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Discussion : Relations amoureuses et comparaisons
crest
le dimanche 30 mars 2025 à 11h22
petite tentative théorique en réaction à ce fil : /discussion/-cZv-/J-ai-juste-besoin-de-partager-ce...
« Je sais que c'est MOI qui compare »
C’est quelque chose que je rumine depuis quelques semaines : certes c’est bien l’individu qui fait l’opération mentale de comparer mais est-ce que ce n’est pas la « situation » elle-même (qui transcende l’individu) qui induit cette comparaison ?
Pour caricaturer une épreuve sportive induit la comparaison, il est impossible d’y échapper.
Ce qui rend complexe ce dont on parle quand il s’agit de relation amoureuse et du sentiment d’être comparé c'est que :
- c’est une institution qui dans son essence même donne une place à l’individu en relation avec un autre (je te choisis toi)
- pour un individu donné il n’existe qu’une seule place de ce type-là (c’est ce que l’on nomme l’exclusivité, la monogamie)
- cette « place » ce sont des règles que l’on s’attend à voir respecter, qu’il s’agisse des protagoniste de la relation ou des autres
- il n’est possible de bricoler/changer ces règles qu’au prix effort, d’inconfort, d’ambiguïté car il n’est possible de changer une institution à soit tout seul ou à quelques individu (car ces règles ont une portée générales, elles valent à l’échelle de toute société)
- Parler de polyamour au sens d’avoir plusieurs relations amoureuse c’est réactiver cette institution donc ces règles donc l’attente de les voir être respectées.
- le but affiché du polyamour est que plusieurs relations amoureuses existent sans être en concurrence. Mais il faut alors construire des manières de différencier les places de chacun. Les hiérarchiser explicitement est une manière de faire (couple socle etc). Les autres manières vont plutôt être dans le fait d’éviter de faire le même genre d’activité ou de cloisonner sévèrement les espaces et les temps de chaque relation.
- l’insécurité naît quand il n’aura pas été possible de différencier les places (souvent par inconscience et manque de vigilance à mon avis, ou bien par fatigue des efforts à faire puisqu’on n’a pas toute faite la façon de faire). C’est manifestement le cas quand la relation n’arrive pas à quitter un script romantique qui d’abord naît d’un élan très intime mais qui ensuite suit des étapes codées socialement (des règles). C’est aussi le cas quand la hiérarchisation et le cloisonnement de l’espace et du temps atteignent leur limites propres (refuser d’être une relation secondaire, croiser l’autre partenaire dans les mêmes scènes sociales, recevoir des confidences sur les autres partenaires etc).
Discussion : Les relations sont des conversations
crest
le mardi 18 février 2025 à 11h26
Salut,
Dans l'effort pour trouver un autre paradigme relationnel (*), je propose la notion de conversation.
L'avantage de la conversation est qu'elle est commune à tout type de relations (amitié, amour, voisinage etc). C'est une notion plus précise que la notion fourre-tout de communication qu'elle englobe toutefois.
Une relation, un lien avec une autre personne, c'est une conversation qui continue. Une séparation c'est une conversation qui s'arrête. Qu'il s'agisse d'un lien amical ou d'un lien amoureux, la conversation est à la fois un art et quelque chose que les gens font spontanément. Revoir la personne avec qui on est liée, c'est poursuivre une conversation que seul le temps et l'espace ont interrompu, mais qui ne s'est pas arrêtée. La conversation tricote le lien, c'est elle qui lui donne sa forme spécifique, originale ou hors norme.
Quand on revoit la personne on reprend souvent des thèmes de conversations abordées auparavant. Partager sa vie quotidienne avec une personne, c'est avoir des conversations. Se séparer, c'est ne plus avoir de conversation. Une conversation peut être ennuyeuse et superficielle mais c'est alors le lien qui l'est aussi. Une relation en crise se lit à la difficulté d'avoir des conversations, qui patinent. Un monologue même en présence d'autrui n'est pas une conversation.
