Consentement contre liberté
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Siestacorta
le vendredi 16 mars 2018 à 19h12
Bizbille
J'ai pas tout compris ! :D
Ha ?
J'écris parfois un peu trop vite...
Dis-moi où c'est obscur ?
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Bizbille
le vendredi 16 mars 2018 à 20h50
Siestacorta
Ha ?
J'écris parfois un peu trop vite...
Dis-moi où c'est obscur ?
Euh, partout ! :D
À dire vrai, je pige pas la différence entre stabilité et équilibre. Je vois pas pourquoi stabilité serait égal à immobilisme, non plus.
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Siestacorta
le vendredi 16 mars 2018 à 20h56
Ok.
Pour illustrer...
Un tabouret à trois pieds, c'est stable.
Un vélo qui roule, c'est pas stable, mais c'est en équilibre.
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Bizbille
le vendredi 16 mars 2018 à 21h07
Siestacorta
Ok.
Pour illustrer...
Un tabouret à trois pieds, c'est stable.
Un vélo qui roule, c'est pas stable, mais c'est en équilibre.
Je comprends pas par rapport aux relations ! :(
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Siestacorta
le vendredi 16 mars 2018 à 21h37
Je ne propose qu'une approche, hein, je te jure pas que ça ait une telle profondeur de sens que ça tienne à tous les coups.
Mais, donc, quand tu es assise, tu es stable, quand tu marches, tu maintiens un équilibre (en fait techniquement, un pied après l'autre, tu fais une série de chutes sans tomber).
Une relation est quelque chose de vivant, de mouvant.
C'est pas un truc dont on peut dessiner un plan simple, qu'on construit et qu'on a plus qu'à poser là, et ça restera "stable". Parce que ça ne reste jamais en place, on garde pas le même boulot, le même statut civil, on a des enfants, et on change soi-même.
Donc pour la sécurité, plutôt que de tenter de fixer les choses, on doit s'assurer qu'on peut tenir un équilibre. C'est ce qui peut empêcher la relation de se casser la gueule : on sait comment bouger pour adapter en fonction du terrain, des circonstances, de ses propres forces.
Voilà pourquoi je propose cette distinction.
On a aussi une comparaison possible. Les relations sont comme certains poissons : quand elles cessent de nager, elles meurent.
Encore une fois, j'espère que c'est clair, je ne fais pas une promo à tout crin de ma façon de vivre, je fais pas une équivalence le polyamour = la vie qui bouge, l'exclusivité = le non-mouvement, la mort.
(Bondaccordmoijeleressens un peu comme ça, mais c'est pas ce que j'essaie de dire là.)
Je veux dire que pour vivre bien une relation, on ne peut pas compter sur le fait que la situation reste la même, on doit apprendre à accompagner ses mouvements pour y être bien (et oui, on a parfaitement le droit de prendre des pauses, on est pas des vrais poissons, aaaah.)
Message modifié par son auteur il y a 7 ans.
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Bizbille
le vendredi 16 mars 2018 à 22h32
Ah oui, d'accord, je comprends mieux, là ! C'est clair que le changement peut me perturber, et que j'ai une certaine tendance à la rigidité, mais j'en ai conscience, et ce n'est pas au point de vouloir que tout reste tout le temps pareil (sinon je n'aurais jamais souhaité procréer ! :D ). Quand je parle de stabilité, j'entends ce que tu dis par rapport à l'équilibre. J'avance, OK, mais pour avancer dans le chaos ce n'est pas facile... Si les voitures roulaient sans respecter les règles de la circulation, à toute berzingue et sans tenir compte des feux, pourrait-on traverser la route à pieds ? En fait, pour mon équilibre, j'ai besoin de quelques repères stables. Par exemple, ça me perturbe de déranger alors que je suis chez moi, de ne pas savoir si je peux entrer dans la chambre à coucher (la nôtre, donc aussi la mienne) sans tomber sur une conversation intime. Et ça, ça fait partie des choses que mon compagnon a eu du mal à comprendre...
