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tanguy31

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(France)

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Discussion : Partenaire jalouse

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tanguy31

le vendredi 29 avril 2011 à 12h33

Lapsus peut-être... Qui peut savoir ? Mais à 4 h40, nous dirons que les yeux et l'esprit peuvent être embrouillés.
Sinon C'est curieux que tu parles de collègue amante : Comment t'es-tu forgé cette conviction ? Est-ce que ce sont mes propos ou ceux de ma compagne qui ont été de nature à ?
De mon côté, je n'avais pas mentionné la moindre relation sexuelle ou des sentiments assumés et déclarés entre elles (parce qu'en effet, il n'y en a pas pour le moment, en tout cas, pas dans la forme habituellement attendue, c'est une somme de non-dits, de comportements implicites etc..). Mais ta perception est intéressante, d'où ma question : d'où te vient-elle ? Est-ce directement les mots employés qui seraient sans ambiguïté (donc j'aurais mal exprimé) ou est-ce que c'est une impression "irrationnelle" ?

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tanguy31

le vendredi 29 avril 2011 à 08h13

Je pense qu'elle a voulu dire "incompatible".

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tanguy31

le jeudi 28 avril 2011 à 19h17

Je reviens spécifiquement pour discuter avec toi, Bliss.
Juste un petit aparté avant de me lancer (mais cela me tient à cœur) : être Aspie, ce n'est pas une pathologie. C'est une différence de fonctionnement neurologique, d'origine génétique. Pour faire court, je dirais que lorsque nous, les NT parlons, nous sommes centrés sur la réaction que notre message délivré va provoquer chez l'autre, au détriment même de l'information contenue dans ce message. Chez les Aspies, c'est plutôt l'information qui compte, quitte à avoir besoin de tout détailler à l'extrême ou de dire les choses "nature peinture", sans se préoccuper des conséquences que cette information va avoir sur l'autre. Voilà.
Oui, c'est absolument incroyable cette coïncidence... Ca me fait tout bizarre. Honnêtement, j'avais l'impression d'être presque seule au monde avec mon histoire hors norme.. Ah la vie, elle n'a pas fini de m'étonner, je crois...
Merci pour le compliment quant au style. Cela me va vraiment droit au cœur et fait grimper un peu plus mon seuil de confiance en moi.

Je crois qu'il y a beaucoup d'Aspies autour de nous. La plupart l'ignore totalement. J'avais lu un jour un document très intéressant là-dessus. Certains chercheurs qui étudient le syndrome soutiennent en effet l'hypothèse que les Aspies sont une forme d'évolution de la pensée humaine. Je me rallie grandement à cette idée. Elle est non seulement positive mais amène aussi à penser que notre "espèce" évolue en permanence et je trouve cela fascinant. Et je crois que plus on est un NT sensible, ouvert au monde, avec un certain intellect dirons-nous, plus on a de chances de rencontrer voire de côtoyer intimement des Aspies.

Depuis hier, j'ai fait plein de recherches sur le sentiment de jalousie. Cela m'a conduit à beaucoup de réflexions, notamment sur ma propre personne. C'est une introspection réellement intéressante. Je découvre que je suis une authentique jalouse, qui vit avec ce sentiment en permanence. A ceci près que j'ai manifestement appris à l'apprivoiser et globalement, je cohabite plutôt bien avec elle. Je ne sais évidemment pas comment j'ai appris. Je me dis que c'est parce qu'elle n'a pas réussi à me faire peur. Au point que j'ai longtemps cru qu'elle m'était étrangère. C'est bien vaniteux au fond.... Comment considérer qu'une émotion puisse nous être étrangère !
Ca me fait drôle de te lire Bliss, quand tu décris ton sentiment de jalousie. Je ressens le même. Exactement le même. Sauf que ça ne me donne pas la nausée. Juste une drôle de sensation que tout le sang me descend jusqu'aux orteils. Et puis après, j'analyse la menace : qu'a t-elle de similaire avec moi ? Rien ou presque. Donc elle ne peut qu'apporter des choses que moi, je ne peux pas apporter. Elle n'en est donc pas une. Et le mieux à faire, c'est de l'aimer un peu, chercher les choses qui font que ma compagne aime cette "menace". Et j'aime bien l'entendre rire au téléphone avec sa "menace", d'un rire qu'elle n'a pour personne. J'aime bien mais je suis jalouse parce que j'aimerais posséder ce qui la rend attirante aux yeux de ma compagne. Mais c'est drôle comme finalement, je "jouis" de cette dualité entre jalousie et bonheur de voir ma compagne heureuse. C'est aussi une façon que j'ai de dire à la terre entière : " regardez, cette femme, c'est la mienne et c'est quelqu'un de bien, la preuve, elle a plusieurs amoureuses ou amies/amoureuses". C'est un peu confus. J'ai peur de n'avoir pas exprimé correctement ce ressenti.

