Polyamour, lutinage, et auto-stop
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(compte clôturé)
le vendredi 09 janvier 2009 à 23h06
Suite à quelques échanges avec ma belle, je me suis fais une réflexion que je formule encore confusément.
Depuis quelques mois, je suis un grand adepte de l'auto-stop (même si auparavent je ramassais presque toujours auto-stoppeurs que je croisais, je n'avais jamais tendu le pouce moi-même). Même quand ça ne se justifierait pas trop face à un billet de train, un covoiturage organisé, ou même prendre soi-même la bagnole.
J'y prends un plaisir monstre… Même quand c'est pour rester planté cinq heures en plein été sur le bord d'une route nationale bien noire dans le sud de la France, sans eau ('tain, quand j'y repense : le malade !).
Je prends plaisir à me « forcer » ainsi à rencontrer plein de gens dont je ne sais pas si j'aurais quoi que ce soit d'autre en commun qu'une caisse métallique pendant quelques heures, ou bien si au contraire j'aurais plein de points communs avec eux. Les trouverais-je intéressant ? Saurais-je capter leur attention ? Ou pas du tout ?
Il n'y a jamais moyen de le savoir à l'avance. La plupart trajets ainsi partagés pendant quelques minutes ou quelques heures ne permettent souvent qu'une bonne discussion avec une personne qui a fait le même choix que vous : laisser un ouverture dans sa vie – même brêve – à l'inconnu.
Les dscussion sont en générales pleines de franchise. Franc jeu : chacun sait qu'il ne verra très certainement jamais plus la personne avec qui il partage un peu la bulle habituellement si imperméable à la *vie* extérieure, et en profite pour parler de choses parfois assez intimes.
Et puis parfois, il y a des rencontres qui touchent profondément, au point même de garder contact, de partager un repas ou même une chambre.
Je ne suis pas (encore ?) polyamoureux « pratiquant ». Je ne sais même pas si j'en aurais l'occasion un jour, et d'une certaine manière, en ce moment je m'en fous un peu.
Mais je crois que c'est un peu ce qui me touche dans ce modèle : comme pour l'auto-stop, j'y vois la capacité qu'on se donne à rester ouvert à tout type de relation avec d'autres personnes qu'un cercle de personne habituellement assez soigneusement restreint.
On en peut pas y gagner à tous les coups, ça peut être plus pénible à gérer, mais on laisse ainsi plus de chances d'apparaître à de fabuleuses étincelles humaines.
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(compte clôturé)
le vendredi 09 janvier 2009 à 23h09
Quand je me relis, je vois un grand nombre d'erreurs de formulations et j'en suis désolé.
Je vous prie d'accepter toutes mes excuses à ce sujet. Croyez-moi, j'en suis le premier désolé. :(
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(compte clôturé)
le samedi 10 janvier 2009 à 00h30
Très compréhensible, pour ma part! Et je percute complètement sur l'ouverture dont tu parles. Se laisser surprendre, quoi!
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françoise (invité)
le samedi 10 janvier 2009 à 00h48
Absolument: le Lutinage ouvre les possibles et n'oblige à rien. Comme tu le dis, on peut être Lutin dans l'esprit et fort peu "concrétiser", on laisse du temps au désir et aux surprises des rencontres.
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(compte clôturé)
le samedi 10 janvier 2009 à 14h05
Ce qui me fait dire que cette manière d'envisager ses amours fait partie d'un courant plus vaste, plus accueillant.
On ne m'ôtera pas de l'idée que c'est une évolution majeure des rites de rencontre et d'échanges des richesses individuelles en général, au contraire du jugement étriqué qu'on peut porter sur la supposée "insoutenable légèreté de l'être" qui nous est attribuée.
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Siestacorta
le vendredi 16 janvier 2009 à 21h35
Une révolution, clémentine ?
Une révolution à venir, alors.
Ou une révolution discrète, peut-être. C'était Serge Chaumier qui remarquait dans son bouquin (dont j'ai pas le titre parce que je l'ai prêté et que j'ai une flemme de googler) que le modèle traditionnel se transformait en ce moment, mais de façon très individuelle, chaque couple redéfinissant une intimité/exclusivité à sa mesure.
Moi ça me suffit pas, bien sûr. Pour me sentir libre, il faut que ma liberté soit partagée ! Aujourd'hui, je suis libre, libre comme un pauvre dans une galerie marchande...