La conversation peut demander un effort, au début ou au cours d'une relation. On l'entretient pour faire durer un lien à quoi on donne de la valeur ; si on le fait pas, la relation peut s'arrêter. Ça peut être une charge mentale, c'est une activité genrée et dénigrée comme étant du bavardage, parce que avoir une conversation ne produit pas de valeur au sens marchand ou capitaliste. Cependant ce sont les conversations qui font les liens sans quoi aucun être humain ne peut exister. Mener une vie sans avoir besoin de faire l'effort d'entretenir des conversations c'est peut-être se reposer sur les autres pour le faire.
On pourrait décrire n'importe quelle relation sous la forme d'une conversation, y compris dans sa dimension sexuelle ou corporelle. Certaines personnes seront moins à l'aise avec les mots mais plus à l'aise avec leur corps. J'aurais donc envie d'étendre la notion de conversation au-delà de la communication verbale. Mener des activités ensemble, de concert, mettre en commun des ressources à plusieurs, c'est aussi poursuivre une conversation. En retour, les actions concrètes, la dimension matérielle de la vie, ce qui est mis en commun au sens large se reflète dans les conversations verbales. Les conversations fabriquent aussi la réalité au sens où elles valident les visions qu'on les gens d'eux-mêmes et du monde : les conversations sont des points d'appuis indispensables à l'existence.
C'est aussi une notion suffisamment neutre pour pouvoir à la fois :
1) qualifier différents types de relations sans les hiérarchiser
2) rendre justice aux différences profondes existant entre ces types de relations
On pourrait ainsi considérer les relations les plus importantes dans la vie des gens comme le résultat d'une densification de conversations, qui deviennent si fréquentes et si multiples dans leurs thématiques qu'elles couvrent la plupart de ce qui importe aux partenaires, de façon si vaste qu'on peut oublier que le sentiment qui est résulte (amoureux ou autre) est le résultat d'une activité concrète : la conversation. Toutes les relations sont donc performatives, puisque ce sont des conversations qui les font exister.
Peut-on avoir une conversation à plusieurs ? Ça dépend et l'expérience montre qu'il n'est pas si simple de faire entrer une nouvelle personne dans une conversation existante, que ce soit pour que la personne nouvelle puisse y avoir une part active, ou que ce soit pour la conversation de départ ne soit pas interrompue ou soit toujours possible. Le résultat est que la conversation sera différente. Les conversations sont donc toujours un peu fermées au départ, avant d'inclure ou non d'autres participants.
Toute conversation est exclusive au départ parce que le tour qu'elle prend dépend fortement des protagonistes et de l'histoire de ce qu'elles ont pu mettre en commun. Il n'est jamais très simple de parler d'une conversation à une autre personne qui n'y a pas participé ; généralement on en fait un résumé grossier et on se trouve fréquemment obligé de faire de la traduction, afin de faire correspondre ce qui est dit ailleurs avec une autre conversation.
L'exclusivité d'une conversation est la conséquence de la familiarité et de l'aisance qui se produit par la répétition, de sorte que les mots et les gestes ont une signification à la fois très particulière pour les personnes impliquées (difficilement traduisibles pour l'extérieur), et "efficaces" dans le sens où en peu de mots, des pans entiers et complexes de la réalité du monde sont et ont été mis en commun dans les esprits et les corps des protagonistes.
_
(*) EDIT : C'est plutôt cette discussion "Revalorisons l'amitié, les amitiés, le lien dit amical" qui m'a inspiré
/discussion/-cXW-/Revalorisons-l-amitie-les-amitie...
plutôt que celle-ci :
/discussion/-cHV-/Changer-de-paradigme-relationnel
Message modifié par son auteur il y a 9 mois.
Discussion : Monogame en relation Poly
crest
le dimanche 12 janvier 2025 à 23h09
Topper Tu ne peux pas vivre sereinement une relation non-monogame en pensant comme un monogame. Ce changement de paradigme se fait sur le temps long. Il faut être patient même si c'est difficile.
