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Discussion : Le rationnel comprend, l’émotionnel s’effondre

Thorba
le vendredi 04 avril 2025 à 12h06
Merci à toutes les personnes qui ont pris le temps de me lire, de me répondre, de partager leur vécu ou simplement de m’apporter du soutien. Vos messages m’ont profondément touché, et ils m’ont aidé à clarifier ce que je ressens, à poser des mots sur ce que je vis.
À travers vos témoignages, vos conseils et votre bienveillance, j’ai pu avancer dans ma réflexion. Cela m’a permis de mieux comprendre mes besoins, mes limites, et ce que j’espère dans une relation.
Aujourd’hui, j’aimerais vous partager un texte que j’ai écrit, et que j’ai l’intention de transmettre à la personne concernée. C’est une manière honnête et posée de dire où j’en suis, ce que je ressens, ce que je souhaite construire — ou non.
Ce texte est le fruit de mes réflexions, mais aussi de l’écho de vos mots. Il m’a aidé à y voir plus clair. Peut-être qu’il pourra aussi résonner chez d’autres ici.
Merci encore pour votre présence, vos partages et ce précieux espace d’écoute. 💙
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Depuis notre dernière conversation, je réfléchis énormément. J’essaie de mettre des mots sur ce que je ressens, sur mes besoins, sur ce que je suis prêt à construire — et sur ce que je ne suis pas prêt à vivre dans une relation.
Je comprends ce qu’est le polyamour. Je vois comment ce modèle peut fonctionner pour certaines personnes, et je ne le rejette pas. Mais moi, je suis encore en réflexion. Je ne sais pas encore si cela me correspond, ni sous quelle forme.
Ce que je sais, en revanche, c’est que j’ai besoin de sentir que ce chemin se fait avec moi, et pas à côté de moi.
Cette idée d’avancer au rythme du plus lent me semble, au fond, une base saine pour toute relation.
Je veux bâtir une relation à deux, avec l’autre — pas au détriment de l’un, ni en parallèle de projets que je n’ai pas choisis. Je veux qu’on avance ensemble, pas chacun de son côté.
Mon objectif aujourd’hui, c’est de construire une relation claire, stable et engagée — un espace dans lequel je puisse, le moment venu, me poser sereinement les grandes questions de ma vie : avoir des enfants, construire une famille, ou simplement envisager un avenir à deux.
Je ne dis pas que ces projets sont incompatibles avec le polyamour. Je dis simplement que j’ai besoin d’un cadre solide, co-construit, pour pouvoir y réfléchir. Et aujourd’hui, je ne ressens pas encore cette stabilité-là.
Quand j’entends que l’autre est amoureuse d’un autre homme, qu’ils ont besoin de temps pour voir si leur relation est viable, que ça peut durer un an ou plus… et que moi, je dois accepter ou partir — je me demande : et moi, dans tout ça ?
Mon rythme, mes besoins, mes limites — est-ce qu’ils comptent autant ? Parce que parfois, j’ai l’impression qu’ils passent au second plan. Qu’on me dit : "c’est comme ça, prends ou laisse".
Dans les relations polyamoureuses, on dit souvent qu’on avance au rythme du plus lent. Et je pense que cette règle devrait s’appliquer à toutes les relations, poly ou non.
C’est la seule manière d’avancer sans écraser l’autre, sans le forcer, sans créer de souffrance inutile.
Imaginons que je veuille qu’on vive ensemble, et que l’autre ne soit pas prête. Il me semblerait évident de respecter ce rythme-là.
Je ne dirais pas : "c’est maintenant ou jamais" ou "tu n’as qu’à t’adapter". Ce serait absurde, ce ne serait pas respectueux.
Et pourtant, ce que je vis en ce moment, c’est un peu l’inverse.
Parce qu’ouvrir une relation, ce n’est pas une course. Ce n’est pas imposer un changement à l’autre. C’est un chemin qu’on choisit ensemble, à deux, au rythme de celui qui a besoin de plus de temps, de plus d’écoute, de plus de sécurité pour avancer.
