Sans espoir
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Reznio
le lundi 01 novembre 2021 à 17h08
Je ne suis pas entièrement certain que ce forum soit le meilleur endroit pour raconter mon histoire, mais j'ai besoin de le faire. J'espère que vous voudrez bien me lire sans trop porter de jugements, ni sur moi, ni sur elle.
À vrai dire, je ne suis pas tellement à la recherche de conseils, je pense qu'il est trop tard pour ça. Notre relation n'a malheureusement aucun avenir, et nous ne faisons que nous mentir en nous faisant souffrir mutuellement parce que c'est toujours moins douloureux que la rupture, jusqu'à un certain point. Mais vos avis et témoignages me feront peut-être du bien.
Nous nous sommes rencontrés par hasard sur Internet, et nous nous sommes aimés comme des fous dès le départ. Elle était (et elle est toujours, d'ailleurs) ma première relation, à presque 27 ans ; elle, de son côté, sortait d'un mariage dans la douleur, après déjà une longue et tumultueuse vie sentimentale et sexuelle avec de très nombreux partenaires, trop pour pouvoir les compter.
Il était convenu dès le départ que nous formerions un couple libre. J'étais entièrement pour, et à vrai dire, je n'envisageais pas de faire autrement, pour avoir vu dans mon entourage au moins un exemple de couple libre et pleinement épanoui. Nous ne sommes pas libertins pour autant, pas spécialement en recherche d'autres expériences ; on s'autorise simplement à ce que ça puisse arriver, et à s'en parler en toute confiance. En 6 ans, ça a du lui arriver deux fois d'aller passer une nuit avec quelqu'un d'autre, et ça m'est arrivé une fois. Rien d'incroyable, donc, et il n'y a jamais eu le moindre malaise à ce sujet.
Sur le plan vie sexuelle, après des débuts très vifs, la fréquence de nos rapports a progressivement diminué, jusqu'à s'arrêter complètement. Ça ne me gênait pas trop au début, puis après deux ans sans aucun rapport, j'ai fini par oser aborder le sujet avec elle. Elle m'a avoué avoir développé une sorte de blocage, qu'elle n'arrive pas à avoir d'envies pour la personne qu'elle aime et avec qui elle vit ; que ça s'était déjà produit dans sa relation précédente, sans parvenir à se l'expliquer. Ça m'ennuie, parce que j'aimais ces moments forts en émotions entre nous, mais nous sommes tellement en accord par ailleurs sur tout le reste... Nous nous aimons toujours, et la vie continue.
L'an dernier, à la faveur d'une rencontre en ligne, elle se découvre polyamoureuse. Leur NRE est d'une puissance rare. Elle choisit de ne rien m'en dire, de peur que ça me blesse, car elle est consciente d'être allée un peu plus loin qu'un simple coup d'un soir sur le plan des sentiments, quand bien même leur relation est purement en ligne, sans contact physique. Malheureusement pour elle, l'autre homme prend très rapidement peur de cette situation avec laquelle il n'est pas à l'aise et décide de couper les ponts, sans trop d'élégance je dois dire. C'est là que j'apprends toute l'histoire, car elle est évidemment effondrée, en larmes et dans le désespoir le plus total, et qu'elle ne peut plus me le cacher (j'avais quelques doutes à vrai dire), et qu'elle a besoin de se confier.
C'est comme ça que j'ai découvert le polyamour, avec la première leçon : être libre d'aimer plusieurs personnes, c'est aussi pouvoir vivre plusieurs ruptures. Je vous avoue que je n'ai pas eu un premier contact très positif avec le concept, du coup. Mais je suis prêt à l'accepter, même sans trop le comprendre, moi qui suis absolument certain de pouvoir avoir plusieurs relations, mais un seul amour véritable. Nous nous aimons toujours, alors je peux bien accepter que ce soit différent pour elle. Et la vie continue.
Il y a environ six mois, elle fait une nouvelle rencontre, toujours à distance, sans contact physique (il est à l'autre bout du pays). Une nouvelle fois, elle vit avec lui quelque chose de profondément passionnel, explosif et érotique. Une nouvelle fois, elle attend sans rien m'en dire avant de me mettre finalement devant le fait accompli, au début de l'été. Et je vous avoue que je le vis de moins en moins bien. Car nous n'avons toujours aucune vie sexuelle, de notre côté, après un redémarrage aussi fulgurant qu'éphémère, dont j'apprendrai plus tard qu'elle s'y est forcée en espérant me faire plaisir (ce que je ne lui ai jamais, jamais demandé, faut-il le préciser).
