Envisager le polyamour
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Ulrich
le samedi 04 janvier 2025 à 16h14
Bonjour à tous,
J’aimerais avoir vos conseils et remarques sur la situation suivante.
Je suis marié avec L, la première femme avec qui je suis sorti, il y a 34 ans. Nous avons un peu plus de 50 ans.
Nous nous aimons. De mon côté, je qualifierai mon sentiment pour elle de « passion tendre ». Elle aussi m’aime vraiment, fort.
Nous avons plusieurs enfants, dont une en situation de handicap (j’y reviendrai).
Nous avons été éduqués de façon traditionnelle, très « morale ». Et, même si nous avons tous les deux pris intellectuellement nos distances vis-à-vis de ces valeurs, elles sont toujours prégnantes dans nos comportements.
J’ai eu une première relation avec une autre femme à 39 ans, après, donc, plus de 20 ans de monogamie. L a été au courant (je n’ai pas été assez discret et j’ai craqué lors d’un « interrogatoire » en règle…)
L’ironie du sort fait que L en a une une avec un autre homme de son côté… un mois avant moi, mais ne me l’a dit que 13 ans plus tard. Pendant tout ce temps, je me vivais comme un « pécheur » (je ne suis plus croyant depuis longtemps mais bon…) aux côtés d’une « sainte », éprouvant de la culpabilité de l’avoir « trompée ». Aujourd’hui, je suis en colère, non pas qu’elle ait eu un autre homme, je suis content pour elle qu’elle ait vécu cette expérience, mais qu’elle m’ait menti tout ce temps pendant que j’éprouvais cette culpabilité.
Depuis très longtemps, j’éprouve une insatisfaction affective et sexuelle. Cela ne signifie pas que cela ne fonctionne pas avec L sur ce plan, mais je ne me sens pas assez désiré. Je recherche une passion amoureuse plus intense.
Je l’ai trouvée avec N. Elle a quinze ans de moins que moi. Elle est très belle. Elle est mariée avec enfants, moi aussi. Je me suis dit qu’à côté de ma relation avec L, j’avais enfin déniché la personne idéale qui répondait à mes attentes. Nous nous sommes beaucoup attachés l’un à l’autre. Au point que N veut quitter son mari et refaire sa vie avec moi (malgré le cadre de la relation extra conjugale sur laquelle nous étions d'accord initialement).
Moi je ne veux pas quitter L. J’estime que, si je ne suis pas satisfait, cela n’est pas sa faute. Et puis, pour les parents d’enfants en situation de handicap, (ma fille approche les 18 ans mais sera bientôt placée sous notre tutelle), la situation est encore plus complexe. Ces enfants ont besoin d’une routine, de repères encore plus forts pour ne pas être insécurisés. Ma fille ne comprendrait pas que je quitte la maison. Enfin, je n’ai pas envie de m’appauvrir, d’appauvrir ma femme et ma fille en divorçant, ni de faire la fortune des avocats et des notaires. Bref, je ne veux pas choisir. Mais cela fait beaucoup souffrir N.
Après de multiples ruptures / réconciliations, N a accepté (pour l’instant) que continue notre relation extra conjugale. Elle souffre de ne pas avoir la plénitude d’une vie de couple avec moi. Elle est réfractaire à toute idée de polyamour. Elle est très blessée que je puisse même envisager cette possibilité, cela dévalorise à ses yeux l’amour que je lui porte. Elle veut être « la seule ».
L est très inquiète que je la quitte (je suis tenté de le faire à certains moments). L est prête à me laisser avoir quelques aventures sexuelles à condition de ne pas trop les voir. Elle ne veut pas théoriser, contractualiser quoi que ce soit, y compris si elle bénéficie en retour de la même liberté. Elle me dit qu’elle est « rangée des voitures » et que cela ne l’intéresse plus. Je la crois de bonne foi. Elle n’a connu qu’un autre homme en dehors moi durant toute sa vie. Mais bon… un autre système que notre couple théoriquement monogame pourrait peut-être lui profiter si l’occasion un jour se présentait pour elle.
Le mari de N est un homme très « classique ». Il se doute de quelque chose, cela le met en colère et il surveille N de près.
