Un polyamour qui me ronge
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BlackOrchid
le lundi 22 août 2022 à 14h44
Cerise du matin
@BlackOrchid
Si ça avait été un homme je pense que son discours aurait changé. Personne ne peut me regarder dans la rue sans qu’il dévisage ou demande qu’ils regardent leurs femmes avec la même insistance plutôt que celle des autres. Je sais que ça le mettrait dans une position inconfortable du coup ça ne me vient même pas à l’esprit de lui faire « subir » ça.
Dans ce cas là, il n'est pas polyamoureux totalement non plus. A voir... Peut-être envisager une discussion sur le fait que toi aussi, tu ailles voir une autre personne, un homme, pour voir sa réaction. Car si vous voulez tous les deux être fusionnels l'un avec l'autre, et qu'il n'a pas encore de sentiments amoureux à chaque fois pour les autres personnes, est ce que ce n'est pas plutôt du libertinage, un couple ouvert, voir de l'échangisme, qu'il recherche ? Il faut retravailler la discussion, car là, il y aurait déséquilibre que toi, tu puisses tomber amoureuse d'une femme, et pas d'un homme, alors que lui pourrait aller voir le sexe opposé sans soucis.
Et du coup, sinon, peut être n'est ce pas fait pour vous, effectivement. Il ne faut pas que cela te torture.
Une psy, cela t'aidera. Et tu sais pourquoi on pleure chez un psy ? Parce que c'est un endroit où on peut être soi, s'ouvrir, se confier, c'est un lieu uniquement dédié à toi et ton bien-être mental, un lieu où (à moins d'un très mauvais psychologue ou psychiatre) on ne te jugera pas. Tu peux tout dire. Et quand on comprend cela, il y a tout ce qu'on contient tout le temps, pour faire semblant, pour être fort, qui se relâche. Les barrières s'abaissent. Et il n'y a aucun problème à cela. Le/La psychologue est là pour recevoir cela, te laisser le temps. J'ai moi-même voulu être psychologue et j'ai suivi 3 plus ou moins longues thérapies. Et ça manque, quand on se sent seule, pas écouté, qu'on a pas envie d'embêter les autres, qu'on ne sait pas à qui parler (parce que personne autour de soi, ou pas les bonnes personnes), qu'on a pas envie de ressasser les mêmes problèmes, quand on a peur d'être jugé, ça manque quand on ne voit plus de psychologue. Et il y a des insécurités qui viennent tellement de loin, ou qu'on a subi tellement de fois, ou des traumatismes, qu'il faut du temps. J'ai encore du mal à être totalement indépendante affectivement, mais oui, tu peux t'en sortir, ou moins le faire subir aux autres et apprendre peut-être pas à t'aimer mais à essayer de te supporter ^^ (et si tu apprends à t'apprécier et à éprouver du plaisir dans des activités seules, Jackpot !)
Courage à toi ! Reviens nous dans quelques séances et quelques discussions. Prends le temps de changer ta vie en mieux. Sauf si ta vie te rends déjà heureuse comme cela, alors ne change rien ^^
Cerise du matin
@BlackOrchid
L’idée des petits papiers est top. Je trouve ca chou. Je sais que ça ne lui ressemble pas donc je sais qu’il ne le fera pas. Mais je trouve ça vraiment chou 🥰
Qui ne tente rien n'a rien ! Et si cela te rassure, je pense qu'il le fera, s'il souhaite vraiment expérimenter le polyamour !
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.
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Papaye (invité)
le lundi 22 août 2022 à 20h58
Bonsoir Cerise (quel joli prénom !)
C'est le titre de ton sujet qui m'a interpellée. Je ne dis pas que rien ne vaut la peine qu'on se fasse violence : parfois, c'est pour accoucher d'une meilleure version de soi-même. Mais un truc qui me ronge, perso, je laisse pas ma main dedans...
Ça a un côté valorisant, de cocher la case "amours éthiques", de ne pas être "la copine coincée qui fait chier avec sa jalousie". Mais il ne faut pas que la déconstruction vire au démolissage. Parfois, des trucs ne sont pas pour nous. Et c'est ok, à part dans le monde de la pureté militante.