Pourrais-tu m'éclairer sur le "contrat" entre toi et ton homme ?

Merci !

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tanguy31

le jeudi 28 avril 2011 à 16h21

Non, Siesta, la nuit n'a pas été trop dure, bien moins que la précédente. Nous dirons que nous avançons dans la réflexion pour faire court. Effectivement, le fait que ma compagne soit venue sur ce post est assez gênant pour moi. Je ne pensais pas qu'elle y penserait ! D'autant plus que nous ne partageons pas le même ordinateur...
Du coup, bien sûr, j'ai la tentation de l'autocensure. C'est dommage mais légitime. Parce que je ne viens pas là pour régler mes comptes "en douce".

Bliss, peux-tu me dire comment se manifestait précisément la jalousie chez ton homme ? Cela m'intéresse au plus haut point !

Merci beaucoup en attendant pour l'écoute attentive !

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tanguy31

le mercredi 27 avril 2011 à 17h56

Je n'aime pas ce que j'ai écrit sur la jalousie. Toujours cette culpabilité, l'idée que "je suis gonflée quand même".
J'approfondirai plus tard. Quand j'aurais les idées claires. Là, je suis dans le flou complet.

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tanguy31

le mercredi 27 avril 2011 à 17h00

Quand elle parle de lui, quel rapport ai-je à la jalousie ? Je ne sais pas trop répondre à ta question en fait... D'autant que je viens de découvrir qu'elle poste (décidément, ça ne parle pas pour moi tout ça... Mais juré, je ne l'ai pas fait exprès).
Je ne suis pas sûre de bien analyser le mot jalousie. Pour moi, quand je me sens jalouse, je suis dans la frustration envieuse de ce que quelqu'un a que je ne possède pas et que je me sens en droit de posséder, parce que j'estime le mériter. Je n'aime pas être comme ça. J'ai envie de dire que ça me rend conne, profondément conne mais sur le coup, je ne peux pas toujours me maîtriser. En revanche, je ne suis pas vraiment jalouse dans l'âme. Pas quant à l'image du jaloux. Non je ne pisterai pas ma compagne, pour rien au monde. Même si je soupçonnais que. A la limite, je serais peinée qu'elle ne m'en ait pas parlé. Parce que je pensais être digne de confiance. Mais c'est tout.
Par rapport à lui... Les manifestations de sa jalousie sont très dures pour moi. D'autant plus que la société légitime la jalousie. N'a t-on pas des circonstances atténuantes quand on commet un crime passionnel ? Donc forcément, cela me renvoie à l'idée que je commets quelque chose de sale et que je mérite donc ce qui m'arrive.
Et le double effet, c'est que cela me peine. Par rapport à lui, parce que cela me fait mal qu'elle le déteste pour cela et par rapport à moi. Je voudrais qu'elle se réjouisse pour moi. Le fait qu'elle soit dans le conflit m'éloigne d'elle, me donne envie de fuir, de me réfugier le plus loin possible. Parce que quelque part, en étant ainsi, elle me renvoie l'image qu'elle donne habituellement aux autres, à savoir un personnage peu amène. Et je perds donc mon statut. Je culpabilise en écrivant ces mots. Parce qu'on pourrait se dire que je suis une s*******, une garce, qui ne pense qu'à son c**. Or, ce n'est pas ce que je suis. Non, vraiment pas. Et le fait que la personne que j'aime le plus au monde me renvoie cette image, c'est pire que d'être une femme battue.

