Partenaire jalouse, besoin d'aide
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tanguy31
le mercredi 27 avril 2011 à 08h15
Bonjour,
Et merci d'avance à ceux qui me liront et me répondront. Je traverse une grave crise dans mon couple et j'ai besoin d'aide, urgente dirons-nous.
Voici mon histoire. Je suis une femme qui vit avec une autre femme depuis 10 ans. Amour parfait au fond même si débuté dans la douleur (à la suite d'une rupture sentimentale très dure, pour l'une comme pour l'autre). En 2008, nous avons rencontré un voisin, 32 ans de plus que moi (j'ai 37 ans aujourd'hui). Il est marié. Très vite, une relation fusionnelle s'est établie entre lui et ma compagne. J'ai trouvé ça merveilleux. Et totalement inattendu. Car ma compagne est vraiment strictement lesbienne (moi, je suis bi). Cela n'est pas allé bien loin toutefois. Puis cela a dégénéré. Ma compagne l'a rejeté. C'est à ce moment-là que j'ai pris conscience que j'étais moi aussi amoureuse de lui. Jusque-là, j'avais plutôt été en retrait. Voire même assez distante avec lui. Je crois que la différence d'âge me perturbait au départ, bien que ce soit quelqu'un de très jeune en tous points. J'ai vécu un enfer quand la relation entre eux deux s'est terminée. Je ne supportais pas de ne plus le voir, je ne supportais pas qu'elle le rejette, sans comprendre le sens de mes réactions. Peu à peu, les choses se sont tassées et j'ai repris un vrai dialogue avec lui, tout s'est apaisé. C'est là que j'ai compris mes sentiments et que j'ai assumé le fait d'être folle amoureuse de lui. Lui était réticent au départ. Les conflits avaient laissé de grosses traces, bien qu'il m'a toujours dit qu'il avait un fort attachement pour moi. Puis cela s'est fait. J'ai compris que je ne pouvais m'en ouvrir à ma compagne. Qu'elle repartirait dans la colère, la jalousie... Alors nous nous sommes vus en cachette puis avons entretenu l'illusion que nous étions amis. Je pensais qu'elle changerait. Un peu avant de le rencontrer, elle était tombée amoureuse d'une collègue et je me suis efforcée de l'aider à avancer avec cette femme (que j'estime beaucoup en outre), à la fois pour elle et en espérant que la jouissance de sa propre liberté lui ouvrirait l'esprit. Peu à peu, j'ai dévoilé mes sentiments pour lui. C'était trop fort, trop beau pour lui cacher à elle, puisqu'elle est aussi la personne que j'aime le plus au monde, enfin, vous comprendrez la tournure... Elle a semblé accepter cet amour. Mais il ne fallait pas qu'elle soupçonne le moindre geste physique. Les moindres mots que j'ai prononcé en ce sens ont toujours généré au mieux un "renfermement" au pire, des crises violentes, pendant lesquelles, je revenais sur mes dires, je minimisais, j'interprétais pour que ça n'ait pas l'air d'être ce que c'était réellement. Puis elle a eu une relation, amicale/sexuelle avec une autre femme. Cela s'est mal passé. Ma compagne est quelqu'un d'extrêmement rigide dans ses conceptions et l'autre femme faisait toujours trop ou pas ce qu'il fallait quand il le fallait. Ajoutez à cela que l'autre femme était elle-même assez compliquée, peu claire entre ses dires (on s'amuse au lit mais on n'est que des amies) et ses actes (quinze mails par jour, demandes permanentes...). J'ai fait au mieux pour l'accompagner, l'écouter, la conseiller, d'autant qu'elle avait aussi beaucoup de choses à dire sur la collègue dont elle est toujours amoureuse et avec qui ça n'avance pas vraiment (sa collègue est assez ambiguë dirons-nous, dans ses sentiments avec elle). Là encore, c'est évidemment pour elle, pour les sentiments que je lui porte que je l'ai fait et parce que la voir heureuse est un bonheur immense, même si ce n'est pas avec moi, pas toute la journée. Mais bien entendu, je me disais qu'elle serait aussi plus à même de me comprendre, de m'entendre. Moi qui en crevait de ne rien pouvoir dire, vraiment. De louvoyer avec les mots pour quand même parler de ce que je vivais sans dire les choses...
J'aurais tellement aimé être comprise, entendue... Cela devenait un enfer.
D'autant que du coup, les petites choses du quotidien, sa personnalité rigide, qui veut tout contrôler, cela devenait atroce. Mais si là, je brosse un tableau difficile d'elle, ce n'est que par désespoir. Car elle a une foule d'autres qualités, des choses énormes. Je ne sais pas comment décrire.
Au niveau sexuel, ça n'a jamais été le top du top. Enfin pour elle. Parce que pour moi, aucun souci. Mais j'ai du mal à avoir envie. Parce que là aussi, elle est dans le total contrôle. Il faut que tout soit parfait. Cela va jusqu'au moindre détail. Genre se brosser les dents juste avant (bien entendu, nous n'avons aucun problème d'hygiène corporelle à la base), ne pas sentir l'odeur du dehors etc... Au lit, pas trop de lumière. Pas de mots. Une gestuelle très travaillée. Je suis un peu le contraire. Bien sûr, je ne conçois pas de faire l'amour sans me sentir "propre et fraîche" mais cela ne va pas jusque là. J'aime le grand jeu mais j'aime aussi le plaisir rapide, quelques regards et hop, n'importe où ou presque. J'ai essayé de lui en parler mais cela tournait au vinaigre à chaque fois, elle me disait que j'étais une hétéro planquée, que je ne sentais pas les choses qu'il faut faire entre lesbiennes. Moi, à me censurer en permanence, avec la peur de mal faire, cela coupait mon désir tout net et nos relations sexuelles étaient de plus en plus lointaines, il faut l'admettre.
