Réactions à l'événement
Diffusion documentaire sur France Culture
Le jeudi 25 février 2010 à 17h00 à Paris en France.
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(compte clôturé)
le jeudi 25 février 2010 à 21h40
Bravo Tentacara !!!! je viens d'écouté ton reportage en différé. J"avoue n'y connaitre rien ... et je l'ai trouve intéressant et touchant.
Et quelle voix , tu as ! ;).
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(compte clôturé)
le dimanche 28 février 2010 à 14h41
Moi ça m'a fait partir sur plein d'interrogations...
- Déjà, si j'ai bien capté, la différence entre "Transgenre" qui relève de l'apparence, et "Transexuel", qui signale qu'on a été opéré.
C'était jamais si clair auparavant, même si j'ai tenté d'en causer avec des gens censés bien connaître le sujet...
Donc, être d’un sexe ou être d’un genre ?
Le sexe peut cesser de déterminer le genre, qui peut donc cesser de déterminer les attributions arbitraires, les supposées compétences (innées ou acquises, et déjà pour le coup, tu peux aller te brosser pour départager clairement ceci de cela), traits de caractère et autres certitudes déjà bien ébranlées - même les auteurs de "Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus" reconnaissent qu'il ne faut pas généraliser; heureusement, car je dois avoir un XXY, moi... et quelques unes de mes copines aussi.
- J'ai relevé ce qui s'est dit au sujet du programme de l'Université John Hopkins, la première à proposer des... cours? traitements? conditionnements? de changement de genre, destiné aux trans. Au départ, ça visait à les préserver de l’ambiguité de comportement (apprendre à marcher, à parler, comme une fille ou un garçon), qui pouvait susciter des remarques et diminuer leur intégration. Oué: je me demande si ce n'est pas plutôt pour ne pas déranger le citoyen moyen, vu ce qu’il est capable d’avoir comme réactions ostracisantes…
- Une pensée émue et douloureuse pour les intersexuels qu'on a opérés bébés, sans attendre l'âge de raison et leur demander de quel genre ils se sentaient, et même sans leur donner une chance de rester comme ils sont, comme s'il fallait absolument être ou ceci ou cela - quitte à leur bousiller leur vie sexuelle, leur plaisir. Le plus important étant de présenter une carte de visite sexuée claire pour éviter l’ostracisme.... de la famille, au final: tout rentre dans l'ordre, quand on a un enfant dans la norme, qui est clairement d'un sexe bien défini.
Je repense aux trans brésiliens que j'ai croisés sur le terrain, parmi chez les prostitué(e)s de ma ville. Et à cette stupéfiante constatation: la décision pour certains de résoudre socialement leur ambiguité par la mutilation, car la confrontation au machisme ambiant de chez eux leur coûtait trop...
- Je m'interroge sur ce que la psychiatrie - certes poussée par l'Etat! - s'arroge comme droit de regard sur la vie et les décisions intimes des gens. On est loin du serment d'Hippocrate: celui qui a un rôle d'accompagnant vers plus de santé globale devient sanctionneur/récompenseur. On apprend à faire de l'ingérence cautionnée, quoi!
Dans la foulée, à maintenir le libre-arbitre de la personne hors de sa propre portée, à le garder en situation aussi démunie de pouvoir sur lui-même qu'un enfant. Genre "C'est pour ton bien". Mon cul, oui. "C'est pour mon confort", plutôt... Choisis ta merde, en somme.
- L'aberrant du processus qui mène à la transformation aux frais de l'Etat, c'est ceci: comme il y a des différences entre les trans eux-mêmes, il est impossible de catégoriser les personnes et encore moins leurs demandes, d’où l’aberration de vouloir définir un standard pour autoriser quelqu’un à recourir à la Sécu, qui sert plus à en limiter l’accès qu’à donner feu vert, si j'ai bien compris ce qui s'est dit. Le plus choquant dans l'histoire, c'est que cet accès à des sous pour le faire soit confondu avec un jugement sur la maturité et la motivation – la différence est importante, surtout dans la démarche de soutenir des personnes dans un processus impliquant, grave, profond. Même à moi, qui ai la prétention de me croire immunisée de par mes fréquentations, ça me demande d’ouvrir des portes successivement dans ma tête, car il n'y a pas d’ouverture complète spontanée: quand on n’est pas confronté directement à ça, c’est difficile de se l’imaginer. Dire honnêtement qu'on freine parce que ça coûte la peau du cul, ce serait juste dire la vérité, propre et figurée! On vient de décréter que ce n'était plus une maladie, on peut juste espérer que ça change, question franchise.