Manifestement, tu l'as considérablement heurtée avec le terme "emmerdeuse de première bourre". Remarque, moi, je ne serais pas fière non plus...
Je ne sais pas du coup si je dois regretter ou non de ne pas avoir parlé de l'autisme en premier, parce que du coup, tu as eu une image tronquée d'elle...

Je suis à présent perdue. Est-il possible de l'être davantage ?
J'ai peur. Peur parce qu'elle est si mal que je ne sais rien faire. Et que je ne vois pas quoi faire puisque quelque soit mes tentatives, je sais d'avance qu'elles seront rejetées.

Comment lutter contre la jalousie ? Ou plutôt, comment la transformer en une émotion positive ? Comment expliquer que personne ne menace personne, et d'autant plus si tout le monde, à défaut de bien s'entendre, s'accepte ? Comment faire comprendre son propre ressenti, celui qui consiste à se sentir rassuré par la présence d'une autre à ses côtés à elle et que l'on n'a pas de plus beau rêve que de la même chose pour soi ?

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tanguy31

le mercredi 27 avril 2011 à 16h29

Je vois que je suis en terrain connu. Tant mieux, ça m'évitera de me perdre dans un exposé sur les Aspies, parce que finalement, ce n'est pas le sujet ici.
Merci, vraiment, de m'écouter et de me répondre.
Oui bien sûr, mon attirance pour les Aspies n'est pas un hasard. Et la vie étant aussi curieusement bien faite, voilà que le hasard me permet d'en rencontrer. Bizarre, vous avez dit bizarre ?

Mais j'ai bien conscience qu'il y a quelque chose de masochiste là-dedans. Car oui, je me sens épuisée. Et je réalise peu à peu que cela fait sans doute bien plus de trois ans, donc bien avant qu'il ne soit dans ma vie. Lui, finalement, a le beau rôle. Parce que c'est une sorte de bouffée d'oxygène même s'il sait aussi être éminemment complexe et usant. Mais cela, je le sais et ne me fais aucune illusion, c'est uniquement parce notre relation est récente et que je ne vis pas avec lui au quotidien. Forcément, il a donc cet atout. C'est ce que dirait ma compagne, en des termes bien plus ironiques et agressifs bien entendu.

Je suis épuisée par cette exigence permanence de perfection et le fait de devoir supporter la frustration qui découle de mon imperfection chronique. Je suis épuisée par le fait de devoir justifier sans cesse mon appartenance à l'homosexualité, niant du même coup mon côté hétéro qui fait de moi une femme bisexuelle. Je ne peux plus supporter cette nécessité du contrôle. De tout et de rien. Des petits riens qui me font hurler comme "fermer absolument le portail quand on s'en va parce qu'un portail c'est fait pour être fermé". Comme "passer les vitesses de la voiture à 2200 tours/minute ou ne pas dépasser les 6 litres au cent". Des petits riens qui m'étouffent.
Et puis cette énorme responsabilité. Etre la seule au monde à pouvoir l'aimer. La seule à pouvoir l'approcher, la comprendre. La seule. Avec son angoisse profuse que je la laisse seule, que je parte, que je meure. On a tous cette angoisse bien sûr. Mais il faut se remettre dans mon contexte pour comprendre ce que je veux dire. Et là, je ne pouvais plus.

Et hier, j'ai eu l'impression que si je continuais de me taire, j'allais mourir. Tout simplement mourir.

Et aujourd'hui, je me sens encore au bord du gouffre. Plus que jamais.

