Douloureuse découverte du polyamour
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mamamanon11
le lundi 30 septembre 2013 à 11h52
Bonjour à tous !
J'ai découvert ce site un peu au hasard mais au fond c'est ce que je cherchais ! Je vous suis reconnaissante de partager expériences, conseils et soutiens pour tous ceux qui se sentent concernés par le polyamour.
Je viens donc quémander vos réflexions et conseils.
Pour ça, le passage obligé : raconter mon histoire.
J'ai 18 ans et je suis en couple depuis 2 ans et demi avec D. Je ne me suis (m'étais) jamais posée la question de monogamie ou presque, même si au fil du temps j'ai compris que D. était beaucoup plus dépendant de moi que l'inverse. Nous avons des projets de vie à long terme, et nous entendons très bien.
L'année dernière, j'ai changé d'environnement et rencontré tout un tas de personnes, dont M. Notre amitié me semblait plus forte qu'avec les autres rencontres, même si nos confidences n'allaient pas bien loin. A la fin de l'année, j'ai fini par percevoir l'amour de M. pour moi. J'ai alors réalisé que, étant déjà en couple, je m'étais caché mon attirance pour M. pour éviter de remettre en cause ma relation avec D.
C'était très douloureux de comprendre que j'aimais deux personnes en même temps. Je me suis imposé un choix, même si je ne l'ai jamais explicité : je n'ai rien changé, donc, implicitement, j'ai choisi D.
J'ai encore changé d'environnement : je suis loin de D et de M, mais je parle à tous les deux. M. est profondément triste car je lui ai dit l'aimer aussi, mais notre éducation (respect de la monogamie, aucune remise en cause ou choix) nous a interdit toute relation amoureuse.
Comme on ne peut arrêter d'aimer, j'ai aimé et j'aime D. et M. en même temps, tout en restant 'en couple' avec D.
Mais je n'ai pas pu continuer comme cela et je me suis retrouvée sur wikipédia à "polygamie", puis "polyamour".
J'ai fini par trouver le livre "Au-delà du personnel" qui fait une grande critique à la monogamie. Je l'ai bien évidemment lu et j'ai compris que c'est ce que je voulais, que je ne pouvais faire autrement : pratiquer la non-exclusivité responsable (c'est un peu comme le polyamour, non ?).
Me voilà donc, rassemblant mon courage, écrivant un mail à M et D pour leur faire part de cette proposition.
M. m'a demandé du temps pour se forger une opinion tandis que D. était déjà catégorique : "je ne peux pas"
D. dit : "ce qui me gêne c'est que dans une relation je veux pouvoir tout dire et tout partager avec la personne que j'aime, et dans le même temps je pense qu'on a forcément des secrets avec les gens qu'on aime, donc si on est dans une relation avec deux personnes à la fois, on ne peut forcément pas tout partager avec les deux. T'es la seule personne avec qui je peux tout dire avec qui je peux être vraiment moi, et ça ça serait plus possible. J'ai besoin que la relation sentimentale et amoureuse que j'ai avec toi n'appartienne qu'à nous deux, j'ai besoin de ça pour vivre"
Même en dehors de la situation actuelle, j'ai peur de l'avenir parce que je sens une énorme responsabilité peser sur moi. Je ne me sens pas capable d'être nécessaire à la vie de quelqu'un, et je sais que la relation de D et moi est donc déséquilibrée.
Puis-je essayer d'argumenter ? De convaincre D ? Ça me semble impossible, je ne vois comment convaincre quelqu'un de quelque chose que l'on ressent (mais qui ne s'explique pas vraiment...)
Et je suis toujours face à ce choix finalement, D ou M ? Et c'est quelque chose que je ne pas faire. Je nie un bout de moi en choisissant.
Je suis ouverte à toute question, réflexion et à tout conseil.
Et je vous remercie d'avoir lu ce pavé pas très clair, j'ai du mal à être objective car la douleur m'aveugle.
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(compte clôturé)
le lundi 30 septembre 2013 à 14h30
Puisque tu trouves des réponses dans les livres, je te conseille "Vertus du polyamour" de Y.A. Thalmann. Tu peux aussi lire les ouvrages de F. Simpère. Par contre, aider par ma propre expérience m'est difficile. Je ne suis pas toi (voir mon profil) et les personnes que j'aime (amour, amitié importante, amitié amoureuse, amouritié...) ne sont pas D. et M. Nous avons chacun une vie propre et un ressenti propre. Point positif à mes yeux, tu fais preuve de dialogue, sincérité et franchise. Ton équilibre et tes idéaux sont chamboulés par ton vécu, il est normal que tu ais du mal à être objective, qui le serait dans ta situation.
Etre poly, c'est aussi s'intéresser à la jalousie, à la culpabilité, à la prise de responsabilité, à la notion de couple... Perso j'ai bcp d'ouvrages de Y.A. Thalmann car il aborde tous ces thèmes individuellement et aussi collectivement ("devenir âme soeur, les 10 plus gros mensonges sur l'amour et la vie de couple...). Je peux t'adresser une liste en MP.
Personnellement, je suis plus polyaffective que polyamoureuse car je ne vis pas de sexualité en dehors de mon couple. C'est un CHOIX que j'ai fait, qui aide mon mari a mieux vivre la situation et ainsi, je suis aimée pour qui je suis et non pour assouvir des pulsions sexuelles. Je suis donc un peu "particulière" dans le monde du polyamour.
Je suis prête à parler avec toi en message privé (MP) si tu le désires. Pour ce faire, il te suffit de cliquer sur mon pseudo, tu seras alors sur la page de mon profil, puis sur envoyé un message (je te conseille de cocher la case en bas du cadre de ton msg afin de conserver une copie de celui-ci). Autre précision, si tu désires recevoir de ma part de la documentation et la liste de mes livres, merci de me communiquer ton adresse mail directe car je ne pourrai joindre aucun fichier informatique par le biais de ce site.
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papagab
le lundi 30 septembre 2013 à 17h04
Bonjour Mamamanon11,
Il me semble que dans les couples c'est souvent la femme qui demande un changement de mode de fonctionnement. Je constate que contrairement à moi et à plusieurs exemples similaires lus sur ce forum, ta demande arrive alors que vous êtes un couple encore très récemment formé.