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Siestacorta
le vendredi 16 mars 2018 à 22h47
Bizbille
Quand je parle de stabilité, j'entends ce que tu dis par rapport à l'équilibre. J'avance, OK, mais pour avancer dans le chaos ce n'est pas facile... Si les voitures roulaient sans respecter les règles de la circulation, à toute berzingue et sans tenir compte des feux, pourrait-on traverser la route à pieds ?
C'est pourquoi j'insistais, tout à l'heure, dans ma réponse à @Stitche , sur le fait qu'on est pas censé faire le travail seul, dans la relation. Par définition, dans une relation, l'équilibre va se trouver à deux (au moins :-) ).
Bizbille
En fait, pour mon équilibre, j'ai besoin de quelques repères stables.
Voilà, c'est ce que je tentais d'expliquer tout à l'heure sur mon rapport au polyamour : le deal d'honnêteté, de communication, d'expression des limites et des besoins de chacun, dans le fait que la non-exclusivité me convient, c'est ça, qui représente des repères, pour moi, plutôt que le cadre classique. C'est en prenant ces repères avec l'autre que j'arrive à croire à mon équilibre.
(et je te conseille vivement la lecture du texte que j'avais mis en lien)
Message modifié par son auteur il y a 7 ans.
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Bizbille
le vendredi 16 mars 2018 à 23h23
Siestacorta
Voilà, c'est ce que je tentais d'expliquer tout à l'heure sur mon rapport au polyamour : le deal d'honnêteté, de communication, d'expression des limites et des besoins de chacun, dans le fait que la non-exclusivité me convient, c'est ça, qui représente des repères, pour moi, plutôt que le cadre classique. C'est en prenant ces repères avec l'autre que j'arrive à croire à mon équilibre.
(et je te conseille vivement la lecture du texte que j'avais mis en lien)
Le texte est enregistré, je le lirais quand j'aurais le temps et l'énergie, parce qu'il est sacrément long ! :D
Après, de mon côté, je commence à saturer d'entendre que mes limites à moi sont du caca-boudin, ou de devoir m'expliquer plein de fois parce qu'on ne comprend pas ce que je dis (pas nécessairement ici, je précise !). Sans parler des fois où je me suis pris dans la tronche que je n'avais pas d'éthique parce que libertine, j'exagère à peine (pas ici non plus) ! Et puis le côté sacro-saint de l'Amour ("on ne peut pas lutter contre !", vraiment ? sérieusement ?), et le côté "je fais rien qu'est-ce que je veux" qui transparaît parfois (parce que se revendiquer de l'étiquette "polyamour" ne confère pas la sagesse comme par magie), ça me soûle un tantinet...
Ce qui est bien, c'est que mon compagnon a entendu ma requête : comme j'en avais marre d'être la seule à remettre en question mon ressenti, je lui ai demandé de remettre en question son envie de multiplier les relations amoureuses. Il en est ressorti des choses intéressantes, tant pour lui que pour nous...
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Siestacorta
le vendredi 16 mars 2018 à 23h54
Bizbille
Ce qui est bien, c'est que mon compagnon a entendu ma requête : comme j'en avais marre d'être la seule à remettre en question mon ressenti, je lui ai demandé de remettre en question son envie de multiplier les relations amoureuses.
Ca... autant trouver des accords, progressivement, respecter des trucs intimes (qui sont pas seulement tes limites mais aussi le cadre où il peut vivre les choses sans planter une relation avec toi qu'il souhaite aussi), je pense que c'est la base.
Autant lui dire "et pourquoi tu abandonnerais pas la non-exclusivité", c'est quelque chose que tu peux proposer mais qui peut aussi mettre votre relation en cause.
Humainement, je (te) comprendrais très bien : il a attaqué le contrat entre vous, a tenté (même inconsciemment) un coup de force, donc une réaction contraire de ta part serait un retour de balancier assez prévisible.
Et ça peut conserver ton équilibre et ta sécurité à toi...
