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Stigmatisation et auto-stigmatisation de la non-monogamie

Communauté
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(compte clôturé)

le vendredi 22 novembre 2024 à 23h17

Bonjour,

J'amène un sujet de réflexion qui me trotte dans la tête depuis quelques temps. Je vais parler un petit peu de mon cas particulier (c'est bien dans ma tête que sa trotte), mais je serai intéressée d'entendre vos points de vue.

Je traverse une période un petit peu compliquée d'un point de vue identitaire. Je me sépare actuellement d'une relation de couple historiquement monogame de longue durée. C'est extrêmement dur mais aussi très libérateur... Mais cela génère aussi tout un tas de raisonnement sur mon (nos) mode de vie.

J'ai toujours eu un intérêt pour la non monogamie. Jeune, je me préférais célibataire. J'aimais être indépendante, passer du temps avec mes ami•es et avoir des relations intimes ou de la sexualité avec certain•es, sans éprouver de jalousie particulière.
Mais à cette époque c'était considéré comme de "la rigolade". Rien de sérieux. Je voulais de l'amour et je voulais construire. J'ai eu le sentiment que le seul choix que j'avais, c'était le couple.
J'ai été très heureuse en couple. Je sais que l'amour ne me rendais pas aveugle aux autres, mais pendant plusieurs années les choses étaient bien comme elles étaient.

J'ai vu de plus en plus de personnes autour de moi s'orienter vers la non monogamie. Lu des témoignages. J'ai réouvert cette porte dans mon cœur, et lorsque que j'ai fini par me sentir suffisamment confiante dans mes choix (je redoutais la réaction de mon partenaire, très insecurisé dans sa personnalité), et notamment après avoir rencontré des personnes en relation ouverte avec des dizaines d'années d'engagement au compteur, j'en ai parlé à mon partenaire. C'était il y à 5 ans L'ouverture a été très compliquée, elle reste aujourd'hui très compliquée (ce qui explique entre autres que nos chemins se séparent).

Dans ce moment douloureux, j'ai reçu des réactions parfois "maladroites", du type "en même temps, les relations libres ça ne marche pas" de ceux qui étaient au courant. Ou d'autres conseils me parlant très très peu de personnes nous pensant monogames ("mais tu ne crois pas qu'il a rencontré quelqu'un" ou qui me demandait si on se parlait encore). Je me suis sentie extrêmement seule.

Je me suis surprise à plusieurs reprises à m'en vouloir énormément de ne pas réussir à être heureuse en monogamie. D'ailleurs, c'était le premier motif de consultation de ma psychothérapie : j'aimerais convenir à l'idéal de couple de mon compagnon. (Spoiler, mon thérapeute ne m'a pas aidé à ça, merci).
Lorsque je constate mon attirance/affection pour plusieurs personnes ou que je n'arrive pas à me projeter dans un futur avec la même personne jusqu'à la mort, je me sens triste. Il y aurait des fois où j'aurais aimé éteindre mon désir (ou mon cerveau) tellement c'était douloureux d'imaginer perdre mon partenaire pour cela. Je suis devenue spécialiste dans l'art de ne pas m'exposer à des personnes qui pourraient me plaire, ou de me détacher rapidement. Lorsqu'une personne maladroite me demande ce que je cherche dans ce type de relation libre, je suis en colère, car au fond j'ai l'impression de ne pas avoir le choix.

Je me questionne aujourd'hui sur le poids que cette non acceptation de mon orientation relationnelle a eu sur moi. J'ai l'impression que ça a beaucoup influencé la capacité à m'aimer (ou plutôt, ne pas m'aimer).
J'ai eu l'occasion par deux fois que des personnes avec qui je discutais me parlent de biphobie intériorisée (j'ai même eu le droit à des références de podcasts sur le sujet après un date, malaise). Ces personnes avaient repéré ça chez moi.

Interioser des stéréotypes semble être présent partout où il y à de la stigmatisation (orientation sexuelle, genre, maladie mentale, origine ethnique...) donc ça m'apparaît logique que ce phénomène puisse aussi être à l'œuvre dans un système ou la non-monogamie (et je dirais même, le non couple) n'a pas sa place.

Est-ce que certains d'entre vous ont ressenti ou ressentent parfois la stigmatisation ou l'auto-stigmatisation ? Comment le vivez-vous ?

