré beaucoup d'insécurité pour moi. Jusqu'au moment où j'ai décidé que ces signaux contradictoires n'étaient pas ok pour ma santé mentale, que je n'avais pas a assumer cette charge tout seul. Quelque soit la structure possible (ou impossible) de la relation, chacun doit apporter un minimum de soin à celle-ci si elle importe, et ça passe par la considération *mutuelle* des attentes de chacun.e. Si cet élément ne se matérialise pas, je me suis dit qu'il fallait que je le range dans le tiroir de mes projections, ou celui de l'incapacité (légitime ou pas) de la personne de naviguer ensemble dans cet inconnu.
La nouveauté concerne le positionnement de ton homme.
On entend dans tes propos une certaine inquiétude de ta part vis-à-vis de cela.
Avez-vous évoquer ensemble votre vécu respectif de ce qui se passe, les sensations, les émotions que cela suscite?
Parviens-tu à définir si tu perçois son évolution comme un élément positif quant à ta volonté d'ouverture en général? Ou bien le vis-tu comme une menace?
Tu sembles évoquer l'ouverture à la non-exclu de ton couple uniquement à l'aune de ta relation (compliquée) à V. Est-ce que tu parviens à envisager / imaginer un possible où ce serait ton homme qui concrétise cette non-exclu "en premier" & que ta relation à V n'advienne pas?
Il est possible que tu aies ouvert cette breche effectivement par tes questionnements, et le fait que ton homme te confie ses propres évolutions serait plutôt positif si dans l'absolu, ta recherche se situe dans une ouverture effective de votre couple.... Simplement, on n'est probablement pas maître de comment cette non-exclu va se matérialiser in situ dans nos vies, ça peut prendre plein de chemins différents...
Plein de courage à toi!
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.
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April
le lundi 27 mars 2023 à 10h48
@bonheur et @GeorgyPorgy,
C’est tellement réconfortant de vous lire. Merci pour vos retours et ces pistes de réflexion que vous m’amenez…
Je suis rentrée vendredi soir de ces 3 jours passés ailleurs. Ce temps voulu et espéré depuis des mois sans jamais avoir pris le temps de le concrétiser, ça m’a aidée et ressourcée, même si j’étais malade, et que je n’avais pas prévu l’annonce qui avait précédé mon départ.
J’avais besoin de ça ; pouvoir me rappeler que, malgré tout ce qui pouvait m’arriver, j’avais encore le choix. Le choix de vivre certaines choses (ou pas), le choix de prendre l’air, le choix de répondre moi-même à mes besoins.
C’est con, mais des choses simples comme choisir un Rbnb qui me plaît, me présenter seule dans un resto au lieu d’aller grignoter un truc vite fait dans un fast food, j’ai vécu ça comme de petits cadeaux que je me faisais à moi-même…
C’était trop court, je n’ai pas vraiment eu le temps de me poser…Je souffrais d’un mal de gorge qui ne m’a pas lâché des 3 jours, et j’ai revécu un épisode de migraine invalidante qui est venu bousculer mon programme – bizarre, je n’avais plus souffert de ça depuis des mois.
Pour moi, c’est un signe de plus que je n’ai pas suffisamment pris en compte mon bien-être mental ces derniers temps ;
@bonheur : « J'ai tout lu et cela m'évoque... du passé concernant cet homme qui attend ce que tu ne lui offriras pas. »
J’en suis toujours à ce constat douloureux : cet homme n’est pas prêt à accueillir le peu que j’ai à lui proposer. Il serait prêt à s’investir mais seulement à la condition que je sois célibataire. Mois après mois, nous avons chacun réduit au maximum nos attentes respectives en espérant qu’elles finissent par se rencontrer, mais tout perd son charme, il n’y a plus d’enthousiasme, c’est trop laborieux, ce n’est pas fluide. Je veux une relation qui s’inscrit dans la durée et il se dit finalement ok pour un one shot ; je veux pouvoir être authentique et j’ai besoin de ressentir un minimum d’intérêt ou de soin à la relation, et cet essentiel, je ne l’ai pas.