Je n’ai pas d'attirance particulière pour le polyamour. Les discours militants m’exaspèrent. Mais je vois aussi que le modèle du couple monogame est liberticide à partir du moment où l’un des deux n’est pas satisfait. Enfin, pour être honnête, l’enfant-roi qui sommeille en moi préférerait être un sultan turc avec un harem. J’y vois néanmoins une piste pour résoudre la situation, et suis prêt pour cela à évoluer. Après tout, je « partage » déjà N avec son mari. Et puis cela me permettrait de gagner en autonomie affective, de ne plus tout attendre d’une seule femme comme je l’ai longtemps fait.
Je ne sais pas pour le mari de N, mais je sais que L, N et moi souffrons tous les trois d’une grande blessure d’abandon. J’ai peur que nous ne soyons pas de taille les uns et les autres à nous lancer dans l’aventure : je ne sais pas comment nous réagirions les uns et les autres en sachant notre partenaire dans les bras d’un(e) autre.
Nous avons aussi des atouts : L et moi et N et moi, nous communiquons bien. Ce n’est pas le cas du mari de N, qui semble être quelqu’un de gentil, qui aime sincèrement sa femme, mais qui, a priori, risque de très mal réagir si N lui parle de cette façon d’envisager les relations. Pour lui, c’est un tabou.
Les « solutions » sont donc les suivantes.
1. Rester avec L, quitter N. Cela me rendra très malheureux car j’aime N de toute mon âme. Pas dit que L trouve son compte dans un mari neurasthénique. N en souffrira parce qu’elle m’aime sincèrement.
2. Quitter L, partir avec N : j’aime toujours L, d’un amour puissant, construit. Je vais la faire souffrir, ainsi que mes filles, notamment la dernière et je ne vois pas pourquoi je leur infligerais ça. Elles n’ont rien demandé. L me manquera. Après 34 ans de vie commune, c’est comme si elle « faisait partie » de moi. Et puis j’ai peur d’être la caricature du quinqua en crise qui n’a pas fait la part des choses entre sa crise perso et sa vie de couple (je travaille là-dessus, ma psy aura bientôt une résidence secondaire grâce à mes états d’âme ;-) Refaire ma vie ? Je n’y crois pas. Enfin, ça dépend des jours. Évidemment, une jeune femme, une nouvelle vie… C’est tentant mais j’ai peur que cela soit une illusion, j’ai l’âge de mes artères.
3. Rester avec L et avec N dans la clandestinité. L’histoire avec N en pâtit, et cela la rend malheureuse. Moi aussi, cela me pèse, parce que je la vois malheureuse et parce que notre amour est tout le temps bridé.
4. Tenter un nouveau modèle : ouvrir mon couple, aller vers le polyamour…
Le problème est que je suis aujourd’hui le seul des quatre qui envisage cela comme une solution. Même si elles acceptaient, L et N ne le feraient peut-être que pour moi, sans être convaincues. Enfin, c’est peut-être déséquilibré car, en en parlant à son mari, N prend le risque de voir son couple voler en éclat, alors que moi, j’ai déjà dit à L que j’étais amoureux de N et cela ne s’est pas trop mal passé au bout du compte.
Que feriez-vous à ma place ?
Je suis preneur de toute remarque ou conseil, y compris si elles sont critiques vis-à-vis de la piste polyamoureuse car ce n’est peut-être pas LA solution. On lit beaucoup de choses positives sur ce site, j’aimerais connaître l’envers du décor.
J’aimerais lire des témoignages de gens dans ma situation qui ont tenté d’ouvrir leur couple, qu’ils me disent si ça a marché ou raté, ce que cela leur a apporté ou pas. J’aimerais aussi lire des témoignages d’hommes qui vivent bien que leur partenaire féminine aient d’autres partenaires qu’eux, et comment ils s’y prennent. J’aimerais enfin lire des témoignages de personnes qui pratiquent le polyamour durablement avec les mêmes partenaires, disons depuis… 34 ans ?
Je vous remercie.
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Miamou (invité)
le dimanche 05 janvier 2025 à 11h45
Bonjour,
Tout d'abord, je te trouve assez lucide.
