Polyamour.info

Fab

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Toulouse (France)

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Discussion : Bonjour, confrontée au polyamour, je cherche mes marques

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Fab

le vendredi 01 juillet 2016 à 11h40

Bonjour Minora, je peux te partager quelques morceaux de mon expérience.

J'ai toujours été poly, mais pendant longtemps de façon honteuse, en ne comprenant pas que ça n'était pas la même chose que "mari volage", et qu'il y avait des gens et des relations avec lesquels je pouvais être moi.

Je ne suis pas jaloux (ça ne me gêne pas que les personnes que j'aime aiment et désirent aussi d'autres que moi), mais j'ai besoin d'être beaucoup rassuré sur la solidité de leur amour pour moi : c'est chouette s'il y en a aussi pour les autres, mais à condition que ma part me soit vraiment garantie.

Mes relations poly ont toujours été avec un couple principal qui sert de pilier à ma vie sociale, affective et patrimoniale, et des rencontres qui ont pu être très belles, mais ont toujours été subordonnées à l'obligation de ne pas mettre le couple principal en péril. Certains polys trouvent ce type d'équilibre moins noble, moins libre, moins puriste qu'un polyamour symétrique, mais peu importe, c'est la recette de mon bonheur à moi.

Sur la communication, j'ai souvent été avec de partenaires qui souhaitaient davantage de secret que moi. Ça m'a longtemps gêné parce que j'assimilais ça à de la triche, mais c'est faux. Le secret permet de compartimenter un petit coin de jardin secret, qui aide à se sentir exister comme individu ; certaines personnes sont excitées sexuellement par le parfum d'adultère et d'interdit qu'il donne à leurs rencontres ; si le partenaire principal est susceptible à la jalousie, c'est une façon simple de ne pas consacrer toute son énergie à déjouer cette jalousie (et, du même coup, de garder sa légèreté à la relation secondaire).

Concrètement, voici des pistes à explorer :

* plutôt que focaliser sur le droit à rencontrer d'autres, ou encore sur des détails matériels (pratiques et fréquence acceptables), discutez du sens de votre relation, de l'importance que vous accorder à en faire votre relation primaire, sur les attentes que vous avez vis-à-vis de la relation principale et des éventuelles autres relations. Tu sembles déjà pas mal libérée du besoin d'exclusivité sexuelle, il s'agit juste de cerner encore un peu mieux le noyau de tes besoins profonds

* ne prends pas le désir de garder un jardin secret contre toi. Surtout si ce secret ne s'applique qu'à des détails de sexe, de positions ou d'emploi du temps. Si tes vraies questions portent sur le sens profond de votre couple à vous deux, ne les confonds pas avec de fausses questions sur vos vies extérieures : elles ne sont qu'un ingrédient parmi d'autres de ce qui vous défini.

* la société te rappellera toujours que les relations polyamoureuses fonctionnent rarement. Ce qu'elle ne te rappellera pas mais que tu ne dois pas oublier, c'est que les relations exclusives ne marchent pas franchement mieux ! Ça n'est jamais facile de construire et maintenir une relation solide et épanouissante avec un autre être humain, tout n'est pas de la faute du polyamour.

Message modifié par son auteur il y a 9 ans.

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Discussion : Changer les termes du contrat de mariage

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Fab

le jeudi 02 juin 2016 à 15h35

EdK
En fait je reste bloqué le dessus : "pas avec des gens mieux fichus que moi"

Oui c'est un exemple de règle tendancieuse :-) La classification "règle / principe" n'est pas binaire, et peu de choses le sont en amour et en libido !

Mais ça reste un exemple intéressant, car (1) il est tiré de faits réels (2) c'est important de se rappeler que la classification n'est pas binaire (3) sous cette demande assez "gri-gri", il y a un principe plus intéressant à exprimer : "j'ai des insécurités liées à ma perception de mon physique, ça interfère avec ma capacité à ne pas être jalouse, aide-moi à les apprivoiser, à me rassurer sur la solidité de notre relation face à elles".

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Discussion : Changer les termes du contrat de mariage

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Fab

le jeudi 26 mai 2016 à 19h01

Bonjour,

Quelques réflexions, issues de nombreux tâtonnements, sur les règles objectives ("Tu ne couches pas ailleurs en dehors de lundi-mardi avant 23h, pas en levrette, et pas avec des gens mieux fichus que moi") par opposition aux principes fondateurs d'une relation, soumis à interprétation permanente ("je te respecte, je prendrai toujours soin d'être une richesse et pas un boulet dans ta vie, et je m'assurerai de ne pas mettre en danger ce qui nous uni").

Un cadre, des règles objectives, ça rassure ; souvent à tort, mais peu importe. Les principes fondamentaux sont plus sains, plus justes, mais ils sont soumis à interprétation, donc pour me faire confiance dans leur respect, il faut croire non seulement à ma sincérité, mais aussi à ma capacité de jugement. Pire encore, à ma capacité de jugement quand je suis excité et/ou amoureux...

Intuitivement, fixer des limites drastiques et objectives évite de s'approcher inconsciemment du danger. Mais ça a un coût : c'est en poussant ce principe à son paroxysme qu'on a inventé la burqa ! Les régimes matrimoniaux trop stricts rendent malheureux ceux qui se sentent obligés de s'y soumettre, et font fuir ceux qui ont conscience de ne pas y être obligés.

À la question de savoir ce qui doit être codifié, ma réponse idéaliste est "plus on se comprend et on se fait confiance, moins on a besoin de gardes-fous, de règles objectives. Utilisons des règles comme béquilles quand nous en avons besoin, mais aspirons à ce qu'elles deviennent inutiles, pour ensuite nous en libérer".

Je crois que les règles objectives sont une diversion, un grigri qui sert à conjurer des peurs plus fondamentales, qu'il faut expliciter et si possible apaiser. Il y a plein de choses dont avoir peur. Des idées en vrac : la non-monogamie ça ne se fait pas ; si on réglemente tout dans notre monde moderne, c'est sûrement qu'il y a une bonne raison ; l'amour (autre que parental) est une denrée non-élastique, et 1g d'amour en plus pour un autre c'est 1g d'amour en moins pour moi ; si ça se trouve je suis un mauvais coup au lit, et en rencontrant de meilleurs amants que moi tu vas découvrir que je suis naze ; et on vit dans un monde ultra-concurrentiel dans presque tous les domaines, est-il illégitime de craindre que le couple, devenant non-monogame, serve d'extension au domaine de la lutte ?

Bref, pas de formule miracle, mais face à quelqu'un qui demande des règles, je pense que le plus constructif c'est de mettre à plat nos peurs. Pas d'inventer des règles-grigri qui échoueront de toutes façons à les conjurer.

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