Ce que je lis dans ton intervention c'est apparemment une grande ouverture d'esprit de la part de D, qui semble avoir déjà sauté les étapes les plus basiques (syncope, terreur, déni, refus en bloc, pleurs, sentiment d'abandon, etc), pour bloquer sur une étape que je trouve déjà plus avancée. Je suis passé par les premières étapes, elles m'ont déjà demandé du temps. Ensuite j'ai aussi buté sur ce qui gène D actuellement. Je ne l'aurais pas formulé tout à fait ainsi mais ça revient à peu près au même. L'exclusivité permet d'avancer dans la vie avec un degré d'intimité très élevé. Dans mon cas ce n'était pas seulement une question de secrets à garder, mais également de choses que je souhaitais vivre avec une seule personne, une complicité qui me semblait intenable dans un couple ouvert.
Tu ne nous dit pas combien de temps s'est écoulé depuis ta proposition par mail (!) à D et M. M n'étant pas en couple avec toi, il a moins pris un coup sur la tête que D. Il me paraît donc "normal" que cela soit passé plus facilement. Il demande du temps c'est signe de sagesse, même s'il a probablement "tout à gagner" dans cette proposition, tandis que M ne voit, pour l'instant, que des choses à perdre. Tu es la demandeuse, tu dois donc trouver le temps long. Il n'est pas exclu que D évolue même si tu as déjà eu ce que tu prends pour une réponse catégorique. Ne lui mets pas trop la pression. Je répète que je trouve que D est allé déjà loin dans sa réflexion. De sereines discussions, à des moments favorables pour vous deux, peuvent peut-être vous permettre d'avancer encore. Oui D est dans une relation plus fusionnelle avec toi que tu le souhaiterais (il croit qu'il a besoin de toi alors que ce n'est pas un besoin mais une envie, un désir, de l'amour etc). S'en rendre compte et voir les avantages du "couple fissionnel" prend du temps. J'assimile cela à une sorte de deuil, pour évoluer, et se sentir plus grand et plus fort ensuite. Si D bloque sur des considérations de l'ordre du secret des confidences qu'il te fait, je pense que cette barrière est vraiment loin d'être insurmontable, pour peu que tu saches distinguer ce qu'il considère comme secret et ce qui ne l'est pas. Votre futur mode de fonctionnement possible peut très bien prévoir des accords du type :
- nous ne parlons pas du passé du conjoint à d'autres amoureux,
- nous ne parlons pas de notre patrimoine,
- nous ne parlons pas du boulot de notre conjoint à d'autres amoureux,
- nous voyons nos autres amoureux dans des lieux indépendants des lieux que nous fréquentons en couple,
etc.
Je serais ravi de pouvoir apporter mon aide en tant qu'homme étant passé par ces mêmes difficultés, et les ayant (à peu près...) surmontées. Je suis également contactable en privé, par toi ou par D s'il en ressent l'envie.
Bonne chance, et... patience.
Message modifié par son auteur il y a 9 ans.
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mamamanon11
le lundi 30 septembre 2013 à 19h40
Merci beaucoup pour vos réponses si rapides !
Merci gcd68 pour les titres de livres, je te donne mon adresse volontiers pour ta documentation. Je n'irais pas jusqu'à dire que je trouve des réponses dans les livres, mais ils me permettent de trouver les mots que je cherche, les idées que je vis inconsciemment.
Le dialogue me parait primordial parce que je déteste les quiproquos. Mais ça n'est pas toujours facile car D. a des difficultés à exprimer ce qu'il ressent. Je pense que le dialogue est un apprentissage constant, pour lui comme pour moi.
Merci papagab pour tes réflexions qui me font prendre conscience que j'en demande beaucoup en peu de temps. Tout d'abord, j'ai souri en lisant ça "Je constate que contrairement à moi et à plusieurs exemples similaires lus sur ce forum, ta demande arrive alors que vous êtes un couple encore très récemment formé." parce que dans le monde des étudiants de mon âge, on me dit toujours "oh, ça fait longtemps". Mais je dois dire que je ne trouve pas la plupart des étudiants très mature. Bref.
C'est en effet très intéressant de pouvoir avoir ton point de vue, toi qui est passé par là, car j'essaye toujours de me mettre à la place de D. (empathie), mais ça n'est pas toujours facile.
Je ne sais pas si D. a passé les étapes de base, mais pas toutes je pense. Il pouvait s'en douter et me connaît très bien, mais les pleurs sont advenus tout de même. Je ne pourrais dire pour la syncope, je n'étais pas là à l'ouverture du mail...
D'ailleurs, le passage " ta proposition par mail (!)" insinue-t-il que c'est choquant ou regrettable ? Je ne sais pas si c'est justifiable.
Je ne verrai ni D. ni M. dans les prochaines semaines, et les rassembler pour leur en parler aurait été impossible. J'ai préféré aussi ne pas attendre que le temps fasse pour moi un choix. D. m'a dit que c'était mieux pour lui de le savoir le plus vite, mais je ne sais pas non plus s'il a raison...
Oui, j'ai tout d'abord pensé que le refus de D. était catégorique, tout d'abord parce qu'il m'en a fait part très rapidement, et aussi parce qu'une réponse si directe chez lui n'est pas habituelle.
Je comprends que cela ressemble à une sorte de deuil, et D. aussi, et il m'a dit qu'il ne supporterait pas. D. ne bloque pas seulement sur les secrets : savoir que ce que je fais avec lui (embrasser, dire "je t'aime",...), je le fais avec quelqu'un d'autre, il ne pourrait pas le supporter (dit-il).
Toutes ces raisons me font penser que les dires de D. sont définitifs.
Je m'imagine très mal à sa place : comment peut-on cesser de ressentir les choses comme cela (exclusivité) quand c'est très naturel pour nous ? Comment cesser de penser aux autres s'il est avec moi ? Je dois dire que je le comprends. Pour ma part, j'ai l'impression que j'accepterais que D. ait d'autres personnes dans sa vie. Je ne peux que supposer car la question ne se pose pas : D. ne veut personne d'autre dans sa vie. Peut-être aurait-ce facilité les choses si D y avait pensé. J'ai l'impression qu'une part de moi a toujours été "poly", et ça me semble "naturel", mais j'imagine, je le répète, très mal comment on peut devenir poly sans l'avoir ressentir par soi-même, naturellement.
Je serais très intéressée d'en savoir plus sur ton vécu/ressenti pour essayer de comprendre comment une évolution est possible. N'est-ce pas extrêmement douloureux ?