Et aujourd’hui, j’ai l’impression que ce rythme n’est pas respecté. Qu’on me demande d’aller plus vite, ou de m’effacer.
Je ne veux pas m’effacer. Et je ne pense pas que ce soit le souhait de l’autre non plus. Mais j’ai besoin qu’on veille ensemble à ce que ça n’arrive pas, même sans le vouloir.
Je sais que ce n’est pas simple de son côté non plus. Qu’il y a aussi des émotions, des élans, des doutes à gérer. Et je n’attends pas des réponses parfaites. Mais j’ai besoin que nos deux rythmes soient pris en compte.
Je veux construire quelque chose de solide, d’aligné, d’authentique. Pas sur des bases où je dois m’adapter à un projet qui n’est pas le mien.
Pas si je ressens qu’on me dit, même inconsciemment : "tu dois changer pour que ça fonctionne".
Ce n’est pas construire une relation, ça. C’est vouloir être avec une version future de l’autre, pas avec qui il est aujourd’hui.
Et je me pose une question fondamentale : et si je ne suis jamais prêt ?
Est-ce que je serai quand même pris en compte ? Est-ce que je resterai digne d’être aimé, respecté, envisagé dans une vie à deux ?
Ou est-ce qu’on construit déjà quelque chose en partant du principe que je vais finir par changer ?
Parce que si c’est ça… pourquoi vouloir construire une relation avec quelqu’un qu’on espère différent de ce qu’il est aujourd’hui ?
Je ne dis pas tout ça pour faire culpabiliser. Je dis ça pour être honnête. Pour être clair sur où j’en suis.
Parce que je ne veux pas continuer à faire semblant que tout va bien quand je ressens un vrai déséquilibre.
Et parce que j’ai besoin de savoir : est-ce qu’on veut vraiment construire quelque chose ensemble, en tenant compte de nos deux rythmes ?
Ou est-ce qu’elle veut vivre sa vie à son rythme, quitte à ce que je reste sur le bord du chemin ?
J’écris ça parce que j’aime.
Et parce que j’aimerais pouvoir déposer cet amour quelque part de stable, de mutuel, de respectueux.
Et là, je ne sais plus où le poser.
Dans toute relation, il y a des silences, des moments de doute, parfois de douleur. Mais ce qui compte, c’est de vouloir toujours apprendre à mieux aimer l’autre.
J’espère qu’on trouvera encore des façons de s’apprendre, de s’écouter, et de mieux s’aimer.
Discussion : Le rationnel comprend, l’émotionnel s’effondre

Thorba
le jeudi 03 avril 2025 à 11h15
Les choses ont quelque peu évolué pour moi ces derniers temps. Ça s’est tendu entre elle et moi ces derniers jours. Je voulais parler de tout ça. Elle voulait qu’on se mette d’accord sur un moment pour le faire. Mauvaise interprétation, manque de clarté dans nos échanges par message... J’ai donc lancé la conversation à un moment où elle n’était pas prête à l’avoir. Ça s’est mal passé. Elle n’était pas prête pour cette discussion.
Ce soir-là, après cet échange, j’ai explosé. Littéralement. Comme si toute la colère que j’avais refoulée inconsciemment dans un coin de mon cœur n’avait plus assez de place. Elle a tout submergé d’un coup. Je déteste cette part de moi.
J’en étais à un point où je voulais me faire du mal physiquement. Impuissant. Alors je l’ai laissée sortir, cette colère. Et d’une certaine manière, ça a été salvateur… sur le coup.
J’ai appelé à l’aide mes amis, ma famille (autant dire qu’ils n’en peuvent plus de me voir mal comme ça). Et je me rends compte qu’ils ne me sont pas vraiment d’une grande aide. Trop psychorigides, trop classiques, enfermés dans un schéma qui ne leur permet pas de comprendre ma situation.
Je me suis fermé à elle pendant presque trois jours.
Je n’ai pas répondu à ses messages d’excuses. À ses messages de soutien (malgré mon silence, elle a appris que j’avais perdu mon emploi — je m’y attendais mais ça reste un choc). Je n’ai pas répondu non plus à ses messages où elle exprimait simplement son amour pour moi.