- Ca tient d'un code moral; comme tout code moral est évolutif, je me permets de faire un parallèle osé, avec la prison : qu’est-ce qui fait que les gens y vont ? Le fait qu’ils aient fait quelque chose de fondamentalement "mal" ? Ou quelque chose de "mal" en regard de la loi, elle-même se fondant sur tout un système de « ce qui se fait/ce qui ne se fait pas », bref, un consensus de société? Y'a pas d'absolu: ce qui est réprouvé ici peut fort bien être valorisé dans une autre culture et un autre temps. Quid de nos valeurs, finalement...
- Que dire alors d’être bi et de vouloir changer de sexe ??? Ca prouve juste que se sentir d’un sexe et d’un genre, encore une fois, c’est très différent. Tout comme avoir envie de « pas de seins », mais ne pas avoir envie d’un phallus pour autant…
Changer de sexe n'est pas chercher à être complémentaire à l'image qu'on se fait de son genre, c'est un ressenti personnel, profond, qui n'a pas à être justifié; mais j'avoue que j'ai dû faire un effort pour redresser ma pensée quand j'ai entendu parler, par exemple, de Pat Califia et de son couple: deux filles qui décident, chacune de son côté, de changer de sexe. Et d'avoir un enfant ensemble. Je conçois que ce soit troublant; mais puisque ça existe, autant y réfléchir. De même pour le premier homme "enceint": qui en fait a conservé ses organes génitaux primaires de femme, a désormais une allure d'homme, mais a porté deux enfants de son couple, vu que sa chérie ne pouvait plus en avoir. Et comme ses organes sont devenus ambigus suite à l'hormonothérapie, a une sorte de phallus qui lui permet de pénétrer sa copine - au passage, je le trouve bien courageux de lever le voile sur sa vie intime, ça décape bien les idées surtout quand on se croit bien au courant...
- Ca me fait penser à une question d’une connaissance un peu naïve sur la question du sexe (je me permets de le dire, car à trente ans passés elle est venue me demander comment on faisait une fellation). Elle s'interrogeait sur la répartition des rôles dans les couples homos: qui fait l’homme, qui fait la femme. L'air de rien, LA question qui taraude les straights, souvent.
Pourquoi on a envie de poser cette question ??? Pour savoir qui pénètre ? Ca signifie quoi, pénétrer, être pénétré(e)? Avoir du pouvoir, ou le subir? Quel enjeu derrière cette question?
- Enfin, transsexualité (comportement sexuel) ou transsexualisme (identité sexuelle) - pas sûre d'avoir bien capté, ni bien saisi le concept... Passer d’un terme à l’autre semble aussi important que de cesser de définir les personnes par leur comportement sexuel, comme les homos (on est une personne avant d'être quoi que ce soit d’autre, je suis sûre que la constitution gagnerait à être réexaminée soigneusement dans tous ses recoins pour débusquer les contradictions entre l'esprit de la loi et son application). L'important est moins de définir tout ça que d'avoir du plaisir avec son corps, faudrait voir à pas se gourrer de cible...
- Changer de sexe, c'est changer son rapport à soi-même, la définition de sa personnalité, y compris sa spiritualité? Je pense plutôt qu'en changeant d'apparence, on peut s'autoriser à dire certaines choses d'une autre manière, alors qu'on ne pouvait si j'ose dire que les proclamer en pensée. Encore une histoire de conformisme, à mon avis.
