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Discussion : Queer theory et poly-trucs

pseudo
le jeudi 04 novembre 2010 à 12h44
"Si l'on accepte que le désir de l'Autre puisse être un désir pour le désir de l'Autre, et que nous acceptons aussi les innombrables formulations équivoques de cette position, il me semble alors que reconnaître l'Autre nécessite que la dyade est rarement, voire jamais, ce qu'elle semble être. Si les relations sont avant tout dyadiques, je reste donc au centre du désir de l'Autre et le narcissisme est, par définition, satisfait. Toutefois, le désir opère par relais qu'on ne peut pas toujours aisément repérer, la personne que je suis pour l'Autre risquera donc d'être déplacée. Peut-on trouver l'Autre que l'on aime à part tout les Autres qui se sont logés dans l'espace de cet Autre? Peut on libérer l'autre de l'histoire entière de la condensation psychique et du déplacement, ou même, des relations précipitées de l'objet abandonné qui forme l'ego? Ou "reconnaître" l'Autre signifie-t-il pas aussi reconnaître qu'il vient nécessairement avec une histoire dont on est pas le centre? N'est-ce pas là la nécessaire humilité de toute reconnaissance et notamment de la reconnaissance impliquée dans l'amour?"
Judith Butler,le désir de reconnaissance, Défaire le genre.
Bonjour à tous,
drôle d'entrée en matière (surtout pour les réticens à la philosophie), mais cette citation explique en grande partie pourquoi je me retrouve à écrire un article sur ce site.
Peut-être, sûrement, la citation exposée vous est familière, vous rappel la manière dont vous envisagez votre relation à l'autre ? voilà seulement cet extrait est issu d'un texte d'une des pionnières de la Queer theory, Judith Butler. Pour faire un rapide raccourci, c'est une pensée qui prend le relai d'un féminisme beauvoirien, en mettant l'accent sur le constructivisme du genre, son rapport non-causal par rapport à la sexualité, la subversion du genre, les minorités, le refus de tout essentialisme, la pensée transgenre, transsexuelle en vue d'un devenir post-féministe.
J'ai donc étudié de nombreux textes traitants de ces sujets, amassant un bagage conceptuel qui a bouleversé ma façon d'envisager les choses.
En parallèle, (j'y viens enfin !), je vit des amours multiples.
Pour moi, c'est avant tout un chemin fait d'expérimentations , à tâtons ...
J'ai eu la chance de rencontrer plusieurs personnes prenant le même chemin etc ... avec parfois la sensation d'être quand même seul au monde à envisager mon rapport à l'autre de cette façon.
Qu'elle surprise, donc, d'arriver sur un site ou on donne un nom : polyamour, a cette démarche ...
Seulement les questions sont les suivantes,
Guillaume Dustan dit qu'il faut combattre "le couple hétéro-fasciste" (attention hétéro à entendre au sens de monique wittig : hétéro comme régime politique normatif !). Ce couple est-il fasciste (l'accusation est un peu provoque,je vous l'accorde) par ce qu'il est avant tout couple puis hétéro ou hétéro avant d'être couple ?
Vous aurez certainement compris que je ne voterai ni pour l'un ni pour l'autre, car pour moi, envisager des relations multiples est indissociable d'une déstabilisation du genre, et d'un engagement contre l'hétéronormativité et l'homonormativité (voire marie hélène bourcier sur le sujet), et vis et versa, appréhender ces questions sur le genre et les sexualités ne peut allez sans quelque chose de "poly-truc" !
Comment peut-on être multiple en opérant une sélection sexiste dans notre appréhension de l'autre ?
et toutes les questions en vrac qui en découles ...
des idées ?
lyon, le 4 novembre 2010