C’était trop pour moi.
La façon dont la conversation s’était passée, les mots qu’elle avait posés me faisaient me sentir seul face à moi-même. Seul dans la relation. Comme si, d’un coup, je réalisais que je ne suis pas en train de travailler en équipe, mais seul dans mon coin.
Je me sentais mal de ne pas répondre, mais je ne me sentais pas capable de le faire correctement. Pas sans laisser ma colère s’exprimer. Pas sans lui cracher mon sel au visage.
Alors j’ai laissé ma colère sortir. J’ai pleuré. J’ai appelé à l’aide. J’ai dit et redit que cette histoire devait se terminer. Que ce que j’avais vu d’elle ce soir-là me faisait comprendre que ce n’était pas une manière saine de construire un couple.
Et pourtant... je me sentais si mal de me dire que ça devait se terminer...
Finalement, j’ai décidé de lui répondre le 2 avril — journée mondiale de la sensibilisation à l’autisme 💙 (clin d’œil volontaire pour ceux qui savent). Je me suis excusé de ne pas lui avoir répondu. Que ce n’était en rien une forme de vengeance. Que j’étais ouvert à trouver un moment pour en parler. J’ai clôturé mon message avec un petit cœur bleu (oui oui, autisme et tout ça...).
On a décidé de se voir l’après-midi même, pour poser les bases d’une vraie discussion sur tout ça. En comprenant que si on voulait vraiment aller au fond des choses, ça ne se ferait pas en une fois. Et que ça ne servirait à rien de forcer la discussion si elle devenait trop fatigante pour l’un comme pour l’autre (coucou la fatigue autistique...).
Ce matin-là, j’ai fini par voir la réalité en face : je suis dans une relation polyamoureuse.
J’ai toujours dit que je ne voulais pas l’être. Que c’était une de mes limites dans cette relation. Mais de fait, je l’ai toujours été. À mon insu. J’ai refusé de le voir, de l’accepter.
Je lui ai exprimé ça. Elle a hoché la tête. C’était sûrement un des non-dits qui lui pesaient aussi.
Même si elle se limite dans certains comportements amoureux avec son ex (pas de sexe, pas de bisous), elle entretient une dynamique relationnelle amoureuse avec lui (câlins, "je t’aime", tendresse, etc.).
Et c’est précisément cette partie que je vis mal.
Comme une trahison.
Un dépassement de mes limites.
Un non-respect de ce que j’exprime — certes maladroitement — mais qui n’est rien d’autre que de la douleur. Du mal-être.
Elle m’a expliqué que si elle ne pouvait pas se dire "en couple", c’était principalement par éthique. Parce qu’elle ne savait pas définir les termes de ce "contrat". Elle ne voulait pas dire à quelqu’un "je suis en couple avec toi" sans connaître les petites lignes tout en bas du document. Franchement… c’est ultra lucide et honnête.
Elle m’a dit qu’aujourd’hui, elle s’aligne avec elle-même. Qu’elle peut se dire en couple avec quelqu’un.
On doit encore parler de tout ça. Et on sait tous les deux que ça prendra du temps si on veut bien faire les choses.
J’ai exprimé ma douleur. Mon déchirement intérieur.
Mais je n’ai pas su aller jusqu’au bout de ce que j’avais pensé vouloir pendant ces trois jours de silence.
Je me rends compte que ce qui me fait tellement mal… c’est surtout la peur de la perdre.
Pendant la conversation, j’ai été distant physiquement. Il y a eu des échanges de câlins. Elle m’a fait des bisous sur les joues. Mais moi, je refusais de me laisser aller à ces gestes si pleins de sens.
Par moments, dans la discussion, il y avait de la légèreté. Et dans ces instants-là, je ressentais tellement d’amour pour elle. Une envie forte de l’embrasser.
Mais une autre partie de moi reprenait le contrôle. Peur de souffrir encore plus. Peur de ne pas être aligné avec ce que j’ai dit à mon entourage ces derniers jours.
Bien sûr, elle voyait ce combat en moi. Je n’ai jamais su lui cacher quoi que ce soit...