Ta femme semble en accord pour que tu aies une forme de relation à l'extérieur sans vouloir y être réellement ou trop confrontée d'après ce que tu dis. Ton amoureuse ne souhaite pas que tu poursuives ta relation avec ta femme.
J'ai l'impression que si, dans un moment de crise personnelle, tu es en capacité de te dire que tu ne veux pas quitter ta femme parce que tu l'aimes et qu'elle te manquerait (en plus du reste au niveau pratique mais c'est moins la base), c'est que vraiment, si tu la quittais, tu le regretterais. Avec tout ce que ça implique, dans une vie commune avec une personne avec qui tu as la chance de vivre une passion exacerbée par l'adultère etc, mais dont tu n'as probablement aucune idée de "qui elle est dans le quotidien".
(Après ça ne veut pas forcément dire vie commune de quitter l'une, mais ça veut dire au minimum que ta vie commune avec ta femme est terminée).
Refaire sa vie, ça ne me semble pas illusoire, c'est tout à fait possible. Mais pas quand tu aimes la personne avec qui tu es depuis plus de 30 ans et que tu devrais quitter pour se faire.
Je suis très étonnée par ton impression positive de ce que tu lis sur ce site.
Bref, j'ai l'impression que tu as peu de réelles alternatives en main. Ton amoureuse n'a pas envie de te partager avec ta femme, ta femme de manière modérée mais semblerait moins fermée et ça aurait l'air bien complexe pour le mari de ton amoureuse, qui va probablement se prendre un tsunami dans la figure.
Rien n'est impossible, mais le polyamour dans ces conditions, des red flag partout, des bases aussi fragiles, c'est ça qui me semble illusoire.
Je te souhaite un bon cheminement.
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Ulrich
le dimanche 05 janvier 2025 à 12h58
Merci beaucoup Miamou.
Tu as raison je tempère mon jugement sur le côté positif des témoignages du site. Le hasard a fait que j’en ai lu plusieurs dans cette tonalité au début mais la balance s’est rééquilibrée depuis, je vois que beaucoup galèrent.
Effectivement, comme tu dis, j’ai peu d’alternatives. Je suis un peu dans la m…
Merci encore pour ton écrit tout en nuances.
Message modifié par son auteur il y a 8 mois.
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crest
le dimanche 05 janvier 2025 à 13h15
Bonjour Ulrich,
D'après ton récit, la plus grande difficulté semble provenir du souhait de N que tu quittes L, alors que tu ne le souhaites pas.
D'où sans doute les multiples ruptures / réconciliations avec N que tu mentionnes ?
Ulrich
Après de multiples ruptures / réconciliations, N a accepté (pour l’instant) que continue notre relation extra conjugale.
Tu indiques aussi :
Ulrich
Elle souffre de ne pas avoir la plénitude d’une vie de couple avec moi.
Qu'est-ce que ce serait concrètement cette vie de couple ? Te voir aussi souvent qu'elle le souhaites ? Le faire sans se cacher ? Former une famille recomposée et s'occuper avec toi de tes enfants ?
Ulrich
Enfin, c’est peut-être déséquilibré car, en en parlant à son mari, N prend le risque de voir son couple voler en éclat, alors que moi, j’ai déjà dit à L que j’étais amoureux de N et cela ne s’est pas trop mal passé au bout du compte.
L est-elle au courant que N souhaite que tu la quittes ?
Message modifié par son auteur il y a 8 mois.
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Ulrich
le dimanche 05 janvier 2025 à 14h12
Bonjour Crest,
Pour la 1ère citation, oui c’est cela.
Après, comme nous en avons beaucoup discuté, cette idée fait désormais partie des possibles alors que je la rejetais catégoriquement au début. J’aime N et je pourrais vivre avec elle. C’est le total de souffrances cumulées qui m’effraie : pour le bonheur incertain (car pour moi cela serait très dur de vivre sans L) de 2 personnes on en fait souffrir 7 (enfants et conjoints)
Moi je préférais une solution où tout le monde fait un pas.