En revanche, conserver la sécurité de la relation si chacun est plus sur le registre de la concession que du compromis (ça aussi je te conseille la lecture !), ça peut présenter des difficultés...
Message modifié par son auteur il y a 7 ans.
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Alinea7
le samedi 17 mars 2018 à 01h32
Je m'immiscer subrepticement : devenir polyamoureux pour quelqu'un d'exclusif est tout aussi violent et demande les mêmes questionnements et chamboulements intimes qu'il est nécessaire à un.e poly pour devenir/rester exclusif.ve.
Je dis pas qu'être poly c'est pas beau et tout ça (pas du tout !!) mais pour moi, pour trouver un terrain commun il faut bouger des deux côtés. Et si certains exclusifs peuvent devenir polyamoureux en analysant leurs angoisses, les polys peuvent faire exactement le même chemin, avec d'autres angoisses. Peur d'être phagocyté, peur de trop s'attacher, peur de perdre le libre arbitre, ou bien d'autres...je n'en sais rien. Mais il y a autant de richesse et de connaissance de soi à retirer de sa difficulté à suivre le mode de vie exclusif qu'il y en a à découvrir pourquoi il peut être difficile de ne pas le suivre.
Il me semble qu'il n'y a pas un mode de vie plus noble que l'autre, mais des peurs naturelles qui pèsent plus que d'autres. Avec certaines auxquelles on préfère se confronter parce qu'on gère, plutôt que d'autres.
Donc, évidemment que ça peut remettre la relation en cause, mais ni plus ni moins que si c'est le mono qui ne peut pas dépasser ses peurs et qui se retrouve à démissionner ou souffrir en espérant que son partenaire pourra dépasser son sentiment de claustrophobie relationnelle (c'est probablement pas ça mais je ne connais pas donc faute de mieux je suppose).
Mais encore une fois, je vois ce qui est beau dans le polyamour et je suis en travail actif pour y devenir compatible. Tout ce que je veux dire c'est que d'après moi, moins on est compatible avec un des deux modes et plus on a des peurs à travailler. Parce qu'en fait, l'équilibre c'est d'être flexible, non ?
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Siestacorta
le samedi 17 mars 2018 à 02h14
alinea7
Je m'immiscer subrepticement : devenir polyamoureux pour quelqu'un d'exclusif est tout aussi violent et demande les mêmes questionnements et chamboulements intimes qu'il est nécessaire à un.e poly pour devenir/rester exclusif.ve.
(..) Et si certains exclusifs peuvent devenir polyamoureux en analysant leurs angoisses, les polys peuvent faire exactement le même chemin, avec d'autres angoisses. Peur d'être phagocyté, peur de trop s'attacher, peur de perdre le libre arbitre, ou bien d'autres...je n'en sais rien. Mais il y a autant de richesse et de connaissance de soi à retirer de sa difficulté à suivre le mode de vie exclusif qu'il y en a à découvrir pourquoi il peut être difficile de ne pas le suivre.
Tu as parfaitement raison, sur le fond : chacun a des raisons de chercher un cadre et peut avoir des raisons de fuir un autre, et pour être bien dans son choix, qu'il soit exclusif ou non, ça demande de se creuser pas mal.
Après, j'ajouterais quand même un bémol : dans beaucoup de cas, on arrive à l'option poly après avoir testé ou connu ou été éduqué par l'option mono.
(Pour certains c'est "seulement" les rencontres qui chamboulent, toussatoussa, le coup de foudre blabli et je t'aime toujours blablu - généralement sincère, et plus ou moins intègre selon le cas : j'ignore pas le cas cruel de gens qui essaient un nouveau cadre de relation alors qu'avec un peu d'introspection et de courage, changer de relation tout court serait plus respectueux pour tout le monde.)
