Relation entre mon ex et ma meilleure amie
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Siatta
le lundi 04 juillet 2022 à 20h23
Bonjour à tous,
Je m’en viens solliciter vos lumières et vos avis sur une situation qui me peine beaucoup actuellement…
J’ai été en couple pendant 19 ans avec le père de mes enfants (couple qui a été polyamoureux ces six dernières années), et nous avons fini par nous séparer il y a de cela quelques mois, pour un certain nombre de raisons qui n’étaient pas liées à notre polyamour (hormis l’impression d’un « deux poids deux mesures » de mon côté en ce qui concernait les exigences de mon compagnon par rapport à mes relations vs ce qu’il se permettait de son côté).
En parallèle de cela, j’ai développé une relation de forte amitié avec A ces trois dernières années, qui s’est également aussi beaucoup rapprochée de celui qui était encore mon compagnon à l’époque (appelons-le P). Au mois de décembre, elle nous a proposé un plan à quatre, ce que j’ai décliné car j’ai expliqué vouloir me concentrer sur nos problèmes de couple, et que son mari (ils étaient dans une relation exclusive) a décliné également. Suite à cela, P et A sont passés à l’acte tous les deux, et ceci a occasionné des discussions tendues entre moi et P (nous étions encore en couple) et moi et A. À la suite de cela, elle a exprimé ne pas vouloir continuer (cela créait aussi pas mal de problèmes dans son couple). Quelques semaines plus tard, j’ai pris la décision de me séparer de P.
Ma relation d’amitié avec A s’est poursuivie sans que je ne lui tienne rigueur de cet épisode, et la relation d’amitié entre P et A également sans que je n’y voie d’inconvénient.
J’en viens à mon souci : j’ai appris tout récemment en posant frontalement la question à P, dorénavant mon ex, suite à une conversation avec le mari d’A qui m’avait mis dans le doute, que leurs relations sexuelles avaient repris.
J’ai été très choquée de l’apprendre : je pensais pouvoir compter sur ce qu’elle m’avait dit à la suite du premier épisode, et n’avais donc pas reposé de question (car tous les deux ont pointé le fait que je n’avais pas posé frontalement la question comme raison du silence qu’ils ont gardé). J’ai pourtant posé d’autres questions, comme essayer de comprendre la persistance des problèmes dans le mariage de A, qui auraient pu être une bonne porte d’entrée pour cette discussion. Mais pour le reste, je pensais pouvoir compter sur sa parole à elle en particulier.
Je me sens très déçue, très triste et en colère. Pour moi, ils m’ont volontairement caché la réalité. Si l’on veut, on pourrait considérer que mon ex ne me doit rien (même si j’avoue que malgré notre séparation j’aurais espéré qu’il puisse avoir envie de faire encore un peu attention à mes émotions, ce qui de mon côté est mon cas). Mais dans une relation de « meilleures amies », j’avoue que ça me paraît dur à encaisser.
Chacun d’entre eux, malgré que j’ai partagé les jours après l’avoir appris ne pas avoir envie de parler, m’a demandé ce qui m’apparaît comme des explications, c’est-à-dire de me justifier d’être peinée. Mon ex m’a même poussée à bout pour pouvoir ensuite me traiter de « poly en carton » et me parler avec un petit sourire supérieur, en profitant du fait que lui n’est pas blessé pour prendre l’ascendant sur moi.
Je me sens relativement dans mon droit d’être blessée du mensonge, de leurs justifications (mon ex m’a dit qu’ils « ne faisaient rien de mal ») et de leur attitude (j’aurais aimé entendre quelque chose qui ressemble à un « désolé(e) de t’avoir peinée », par exemple, mais n’ai rien reçu qui ressemble de près ou de loin à de l’empathie).
Chacun d’eux me renvoie que j’en fais toute une histoire et que je n’ai pas de raison d’être blessée et en colère. Je suis quelqu’un qui a tendance à douter beaucoup, alors cette attitude me complique la tâche de faire le deuil.