« je crois que ton mari doit vivre ce qu'il veut, et peut. Ce n'est pas parce qu'il partage le sport avec cette personne qu'il te quittera. »</em>
Les derniers jours me déstabilisent. Samedi matin, mon mari rentre plus tard que prévu de son entraînement et je le retrouve assis dans notre lit le regard fixe et les yeux embués. Je comprends immédiatement qu’il l’a revue. Ils se sont avoués leur attirance mutuelle, et ils auraient convenu de ne pas aller plus loin.
Je ne peux m’empêcher de projeter ma propre histoire, ayant moi-même vécu ce rendez-vous il y a un an, une semaine à peine après avoir embrassé V.… Je sais très bien que ce genre de rupture n’en est pas pour le cœur…
Message modifié par son auteur il y a 2 ans.
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April
le lundi 27 mars 2023 à 11h42
@GeorgyPorgy : « La nouveauté concerne le positionnement de ton homme. On entend dans tes propos une certaine inquiétude de ta part vis-à-vis de cela. Avez-vous évoquer ensemble votre vécu respectif de ce qui se passe, les sensations, les émotions que cela suscite? »
Nous avons beaucoup échangé oui. À mon initiative, essentiellement (putain de charge relationnelle ! ou est-ce juste mon incapacité à faire face seule ? mon besoin d’être rassurée ?)
il semble soulagé de pouvoir s’exprimer un peu, me dit qu’il ne peut en parler à personne – je prends ça pour une preuve de confiance de sa part, mais au fond, jusqu’où dois-je savoir ?
Il me dit avoir besoin de temps, de se mettre dans sa bulle. Il parle de deuil à faire. Je l’ai remercié d’avoir été honnête et transparent (même si après coup),
Il y a certaines choses qui restent inaudibles pour moi, ou difficilement audibles : quand il parle de son charme, quand il sourit en l’évoquant. Je ne suis pas sûre de vouloir entendre ça en fait.
Je suis inquiète, c’est évident. Je passe par toutes les émotions depuis mon retour. Emotions contradictoires et ambigues.
Tristesse, désarroi, insécurité, colère (contre lui, contre moi), culpabilité, peur d’être quittée. Peur de l’avenir, peur de le perdre, peur de ne pas savoir faire face. Peur de devoir renoncer à ma maison. Rien à voir avec la douce sérénité qui m’envahissait par moments lors de mon séjour seule. Et pourtant, elle est là, bien cachée. Je sais que je m’en sortirai toujours, que tout finit par passer. Que ces émotions là, désagréables, passeront elles-aussi.
Et à la fois, je me déteste : J’ai des comportements de jalousie, je voudrais tout connaître d’elle, je cède à la comparaison. je lui demande de me rassurer. Il se justifie (j’ai enlevé mon alliance pour telle raison ( ???) , je prends mon gsm pour tel contact)
Je sais que je dois me rassurer seule, que je n’ai rien à exiger de lui, a fortiori maintenant.
Je souffre de ne pas pouvoir l’embrasser. Je m’isole pour pouvoir me réconforter. C’est très con et ça vous paraîtra très bizarre mais j’ai besoin de me prendre dans mes bras et me caresser, comme pour me consoler.
Tout me pose question : est-ce que j’ai le droit de rester ici ? arriverai je à « faire comme si » au boulot ? quoi dire à notre enfant, qui me voit depuis plusieurs jours les yeux gonflés et les émotions à fleur de peau…
J’ai eu des échanges compliqués avec une amie : selon elle, je suis responsable de ce qui se passe, je n’ai pas pu entendre ces « fais ce que tu veux, je ne veux rien savoir » et j’ai été violente envers mon mari en voulant imposer mon honnêteté et transparence à tout prix. Mon mari se serait senti rejeté et maintenant qu’il « entre dans mon jeu, contre son gré », il se sent rejeté à nouveau.
Je n’arrive pas encore à prendre du recul par rapport à ça. Elle me connaît bien et elle doit avoir raison. Je lui ai juste dit que je n’étais pas prête à accueillir son point de vue ni à y réfléchir pour le moment. Là, maintenant, j’essaie juste d’ intégrer ce qui est en train de se passer.