Avant elle, j'ai vécu six ans avec une autre femme. Aucun souci particulier. Si ce n'est que je ne suis pas forcément une foudre de la chose. Parfois j'ai envie 4/6 fois dans la semaine, parfois rien du tout et la semaine suivante aussi. Et parfois un mois comme ça. Avec mon ex, on était presque toujours sur la même longueur d'ondes à ce niveau-là, donc pas de souci (cela dit, je n'ai aucune nostalgie de mon ex !).
Avec lui, au contraire, grande liberté. Je ne vais pas faire le listing de toutes ses qualités, ce serait idiot. Je l'aime c'est tout. Si je devais trouver une raison particulière (cela dit, l'amour vient sans raison je crois), c'est qu'il me donne confiance en moi, que jamais, il ne me dit que je n'ai pas bien fait, en tout cas, pas sur un ton couperet.
Mais je n'oppose aucunement l'un à l'autre. Chacun a ses qualités, ses défauts, comme moi. Et j'aime les deux.
Mais hier, j'ai craqué. J'ai tout dit. Je n'en pouvais plus des non-dits. Ca n'a pas été l'explosion de violence attendue. Mais tout va mal. Ma compagne dit qu'elle ne veut pas me quitter. Qu'elle ne peut pas m'empêcher de l'aimer. Qu'elle ne le veut pas non plus. Mais cela la dégoûte. Essentiellement parce que c'est un homme. Et que c'est lui. Elle me dit qu'elle ne peut s'empêcher d'être jalouse. Que c'est plus fort qu'elle. Qu'elle ne veut plus le voir chez elle (ça, je peux le comprendre et faire avec, dans une certaine mesure) - avant, ils étaient "amis". Qu'elle a toujours dit qu'elle n'accepterait pas cela de moi (c'est vrai et faux à la fois). Elle a refusé que je dorme avec elle. Je suis perdue, épuisée aussi. Je ne sais que faire.
Je voudrais n'avoir rien dit hier. Mais en même temps, je ne pouvais plus supporter cette situation.
Merci de vos réponses, témoignages...
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Siestacorta
le mercredi 27 avril 2011 à 10h51
Salut !
D'avance, désolé, ma réponse est looooongue.
Avant tout, félicitations pour ton style, ta sensibilité, et ta finesse. A part les sauts de ligne (qui sur notre forum sont de toute façon mal foutus), qu'est-ce que c'est bien écrit, pensé... Mûr. Je me suis même un peu demandé si c'était pas un mytho.
Te fâche pas !Je crois plutôt pas. Mais tu as en tout cas bien pensé à expliquer clairement à tes lecteurs, parce que l'enchaînement logique et les détails "utiles" sont là (contexte récent, expose des caractères...), avec une forme de point de vue déjà observateur et réfléchi ; quand souvent les témoignages "à chaud" sont parcellaires, et les mots spontanés de gens qui ont pas l'habitude de l'introspection sont pas forcément très clairs.
Bref, "construit" ou pas, c'est un témoignage très riche.
Merci donc de venir exposer tout ça ici, et de dire certaines choses vraiment bien.
Venons en à tes demandes !
Je ne crois pas qu'il y ait d'antidote précis à la jalousie. D'abord parce que comme pour l'amour, il y a presque autant de ressentis jaloux que de personnes et d'histoires. Il y a donc toujours des variations, et il y en aura sûrement dans nos réponses, j'espère que tu pourras faire ton miel avec plusieurs récoltes.
Telle que tu décris la situation, elle est très récente. La priorité ne me semble pas de traiter la jalousie, mais de savoir et faire savoir ce qu'attend chacune dans votre relation.
De ton côté, déjà : tu l'aimes, ça semble établi. Mais c'est la partie de l'histoire que tu décris le moins, en dehors de la frustration de ne pas être sur la même longueur d'onde sexuellement.
Ce serait bien de faire le point sur comment tu traduits ton sentiment amoureux, d'habitude et en ce moment.
A mon avis, il y a aussi à réfléchir sur le non-dit du tableau "critique" que tu fais d'elle : c'est à dire sur le comment/ pourquoi tu fais avec des trucs difficiles. Pas insurmontables, hein, chaque relation a ses difficultés. Mais pour savoir comment faire au mieux aujourd'hui, il faut comprendre comment tu vis d'habitude, tes leviers affectifs, qui peuvent en ce moment agir sans que tu t'en rendes comptes, et ceux qui pourraient être actionnés pour la suite.
Ces leviers ce sont sans doute déjà exprimés par le passé. Quand tu as géré d'autre difficultés. Par amour, évidemment ; mais par amour, d'autres auraient réagi autrement. Donc, tes ressentis à toi ?
- au quotidien face à son désir de controle
- les choses que tu aimes chez elle
- ce que tu penses de ses réactions avec la collègue.
- quand elle te parle du monsieur, ton rapport à la jalousie
- quand elle menace votre relation de ne pas durer
Je crois que tout cela joue, si tu pouvais en parler, ça nous en dirait plus avec quelles "bases" affectives tu devras faire.