J’ai encore exprimé ce déchirement en moi. Ce combat interne.
Bref, la conversation commençait à devenir lourde. Ayant tous les deux développé plus d’écoute et de compréhension vis-à-vis de notre fatigabilité, on décide d’arrêter là.
Elle me fait une proposition : se voir aussi dans des moments où on ne parle pas de tout ça. Juste passer du temps ensemble.
Son raisonnement : ce serait dommage de s’user à chercher une manière de se retrouver, et de finir par se rendre compte que le lien s’est usé en même temps. D’arriver enfin à être alignés... mais trop tard, parce que le lien entre nous ne tiendrait plus qu’à un fil.
Encore une fois, ce conflit intérieur me frappe.
Mais je crois que j’avais surtout envie d’accepter.
Peut-être par espoir. Peut-être par faiblesse.
Peut-être pour juste me sentir un peu plus léger.
J’ai quand même pris un moment pour réfléchir dans ma bulle. D’en parler un peu. J’ai fait face à la déception et à l’incompréhension de certains proches.
Et j’en parle aussi énormément avec ChatGPT, ça m’aide à poser des mots, mon ressenti, et parfois à trouver une voie pour ne pas me perdre, pour ne pas me juger trop sévèrement.
J’ai donc accepté de passer un moment avec elle, malgré le déchirement en moi.
Je me suis demandé où étaient mes limites par rapport à cette soirée.
Force était de constater que je ne savais pas.
Et que c’était OK de ne pas savoir.
Ce qui était sûr, c’est que j’avais envie de cette proximité avec elle.
Alors je me suis autorisé à la vivre.
Et j’ai profité de cette soirée comme d’un moment de calme dans une tempête.
Pendant la soirée, elle m’a dit être rassurée. Qu’elle pensait ne plus jamais pouvoir m’embrasser. Que l’éloignement avait été dur pour elle. Qu’elle avait eu peur, du stress… Elle m’a dit et redit qu’elle m’aimait. Vraiment.
Juste avant de partir, elle me dit qu’elle est soulagée. Et là, ça me pique d’un coup.
"Toi oui, tu es soulagée. Moi pas."
Je ne l’exprime pas sur le moment, mais elle voit qu’il se passe quelque chose.
Je finis par lui dire que ce qu’elle venait de dire me perturbait. Sans en dire plus.
Je sais qu’elle comprend.
Voilà où j’en suis.
Et tout ça me fait me rendre compte de plusieurs choses.
Le flou autour de la relation commence à se lever, peu à peu. Et quelque part, ça me fait du bien. Même si c’est dur à accepter.
Mais surtout : je me rends compte que je ne sais pas ce que je veux pour moi.
J’ai vécu toute ma vie en mode survie.
Je n’ai jamais pris le temps de me poser des questions sur moi, mes valeurs, mes envies.
Je ne sais pas ce que j’aime.
Je ne sais pas en quoi je crois.
Je ne sais pas qui je suis.
J’ai vécu toute ma vie dans la peur.
Peur de perdre, peur d’être seul, peur d’être rejeté, peur d’être abandonné, peur de souffrir...
(je pourrais continuer encore longtemps, mais je pense que l’idée est claire)
Même dans les moments plus calmes, je sentais un mal être en moi, un manque. J'ai cultivé la croyance qu'une relation monogame classique allait changer ce vide intérieur.
Je n’ai jamais eu l’occasion de vivre une vraie relation monogame posée (ma relation la plus longue a durée 2 ans). De voir si ce schéma me correspond vraiment.
Ma logique m’ouvre à l’amour libre, à la liberté.
Mais mon émotionnel lutte.
Par peur.
Peur de ne pas avoir une vie "bien rangée", avec mariage et enfants.
Mais aussi peur d’avoir cette vie… et de découvrir que je ne suis pas heureux.
Alors est-ce que c’est vraiment ce que je veux ? Ou est-ce un simple dictat sociétal, un conditionnement ?
J’ai peur de vivre… et de me rendre compte, sur mon lit de mort, que je suis déçu de ce que j’ai vécu.