Et je ne peux m’empêcher de repenser à ce que me disait V. : « tu es en partie responsable de ma rupture »…
"Parviens-tu à définir si tu perçois son évolution comme un élément positif quant à ta volonté d'ouverture en général? Ou bien le vis-tu comme une menace? Tu sembles évoquer l'ouverture à la non-exclu de ton couple uniquement à l'aune de ta relation (compliquée) à V. Est-ce que tu parviens à envisager / imaginer un possible où ce serait ton homme qui concrétise cette non-exclu "en premier" & que ta relation à V n'advienne pas?"
Il me dit que c’est utopique de croire qu’il pourrait y avoir quelque chose de concret entre eux. Elle aurait formulé qu’elle ne souhaitait pas quitter son compagnon et qu’elle tenait à son confort de vie.
Je conscientise (intellectuellement) que je dois lui reconnaître son droit et sa liberté de vivre ce qu’il souhaite avec cette fille. Mais émotionnellement c’est une autre affaire ! Je lui ai dit que toute relation est aussi ce qu’on décide d’en faire. Il m’avoue que je ne lui ai pas laissé le temps d’intégrer les choses entre le moment où je lui ai révélé ce que j’avais partagé avec V. et ce que je ressentais pour lui, et le fait que je souhaitais le revoir etc…Alors que je ressentais une certaine urgence de faire évoluer ma relation avec V., je percevais les mois qui s’écoulaient comme une preuve de patience vis-à vis de mon mari (plus d’un an se sont écoulés depuis mes premières révélations)…Je découvre aujourd’hui qu’il n’a pas ressenti les choses au même rythme et de la même façon.
J’espère maintenir l’absence de contact avec V. J’ai formulé à mon mari que si j’étais face à une autre opportunité (avec V. ou quelqu’un d’autre), j’essaierais de ne pas lui dire pour respecter son besoin de « ne pas savoir ». Après coup, je m’en veux de lui dire ce genre de trucs.
Voilà, mes ressentis des dernières heures, en vrac. Auriez-vous des conseils sur des stratégies à mettre en place pour traverser ça un peu plus sereinement ?
Des retours d’expériences ou votre propre lecture de ce que je livre ici un peu confusément ?
Merci d’avance pour les retours bienveillants et/ou tout simplement de m’avoir lue jusqu’ici. Merci à vous
Message modifié par son auteur il y a 2 ans.
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Topper
le jeudi 30 mars 2023 à 13h31
Bonjour @April, le premier conseil que je pourrais te donner, c'est de supprimer V. de ta vie. Et ce, définitivement. C'est compliqué. C'est un deuil à faire, mais ça me semble être le plus sage si tu ne veux pas t'enliser dans des tourments sans fin.
Ce n'est pas comme si V. était une personne qui ne rajoutait pas une couche de complexité sur la situation. Passer d'un couple monogame à un mode de vie non-exclusif est déjà difficile en soi. Le faire avec une personne instable, insécurisante, qui n'accepte pas la non-exclusivité, dans un ascenseur émotionnel permanent, c'est se mettre toutes les difficultés possibles pour foncer droit dans le mur.
Ce V. est symbolique pour toi. Il est ce qu'on appelle ton "game changer". C'est celui qui a fait vaciller tes certitudes, te faire questionner la monogamie, tes sentiments... Et qui a catalysé beaucoup de regrets et espoirs. Pourtant, selon-moi, malgré l'importance qu'a eu cette personne dans ton histoire, tu devrais la laisser au passé pour pouvoir avancer vers quelque chose de plus sain et en accord avec ce que tu es aujourd'hui.
En te donnant de l'espace de cerveau disponible, tu te donneras l'opportunité d'aller vers d'autres rencontres. Et c'est là que vient mon second conseil. Ouvre-toi à d'autres opportunités, profite du début de chemin que tu as commencé pour faire des rencontres stimulantes et enrichissantes, et pour vraiment profiter de ce que peut offrir le polyamour. Essaie d'aller vers des relations sans attentes, peu impliquantes, qui te donnent de la légèreté.
En outre, te torturer avec V., le garder dans tes réflexions brouille ta compréhension et ta prise de recul. Cela t'empêche aussi de te concentrer sur les difficultés avec ton mari. Comme stratégie à mettre en place, je t'inviterais à ne surtout pas t'éloigner, ou même vous éloigner l'un de l'autre. Que vous ayez des moments à vous, vos propres activités, c'est une chose. Cependant, cela ne doit pas devenir la norme. Votre relation ne dois pas se résumer au partage des difficultés du quotidien. Réservez-vous des moments de qualité. Durant ces moments, mettez-vous dans un état d'esprit serein et bienveillant. Evitez les sujets sensibles. Passez juste du bon temps pour renforcer ce lien que vous avez et qui risque de s'étioler si vous n'y faites pas attention.