Une autre difficulté est de ne pas être bien seul et être dans le besoin de l'autre pour combler un tas d'insécurités. Autant on peut se servir de l'autre comme d'un pansement dans une relation monogame, autant c'est casse-gueule d'être dans une dynamique de dépendance dans une relation non-monogame.
Il faut donc apprendre à rechercher de la validation autrement, par toi-même (accomplissement dans le travail ou d'autres activités) ou par des sources variées (famille, amis, autres relations).
Ainsi, tu pourras prendre un certain recul avec ta relation. Je ne dis pas de t'éloigner émotionnel mais d'avoir un rapport plus sain. Tu accepteras alors mieux ses spécificités, son rythme différent, sa singularité, ses envies. Tu considéreras davantage cette relation comme une personne indépendante de toi et qui fait le choix de vivre une histoire avec toi, plutôt que comme quelqu'un qui doit combler tes besoins.
Je trouve tout ce topo dogmatique, normatif, élitiste. Typique des propos qui fait se sentir nulle toute personne le prenant ne serait-ce qu’un peu au sérieux.
Mais là j’ai plutôt envie de déconstruire cette norme poly libérale tellement elle s’exprime de façon pure et décomplexée.
L’individu qui répond à toutes ces injonctions est peut-être polyamoureux mais existe-t-il ?
Un tel individu, qui se contente de quelques amis et de gratifications professionnelles, tellement autonome affectivement qu’il est capable de s’auto-valider (sic), doit sûrement cumuler pas mal de privilèges (et de relations) pour être à ce point à l’aise dans ce monde. A-t-il encore besoin de relations amoureuses ou même de relations tout court?
Merde à la fin.
La personne vient exposer ses vulnérabilités et en réponse on lui fait la leçon de comment théoriquement ça devrait se passer si c’était parfait ? Ça n’a aucun sens désolé.
Message modifié par son auteur il y a 10 mois.
Discussion : Envisager le polyamour
crest
le dimanche 12 janvier 2025 à 22h20
Ulrich
Merci à @crest pour son témoignage. Tout plaquer et vivre 3 ans après une rupture traumatique... Il m'a sérieusement fait réfléchir.
Ce que je n’ai pas dit c’est qu’à l’époque j’avais besoin de ce chaos pour changer de vie (en gros quitter le boulot, m’engager politiquement). Quand bien même cela voulait dire dormir peu, être angoissé etc.
C’est très exactement le genre de chose que décrit Alberoni dans son livre Le choc amoureux. Tomber amoureux (ce qu’on appelle plus vulgairement ici la NRE ou la passion) est l’état naissant d’un mouvement collectif à deux, nous dit-il.
Il faut absolument regarder en face l’aspect destructif de la passion amoureuse (sans que ça se réduise à cela), qui est de plus ou moins grande intensité, mais qui est pour moi inhérent aux changements d’envergure dans l’existence.
Et même si de l’extérieur cela semble ridicule ou pathologique, clairement une folie.
Son surgissement n’est pas forcément une bonne nouvelle pour tout le monde, comme tout changement, comme toute révolution.
Discussion : Monogame en relation Poly
crest
le dimanche 12 janvier 2025 à 18h57
Elariel17
J'étais dans une chouette dynamique de guérison psy et de déconstruction (je suis un homme cis hetéro). Mais que malgré tout, quand elle voyait son autre amoureux j'étais mal de nouveau et que cela me plongeait dans des épisodes de déréalisation, de trouble de l'appétit et de déprime.
Comment ça se passe ces moments où elle est avec son autre partenaire, étant donnée la distance ? Tu es au courant que ces moments arrivent, avec une date de début et une date de fin ? Elle reste un peu joignable pour toi dans ces moments? Elle tente de te rassurer sur votre lien pendant ces moments, ou juste avant, ou pas du tout?
Ou bien le deal implicite ou non est-il que chacun doit être autonome affectivement et se débrouiller de son côté pendant ces moments?
Est-ce que tu attribues tes difficultés à une insuffisance de ton côté (ou même à un trouble psy) ou bien à la situation particulière où tu te trouves vis-à-vis de cette personne ? Ou bien encore à ta perception du monde qui est comme tu le dis de moins en moins joyeux (ce avec quoi je suis teeeeellememt d’accord) ?