Je vous remercie

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Tiao88

le lundi 25 novembre 2024 à 10h38

Bonjour,

Ah ben oui, de la stigmatisation, j'en ai clairement ressenti, il y a de cela 10/13 ans, après 2 relations (une "officielle" de couple libre, l'autre de sexfriend qui avait une voir d'autres partenaires) qui ne se sont pas bien terminées. Le peu de personnes au courant de ma situation de me sortir les "poncifs classiques" : "les relations libres ça ne marche pas" "y a eu mai 68 et on voit ce que ça a donné" etc. J'ai tellement eu le sentiment que mon idéal/attirance vers la non-monogamie était clashée/dénigrée (avec pas mal d'arguments de mauvaise foi en face), j'avais pas bcp de ressources ou d'exemples de gens heureux en non monogamie parmi les gens que je connaissais... Que j'ai fini par arrêter d'en parler (les discussions me rendaient trop triste et en colère et de toute façon étaient stériles). Que j'ai fini par reléguer ça dans un coin de ma tête et de mon coeur. Tout en éprouvant de la colère/rage à chaque fois qu'un.e ami.e passait un cap de l'ascenceur relationnel (se mettre dans le même appartement par exemple). A tel point que quand j'ai rencontré mon amoureux actuel il y a 8 ans, je ne lui en ai même pas parlé (ce qui est désormais chose faite).

Maintenant on en parle plus, en tout cas dans mon milieu socio-professionnel, donc cela commence à avoir un peu plus de place/visibilité (même si j'ai parfois l'impression que des mecs utilisent le mot "polyamour" juste pour niquer sans se rendre compte des conséquences derrière).

Puis y a aussi le fait que tous les sentiments et triggers qu'on peut avoir dans une relation monogame (comme la jalousie) peuvent se retrouver en relation non monogame. Ce qui fait parfois dire à certaines personnes "ah ben finalement toi aussi tu es un peu possessive/jalouse etc". Ben oui, je suis un être humain et dans les relations libres, tout le monde n'accepte pas les mêmes choses.

Quant aux thérapeutes... Si je dois évoquer non-monogamie je crois que désormais je n'en parlerai qu'à quelqu'un de sensibilisé.e à ça. La dernière thérapeute "classique" à qui j'en avais parlé a peu critiqué ça en mode "mais c'est un leurre" / "ça c'est parce que tu ne veux pas laisser quelqu'un t'approcher" (après y a d'autres trucs pour lesquels elle était bien mais clairement pas pour ça).

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GeorgyPorgy

le lundi 25 novembre 2024 à 12h15

Hello,

Je ne me définis pas comme polyamoureux, je me trouve plutôt dans un entre-deux qui s'est déclenché il y a quelques années suite à une rencontre qui a donné lieu à une histoire importante pour moi, très engageante émotionnellement avec la naissance de sentiments ...

Tout en étant en couple avec ma compagne depuis plus de 20 ans.
Ca m'a amené a beaucoup réflechir sur la question de la monogamie, les injonctions intériorisées dans le couple etc.

Désolé pour ce préambule qui m'amène à la réponse à ta question :

=> Oui j'ai eu à ressentir ce sentiment de stigmatisation dans ce contexte que je décris plus haut, et à plusieurs endroits :

* en premier lieu avec 2 thérapeuthes différentes que nous avions choisi de consulter avec ma compagne. Ca s'est passé différemment avec chacune des thérapeuthes, plus ou moins maladroitement on va dire. Le "pire" épisode étant celui où je me suis vu invité à garder mes réflexions sagement "dans ma tête", autrement dit de mettre ça de côté, si je voulais favoriser la "paix" dans mon couple. C'était accompagné de tout un discours stéréotypé du genre : c'est une lubie qui passera, les gens n'ont pas de "double" vie etc. Pour ma réaction, comment je l'ai vécu : ça a déclenché de la colère. Le sentiment de mettre à nu ma vulnérabilité, dans une démarche de recherche de compréhension mutuelle, d'autant plus en face d'un tiers supposé "neutre" & se voir invité à "taire" cela - j'ai vécu cela avec beaucoup de violence