- Ce qui est curieux, c'est que cette mutation semble être de l’ordre de la réalisation de soi (le dernier degré, spirituel, de la pyramide de Maslow), en passant pourtant par un niveau plus fondamental, le besoin d’appartenance. La vision de la transformation, en termes de besoin, change complètement du fait des progrès de la médecine et de la chirurgie.
Si, avant que les avancées technologiques ne permettent de changer de sexe, un homme souhaitant être une femme pouvait se définir comme un homme avec une âme de femme, mais qu'après l'arrivée du changement de sexe dans le domaine du possible, un homme puisse se définir comme une femme dans un corps d’homme, le concept change en effet de manière radicale. Car on parle du corps, tant qu’il est ressenti comme un obstacle ; mais ensuite, quand la possibilité de changer de sexe est là et que le corps peut ne plus être un obstacle à se vivre comme individu, alors on change de niveau, en passant de quelque chose de matériel à quelque chose de spirituel, l'âme, donc de l’ordre de la réalisation de soi (cf la pyramide de Maslow). Etrange mise en abîme... la possibilité de changer de sexe prendrait presque l'aura d'une manœuvre d'évitement, quelque part.
Contre-exemple de cette manœuvre, Vincent Mac Doom... j’adore : cette décontraction à s’habiller avec des vêtements réputés féminins, en revendiquant d’être de sexe masculin, c’est le summum de l’ "assumage ".Comme cassage de stérétotype, il se pose un peu là! Respect, ma belle.
Finalement, le genre est tout-à-fait dissociable du sexe, et c’est important de les garder dissociés.
Mais rien n’empêche ou plutôt devrait empêcher de les associer, si c’est le désir de la personne. La demande est psychiatrisée, à tort : on peut vivre une amputation, ou la perte de 40 kilos, sans avoir nécessairement besoin d’un psy – pourquoi pas ça ? En somme, faire la demande d’être castré (pardon, excusez du peu!!!) est une preuve que l’on a bien mesuré ce qu’on va perdre…
Et je souscris à ce qui se dit en fin d'émission: c’est quoi l’individu, comment la société le définit, quelle est sa liberté et à quel prix se paie-t-elle? Quand on n'a pas les fonds nécessaires pour aller vers plus de la santé qu'on souhaite, on reste en rade; si comme ici, la santé passe par le mental et la perception de soi dans un corps donné, c'est souvent en vendant son cul qu'on peut y arriver... donc encore de la marginalisation, et moins de santé ailleurs, côté social, et toc.
On va vers une redéfinition de l'individu, son degré de liberté à être ce qu'il est, pleinement, profondément et sans se conformer, finalement. Car l’évolution de la société, de sa pensée, détermine l’évolution des lois qui la régissent; lois qui ont le pouvoir de sanctionner l'individu plus que de le préserver, souvent.
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tentacara
le dimanche 28 février 2010 à 20h17
Wow! Merci Clementine pour cette analyse et ces questionnements.
L'une comme les autres me disent que j'ai fait mon boulot.
Il me semble inutile de préciser qu'à un sujet tel que celui-ci, je ne prétendais pas apporter de solutions ni de réponses "absolues".
Mon ambition est surtout en soumettant des données factuelles aux auditeurs de les amener aux mêmes interrogations philosophiques et politiques que moi, sans pour autant penser à leur place.
Il me semble, comme à toi, que dissocier le genre du sexe serait salutaire et dans la suite logique des travaux du XXe siècle sur les composantes de l'identité sexuelle ("On ne naît pas femme, on le devient", mais jusqu'à quel point? selon quels critères? devenir femme, est-ce se sentir femme ou être reconnue comme femme? etc..)
Je crois que la question des libertés individuelles trouve aussi dans cette situation un vrai point de référence.
Un grand merci pour ce commentaire, donc et au secouage de neurones qu'il a provoqué.
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(compte clôturé)
le dimanche 28 février 2010 à 20h30
Ben toupareil, ma grande, ton boulot tombait en effet pile sur des impressions de terrain et des lectures qui m'ont laissée bouleversée, au bon sens du terme. Comme quoi... ^^
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(compte clôturé)
le dimanche 28 février 2010 à 20h49
Euh, j'ai téléchargé l'émission du 26/02 et ça parlait pas du tout de ça... ???