Parce que j'ai vraiment l'impression d'être un monstre, si simplement j'étais sage et je restais avec D. pendant toute ma vie, ça lui irait très bien, mais au contraire je le fais beaucoup souffrir...
J'ai oublié de dire : je pense que D. a bien compris les avantages du "couple fissionnel", car il y a bien réfléchi. Mais il 'sait' aussi qu'à lui, ça ne conviendrait pas.
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papagab
le mardi 01 octobre 2013 à 14h56
Effectivement je n'avais pas fait attention à ton âge et au fait que tu sois étudiante. D'un côté j'ai envie de te dire "wahou vous avez vachement d'avance pour vous intéresser au polyamour !". Tu as mon admiration pour ta maturité et ton recul (d'autres ne se seraient pas embêtés et aurait zappé le conjoint rabat-joie). Et d'un autre côté je me dis qu'à vos âges il est déjà très difficile de faire durer une relation, alors j'imagine que c'est peut-être encore plus dur si cela nécessite un travail sur soi en profondeur (je pense à D pour le travail à faire).
Il n'y a aucun jugement de ma part sur le recours au mail, ça m'a juste un peu surpris mais il faut vivre avec son temps... (ouh la la moi qui me prends pour un jeune j'ai plus de deux fois ton âge...)
Donc D a une réaction moins atypique que je pensais, puisque c'est tout un éventail de choses qui le dérangent, y compris le fantasme (au sens de l'imaginaire) de ce que d'autres hommes peuvent faire avec ton corps, avec toi. Je vois donc chez D les mêmes choses que ce que j'ai vécu : rejet en bloc, impossibilité viscérale d'accepter ne serait-ce que d'imaginer l'ouverture du couple (mal au ventre rien qu'en y pensant).
Quelques pistes de réflexion pour D, le problème c'est que si c'est toi qui les lui apporte ça ne paraîtra pas vraiment neutre, et cela risque de bloquer, donc il vaudrait mieux que ça lui vienne par un tiers (ou encore mieux, que ça lui vienne à l'esprit tout seul mais pour ça il faut de l'envie, de la motivation, de la chance, etc) :
- réfléchir à la nature du couple fusionnel et à ses limites (mythe de la femme qui comble l'homme dans 100% de ses attentes)
- réfléchir à la possessivité (qu'il se rende compte que tu ne lui appartiens pas)
- réfléchir de façon hautement introspective à ce qui le dérange dans le fait que tu embrasses (voire plus) un autre homme. De quoi a-t-il peur ? des maladies ? que tu sois abîmée ? salie ?
- travailler sur la confiance en soi (oui, je sais, c'est facile à dire).
En dernier point, D pourrait éventuellement lui aussi profiter d'un mode de fonctionnement non exclusif, lui permettant de découvrir d'autres femmes (ou hommes...), bref de s'enrichir. Il y a des chances que quand D te répond qu'il ne veut personne d'autre dans sa vie ce soit une façon de freiner par rapport à ta demande (peut-être inconsciemment de chercher à te culpabiliser en insistant le côté "pas normal" de ta demande).
Je peux te donner plus d'infos en privé, mais je te répète que si c'est toi qui lui mets la pression en lui balançant un argumentaire imparable il va se sentir piégé et cela ne sera pas constructif. J'ai envie de te dire : rassure-le sur ton amour, encore et encore (et encore), parlez, parlez, et donne-lui du temps, ne le mets pas au pied du mur le pauvre. Tu peux lui dire que bien d'autres sont passés par là !
A bientôt !
Message modifié par son auteur il y a 9 ans.
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papagab
le mardi 01 octobre 2013 à 15h03
Je me relis et je me rends compte que j'ai oublié deux choses très importantes :
TU N'ES PAS UN MONSTRE (en tout cas pas d'après ce que je lis, mais il est vrai que je ne sais pas à quoi tu ressembles..)
Je ne sais pas si on peut utiliser le terme de "sage" pour le fait de rester toute la vie avec quelqu'un et faner en regardant d'autres personnes qui nous attirent mais nous sont interdites.
Message modifié par son auteur il y a 9 ans.
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Tcheloviekskinoapparatom
le mardi 01 octobre 2013 à 16h29
Oui, c'est important de le répéter : TU N'ES PAS UN MONSTRE. Tu es quelqu'un qui découvre ses sentiments, les exprime, c'est à dire un être humain vivant et respectueux des sentiments des autres.
Maintenant je voulais dire que ce qu'écrit D. me semble intéressant, parce que c'est assez précis. Visiblement c'est quelqu'un qui est capable d'exprimer ses sentiments, et ça c'est très précieux dans une relation. Il dit pour résumer qu'il a peur de perdre la dimension "rien qu'à vous deux", de ne pas pouvoir avoir de secret avec toi, etc. Je pense qu'il faut y réfléchir, et penser quelles règles vous pouvez vous donner à ce niveau-là qui t'aillent et qui lui aillent.
Parce que même en cultivant la transparence sur les grandes lignes (savoir qu'on est pas monogames, qu'on a des relations avec d'autres personnes, éventuellement savoir qui c'est), on a tous besoin de "domaines réservés", de choses où on peut dire "désolé ça c'est juste entre lui et moi, et c'est pareil pour nous deux, je ne lui raconterais pas telle ou telle chose".
Une chose dont on se rend compte pleinement en vivant des amours plurielles c'est que chaque relation a sa vie indépendante, son histoire, sa dynamique, et que c'est pour ça qu'il n'y a pas à se sentir menacé par les amours de l'autre. Je te souhaite de pouvoir le vivre par toi-même avec tes amoureux !
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mamamanon11
le mardi 01 octobre 2013 à 21h10
Merci encore de vos réponses !
Pourquoi est-il difficile de faire durer une relation à nos âges ? Éloignement dû aux études ? Caractère encore enfantin ? Tentation de tout découvrir ?
La jeunesse c'est surtout une question de façon de réfléchir. Je ne dis pas ça comme une expression toute faite, je pense vraiment (et je vois) que des étudiants sont déjà aigris et désabusés. Comme c'est triste...
Oui, impossibilité viscérale, je pense que ça convient pas mal.
Je n'ai pas demandé à D. s'il voulait quelqu'un d'autre dans sa vie, mais je pense que ça faisait partie de son idée de départ : autarcie amoureuse. Et j'ai tout brisé, rien que ça est difficile pour lui.