* en second lieu je pense l'avoir vécu dans mon couple. Je refais pas mon histoire ici, mais il se trouve que cette histoire que j'évoque s'est bizarrement passée au même moment où ma compagne en vivait également une de son côté, sans qu'on ait connaissance réciproque des évènements. On a tous les deux eu notre propre manière de réagir face à ces évènements : moi j'ai engagé une réflexion profonde sur le couple quitte à affronter toutes les questions compliquées que ca soulève, quand ma compagne a eu plutôt tendance à étouffer les implications pour elle, pour nous. Du coup, j'ai aussi vécu cette situation comme stigmatisante, dans la mesure où le rôle que m'attribuait la tournure des choses était celui du vilain , qui apportait quelque chose de dangereux & de perturbateur dans l'équilibre à devoir retrouver... Ca a pu être violent par certains aspects, à certains moments même si ça va mieux mais je pense c'est au prix d'une certaine auto-censure que je perçois comme pas vraiment saine sur le long terme... D'aucuns dirait "politique de l'autruche"... Mais c'est le choix que j'ai fait pour préserver ma santé mentale, retrouver une certaine sérennité dans le quotidien & faire disparaitre un sentiment d'insécurité latent si les questions de non-exclusivité (théoriques) restaient trop présente dans l'air.

Message modifié par son auteur il y a 9 mois.

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HareRama

le lundi 25 novembre 2024 à 18h59

2 questions qui n'ont pas grand chose à voir avec le sujet principal mais que vos contributions font émerger:

@LilouM "en relation ouverte avec des dizaines d'années d'engagement au compteur" Je cherche depuis longtemps des exemples de polyA qui fonctionnent sur le long terme. Témoignages, récits, je prends tout ce qui pourrait aider à démontrer que le polyA n'est pas contraire à l'engagement, et qu'il ne remet pas tout ce qui a pu être construit pendant ces longues années (en l'occurrence, en monogamie) en cause

@GeorgyPorgy: as-tu posté sur ton cas perso qq part (j'ai cherché, mais pas trouvé). Je suis dans un cas similaire, en début de "thérapie de couple" pour discuter de l'ouverture de mon couple monogame depuis 25 ans. C'est compliqué, et je vois bien l'injonction à "mettre la passade de côté" (pas du thérapeute, heureusement)

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GeorgyPorgy

le mardi 26 novembre 2024 à 06h24

@HareRama : oui j'ai déjà posté sur mon histoire (un peu). Je pense que si tu fais une recherche sur mon pseudo, ca devrait te ramener les conversations en questions ou mes propres posts.

PS : je me permets de réagir (aussi) à cette phrase avec bienveillance...
"je prends tout ce qui pourrait aider à démontrer que le polyA n'est pas contraire à l'engagement"

Le choix des termes m'interpelle ("démontrer") surtout, je ne sais pas quelle est l'intention mais si c'est dans l'optique d'échanges avec la personne qui partage ta vie... je dirais : attention. Partager des témoignages ca peut aider a nourrir la communication pour peu que l'autre ait une certaine curiosité pour le sujet. Essayer de démontrer me semble plus aventureux et peut même être contre productif, voire envahissant pour une personne qui ne serait pas en demande de ça.

Dans ce contexte, je pense que les choses se jouent à un autre niveau - il ne s'agit pas (que) d'une reconnaissance théorique que ca "peut" fonctionner via des témoignages etc. Le paramètre essentiel de mon point du vue est surtout émotionnel, dans sa vie intérieure, sa propre expérience des ressentis des attentes etc (le fameux "fuck yes!" du consentement enthousiaste).

La frontière entre la démonstration et le forçage est très fine, voire inexistante et invite à la prudence

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HareRama

le mardi 26 novembre 2024 à 07h59

@GeorgyPorgy décidément je n'avais pas les yeux en face des trous hier - je vais répondre sur tes différentes contributions dont certaines résonnent particulièrement pour moi... (ça évitera de polluer ce thread)