Message modifié par son auteur il y a 10 mois.
Discussion : Monogame en relation Poly
crest
le dimanche 12 janvier 2025 à 12h45
Désolé pour ce que tu traverses. Suite à cet appel tu avais certainement besoin d'être rassuré, ou en tout cas d'avoir de la clarté sur comment ça se passe pour elle.
Les éléments que tu donnes dresse le portrait de quelqu'un qui se désinvestit de la relation, à un moment de ta vie où tu en as spécialement besoin (de cette relation... ou bien de tout autre relation affective dans un moment où tu traverses des épreuves dues au contexte de l'entrée dans un univers professionnel, ce qui me fait te demander : quelles sont tes autres sources de soutient et confort affectifs actuellement, dans ta vie quotidienne ou à distance, au-delà de cette relation ?).
D'un autre côté à lire ton récit j'ai l'impression (certainement erronée) que tu attendais ou espérais que votre configuration évolue vers une relation exclusive, sans qu'il y ait de signe de son côté allant en ce sens (à part le fait qu'elle ne se documente pas sur le polyamour... mais cela n'a sans doute rien à voir).
Je ne comprends pas dans cette phrase ce qui "s'est bien passé" :
Ça s'est super bien passé, j'avais l'envie et le désirs de changer pour être quelqu'un plus enclin à dealer sur mes traumas (j'ai commencé à voir une psy Dieu merci). Cependant j'étais très vite trigger par le fait quelle voit son autre amoureux.
Message modifié par son auteur il y a 10 mois.
Discussion : [Lexique] Amitié — définition(s) —
crest
le mercredi 08 janvier 2025 à 21h19
wikipedia
L’amitié est une inclination réciproque entre plusieurs personnes n'appartenant pas à la même famille. Elle peut exister entre frères et sœurs par delà les liens de sang. Parfois c'est une amitié de groupe.
C'est peut-être un peu hors-sujet mais je pensais justement qu'une autre alternative à l'amour romantique est aussi les relations de groupe (je ne parle pas de sexe). J'ai remarqué pour moi-même que dans un groupe, je peux ressentir des émotions positives très fortes, qui restent longtemps après, et qui ne se réduisent pas aux relations des individus qui composent le groupe avec qui je suis en relation par ailleurs.
Par exemple, cela ne dépend pas de la présence ou non de mon amoureuse dans ce groupe, même si sa présence peut colorer la chose, mais en réalité au même titre que n'importe quel autre individu du groupe.
On peut tomber "amoureux" d'un groupe de personnes aussi -ça m'est arrivé et j'en suis resté embarrassé- sans que ça passe par un lien privilégié avec un individu en particulier, et j'utilise ici le terme "amoureux" pour signifier une intensité particulière plutôt qu'un script amoureux ou romantique.
On est donc ici ni dans le cas d'un sentiment amoureux ni dans celui de l'amitié car je pense que la définition de ces sentiments est pensée pour des relations d'individus pris deux par deux, alors que les gens peuvent aussi vouloir vivre des relations à des groupes, plutôt qu'une série de relations d'individu à individu.
Message modifié par son auteur il y a 11 mois.
Discussion : Script romantique et NRE
crest
le dimanche 05 janvier 2025 à 14h20
Je signale un témoignage intéressant sur le thème dans la brochure La fabrication artisanale des conforts affectifs dans la partie "Petits bricolages et grands travaux". La personne décrit le cheminement qui l'a conduit à développer une approche anti-romantique dans ses relations.
https://infokiosques.net/spip.php?page=lire&id_art...
Brochure déjà mentionnée ici :
/discussion/-LB-/-Brochure-La-Fabrication-artisana...