#lapauméedeservice
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tentacara
le dimanche 28 février 2010 à 20h57
insognare
Euh, j'ai téléchargé l'émission du 26/02 et ça parlait pas du tout de ça... ?? ?
#lapauméedeservice
Essaye celle du 25 pour voir..?
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(compte clôturé)
le lundi 01 mars 2010 à 09h11
Après la soirée thématique d'hier sur ARTE sur la prostitution ("La petite" de Louis Malle, puis un documentaire d'une heure trente environ "Le plus vieux métier du monde", et pour finir le quotidien d'une prostituée bruxelloise en vitrine qui décrit et vit son métier de façon étonnante... je suis tombée, fort tard! sur la rediff' de "Thé ou café" avec Elisabeth Badinter (ah que j'aime cette femme, son non-conformisme, ses justes livres et son chemin privé à elle!)
Voilà le lien, malheureusement il faut avoir au moins XP2 ou je ne sais quoi encore pour pouvoir lire la vidéo... si quelqu'un a une super idée de la mort en informatique pour stocker ça, ma reconnaissance éternelle et une caisse de bonnes bières virtuelles ^^ (je fais livrer, hein, pas peur)
the-ou-cafe.france2.fr/index-fr.php?page=emission2...
Je me suis endormie ici et là, parce que c'était vers les une deux heures du mat'... mais l'ensemble est à la fois décapant et heuh, comment dire... tranquille?
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(compte clôturé)
le mardi 02 mars 2010 à 14h13
@Clémentine : benjamin.sansinteret.info/polyamour/medias/france_...
Mais pas de bière pour moi, merci. ^^
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(compte clôturé)
le mardi 02 mars 2010 à 15h46
BenjaminL
Mais pas de bière pour moi, merci. ^^
Un monaco ?
(je sors, décidément je fais que ça lol)
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(compte clôturé)
le mardi 02 mars 2010 à 16h21
BenjaminL
@Clémentine : benjamin.sansinteret.info/polyamour/medias/france_...
Mais pas de bière pour moi, merci. ^^
Merci
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lam
le jeudi 04 mars 2010 à 18h30
je prévient c'est HS mais je savais pas où glisser cette petite réaction anti-pub un peu viscérale....
Clementine
je suis tombée, fort tard ! sur la rediff' de "Thé ou café" avec Elisabeth Badinter (ah que j'aime cette femme, son non-conformisme, ses justes livres et son chemin privé à elle!)
Effectivement la miss Badinter a bien un chemin privé... Je ne connais pas toutes ses contributions au féminisme mais apparement son dernier bouquin fait débat au sujet de publicité, consommation.... termes qui riment plutôt bien avec intérêts privés à mon goût, et à en croire un échange de courrier de 2004 avec les amis de la terre c'est pas si nouveau.
Sur son dernier bouquin (que j'ai pas lu):
article (suisse :-) ) contre Badinter, pour l'écoféminisme , et un autre de chez rue 89: Elisabeth Badinter, actionnaire féministe d'un Publicis sexiste ?
Message modifié par son auteur il y a 13 ans.
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(compte clôturé)
le vendredi 05 mars 2010 à 15h52
Elle s'explique justement là-dessus dans "Thé ou café?" (et deux phrases au sujet de Publicis y suffisent).
Les contributions de Badinter au féminisme se sont toujours distanciées d'une quelconque ligne de pensée unique, elle est restée libre de s’exprimer en son nom propre. Quant à son chemin privé, elle commence par être la fille de son père, et actionnaire-conseil de Publicis - mais décisionnaire, en aucune manière ... La pub qui nourrit cette féministe est souvent sexiste? Oui. Mais avant de montrer ça du doigt, faudrait juste se rappeler que rares sont les personnes qui ne doivent pas se plier à leur environnement, quoiqu'elles pensent par-devers elles-mêmes.