Pour la 2, elle souffre principalement de mon absence. La situation lui pèse aussi car, soit nous sommes proches, et notre passion très forte lui fait négliger le reste de sa vie, soit elle me quitte (elle l’aura bientôt fait une dizaine de fois…) mais je lui manque et elle revient « malgré elle ».
Par ailleurs elle a un désir d’enfant et serait ok pour une famille recomposée.
Concernant la 3, L est au courant que N veut que je la quitte. Elle réagit de façon pacifique. Pour elle la question n’est pas qu’elle ait une « rivale » mais de savoir si je souhaite que notre couple perdure.
Merci pour ton intérêt.
Message modifié par son auteur il y a 8 mois.
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Miamou (invité)
le dimanche 05 janvier 2025 à 14h18
Il n'y a pas de quoi.
Je ne sais pas si tu es dans la m...mais en tous cas tu te trouves au moment de faire un choix.
Celui de chercher ailleurs la relation à vivre en parallèle de celle avec ta femme, qui te permettrait de vivre ce que tu cherchais au départ, par rapport à ta vie affective et sexuelle, sans quitter la construction de vie partagée avec ta femme et tes enfants...et ce que ça implique comme perte sentimentale.
Celui de quitter ta femme et de vivre pleinement ta relation avec ton amie... et ce que cela implique comme perte de sentimentale, de sécurité affective et matérielle.
Celui d'accompagner N. Dans le deuil que peut représenter le polyamour par rapport à la monogamie. Le deuil de la relation idéalisée avec toi, par rapport à la déconstruction de la jalousie, de la norme, de la vie commune.
D'accompagner ta femme dans ce même cheminement, le partage du temps, la gestion de la jalousie, le changement au niveau de la gestion quotidienne par rapport aux charges, aux enfants, de la peur d'abandon etc etc.
Le risque est réel que ta femme ne supporte pas cette manière d'être en relation et parte.
Que N ne supporte pas non plus et te quitte (mais dans cette relation, vous vivez déjà cela dans la pratique, ça a peut-être une autre dimension que si ça se produisait avec ta femme?).
Mais bon, c'est un risque qui est aussi présent dans la monogamie. Après, le risque avec ta femme est sûrement moindre sans ça qu'avec.
Simplement, là tu as des éléments tangibles qui montrent que N n'est clairement pas pour. Que L n'a pas l'air vraiment preneuse.
Sans reparler du mari.
Finalement, j'ai l'impression que le polyamour, ça peut être beau là si ça marche, mais que le risque de perdre les deux relations est plus important.
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crest déconnecté (invité)
le dimanche 05 janvier 2025 à 16h17
Ton histoire me fait penser à la mienne vécue il y a 10 ans. Je me suis aussi retrouvé piégé dans une situation où pour moi le polyamour faisant sens, mais où j'étais le seul à le concevoir, avec beaucoup de pression de la part de ma nouvelle amoureuse pour que je quitte la mère de mes enfants, une passion ++ et une énorme envie de vivre cette passion elle et moi, une envie de famille recomposée de sa part (pas forcément chez moi), des tentatives de rompre avec elle ou elle avec moi.
Finalement, j'ai "choisi" la rupture et de démarrer une nouvelle histoire avec cette personne. C'était un non-choix car je ne supportais plus ma vie en général et j'avais besoin de changements radicaux dans ma vie que la mère de mes enfants refusaient. Ma nouvelle relation a été ce qui m'a permis ces changements.
Cette nouvelle relation a duré 3 ans et s'est achevé dans une rupture douloureuse et traumatisante pour moi.
Si je ne regrette pas la rupture avec la mère de mes enfants, je pense que cette pression pour la quitter n'était pas normal et aurait du d'avantage m'alerter à l'époque. ça a eu des conséquences par la suite. Je crois que j'étais très exigeant (en terme d'attentes) avec cette nouvelle relation en raison du coût émotionnel assez énorme que la rupture avec la mère de mes enfants (une relation d'une dizaine d'année) ; car ça a été une décision très difficile à prendre pour moi. Moins pour elle qui avait déjà pensé à quitter son compagnon de l'époque plusieurs fois.
Si c'était à refaire, dans les conditions de l'époque, j'aurais tenté de faire discuter les 4 protagonistes.