Pour beaucoup de poly, le fait d'aller vers ce choix est la suite d'un chemin de travail sur soi déjà entamé. Ils ont été mono avant, ils ont déjà un vécu de ce qui ne leur convient pas. Ils savent pas tout de ce qu'il y a à y vivre, mais puisqu'ils essaient quelque chose de nouveau, on peut dire que la part de recherche est plus importante que la part de rejet anxieux ou de fuite... D'autant que si c'est une recherche informée, ils savent que les engagements qu'ils vont prendre sont pas particulièrement légers, et qu'ils se multiplieront plutôt qu'autre chose.
Tandis que beaucoup de monos, qui aimeraient bien rester "comme avant", ont pas d'expérience de ce qu'ils craignent, juste la peur par projection. C'est une peur bien légitime, hein, elle est significative, elle est là pour protéger, il s'agit pas de l'écarter du revers de la main comme si elle ne disait rien de vrai.
Mais c'est une peur de l'inconnu, pas du connu.
Après...
Je veux être honnête sur le "choc" de peur, il sort pas non plus de nulle part en général.
Beaucoup de tensions dans les situations "han, il/elle se dit poly, je suis mono", du point de vue du "poly" c'est une histoire d'une personne déjà engagée qui en rencontre une de plus, qui sait pas trop comment gérer, dit la vérité plus ou moins spontanément, et annonce "mais bon ça existe le polyamour aussi", parfois sans bien avoir fait le point sur sa propre capacité à laisser son/sa partenaire historique aller voir ailleurs. Et c'est pas un point de détail, ça représente plutôt bien qu'en fait, dans ces cas-là, la personne qui croit vouloir passer au poly a pas tellement fait le boulot d'introspection, recherche, proposition dont je parle plus haut.
Et c'est égoïste. Pas méchant, humainement compréhensible, mais c'est pas mature...
Voilà.
Donc oué, tu as raison, il peut y avoir des impensés aussi dans le rapport aux peurs d'un poly mais je le redis, l'impensé "normal" sur la non-exclusivité a, par nécessité, plus d'occasions de peser puisque si le poly agit parle avec de la peur cachée, c'est rarement en ayant commencé sa vie sentimentale ainsi, tandis que si le mono parle avec de la peur cachée, c'est rarement en ayant déjà eu une expérience de non-exclusivité consentante.
Message modifié par son auteur il y a 7 ans.
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Bizbille
le samedi 17 mars 2018 à 09h26
Siestacorta
Ca... autant trouver des accords, progressivement, respecter des trucs intimes (qui sont pas seulement tes limites mais aussi le cadre où il peut vivre les choses sans planter une relation avec toi qu'il souhaite aussi), je pense que c'est la base.
Autant lui dire "et pourquoi tu abandonnerais pas la non-exclusivité", c'est quelque chose que tu peux proposer mais qui peut aussi mettre votre relation en cause.
Humainement, je (te) comprendrais très bien : il a attaqué le contrat entre vous, a tenté (même inconsciemment) un coup de force, donc une réaction contraire de ta part serait un retour de balancier assez prévisible.
Et ça peut conserver ton équilibre et ta sécurité à toi...
En revanche, conserver la sécurité de la relation si chacun est plus sur le registre de la concession que du compromis (ça aussi je te conseille la lecture !), ça peut présenter des difficultés...
Message modifié par son auteur il y a 9 heures.
Quand je parle de remettre en question, je ne parle pas de remettre en cause. Pour moi, il n'y a pas grand chose qu'on EST, par essence. Dire "je suis comme ça et pas autrement épicétou", c'est limiter la connaissance que l'on a de soi. Et pourquoi pas, si ça ne pose de problème à personne ! Le fait est que nos fonctionnements posent problème à l'autre, dans notre situation. Moi, je veux bien ne pas me limiter à "je suis sentimentalement exclusive, c'est comme ça épicétou", me poser des questions sur ce qui se cache derrière, que cela me change ou non, mais je ne vois pas pourquoi lui ne devrait pas se poser des questions sur son fonctionnement et se limiter à "je suis polyamoureux, c'est comme ça épicétou". Il ne s'agit pas de le culpabiliser, ni de lui demander de se justifier, ni de l'obliger à changer. Et finalement, il a trouvé ce travail d'introspection intéressant pour lui aussi.