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(compte clôturé)
le vendredi 16 janvier 2009 à 23h06
Une Evolution, et quand même plus palpable depuis mai 68, siestacorta. La somme des mutations individuelles change la configuration du tout, à terme... Pourquoi te sens-tu pauvre dans une galerie marchande?
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Siestacorta
le dimanche 18 janvier 2009 à 00h34
Parce que, comme on l'aborde dans une autre discussion, essayer de séduire les monogames nous est peu conseillé.
Aux gestes de la séduction, nous sommes obligés d'ajouter une cérébralité encombrante, l'explication de notre façon d'aimer.
Ah sinon on est des pas beaux menteurs, des égoïstes, des casanovas....
Comme les pauvres, nous ne pouvons qu'admirer les vitrines, les offres, mais nous ne pouvons pas prendre, notre valeur n'est pas reconnue.
Je regarde ces personnes que je voudrais séduire... Et je sais que ce serait plus facile et mieux compris de les aborder pour une courte et superficielle relation exclusive plutôt que pour une relation non-exclusive plus profonde et prolongée.
C'est sans doute une barrière intérieure à passer, mais je me sens pas le charisme proselyte, la capacité d'emporter dans mon enthousiasme l'adhésion confiante de toute femme aux habitudes amoureuses traditionnelles.
Je n'ai pas cette force, pas cette liberté. Je suis pauvre, et elles trouveront, temporairement mais plus facilement, la richesse affective qu'elles attendent.
(le il/elle est simplement une question de personne, hein. Il doit pouvoir se renverser aisément... Hm, renverser... non.. bon).
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Siestacorta
le dimanche 18 janvier 2009 à 12h28
Clem> pourquoi elles précisement ?
Non, elles parmi d'autres, seulement l'ourverture d'esprit n'est pas visible rapidement, et les personnes non "spontanément" ouvertes d'esprit et a fortiori monoamoureuses sont quand même les plus représentés... (je suis misanthrope, un peu).
De plus, quand je suis séduit, j'ai tendance à perdre une part de mon discernement. D'abord parce que le désir, et la faim affective (plutôt ça) montent plus vite au créneau que la "raison affinitaire", et ensuite parce que je peux croire qu'une éventuelle ouverture d'esprit me garantira quelques chances de compréhension.
Oui, idéalisation, quand tu nous tiens, c'est pas juste par la manche.
Quand à ta difficulté avec les hommes : "tiens, un coup possible", c'est je suppose l'envers moral de la mienne avec les femmes.
Le polyamoureux passe pour un séducteur/viveur sans attache. Alors qu'au contraire, avec l'expérience, il a su les définir, et saura les garantir ou les refuser plus facilement que le mono lambda...
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(compte clôturé)
le dimanche 18 janvier 2009 à 12h28
Mais... tu voudrais pouvoir convaincre des personnes avec lesquelles tu n'as aucune chance, alors ? Et pourquoi elles précisément ?
Il me semble à moi que je peux parler de ma vision des choses à des gens qui m'attirent, parce que précisément je les sens ouverts de manière générale, prêts à prendre le risque que ce soit un peu plus difficile.
Mais c'est vrai qu'une femme qui est sensible à l'idée du lutinage, fait figure de rareté face aux hommes qui y sont peut-être plus portés naturellement.
Parle-t-on bien de la même chose, au fait ? Car au delà de nos sexes respectifs, nous nous retrouvons ici poussés par des raisons différentes : l'hédonisme, l'éthique, la preuve par les actes que le polyamour est possible...
Pour ma part, j'en parle ouvertement à mes copines, de longue date ou pas, mais j'observe une réserve prudente devant les hommes hétéros : je vois bien que tout-à-coup le malentendu est là, et qu'ils me considèrent comme un coup potentiel, même ceux avec lesquels il n'y avait pas la moindre ombre de séduction.
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Siestacorta
le dimanche 18 janvier 2009 à 12h31
Hum, c'est bizarre, nos messages sont pas dans l'ordre :-)
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(compte clôturé)
le dimanche 18 janvier 2009 à 15h34
Oui, j'ai vu, pour l'ordre... j'ai fait une petite correctiom et on a renvoyé en même temps nos messages!