Et puis, bien plus que la mise en avant des apparentes incohérences d'un individu, on peut tout juste constater que le marketing s'appuie sur les mentalités d'une société. Et puis aussi, moi ça me rassure de voir qu'elle est là, car si elle n'y était pas, peut-être que ce serait pire - va savoir, sa présence modère les excès, si ça se trouve.
De toute façon, par rapport à tout ce qui reste un vœu pieux sur la question du genre, et qui conditionne l'injustice la plus criante même dans nos contrées "progressistes", y'a des priorités, je trouve. Sans déc', le sujet n'est pas très intéressant, il est juste juteux pour les contradicteurs au petit pied et les chercheurs de poux.
Bref. Elle a donc une certaine aisance financière, j’imagine, et le fait de n'avoir à se battre pour rien, ce qu’elle dit ouvertement (tout en restant totalement consciente, je pense aussi, qu’on peut même lui reprocher d’avoir les yeux bleus, si ça permettait de la discréditer) lui laisse loisir en effet de préserver un regard critique et mesuré sur ce qui est supposé être une somme d'acquis (pour la femme, pour la planète), mais dans lesquels se baladent quelques cailloux qui font mal aux gencives. Ce genre de gravier qu'on préfère souvent recracher discrètement, ptouy, en espérant que personne ne nous a vu grimacer, histoire de pouvoir prétendre qu'ils n'existent pas. Restons crédibles, même avec un zeste de malhonnêteté.
Pour tous les "amis de la terre", féministes, écoféministes: rejoindre un parti, un mouvement, est à terme quelque chose qui enferme. Tous ensemble pour contrebalancer le pouvoir des puissants et des nantis, oui, allez, contrebalançons. Ca donne au moins l'impression qu'on est plus malin parce que défiant, et qu’on ne s’en laisse pas conter, « Si tu crois fillette»… Quelque part c’est bon, rhâa, de pouvoir juste dire « Connards d’énarques, va ». Mais avoir un mentor religieux ou de parti… c'est kif-kif bourricot.
L'embêtant c'est que quand on s'auto-intitule amis de quelque chose ou de quelqu'un, c'est qu'on induit en filigrane qu'il y a des ennemis quelque part. Au hasard, tiens, quelqu’un qui n’adhérerait pas ou ne ferait pas de ça son leit-motiv. Un autre truc embêtant, c'est qu'une voix personnelle qui dit "Heuh, on devrait peut-être nuancer, là", elle devient suspecte ou carrément indésirable. Un truc simpliste du genre "Si tu n’es pas avec moi, c’est que tu es contre moi : tshaw, dégage". On est quasi dans le sophisme d’intention, là…
Amis de la terre soit – ennemis de qui, alors ? Parce que comme ça, on se passe juste la brosse à reluire en prétendant que les autres sont des cons finis.
Perso j’ai les boules, si réunir et fédérer ça veut dire pisser à la raie des intéressantes voix individuelles qui s’élèvent. C’est réunir les troupes pour aller mettre la tatouille à cékonkipensent-pakomnous.
Je suis comblée de voir que cette haute intelligence de femme assume ses contradictions, qu'à cet égard elle est exemplaire de franchise et de mesure auto-critique. Qu'elle a été une femme, une mère et qu'elle est une grand-mère qui équilibre vie privée et réflexions sensées sur ce qu'elle observe. De trop rares personnes arrivent à poser des panneaux de signalisation aux endroits pourtant les plus évidents, et sur des états de fait si basiques qu'on ne les voit plus – le pire, c’est de croire que quelque chose est acquis ! Faire ça, rester vigilant, c'est encore plus portion congrue et d’un, de la part d’une femme… et de deux, dans les domaines où E.B. s'est exprimée, à mon avis.
J’y fais écho en tant que sage-femme : je déplore cette pub' "mammairellaisque" insensée qu'on fait dans les hôpitaux, où pour se targuer de l’appellation "ami des bébés" (tiens, encore cette gratuite auto-attribution - émanant d'une con-soeurerie si sûre d'avoir raison... con-soeurerie qui distribue les bons points au moyen d’une charte et d’un audit ! avec l'écœurante certitude que ses propres convictions sont les bonnes – car même quand elle dit qu’ « il vaut mieux le biberon avec entrain que le sein avec dédain », on sent bien le regret de l’ « effort pas assez fait » de la part des mères qui en chopent une aura de démissionnaires ) , on pose pour certaines femmes un postulat fortement bien-pensiste et d’autant plus dangereux qu’il est presque intangible : comme quoi, si elles n'allaitent pas, elles sont des ennemies, quelque part, de leur enfant.