Je sais bien que je ne dois pas le mettre au pied du mur, je le rassure (j'essaie) mais je ne peux pas lui mentir en lui disant que c'est pas grave ou autre. Et comme tu dis, si je lui propose des axes de réflexions, je ne pense pas que ça passe... Je ne connais aucun intermédiaire à qui je pourrais souffler quoi que ce soit, et mon espoir est que D. se renseigne lui-même, mais je ne pense pas qu'il ait envisagé un "travail" sur lui du tout.
Je ne sais pas non plus si je peux/dois lui dire que je risque de "faner"...
Comment puis-je lui imposer le polyamour (au moins pour moi) alors que lui ne m'imposerait pas la monogamie (il aurait pas trop le choix, le pauvre) ?
C'est en fait assez déséquilibré... Bref, j'ai vu nombre de sujet "poly et non-poly" ou "poly+mono=impossible", etc, j"irais me renseigner plus en profondeur.
Merci Tchelo (je raccourcis, désolée) pour ces idées de règles à mettre en place. Je trouve ça intéressant et bien pensé, mais comment parler de règles alors que quelqu'un ne joue pas au jeu ?
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Green-Man-Outside
le mardi 01 octobre 2013 à 21h59
Parce que j'ai vraiment l'impression d'être un monstre, si simplement j'étais sage et je restais avec D. pendant toute ma vie, ça lui irait très bien, mais au contraire je le fais beaucoup souffrir...
En effet, tomber amoureuse de quelqu'un, c'est vraiment monstrueux. ^_^
Sinon, sérieusement, le truc que je remarque c'est ça :
D. dit : "ce qui me gêne c'est que dans une relation je veux pouvoir tout dire et tout partager avec la personne que j'aime, et dans le même temps je pense qu'on a forcément des secrets avec les gens qu'on aime, donc si on est dans une relation avec deux personnes à la fois, on ne peut forcément pas tout partager avec les deux. T'es la seule personne avec qui je peux tout dire avec qui je peux être vraiment moi, et ça ça serait plus possible. J'ai besoin que la relation sentimentale et amoureuse que j'ai avec toi n'appartienne qu'à nous deux, j'ai besoin de ça pour vivre"
Je ne sais pas quel âge à D, mais il s'avère que ce n'est peut-être pas le plus important : le chemin vers certaines formes de maturité est long. Ici, il expose clairement quelque chose qui, en réalité, dépasse le cadre de votre relation amoureuse voire des relations amoureuses en général. Il a déjà conscience de la contradiction entre le fait qu'on a tous des secrets pour les autres et qu'il voudrait pourtant (???) partager tout avec toi.
Mais surtout, quand il écrit "t'es la seule personne avec qui je peux tout dire avec qui je peux être vraiment moi" on est en pleine régression infantile. Soit on ne peut pas tout dire à qui que se soit et le problème ne devrait pas se poser, soit on peut tout dire à quelqu'un, et donc on peut tout dire à plusieurs personnes. Or, ce que je perçois, c'est qu'il ne semble déjà pas capable d'être vraiment lui-même... avec lui-même!
Du coup on a une situation (indépendamment des débats pour ou contre la monogamie, car je crois qu'on peut pratiquer une monogamie "éclairée" même si à titre personnel je suis partisan de la non-exclusivité) hyper infantile avec un bébé qui regarde sa mère (ou son père, halte au sexisme) en lui disant "il n'y a qu'avec toi que je suis moi". Tant que ce sera le cas vous ne serez pas deux, vous serez 1,5... ;-)
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atthis.pachamama
le mercredi 02 octobre 2013 à 01h18
Je t'envoie tout mes encouragements dans cette situation transitoire, peu confortable.
Vous semblez avoir D. et toi une facilité à l'expression de vos sentiments, ce qui est très bénéfique pour s'aventurer hors des sentiers battus de l'amour préfabriqué (qui peut très bien convenir à certains mais pas tous).
Tu demandais si tu devrais essayer d'argumenter. Ce que je peux te dire c'est que pour moi, je n'ai jamais vu de bons résultats avec l'argumentation. Car l'autre se sent acculé, coincé dans le camps de celui qui va défendre le contraire. Tandis que si tu lui offres la possibilité de s'exprimer sans jugement et que tu te permets toi aussi d'exprimer ce que tu ressens. L'échange se place sur un autre plan. Il va par exemple, je ne sais pas si c'est son cas, pouvoir t'exprimer le fait qu'il aime l'idée que tu lui appartiens, ce qui a mon avis n'est pas quelque chose de mal en soi et toi tu vas pouvoir à ce moment là lui expliquer ce que tu ressens toi par rapport à ça, sans pour autant lui dire ce qu'il doit ressentir ou penser.
L'une de mes relations est 100% pour le partage de l'amour dans le principe, il le défend même mordicus sauf que ses sentiments ne s'accordent pas toujours avec ses pensées. Il est très jaloux et lorsqu'il est en colère à cause de sa jalousie et que je sors mes arguments ça part dans des engueulades sans fin avec toutes sortes d'arguments bidons à mon sens. Depuis peu j'ai réalisé que si à ce moment là je lui explique ce que je ressens, à quel point je l'aime et que je lui pardonne totalement sa colère, sa jalousie, que je lui pardonne même d'être incohérent et que je l'écoute vraiment sans le juger mais sans oublier ce que je ressens moi et ce que je veux moi, à ce moment là il n'y a pas de colère. Il pleure, je le câline, on fait l'amour et c'est fini.
Il m'a demandé dès le début de tout lui raconté de ce que je vivais avec d'autres. Ce que je fais toujours. Parfois je vois bien qu'il serre les dents, que ça lui fait mal quand je raconte (car je raconte vraiment tout et dans les moindres détails) mais il préfère ça que de ne pas savoir. S'il ne sait pas il s'imagine des trucs et il pète un plomb. Personnellement ça ne me dérange pas du tout de tout raconter. Je fais bien attention à pas minimiser mes sentiments pour l'autre quand je lui raconte pour vraiment être honnête, ce qui est pas toujours facile car je sais que ça lui fait peur.