J’en arrive à me questionner sur pourquoi cela me dérange que mon (dorénavant) ex couche avec ma meilleure amie. Le gros souci se situe au niveau du mensonge, mais la situation ne me fait pas envie même sans celui-ci (ce que j’avais partagé clairement au mois de janvier, mais j’ai l’impression que ni l’un ni l’autre n’a voulu m’entendre). Il me semble que c’est parce que j’ai envie de moins de mélange dans ma vie, de moins de superpositions et d’entremêlement des liens, sûrement. Ai-je le droit de considérer cette préférence comme suffisante ? Est-ce un instinct de propriété ? Devrais-je le combattre ? Avez-vous, de votre côté, des limites du type « pas ma meilleure amie », « pas ma sœur » (avec un compagnon ou ex-compagnon), ou « pas mon ex » (dans des relations amicales ou familiales proches), même si vous êtes poly depuis des années ?
(Je considère également cette relation comme « pas saine » en tant qu’elle met en danger le couple et la famille de mon amie A, qui a pourtant pour discours d’y tenir beaucoup. Je n’arrive pas à savoir si l’absence de ce problème suffirait à ce que je ne sois pas dérangée de ce lien entre mon ex et ma meilleure amie. Je pense que ce serait difficile quand même – bien que me disant qu’avec une autre attitude de leur part, j’aurais peut-être réussi à faire cet effort d’« accepter » leurs relations sexuelles. Du moins j’en aurais sûrement eu envie.)
Merci par avance de vos retours.
Message modifié par son auteur il y a 9 mois.
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lau93
le jeudi 07 juillet 2022 à 09h23
Bonjour Siatta
Si je comprends bien la relation entre P ton ex amoureux et A ta meilleure amie a débuté en transparence, et ils ont annoncé y renoncer à leur partenaire respectif,puis l'ont reprise en secret, alors qu'entre temps Pet toi vous étiez séparés.
Et tu te sens en colère quand tu vois qu'ils ont repris cette relation sans t'en avertir.
Sans doute se sont ils dit que ton consentement n'était plus requis: ton ex parce que c'est ton ex ,et ton amie parce que votre relation n'est pas de ce que je comprends exclusive en terme de sexualité.
Tu projettes aussi qu'elle mets en danger son couple mais cela t'appartient il?
Moi ce que je comprends c'est que tu n'es plus dans la boucle et que c'est difficile à vivre , comme si tu étais rejetée par eux 2 ( surtout avec la manière dont ils te renvoient dans tes cordes qui semble assez peu empathique): est ce cela?
Siatta
Avez-vous, de votre côté, des limites du type « pas ma meilleure amie », « pas ma sœur » (avec un compagnon ou ex-compagnon), ou « pas mon ex »
Ces vétos sont interessant à explorer. De mon coté je pense que ce serait " pas ma fille"
(j'ai une histoire familiale ou l'ex a épousé et fait 5 enfant a la fille de la 1ere: pas cool...) :-(
Pour toute autre personne ce serait plutôt que j'aurais besoin de beaucoup de précaution et de respect de mes émotions parce que des gâchettes pourraient apparaitre ( comme tu l'exprimes si bien dans ton message), mais je ne vois pas comment mettre un véto sur la meilleure amie ou l'ex qui finalement ne me doivent pas" fidélité".
Plein de courage à toi pour continuer ce chemin.
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bonheur
le jeudi 07 juillet 2022 à 12h10
Faire une pause, rompre, et se sentir toujours légitimement concerné(e) par la vie sexuelle et sentimentale d'autrui. Là est le sujet ?
Sur le principe, s'extraire volontairement de la vie amoureuse d'une personne signifie ne plus se sentir concerné(e) par cela.
Après, transformer le polyamour en relation cachée pour répondre aux attentes des métamours, c'est malheureusement banal. Je parle ici pour le mari de ton amie.