Dans mes dernières relations impliquant de la sexualité, j’ai tenté différentes choses afin de maintenir des imaginaires relationnels bienveillants. J’ai voulu éviter certains codes, certains signes, certaines paroles, qui me semblaient faire évoluer les relations vers des schémas amoureux de fusion, de passion et d’irrationnel. Par exemple, arrêter de se dire des « je t’aime » un peu vides de sens, des « je tiens à toi », des « je suis attachée à toi », des « tu me manques » et tout le vocabulaire associé à la dépendance et à l’aliénation. C’est une piste à approfondir, parce que censurer des mots et des gestes, ça ne suffit pas à s’assurer qu’on ne vivra pas les sentiments qui sont planqués derrière. Ça peut même juste amener que ces sentiments existent tout de même et deviennent des tabous. Alors j’ai aussi tenté d’arrêter certaines pratiques qui me semblaient nourrir des imaginaires romantico/amoureux. Je pense aux élans poétiques de certaines lettres, à la valeur symbolique et fétichiste de certains cadeaux, au décompte du temps des séparations qui viendra nourrir le manque, aux fantasmes qu’on peut construire autour d’une personne et qui deviendront des attentes puis des déceptions. A vrai dire je tâtonne encore un peu dans le repérage de ces mécanismes, puis dans comment les déconstruire de manière concertée. Ma posture anti-romantique a pu être interprétée par des personnes comme du désintérêt de ma part plutôt que comme de la bienveillance pour elles. Du coup tout ça n’est pas encore vraiment au point. Évidemment ça serait tellement plus pratique d’avoir des mots vraiment adaptés aux interactions que je souhaite mettre en place, plutôt que de m’exprimer toujours en creux, en négatif, par les trucs que je veux éviter. Ça me permettrait de me concentrer un peu plus sur ce que j’aime construire, sans focaliser toujours sur les risques à contourner...
Discussion : Construire la non-exclusivité en dehors du couple
crest
le dimanche 05 janvier 2025 à 13h34
Pour l'instant le fait que ma compagne ait une nouvelle relation après plusieurs années d'exclusivité a plutôt tendance à réactiver chez moi un surinvestissement émotionnel dans la relation (on parlait ensemble que je "redevenais amoureux"), pas tellement propice au programme que je me suis donné ici. Pourquoi ce surinvestissement ? Parce que j'ai encore cette pensée nostalgique -qui ne m'aide pas trop- que le surgissement de cette nouvelle relation provient du fait que j'aurais délaissé la relation avec ma compagne pendant un temps assez long.
Discussion : Script romantique et NRE
crest
le dimanche 05 janvier 2025 à 13h21
Coucou Alabama,
Oui c'est bien ça !
A ceci près qu'il n'y a pas de symétrie entre un script romantique actualisé par des millions de fictions et représentations culturelles et de pratiques sociales constituant la norme, et des nouvelles règles bricolées par des individus tentant de déplacer la norme.
Discussion : Envisager le polyamour
crest
le dimanche 05 janvier 2025 à 13h15
Bonjour Ulrich,
D'après ton récit, la plus grande difficulté semble provenir du souhait de N que tu quittes L, alors que tu ne le souhaites pas.
D'où sans doute les multiples ruptures / réconciliations avec N que tu mentionnes ?
Ulrich
Après de multiples ruptures / réconciliations, N a accepté (pour l’instant) que continue notre relation extra conjugale.
Tu indiques aussi :
Ulrich
Elle souffre de ne pas avoir la plénitude d’une vie de couple avec moi.
Qu'est-ce que ce serait concrètement cette vie de couple ? Te voir aussi souvent qu'elle le souhaites ? Le faire sans se cacher ? Former une famille recomposée et s'occuper avec toi de tes enfants ?
Ulrich
Enfin, c’est peut-être déséquilibré car, en en parlant à son mari, N prend le risque de voir son couple voler en éclat, alors que moi, j’ai déjà dit à L que j’étais amoureux de N et cela ne s’est pas trop mal passé au bout du compte.
L est-elle au courant que N souhaite que tu la quittes ?
Message modifié par son auteur il y a 11 mois.
Discussion : Script romantique et NRE
crest
le mardi 31 décembre 2024 à 16h04
Même quand la personne vivant une nouvelle relation amoureuse ne néglige pas les autres dimensions de sa vie (comme tu le dénonces à juste titre Alabama), le problème que je soulève dans mon texte existe toujours.