Message modifié par son auteur il y a 7 ans.
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Bizbille
le samedi 17 mars 2018 à 09h31
alinea7
Je m'immiscer subrepticement : devenir polyamoureux pour quelqu'un d'exclusif est tout aussi violent et demande les mêmes questionnements et chamboulements intimes qu'il est nécessaire à un.e poly pour devenir/rester exclusif.ve.
Je dis pas qu'être poly c'est pas beau et tout ça (pas du tout !!) mais pour moi, pour trouver un terrain commun il faut bouger des deux côtés. Et si certains exclusifs peuvent devenir polyamoureux en analysant leurs angoisses, les polys peuvent faire exactement le même chemin, avec d'autres angoisses. Peur d'être phagocyté, peur de trop s'attacher, peur de perdre le libre arbitre, ou bien d'autres...je n'en sais rien. Mais il y a autant de richesse et de connaissance de soi à retirer de sa difficulté à suivre le mode de vie exclusif qu'il y en a à découvrir pourquoi il peut être difficile de ne pas le suivre.
Il me semble qu'il n'y a pas un mode de vie plus noble que l'autre, mais des peurs naturelles qui pèsent plus que d'autres. Avec certaines auxquelles on préfère se confronter parce qu'on gère, plutôt que d'autres.
Donc, évidemment que ça peut remettre la relation en cause, mais ni plus ni moins que si c'est le mono qui ne peut pas dépasser ses peurs et qui se retrouve à démissionner ou souffrir en espérant que son partenaire pourra dépasser son sentiment de claustrophobie relationnelle (c'est probablement pas ça mais je ne connais pas donc faute de mieux je suppose).
Mais encore une fois, je vois ce qui est beau dans le polyamour et je suis en travail actif pour y devenir compatible. Tout ce que je veux dire c'est que d'après moi, moins on est compatible avec un des deux modes et plus on a des peurs à travailler. Parce qu'en fait, l'équilibre c'est d'être flexible, non ?
Je suis d'accord !
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Bizbille
le samedi 17 mars 2018 à 09h58
Siestacorta
Tu as parfaitement raison, sur le fond : chacun a des raisons de chercher un cadre et peut avoir des raisons de fuir un autre, et pour être bien dans son choix, qu'il soit exclusif ou non, ça demande de se creuser pas mal.
Après, j'ajouterais quand même un bémol : dans beaucoup de cas, on arrive à l'option poly après avoir testé ou connu ou été éduqué par l'option mono.
(Pour certains c'est "seulement" les rencontres qui chamboulent, toussatoussa, le coup de foudre blabli et je t'aime toujours blablu - généralement sincère, et plus ou moins intègre selon le cas : j'ignore pas le cas cruel de gens qui essaient un nouveau cadre de relation alors qu'avec un peu d'introspection et de courage, changer de relation tout court serait plus respectueux pour tout le monde.)
Pour beaucoup de poly, le fait d'aller vers ce choix est la suite d'un chemin de travail sur soi déjà entamé. Ils ont été mono avant, ils ont déjà un vécu de ce qui ne leur convient pas. Ils savent pas tout de ce qu'il y a à y vivre, mais puisqu'ils essaient quelque chose de nouveau, on peut dire que la part de recherche est plus importante que la part de rejet anxieux ou de fuite... D'autant que si c'est une recherche informée, ils savent que les engagements qu'ils vont prendre sont pas particulièrement légers, et qu'ils se multiplieront plutôt qu'autre chose.
Tandis que beaucoup de monos, qui aimeraient bien rester "comme avant", ont pas d'expérience de ce qu'ils craignent, juste la peur par projection. C'est une peur bien légitime, hein, elle est significative, elle est là pour protéger, il s'agit pas de l'écarter du revers de la main comme si elle ne disait rien de vrai.
Mais c'est une peur de l'inconnu, pas du connu.
Après...
Je veux être honnête sur le "choc" de peur, il sort pas non plus de nulle part en général.