Merde.
Quant au coup des couches-culottes à relaver pour épargner la planète, ça deviendra prioritaire pour moi le jour où poser la question de qui fait la lessive à la maison paraîtra une polémique caduque parce que la machine et la corbeille à linge seront vraiment unisexes/unigenres - et, au passage, aussi, quand les filles cesseront de croire que leur deuxième chromosome X contient la vérité ultime sur le moment opportun de lancer une "cuite". Le pouvoir de l’intendance est immense, il va falloir réfléchir à y renoncer un chouya pour en partager le monopole. Ben oui, vouloir cumuler, genre wonder-woman, c’est pas trop gagnant-gagnant, à terme, et pour personne : l'une s'épuise et l'autre est disqualifié. Et ça c'est cantonner le mec au rôle de gros bourdon, et ça remet en question sa présence en ruche, rien moins.
Et re-merde.
Voilà, y'en a pour tout le monde, en effet, personne n'est d'un bloc, ni elle, ni moi, ni vous, merci de l'avoir rappelé. Balayer devant sa porte, on ne se prive pas de tout le temps se le redire les uns aux autres. Je trouve que Badinter fait la part des choses, énormément plus que les bien-pensistes unis derrière des slogans reflétant une ligne de pensée sûre d’avoir raison, encore, et sans tenir compte de tout l’environnement, y compris le social. Tatata, vous m’en direz tant : la place des femmes, c’est juste pas du tout, mais alors pas du tout acquis, n’en déplaise à qui voudrait se contenter de croire que la contraception, le linge sale et l’éducation des mômes, c’est bien partagé du simple fait que c’est écrit et reconnu que ce serait bien que cela soit - et encore, pas partout !
On peut pas juste écarter une donnée du problème, quand on tente de trouver une solution. Ou alors ceux qui ont corrigé vos derniers examens sont de gros psycho-rigides à abattre. Et viva Columbine !
Message modifié par son auteur il y a 13 ans.
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Siestacorta
le vendredi 05 mars 2010 à 16h11
I <3 quand un individu utilise sont bordel personnel comme contre-argument face à une idéologie, même si c'est celle d'écolos, de féministes ou même d'anars.
L'irréductibilité, c'est bon pour la santé : quitte à de temps en temps avouer qu'on capilloctracte, c'est quelque chose de bon dans le moteur.
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lam
le samedi 06 mars 2010 à 01h51
Siestacorta
L'irréductibilité, c'est bon pour la santé : quitte à de temps en temps avouer qu'on capilloctracte, c'est quelque chose de bon dans le moteur.
Carrément (+)
J'avoue, je suis antipub à mort.
Les déboulonneurs, vous connaissez?
Chacun a ses intérêts, ses défaillances, ses incohérences. Et justement, cette incohérence là (féministe complice du publisexisme), elle m'insupporte et me fait monter au créneau même si elle est assumée.
Ca n'enlève rien à l'intérêt de ses écrits, sauf qu'en irréductible (pas gauloise) qui se respecte j'ai pas du tout envie de creuser et d'en lire plus. Je préfère les incohérences d'écoféminix :-)
Message modifié par son auteur il y a 13 ans.
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Siestacorta
le samedi 06 mars 2010 à 02h47
Heu... En fait, là, pour moi, irréductible, c'est dire que la personne est irréductible à ses parti pris, qu'elle ne peut pas être réduite à des choix entre A et B.
Dire qu'à un certain moment, on est toujours plus complexe que les cases... Le moment où on ne peut plus dire qu'on est seulement la somme de nos choix, mais qu'on est nécessairement quelque chose d'autre.
Humain, trop humain, mais pour moi c'est pas un mal.