Pour moi la NRE, ou amour naissant, n'est pas problématique en raison de sa dimension destructrice, mais plutôt en raison de ses suites socialement possibles, c'est-à-dire dans la façon dont il peut s’institutionnaliser (*).
C'est l'étape d'après la NRE qui m'intéresse. Et le fait que les étapes dont les personnes disposent culturellement sont massivement issues d'une culture romantique par essence monogame. C'est là où ça coince.
_
(*) Pour reprendre les termes d'Alberoni :
/discussion/-eo-/Amours-institutionnelles-ou-revol...
Discussion : Script romantique et NRE
crest
le dimanche 29 décembre 2024 à 13h38
Dans le polyamour il est admis que l'énergie des nouvelles relations (NRE) existe et est neutre éthiquement. C'est-à-dire qu'elle est en soi compatible avec le polyamour.
En fait, ce qu'on appelle la NRE n'est rien d'autre que le fait de tomber amoureux, et il s'agit là de la première étape du script romantique. La NRE n'est pas qu'une émotion d’attirance envers une personne, mais un ensemble d'actions concrètes codées socialement (parler un certain type de langage, s'envoyer des mots doux, se faire des cadeaux, un certain type d'intimité, où les deux personnes se doivent d'accomplir chacune ce type d'action visible pour l'autre, tout en vérifiant pour soi-même que ça s'accompagne d'une émotion d'intensité suffisamment forte, etc). Le script romantique est un ensemble de code sociaux, partagés par toutes les personnes des sociétés modernes sécularisées. On peut en trouver un exposé critique chez Aline Laurent-Mayard (*).
Laurent-Mayard n'aborde pas le polyamour (elle défend plutôt la légitimité du célibat) et le fait que le script romantique qu'elle dénonce est monogame.
Si le script romantique n'était pas monogame, les gens ne galéreraient pas autant dans le polyamour. Quand une personne déjà en couple tombe amoureuse d'une 3ème personne, et qu'on appelle ça la "NRE", et qu'on dit que NRE fait partie du polyamour, alors le script romantique est enclenché. Systématiquement, des émotions négatives très fortes en résultent (jalousie, insécurité).
Dans le script romantique, il y a toujours deux personnes en tête à tête, à l'écart de la société, quand bien même c'est la société et son histoire qui a offert les codes permettant à ces deux personnes d'être "ensemble". Le script romantique est clairement monogame et la NRE est une étape pour former un couple monogame. Au contraire des sociétés traditionnelles, les sociétés modernes n'imposent par aux personnes un partenaire. C'est le script romantique qui permet aux personnes de trouver un autre partenaire et c'est une émotion éprouvée par les deux partenaires qui valide leur relation. Cette émotion c'est le NRE. D'où le fait que "tomber amoureux" ne soit pas considéré comme une maladie mentale ou une émotion pénible, mais au contraire comme quelque chose que toute la culture moderne valorise, y compris dans le polyamour.
Dès lors, il apparaît plus compréhensible que les personnes impliquées dans une multiplicité de relations socialement codées comme monogames (malgré le fait de proclamer la configuration comme "polyamoureuse") soient en souffrance, en tension quasi-permanente, et ressentent de l'insécurité dans une situation dissonante. Faute d'autre script, la suite socialement logique de la NRE étant le couple monogame exclusif, il est normal que les personnes se sentent menacées d'être exclues de leur relation quand la NRE surgit chez leur partenaire.
(*) Aline Laurent-Mayard présente son livre "Post-romantique" dans cette émission de Blast
https://www.youtube.com/watch?v=50nkp1l4e30
Message modifié par son auteur il y a 11 mois.
Discussion : Trio asymétrique - Comment avancer sereinement ?
crest
le jeudi 05 décembre 2024 à 12h26
Ces deux propos se contredisent nettement :
JohannS
C'est le fait d'avoir rencontré quelqu'un (A.) qui m'incite à chercher un mode relationnel compatible avec mes aspirations, et pas l'inverse.