Beaucoup de tensions dans les situations "han, il/elle se dit poly, je suis mono", du point de vue du "poly" c'est une histoire d'une personne déjà engagée qui en rencontre une de plus, qui sait pas trop comment gérer, dit la vérité plus ou moins spontanément, et annonce "mais bon ça existe le polyamour aussi", parfois sans bien avoir fait le point sur sa propre capacité à laisser son/sa partenaire historique aller voir ailleurs. Et c'est pas un point de détail, ça représente plutôt bien qu'en fait, dans ces cas-là, la personne qui croit vouloir passer au poly a pas tellement fait le boulot d'introspection, recherche, proposition dont je parle plus haut.
Et c'est égoïste. Pas méchant, humainement compréhensible, mais c'est pas mature...
Voilà.
Donc oué, tu as raison, il peut y avoir des impensés aussi dans le rapport aux peurs d'un poly mais je le redis, l'impensé "normal" sur la non-exclusivité a, par nécessité, plus d'occasions de peser puisque si le poly agit parle avec de la peur cachée, c'est rarement en ayant commencé sa vie sentimentale ainsi, tandis que si le mono parle avec de la peur cachée, c'est rarement en ayant déjà eu une expérience de non-exclusivité consentante.
Je veux bien qu'en général c'est comme ci ou comme ça, mais ça ne correspond pas à notre expérience. Déjà, c'est moi qui la première ai parlé de non exclusivité, parce que j'avais expérimenté ça avant lui. La différence étant que le libertinage n'inclut pas les sentiments amoureux, mais je m'étais déjà posé la question. De son côté, il s'est pris dans les dents le message "si tu es avec X et que tu tombes amoureux de Y, ça veut dire que t'es pas si bien que ça avec X", ce qui l'avait mis dans une situation de dissonance cognitive forte. Ça l'a fait remettre en cause des relations, ça l'a fait culpabiliser, mais ce ne sont pas de bonnes conditions pour réellement chercher à se comprendre soi-même. Si on est dans l'auto-jugement, on n'est pas assez serein pour se comprendre, à mon avis. C'est un peu grâce à moi qu'il a osé chercher des informations. Quand il a découvert l'existence du polyamour, ça a été une révélation, en mode "je suis comme ça !", mais pareil, ça n'éclaire pas sur le pourquoi et le comment... D'où le fait qu'il soit parti au quart de tour, porté par son enthousiasme, et pensant naïvement que son enthousiasme allait me gagner aussi...
Message modifié par son auteur il y a 7 ans.
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Caoline
le samedi 17 mars 2018 à 11h09
Faut il vraiment une raison au fait d'aimer plusieurs personnes ? Je ne pense vraiment pas, je pense que c'est naturel. C'est la culture au départ basé sur des questions de propriété, d'héritage qui inculque la monogamie comme une norme alors qu'elle n'est en rien naturelle.
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Caoline
le samedi 17 mars 2018 à 11h18
Pour dire le fond de ma pensée Bizbille je trouve que ta volonté de le faire travailler sur son envie/ sa capacité à aimer plusieurs personnes comme si c'était forcément signe d'un problème, c'est violent et manipulatoire.
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Bizbille
le samedi 17 mars 2018 à 11h24
Siestacorta
Ca... autant trouver des accords, progressivement, respecter des trucs intimes (qui sont pas seulement tes limites mais aussi le cadre où il peut vivre les choses sans planter une relation avec toi qu'il souhaite aussi), je pense que c'est la base.
Autant lui dire "et pourquoi tu abandonnerais pas la non-exclusivité", c'est quelque chose que tu peux proposer mais qui peut aussi mettre votre relation en cause.
Humainement, je (te) comprendrais très bien : il a attaqué le contrat entre vous, a tenté (même inconsciemment) un coup de force, donc une réaction contraire de ta part serait un retour de balancier assez prévisible.
Et ça peut conserver ton équilibre et ta sécurité à toi...
En revanche, conserver la sécurité de la relation si chacun est plus sur le registre de la concession que du compromis (ça aussi je te conseille la lecture !), ça peut présenter des difficultés...