Autre stratégie à mettre en place, travaillez ensemble sur le mode de vie non-monogame vers lequel vous souhaitez aller. J'ai le sentiment que tu as ouvert une boîte de Pandore avec ton histoire avec V. Que par éthique, tu as autorisé la même chose pour ton mari (c'est tout à ton honneur, tout le monde n'arrive pas à faire cette démarche). Mais que depuis vous naviguez à vue en plein brouillard.
Est-ce que vous avez déconstruit la monogamie ? Est-ce que vous avez questionné votre jalousie ? Votre possessivité ? Votre dépendance affective ? Comment vivre plusieurs relations sans qu'elles se vampirisent l'une et l'autre ? Comment bien gérer la NRE ? Quelle communication avoir ? Qu'est-ce qui peut être dit ou pas ? Comment gérer les insécurités dans votre couple ? Comment gérer les insécurités des autres partenaires sans que ça impacte votre couple ? Comment accepter la sexualité de l'autre ?
Selon les inquiétudes que tu énumères, j'ai l'impression que ce travail n'a pas été fait. Je vous invite donc à vous réserver des soirées pendant lesquelles vous pourriez discuter de ce genre de sujets. Vous pouvez prendre appui sur des vidéos, des podcasts ou des témoignages que vous jugez intéressant ou qui vous interpellent. Il y a une partie de ce travail qui peut ainsi se faire ensemble en échangeant sur ces sujets. Une autre partie du travail se fait seul suite à ces échanges, puis revient nourrir de nouvelles discussions, et ainsi de suite.
Ces allers-retours renforceront le sentiment d'être une équipe qui avance ensemble plutôt que d'être individuellement chacun de son côté à batailler pour ne pas sombrer.
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April
le mercredi 19 avril 2023 à 18h31
Bonjour Topper,
Je te remercie pour le temps que tu as pris pour me répondre... Il y a quelques mois, j'avais lu à haute voix à mon mari une de tes réponses à un post sur ce forum, tu y décrivais les bases du polyamour de manière très simple et claire, et sur le coup, pouvoir en faire la lecture à mon mari m'avait apaisée; J'avais l'impression qu'il se montrait plus ouvert à ces questions...
Quel contraste avec ce que nous vivons depuis les dernières semaines...qui me dépasse et me bouleverse complètement. Je n'ai tout simplement pas le recul ni l'énergie nécessaire pour faire face et mettre de l'ordre dans mes idées.
A vrai dire, depuis cette fameuse annonce, le we qui a suivi où il est parti avec elle, j'ai l'impression de sombrer...Nos relations se sont déteriorées. J'ai craqué nerveusement à plusieurs reprises, perdu le sommeil. J'ai des comportements de jalousie que je n'avais jamais connu avant. Je crois que je suis en pleine dépendance affective et je ne me reconnais plus.
Mon mari se mure dans le silence, il me répète qu'il va gérer ça tout seul, qu'il lui faut du temps et "qu'on ne fait que discuter".
Je lui ai à plusieurs reprises proposé de partir quelques jours pour faire baisser cette tension insupportable, je lui ai demandé de réfléchir avec moi à des solutions temporaires (ne fut ce que pour retrouver un rythme de sommeil " normal") mais pour lui si je pars, il considérerait cela comme les prémices d'une séparation.
Alors je me suis forcée à rester, j'ai craqué nerveusement au travail, mes collègues ont été très compréhensifs, je suis allée me mettre au repos une après-midi dans un lieu neutre et cela m'a soulagée un jour ou deux, mais ensuite l'engrenage reprenait (les angoisses, les questionnements, l'absence de prise de recul sur les émotions, l'impossibilité de se concentrer ...)
Nous avons eu une grosse dispute où j'ai été violente physiquement (je l'ai poussé à plusieurs reprises au niveau de l'épaule) et ça a été la dispute de trop. D'autant plus que notre enfant écoutait à la porte et s'est mis à paniquer à l'idée que nous nous séparions. Il lui a fallu plusieurs jours pour commencer à prendre de la distance avec ce qui s'est passé ce soir là. Je pense qu'il s'interroge sérieusement sur la perspective d'une séparation.