Et pourtant je l'aime. A la folie. Je dirais que je ferais n'importe quoi pour elle.

Sauf.

Sauf que je l'aime lui aussi. Et que oui, c'est à la folie. Et que oui, je ferais n'importe quoi pour lui.

Je suis donc coincée. Prisonnière.

Ce que j'aime chez elle, c'est presque indéfinissable. Elle a une richesse intérieure peu commune. Une sensibilité incroyable. Elle a une générosité hors norme. Ce sont ses sourires aussi. Sa façon de rire. Ses regards. Son exceptionnelle capacité à être sérieuse et puis à nous faire une bourde à hurler de rire. Le fait qu'elle soit à fond dans ce qu'elle fait. Tout ce qu'elle fait. Sa maîtrise des choses, sa capacité à s'approprier la connaissance. Et puis c'est elle, tout simplement. Juste elle.

Quand elle a connu sa collègue, j'ai tout de suite compris qu'il se passait quelque chose. C'était pourtant juste une rencontre, quelqu'un qu'elle avait aperçu cinq minutes dans une salle des profs. Mais j'ai su. Sa façon de m'en parler. Sa façon de sourire en parlant d'elle. Son enthousiasme dans la voix. Tout en fait. Et puis, elle s'intéresse très peu aux gens en général.
Est-ce que j'ai eu peur ? Oui et c'est vraiment la première fois que je l'admets. Pour ma décharge, j'ai vécu une rupture sur le mode "vendredi je t'aime pour la vie/samedi, je me barre avec une autre". Donc, oui j'ai eu peur. Mais je me suis dit que cela ne me servait à rien de tenter de contrôler ou d'empêcher. Qu'au contraire, si je le faisais, ça me sauterait immanquablement à la tête le jour où. Et puis très vite, lui est arrivé. Même chose mais moins peur. Parce que contrairement à sa collègue, lui est marié et à un âge où on ne bouscule plus tout comme ça. Et puis comme je le disais, j'ai été fascinée par leur relation/fusion immédiate.
Avec sa collègue, les rapports sont particuliers. La collègue est elle-même particulière même si je ne pense pas du tout qu'elle soit Aspie. Mais les Aspies n'ont pas le monopole des difficultés sociales de toute façon. Il y a indéniablement des sentiments de sa part pour ma compagne mais il est clair qu'elle a peur. Très peur. Et depuis deux ans (parce que la première année, il ne s'est strictement rien passé), c'est un peu "je t'aime moi non plus". Je me suis efforcée de l'encourager, de l'aider quand je voyais qu'elle pataugeait dans les difficultés de communication, avec son absence de spontanéité (ça, il n'y a pas pire... c'est ce qui se voit le plus). Je ne suis pas sûre d'avoir été à la hauteur. Je crois même que certaines fois, j'ai dû bien davantage la "planter" qu'autre chose, notamment parce que la collègue est une célibataire endurcie et qu'elle n'a pas du tout la même approche que moi.

Je poste parce que j'ai peur que ça soit trop long.

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tanguy31

le mercredi 27 avril 2011 à 13h22

Bonjour Siestacorta. Et tout d'abord, un milliard de mercis pour cette réponse. Cela me touche beaucoup, me fait du bien aussi et m'amène à avoir envie de dire tout ce que je n'ai pu dire ce matin, par désespoir, par angoisse. Franchement, ce matin, j'étais au fond du trou...
Non, je ne suis pas un troll. Cela me fait sourire car j'interviens parfois sur d'autres forums (sans aucun lien avec le sujet !) et je les repère vite également, à la différence que ces trolls là ont pour point commun des faits énormissimes et une expression plus qu'hésitante.
Malheureusement, mon histoire est celle-là. Mais il manque plein de choses, que je n'ai pu dire ce matin. Et ce qui est curieux, c'est qu'en me relisant, j'ai eu l'impression que ce que j'avais écrit était non seulement décousu mais terriblement parcellaire. Attention, mon post promet d'être très long...