Le plus rationnel et juste aurait été de tenter le polyamour, permettant de repousser les décisions de rupture pour en faire quelque chose de peut-être moins brutal et traumatisant. Le problème des relations exclusives c'est que c'est une énorme claque à la rupture. Je pense que la voie des relations non-exclusives ouvre la voie vers d'autres façon de relationner (quand bien même on aurait 1 seule partenaire privilégié).
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Ulrich
le dimanche 05 janvier 2025 à 16h48
Merci Crest.
En quelque sorte tu dis que ta 2ème relation a payé le prix de la rupture « traumatique » avec la mère de tes enfants.
Tu dis aussi que ce n’est pas « normal » que ton amoureuse de l’époque t’ait mis la pression. Est-ce que cette pression s’est traduite ensuite dans le reste de la relation, est-ce que tu penses que cela correspond à un profil de personnes (possessives…) ?
Sans vouloir être trop indiscret, et sens-toi libre de répondre ou pas, est-ce que tu vois d’autres causes d’échec qui expliqueraient que cette passion amoureuse n’ait pas perduré au-delà de trois ans ? Y a-t-il d’autres dangers sur lesquels tu alerterais quelqu’un qui voudrait se lancer dans cette voie ?
Message modifié par son auteur il y a 8 mois.
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crest déconnecté (invité)
le mardi 07 janvier 2025 à 11h32
Pour te répondre Ulrich je crois que, pour cette "nouvelle relation" de l'époque dont je parle, vraiment très passionnelle, je crois qu'on s'est rendu esclaves d'une intensité émotionnelle qu'on a voulu opposer à nos anciennes relations, et peut-être à toutes nos anciennes relations (en se disant, "ça y est c'est trop bien, c'est la relation que j'ai toujours voulu avoir, une passion amoureuse véritablement réciproque" et cette énergie était grisante, je m'en suis clairement servie pour mener ma vie comme je l'entendais ; était-ce le cas pour elle à la même hauteur ? j'en doute aujourd'hui.).
L'autre facteur dans la séparation, c'est le projet de faire famille (recomposée) que je n'avais pas tellement (et qui ne me semblait pas réaliste d'imposer aux enfants qui avaient vu souffrir longtemps l'autre parent de la séparation), ce qui a créé une distance quand c'est devenu manifeste que je n'allais pas me forcer à aller d'avantage dans cette direction. La chronologie de cette relation m'est un peu floue, mais pour elle le désamour s'est peut-être installé à ce moment-là, puis il est apparu dans les parages un autre homme dont elle est tombée amoureuse d'une autre personne, notre relation ayant explosé après qu'elle soit passé à l'acte avec lui (elle a ensuite souffert de cette relation où pour le coup l'élan amoureux n'était pas du tout réciproque).
L'autre aspect est que notre couple était bien trop étouffant pour elle, elle avait besoin de plus d'autonomie, de temps seule, de temps avec d'autres, tandis que je m'étais rendu très dépendant de cette relation, avec un sentiment amoureux qui lui n'avait pas faibli. Après notre séparation le différence de trajectoire prise entre elle et moi dans nos activités concrètes et nos aspirations était nette.
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Intermittent
le mardi 07 janvier 2025 à 14h14
Ulrich
Le problème est que je suis aujourd’hui le seul des quatre qui envisage cela comme une solution.
Normal, qui à part toi à quelque chose à gagner en acceptant cette "solution" ?
Ta femme peut perdre son conjoint, ta maitresse son amant ou son conjoint, le mari de ta maitresse sa femme.
La passion amoureuse, c'est toi qui la vit, les autres n'en voient que les mauvais côtés. Pour le consentement éclairé et enthousiaste de tout ce petit monde, ce n'est pas gagné ...
/-hH-/Poly-yes-Polyamour-20-la-question-du-consent...
Comme Miamou, je m'étonne que tu ne vois que les témoignages positifs du polyamour sur ce site.
Il y en a beaucoup qui arrivent un peu "cabossés" ....
Message modifié par son auteur il y a 8 mois.