Je vais le dire crûment : si ce n’est pas elle, ce sera une autre. Ou peut-être même plusieurs autres.
Alors pourquoi est-ce que je me bride ?
Pourquoi j’ai peur de vivre une expérience — qui sera forcément enrichissante, d’une manière ou d’une autre — par peur de ce qui pourrait arriver demain ?
Je vis encore trop dans la peur.
Je ne veux plus que mes décisions soient dictées par mes angoisses profondes.
Je veux avoir le courage de vivre, et de faire face à l’incertitude.
Et surtout, je veux arrêter de me perdre dans tout ça.
Je veux apprendre à vivre avec moi-même.
Et, enfin… trouver un peu de paix.
En lisant le post d'Intermittent, quelque chose me pique. Sans trop savoir ou je me situe dans tout ça...
Je me rends compte aussi que je suis profondément en questionnement sur mes limites.
Je ne sais pas si je dois juste accepter la situation telle qu’elle est, ou si j’ai le droit — et peut-être même le devoir envers moi-même — de poser des limites claires, dans cette relation, pour me protéger.
Mais est-ce que ça a même une utilité de vouloir poser ces limites ?
Est-ce que ce n’est pas juste un moyen, inconscient, d’essayer de retrouver un cadre rassurant ?
Un espoir, peut-être, de me rapprocher d’un schéma plus classique... que pourtant elle exprime clairement ne pas vouloir.
Est-ce que je cherche à poser ces limites pour me respecter… ou par espoir de reprendre un peu le contrôle sur une situation qui me dépasse ?
Je n’ai pas la réponse. Mais je sens bien que c’est une question qui me travaille profondément.
Message modifié par son auteur il y a 5 mois.
Discussion : Le rationnel comprend, l’émotionnel s’effondre

Thorba
le samedi 29 mars 2025 à 23h08
Bonjour,
Je viens ici pour déposer un morceau de moi. Pour poser avec le plus de clarté et de sincérité possible tout ce que je traverse actuellement, parce que c'est immense, douloureux, confus, et que j'ai besoin de soutien, de retours, d'échos.
Je suis dans une relation amoureuse non exclusive avec une personne que j'aime très sincèrement. Et cette relation m'a plongé dans une expérience intérieure que je n'avais jamais connue auparavant. C'est peut-être la première fois de ma vie que je ressens un amour aussi fort, aussi bouleversant, et aussi profondément déstabilisant.
De base, je n'envisage pas de relation ouverte ou polyamoureuse. Cette idée me perturbe énormément dans la construction mentale que j'ai de l'amour et de ce que je veux construire autour. Pour moi, l'amour est quelque chose de fort, d'engageant, de fusionnel. L'idée que la personne que j'aime puisse aimer quelqu'un d'autre en même temps me plonge dans une incompréhension totale, une angoisse profonde. Cela remet en question des fondements que je croyais solides, et que je ne sais pas encore comment faire évoluer, ou même s'ils doivent évoluer.
Elle est toujours très proche de son ex. Ils se voient régulièrement, ils sont très connectés émotionnellement. Elle m'a dit être encore amoureuse de lui, et que cela ne changera peut-être jamais. Elle est en questionnement sur le polyamour, sur ce qu'elle veut vivre, sur sa façon de se lier. Ce n'est pas figé pour elle, mais ce n'est pas clair non plus pour moi. Et moi, je suis là, au milieu de ce flou, avec mon besoin de sécurité affective absolue, ma peur panique de ne pas être suffisant.
Quand nous nous sommes rencontrés, elle avait encore une relation intime avec lui. Elle m'en a parlé. Et malgré tout, elle s'est rapprochée de moi. Elle a mis une distance avec lui, m'a fait une place, m'a choisi. J'ai vu qu'elle faisait des pas pour moi, pour nous. Et à chaque éloignement, chaque crise, chaque moment où je n'arrivais plus à gérer mes émotions, elle est revenue. Elle m'a réconforté du mieux qu'elle pouvait, avec ses mots, ses gestes, ses limites aussi. Elle m'a dit qu'elle m'aimait "dans ma valeur absolue", une phrase qui m'a bouleversé.