Savoir qu'elle échange avec lui, quotidiennement et depuis des mois, des quantités considérables de messages et quelques photos où ils expriment tous leurs fantasmes (je n'ai pas besoin de fouiller dans son ordinateur ou son téléphone pour le savoir, elle n'est pas aussi discrète qu'elle le pense), tandis qu'elle continue de m'affirmer être bloquée sexuellement et ne pas parvenir à exprimer ses envies avec moi... Je ne comprends plus.
Je me découvre progressivement, peut-être pas "jaloux" mais quelque chose qui s'en approche, et je déteste ça. De l'envie, peut-être ? L'envie qu'elle puisse me donner ce qu'elle donne aux autres si facilement. L'envie qu'elle soit plus honnête avec moi, qu'elle reconnaisse que je souffre de cette situation où je ne me sens pas respecté.
Pour ne rien arranger, l'autre homme n'est absolument pas une personne digne de confiance. Dépressif et alcoolique, comme elle le dit elle-même, il est lui-même en couple avec une autre fille qui sait tout de cette nouvelle relation, et qui l'accepte. Mais il ne veut ni entendre parler de moi ("il ne se sent pas légitime et ça le met mal à l'aise"), ni que je discute avec sa femme pour comparer nos ressentis ("il est jaloux et ça le met très mal à l'aise que tu discutes avec elle"), et bien entendu, il refuse de me parler directement. Je comprends rapidement que ce qui l'arrange le mieux, en fait, c'est de vivre sa passion en faisant comme si moi, je n'existais pas, comme si elle n'appartenait qu'à lui seul. Et elle laisse faire ça, sans se soucier de ce que ça peut me faire. Ce n'est même pas un sujet de discussion.
Un soir, nous nous couchons et elle continue de pianoter tardivement sur son téléphone, dans le lit, avec lui, comme si je n'étais pas là. C'en est trop. Je finis par exploser et la confronter. Je ne veux pas "la vérité" (je sais combien c'est quelque chose de complexe et multiple), encore moins d'excuses. Je veux juste un peu d'honnêteté. Est-ce qu'elle m'aime vraiment ? Oui, dit-elle. Les petites attentions du quotidien, les câlins affectueux n'ont jamais disparu, pour elle, c'est une preuve suffisante. Est-ce qu'elle a encore des envies au lit avec moi ? Parfois, rarement, mais quand elle en a, elle se sent bloquée et ne parvient pas à les exprimer. Oui, ça lui est beaucoup plus aisé avec les autres, surtout avec lui. Elle en est désolée, elle ne se l'explique pas. Mais je n'ai pas le droit de douter de son amour pour moi. Et mes questions sur le sexe la mettent mal à l'aise, ça lui rajoute une pression et du stress qui n'arrangeront rien (ce que je redoutais, bien entendu ; c'est précisément pour cette raison que je n'osais pas aborder le sujet plus tôt).
En bref, je suis quand même un peu un horrible monstre de penser à notre vie sexuelle comme un élément à ce point important du couple que ça pourrait occulter le reste. Elle ne le dit pas dans ces termes, mais c'est bien ce qui ressort de son discours. Elle culpabilise, et elle me fait culpabiliser. Elle voit bien que je ne suis pas satisfait de la situation. Elle reconnaît qu'il n'est pas quelqu'un de bien, pour rien au monde elle ne voudrait vivre avec lui. C'est aussi une preuve d'amour, le fait qu'elle soit restée avec moi.
Je dois préciser, à ce stade, qu'elle est sans revenu, sans emploi et presque sans diplôme. Financièrement, elle est entièrement dépendante de moi, ce qui n'a jamais été un problème pour moi et quelque chose que j'ai toujours accepté sans jamais lui en tenir rigueur. Mais c'est une source de profond mal-être pour elle, et de fait, cela rend l'idée même d'une séparation presque impossible : elle n'aurait nulle part où aller.