Je vais essayer de répondre point par point à ton post et donner des informations manquantes. Pas sûr que j'y arrive car beaucoup de choses sont encore très confuses dans ma tête.
D'abord, la toute première chose que je voudrais expliquer c'est que ma compagne, comme l'homme que je fréquente, ont un point commun et non des moindres. Je ne l'avais pas exposé volontairement car si cela a indéniablement un rôle dans l'intensité du problème, cela n'en est ni la cause ni une excuse pour aucune des parties et cela n'altère le jugement de personne dans notre histoire. Ma compagne et cet homme ont le syndrome d'Asperger. Cela s'appelle aussi autisme de haut niveau. Cette forme d'autisme altère les compétences sociales et rend le ressenti beaucoup plus intense que pour les NT (neurotypiques : non autistes) mais comme la plupart des formes d'autisme d'ailleurs, elle n'altère ni le jugement, ni l'intelligence. Je dirais, au contraire. Mes deux amours sont indéniablement très intelligents, avec des compétences cognitives extrêmement pointues. Ma compagne excelle dans son domaine professionnel au point d'être une référence, largement connue sur la toile, bien au delà des frontières, lui a été un ingénieur brillant et aux compétences recherchées.
Moi, je suis plus banalement NT comme on dit. Au départ, ni l'une ni l'autre ne connaissions l'existence de ce syndrome. L'autisme est encore perçu sous la forme d'un petit garçon mutique qui se tape la tête contre les murs et ne va pas à l'école... Et l'une comme l'autre avions cette image d'Epinal dans la tête. Ma compagne a toujours été quelqu'un d'extrêmement sensible, assez colérique, renfermée, peu sociable, rigide dans ses pensées, avec un sens de la justice poussé parfois jusqu'à l'absurde. C'est quelque chose dont elle a toujours eu conscience et qui souvent, lui faisait dire qu'elle était "juste" asociale par nature. Et puis nous l'avons rencontré. C'était en octobre 2008. Nous sommes voisins (on habite à 100 m, dans le même lotissement). Nous nous disions bonjour mais c'est tout jusque là. C'est arrivé finalement à la fois d'un coup et petit à petit. Au point que je ne me rappelle pas vraiment l'élément déclencheur qui a fait que nous avons commencé à nous fréquenter. Mais dès les premières rencontres, il y a eu une sorte de "coup de foudre" entre lui et ma compagne. Totalement imprévu, contre toute attente. Ils "convergeaient", presque comme s'ils pouvaient s'entendre penser et tout savoir de l'autre sans se parler. Et pourtant, alors qu'ils étaient déjà fusionnels, jamais je ne me suis sentie évincée. Alors non seulement j'ai laissé faire mais j'ai accompagné, j'ai protégé, j'ai cherché à comprendre aussi comment ils pouvaient être aussi bien. Je voyais ma compagne s'épanouir comme jamais, rire comme jamais, aller vers l'autre... C'était aussi contemporain de sa rencontre avec sa collègue (un mois avant qu'on ne le fréquente en fait), cette collègue dont j'ai tout de suite senti l'importance pour elle, qui ne me parle jamais ou presque de ces collègues, et certainement pas comme ça. C'était merveilleux de la voir comme ça. Souriante à la vie. J'avais l'impression de voir une nouvelle personne, la personne que je connaissais dans l'intimité soudain révélée à la face du monde, avec une implosion de toutes les barrières qu'elle construisait depuis l'enfance autour d'elle. Le bonheur a duré quatre/cinq mois. Puis l'enfer. Des mois... L'instant magique semblait passé. Tout ce qu'il faisait ou disait était mal, inapproprié, agressif, sale. Ses gestes, ses paroles étaient