Je me sens en complet décalage par rapport à lui - j'ai subi et assisté à la violence de mon père sur ma mère lorsque j'étais enfant, avec des scènes bien plus violentes et extrêmes - mais cela n'enlève rien à la légitimité de son ressenti; après coup, je culpabilise d'avoir utilisé mon propre vécu pour essayer de "justifier" la violence que je lui ai fait subir.
J'ai besoin d'exprimer ce que je ressens, il ne supporte pas les cris ni les discussions calmes, tout est de trop.
J'ai commencé une psychothérapie pour pouvoir déposer ce que je vivais. Je lui propose de voir quelqu'un ensemble. Refus catégorique de sa part.
Son état physique qui s'est dégradé à son retour de compétition ne lui permet pas de reprendre ses entraînements. Il me reproche de l'avoir mis dans cet état.
Depuis quelques jours, nous dormons à nouveau ensemble, et nous sommes rapprochés physiquement. Sans pouvoir se regarder réellement dans les yeux avec la bienveillance d'"avant".
La "bonne" nouvelle, c'est que ces émotions extrêmes m'ont fait passer l'envie de reprendre contact avec V.
C'est comme si je recouvrais la vue après des mois dans le brouillard.
Sauf que je me sens piégée, je ne peux rien interdire à mon mari puisqu'en réalité je lui ai fait vivre cet enfer depuis des mois, sans avoir pris en considération ce qu'il pouvait ressentir.
Pour le moment, j'essaie juste de vivre au jour le jour et faire en sorte de ne pas "faire de scènes" ou réagir lorsqu'il est en retard...
Pour la première fois depuis le début de notre relation, je me suis demandé quelles seraient les conséquences d'une séparation...Si je suis parfaitement honnête, à l'instant T, je fantasme un peu sur l'idée de tout quitter pour repartir à zéro. ou vivre séparément, tout en continuant la relation (sauf que mon mari et moi ne partageons plus grand chose actuellement à part du sexe, des projets de citytrip et des activités en famille) et que vivre séparément ne lui permettrait pas de se consacrer à son sport comme il le fait actuellement.
Je ne pense pas qu'une séparation soit la solution, (et surtout quel gâchis !), je vois ma relation de couple comme un miroir de ma relation à moi-même et apparemment il y a encore beaucoup à travailler !
Le plus dur c'est de ne pouvoir parler à personne d'avoir désiré ailleurs (que dire si nous étions vraiment passé à l'acte?!), se sentir tellement seul.
avoir le sentiment qu'à la prochaine crise, ce sera la fin. (comment peut-on vivre avec cette épée de Damoclès?)
A la lecture des conseils et pistes de réflexion énumérées dans ta réponse, Topper, je me rends compte que je suis la seule à avoir considéré les choses sous l'angle possible du polyamour, de la transparence. Mon mari me dit qu'il a des sentiments pour cette fille, qu'il ne se passera rien entre eux, qu'avec moi c'est différent vu ce que nous avons construit ensemble,....Il ne croit pas au polyamour ou à la possibilité de vivre plusieurs relations simultanément (la distance physique dont il a fait preuve pendant plusieurs semaines le démontre)...
Je sais que je n'ai pas le bon état d'esprit; que j'ai tendance à anticiper les choses de manière disproportionnée pour me protéger et que je suis en train de projeter mes croyances négatives sur ce que je vis. Cela crée une réalité qui m'échappe complètement et qui m'interroge aussi. Est ce que je suis en train de dramatiser la situation?
J'ai l'impression que les évènements s'enchaînent comme une malédiction.
Si je considère les choses sous un angle volontairement positif, je pense que c'est une opportunité de remettre pas mal de choses à plat, et apurer toutes les rancoeurs accumulées qui n'ont jamais vraiment pu s'exprimer. Mais que faire si je suis la seule à vouloir discuter? "revenir sans cesse avec les mêmes choses"?
Dois-je aussi regarder en face cette absence d'envie que je ressens actuellement par rapport à un avenir commun? Suis-je en pleine dépression? ou ma vie est elle une succession de cycles dépressifs et je suis juste dans le creux de la vague, une nouvelle fois?