A propos de ta compagne... je vais être abrupt : c'est une emmerdeuse de première bourre. Contrôle dans le sexe, rapports fusionnels avec les gens, apparemment elle est à fleur de peau (le genre à te dire "oui mais je suis spontanée"... Oué bin ya des meurtres spontanés...). Je ne juge pas ton sentiment amoureux, hein, comme tu le dis ça se décide pas, et puis généralement les défauts de l'autre sont des occasions pour nous de mettre nos qualités en marche, ça construit plus solidement l'amour qu'une perfection abstraite... Dans votre cas, tu as sans doute beaucoup fait pour apaiser son manque de confiance en elle. Vous vous êtes sûrement épanouies mutuellement dans ce rapport.
Mais quand même, en insistant sur son côté très chiant, je voudrais que tu mesures la part de la crise dont tu n'es pas responsable. En créant un univers contrôlé, elle crée les besoins que tu as à l'extérieur de cet univers. Plus elle est dure, plus tu peux être épuisée, plus ça semble désirable de trouver un peu d'air dans une relation avec quelqu'un de plus facile à vivre.
A chaque fois qu'elle pourra t'accuser d'aller vers quelqu'un de si différent (un homme, un vieux, un type avec qui elle est en opposition), tu peux penser que tes besoins ont été conditionnés par le comportement qu'elle a avec toi.
Ca ne t'empêche pas de l'aimer elle, hein, je le répète. Mais être "juste" avec toi-même te permet de décider mieux ce que toi tu veux.
Il faut bien sûr que tu arrives à savoir ce qu'elle veut aujourd'hui. Mais ça, tu n'as pas beaucoup de pouvoir dessus... Tu fais déjà ce que tu dois faire, tu l'as écouter, l'as accompagnée dans d'autres relations. Ca, tu continues autant que possible, autant que ça semble nécessaire... Cette générosité de coeur (que je trouve très touchante dans ton témoignage), c'est ce qui t'a rendu épanouissante pour elle. C'est ça qui fait que tu sais que tu as pas trop merdé, et qui pourrait être le terreau de meilleure entente avec elle par la suite.
Tu ne peux pas décider à sa place, mais tu peux être "prête", c'est à dire claire avec toi-même et tes attentes... D'où les questions que je posais plus haut.
Dans l'idéal, il peut y avoir une réconciliation entre tes deux amoureux. Lui semble un homme raisonnable, et elle, si vous parvenez à vous comprendre, à vous rassurer l'une l'autre sur vos sentiments mutuels, pourra sans doute être amenée à moins de conflit, à te comprendre un peu...si tu t'es comprise toi, que tu sais t'expliquer, et que tu assumes de pas être parfaite selon ses voeux (hyuper important. T'es pas un ange, t'es pas censée te sacrifier pour le bonheur. Si aimer c'est n'être qu'un, ça veut dire qu'il y en a un qui disparaît. Tout dans ton post dit que tu ne veux pas disparaître).
En fait, mon "fatalisme" naturel serait plus de croire que plus elle te cassera les ovaires, moins tu auras envie de l'écouter, et envie de prendre la tangente avec le Père Tranquille.
(Il se peut, en passant, qu'une partie du sentiment que tu as pour ton amant se soit enracinée dans le rejet qu'elle en a eu. Dans un sens, tu pouvais t'identifier à lui à travers ce qu'elle a rejeté : les difficultés que tu as avec ta compagne trouvent sans doute un écho dans les qualités de cet homme. Donc quand elle rejette les qualités de cet homme, tu ressens peut-être qu'elle cogne en même temps sur ta façon d'être avec elle. Dans ce cas, tu t'identifierais toi dans ses qualités repoussées.)
Pour terminer, je crois qu'écrire a déjà dû te donner quelques clés, avant même qu'on te réponde ici !
Si ce n'est pas assez le cas, je te conseille une petite expérience mentale de relecture, à faire en plusieurs fois, quand tu auras le temps. Elle peut marcher, parce que ton récit est assez complet.
Tu prends plusieurs bouquins que tu as déjà lu, d'auteurs que tu aimes bien, qui ont des styles différents. Si possible portant sur des histoires de crise de ce genre. Tu te les lis sur 15-20 pages, bien concentrée, le temps de bien rentrer dans l'esprit du récit. Et sans transition, tu reviens à la lecture de ton post.
Tu fais ça trois plusieurs fois. Je pense que ça fera ressortir tes propres sentiment dans l'histoire, des points que tu considères comme "neutres" pouvant du coup apparaitre plus significatifs.
J'espère que je ne t'ai pas heurtée, avec ma façon de questionner la composition du texte et tes sentiments... Je suis vraiment content de t'avoir lue, et d'avoir eu l'occasion de te répondre, parce qu'il y a plein de choses intéressantes dans ton histoire.
Message modifié par son auteur il y a 12 ans.
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tanguy31
le mercredi 27 avril 2011 à 13h22
Bonjour Siestacorta. Et tout d'abord, un milliard de mercis pour cette réponse. Cela me touche beaucoup, me fait du bien aussi et m'amène à avoir envie de dire tout ce que je n'ai pu dire ce matin, par désespoir, par angoisse. Franchement, ce matin, j'étais au fond du trou...
Non, je ne suis pas un troll. Cela me fait sourire car j'interviens parfois sur d'autres forums (sans aucun lien avec le sujet !) et je les repère vite également, à la différence que ces trolls là ont pour point commun des faits énormissimes et une expression plus qu'hésitante.