JohannS
Je suis un homme en couple depuis 21 ans avec une femme. La question des relations multiples a plus ou moins toujours plané au-dessus de notre relation, de manière inconstante et imprécise.
Je me dis que ça fait longtemps que tu souhaites ouvrir ta relation, mais comme la voie n'était pas libre faute d'accord de ta femme, tu finis quand même par tomber amoureux de la première personne proche de toi car :
JohannS
mon quotidien n'est pas organisé de manière à rencontrer facilement des gens,
Est-ce que tu te dis qu'avec une personne moins proche de ta femme, ce serait plus facile d'ouvrir ton couple ? Qu'est-ce qui est le plus important pour toi ? Avoir une relation amoureuse avec A. ? Ou bien ouvrir ton couple durablement ?
Message modifié par son auteur il y a 12 mois.
Discussion : Construire la non-exclusivité en dehors du couple
crest
le mardi 03 décembre 2024 à 21h50
Merci pour vos réponses, en particulier celles d'artichaut qui me fait voir les choses autrement. Il y a déjà de bonnes bases pour un nouvel article ^^
La belle liste donnée pour redéployer les relations hors du couple est super intéressante, pour l’indécrottable amoureux que je suis. Dans cette liste, c'est le cercle de parole que je pratique et je peux témoigner que ça m'a fait du bien dans les périodes de panique sentimentale, puisqu'il y est directement d'intimité avec des personnes avec qui on ne partage pas une intimité amoureuse. Et qui peuvent ensuite devenir des ami.es.
Message modifié par son auteur il y a 12 mois.
Discussion : Toute relation amoureuse et sexuelle est monogame
crest
le mardi 03 décembre 2024 à 21h32
Je peux témoigner que ce concept de polymonogamie lancé par artichaut a une très grande vertu thérapeutique pour sortir du schéma infernal mono-poly :
- Il permet à la personne monogame qui se fait "ouvrir" son couple d'améliorer son estime de soi, puisque tout le monde est monogame, même le partenaire qui a 2 relations. Elle n'est donc ni à la traîne, ni le maillon faible, ni la plus lente, ni la plus mono, ni la moins poly.
- Il permet de voir un truc qui sinon reste dans l'ombre : dans le polyamour comme projet, c'est un même type de relation que l'on superpose dans le temps, dont l'essence est l'exclusivité c'est-à-dire l'intimité, c'est-à-dire la séparation radicale et existentielle, entre un intérieur et un extérieur.
- La personne qui se fait ouvrir son couple vit une crise existentielle. La bulle qui la protégeait de l'extérieur est comme percée. Elle perd pied car le centre à partir duquel elle se situait dans le monde est emporté dans cette tempête entrée dans sa bulle.
La personne qui ouvre le couple (pour avoir deux relations au lieu d'une seule par exemple), elle, devra se faire violence pour scinder en deux son intimité, comme ses autres relations le lui demandent.
Les deux personnes ne peuvent plus se comprendre directement (malgré les sentiments restés intacts), elles ne partagent plus les mêmes coordonnées du monde.
- La jalousie n'est jamais que l'autre face de l'exclusivité qui a servi de base pour se construire une existence, protégée de l'extérieur (nous et les autres)
A part cela je dirais que :
- Le couple de 2024 n'a presque rien à voir avec le couple des sociétés traditionnelles.
Cette intimité qu'il peut y avoir à tous les niveaux, et que l'on recherche dans le couple moderne, est très historiquement située. Et propre aux sociétés où l'individu est émancipé des communautés de base (famille, village, corporation etc) donc libéré dans un sens, mais sur un autre plan soumis à des épreuves continuelles dans une société basée sur la concurrence et la marchandise. Le couple est cet espace minimalement communautaire à partir duquel bricoler le confort affectif domestique, sans lequel il n'est pas possible de se projeter vers la société, dans l'espace public que sont les différentes scènes sociales (travail etc) qui n'offrent à l'individu que des liens faibles.