Merci pour la lecture ! J'ai l'impression, au moins au début de sa deuxième relation, que monsieur me demandait des concessions, et que j'ai été bien seule pour réfléchir et proposer des compromis. Ou alors qu'il a fait des concessions que je ne lui demandais même pas (genre "c'est pour toi qu'elle et moi ne sommes pas allés chez ses parents", alors que je lui avais seulement dit que je préférais ne pas être au courant de ça, comment pouvais-je prévoir que ça lui poserait un problème de conscience ? Est-ce que c'est obligé de pousser la transparence jusqu'à raconter tout ce qu'on fait avec l'autre partenaire ?). Bref, depuis nous en avons parlé, je pense qu'on est au clair avec ça maintenant.
Il n'en demeure pas moins que moi j'ai encore du mal à me remettre de cette histoire alors que lui a tourné la page, et que j'ai l'impression d'un gros gâchis, parce qu'il y avait énormément d'infos utiles sur le net qui auraient pu nous aider si seulement on les avait lu dès le début...
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Siestacorta
le samedi 17 mars 2018 à 11h41
Bizbille
Il n'en demeure pas moins que moi j'ai encore du mal à me remettre de cette histoire alors que lui a tourné la page, et que j'ai l'impression d'un gros gâchis, parce qu'il y avait énormément d'infos utiles sur le net qui auraient pu nous aider si seulement on les avait lues dès le début...
C'est pas évident quand on est dans l'adversité et la difficulté, ou quand on est au stade d'épuisement d'après la bataille, où on lèche ses plaies en se demandant si ça valait bien la peine. Mais rien n'est jamais tellement gâché qu'on ne le croit sur le moment.
En ce moment je la ressors à tout propos la devise d'Ovide que j'ai trouvée dans Walking Dead : "Perfer et obdura, dolor hic tibi proderit olim", sois fort et patient, ta peine d'aujourd'hui te sera utile demain.
Par ailleurs, pour aider à te remettre, à vous remettre, c'est peut-être le moment de , non pas "revenir à comme avant", mais d'en mettre un bon coup de plus sur l'attention que vous vous portez, la bienveillance. Votre façon de vous aimer (je parle pas de l'Hamour avec trois u....). Vous offrir mutuellement ce que vous savez déjà agréable pour l'un et l'autre. Ca peut être matériel, ça peut être des façons de faire, des mots... Mais bref, ré-investir la part de joie de votre relation. Pas oublier totalement les évènements, mais vous montrer que vous pouvez en revenir, continuer votre route et voir peu à peu ce que vous avez appris.
C'est super sain que tu sois venue faire le point ici, chercher sur quel pied tu peux danser, sur lequel tu t'appuies quand tu veux faire un saut... Mais maintenant que t'es en train d'apprendre ça (et, je l'espère, que Monsieur Enthousiaste est revenu de wonderland et accepte de regarder où il marche) tu peux repréter attention à la musique de votre relation.
(ok, je conseille quand même aussi un peu d'eau gazeuse pour faire passer ma lourdeur métaphorique).
Message modifié par son auteur il y a 7 ans.
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Bizbille
le samedi 17 mars 2018 à 11h43
Caoline
Faut il vraiment une raison au fait d'aimer plusieurs personnes ? Je ne pense vraiment pas, je pense que c'est naturel. C'est la culture au départ basé sur des questions de propriété, d'héritage qui inculque la monogamie comme une norme alors qu'elle n'est en rien naturelle.
Rien n'est 100 pour 100 "naturel" chez l'humain. Même l'attachement amoureux, la manière dont on le vit et l'exprime, n'est pas totalement naturel. Pour moi, rien n'est sacré, et l'amour pas plus qu'autre chose.
En passant, la jalousie n'est pas totalement culturelle non plus. J'avais lu que pour tester des médicaments contre l'infarctus, on mettait un singe mâle dans une cage, et juste à côté de sa cage, sa femelle préférée avec un autre mâle. Le premier mâle a fréquemment une crise cardiaque en voyant cela.