Il me semble que ce sont souvent les femmes qui, dans une situation comme celle-ci, sont prêtes à énormément d'efforts (lectures, rdv chez divers thérapeutes...) pour "se changer", y compris quand leur compagnon ne l'exige pas, ou à l'insu de celui-ci. Y compris, aussi, quand dans la situation inverse elles seraient tout à fait prêtes à laisser tomber pour que leur compagnon retrouve sa santé mentale. C'est quelque chose qui m'interroge dans ta situation (je suis aussi une femme). Peu de femmes s'autorisent à dire stop, même quand visiblement c'est ce dont elles ont le plus besoin, là, maintenant.
Te voir t'éloigner le fera forcément réagir. La fuite, parfois, ressemble aussi à un test, ou à un moyen de transférer à l'autre la responsabilité d'une décision. Il est évident, vu ce que tu dis, qu'il tient à toi et à votre couple. Qu'attends-tu de lui dans cette situation ?
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Cerise du matin (invité)
le lundi 22 août 2022 à 21h25
@Papaye
Bonne question.
J’attends qu’il soit heureux. Ce et tout ce que je lui ai toujours souhaité. Et s’il devait ressentir de la déception je ne souhaite pas que cela soit à cause de moi.
Ce n’est même pas que je ne le souhaite pas.
Je n’y arriverais pas.
Je peux pas encaisser ça. Sérieusement. C’est viscéral. Encore plus que tout ça finalement.
Je suppose qu’en tant que femme c’est notre rôle. Prédéfini. Depuis toujours. Je suis pas adepte des discours sur le patriarcat donc je n’irais pas fouiner plus loin mais je suppose que j’ai toujours fonctionné comme ça. Je m’adapte. Je deviens celle dont ils ont besoin.
Mais je suppose que tout le monde fonctionne plus ou moins comme ça.
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Alinea7
le lundi 22 août 2022 à 23h43
Encore une pensée, vue ton manque d'estime de toi, je me demande si tu n'as pas tendance à saboter votre relation involontairement, dans le sens où comme tu ne crois pas qu'il puisse t'arriver quelque chose d'aussi chouette que votre relation, que tu puisses le mériter et que ça puisse durer.
Et si c'est le cas, comment se place la démarche du polyamour là dedans.
Je me demande même si tu n'es pas persuadée au fond de toi que tu vas être abandonnée à un moment où à un autre et que tu préfères l'anticiper ou le provoquer : d'où l'idée que s'il est déçu tu préfèreras le quitter (alors même qu'il pourrait être encore plus déçu à cette idée).
Ce qui fait que le polyamour, c'est pas que c'est impossible (d'autant plus que tu as l'air d'y tenir), c'est que c'est une marche un peu haute dans l'immédiat, sans adresser tout ça d'abord, si c'est quelque chose qui te motive. A moins que vous parveniez à imaginer une marche moins haute ?
Pour ce qui est de pleurer en séance de thérapie...quand on vit une situation traumatique, nous nous déconnectons de la partie de nous qui souffre, et nous adoptons des comportements pro-actifs d'évitement des situations qui pourraient permettre de revivre cette souffrance, et des comportements réactifs qui permettent d'éteindre la souffrance lorsqu'elle se reproduit. Mais la partie de nous qui souffre reste là, protégée, sans savoir que le temps passe et que la situation est terminée. Pour se guérir de ces traumatismes, on se reconnecte à ces souffrances, forcément on remue des choses douloureuses, et c'est pas agréable, et en même temps ça fait du bien. Ne serait-ce que réaliser qu'on peut être confrontée à une même situation sans que la souffrance+++ soit la seule issue.
Tu dis que tu es pénible et que ton partenaire fait beaucoup d'efforts. Est-ce que c'est toi qui te sens pénible ou est-ce que c'est quelque chose qu'il te fait sentir ? Est-ce que d'autres personnes t'ont fait te sentir pénible ? D'où te vient cette idée que prendre en compte l'être aimé est quelque chose qui pèse aux gens qui nous aiment ? Est-ce que dans le fait d'aimer quelqu'un il n'y a pas justement ça, vouloir le bien de l'autre ? Est-ce que ce n'est pas encore cette part de toi qui est certaine qu'elle va être abandonnée, qui cherche comment ne pas être pénible constamment, pour ne pas le provoquer, et qui liste chaque élément qui pourrait indiquer que tu es pénible ? Ou bien parce que tu ne supporterais pas que lui te fasse te sentir pénible, dans le sens où tu te sentirais rejetée puissance extra forte. Et l'énergie que ça te coûte, de constamment t'évaluer par rapport à cette pénibilité, est-ce que ça ne provoque pas une envie d'être perçue comme telle et enfin rejetée, pour pouvoir te foutre un peu la paix, et parce que ça serait cohérent avec ce que tu penses qui va de toute façon se passer à plus ou moins long terme ?