Concernant le forçage / consentement éclairé: je suis dubitatif à ce sujet. Évidemment qu'il serait préférable d'avoir ce fameux "Fuck Yes !" et de partager tant l'idéal théorique polyamoureux que l'excitation de se lancer dans une aventure exaltante et enrichissante... mais ... Dans le cas qui est le mien, la question du polyamour (et de la non-monogamie quelle que soit sa forme) n'existait pas quand on s'est mis en couple ou marié (pas dans notre culture à chacun, donc encore moins dans nos échanges de l'époque). J'ai cheminé seul sur ce sujet (en partageant mon enthousiasme suite à la découverte du polyamour, mais sans susciter le moindre engouement en face...).
Donc je suis face au dilemme suivant: soit on se quitte et on perd tous les 2 ce qu'on a construit pendant 25 ans (amour sincère et réciproque je pense, famille, projets et peut-être une lutte lors de la séparation qui sera très douloureuse pour tous), soit j'abandonne une partie de moi que je viens de toucher du doigt et qui me plaît (donc risque de flétrissement, voire de retour à une santé mentale pas top, en tout cas beaucoup de regrets), soit elle accepte que je poursuive dans cette voie et trouve (avec mon aide évidemment) les moyens de surmonter la douleur (supposée) dans laquelle cette nouvelle situation pourrait la mettre.
3 "solutions", et pas une seule de bonne. De mon point de vue, choisir "la meilleure" est un vrai casse-tête et j'oscille entre chacune de ces solutions sans jamais en choisir une définitivement.
Donc le consentement enthousiaste, c'est un doux rêve, mais je ne vois pas comment il pourrait s'appliquer dans mon cas. Et pour autant, la séparation ne nous convient pas non plus (ni à moi, ni à elle).
On fait comment dans ce cas ????
Mon choix actuel est par conséquent de clarifier ce que j'entends par polyamour (je ne pense pas qu'elle ait fait le tour du sujet), et de lui montrer que ce modèle, s'il n'est pas majoritaire, reste viable sur le long terme (rappel: l'idée c'est de trouver ce qui va nous porter pour les 25 ans à venir !), d'où ma question sur les exemples "longs". J'essaie d'avancer sur le plan des idées, en espérant que ça débloque qqch chez elle (ou chez moi, mais pour le moment, je n'ai rien lu qui me ramène à souhaiter la stricte monogamie).
Ma version "d'y aller au rythme du plus lent" est d'avoir mis sur pause (pendant 1 an à ce jour) l'autre relation qui me manque et qui risque de m'échapper si cette pause dure trop longtemps (peut-être est-il déjà trop tard).

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artichaut

le mardi 26 novembre 2024 à 12h28

HareRama
Donc je suis face au dilemme suivant: soit on se quitte et on perd tous les 2 ce qu'on a construit (…), soit j'abandonne une partie de moi que je viens de toucher du doigt (…), soit elle accepte.
3 "solutions", et pas une seule de bonne.

Je n'ai pas tout lu, mais ce passage m'interpelle, et me semble assez illustratif d'une manière de penser que je pourrait qualifier de simpliste, ou même de monogame (le simplisme de la pensée monogame, si on veut). Presque j'aurais pu dire binaire, s'il n'y avait pas 3 solutions.

Qu'il y ai un nombre fini de solutions, et un nombre aussi petit, m'interpelle.

- soit on se quitte et on perd tous les 2 ce qu'on a construit
Pourquoi se quitter serait forcément synomyme de perdre quelque chose ? Est-ce que vous avez capitalisé votre relation, ou est-ce qu'une relation se vit à chaque instant ? Pourquoi arrêter quelque chose, ou se_quitter serait forcément vécu comme négatif ? Pourquoi le nombre d'année (25 ans) serait-il forcément important, vu comme un critère négatif au lieu de positif ? Et si ça faisait 15 ans que tu aurait déjà du partir ? Et si l'on pouvait fêter honorer ces 25 ans et s'arrêter là ? Et si se séparer et reconstruire devenait une joie ?

- soit j'abandonne une partie de moi
De même pourquoi penser en terme d'abandon ? Abandonner l'autre, se faire abandonner, abandonner une partie de soi ?
Pourquoi renoncer en bloc à tout ? Pouquoi penser cette "partie de toi" comme séparée ? Mais qu'est-ce vraiment que cette "partie de toi" ? Vouloir être poly pourrait-il être un fantasme, et qu'il y a t-il vraiment derrière ce fantasme ?

- soit elle accepte
Alors là j'ai envie de dire : "c'est mort". On ne fait pas — sans dommage important — faire accepter quelque chose à l'autre qui nous concerne soi.

Dans les 3 cas, je ressent quelque chose comme un refus d'accepter que certain choix te reviennent à toi et uniquement à toi (et que c'est à toi d'en assumer les conséquences), ou inversement un refus, ou du moins une réticence, à ce que la co-construction relationnelle transforme véritablement l'image fantasmée de ce vers quoi tu voudrais aller.

C'est un peu comme si tu habitais dans un pays avec une personne, que tu a envie d'aller dans un autre pays. Et que les seules solutions que tu envisage sont
- partir seul dans ton pays
- renoncer complétement à ton projet et te morfondre de ça
- obliger l'autre (lui faire "accepter") à venir avec toi dans cet autre pays

Si tu pars seul, ou si tu fait accepter à l'autre, tu impose ton choix, ton point de vue, en possiblement laissant entendre (ou en te faisant croire à toi-même) que le choix est partagé, alors qu'il n'est que de ton fait.
Si tu renonce, le choix est de ton fait, mais il y a un fort risque que tu accuse l'autre d'en être responsable.