Malheureusement, mon histoire est celle-là. Mais il manque plein de choses, que je n'ai pu dire ce matin. Et ce qui est curieux, c'est qu'en me relisant, j'ai eu l'impression que ce que j'avais écrit était non seulement décousu mais terriblement parcellaire. Attention, mon post promet d'être très long...
Je vais essayer de répondre point par point à ton post et donner des informations manquantes. Pas sûr que j'y arrive car beaucoup de choses sont encore très confuses dans ma tête.
D'abord, la toute première chose que je voudrais expliquer c'est que ma compagne, comme l'homme que je fréquente, ont un point commun et non des moindres. Je ne l'avais pas exposé volontairement car si cela a indéniablement un rôle dans l'intensité du problème, cela n'en est ni la cause ni une excuse pour aucune des parties et cela n'altère le jugement de personne dans notre histoire. Ma compagne et cet homme ont le syndrome d'Asperger. Cela s'appelle aussi autisme de haut niveau. Cette forme d'autisme altère les compétences sociales et rend le ressenti beaucoup plus intense que pour les NT (neurotypiques : non autistes) mais comme la plupart des formes d'autisme d'ailleurs, elle n'altère ni le jugement, ni l'intelligence. Je dirais, au contraire. Mes deux amours sont indéniablement très intelligents, avec des compétences cognitives extrêmement pointues. Ma compagne excelle dans son domaine professionnel au point d'être une référence, largement connue sur la toile, bien au delà des frontières, lui a été un ingénieur brillant et aux compétences recherchées.
Moi, je suis plus banalement NT comme on dit. Au départ, ni l'une ni l'autre ne connaissions l'existence de ce syndrome. L'autisme est encore perçu sous la forme d'un petit garçon mutique qui se tape la tête contre les murs et ne va pas à l'école... Et l'une comme l'autre avions cette image d'Epinal dans la tête. Ma compagne a toujours été quelqu'un d'extrêmement sensible, assez colérique, renfermée, peu sociable, rigide dans ses pensées, avec un sens de la justice poussé parfois jusqu'à l'absurde. C'est quelque chose dont elle a toujours eu conscience et qui souvent, lui faisait dire qu'elle était "juste" asociale par nature. Et puis nous l'avons rencontré. C'était en octobre 2008. Nous sommes voisins (on habite à 100 m, dans le même lotissement). Nous nous disions bonjour mais c'est tout jusque là. C'est arrivé finalement à la fois d'un coup et petit à petit. Au point que je ne me rappelle pas vraiment l'élément déclencheur qui a fait que nous avons commencé à nous fréquenter. Mais dès les premières rencontres, il y a eu une sorte de "coup de foudre" entre lui et ma compagne. Totalement imprévu, contre toute attente. Ils "convergeaient", presque comme s'ils pouvaient s'entendre penser et tout savoir de l'autre sans se parler. Et pourtant, alors qu'ils étaient déjà fusionnels, jamais je ne me suis sentie évincée. Alors non seulement j'ai laissé faire mais j'ai accompagné, j'ai protégé, j'ai cherché à comprendre aussi comment ils pouvaient être aussi bien. Je voyais ma compagne s'épanouir comme jamais, rire comme jamais, aller vers l'autre... C'était aussi contemporain de sa rencontre avec sa collègue (un mois avant qu'on ne le fréquente en fait), cette collègue dont j'ai tout de suite senti l'importance pour elle, qui ne me parle jamais ou presque de ces collègues, et certainement pas comme ça. C'était merveilleux de la voir comme ça. Souriante à la vie. J'avais l'impression de voir une nouvelle personne, la personne que je connaissais dans l'intimité soudain révélée à la face du monde, avec une implosion de toutes les barrières qu'elle construisait depuis l'enfance autour d'elle. Le bonheur a duré quatre/cinq mois. Puis l'enfer. Des mois... L'instant magique semblait passé. Tout ce qu'il faisait ou disait était mal, inapproprié, agressif, sale. Ses gestes, ses paroles étaient envahissants, des agressions permanentes. Même ses regards... On s'est beaucoup disputées à ce sujet au cours de l'été 2009. Des crises violentes. Lui a beaucoup encaissé. Et en bon autiste qu'il est, il avait effectivement des réponses inappropriées, souvent "à côté de la plaque" même si je percevais tous les efforts désespérés qu'il faisait pour ne pas la perdre, ne pas nous perdre. A la fin de l'été, j'étais épuisée. Mais je ne pouvais pas admettre le perdre. Impossible. Un enfer. Sans doute as-tu raison dans ton analyse, oui son rejet de lui, je l'ai vécu comme un rejet de moi. La vie sans lui était inconcevable.
