Dis-moi de quoi tu as peur… et je te dirai qui tu aimes ?
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ScottBuckley
le mardi 02 avril 2013 à 01h03
Dis-moi de quoi tu as peur… et je te dirai qui et comment tu aimes ?
Bonjour,
Parfois, quand je parle des amours plurielles à des personnes autour de moi, je sens (chez elles) à la fois un attrait… et une voire plusieurs peurs arriver aussitôt.
Peur de l’aventure, d’un continent inconnu, peur du vide, de la jalousie, de perdre sa ou son partenaire durement trouvé-e, d’avoir froid sous la couette, peur de la solitude, de finir sa vie seul-e, de la précarité...
Et plus je discute, lis, regarde, me documente et m’intéresse de près aux manières de faire fondre jalousie et peurs en moi (via notamment les réflexions liées aux amours plurielles), plus je crois parfois voir le fossé et le vide s’accroître entre moi et ces gens qui ont peur.
Plus j’évolue, et plus je vois mes nouvelles libertés et honnêtetés plurielles acquises m’offrir un grand espace libre (un univers végétal bourgeonnant avec des dizaines de chemins de traverses, une faune très riche)…
... Mais je crains que les autres voient ce grand espace libre à travers leurs yeux avant tout comme un grand vide (un gouffre près d’une montagne rocheuse, en dehors de l’autoroute minérale), parce qu’ils ne connaissent presque rien de la cartographie de ce nouveau Continent-Pays de Tendre polyamoureux, immense et mystérieux.
La culture dominante actuelle (films, livres, BDs, médias, sites de rencontres…) n’offre que très très peu de visibilité à ces nouvelles manières d’aimer plurielles, pour l’instant du moins.
On voit notre société actuelle évoluer à une vitesse sans précédent (numérique et dématérialisations multiples de biens et services, plans d’austérités nationales et chutes de pays européens en “crises”…), on voit un monde disparaître, mais on ne voit pas vers quoi l’on va, tout reste à (re)construire dans le monde qui vient (post-Fukushima).
Il m’a semblé (ce n’est qu’un ressenti) à plusieurs reprises voir des personnes se mettre ensemble (en couple) en raison de peurs, plus encore qu’en raison de désirs forts, harmonieux et durables.
Et dans ces cas précis, j’ai trouvé regrettable que ce soit la peur qui semble l’emporter sur les désirs.
La précarité est passée par là, et je vois beaucoup de couples se sentir obligés de vivre dès le début sous le même toit (en début de relation), ou de rester sous le même toit (en fin de relation, lors d’une séparation, d’un divorce), uniquement parce que payer un loyer à eux seul-es ou trouver un nouveau logement et des garants devient impossible (sans compter les couples qui ont des enfants à charge).
La peur amène-t-elle à conserver et subir une situation que l’on n’aurait pas gardée, si on n’avait pas autant cette peur ?
Peut-on s’entraider à apprivoiser ces peurs ?
Que l’on veuille vivre en étant monos ou polys, peu m’importe, mais j’aimerais au moins que la peur et les "crises" ne soient pas des éléments aussi centraux dans nos choix de vies professionnelles, sentimentales, amoureuses, sexuelles, d’individus, de couples.
Ne peut-on pas être plus fort-es que cela ? je ne dis pas “soyons désinvoltes n’ayons peur de rien”, mais plutôt :
Soyons créatives, résistantes, et vivons pleinement, montrons d’autres exemples de vies, certes parfois fragiles, mais qui savent trouver de nouvelles énergies en elles Et en dehors d’elles : des récits, nos témoignages, nos amours, nos expériences positives, des courts métrages, des BDs...
Et au pluriel et à plusieurs, on serait plus solidaires et plus fort-es que seul-es chacun chez soi, non ?
Message modifié par son auteur il y a 10 ans.
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LuLutine
le mardi 02 avril 2013 à 01h37
GreenPixie
Peur [...] de perdre sa ou son partenaire durement trouvé-e
Ca, c'est une peur totalement irrationnelle je trouve.
Quelqu'un qui veut nous quitter, nous quittera. Et ce d'autant plus si l'exclusivité l'oblige à choisir !
Cela dit, je comprends bien ta remarque, beaucoup de gens croient en effet qu'en essayant de retenir quelqu'un à tout prix, on a plus de chances de le "garder" (et j'ai bien compris que ce sont leurs peurs que tu traduis, pas les tiennes).
Pour ma part j'ai très vite et souvent observé qu'en fait c'était le contraire. A l'exception peut-être de quelques rares cas où l'autre personne "se laisse enfermer", si l'on peut dire, mais en ce qui me concerne, avoir une relation avec quelqu'un qui subit cette relation, au lieu de la choisir, ça ne m'intéresse pas !!!
GreenPixie
Et plus je discute, lis, regarde, me documente et m’intéresse de près aux manières de faire fondre jalousie et peurs en moi (via notamment les réflexions liées aux amours plurielles), plus je crois parfois voir le fossé et le vide s’accroître entre moi et ces gens qui ont peur.
Tu ne sais pas à quel point je te comprends ! Mais il n'y a pas que dans ce domaine que je pense la même chose ! Ce que tu écris entre en résonance avec mes pensées sur beaucoup de sujets !