Ce n'est pas parce que quelque chose ne serait pas "naturel" que c'est à rejeter de fait, ce n'est pas parce que quelque chose serait "naturel" que ce serait à accepter de fait. Sans parler du fait qu'il est bien compliqué de déterminer avec certitude ce qui est "naturel" de ce qui est "culturel" chez l'humain (entre autres).
Caoline
Pour dire le fond de ma pensée Bizbille je trouve que ta volonté de le faire travailler sur son envie/ sa capacité à aimer plusieurs personnes comme si c'était forcément signe d'un problème, c'est violent et manipulatoire.
Non, il n'y a pas de "comme si c'était forcément signe d'un problème", je ne l'ai pas posé comme ça, ce n'est pas ce que je pense, et il ne l'a pas reçu comme ça non plus. Je ne lui ai pas demandé de changer, ni de faire une thérapie. Le fait est que ma façon de ressentir lui pose un problème, sa façon de ressentir me pose un problème, mais ce ne sont pas nécessairement des problèmes en soit, et encore moins des pathologies.
Je ne le lui ai pas imposé, je lui ai proposé, et il s'est saisi de cette occasion. Il n'y avait simplement pas pensé de lui-même, c'est tout. Il a pu découvrir ses propres conditionnements, mais je ne crois pas que parce qu'un comportement serait issu au moins en partie d'un conditionnement, alors il serait à rejeter.
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Bizbille
le samedi 17 mars 2018 à 12h06
Siestacorta
C'est pas évident quand on est dans l'adversité et la difficulté, ou quand on est au stade d'épuisement où on lèche ses plaies en se demandant si ça valait bien la peine, mais rien n'est jamais tellement gâché que ça.
En ce moment je la ressors souvent, la devise d'Ovide que j'ai trouvée dans Walking Dead : "Perfer et obdura, dolor hic tibi proderit olim" : sois fort et patient, ta peine d'aujourd'hui te sera utile demain.
Par ailleurs, pour aider à te remettre, à vous remettre, c'est peut-être le moment d'être, non pas "on revient à comme avant", mais d'en mettre un bon coup de plus sur l'attention que vous vous portez, la bienveillance. Vous offrir mutuellement ce que vous savez déjà agréable pour l'un et l'autre. Ca peut être matériel, ça peut être des façons de faire, des mots... Mais bref, ré-investir la part de joie de votre relation. Pas oublier totalement les évènements, mais vous montrer que vous pouvez en revenir, continuer votre route et voir peu à peu ce que vous avez appris.
C'est super sain que tu sois venue faire le point ici, chercher sur quel pied tu peux danser, sur lequel tu t'appuies quand tu veux faire un saut... Mais maintenant que t'es en train d'apprendre ça, tu peux repréter attention à la musique de votre relation.
(ok, je conseille quand même aussi un peu d'eau gazeuse pour faire passer ma lourdeur métaphorique).
On entre dans cette phase-là, peu à peu, mais je crois que j'ai besoin de retourner la question dans tous les sens pour réussir à tourner la page. J'ai un fonctionnement plutôt lent ! :D Après, ce n'est peut-être pas du gâchis (même si j'ai du mal à ne pas avoir cette pensée en tête, surtout en pensant à la souffrance que ces tâtonnements hasardeux ont occasionné pour l'ex de mon compagnon), mais je garde une sensation de perte de temps dans mon cheminement personnel. L'impression d'avoir dû faire machine arrière, mais tu as raison : ce peut être reculer pour mieux sauter, wait and see ! ;)
Nous sommes actuellement dans un projet de vie qui nous recentre l'un sur l'autre, quoi qu'il en soit, et pour le moment ce n'est pas d'actualité pour lui d'entamer de nouvelles relations, il n'a pas de frustration à revenir à nous deux dans ce contexte. Je garde en tête qu'il n'est pas un libertin, bien entendu, mais tu as raison, il n'y a pas que ça entre nous !