L'analyse de Green-Man-Outside est certainement très sensée et juste. Cependant je pense que l'analyse c'est pour les moments hors tension quand tout les deux vous avez envie de vous poser des questions. Je crois que pour l'instant, dans cette situation, tu gagneras à ne pas l'analyser à ne pas le juger mais simplement à l'écouter et à t'exprimer à ton tour. Le "danger" de l'analyse (et j'ai fais ça à outrance pendant bien longtemps) c'est qu'on tombe dans le jugement du bien et du mal, on s'égare, on fait mal à l'autre et on empêche l'expression. L'important n'est pas de faire ce qui est bien, l'important est que vous soyez tous le plus heureux.
Peut-être que tu peux plus orienter M. sur des articles et argumenter avec lui car il n'a pas de douleur à vif.
Sinon pour ce qui est de la question de lui parler du fait que lui aussi peut "aller voir ailleurs", c'est à prendre avec des pincettes. J'ai vu que bien souvent pousser un aimé à aller voir ailleurs ça fait l'effet contraire, il panique, pense que tu veux t'en débarrasser etc. Je pense que ce n'est pas le moment de lui en parler, là il ne voit que toi. Le simple fait que tu penses toi à avoir plusieurs relations, va lui faire penser que lui aussi pourrait, je crois que c'est pas la peine de le pointer du doigt. Après tout l'art de la chose est d'être très sensible au moment où lui aura une ouverture amoureuse de ne pas la briser par maladresse et de lui laisser toutes les chances de développement.
Pleins de bonnes choses à vous trois !
Atthis
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Evavita
le mercredi 02 octobre 2013 à 08h08
mamamanon11
parce que dans le monde des étudiants de mon âge, on me dit toujours "oh, ça fait longtemps". Mais je dois dire que je ne trouve pas la plupart des étudiants très mature
Je relève vite fait ce truc là parce que j'ai l'impression que cette phrase révèle que la maturité de quelqu'un serait proportionnel au temps que durent ses relations. Pour moi, il me parrait évident que ce n'est pas le cas.Si quelqu'un a envie que je precise ma pensée qy'il n'hésite pas, c'est juste que je ne veut pas y aller de mon pavé si ce n'est pas la peine.
La suite plus tard dans la journée car mon train est arrivé.
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Siestacorta
le mercredi 02 octobre 2013 à 08h48
J'espère qu'on m'excusera le mindfuck passager...
La valeur n'attend pas le nombre des années, bon, bien, oui, mais la maturité peut être inégalement répartie selon les domaines...
Mettons, on peut être très mûr très tôt sur "bien tenir un lieu de vie", et pourtant complètement immature dans sa façon de dialoguer avec des proches.
Pour m'approcher plus précisément du fil, la projection à long terme d'une relation n'est pas, pour moi, un signe indiscutable de maturité.
Mettre quelqu'un dans ses projets, parce qu'on a soi-même tendance à projeter, sans tenir compte assez de la probabilité que la vie de l'autre change (ça peut arriver, au hasard, si l'autre est jeune, étudiant... ... .... ), ça peut être plus de l'impensé que de la maturité.
Après, évidemment, il y a des gens qui savent très tôt construire des relations solides, ET qui sont pragmatiques de penser que ni eux ni leur partenaire n'auront de changements importants dans la vie. Si on a vécu tous les deux face à face dans la même rue, qu'on s'aime depuis la maternelle, que moi je vais reprendre le garage de mon père et toi l'épicerie du tiens, il se peut qu'on ait raison de pas bouger de là.
Disons que là, l'impensé et le pragmatisme arrivent au même.
Message modifié par son auteur il y a 9 ans.
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LuLutine
le mercredi 02 octobre 2013 à 12h09
Tcheloviekskinoapparatom
Une chose dont on se rend compte pleinement en vivant des amours plurielles c'est que chaque relation a sa vie indépendante, son histoire, sa dynamique, et que c'est pour ça qu'il n'y a pas à se sentir menacé par les amours de l'autre.
Je plussoie !
D. via mamamanon11
J'ai besoin que la relation sentimentale et amoureuse que j'ai avec toi n'appartienne qu'à nous deux, j'ai besoin de ça pour vivre
Mais....votre relation n'appartiendra jamais qu'à vous deux !
Je suis la seule qui voit une incohérence dans le fait de supposer qu'entretenir plusieurs relations amoureuses signifie que toutes les relations "appartiennent" à tout le monde ?
Quand je fréquente plusieurs amis, la relation que j'entretiens avec chacun est unique, a sa dynamique propre (comme écrit par Tcheloviek), et ce n'est pas parce que je rencontre un nouvel ami qu'il va s'immiscer dans les autres relations !
(Sauf à créer une relation à 3, 4 etc pourrait-on penser...mais en fait dans ce cas ça n'efface pas l'ancienne relation à 2, ça en crée une supplémentaire : par exemple, entre 3 personnes, il peut exister 3 relations à deux - A et B, A et C, B et C - et une relation à trois - A, B et C ensemble - qui est distincte de chacune des précédentes....je ne sais pas si c'est clair ?)
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mamamanon11
le mercredi 02 octobre 2013 à 20h24
Merci Green-Man-Outside !
Pour ma part, je n'ai pas compris la même chose dans ce que dit D. : il dit que la personne qu'on aime (d'amour de monogame) est celle avec qui on partage tous ses secrets (et que normalement c'est réciproque). Si j'aime d'amour plusieurs personnes, j'ai des secrets avec chacune d'elles et je ne peux donc pas partager tous mes secrets avec D. Je ne sais pas si c'est très clair ce que j'ai dit, mais je ne pense pas qu'il y ait d'incohérence dans ce raisonnement : D. pense et veut savoir tous mes secrets, ce qui ne serait pas possible si 'j'aimais d'amour' plusieurs personnes.
En revanche, je suis assez d'accord sur le caractère infantile et je n'aime pas quand j'ai cette impression d'être "sa mère".
Green-Man-Outside
Tant que ce sera le cas vous ne serez pas deux, vous serez 1,5... ;-)
Je suis tout à fait d'accord. Mais je ne sais pas comment gérer ça !
Merci Atthis, j'essaye de ne pas analyser, mais j'ai tendance à le faire malgré moi. Ceci dit, je ne mets aucun jugement de valeur dans cette analyse, et je n'en parle que rarement.
atthis.pachamama
Sinon pour ce qui est de la question de lui parler du fait que lui aussi peut "aller voir ailleurs", c'est à prendre avec des pincettes. J'ai vu que bien souvent pousser un aimé à aller voir ailleurs ça fait l'effet contraire, il panique, pense que tu veux t'en débarrasser etc.