envahissants, des agressions permanentes. Même ses regards... On s'est beaucoup disputées à ce sujet au cours de l'été 2009. Des crises violentes. Lui a beaucoup encaissé. Et en bon autiste qu'il est, il avait effectivement des réponses inappropriées, souvent "à côté de la plaque" même si je percevais tous les efforts désespérés qu'il faisait pour ne pas la perdre, ne pas nous perdre. A la fin de l'été, j'étais épuisée. Mais je ne pouvais pas admettre le perdre. Impossible. Un enfer. Sans doute as-tu raison dans ton analyse, oui son rejet de lui, je l'ai vécu comme un rejet de moi. La vie sans lui était inconcevable.
Mais en même temps, je voyais bien qu'on était dans l'absurde, que tout tournait autour d'un problème lui aussi absurde de communication. Et j'ai compris que c'était au delà d'une simple divergence de vues et d'humeurs, qu'on touchait au fonctionnement même. J'ai cherché partout. D'autant que ma compagne cumulait d'autres problèmes, de santé. Aucun médecin ne trouvait ce qu'elle avait. Je crois qu'on aurait pu la découper en rondelles qu'on aurait jamais trouvé. Et puis, presque par hasard (mais le hasard, il fait souvent bien les choses, non ?), je suis tombée sur un article qui parlait de cette forme d'autisme. En le lisant, j'avais l'impression que l'on parlait d'eux, comme si l'auteur les avait rencontrés. Comme s'il avait vécu avec eux. J'ai fait plein de recherches. J'ai trouvé de nombreux sites, certains pas très sérieux et d'autres extrêmement sérieux. Je me suis inscrite, j'ai dialogué sur des forums, j'ai appris ce qu'était l'Asperger. Un mur d'ignorance s'est abattu. Tout est devenu clair. Les besoins de contrôle (tout ranger, nettoyer à l'extrême sous peine d'agressivité pour passer à table par exemple), les hypersensibilités (aux odeurs, à certains bruits, à certaines textures, à certains contextes...) qui me donnaient l'impression d'être persécutée ou moi d'être un monstre d'indifférence, la fatigue (les contacts sociaux sont fatigants par nature puisqu'ils nécessitent un décodage constant), l'agressivité soudaine pour des "broutilles", la rigidité de la pensée, les comportements inadaptés aux situation... et surtout, l'impossibilité de communiquer normalement, notamment avec un autre autiste. Puis nous avons eu accès aux tests de diagnostic d'une université anglaise (donc sérieux). Les résultats étaient sans ambiguïté pour les deux... Cela nous a beaucoup aidés, tous les trois. Mais les difficultés persistent bien sûr parce que l'autisme est et sera toujours là. Ma compagne est plus "renfermée" que lui. Lui est capable de fuir le monde, se réfugier dans sa bulle, ne plus parler à personne. Avec moi, les deux sont différents de ce qu'ils sont pour le monde.
Avec lui, tout est cependant plus simple pour moi. Parce qu'il se fiche du monde autour de lui. Seule compte sa bulle et ceux qui sont autorisés à y être. J'en suis. On peut donc aller partout sans qu'il soit besoin que je calcule des choses aussi stressantes que "va t-il y avoir du monde sur le parking, dans le restaurant, la file d'attente etc...".
Ma compagne est bien plus dans le contrôle. Toujours tout contrôler. La poussière par terre. Le rangement de la maison avant de passer à table. La façon d'enchaîner les caresses au lit.
Je dirais qu'ils sont à la fois pareil et en même temps une sorte d'antithèse. Lui serait asocial au sens où il se moque complètement des règles et est capable de tout envoyer promener pour ne pas se sentir prisonnier. Elle est dans les règles. C'est une structure à laquelle on ne peut pas déroger.

