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Discussion : Polyamorie et polyamour: une expérience et une incompréhension

Leni
le jeudi 16 décembre 2021 à 16h58
Topper,
Je te remercie pour ta réponse; effectivement, la différence entre les deux notions était bien celle que j'avais en tête - sans aucun jugement de valeur sur l'une ou l'autre.
Comme tu l'indiquais avec pertinence dans ton analyse, un non-dit a été éclairci: c'est le mot "adultère" qui est venu remplacer le mot "polyamorie" dans les propos de cette femme. Comme les discussions avec "mon conjoint" (je ne sais pas comment le nommer autrement, sans le déterminant possessif, l'actualisation du nom est trop flou mais le côté possessif, j'en conviens,doit être remis en question)... Bref, nous avions convenu avec mon partenaire que nous ne voulions plus de dissimulation, alors il a décliné la proposition de cette femme. La fin de cette histoire me semble ainsi plus honnête que simple. Mon partenaire éprouve en effet des sentiments mitigés, entre déception et tristesse, ce que je comprends tout à fait.
Par ailleurs, tu as également raison, quand tu dis que j'ai survolé mes sentiments. Je me rends compte de l’importance de l’échange ; c’est que je m’oublie souvent. Ce n’est pas de l’abnégation, le mot est un peu fort pour décrire ce que je ressens, mais je comprends si fortement les sentiments de mon conjoint que, mélangés aux miens, je suis submergée et il me semblait qu’il y avait une telle urgence à l’accompagner sur « son chemin » que je ne pouvais pas penser à « ma propre progression ». Effectivement, c’est un déséquilibre et mon partenaire m’a, tout comme toi, invité à me reposer, à me reconstruire et à penser à ce que je souhaiterai pour moi. (C’est là où la partie vie privée et vie pro se sont entrechoquées au pire moment : mon corps a lâché pour me forcer à me concentrer sur moi, et j’entends parfaitement ton conseil).
Je ne sais pas ce que je veux. Être libre et ne pas être sermonnée ? Je ne veux même pas du nom de « mono », parce que je ne suis pas une orientation sexuelle : je suis un individu qui noue des liens de différentes natures. L’amour éternel, le mariage, le sexe avec un seul individu et la reproduction ne sont pas des schémas auxquels je crois. Tout simplement parce que je vois beaucoup de monde se rendre triste en s’accrochant à des illusions. Moi-même, j’ai souffert car je croyais que ma relation avec mon partenaire était fondée sur une honnêteté renouvelée… Visiblement, il y a eu dissonance entre nous. L’harmonie n’est donc pas parfaite, mais pour répondre à un autre passage de ton message, c’est un individu qui m’accepte comme je suis et qui accepte l’idée que nous construisions une relation unique, très probablement finie dans le temps, dans laquelle chacun de nous aurait la place de se découvrir et d’enrichir des espaces personnels.
En pratique, je suis une classique et ennuyeuse hétérosexuelle mono… En théorie, je ne voudrais pas m’imposer d’idées préconçues sur moi-même : les autres en ont déjà suffisamment sur moi.
Cette aventure, malheureuse, car je souffre parfois, a remis sur la table la question, difficile et centrale, de ce que je ressens et de ce que je souhaite. À cet égard, je te remercie de m’avoir lue et répondu en mettant le doigt sur ce que je ne dois pas ignorer. J’aimerais que les gens voient comme moi la possibilité de variations amoureuses, de la tendresse, à l’érotisme, de l’amour platonique et intellectuel à la passion charnelle ; j’ai l’impression d’avoir vécu toutes ces choses, mais je ne sais pas si je peux les vivre et les mélanger avec plusieurs individus en même temps, et surtout, je ne crois pas que ce genre de choses se décide unilatéralement.
Comme je le disais plus haut, je ne pense pas que l’on soit « mono ou poly », mais que les relations le sont ; je n’ai pas l’impression d’avoir rencontré d’hommes intéressés par ma personne imaginant me partager : c’est aussi un problème d’éducation de beaucoup de personnes. On n’envisage pas souvent d’établir une relation autre qu’amicale avec quelqu’un en couple, sauf à vouloir être adultère ou briseur de ménage… Si j’y pense comme une expérience que mon partenaire va vivre dans les mois qui arrivent, je ne sais pas du tout si cela pourrait m’arriver. Je n’ai jamais rencontré de personnes m’invitant à franchir ce pas-là.
J’espère avoir répondu à tes questions.
Pour ce qui est des HPi et autres, je suis intéressée par ta proposition; je partage en partie ton avis, n’est effectivement considéré comme trouble que ce qui empêche de vivre conformément à la structure collective. C’est bien là le problème : la différence devient un handicap quand elle empêche précisément d’être et d’agir normalement. Tout est trouble et rien ne l’est : l’hyperactivité ne serait pas un trouble si l’individu ne devait pas sans cesse se conformer à la société, si à l’inverse, la société tendait à se conformer aux spécificités de chacun, être aveugle ne devrait pas empêcher de lire et être en fauteuil ne devrait pas empêcher d’entrer dans une salle de classe...
Je te remercie encore pour le miroir que tu as tendu à mes interrogations.