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françoise (invité)
le lundi 19 janvier 2009 à 11h01
Je reviens d'un week-end délicieux à Bruxelles avec moult Lutins et Lutines. Chaleureux, joyeux et responsables: c'est fou ce que les Lutins et Lutines réfléchissent sur leurs sentiments, leurs relations, le respect de l'autre, des enfants, de tout... alors que les non-Lutins croient qu'ils sont juste des jouisseurs invétérés. Je suis d'accord avec Clémentine: il est inutile de chercher à convaincre un farouche opposant à ce mode de vie et il se trouve que, spontanément, je suis plus attirée par des hommes masculins/féminins ouverts aux amours plurielles. Je constate aussi que les femmes sont plus Lutines que les hommes, plus ouvertes à la pluralité des désirs et des sentiments. Contrairement à une idée reçue... Beaucoup d'hommes se contenteraient volontiers de polygamie au sens classique du terme: un harem de femmes fidèles autour d'eux! Ils parlent davantage en termes de multiplicité sexuelle que sentimentale (d'où le fameux "ça ne compte pas, c'est juste sexuel") alors que le Lutinage ne hiérarchise pas les relations, ne les étiquette pas. Pourquoi étiqueter alors qu'un même homme- y compris son compagnon- peut être tour à tour un amant passionné, un copain, avec qui on fait du vélo, un père attentionné, un mec odieux qu'on a envie de jeter, un être fort ou vulnérable, etc... Donc, impossible de dire "celui ci est un amant, celui là un ami, celui-ci un pote..." Cela dépend des jours, des nuits et des circonstances. D'où la richesse du Lutinage qui ouvre la possibilité de vivre tout cela sans que cela entre en concurrence. Mais il faut du temps pour intégrer un mode de vie totalement différent de ce que la société propose... et il faut surtout apprendre à se libérer du jugement des autres!
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Siestacorta
le lundi 19 janvier 2009 à 11h29
Françoise> ben... les femmes, si elles sont plus lutines que les hommes, c'est qu'elles doivent être plus discrètes ! Elles assument sans doute, mais sauf ici, je ne les entend pas.
J'entends plutôt les rengaines mono "même parfum de rose, mais ça manque d'humour", comme chante je ne sais plus quelle.
Quand aux hommes plus collectionneurs polygames que polyamoureux... Aucune idée. Mes amis masculins me ressemblent sur pas mal de points, mais ce sont plutôt des monogames, qui me regardent d'un oeil mausé, condescendant souvent, très légèrement intéressé parfois, mais jamais au point d'en avoir sérieusement parlé avec madame, qui elle, a un avis bien tranché sur mes pratiques...
"adulescent hors du monde", dans cette tonalité là...
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Siestacorta
le lundi 19 janvier 2009 à 12h12
Françoise, ajout>
Je ne sais pas si tu dis indifféremment lutinage ou polyamour, ou si c'est pour définir ta conjugaison de la chose ?
Pour moi, le polyamour ne désiquette pas totalement mes relations. Il permet une plus grande mobilité des étiquettes, ou une plus grande réinscriptibilité...
En pratique, ça autorise aux relations de changer sans disparaître, mais ça permet aussi de dire et de se dire où on en est. Comme la liberté s'accompagne de responsabilité, il faut expliquer, face aux plus profanes, conserver les étiquettes pour dire comment on vit "en ce moment" : "avec telle, j'en suis là, avec telle autre il arrive parfois que et par ailleurs ces derniers moi je n'ai pas trop besoin de..."
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(compte clôturé)
le lundi 19 janvier 2009 à 13h09
Siestacorta, tu les cherches... pourquoi ne pas les laisser venir à toi? Pourquoi ne pas oser risquer? Sans vouloir brusquer qui que ce soit, certains d'entre vous ici, hommes, semblent souhaiter qu'il y ait des femmes lutines comme il y aurait un rayon chemises dans un magasin. Pas d'erreur, c'est bien là, personne ne va me regarder de travers si je demande chemise...
Mais même si c'était le cas, ça ne veut pas dire qu'elle vont entrer en relation avec toi parce qu'elles sont PA. Mais que parce qu'elles le sont, elles se donneront le moyen de ne pas avoir à choisir entre toi et quelqu'un d'autre, si vous deviez vous plaire.
Ne serions-nous pas en plein dans un malentendu d'intentions? Libertinage ou pluralité de relations sentimentales? Les deux ne s'excluent pas forcément, mais c'est la proportion d'attente à l'égard des deux qui est peut-être déséquilibrée, ou alors, c'est moins bien mélangé qu'on ne le voudrait... ou alors c'est encore autre chose.