Mais en même temps, je voyais bien qu'on était dans l'absurde, que tout tournait autour d'un problème lui aussi absurde de communication. Et j'ai compris que c'était au delà d'une simple divergence de vues et d'humeurs, qu'on touchait au fonctionnement même. J'ai cherché partout. D'autant que ma compagne cumulait d'autres problèmes, de santé. Aucun médecin ne trouvait ce qu'elle avait. Je crois qu'on aurait pu la découper en rondelles qu'on aurait jamais trouvé. Et puis, presque par hasard (mais le hasard, il fait souvent bien les choses, non ?), je suis tombée sur un article qui parlait de cette forme d'autisme. En le lisant, j'avais l'impression que l'on parlait d'eux, comme si l'auteur les avait rencontrés. Comme s'il avait vécu avec eux. J'ai fait plein de recherches. J'ai trouvé de nombreux sites, certains pas très sérieux et d'autres extrêmement sérieux. Je me suis inscrite, j'ai dialogué sur des forums, j'ai appris ce qu'était l'Asperger. Un mur d'ignorance s'est abattu. Tout est devenu clair. Les besoins de contrôle (tout ranger, nettoyer à l'extrême sous peine d'agressivité pour passer à table par exemple), les hypersensibilités (aux odeurs, à certains bruits, à certaines textures, à certains contextes...) qui me donnaient l'impression d'être persécutée ou moi d'être un monstre d'indifférence, la fatigue (les contacts sociaux sont fatigants par nature puisqu'ils nécessitent un décodage constant), l'agressivité soudaine pour des "broutilles", la rigidité de la pensée, les comportements inadaptés aux situation... et surtout, l'impossibilité de communiquer normalement, notamment avec un autre autiste. Puis nous avons eu accès aux tests de diagnostic d'une université anglaise (donc sérieux). Les résultats étaient sans ambiguïté pour les deux... Cela nous a beaucoup aidés, tous les trois. Mais les difficultés persistent bien sûr parce que l'autisme est et sera toujours là. Ma compagne est plus "renfermée" que lui. Lui est capable de fuir le monde, se réfugier dans sa bulle, ne plus parler à personne. Avec moi, les deux sont différents de ce qu'ils sont pour le monde.
Avec lui, tout est cependant plus simple pour moi. Parce qu'il se fiche du monde autour de lui. Seule compte sa bulle et ceux qui sont autorisés à y être. J'en suis. On peut donc aller partout sans qu'il soit besoin que je calcule des choses aussi stressantes que "va t-il y avoir du monde sur le parking, dans le restaurant, la file d'attente etc...".
Ma compagne est bien plus dans le contrôle. Toujours tout contrôler. La poussière par terre. Le rangement de la maison avant de passer à table. La façon d'enchaîner les caresses au lit.
Je dirais qu'ils sont à la fois pareil et en même temps une sorte d'antithèse. Lui serait asocial au sens où il se moque complètement des règles et est capable de tout envoyer promener pour ne pas se sentir prisonnier. Elle est dans les règles. C'est une structure à laquelle on ne peut pas déroger.
Je m'arrête là pour l'heure. Je reprendrai plus tard. La fatigue commence à m'embrouiller l'esprit et j'ai peur de dire des bêtises ou d'oublier des choses fondamentales.
Je sais que ma situation est hors norme mais promis juré, je ne suis pas mytho...
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Siestacorta
le mercredi 27 avril 2011 à 14h45
T'inquiète pas pour le côté inhabituel.
Le syndrome d'asperger n'est pas encore très très connu, mais quand on fréquente un peu certains milieux on va dire "ingénieurs et matheux", on commence à en entendre parler.
Pour ceux qui connaissent pas bien, je recommande le film d'animation Mary et Max, le personnage de Sheldon dans l'excellente série The Big Bang Theory, et voir sous cet angle le fondateur de facebook Zuckerberg dans Social Network.
Le côté affectivement coupé des autres, parfois même "'intégrisme des affects", il y a quelques uns ici à qui ça peut faire un peu penser...
Par ailleurs, une piste en passant : si tu apprécies les "Aspies", c'est peut-être aussi par rapport à ton propre fonctionnement émotionnel. Ils sont parfois difficiles à décoder, mais dans un sens ils sont "prévisibles", sur le long terme. Fiables dans leur décalage... Et peut-être que ça te rassure, pour une raison ou une autre ?
Sinon, moi, pour l'instant, ça m'intéresse ce que tu dis, je le répète. Ne te soucie pas trop de mon moment de doute, je peux aussi être un peu décalé parfois.
Message modifié par son auteur il y a 12 ans.
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hypathie
le mercredi 27 avril 2011 à 16h02
Bonjour Siestacorda,
Je suis l’ « emmerdeuse de première bourre ».
Autiste d’Asperger. Une différence d’origine génétique qui rend ceux qui en sont victimes hypersensibles. Un handicap qui oblige ceux qui en souffrent incapables de déchiffrer les signes subtils de la communication et de communiquer subtilement.
Il y a autant d’autismes que d’autistes.
« Cet homme » et moi nous rejoignons sur la plupart des sujets. Sujets qui restent souvent parfaitement incompréhensibles pour ma compagne. Cela la fait rire d’ailleurs, heureuse de constater à quel point nous pouvons être semblables.
« Cet homme » s’est présenté comme mon ami. C’est lui qui m’a soutenue lorsque je pensais que ma compagne me trompait avec lui. Il a nié. Il m’a promis que ce n’était pas le cas et que cela ne saurait être. Il m’a prise dans ses bras. Moi qui ne supporte pas le contact et l’odeur de sa peau parce qu’il est un homme, parce qu’il est lui et parce que je suis autiste, je suis restée dans ses bras ce jour-là. Heureuse qu’il comprenne à quel point j’aimais ma compagne.
Oui, je suis dans le contrôle. C’est la seule manière que j’ai d’exister dans ce monde qui n’est pas le mien. Comme sa manière à lui, est de se réfugier dans sa bulle.
Oui, je suis dans le contrôle. Parce que ma seule manière d’exister, c’est de copier le monde qui m’entoure, qui m’est indéchiffrable. Nous avons besoin d’une cuisine équipée. Je copie la cuisine équipée d’un dépliant. Pas de touche personnelle. Pas d’objet incongru qui y traîne. Mon hypersensibilité voit cet objet, même minime soit-il, comme une tâche rouge sur une robe blanche. Je sais que cela peut-être stressant pour ma compagne. J’essaie de me contrôler. J’essaie de ne pas contrôler. Je laisse la maison se remplir de poils de chiens (poils noirs sur carrelage clair). Je me répète ce que ma compagne me répète : c’est normal, on ne peut pas passer sa vie à nettoyer. Je laisse l’objet incongru. Je laisse les poils. Jusqu’au moment où ce n’est plus possible. Je range. Je nettoie.