Je n'y avais pas pensé, mais maintenant que tu le dis, je ferai très attention. Merci !
Evavita
Je relève vite fait ce truc là parce que j'ai l'impression que cette phrase révèle que la maturité de quelqu'un serait proportionnel au temps que durent ses relations.
Pardon si j'ai donné cette impression, je ne voulais pas du tout dire que la longueur d'une relation reflète d'une maturité. Mais il est quand même vrai que je trouve les étudiants peu matures ! Et je ne trouve pas que les deux années et des brouettes que j'ai passées avec D. ait duré si longtemps. Je commence à peine à le comprendre vraiment et à mesurer sa complexité d'être humain. Une relation plus courte me paraîtrait donc "incomplète", mais pas moins mature, ce n'est pas ce que je voulais dire...
Siestacorta, tu dis :
"Mettre quelqu'un dans ses projets, parce qu'on a soi-même tendance à projeter, sans tenir compte assez de la probabilité que la vie de l'autre change (ça peut arriver, au hasard, si l'autre est jeune, étudiant... ... .... ), ça peut être plus de l'impensé que de la maturité. "
Je trouve ça très vrai et je pense que c'est un peu le cas de D....
LuLutine
Mais....votre relation n'appartiendra jamais qu'à vous deux !
Je suis la seule qui voit une incohérence dans le fait de supposer qu'entretenir plusieurs relations amoureuses signifie que toutes les relations "appartiennent" à tout le monde ?
Je suis bien d'accord avec ça, LuLutine, mais ça n'est pourtant pas forcément facile à expliquer de front à quelqu'un, si ?
Message modifié par son auteur il y a 9 ans.
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LuLutine
le mercredi 02 octobre 2013 à 23h56
mamamanon11
Je suis bien d'accord avec ça, LuLutine, mais ça n'est pourtant pas forcément facile à expliquer de front à quelqu'un, si ?
Et si tu lui posais la question ?
Par exemple : "Et pourquoi, si j'entretiens d'autres relations amoureuses, notre relation à nous ne nous appartiendrait plus ?"
Il t'a déjà donné une réponse à cette question ? Une réponse concrète, précise. Pas juste "parce que c'est comme ça" !
En tant que poly, on part souvent du principe que le mono a "la norme" pour lui, que ce qu'il dit est forcément logique, s'il dit "Tu vas m'aimer moins" ou "Notre relation ne nous appartiendra plus", on ne lui demande pas de justifier pourquoi ça devrait se passer comme ça, alors que nous, on croit devoir justifier que c'est faux.
Si tu souhaites qu'il réfléchisse, ton rôle n'est peut-être pas de te justifier et d'expliquer. Ton rôle est peut-être plutôt de lui poser les questions.
C'est quand quelqu'un cherche à répondre à des questions qu'il réfléchit vraiment. Pas quand il assène des "vérités" trop souvent entendues et non vérifiées.
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Maia
le dimanche 06 octobre 2013 à 03h58
Bonjour Mamamanon11.
Alors tout d'abord, je m'excuse d'avance pour ma réponse, qui sûrement ne va pas être très agréable à lire pour toi. Mais je pense que je dois quand même te partager ce qui suit.
En réalité, je me retrouve en grande partie dans ta situation. J'étais en couple depuis deux ans avec un garçon, avec lequel j'habitais, lorsque je me suis rendue compte que j'avais réellement besoin d'être en relation non-exclusive. Je l'avais rencontré lorsque j'avais 18 ans, et nous avons habité ensemble au bout de deux mois de relation. Nous avions au bout de deux ans des projets à longs termes, enfants et tout le tralala. Sauf que depuis presque le début, cela ne m'empêchait pas d'aimer d'autres personnes, et que dans ma grande hypocrisie, j'avais résolu le problème en le trompant occasionnellement avec les autres personnes que j'aimais.
Je me suis rendue compte au bout d'un moment que notre relation était vouée à l'échec s'il n'acceptait pas la relation non-exclusive. J'ai fini par lui en parler, d'abord sous forme d'hypothèse lointaine, puis comme quelque chose de plus concret. Je précise que comme D., il était clairement plus dépendant de moi que le contraire, et je pense réellement qu'il aurait préféré ne rien remettre en question dans notre relation. Par ailleurs, c'était sa première relation, alors que j'avais déjà eu une relation de deux ans avant lui, ainsi que d'autres relations importantes.
Après maints rebondissements, nous nous sommes séparés, puis peu après remis ensemble, sur la base de la relation non-exclusive. Ca a été libérateur pour moi au début, mais rapidement je me suis rendue compte que ça ne pourrait pas marcher : il n'acceptait pas réellement la chose, il avec surtout cédé dans l'espoir de "me garder". Il n'envisageait même pas de rencontrer un de mes amoureux, les posait clairement en rivaux, préférait ne pas en entendre parler du tout... En réalité, il n'était pas prêt, et peut-être pas fait pour ce type de relation. Et c'était très difficile pour moi de devoir constamment faire attention à ce que je disais, et finalement ne pas lui parler de toute une partie de ma vie qui m'était importante et dont il préférait ne pas reconnaitre l'existence. Finalement, j'ai compris que ça ne marcherait jamais, malgré notre bonne volonté à tous les deux, malgré notre amour mutuel, malgré tous les moments merveilleux passés ensemble... Ce n'était tout simplement pas possible d'être réellement moi-même avec lui, car il n'arrivait pas à accepter un pan extrêmement important de qui j'étais. Cette relation, malheureusement, ne me correspondait plus, ne me rendait plus heureuse.
Ce n'est pas simplement une histoire d'amour. On peut aimer bien des gens, mais cela ne signifie pas que c'est une bonne chose pour nous d'être en relation ou en couple avec eux à une moment donné.
A présent je suis en couple non-exclusif avec quelqu'un de merveilleux, qui partage complètement ma vision des relations, et avec qui je peux être pleinement moi-même, et découvrir bien mieux ce qu'est être en relation à l'autre.
Je ne dis pas que ta relation avec D est nécessairement vouée à l'échec. Tu es la seule à le savoir. Mais j'ai passé des mois et des mois à m'accrocher à une relation, alors qu'au fond je savais qu'elle ne pouvait plus rien m'apporter de réellement positif, parce que j'aimais énormément la personne et que je ne pouvais/voulais pas voir les choses en face. Aucun amour ne vaut la peine de sacrifier ses valeurs, sa vision des choses, son sentiment d'intégrité. Aucun amour ne vaut qu'on se mente à soi-même.