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Intermittent
le mardi 07 janvier 2025 à 14h23
Christophe André
Bon alors, ne tergiversons pas. À la question « Faut-il céder à la passion amoureuse ? », ma réponse est non, surtout pas ! Céder à l’amour, oui, à la passion, non !Attention, je vous parle de la vraie passion, hein, pas de la passion des timbres-poste ou de la peinture sur soie, pas des lubies, des marottes et des inclinaisons. Non, la passion-passion ! Celle qui cogne sur la cervelle, qui met la pagaille dans nos vies, et dans celles des autres parfois…
En tant qu’humain, je me méfie un peu de la passion, parce qu’elle entraîne souvent souffrance et aliénation. En tant que médecin, je m’en méfie beaucoup.
Lorsque j’étais étudiant en psychiatrie, je me souviens que nos vieux maîtres nous enseignaient qu’il existe trois grandes familles de « délires passionnels » : délires érotomaniaques, délires de jalousie et délires de revendication. J’en ai vu ensuite les dégâts sur pas mal de patients, et sur leurs victimes.
Et j’ai vite eu la conviction que la passion, ce n’est beau que de loin : dans les romans, les films, les chansons…
« Que je t’aime » : c’est beau ! Mais malheureusement, c’est le ressort de ce qu’on appelait jadis dans les faits divers les crimes passionnels ; des féminicides, le plus souvent : « je t’aime, je t’aime passionnément, je t’aime tellement que je te tue si j’ai l’impression que tu ne m’aimes plus… »
La passion, c’est une émotion devenue folle, comme une possession : « c’est en moi, c’est plus fort que moi, et c’est à propos d’un objet extérieur à moi ; donc ça me rend dingue. » Gros ennuis à venir. Cela ne concerne pas que la passion amoureuse d’ailleurs. Le philosophe Alain décrivait trois formes de passion : amour, pouvoir, argent. Et il ajoutait juste après : « 20 ans, 40 ans, 60 ans ». À chaque âge ses plaisirs, ses menaces et ses passions…
Bon, allez, pour être tout à fait honnête, je reconnais qu’il il y a de grands défenseurs de la passion, comme Hegel, par exemple : « Rien de grand ne s’est accompli dans le monde sans passion. »
Et figurez-vous d’ailleurs que, depuis une vingtaine d’année, des chercheurs en psychologie québécois étudient les passions de près, et m’ont aidé à nuancer un peu mon regard. En fait ils ont travaillé sur les passions pour des activités (comme le sport, le travail, l’art), et ils les définissent comme un engagement majeur en temps et en énergie dans une domaine qui nous intéresse et nous apporte un plaisir intense.
En ayant suivi et étudié plusieurs milliers de passionnés, ils concluent qu’il existe deux sortes de passions, bien différentes.
Une passion qu’ils appellent « obsédante », nous dirions « dévorante », qui domine les personnes concernées, qui sont alors prêtes à sacrifier à peu près tout de leurs équilibres existentiels (sentimentaux, familiaux, amicaux, professionnels, financiers). C’est une passion qui réduit leur liberté, leur ouverture au monde, leur équilibre intérieur.
Et puis, ils décrivent une autre forme de passion : mesurée, contrôlée, qui n’empêche pas d’autres engagements personnels, d’autres sources de bonheur. Une passion forte, mais raisonnée, capable de se mettre en sourdine de temps en temps. C’est-à-dire une passion… dépassionnée. Est-ce encore une passion ?
Non, c’est juste de l’amour : pour une personne, pour une activité. On en revient à notre équation du début : ce qu’il y a de meilleur dans la passion, ce n’est pas la folie de la passion c’est la force de l’amour.
Ne vous passionnez pas, aimez ! Et n’oubliez pas ce qu’écrivait Stendhal : “Un peu de passion augmente l’esprit, beaucoup l’éteint.”
Bon, je sais, ca casse l'ambiance mais il y a dans cette affaire beaucoup de dégâts potentiels en puissance ....
Message modifié par son auteur il y a 8 mois.
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Jack Haddy (invité)
le mardi 07 janvier 2025 à 15h00
Je vois des dégâts potentiels en puissance dans toute type d'orientation relationnelle, et au final dans toute relation impliquant des sentiments.
J.