Je me sens perdu, coincé dans un problème insoluble. Au quotidien, la vie continue mais on sait désormais qu'on ne se rend pas heureux mutuellement. Elle sait que je suis frustré sexuellement, pas du tout à l'aise avec son autre relation dans la mesure où ce n'est pas une personne fiable et de confiance (ce qu'elle reconnaît elle-même). Mais elle me reproche d'être trop focalisé sur le négatif et que ça ne l'aide pas à aller mieux. Elle m'envoie parfois des messages très contradictoires : je ne dois jamais hésiter à lui dire quand je traverse une mauvaise passe où je suis frustré et malheureux, mais si je le fais, je ne suis qu'un monstre, je la fais se sentir comme un simple vagin, je fais comme si tout le reste ne comptait pas. Il faudrait que je m'autorise un peu plus à être triste, frustré ou en colère, au lieu de tout garder pour moi ; mais il faudrait aussi que je sois plus souriant et plus optimiste, y compris quand je ne vais pas bien, sinon ça ne l'aide pas.
Parfois, elle me dit que si c'est juste de la frustration sexuelle, je n'ai qu'à me masturber ou aller aux putes. L'idée que je veuille partager cela avec elle et personne d'autre, parce que ça n'est justement pas *que* du sexe, mais que pour moi le sexe fait partie d'un tout, lui échappe totalement. Je trouve même humiliant d'insinuer que mes sentiments pour elle sont comparables à ce que je pourrais obtenir de ma main ou d'une relation tarifée. C'est vraiment la pire chose qu'on puisse dire à quelqu'un qui souffre dans sa sexualité et dans sa confiance en soi, c'est achever de me mettre la tête au fond du trou.
Si je ne l'aimais plus, tout serait tellement simple. Je n'essaierais même plus de comprendre ou de faire un effort, à ce stade. Mais voilà, nous nous aimons encore. Malgré tout, follement. Et c'est en train de me détruire à petit feu, je le crains.
Voilà où nous en sommes, et je devrais abréger ce message déjà extrêmement long. Suis-je polyacceptant ? Je me pose encore sincèrement la question, sans parvenir à trouver une réponse. Le fait que j'aie été mis devant le fait accompli, le fait que ce polyamour n'est fondé ni sur la confiance ni sur le dialogue, le fait que je n'ai confiance ni en lui ni en moi-même, n'engagent pas vraiment à une réponse positive. Je n'ai plus beaucoup d'espoir. À vrai dire, je me prépare mentalement à une rupture qui sera déchirante pour nous deux, mais je ne me vois pas poursuivre dans la situation actuelle encore très longtemps.
J'écris ce message pendant qu'elle se trouve dans la même pièce que moi, sur son ordinateur. Physiquement avec moi, mais en réalité avec lui, comme l'essentiel de nos journées et de ses nuits. De temps à autre, elle m'envoie un câlin en passant pour aller dans la cuisine ou aux toilettes, un bisou, un je t'aime. Je retiens mes larmes, je lui réponds que je l'aime aussi. Je me résous au silence, en sachant que ça ne nous apporte aucune solution, mais que toute discussion est devenue une impasse qui ne fait que rajouter du stress sur de la souffrance d'un côté comme de l'autre. Et je me demande vraiment jusqu'où je peux tenir comme ça.
Merci de m'avoir lu.
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Topper
le lundi 01 novembre 2021 à 20h03
Bonjour @Reznio. Une chose que je remarque dans ton témoignage, c'est que tu as fait une grosse analyse sur ta relation et que tu en vois aujourd'hui les problématiques et limites.
La seule chose que je vois pour améliorer la situation est qu'elle fasse une thérapie pour comprendre son blocage. Le fait que son désir sexuel et son excitation soit absente vis-à-vis de son conjoint, qu'il est pourtant bien présent pour des personnes extérieures (avec une dimension adultérine), et que c'est un mécanisme récurent, laisse penser qu'il y a quelque chose de profondément ancré derrière ça.
A côté de ça, effectivement elle peut avoir beaucoup d'amour pour toi malgré une absence de désir sexuel. A l'inverse, ton amour passe en partie par cette fusion apportée par le rapport sexuel et c'est important pour toi. Vous fonctionnez différemment à ce niveau là (voir les 5 langages de l’amour). Que le sexe soit nécessaire pour toi n'est pas un besoin illégitime. Si c'est important pour toi, c'est important. Tu n'as pas à culpabiliser là dessus. D'autant plus que tu ne sembles pas avoir un rapport malsain par rapport à ça, puisque tu n'attends pas du sexe à tout prix, mais que ce soit une envie commune. Aujourd'hui, elle ne peut pas t'offrir ça, et peu importe ce qu'elle vit à côté finalement.