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Siestacorta
le lundi 19 janvier 2009 à 13h18
Non, pas de recherche en libertinage.
En fait, je viens même de découvrir que j'avais plutôt le syndrôme de la sexualité panda... L'animal est sympathique mais n'a vraiment envie de sexe que deux fois par an.
Non, il s'agit effectivement de l'effet "trouver le rayon".
Parce que le rateau "tu ne me plais pas" et le rateau "tu me plais mais tu fonctionnes pas comme je veux", c'est pas la même chose.
Le premier, je m'en remet toujours à plus ou moins long terme, selon la recherche, le second me frustre plus foncièrement, assombrit mes perspectives.
Un peu comme si on m'interdisait d'avoir une relation amoureuse avec quelqu'un qui n'est pas de ma génération, ou pas du même pays, ou de la même religion.
L'intolérance monogame me semble ce qu'il y a de plus difficile à vivre, parce que je ne sais pas à quel point je peux la remettre en cause ou pas.
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MiV
le mardi 20 janvier 2009 à 10h04
L’autostop m’a déjà tenté dans mes rêves mais c’est trop aléatoire pour moi et je suis aussi un peu trop impatient et exigeant sur certaines choses : il y a surtout le problème du tabac et de la sécurité, vraiment pas envie de me retrouver obliger d’être dans une voiture enfumée ou avec des personnes irresponsables qui conduiraient trop dangereusement… Je serais plus tenté par un co-voiturage sélectif et bien organisé…
Je rêve de rencontre des personnes inconnues mais si cela se passe bien, j’aurais envie de revoir ses personnes et d’établir une relation durable, ce qui risque d’être frustrant donc si nous sommes éloigné géographiquement… Surtout que je n’aime pas trop les longs déplacements. Ce n’est donc pas vraiment pour moi…
Beaucoup d’autres idées s’exprime dans ce sujet et je me sens assez tenté de proposer d’autres sujet pour y répondre en laissant celui-ci pour parler de l’auto-stop et de ce qui tourne autour…
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Paul-Eaglott
le mardi 20 janvier 2009 à 14h09
@ Siestacorta :
Curieusement, j'ai un vécu différent du tien : depuis que je connais le concept de polyamour et que, quand je rencontre quelqu'un susceptible de m'intéresser, je peux dire très tôt "je suis polyamoureux", j'ai davantage de réactions positives -- et même réceptives ! -- que lorsque j'abordais "monogamement".
Cela dit, il est vrai que je réagis à l'inverse de toi sur un point : tu dis <<le rateau "tu ne me plais pas" et le rateau "tu me plais mais tu fonctionnes pas comme je veux", c'est pas la même chose. Le premier, je m'en remet toujours à plus ou moins long terme, selon la recherche, le second me frustre plus foncièrement, assombrit mes perspectives.>>
Pour moi au contraire, je ne me sens pas plus atteint par une réponse du genre "désolée, je suis monogame et entends qu'on le soit avec moi" que si c'était "désolée, je n'aime que les femmes", ce qui fait que je suis à l'aise avec ma nature polyamoureuse et n'ai aucune difficulté à en parler. C'est peut-être d'ailleurs cette aisance qui fait en partie la différence (je m'interroge).
Certes, mes contorsions d'antan ("bonjour, tu me plais, mais je préfère être honnête, je rate toutes mes histoires d'amour, je ne sais pas trop pourquoi, mais en tout cas la vie de couple ne me réussit pas, j'espère qu'on va trouver une entente malgré tout, ce serait miraculeux que ça fonctionne longtemps mais tu veux bien essayer ?") étaient moins rayonnantes et probablement moins attirantes que "bonjour, je suis heureux en polyamour" :-)
Mais sérieusement, je croise bien plus souvent que je ne l'aurais cru des femmes considérant le fait que je suis polyamoureux comme une qualité, et pour qui ce ne serait pas un obstacle (même si ça ne conduit pas toujours -- loin de là -- à une relation autre qu'amicale).
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Siestacorta
le mardi 20 janvier 2009 à 14h29
Ben ça c'est encourageant.
"Bonjour je suis heureux en polyamour"...
J'en suis au stade "contorsions". Et wah ce que c'est pas sexy...