Vous êtes toujours tous les 4 en proximité, il est peut-être là, le hic, pour toi. Le mari souffre (ce n'est pas du polyamour) et finalement toi aussi. Vu de l'extérieur, je dirais que la situation est malsaine (suivant mon point de vue). Je crois que les deux tourtereaux ne tiennent pas compte de l'avis d'autrui (suivant ce que j'ai lu). Chacun est libre de rester ou non ? Toi tu ne restes pas et pourtant ça t'affecte :-( .
Ma liberté à tout prix a ses limites. Ce que tu peux ? Je ne sais pas ? Ils sont consciemment acteurs de ce qu'ils font. Moi (et que moi) je prendrai le large et ferais ma vie différemment, sans eux. Je crois que par contre, je ne laisserais pas le mari seul face à sa situation. Et qu'il deviendrait peut-être un très bon ami.
Je dis cela certainement parce que l'expression "meilleure amie ou meilleur ami" n'a pas de sens pour moi. Je m'entoure de personnes et celles-ci restent aussi longtemps que la vie fait que ça dure. Une personne n'est pas meilleure qu'une autre du fait que le lien est entretenu ou non. C'est la vie, pour moi, le rapprochement, l'éloignement... Mon seul constat, si éloignement ou rupture il y a eu, je ne reviens pas et laisse revenir que de loin. Ca évite les répétitions et leurs aléas... à répétition.
J'espère ne m'être pas trop égaré du sujet.
Tes préoccupations, je crois @Siatta, ne sont pas les leurs.
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Siatta
le mardi 12 juillet 2022 à 17h07
Merci à vous deux pour vos réponses que j'ai découvertes seulement ce matin, étant en vacances avec mes enfants.
@lau93, tu as raison, je me sens "rejetée" par eux deux, dans le sens où je ne sens pas d'attention à mes émotions (ni au moment où ils ont renoué - ils auraient pu choisir de m'en parler alors - ni après) de leur part.
Sexuellement, mon amie ne me doit évidemment rien. Il s'agit plutôt d'une question de proximité et d'honnêteté. Je questionne rétrospectivement la signification de cette amitié entre nous pour elle.
Je ne parlais pas de veto, effectivement, car je n'y crois pas (pour des raisons éthiques : nul ne peut ni ne doit selon moi interdire des choses à ses partenaires ou proches). J'avoue qu'éviter de mélanger les partenaires et les proches, a minima sans discussion posée qui permette à tout le monde d'exprimer ses points de vue, me semble en revanche à la fois du bon sens et de l'attention à ne pas ajouter de difficultés à des situations qui restent parfois exigeantes même avec des années de pratiques du polyamour ou de la non-monogamie éthique.
Mon amie, dans l'étrange lettre qu'elle m'a adressée, m'a d'ailleurs écrit avoir "tenté de ne pas mélanger ce que je lui disais avec ce qu'elle échangeait avec P" : preuve me semble-t-il qu'effectivement ce genre de situation pose des défis supplémentaires.
@bonheur, oui, je vais faire ma vie de mon côté, sans eux. Je ne pense pas me sentir toujours concernée par la vie sexuelle ou sentimentale de mon ex, qui a d'autres relations, et j'en suis bien contente pour lui. C'était d'ailleurs déjà le cas quand nous étions encore ensemble. Mais effectivement, j'aurais vraiment préféré qu'il ne jette pas son dévolu sur une amie très proche (et l'inverse). De même, je souhaite que mon amie soit épanouie (ce qui n'est pas le cas ces temps-ci).
(Le mari… oui j'ai de la peine pour ce qu'il vit à cette occasion, mais ce n'est pas vraiment quelqu'un dont j'apprécie le comportement par ailleurs.)
Comme nous sommes bien d'accord qu'on ne dicte pas la conduite des autres et que cela n'est absolument pas souhaitable, je vais effectivement agir sur l'endroit où j'ai possibilité d'agir : ma vie à moi. Et donc orienter la relation avec mon ex vers moins d'amitié et plus de stricte co-parentalité, et me protéger de mon (ancienne) amie en m'en éloignant drastiquement. C'est encore un deuil à faire, mais c'est toujours mieux qu'une relation où je me trahirais moi-même.