Si les autistes pouvaient passer outre leur hypersensibilité, il n’y aurait plus d’autisme.
Ma compagne est gravement asthmatique. Au point qu’une crise peut la tuer. Crois-tu qu’elle peut passer outre son asthme ?
Ma compagne m’aime. Elle m’aime parce que je suis autiste. Elle ne cesse de me répéter qu’elle ne peut aimer un NT. Trop simple. Trop ennuyant. Et en même temps, elle ne supporte pas tous les travers que suppose l’autisme.
J’aime ma compagne. Elle est la seule à me comprendre. Elle a une sensibilité particulière qui lui permet de comprendre les mécanismes qui me poussent à aimer, à penser, à agir d’une manière et non d’une autre.
Nous nous aimons. Quand elle a rencontré « cet homme », elle m’a encouragée à fréquenter ma collègue. Je lui ai dit que, de mon côté, je ne supporterai jamais qu’elle fréquente quelqu’un d’autre que moi. Elle était d’accord. C’est seulement parce qu’elle m’y a encouragée et qu’elle était d’accord pour ne pas me tromper, que j’ai fréquenté ma collègue. Je ne l’aurais jamais fait sinon. Car je me doutais du mal que je pouvais lui faire, car je savais du mal qu’elle me ferait si elle me trompait. Je ne voulais pas détruire mon couple, ni lui faire du mal.
Nous n’étions pas un vrai couple libre.
Depuis que j’ai compris qu’une relation très profonde s’était nouée avec « cet homme », je souffre quotidiennement. Mais elle me jurait qu’il ne s’agissait que d’amitié. Depuis que j’ai compris qu’une relation était devenue une relation amoureuse, je souffre encore davantage. Mais elle me jurait qu’il ne s’agissait que d’amour platonique. J’ai alors accepté de la savoir vivre cette relation, au prix de souffrances encore plus terribles.
Mais nous nous aimons. A chaque fois, elle m’impose plus. Et j’accepte plus. Et je souffre plus. Et elle le sait.
Je lui dis à quel point c’est atroce pour moi de le voir tous les jours, plusieurs fois par jour. Parce qu’il vient à la maison.
Je lui dis à quel point c’est atroce pour moi de la voir partie tous les jours, plusieurs fois par jours, et de plus en plus longtemps chaque jour de plus.
Et cela continue.
Mais je l’aime. Et je ne peux lui interdire d’aimer.
Notre amour nous a conduit à vouloir fonder une famille. Cela fait plus de deux ans que nous essayons d’avoir un enfant. Par insémination artisanale, avec donneur connu. Après-demain, nous ferons peut-être un énième essai (si notre donneur est disponible).
Et hier, j’apprends que ma compagne a une relation amoureuse (non platonique) avec « cet homme » / « mon ami » depuis un an et demi. Tout prend un nouvel éclairage. Depuis un an et demi, ils m’ont fait vivre dans le mensonge.
J’aime ma compagne. Je ne la quitterai pas. Nous avons construit une relation sérieuse ensemble depuis presque dix ans. Nous essayons d’avoir un enfant. Après-demain, peut-être.
Et j’apprends hier qu’elle aime « cet homme », physiquement.
Et j’apprends aujourd’hui qu’un(e) inconnu(e) me traite d’ « emmerdeuse de première bourre ».
Message modifié par son auteur il y a 12 ans.
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tanguy31
le mercredi 27 avril 2011 à 16h29
Je vois que je suis en terrain connu. Tant mieux, ça m'évitera de me perdre dans un exposé sur les Aspies, parce que finalement, ce n'est pas le sujet ici.
Merci, vraiment, de m'écouter et de me répondre.
Oui bien sûr, mon attirance pour les Aspies n'est pas un hasard. Et la vie étant aussi curieusement bien faite, voilà que le hasard me permet d'en rencontrer. Bizarre, vous avez dit bizarre ?
Mais j'ai bien conscience qu'il y a quelque chose de masochiste là-dedans. Car oui, je me sens épuisée. Et je réalise peu à peu que cela fait sans doute bien plus de trois ans, donc bien avant qu'il ne soit dans ma vie. Lui, finalement, a le beau rôle. Parce que c'est une sorte de bouffée d'oxygène même s'il sait aussi être éminemment complexe et usant. Mais cela, je le sais et ne me fais aucune illusion, c'est uniquement parce notre relation est récente et que je ne vis pas avec lui au quotidien. Forcément, il a donc cet atout. C'est ce que dirait ma compagne, en des termes bien plus ironiques et agressifs bien entendu.
Je suis épuisée par cette exigence permanence de perfection et le fait de devoir supporter la frustration qui découle de mon imperfection chronique. Je suis épuisée par le fait de devoir justifier sans cesse mon appartenance à l'homosexualité, niant du même coup mon côté hétéro qui fait de moi une femme bisexuelle. Je ne peux plus supporter cette nécessité du contrôle. De tout et de rien. Des petits riens qui me font hurler comme "fermer absolument le portail quand on s'en va parce qu'un portail c'est fait pour être fermé". Comme "passer les vitesses de la voiture à 2200 tours/minute ou ne pas dépasser les 6 litres au cent". Des petits riens qui m'étouffent.