Je vais m'atteler à travailler ça avec ma psy ( absence d'implication dans la vie de famille de mon côté, difficulté à prendre ma place en tant que mère, dépendance vis à vis de mon conjoint, sentiment d'abandon et de rejet, victimisation, difficulté à lâcher prise et à me faire plaisir,...)
J'en ai marre de tout ce lourd. Elle est où la légèreté dans tout ça bordel?
Je remercie celles et ceux qui ont pris le temps de me lire jusqu'ici. Prenez soin de vous.
Message modifié par son auteur il y a 2 ans.
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Topper
le mercredi 19 avril 2023 à 20h16
Bonjour @April, c'est bien le bordel effectivement.
La situation s'est compliquée par de multiples évènements. Les conflits abîment la relation, et plus c'est violent (verbalement ou physiquement) plus ça l'abîme. Plus la relation est abîmée, plus les insécurités augmentent.
C'est un cercle vicieux que les personnes très jalouses expérimentent ; parfois c'est sans se rendre compte à quel point leurs propres comportements de jalousie engendrent encore plus d'insécurités et de jalousie.
Ce qui est fait, est fait. Le plus important aujourd'hui est d'apaiser votre relation. Il ne doit pas y avoir d'autre objectif que cela si tu souhaites sauvegarder ton couple.
C'est bien que tu vois une psy pour travailler ou évacuer tes ressentis. Essaie de trouver d'autres ressources de soutien, si possible des personnes susceptibles d'être disponibles pour t'écouter lorsque ça ne va pas.
Concentre toi sur toi, sur ta santé mentale, et sur le fait d'être une bonne compagne. Et je ne dis pas ça sans dans le sens d'une bonne épouse qui répond à ses devoirs. Fais en sorte d'être compréhensive, bienveillante, disposée à l'écoute, autonome, etc.
Là, tu es dans la situation où tu as voulu amener ton conjoint à la non-monogamie car tu avais une opportunité. Il a dû gérer quelque chose de difficile. Ton opportunité s'est avérée être une impasse. Alors que ton conjoint se projette dans ce nouveau mode relationnel, tu lui rends la chose impossible.
C'est un revirement des plus classiques. Cet ascenseur émotionnel est très violent à vivre. Il doit probablement ressentir de la frustration, une injustice profonde et une rancœur qui peut le ronger.
Laisse-le digérer. Tu ne peux pas le forcer à discuter. Montre-toi ouverte à la discussion néanmoins en proposant sans insister.
Rappelez-vous que l'on voit toujours une situation de son propre point de vue. Par exemple, toi tu vas voir la détresse que tu ressens qu'il développe une autre relation. Lui, il va voir le fait que étant donné ce que tu lui as fait vivre, ta jalousie est malvenue.
Ne projetez pas de pensées ou d'intentions. Que ton mari ait été distant ne veut pas forcément dire qu'il n'est pas capable d'avoir plusieurs relations. C'est une explication parmi tant d'autres. Il pouvait être préoccupé, confus, avoir besoin de solitude... Si tu veux savoir ce que signifie ce comportement, demande-lui.
Quand il sera temps pour vous, échanger sur ce que vous désirez. Soyez sincères. Il est inutile de se noyer dans de belles paroles pour vous rassurer mutuellement si ce n'est pas ce que vous pensez.
Si vous voulez être monogame, soyez monogame.
Si vous voulez être polyamoureux, réfléchissez ensemble à la manière dont vous imaginez ce mode de vie dans l'idéal.
Si l'un de vous veut être monogame et l'autre non, alors il faudra peut-être vous laisser un temps de réflexion et décider de la suite à donner à votre relation.
Message modifié par son auteur il y a 2 ans.
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April
le vendredi 28 avril 2023 à 22h16
Bonsoir Topper,
Merci pour tes conseils et ton partage...
Apaiser la relation, Je fais mon possible pour garder ça en tête...
avec plus ou moins de réussite pour le moment; (dernière crise en date: hier soir)
Je ne sais que dire de plus...tant c'est le bazar dans toutes ces émotions qui me traversent...
Apaiser la relation,
réussir à m'apaiser moi-même avant tout...:-/