Dans les trois cas, je vois l'éventualité d'une volonté d'imposer son point de vue en même temps qu'un déni de responsabilité. Le tout dans un fonctionnement un peu "binaire" de, c'est ça, ça ou ça. Avec l'idée (que soutient paradoxalement le truc de la lenteur "aller au rythme du plus lent") qu'on va quelque part, qu'il y a un but à atteindre (changer de pays, de gré ou de force).

N'y a t-il pas mille autres possibles ?
Changer de ville, sans changer de pays ? Aller en vacances quelque part sans déménager pour autant ? Rénover l'appartement ?

Il y a t-il forcément une binarité (tu es poly ou tu es mono, tu vis le polyamour ou tu ne le vis pas) ou pourrait-il y avoir une infinie façon de vivre les choses ?
Renoncer au shème mono, c'est renoncer à vouloir recréer une deuxième relation avec les même marqueurs que la première. Ne pas vouloir tout tout de suite, ne pas vouloir dédoubler sa relation mono. Sinon il faut être clair que l'on veut dédoubler la monogamie, et ne pas prétendre déconstruire quoi que ce soit. Que c'est une façon (égoïste ou égocentrée) de vouloir +++, et qu'en ce sens ce sera forcément une façon d'enlever quelque chose à l'autre (le fameux critère de l'emploi du temps non extensible). Et c'est pas mal d'en avoir conscience et de l'assumer.

.
@LilouM j'ai conscience que mon message déborde du cadre de ce fil de discussion. Or le sujet stigmatisation et auto-stigmatisation de la non-monogamie m'intéresse beaucoup. Mais peut-être était-il bien de poser d'où je pars avant de l'aborder. Et un peu d'auto-critique (du polyamour) ne fait pas de mal avant d'envisager de parler d'auto-stigmatisation (de la non-monogamie).

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HareRama

le mardi 26 novembre 2024 à 12h54

@artichaut le constat n'est pas le mien mais celui présenté par ma femme en l'occurrence. Et je la rejoins sur le fait que si l'éventualité même d'une ouverture du couple (sans parler des modalités) la met dans une situation de rupture, soit j'ouvre mais on se quitte, soit l'un des deux change de position sur la non-exclusivité.
Ça n'empêche pas de parler du ressenti de chacun, ce qu'on essaie de faire via une thérapie, mais pour le moment les issues possibles n'ont pas évolué d'un pouce.

Je ne comprends pas les autres modalités possibles, et la comparaison au voyage ne me parle pas : quelles sont les autres modalités ? Quel serait l'équivalent d'aller dans une autre ville ? (Désolé pour mon incapacité à suivre la métaphore)

La séparation n'enleve pas le beau de notre histoire, mais c'est la fin des projets communs engageants. Ça sera un traumatisme pour la famille (quand je dis la famille je parle essentiellement des enfants), et, pour ma part, mais je pense que c'est partagé, de notre amour qui nous a fait tant de bien (et parfois du mal aussi). Je n'ai jamais dit que le bonheur ne pouvait pas exister (ou plutôt resurgir) dans cette voie, mais ça n'est pas ce que je souhaite aujourd'hui.

Le (mon) renoncement serait renoncer à vivre une histoire qui m'a fait un bien fou, m'a fait me découvrir sur des aspects que je ne soupçonnais pas, et même si ce que j'ai vécu m'appartient pour toujours, j'ai peur de vivre dans le regret de cela et de passer à côté d'une partie de ma vie. C'est ça que je devrais abandonner dans la voie du retour au couple monogame (au delà de la reconformation à un modèle dominant que je n'avais jamais questionné mais qui ne me paraît plus comme allant de soi ou même souhaitable).

Sur l'acceptation, c'était dans le sens "poly-acceptant" (que j'ai pu lire ici et là). Même si je préférerais un polyA partagé (car plus équitable, et que je suis convaincu que ça enrichit la personne et même les autres relations), la question n'est pas sur la table.

Qui a parlé de dédoubler le schéma mono ? Je n'ai pas parlé de l'autre relation, car ça n'est pas le sujet ici, mais ça n'a jamais été mon intention. Je ne suis pas sûr de te comprendre

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artichaut

le mardi 26 novembre 2024 à 12h55

Pour la stigmatisation, j'ai l'impression qu'il faudrait différencier les cas des personnes non-impliquées et non-proche de nous (ça arrive très souvent et c'est juste innacceptable) des cas des personnes directement impliquées (nos partenaires…) où se mélange des enjeux certes possiblement de stigmatisation, mais aussi de gestion de la relation, de résurgences de conflits non résolus, de rapports de force, de considérations systémiques, etc.