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Miamou (invité)
le mardi 07 janvier 2025 à 15h25
Quel que soit le mode relationnel, c'est un fait.
Qu'un contexte si défavorable puisse empoisonner le passage d'un mode relationnel à un autre, me semble en être un aussi.
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Florflore
le mardi 07 janvier 2025 à 15h40
Intermittent
Bon, je sais, ca casse l'ambiance mais il y a dans cette affaire beaucoup de dégâts potentiels en puissance ....
Message modifié par son auteur il y a une heure.
Merci @Intermittent pour ce post.
Très intéressant (à mon niveau) ;)
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MPB
le mardi 07 janvier 2025 à 16h44
Merci @Intermittent, ça me parle aussi ;)
Et je pense que ce post a sa très juste place ici...
@Ulrich, pour avoir vécu en très gros à peu près la même chose que toi (si ce n'est que ma "deuxième relation" s'est rendue entièrement disponible pour moi en quittant son conjoint, donc il n'y avait même pas ce "garde-fou" là), je peux te dire que je vois des red flag partout. Après, je ne vais faire que répéter ce que j'ai vu ci-dessus : le consentement éclairé et enthousiaste, c'est vraiment la base. Et surtout, cette pression que met N. pour quitter ta femme est très dure, je trouve (et encore une fois je l'ai vécu, moi aussi j'ai failli en arriver là, et je me félicite tellement de ne pas l'avoir fait. Mais chaque histoire est différente...)
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Intermittent
le mardi 07 janvier 2025 à 18h40
Jack Haddy
Je vois des dégâts potentiels en puissance dans toute type d'orientation relationnelle, et au final dans toute relation impliquant des sentiments.
J.
Certes, mais là c'est puissance deux .... Plus de monde concerné, plus de dégâts potentiels.
Pour au final, un gagnant et encore pas sûr, on le voit sur le post au dessus ...
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Balthazar1 (invité)
le mercredi 08 janvier 2025 à 08h06
Je connais bien cette situation et je crains que la seule issue est que N. accepte de mettre de l'eau dans son vin.
Vous avez bcp de chance d'avoir une épouse qui tolère la situation.
Que veut N. exactement ? Derrière le désir de vivre avec vous ? Les tempéraments exclusifs sont parfois grisants mais ne sont pas les plus faciles à vivre.
Passer du bon temps avec son amoureux et son amoureuse n'a rien à voir avec le partage du quotidien.
Je m'étonne que votre psy ne vous ait pas incité à prendre du recul.
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Miamou (invité)
le mercredi 08 janvier 2025 à 09h07
En fait, je pense que ce qui n'est pas suffisamment pris en considération, c'est qu'@Ulrich, semble de plus en plus prêt à envisager de quitter L et sait très bien que N ne fera pas de concession. Dans nos commentaires on reste braqués sur le fait qu'au départ il ne voulait pas quitter L. Que son idéal serait de vivre les deux relations mais qu'il est maintenant réellement envisageable pour lui de la quitter.
En gros, j'ai l'impression qu'on est plus dans la crainte de ne pas savoir si ce choix lui permettrait de faire tenir la relation avec N sur du long terme, alors que les conséquences seraient importantes. On est moins dans la peur de quitter L ou de l'amour par rapport à elle.
C'est un risque à prendre dès lors que tu peux envisager de quitter L (tu dis être tenté et l'envisager alors qu'avant ce n'était pas le cas) alors qu'il semble inenvisageable de quitter N. Seul l'avenir pourrait dire si tu as fait le choix qu'il te fallait pour être heureux. Etre heureux à 100%, c'est juste un leurre.
Comme la situation et même les questions ne me font penser en rien au polyamour, j'ai envie de dire que si tu aimes N plus que L, alors...
Qu'on parle des red flag, de l'apparente rigidité dans certains comportements de N ou du fait qu'il a de la chance que L tolère la situation, n'y changera rien.
Juste, par rapport aux enfants: le désir d'enfants et le fait de faire famille recomposée, n'a absolument rien avoir. Ça, ça me semble quelque chose de fantasmé.