D'après tout ce que tu écris, j'ai l'impression que D n'est pas du tout prêt à accepter la relation que tu voudrais, ni à faire le travail sur lui-même qui serait nécessaire à ça. Si c'est son choix définitif, tu ne peux que le respecter.
La discussion jusqu'à maintenant a consisté à voir ce que tu pourrais dire à D pour lui faire comprendre ton point de vue, et finalement voir si le sien ne pourrait pas changer. D'après tout ce que tu dis, j'ai l'impression qu'il est très peu probable, que cela change. Je te souhaite évidemment que ce soit le cas. Mais si ça ne l'est pas, je te souhaite d'avoir le courage de faire au bout du compte ce qui est le mieux pour toi.
Dernière chose : tu n'es peut-être pas au stade de ta relation où tu es prête à entendre tout ce que je viens de te dire. J'espère que tu n'auras jamais besoin de l'entendre. Mais si tout ça es trop pour toi, n'hésite pas à oublier tout ce que tu viens de lire. Peut-être tout cela trouvera-t-il une résonance plus tard dans ta relation -ou pas.
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LuLutine
le dimanche 06 octobre 2013 à 10h55
Recoucou Mamamanon11,
Je voulais rebondir sur le message de Maia, car j'ai vécu sensiblement la même chose.
Séparée de mon premier amour (enfin, premier amour partagé, c'est-à-dire avec qui j'avais entretenu une relation) pendant plus de sept ans, lorsque je l'ai revu, j'étais entre temps "devenue" polyamoureuse (je pense qu'au fond je l'ai toujours été, mais plus jeune j'avais rencontré moins de personnes - c'est mathématique - et donc je n'avais pas eu l'occasion de me rendre compte de cet aspect de ma personnalité).
Ce premier amour a accepté ma situation polyamoureuse, probablement pour avoir une chance de me "garder" comme le dit Maia, mais au fond, il était totalement réfractaire.
Et tout comme pour la personne dont parle Maia, j'étais sa première - et donc unique - relation (oui, même pendant plus de sept ans de séparation, il n'avait rencontré personne d'autre).
Je rejoins l'expérience de Maia sur les points cités ci-dessous (en particulier ceux que j'ai mis en gras ; j'ai aussi introduit de légères modifications en italiques pour adapter les propos à mon cas) :
Maia
Je précise que comme D., il était clairement plus dépendant de moi que le contraire, et je pense réellement qu'il aurait préféré ne rien remettre en question dans notre relation. Par ailleurs, c'était sa première relation
[...] nous nous sommes [...] remis ensemble, sur la base de la relation non-exclusive. Ca a été libérateur pour moi au début, mais rapidement je me suis rendue compte que ça ne pourrait pas marcher : il n'acceptait pas réellement la chose, il avait surtout cédé dans l'espoir de "me garder". Rapidement, il n'envisageait même plus de rencontrer un de mes amoureux, les posait clairement en rivaux ("qu'est-ce qu'il a de mieux que moi ?"), préférait ne pas en entendre parler du tout... En réalité, il n'était pas prêt, et peut-être pas fait pour ce type de relation. Et c'était très difficile pour moi de devoir constamment faire attention à ce que je disais, et finalement ne pas lui parler de toute une partie de ma vie qui m'était importante et dont il préférait ne pas reconnaitre l'existence. [...] Ce n'était tout simplement pas possible d'être réellement moi-même avec lui, car il n'arrivait pas à accepter un pan extrêmement important de qui j'étais.
[...]
On peut aimer bien des gens, mais cela ne signifie pas que c'est une bonne chose pour nous d'être en relation ou en couple avec eux à un moment donné.
A présent je suis en relations avec des gens merveilleux, qui partagent complètement ma vision des relations, et avec qui je peux être pleinement moi-même, et découvrir bien mieux ce qu'est être en relation à l'autre.
Je ne dis pas que ta relation avec D est nécessairement vouée à l'échec. Tu es la seule à le savoir. Mais j'ai passé des mois et des mois à m'accrocher à une relation, alors qu'au fond je savais qu'elle ne pouvait plus rien m'apporter de réellement positif, parce que j'aimais énormément la personne et que je ne pouvais/voulais pas voir les choses en face. Aucun amour ne vaut la peine de sacrifier ses valeurs, sa vision des choses, son sentiment d'intégrité. Aucun amour ne vaut qu'on se mente à soi-même.
D'après tout ce que tu écris, j'ai l'impression que D n'est pas du tout prêt à accepter la relation que tu voudrais, ni à faire le travail sur lui-même qui serait nécessaire à ça. Si c'est son choix définitif, tu ne peux que le respecter.
Pour ma part, ce n'est pas moi qui ai rompu, c'est lui. Et il est parti en m'insultant. Je souhaite que ça ne t'arrive pas !
Bon, un mois après les insultes (parce qu'on essayait de rediscuter de tout ça), il s'est quand même excusé, mais après que j'aie lourdement insisté sur le fait que ça m'avait blessée de me faire insulter (oui visiblement ça ne lui était pas passé par la tête que j'ai pu me sentir blessée par des insultes...il se comportait comme s'il n'avait rien dit...je sais ça peut sembler fou à première vue...).
J'ajouterais que même si d'autres me disaient "ça ne marchera pas", j'ai quand même préféré tout tenter, aller "au bout" de cette relation, savoir que j'avais essayé. C'est pour ça que je n'ai pas rompu avant. Sinon je l'aurais regretté, me serais demandé sans cesse si vraiment, il n'y avait pas moyen que ça fonctionne...
Aujourd'hui je sais que j'ai fait de mon mieux et que j'ai tout essayé. (Du moins ce qui était en mon pouvoir, car on ne peut pas tout ; surtout que dans mon cas j'étais - pour d'autres raisons - dans une situation de grande déprime, voire proche de la dépression je pense, donc je n'avais pas trop d'énergie à lui donner à lui - alors qu'il m'en demandait - j'en avais besoin pour moi, pour ma (sur)vie...)
En tout cas bon courage à toi, et je ne peux que répéter encore ce que Maia a si bien formulé, et que je pense aussi (mais je n'arrivais pas à le formuler aussi bien) :
Maia
Aucun amour ne vaut la peine de sacrifier ses valeurs, sa vision des choses, son sentiment d'intégrité. Aucun amour ne vaut qu'on se mente à soi-même.