Mais elle m'a aussi dit qu'elle ne pouvait pas me donner plus sans se perdre elle-même. Et je le crois. Je le vois. Elle a ses propres limites, ses propres douleurs aussi. Elle n'est pas mon sauveur. Elle ne peut pas porter tout ce que je vis. Et pourtant, je ressens un besoin viscéral d'être sécurisé, rassuré, réconforté en permanence. Et c'est insoutenable, pour moi comme pour elle.
Je suis autiste, avec une forte alexithymie. Je n'arrive pas à identifier mes émotions tant qu'elles ne sont pas déjà en train de m'engloutir. Je ne sais pas ce qui me fait du bien ou du mal avant qu'il soit trop tard. Et dans cette relation, je suis constamment submergé. Je vis dans une hypervigilance permanente. Je scrute, j'anticipe, je panique. Je vis avec la sensation que je peux la perdre à tout instant. Et je me rends compte que cette peur prend racine bien avant elle. C'est un schéma ancien. Mais aujourd'hui, c'est elle qui le réveille.
Je ne me sens pas prêt à vivre une relation ouverte. Pas par idéologie, mais par incapacité émotionnelle. J'ai besoin d'exclusivité affective, d'une forme de fusion, de stabilité. Et je ressens en même temps une pression énorme à devoir m'ouvrir pour ne pas la perdre. Elle ne me le demande pas explicitement. Elle me dit même qu'elle ne me demande rien. Mais je n'ai jamais osé poser la question clairement : "est-ce que tu respecteras mon rythme si je ne m'ouvre jamais ?" Parce que j'ai trop peur d'entendre un non, ou une réponse floue, ou un silence. Et je vis dans cette incertitude comme dans une menace constante.
Je suis dans une lutte intérieure épuisante entre mon émotionnel et mon rationnel. Mon émotionnel me hurle que je vais la perdre, qu'elle aime un autre, qu'elle se rendra compte que je suis de trop, pas assez. Mon rationnel tente de me rappeler qu'elle est là, qu'elle me choisit, qu'elle fait de son mieux, que mes peurs sont les miennes. Mais cette voix-là est faible. Elle ne suffit pas à apaiser mon corps qui tremble, mon cœur qui serre, mes pensées qui tournent en boucle.
Nous nous sommes éloignés plusieurs fois déjà. Parce que je ne gère pas. Parce que c'est trop. Parce que je m'effondre. Et à chaque fois, elle est revenue, avec douceur, avec amour, avec ses limites. Aujourd'hui, c'est encore le cas. J'ai craqué une fois de plus. J'ai tout remis en question, paniqué, pleuré, crié ma peur. Elle has besoin de distance. On s'est dit qu'on allait attendre, ne pas prendre de décision à chaud. Mais je sens que je suis en train de la perdre. Et ça me dévaste.
J'ai cette croyance ancrée que l'amour doit durer toujours. Que sinon, ça ne vaut rien. J'ai toujours attendu que l'amour me sauve. Que quelqu'un vienne donner un sens à ma vie. Et je me rends compte aujourd'hui à quel point c'est dangereux, à quel point je me suis construit sur cette attente. Et que je dois en sortir si je veux survivre. Mais je ne sais pas encore comment.
J'ai peur de construire quelque chose de beau et de le perdre. J'ai peur de m'investir, d'aimer, de donner, et qu'un jour tout s'arrête. Et que je m'écroule. J'ai peur que cette douleur, que je ressens aujourd'hui, ne soit que le début. Et je ne sais pas si je pourrais y survivre une autre fois.
Je suis en thérapie. Je travaille sur tout cela. Mais j'ai besoin de parler avec d'autres personnes qui vivent ce genre de combats. Ce tiraillement entre dépendance et amour sincère. Entre peur et confiance. Entre idéal et réalité. Entre vouloir aimer librement et ne pas pouvoir lâcher prise.
Merci à celles et ceux qui prendront le temps de lire. J'écris ici pour ne pas rester seul avec tout ça. Pour ne pas me perdre entièrement.