Je m'arrête là pour l'heure. Je reprendrai plus tard. La fatigue commence à m'embrouiller l'esprit et j'ai peur de dire des bêtises ou d'oublier des choses fondamentales.
Je sais que ma situation est hors norme mais promis juré, je ne suis pas mytho...

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tanguy31

le mercredi 27 avril 2011 à 08h15

Bonjour,

Et merci d'avance à ceux qui me liront et me répondront. Je traverse une grave crise dans mon couple et j'ai besoin d'aide, urgente dirons-nous.
Voici mon histoire. Je suis une femme qui vit avec une autre femme depuis 10 ans. Amour parfait au fond même si débuté dans la douleur (à la suite d'une rupture sentimentale très dure, pour l'une comme pour l'autre). En 2008, nous avons rencontré un voisin, 32 ans de plus que moi (j'ai 37 ans aujourd'hui). Il est marié. Très vite, une relation fusionnelle s'est établie entre lui et ma compagne. J'ai trouvé ça merveilleux. Et totalement inattendu. Car ma compagne est vraiment strictement lesbienne (moi, je suis bi). Cela n'est pas allé bien loin toutefois. Puis cela a dégénéré. Ma compagne l'a rejeté. C'est à ce moment-là que j'ai pris conscience que j'étais moi aussi amoureuse de lui. Jusque-là, j'avais plutôt été en retrait. Voire même assez distante avec lui. Je crois que la différence d'âge me perturbait au départ, bien que ce soit quelqu'un de très jeune en tous points. J'ai vécu un enfer quand la relation entre eux deux s'est terminée. Je ne supportais pas de ne plus le voir, je ne supportais pas qu'elle le rejette, sans comprendre le sens de mes réactions. Peu à peu, les choses se sont tassées et j'ai repris un vrai dialogue avec lui, tout s'est apaisé. C'est là que j'ai compris mes sentiments et que j'ai assumé le fait d'être folle amoureuse de lui. Lui était réticent au départ. Les conflits avaient laissé de grosses traces, bien qu'il m'a toujours dit qu'il avait un fort attachement pour moi. Puis cela s'est fait. J'ai compris que je ne pouvais m'en ouvrir à ma compagne. Qu'elle repartirait dans la colère, la jalousie... Alors nous nous sommes vus en cachette puis avons entretenu l'illusion que nous étions amis. Je pensais qu'elle changerait. Un peu avant de le rencontrer, elle était tombée amoureuse d'une collègue et je me suis efforcée de l'aider à avancer avec cette femme (que j'estime beaucoup en outre), à la fois pour elle et en espérant que la jouissance de sa propre liberté lui ouvrirait l'esprit. Peu à peu, j'ai dévoilé mes sentiments pour lui. C'était trop fort, trop beau pour lui cacher à elle, puisqu'elle est aussi la personne que j'aime le plus au monde, enfin, vous comprendrez la tournure... Elle a semblé accepter cet amour. Mais il ne fallait pas qu'elle soupçonne le moindre geste physique. Les moindres mots que j'ai prononcé en ce sens ont toujours généré au mieux un "renfermement" au pire, des crises violentes, pendant lesquelles, je revenais sur mes dires, je minimisais, j'interprétais pour que ça n'ait pas l'air d'être ce que c'était réellement. Puis elle a eu une relation, amicale/sexuelle avec une autre femme. Cela s'est mal passé. Ma compagne est quelqu'un d'extrêmement rigide dans ses conceptions et l'autre femme faisait toujours trop ou pas ce qu'il fallait quand il le fallait. Ajoutez à cela que l'autre femme était elle-même assez compliquée, peu claire entre ses dires (on s'amuse au lit mais on n'est que des amies) et ses actes (quinze mails par jour, demandes permanentes...). J'ai fait au mieux pour l'accompagner, l'écouter, la conseiller, d'autant qu'elle avait aussi beaucoup de choses à dire sur la collègue dont elle est toujours amoureuse et avec qui ça n'avance pas vraiment (sa collègue est assez ambiguë dirons-nous, dans ses sentiments avec elle). Là encore, c'est évidemment pour elle, pour les sentiments que je lui porte que je l'ai fait et parce que la voir heureuse est un bonheur immense, même si ce n'est pas avec moi, pas toute la journée. Mais bien entendu, je me disais qu'elle serait aussi plus à même de me comprendre, de m'entendre. Moi qui en crevait de ne rien pouvoir dire, vraiment. De louvoyer avec les mots pour quand même parler de ce que je vivais sans dire les choses...