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Florflore
le mercredi 08 janvier 2025 à 11h15
J'ai lu ce post depuis le début, mais je n'avais pas eu encore le courage ou pris le temps d'y répondre.
Et pourtant, @Ulrich je suis dans la même situation que vous (avec 10 ans de moins, nous avons 40 ans et 20 ans de vie commune, 3 enfants). Mais le reste est similaire et n'est qu'une classique histoire d'adultère et non de polyamour une fois encore.
Mon mari a rencontré une autre femme, plus jeune qui était prête à quitter son mari pour le mien. Lui ne veut pas me quitter, alors il garde les 2 relations avec toutes les souffrance qui vont avec. Elle lui met aussi bcp la pression pour qu'il me quitte, ne supporte pas ma présence à ses côtés, etc... je ne vais pas entrer ici trop dans le détail, n'hésitez pas si vous avez des questions.
Mais clairement, je suis donc à la même place que votre femme et je peux vous dire ce que j'attends de lui si ça peut vous aider à voir votre situation différemment.
Je ne lui ai jamais demandé de la quitter, bien que je n'accepte pas ce qu'il fait je peux éventuellement le comprendre mais ce qui me blesse et me détruit c'est la place qu'elle prend. Ils ont construit une relation monogame alors qu'ils sont tous les 2 en couple ! Prônant l'exclusivité et la jalousie qui va avec. Et ça c'est le plus dur à vivre.
C'est un choix que vous seul allez faire et l'imposer aux 3 autres puisque les 3 autres ont déjà pris leur décision mais ne peuvent pas l'appliquer par rapport à vous. Donc maintenant c'est à vous de décider, mais l'essentiel est d'être honnête avec soi même et honnête avec L et N. Si vous continuez avec N et L, ne négligez pas L sous prétexte que tout est tout beau tout neuf avec N. L aura d'autant plus besoin de votre présence et de votre amour que N existe. Et que N soit aussi consciente de la situation dans laquelle elle s'engage, que ca ne correspond pas à ce qu'elle aurait souhaité mais qu'elle accepte puisqu'elle decide de rester aussi (bon clairement je ne suis pas objective sur la place de N, mais vous me comprendrez ;) )
C'est un long chemin laborieux et douloureux que vous emprunterez si vous choisissez cette voie, faut le savoir avant d'y aller et surtout ne pas penser que c'est ça le polyamour.
Pour rebondir ce que dit Miamou qui est très juste, les enfants n'ont rien à voit dans cette situation (ils ne font que la subir) le choix est dans votre cœur et votre tête, à vous de trouver le bon équilibre.
Je vous souhaite bcp de courage et n'hésitez pas.
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Florflore
le mercredi 08 janvier 2025 à 11h26
Ulrich
Après de multiples ruptures / réconciliations, N a accepté (pour l’instant) que continue notre relation extra conjugale. Elle souffre de ne pas avoir la plénitude d’une vie de couple avec moi. Elle est réfractaire à toute idée de polyamour. Elle est très blessée que je puisse même envisager cette possibilité, cela dévalorise à ses yeux l’amour que je lui porte. Elle veut être « la seule ».
L est très inquiète que je la quitte (je suis tenté de le faire à certains moments). L est prête à me laisser avoir quelques aventures sexuelles à condition de ne pas trop les voir. Elle ne veut pas théoriser, contractualiser quoi que ce soit, y compris si elle bénéficie en retour de la même liberté. Elle me dit qu’elle est « rangée des voitures » et que cela ne l’intéresse plus. Je la crois de bonne foi. Elle n’a connu qu’un autre homme en dehors moi durant toute sa vie. Mais bon… un autre système que notre couple théoriquement monogame pourrait peut-être lui profiter si l’occasion un jour se présentait pour elle.
Le mari de N est un homme très « classique ». Il se doute de quelque chose, cela le met en colère et il surveille N de près.
J'ai relu votre post et ceci m'a vraiment interpellé à quel point ça sent le vécu pour moi.
Le plus grand danger c'est ça : " elle veut être la seule "
Si vous gardez les 2 ce ne sera jamais le cas !
Et ne négligez pas le mari !! Dans mon cas il n'est que peu présent, une chance pour eux mais ce n'est pas tjs le cas !