Et puis cette énorme responsabilité. Etre la seule au monde à pouvoir l'aimer. La seule à pouvoir l'approcher, la comprendre. La seule. Avec son angoisse profuse que je la laisse seule, que je parte, que je meure. On a tous cette angoisse bien sûr. Mais il faut se remettre dans mon contexte pour comprendre ce que je veux dire. Et là, je ne pouvais plus.
Et hier, j'ai eu l'impression que si je continuais de me taire, j'allais mourir. Tout simplement mourir.
Et aujourd'hui, je me sens encore au bord du gouffre. Plus que jamais.
Et pourtant je l'aime. A la folie. Je dirais que je ferais n'importe quoi pour elle.
Sauf.
Sauf que je l'aime lui aussi. Et que oui, c'est à la folie. Et que oui, je ferais n'importe quoi pour lui.
Je suis donc coincée. Prisonnière.
Ce que j'aime chez elle, c'est presque indéfinissable. Elle a une richesse intérieure peu commune. Une sensibilité incroyable. Elle a une générosité hors norme. Ce sont ses sourires aussi. Sa façon de rire. Ses regards. Son exceptionnelle capacité à être sérieuse et puis à nous faire une bourde à hurler de rire. Le fait qu'elle soit à fond dans ce qu'elle fait. Tout ce qu'elle fait. Sa maîtrise des choses, sa capacité à s'approprier la connaissance. Et puis c'est elle, tout simplement. Juste elle.
Quand elle a connu sa collègue, j'ai tout de suite compris qu'il se passait quelque chose. C'était pourtant juste une rencontre, quelqu'un qu'elle avait aperçu cinq minutes dans une salle des profs. Mais j'ai su. Sa façon de m'en parler. Sa façon de sourire en parlant d'elle. Son enthousiasme dans la voix. Tout en fait. Et puis, elle s'intéresse très peu aux gens en général.
Est-ce que j'ai eu peur ? Oui et c'est vraiment la première fois que je l'admets. Pour ma décharge, j'ai vécu une rupture sur le mode "vendredi je t'aime pour la vie/samedi, je me barre avec une autre". Donc, oui j'ai eu peur. Mais je me suis dit que cela ne me servait à rien de tenter de contrôler ou d'empêcher. Qu'au contraire, si je le faisais, ça me sauterait immanquablement à la tête le jour où. Et puis très vite, lui est arrivé. Même chose mais moins peur. Parce que contrairement à sa collègue, lui est marié et à un âge où on ne bouscule plus tout comme ça. Et puis comme je le disais, j'ai été fascinée par leur relation/fusion immédiate.
Avec sa collègue, les rapports sont particuliers. La collègue est elle-même particulière même si je ne pense pas du tout qu'elle soit Aspie. Mais les Aspies n'ont pas le monopole des difficultés sociales de toute façon. Il y a indéniablement des sentiments de sa part pour ma compagne mais il est clair qu'elle a peur. Très peur. Et depuis deux ans (parce que la première année, il ne s'est strictement rien passé), c'est un peu "je t'aime moi non plus". Je me suis efforcée de l'encourager, de l'aider quand je voyais qu'elle pataugeait dans les difficultés de communication, avec son absence de spontanéité (ça, il n'y a pas pire... c'est ce qui se voit le plus). Je ne suis pas sûre d'avoir été à la hauteur. Je crois même que certaines fois, j'ai dû bien davantage la "planter" qu'autre chose, notamment parce que la collègue est une célibataire endurcie et qu'elle n'a pas du tout la même approche que moi.
Je poste parce que j'ai peur que ça soit trop long.
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tanguy31
le mercredi 27 avril 2011 à 17h00
Quand elle parle de lui, quel rapport ai-je à la jalousie ? Je ne sais pas trop répondre à ta question en fait... D'autant que je viens de découvrir qu'elle poste (décidément, ça ne parle pas pour moi tout ça... Mais juré, je ne l'ai pas fait exprès).
Je ne suis pas sûre de bien analyser le mot jalousie. Pour moi, quand je me sens jalouse, je suis dans la frustration envieuse de ce que quelqu'un a que je ne possède pas et que je me sens en droit de posséder, parce que j'estime le mériter. Je n'aime pas être comme ça. J'ai envie de dire que ça me rend conne, profondément conne mais sur le coup, je ne peux pas toujours me maîtriser. En revanche, je ne suis pas vraiment jalouse dans l'âme. Pas quant à l'image du jaloux. Non je ne pisterai pas ma compagne, pour rien au monde. Même si je soupçonnais que. A la limite, je serais peinée qu'elle ne m'en ait pas parlé. Parce que je pensais être digne de confiance. Mais c'est tout.
Par rapport à lui... Les manifestations de sa jalousie sont très dures pour moi. D'autant plus que la société légitime la jalousie. N'a t-on pas des circonstances atténuantes quand on commet un crime passionnel ? Donc forcément, cela me renvoie à l'idée que je commets quelque chose de sale et que je mérite donc ce qui m'arrive.
Et le double effet, c'est que cela me peine. Par rapport à lui, parce que cela me fait mal qu'elle le déteste pour cela et par rapport à moi. Je voudrais qu'elle se réjouisse pour moi. Le fait qu'elle soit dans le conflit m'éloigne d'elle, me donne envie de fuir, de me réfugier le plus loin possible. Parce que quelque part, en étant ainsi, elle me renvoie l'image qu'elle donne habituellement aux autres, à savoir un personnage peu amène. Et je perds donc mon statut. Je culpabilise en écrivant ces mots. Parce qu'on pourrait se dire que je suis une s*******, une garce, qui ne pense qu'à son c**. Or, ce n'est pas ce que je suis. Non, vraiment pas. Et le fait que la personne que j'aime le plus au monde me renvoie cette image, c'est pire que d'être une femme battue.