Selon moi, la question qui se pose pour toi aujourd'hui est de savoir si tu es capable de vivre une relation amoureuse platonique avec elle, en sachant que ça peut s'arranger ou que ça peut ne jamais arriver. Et si éventuellement, tu peux combler ce besoin sexuel avec une dimension affectueuse/amoureuse avec une autre personne.
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bonheur
le mardi 02 novembre 2021 à 13h22
Bonjour Reznio,
Le sexe comme ciment du couple... Ca marche sur une relation courte, je crois. Le sexe, l'envie, le désir, varie tout au long de l'existence. Et puis, ton attitude aussi a peut-être changée ? (questionnement ?). L'insouciance des débuts, la dose d'érotisme, de sensualité, de suggestion, de jeux, qui devient le quotidien, avec nettement moins d'aventure. Ca peut jouer.
Tu sembles faire reposer uniquement sur elle votre mésaventure en matière sexuelle. As-tu tenté de te remémorer ce qui pouvait lui plaire, la faire vibrer ? Quand quelque chose s'éteint sur le long terme dans une relation, il faut s'interroger d'une façon bilatérale, et pas uniquement sur 100% la faute de l'autre. Lui as-tu demandé ce qui l'enthousiasmait chez toi et que tu n'aurais pas entretenu involontairement, inconsciemment ? Je ne crois pas qu'un relâchement dans une relation vienne d'une seule personne.
Tu sembles mettre en évidence tes ressentis négatifs (ta frustration) et dévaloriser ses efforts. Toutes ses petits gestes, petits mots, attentions, qu'au final tu ne digères pas, qui te donnent envie de pleurer, sont sa façon de t'aimer. Ressent elle autant de frustrations d'un retour de ta part, alors qu'au fond tu n'y crois plus. Etes-vous malheureux tous les deux ? Je crois que oui.
Dans la sexualité, il y a une part de tendresse et de câlin (si on l'intègre). La frustration anéanti peut-être cette facette possible, qu'elle aimerait conserver, dans votre intimité.
Personnellement, je serai malheureuse d'être aimé avec ce poids de la frustration sexuelle de l'autre. J'en sais quelque chose aujourd'hui. C'est pesant, comme poids, vraiment beaucoup. Il faut du temps pour retrouver un équilibre où l'un comme l'autre trouve satisfaction.
Personnellement, je n'envoie pas en thérapie. Une personne qui ne désire pas est tout à fait normale. Il peut y avoir une raison biochimique. Et quand bien même. Blocage ou pas, elle seule sait ce dont elle a besoin. En plus, si elle n'a pas de revenus propres, je doute qu'elle veuille devenir un poids financier supplémentaire. Pour le coup, elle devrait avoir une obligation de résultat. Peut-elle travailler ? Faire du bénévolat ? Passer autrement ses journées et s'ouvrir. Ca oui, ce serait bien.
Qui fait à manger ? Qui fait les courses ? Est-elle placée (questionnement tout ceci) dans la situation de la femme au foyer ? Quelles sont vos participations mutuelles, communes... Réduire une vie commune à draguer sur le net et sexualiser une relation, je trouve cela dommage.
Couple libre, polyamour (c'est différent) peuvent contribuer à l'épanouissement. Tout le monde n'y arrive pas. Des exemples restent des illustrations, des possibilités. Ce ne sont pas des baguettes magiques universelles. Toujours tenir compte de l'individualité et de l'évolution de chaque personne. Des contextes, de l'entourage, de l'environnement...
Rien n'est simple.
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Aamon (invité)
le mercredi 03 novembre 2021 à 00h02
C'est vraiment Sans espoir cette relation.
Je ne vois même pas pourquoi tu reste, elle ne t'apporte rien du tout, des miettes d'amour et de tendresse pendant qu'elle fantasme avec son autre mec.
Au chômage, Sans revenu et aucun diplôme, qu'est ce qui l'empêche de se former ou de trouver un emploi sans qualification ? Elle fait quoi de ses journées à part tchaté avec son mec et envoyer des nudes ? Aucune honte a étre entretenu ?
Et quand tu monte ton mécontentement, elle te culpabilise, te rabaisse pour mieux te contrôler.
On dirait vraiment le schéma d'une perverse narcissique, elle profite de toi purement et simplement, de ta gentillesse, de ton amour, de ton empathie.
Barre toi vite....