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Discussion : Polyamour : un double standard ?

Fimus
le mercredi 03 juillet 2024 à 10h02
Merci pour ta réponse @Hestia ! Peu importe que cela provienne d'une expérience personnelle (après tout, mon message partait justement de ça), c'est toujours pertinent d'avoir des transferts d'expérience.
Je comprends ton point. Je me demande : est-ce que ce manque d'éthique provient d'une malveillance (je ne trouve pas de mot adapté) de leur part ou de maladresses dû à un manque d'expérience dans le domaine ? Certes, les conséquences sont les mêmes mais dans le second cas, c'est une situation potentiellement récupérable (même si cela implique une forte remise en question de la part de ces personnes) alors que dans le premier, c'est peine perdue.
Peut-être que je vois trop loin mais ça me questionne à long terme. Parce qu'à court terme cela implique possiblement une certaine défiance donc à un blocage. Comment on fait avancer tout ça sans se regarder avec méfiance ? J'ai limite envie de faire un parallèle avec la situation politique en France, où différents blocs s'affrontent ce qui ne fait rien avancer (je ne sais pas si c'est clair, il est un peu tard)
Discussion : Polyamour : un double standard ?

Fimus
le mercredi 03 juillet 2024 à 08h33
Bonjour à toutes et tous,
En préambule, je précise que mon post ici ne vise personne en particulier mais est simplement un sujet qui me turlupine depuis quelques mois et auquel je n'ai pas de réponse. Il s'agit d'un questionnement et je tâtonne sur le sujet donc je serai ravi de recevoir vos critiques constructives. Je fais donc appel à l'intelligence collective de ces forums pour avancer dans ma réflexion :)
Histoire de mettre directement les pieds dans le plat : j'ai la sensation que se constitue progressivement un double discours sur les relations plurielles et non exclusives selon qu'on soit une femme cisgenre ou un homme cisgenre, ce dont je vais discuter ici (note : j'ai l'impression que la question de la non exclusivité est plus acceptée dans les milieux queer ou, tout du moins, jugée moins sévèrement que chez les personnes hétéro. C'est quelque chose que j'ai pu entendre et observer à plusieurs reprises dans ces milieux mais je me trompe possiblement).
Je m'explique : au départ, il s'agissait surtout de remarques de parfait.e.s inconnu.e.s sur les réseaux sociaux ou qui ne connaissent pas grand-chose aux relations non monogames. Et puis j'ai entendu des discours publics sur le sujet qui faisaient clairement une distinction dans le polyamour en fonction de qui s'en revendique. Le dernier exemple en date vient de l'émission Question Q sur le polyamour. Une journaliste explique alors ce qu'est le polyamour, qu'il s'agit d'un mode de relation éthique, transparent et féministe. Jusqu'ici, rien de choquant, je suis globalement d'accord. Et puis, à un moment, quelque chose m'a fait tiquer. Je vous reproduis le passage :
" En France, en l’occurrence, sur des applications de rencontres comme Tinder par exemple, il y a beaucoup d’hommes, de plus en plus d’hommes, qui mettent "polyamoureux" dans leur biographie [rire général autour de la table] C’est parfois un petit red flag qui veut dire "en fait j’ai envie de relations multiples mais sans m’engager avec personne". Et donc du coup moi ce que je conseille, souvent, c’est si une personne, en l’occurrence un homme, met tout de suite « polyamoureux » dans sa bio, il faut soit creuser un petit peu, soit se dire "bon, c’est pas très sérieux, j’y vais pas". Je pense que le polyamour c’est important d’en discuter dès les débuts, surtout dès qu’on sait qu’on l’est. Donc, du coup, dès le début on commence à en discuter. Je ne sais pas si on peut en faire quelque chose qu’on met dans sa bio. Et en plus, encore une fois, c’est quelque chose que les hommes peuvent mettre dans leur bio mais les femmes elles ne le feront pas, par exemple Parce que c’est beaucoup plus stigmatisé et pas du tout vu de la même manière."
Ce discours m'a mis mal à l'aise. Outre l'aspect normatif ("le polyamour c'est comme ça et pas autrement"), je trouve qu'il y a un message contradictoire derrière tout ça : cette journaliste prône la transparence, le fait de parler du polyamour si on s'en revendique (et je suis entièrement d'accord) mais le dénie, dans le même temps, aux hommes qui ne voudraient, selon elle, que vivre des relations multiples. Au-delà du jugement de valeur qui me semble être fait entre des "relations multiples" et des "relations engagées" (la différence est fine et je ne vois pas, encore une fois, où est le problème si tout le monde est d'accord ni qu'il y ait une valeur plus importante à des relations qui durent dans le temps, fussent-elles polyamoureuses ou pas) je trouve que c'est un message pas forcément pertinent pour