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(compte clôturé)
le samedi 06 mars 2010 à 11h19
Les déboulonneurs? Ah, t'as aussi ta carte de membre, lam... ^^
C'est clair qu'on choisit Ecoféminix ou Badinter selon ce qu'elles font respectivement résonner en nous. Pour sortir de l'épidermique et du partial, j'aime bien avoir lu à la fois les livres et les articles et me faire une idée bien précise du hiatus et aussi préparer un argumentaire qui va vers un truc en plus.
Comme les contradictions des gens, nous tous; c'est un truc qui fait germer plus d'humanité, paradoxalement; parce que quand les questions sont posées autrement qu'avec un "pourquoi" qui met le doigt sur une supposée et délibérée faute, et donc stigmatise, l'accueil de la différence est plus paisible, et la réflexion plus féconde ensuite. Je boque comme une chèvre et je défends cette ligne de conduite, et bille en tête, au moins, quand je suis trop agacée.
Dans les liens donnés, par exemple, le type dévie en corner une critique du livre de E.B en tapant dans l'émotivité facile; et ce qu'il dit des maternités suisses ça n'a aucune crédibilité à mes yeux car il assène sa croyance sans vérifier le terrain, terrain que moi je connais bien. [Parenthèse: prôner l'allaitement à tout crin, c'est un choix, qui recouvre peut-être des motivations moins glorieuses que l'"amitié" : les maternités doivent gérer les offres concurrentielles de 4 producteurs de lait maternisé, marché des plus juteux! qui en contrepartie de la distribution de leurs produits, offrent des moyens et des soutiens inégalables à des projets sociaux. C'est beau d'être droit dans ses bottes, mais si en crachant dans la soupe, je prive d'autres d'un mieux-être social, avaler ma salive est peut-être envisageable. Ha. Pas si simple, hein, l'intégrité morale. Chez Publicis comme en Commission de Maternité.
La réalité, aussi, c'est qu'en 4 jours en post-partum, le truc le plus difficile à mettre en route c'est l'allaitement. Alors l'essentiel étant qu'un poupon ait à bouffer, in fine, on fait un peu l'impasse sur les principes, parfois. Encore une histoire de priorités, tiens tiens. Fin de la parenthèse.]
Mais y'a un truc que j'ai pas capté, lam: j'ai le même passeport que ce journaliste et... et... puis quoi en fait? Là je suis interloquée. Si je disais que le Pen est français comme la plupart des intervenants ici, donc que, hein, quoi, quand on voit ce qu'on voit, qu'on sait ce qu'on sait, on a bien raison de penser ce qu'on pense... je vois pas bien où on va, là?
Eclaire ma vessie, steplaît.
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Drya
le dimanche 07 mars 2010 à 16h07
Bah, faut des extrémistes pour compenser les autres extrémistes, sinon l'équilibre n'est jamais au bon milieux :)
Le fait est que, du moment qu'on a le choix, choisir quelquechose qui va plus dans le sens de ses principes, si on choisit de s'en imposer soit-même les inconvénients, c'est comme tout (p.ex. en polyamoureux, on choisit de s'imposer de travailler sur sa jalousie alors qu'on sait que c'est difficile): on peut choisir quelquechose qui était imposé dans les générations précédentes.
La pub comme les écologistes ne sont que des avis: à chacun de prendre du recul et de choisir en connaissance de cause.
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lam
le lundi 08 mars 2010 à 17h05
Clementine
Mais y'a un truc que j'ai pas capté, lam : j'ai le même passeport que ce journaliste et... et... puis quoi en fait ? Là je suis interloquée. Si je disais que le Pen est français comme la plupart des intervenants ici, donc que, hein, quoi, quand on voit ce qu'on voit, qu'on sait ce qu'on sait, on a bien raison de penser ce qu'on pense... je vois pas bien où on va, là ?
Eclaire ma vessie, steplaît.
J'ai le même passeport que toi Clèm et aussi le même que Le Pen, d'où le petit smiley, y'avait rien de narquois ou raciste (mais à la relecture je comprends que c'était pas clair)