GreenPixie
[...] j’ai trouvé regrettable que ce soit la peur qui semble l’emporter sur les désirs.
[...]
La peur amène-t-elle à conserver et subir une situation que l’on n’aurait pas gardée, si on n’avait pas autant cette peur ?
Oui, je trouve cela regrettable aussi, et je ne parle pas ici seulement de la question des relations amoureuses, mais de tous les domaines de la vie, comme je le disais plus haut.
Oui, un grand nombre de gens font ou ne font pas certaines choses, par peur. Les risques pris à vivre comme cela leur convient sont souvent bien moins grands que ce qu'ils imaginent (du moins, c'est la très nette impression que j'ai). Mais ils ne le savent pas, alors ils renoncent à être eux-mêmes. Et c'est dommage.
D'ailleurs, je trouve que l'attitude inverse (celle de la confiance et non de la peur) est bien traduite par la fameuse citation :
"Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait."
Ceux qui ont peur, ce sont ceux qui pensent que "c'est impossible", que "ça ne se fait pas", que "c'est comme ça et pas autrement"...
GreenPixie
Que l’on veuille vivre en étant monos ou polys, peu m’importe, mais j’aimerais au moins que la peur et les "crises" ne soient pas des éléments aussi centraux dans nos choix de vies professionnelles, sentimentales, amoureuses, sexuelles, d’individus, de couples.
Ne peut-on pas être plus fort-es que cela ?[...]
Tu ne peux vraiment pas savoir comme ton intervention rejoint exactement mes préoccupations du moment - et comme je le disais, pas seulement dans le domaine des relations amoureuses, mais plus largement dans la vie.
Au demeurant, je ne suis pas très étonnée de cet état de fait. On éduque les gens à avoir peur. Alors, ils ont peur.
Et si on rétablissait la confiance ?...
Oui, en faisant confiance, je me suis parfois plantée. Mais j'ai toujours progressé.
La peur nous freine. En n'osant pas, c'est sûr on ne risque pas d'échouer. Mais on n'a aucune chance de réussir...!
Certains ont fait leur choix !!!
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ScottBuckley
le mardi 02 avril 2013 à 10h03
Merci Lulutine, ton message me touche : si d'aventure on se croise prochainement, on devrait avoir ce sujet de conversation en tout cas ! (+)
Entre temps j'ai retrouvé ces citations (dont je ne connais pas l'auteur exacte pour la 1ère) :
« Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux » .
(citation de Benjamin Franklin ou de Thomas Jefferson ?)
« L'adversaire d'une vraie liberté est un désir excessif de sécurité » .
Jean de La Fontaine
En ce qui concerne les amours plurielles et mes relations sentimentales dans ma vie en général, je ne pense pas : "poly = plus de relations = parachute contre la solitude", mais 'poly = prendre mieux soin de chacune de mes relations, y compris mes relations amicales fortes, juste parce que je sens que c'est bon' .
C'est donc du temps et du soin (care, en anglais) à mes relations que je veux leur offrir avant tout, du partage, pour répondre à leurs peurs, et non pas de la sécurité (très ou trop matérielle). Je ne sais pas si vous voyez la nuance.
( d'ailleurs les "crises" actuelles viennent pour l'essentiel du fait que certains possèdent de plus en plus, et d'autres de moins en moins )
Je veux être et vivre une vie riche (en relations...), pas avoir une vie de riches (en possessions, prises à d'autres...).
Cela peut avoir l'air théorique dit comme cela, mais cela se concrétise encore davantage avec le temps, depuis que je m'y concentre.
Message modifié par son auteur il y a 10 ans.
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LuLutine
le jeudi 04 avril 2013 à 02h27
GreenPixie
C'est donc du temps et du soin (care, en anglais) à mes relations que je veux leur offrir avant tout, du partage, pour répondre à leurs peurs,
Je ne sais pas s'il faut "répondre" aux peurs des gens...
Disons que je suis dubitative là-dessus. Peut-être que c'est juste mal formulé, ou c'est moi qui comprends quelque chose que tu n'as pas voulu dire.
GreenPixie
Je veux être et vivre une vie riche (en relations...), pas avoir une vie de riches (en possessions, prises à d'autres...).
Ha mais je vais te la piquer cette citation !
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ScottBuckley
le jeudi 04 avril 2013 à 19h11
- GreenPixie :
" C'est donc du temps et du soin (care, en anglais) à mes relations que je veux leur offrir avant tout, du partage, pour répondre à leurs peurs "
- Lulutine :
"Je ne sais pas s'il faut "répondre" aux peurs des gens...
Disons que je suis dubitative là-dessus. Peut-être que c'est juste mal formulé, ou c'est moi qui comprends quelque chose que tu n'as pas voulu dire".
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@ Lulutine : Oui, tu as raison, je n'avais pas trouvé de mot à ce moment-là qui me convienne, j'avais mis le verbe "répondre" par défaut.
Alors je reformule :
: C'est donc du temps, de l'écoute et du soin (care, en anglais) à mes relations que je veux leur offrir avant tout, du partage, en écho à leurs sensations, leurs émotions, et à leurs peurs.
Est-ce plus clair ainsi ?
Et de nada pour la citation ;)
Message modifié par son auteur il y a 10 ans.