Et puis, le fait de voir ton partenaire comme si supportif et tolérant de tes difficultés, ça augmente l'estime que tu as pour lui, attention à ne pas en déduire l'idée de ne pas le mériter, de ne t'en trouver que plus pénible, de ne l'en trouver que plus admirable, etc. C'est un sacré cercle vicieux aussi. Prends soin de lister aussi tes qualités !!!
Par ailleurs, nous sommes tous différents et de plus en plus de différences sont listées qui permettent aux gens de mieux s'accepter. Peut-être as tu une différence invisible ? La liste est longue dans le domaine de la neuro-atypie.
Ce qui est sûr c'est que rien qu'avoir toutes ces réflexions montre le soin que tu portes à votre relation et c'est déjà une qualité.
Ton éthique t'empêche de trouver normal de profiter de la non exclusivité relationnelle sans que ton partenaire puisse en faire autant, et ça aussi, ça n'est pas tout le monde que ça étouffe.
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.
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Siestacorta
le mardi 23 août 2022 à 08h30
alinea7
vue ton manque d'estime de toi, je me demande si tu n'as pas tendance à saboter votre relation involontairement, dans le sens où comme tu ne crois pas qu'il puisse t'arriver quelque chose d'aussi chouette que votre relation, que tu puisses le mériter et que ça puisse durer.
Et si c'est le cas, comment se place la démarche du polyamour là dedans.
(======> ...)
Et puis, le fait de voir ton partenaire comme si supportif et tolérant de tes difficultés, ça augmente l'estime que tu as pour lui, attention à ne pas en déduire l'idée de ne pas le mériter, de ne t'en trouver que plus pénible, de ne l'en trouver que plus admirable, etc. C'est un sacré cercle vicieux aussi. Prends soin de lister aussi tes qualités !!!
Merci de pousser vers cette réflexion, j'ai tenté d'aller dans ce sens avec moins de subtilité :-)
D'une façon générale, mais encore plus dans un parcours compliqué avec des réactions apprises en fonction, on devrait moins dire "je suis comme ça" que "je suis devenu comme ça". Et donc, ce pouvoir qu'on a eu de changer pour survivre est le même que le pouvoir de changer pour vivre : on peut pas devenir quelqu'un qui n'a jamais souffert, mais on peut devenir quelqu'un qui réagit à autre chose qu'à la peur de souffrir.
Et oui, @Cerise, ce qu'on raconte là c'est lié à ta question sur le polyamour. Les relations amoureuses avec nos partenaires comme avec (l'existence) des partenaires de partenaires, ça se construit avec comment on ressent. Si c'est par lutte contre la souffrance qu'on crée son cadre amoureux, la souffrance et la lutte seront toutes les deux des éléments importants.
Je dis pas du tout qu'il faut être bien dans ses pompes pour être en relation, je dis que choisir comment on les fait (exclusives ou non, plus ou moins fusionnelles, plus ou moins avec de la famille passée ou à venir) comme réponse à une souffrance a des effets. Pas que des mauvais, mais généralement ça demande de travailler son rapport à soi pour que le rapport à l'autre puisse être confiant - dans les deux sens. Et comme je disais, le polyamour est un accélérateur d'émotions et de sentiments, donc tous ceux qui se baladaient dans ton crâne dans un cadre monogame vont venir s'exprimer plus souvent et parfois différemment dans des cadres non-exclusifs.
Contrairement à ce que tu a lu sur Facebook, je te dirai pas "c'est pas pour toi". Je pense que si tu le cherches comme ça, c'est qu'une partie de toi y voit quelque chose, imagine quelque chose.
Mais je dis que pour être bien avec cette recherche, il faut que tu la regarde dans son ensemble, dans qui tu es pour voir comment être bien.
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.