Et dans ce deuxième cas il n'est pas toujours facile de tirer au clair, ce qui est réellement de la stigmatisation. Faute aussi de définir précisément ce que regroupe pour soi la non-monogamie, et comment l'autre a la capacité de l'appréhender.
Il pourrait par exemple être paradoxal de reprocher à l'autre de nous stigmatiser sur le sujet, si de fait, on est en relation monogame avec cette personne.
Il y a aussi le risque vis à vis des autres objets de stigmatisation cités (orientation sexuelle, genre, maladie mentale, origine ethnique...) de venir comparer des choses qui peuvent difficilement l'être en terme de violence reçue.

La question de l'auto-stigmatisation, me semble en un sens plus intéressante. Ou en tout cas, me semble avoir le pouvoir, à la fois de mieux tirer au clair, ce que l'on veut et aussi ce qui nous atteind.
Donc de pouvoir mieux se positionner aussi face à l'extérieur (les autres et la société) vis à vis de cette stigmatisation que l'on peut ressentir.
Et il me semble que déceler en nous l'auto-stigmatisation, c'est souvent déceler les injonctions intégrées/intériorisées (sociétales, familiales, conjugales…) ou nos shémas contradictoires.

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artichaut

le mardi 26 novembre 2024 à 13h14

Perso, je n'ai pas le sentiment de ressentir beaucoup d'auto-stigmatisation (que je pourrait associer à la culpabilité, chose que je ressent peu ou très rarement), mais j'ai pu ou je peut avoir un sentiment d'errance, d'être bloqué dans des labyrinthes, de ne pas trouver le chemin. Ce qui au final, fabrique peut-être la même chose.

Ce que tu décris @LilouM comme une non acceptation de ton orientation relationnelle est peut-être une façon de ne pas oser. Ne pas oser être soi, aller vers ce qui nous attire.

Ce qui nous en empêche est-il réel, ou purement imaginaire ? Choisis ou purement injonctif ?
Les risques a y aller sont-ils réels ? Et quels sont-ils exactement ?
Que se passerait-il si je les ignorait ?
etc

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artichaut

le mardi 26 novembre 2024 à 13h34

HareRama
@artichaut le constat n'est pas le mien mais celui présenté par ma femme en l'occurrence.

Ah pardon, je me suis trompé.
Mais du coup qui cherche à "ouvrir le couple" ? Toi ou elle ?
Si c'est toi, et vu que tu dis être d'accord, ça ne change pas grand chose.
Si c'est elle (et que j'ai vraiment tout compris de travers) alors tu peux lui faire lire mon message.

HareRama
soit j'ouvre mais on se quitte, soit l'un des deux change de position sur la non-exclusivité.

C'est nottament cet "absolutisme" que je critique.
Voir l'exclusivité ou la non-exclusivité, comme un bloc.
Mais ça mériterais un développement, qu'il n'est sans doute pas judicieux d'avoir ici, pour ne pas continuer de détouner ce fil de son sujet.

Peut-être créer un nouveau fil de discussion ?
Par exemple : Comment sortir du dilemne rompre ou ne pas rompre ?
ou tout autre titre qui te (ou me) conviendra.
Si toutefois ça t'intéresse de poursuivre cette discussion, bien sûr (je peux notamment être tranché dans mes propos et mes positions, ce qui n'est pas forcément au goût de tout le monde, et je sens que j'ai moins de patience/bienveillance qu'avant sur ce forum).

.
J'ai l'impression qu'il serait judicieux non pas de créer un kit "Comment ouvrir son couple ?", mais de créer le kit "Comment gérer l'apparition d'un questionnement sur le polyamour dans un couple hétéro monogame longue durée ?".
Ça concerne tellement de posts sur ce forum…
Et le sujet pourrait mériter un livre, en soi. Mais n'étant pas et n'ayant jamais été concerné par le sujet, j'avoue que j'ai un peu la flemme d'écrire ce livre.

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GeorgyPorgy

le mercredi 27 novembre 2024 à 09h30

Hello @HareRama
Je répondrai sur l'autre fil que tu as ouvert pour ne pas continuer à dévier du sujet initial du post de @LilouM

Message modifié par son auteur il y a 9 mois.

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