Et cette citation ne vaut pas que pour toi, elle vaut pour tout le monde, donc pour D. aussi.
S'il a l'impression de sacrifier ses valeurs, son sentiment d'intégrité, il serait légitime qu'il décide de partir. Je dis ça au cas où...
Pour ma part je respecte la décision de A (je l'avais appelé comme ça dans un de mes messages il y a trois ans et demi environ) de me quitter. Je regrette juste que ça ait été fait en m'insultant (ça c'était pas respectueux, mais il était probablement autant en souffrance que moi - bien que de mon côté ce fut pour d'autres raisons que notre relation - donc je le comprends et même si ça ne justifie absolument pas sa réaction, ça l'explique).
Bon courage à toi Mamamanon11, et n'oublie pas que tu trouveras toujours des yeux bienveillants pour te lire ici. N'hésite pas à venir aussi rencontrer des gens en café poly si ça te tente, et s'il s'en organise dans ta région (on ne te mangera pas :) !).
PS : Si jamais il n'y a pas de café poly près de chez toi, et que tu veux en lancer un, tu peux, il suffit de proposer un jour et un lieu. Et/ou tu peux regarder dans l'annuaire des membres (un petit lien tout en bas du site) si tu vois sur la carte des membres pas loin de chez toi, et par exemple les contacter en mp si leur profil le permet.
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Maia
le lundi 07 octobre 2013 à 13h20
LuLutine
Et cette citation ne vaut pas que pour toi, elle vaut pour tout le monde, donc pour D. aussi.
S'il a l'impression de sacrifier ses valeurs, son sentiment d'intégrité, il serait légitime qu'il décide de partir. Je dis ça au cas où...
Tout à fait d'accord avec ça. Pour le coup, mon ex ne s'est pas vraiment respecté par rapport à ça, il m'a fait croire qu'il pourrait/voulait vivre une relation poly, jusqu'au moment où j'ai compris (en partie parce qu'il en avait parlé à mon meilleur ami) qu'il n'espérait qu'une chose : que je change et que je réalise que ce que je voulais vraiment, c'est être seulement avec lui.
Dans l'absolu, à partir du moment où il y a des sujets vraiment tabous ou trop douloureux pour envisager d'en parler un jour, dans un couple, c'est très mauvais signe et c'est souvent déjà fini, malheureusement.
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mamamanon11
le lundi 07 octobre 2013 à 16h18
Merci de ces témoignages et conseils !
En tant que nouvelle poly (j'entends par là : découverte et plus ou moins assumée depuis peu), il est vrai que je suis un peu partie du principe que le mono avait la norme. Ceci dit, je ne le pensais pas assez pour taire mes sentiments et m'enfermer dans le silence, ce qui est déjà pas mal (je trouve). Je ne veux choquer personne, mais étant donné que je fais partie d'une frange assez restreinte de la population (ayant des comportements différents, notamment avec le polyamour), je pense qu'il est nécessaire d'expliquer ce que je dis/fais. Pas pour me justifier (puisque la 'norme' n'est pas toujours le bien et le reste le mal), mais plutôt pour me faire comprendre et faire comprendre aux autres que je ne reproche rien au comportement des autres. C'est juste que moi, je ne veux/peux pas vivre comme ça en sacrifiant mes valeurs, ma vision des choses, mon sentiment d'intégrité.
Merci Maia pour ton témoignage, je pense qu'il a sa place ici et je suis prête à entendre ce que tu m'as dit. Cependant, je ne pense pas que ma situation soit la même, je vais expliquer bientôt pourquoi.
Merci LuLutine pour le rebondissement. Je trouve ça horrible que A t'ait insultée. Je pense sincèrement que D. est incapable d'une telle chose, mais je pense aussi que c'est toujours intéressant de savoir que cela arrive.
Je trouve important d'avoir des avis divergents, notamment des témoignages qui montrent que le polyamour n'est pas toujours possible. Il faut dire aussi que je le supporte bien car je ne me sens plus/pas vraiment concernée.
Contrairement à ce qu'on aurait pu croire, D. a beaucoup réfléchi (et pas assené des vérités inébranlables).
Nous avons aussi beaucoup parlé, et il m'a expliqué ce qu'il pensait qui le rendrait malheureux : c'est le fait d'être exclu d'un pan de ma vie. En clair, tout le contraire de ça : "Et c'était très difficile pour moi de devoir constamment faire attention à ce que je disais, et finalement ne pas lui parler de toute une partie de ma vie qui m'était importante et dont il préférait ne pas reconnaitre l'existence. [...] Ce n'était tout simplement pas possible d'être réellement moi-même avec lui, car il n'arrivait pas à accepter un pan extrêmement important de qui j'étais."
D. veut rencontrer M., apprendre à connaître M., et qu'on se connaisse tous les trois. Il veut qu'on s'entende bien et qu'on apprenne 'à vivre ensemble'. Il ne dit pas que tout le monde doit être amoureux de tout le monde, il dit juste qu'on doit bien s'entendre tous les trois. Ce qui est évident, c'est que ça ne serait pas possible avec n'importe qui. Mais D. et M. se sont déjà rencontrés et s'apprécient (si, si)...
Ce qui fait, que, pour l'instant, je ne cache rien à D., je peux lui parler de ma vie et de tous ses 'pans'.
Personnellement, j'ai trouvé ce changement très rapide et étonnant, comme vous je suppose ("D'après tout ce que tu écris, j'ai l'impression que D n'est pas du tout prêt à accepter la relation que tu voudrais, ni à faire le travail sur lui-même qui serait nécessaire à ça."), et je pense que D. a fait un réel "travail" sur lui pour se comprendre lui, et pouvoir m'en parler.
Nous n'avons donc pas de tabou, ce qui me semble être une bonne chose.
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LuLutine
le mardi 08 octobre 2013 à 02h59
mamamanon11
Je trouve ça horrible que A t'ait insultée. Je pense sincèrement que D. est incapable d'une telle chose,
Je connais A depuis plus de 15 ans, et de mémoire jamais je ne l'ai vu insulter quelqu'un.
Je le pensais aussi sincèrement incapable d'une telle chose.
Comme quoi...
(Mais ça prouve surtout qu'il devait être dans une grande souffrance - plus maintenant, je l'espère - pour en arriver là.)