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anders

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Discussion : Nous polyamoureux tous grands philosophes...

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anders

le mardi 26 août 2014 à 01h49

Bonjour

Belle discussion, qui me donne l'occasion de revenir à mes classiques et de continuer sur un concept qui a été cité au début mais pas repris, l'Agapé, et qui a, en quelque sorte « en creux » une importance pour définir sinon « le polyamour » au moins les relations ouvertes telles que je les envisage.
Eros et Philia et leurs interaction ont été bien définies, on peut voir entre les deux une différence de degrés ou de nature, on peut voir – ou pas – une évolution possible de l'un vers l'autre, leur coexistance ou leur exclusion mutuelle. Cette distinction est un bel outil d'invention de soi car elle permet de mettre des mots sur différentes formes de l'expérience amoureuse, et donc, de mieux la vivre.
Les concepts, ça se crée et ce que je souhaite retenir de ces deux là, c'est une co-définition :
L'amour Eros est à entendre comme désir, La Philia est une manière d'être à l'autre en le reconnaissant comme sujet de désir (Eros) et de volonté, et de l'aimer pour cela précisément comme un pair, parce que je ne peux pas imaginer que l'aboutissement logique de mon désir pour l'autre soit de lui interdire le désir.
Cet agencement conceptuel, c'est ce qui me semble définir le plus justement mon approche des relations ouvertes.

Or il y a un troisième amour, qui n'entre pas dans cette co-définition et qui me semble même, au contraire, la rendre impossible s'il s'y immisce.
L'Agapé, c'est bien du Grec mais le sens s'est constitué autour de l'usage chrétien que en a été fait : c'est l'amour inconditionnel du prochain, le cadeau, c'est magnifique dit comme ça, mais ça n'inclut aucune forme de prise en compte de l'autre comme sujet. L'autre reçoit, ce qui le met en position de débiteur. Le bénéficiaire est symboliquement mis en demeure de rendre un bien qu'il n'a même pas sollicité. Le fait que le donneur se défende d'avoir donné en vue d'une contrepartie ne dédouane pas le bénéficiaire en réalité, mais permet au contraire d'installer une relation de commerce implicite sous couvert de désintéressement.
Le cadeau malvenu, on l'a tous fait.
En réalité, combien d'actes d'attention sont des actes de prise de pouvoir sur l'autre : je t'offre une bague, elle m'a coûté très cher, maintenant tu vas devoir faire quelque chose pour ne pas être une ingrate ( sois gentille parle pas trop fort).
Ça peut partir de la meilleure intention du monde, mais l'Agapé produit des transactions plutôt que des occasions de s'inventer.
J'essaie plutôt d'offrir des outils, des livres qui continuent des discussions, des preuves de complicité les plus dérisoires possibles pour faire sens sans faire dette.

Voilà, c'était mon ajout, petite distinction conceptuelle que j'essaie d'appliquer au quotidien.

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