- L'exclusivité tant décriée est cette bulle de sécurité psychique, gage de santé mentale car elle valide l'importance de la personne et sa dignité à l'abri des épreuves de la société. Ces épreuves, par définition, comparent les personnes sur un même plan, tandis que dans le couple exclusif la personne est unique, mais comparable quand elle se fait ouvrir son couple. Sauf à ce que les deux relations soient fortement différenciées (distance géographique, sociale) et hiérarchisées (par des règles, des limites, des interdits, etc) pour créer autant que possible une incommensurabilité des personnes aimées.
- Le polyamour est une sorte d'opportunité dont les gens se saisissent pour ne pas rompre, alors que les individus dans le couple se mettent à diverger sur l'une ou l'autre des facettes de leur exclusivité. A condition qu'il n'y ait pas trop de facettes à remettre en jeu à la fois, le couple peut transformer son lien sans le détruire.
- Tant que la société est comme elle est, de plus en plus anxiogène et concurrentielle, les individus pourront y trouver une forme de sécurité psychique minimale. C'est donc plutôt la société telle qu'elle est devenue qui est à critiquer, plutôt que les moyens précaires par lesquels les gens bricolent des conforts affectifs.
Message modifié par son auteur il y a 12 mois.
Discussion : Construire la non-exclusivité en dehors du couple
crest
le dimanche 01 décembre 2024 à 12h06
Coucou,
J’essaie de trouver des stratégies pour être moins fusionnel dans mon couple avec ma compagne, qui a une relation avec une autre personne depuis quelques temps, cette situation étant amenée à durer.
De mon côté je ne suis pas super emballé par l’idée d’avoir une autre relation de mon côté. Notre couple était ouvert dans son principe depuis le départ mais monogame de fait, très fusionnel et très fluide jusqu’à ce que cette ouverture se concrétise, avec peu de consentement de mon côté (j’euphemise parce que je n’ai pas trop envie d’appuyer là-dessus dans mon propos pour l’instant).
Je lis ce forum et en particulier ´artichaut’ pour trouver de nouvelles façon de voir. Et de me sortir d’impasses qui je pense ont un lien avec les mots qu’on utilise pour décrire une situation.
Par exemple je coche pas mal de cases de la personne ´mono’ et ´polyacceptant’. Et s’ensuivent des réflexes comme par exemple l’idée qu’avoir une autre relation de mon côté serait une façon de retrouver l’équilibre intérieur perdu.
En partant du principe que ma partenaire qui a deux relations et mes metamours qui en ont deux aussi ne sont pas en polyamour mais en polymonogamie, je me dis que je pourrais construire du polyamour d’une autre manière qu’en investissant des relations amoureuses, sachant que dans mon couple la complicité est très forte avec beaucoup d’activités communes, répondant à mon idéal du couple de « créateurs » (en l’occurrence dans le champ social/politique).
Je me dis aussi que ce changement dans mon intimité, soit je le ressens négativement comme une nostalgie douloureuse où tout était plus simple, soit je le vois comme un nouvel espace dégagé pour construire une autre manière d’être au monde, plus hardie envers les autres, moins recroquevillée sur le couple, que je pense on peut investir très fortement, non pas par conformisme social (et c’est là où je suis moins d’accord avec artichaut) mais parce c’est pour moi un espace de liberté et de sécurité incroyable dans une société en crise.
Cependant c’est un autre genre d’espace que je visualise comme alternative au couple. Le polyamour n’est pas forcément le nom de cet espace mais dans mon cas c’est peut-être une sorte de première mesure révolutionnaire, dans la mesure où la nouvelle relation de ma compagne peut être une force de changement comportant une part destructrice et créatrice.
Une autre raison qui pourrait donner du sens à une abstinence polyamoureuse dans mon cas (ne pas avoir d’autre relation alors que la voie est libre) c’est que je cumule pas mal de privilèges. Et que dans un sens la configuration où je reste avec une seule relation est une façon de rééquilibrer les liens existant et voir quelle dynamique ça peut créer.
Message modifié par son auteur il y a 12 mois.