J'aurais tellement aimé être comprise, entendue... Cela devenait un enfer.
D'autant que du coup, les petites choses du quotidien, sa personnalité rigide, qui veut tout contrôler, cela devenait atroce. Mais si là, je brosse un tableau difficile d'elle, ce n'est que par désespoir. Car elle a une foule d'autres qualités, des choses énormes. Je ne sais pas comment décrire.
Au niveau sexuel, ça n'a jamais été le top du top. Enfin pour elle. Parce que pour moi, aucun souci. Mais j'ai du mal à avoir envie. Parce que là aussi, elle est dans le total contrôle. Il faut que tout soit parfait. Cela va jusqu'au moindre détail. Genre se brosser les dents juste avant (bien entendu, nous n'avons aucun problème d'hygiène corporelle à la base), ne pas sentir l'odeur du dehors etc... Au lit, pas trop de lumière. Pas de mots. Une gestuelle très travaillée. Je suis un peu le contraire. Bien sûr, je ne conçois pas de faire l'amour sans me sentir "propre et fraîche" mais cela ne va pas jusque là. J'aime le grand jeu mais j'aime aussi le plaisir rapide, quelques regards et hop, n'importe où ou presque. J'ai essayé de lui en parler mais cela tournait au vinaigre à chaque fois, elle me disait que j'étais une hétéro planquée, que je ne sentais pas les choses qu'il faut faire entre lesbiennes. Moi, à me censurer en permanence, avec la peur de mal faire, cela coupait mon désir tout net et nos relations sexuelles étaient de plus en plus lointaines, il faut l'admettre.
Avant elle, j'ai vécu six ans avec une autre femme. Aucun souci particulier. Si ce n'est que je ne suis pas forcément une foudre de la chose. Parfois j'ai envie 4/6 fois dans la semaine, parfois rien du tout et la semaine suivante aussi. Et parfois un mois comme ça. Avec mon ex, on était presque toujours sur la même longueur d'ondes à ce niveau-là, donc pas de souci (cela dit, je n'ai aucune nostalgie de mon ex !).
Avec lui, au contraire, grande liberté. Je ne vais pas faire le listing de toutes ses qualités, ce serait idiot. Je l'aime c'est tout. Si je devais trouver une raison particulière (cela dit, l'amour vient sans raison je crois), c'est qu'il me donne confiance en moi, que jamais, il ne me dit que je n'ai pas bien fait, en tout cas, pas sur un ton couperet.
Mais je n'oppose aucunement l'un à l'autre. Chacun a ses qualités, ses défauts, comme moi. Et j'aime les deux.
Mais hier, j'ai craqué. J'ai tout dit. Je n'en pouvais plus des non-dits. Ca n'a pas été l'explosion de violence attendue. Mais tout va mal. Ma compagne dit qu'elle ne veut pas me quitter. Qu'elle ne peut pas m'empêcher de l'aimer. Qu'elle ne le veut pas non plus. Mais cela la dégoûte. Essentiellement parce que c'est un homme. Et que c'est lui. Elle me dit qu'elle ne peut s'empêcher d'être jalouse. Que c'est plus fort qu'elle. Qu'elle ne veut plus le voir chez elle (ça, je peux le comprendre et faire avec, dans une certaine mesure) - avant, ils étaient "amis". Qu'elle a toujours dit qu'elle n'accepterait pas cela de moi (c'est vrai et faux à la fois). Elle a refusé que je dorme avec elle. Je suis perdue, épuisée aussi. Je ne sais que faire.
Je voudrais n'avoir rien dit hier. Mais en même temps, je ne pouvais plus supporter cette situation.
Merci de vos réponses, témoignages...

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