pousser les gens à s'intéresser à ce mode relationnel (qui peut ne pas convenir à tout le monde mais qui gagnerait à être connu, au moins pour que les personnes puissent choisir librement le mode de relation qui leur convient). Ce qui fait que des hommes poly ou qui se questionnent sur les relations avec qui j'ai pu discuter me disent qu'ils en viennent à taire cette partie de leur identité ou abandonnent l'idée de se lancer. Un exemple tiré d'un compte Instagram dédié au couple ouvert: des hommes y déclaraient que si s'intéresser aux questions liées aux relations leur avait fait beaucoup de bien et que nombre d'entre eux étaient des féministes convaincus, ont jugeait également beaucoup leur mode relationnel en les accusant de ne vouloir que du sexe. Si bien que certains doutaient de poursuivre dans cette voie (ce qui est dommage, car on perd des alliés potentiels).
Je sais qu'il y a des hommes qui se cachent derrière le polyamour (ou la non exclusivité de manière générale) pour enchaîner les relations. Je n'ai rien contre ça (enchaîner les relations), si tout le monde est d'accord et conscient du contrat (bien entendu, si c'est fait de manière non éthique, j'ai un problème). Je ne fais aucune distinction entre des relations d'un soir ou qui durent dans le temps, qu'il s'agisse de polyamour, de libertinage, de polybertinage ou de couple ouvert. Je sais qu'il y a une salopophobie latente (et le mot est faible) pour de nombreuses femmes, que le fait de se lancer dans le polyamour quand on en est une est compliqué et soulève pas mal de préjugés et que nos sociétés partent de loin dans ce domaine (mais eh, vive le féminisme pour toutes et tous !). Je sais aussi qu'il y a des femmes non exclusives pas très éthiques (j'en ai rencontré et fréquenté), tout comme il y a des hommes qui promettent monts et merveilles et fidélité absolue pour mieux tromper à la première occasion. Il y a des comportements qui ne sont pas éthiques dans tous les domaines, les relations plurielles n'y font pas exception. Cependant, j'ai l'impression que de plus en plus de discours parlant d'un polyamour féministe pour les femmes (car synonyme de reprise de contrôle sur le corps et la sexualité, d'indépendance et de relations plus égalitaires, au moins dans la théorie) et d'un polyamour pour les hommes qui ne serait prétexte qu'à avoir du sexe à tout-va. Comment peut-on prôner la déconstruction des normes et des stéréotypes si c'est pour en recréer d'autres derrière ? J'ai pourtant l'impression (mais encore une fois, ça n'a aucune valeur sociologique et ce n'est basé que sur mes modestes observations) d'une réflexion féministe plus poussée chez des hommes qui se lancent dans la non-exclusivité que chez des hommes qui adoptent une masculinité plus proche des standards attendus (donc virilistes). Les premiers ont davantage conscience, au moins dans les mots employés, de la masculinité hégémonique, des privilèges liés à leur genre et questionnent tout cela (ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas de dérives). A l'inverse, les seconds ne veulent généralement pas entendre parler de polyamour, jugent la chose très durement et ne jurent que par le très sacro-saint couple exclusif.
J'avais eu une discussion assez houleuse durant ma dernière relation (exclusive) où ma compagne avait déclaré, sans avoir creusé le sujet, que "90% des mecs polyamoureux voulaient baiser tout ce qui bougeait". En lui demandant d'où elle tenait ce chiffre, elle m'avait répondu que "c'était évident, tout le monde savait ça". Cette discussion m'avait pas mal interrogé et n'aurait pas été plus loin si je n'avais pas entendu d'autres déclarations de ce genre, envers d'autres hommes ou même envers moi ("Ah tu es polyamoureux ? T'es un gros queutard en fait ?" ai-je déjà eu droit à plusieurs reprises, sans aucune connaissance de mon parcours ni de qui j'étais).
Est-ce que je me trompe ? Est-ce que je vis dans le monde des calinours (bisounours pour nos ami.e.s français.e.s) ? Qu'en pensez-vous ?
(désolé pour le pavé et les éventuelles confusions/maladresses, ce sujet me taraude pas mal et je me suis laissé emporté par ma plume)
Discussion : [Texte] Les tribulations du couple dans la société contemporaine et l'idée d'un amour libre de Vincent Citot

Fimus
le lundi 13 juillet 2020 à 01h28
Un texte dense mais ô combien pertinent ! Je trouve qu'il pose bien les enjeux, les contradictions et les difficultés de notre époque en matière d'amour, d'intimité et de sexualité. C'est une très bonne idée que de le partager ! (D'ailleurs Le Philosophoire est une très bonne revue)
Message modifié par son auteur il y a un an.
Discussion : Café Poly Bordeaux

Fimus
le dimanche 08 mars 2015 à 16h12
Un intéressant moment d'échanges ! Effectivement à refaire très vite ! Et merci à Freelove pour l'organisation.