Manifestement, tu l'as considérablement heurtée avec le terme "emmerdeuse de première bourre". Remarque, moi, je ne serais pas fière non plus...
Je ne sais pas du coup si je dois regretter ou non de ne pas avoir parlé de l'autisme en premier, parce que du coup, tu as eu une image tronquée d'elle...
Je suis à présent perdue. Est-il possible de l'être davantage ?
J'ai peur. Peur parce qu'elle est si mal que je ne sais rien faire. Et que je ne vois pas quoi faire puisque quelque soit mes tentatives, je sais d'avance qu'elles seront rejetées.
Comment lutter contre la jalousie ? Ou plutôt, comment la transformer en une émotion positive ? Comment expliquer que personne ne menace personne, et d'autant plus si tout le monde, à défaut de bien s'entendre, s'accepte ? Comment faire comprendre son propre ressenti, celui qui consiste à se sentir rassuré par la présence d'une autre à ses côtés à elle et que l'on n'a pas de plus beau rêve que de la même chose pour soi ?
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tanguy31
le mercredi 27 avril 2011 à 17h56
Je n'aime pas ce que j'ai écrit sur la jalousie. Toujours cette culpabilité, l'idée que "je suis gonflée quand même".
J'approfondirai plus tard. Quand j'aurais les idées claires. Là, je suis dans le flou complet.
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Siestacorta
le mercredi 27 avril 2011 à 17h59
ooooookay...
Autant je peux tenter de dire deux trois trucs et discuter, autant je ne suis pas un médiateur, pas professionnel, rien.
Mes propos et jugement sont d'une subjectivité totale : qui les lit en fait ce qu'il peut. Je suis juste un lecteur, qui cause avec ce qu'on lui donne à lire.
D'où, Hypathie, le fait que je me permette de te traiter d'emmerdeuse. C'est une prise de parti, j'ai pas de raison d'être neutre. Je ne vous connais ni l'une ni l'autre...
Peut-être que ce sont des propos exagérés, peut-être pas. Sur internet, on peut dire un peu plus que ce qu'on dirait à l'oral. J'essaie pour ma part d'être à peu près ce que je suis dans la vie, même si je cède certainement à quelques penchant de matamores.
Cela dit, je pensais plus à essayer de soulager et faire parler ta compagne qu'à vraiment t'insulter.
Si ça peut te sembler "juste" :
1) puisque tu me lis, excuse-moi. Je n'ai pas envie de blesser quelqu'un, c'était pas le but, t'imagines bien. Essaie juste de te souvenir que ces mots rudes viennent avant que ne soient mentionné le diagnostic psy. Je n'aurai pas dis la même chose avec cette info, évidemment.
2) je crois qu'emmerdeuse est quand même quelque chose que je pourrai dire. Ou chiante. D'accord, c'est blessant. Pardon. Mais c'est une façon pour moi de dire que vivre avec quelqu'un qui a de telles rigidités n'est pas facile. Moi, je le ferai pas. Ta compagne le fait. Elle en fait un choix. Mais disons que c'est pas plus mal qu'elle n'oublie pas que les conditions jouent sur ses propres réactions
3) tu es peut-être superchiante, hypersensible, mais ça n'excuse pas le mensonge de ta compagne. Ca explique pourquoi il a pu venir, mais ça ne fait pas du mensonge quelque chose de bon. Sur ce site, une valeur souvent mise en avant est l'honnêteté. Le mensonge n'est pas un Mal en soi, mais il fait souvent mal, et le but du polyamour est de l'éviter. De dire que l'autre vérité "j'aime deux personnes" n'est non seulement pas néfaste, mais souvent désirable.
Donc, dans ce récit, il y a deux problèmes distincts, si chacun des participants souhaiter continuer à construire : un mensonge à pardonner et une forme de relation à trouver.
Ca va clairement pas être du gâteau.
Je vous souhaite d'y arriver...
(je dois m'éloigner du clavier jusqu'au moins demain)
Message modifié par son auteur il y a 12 ans.
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bliss
le jeudi 28 avril 2011 à 12h09
Waouh... je découvre ce fil ce matin...
Je suis scotchée à l'écran. Pour de nombreuses raisons.
-Ton style tanguy31, tu as un effet une manière de peindre tes amoureu(se)x, ta vie qui accroche le lecteur.
-Les ressemblances incroyables avec ma vie : j'ai moi aussi 37 ans et un second amoureux qui a 32 ans de plus que moi... Assez surprenant.
- Et la découverte du monde des "aspies". je me rends compte que j'en connais... Je ne sais même pas s'ils savent qu'ils le sont. Et en effet, je pense surtout à un copain ingénieur, génialissime...
- Et puis ton apparition, Hypathie, dans la discussion.
Et à la lecture de tout ça, je me dis que tout est entre vos mains, que l'amour que vous avez l'une pour l'autre, l’honnêteté aussi, même si elle arrive tard ( mais on veut toujours tellement protéger ceux qu'on aime, j'ai fait le même coup à mon homme, j'ai attendu deux mois avant de parler de mon autre amour ), sont là.
La jalousie vraiment ça se travaille. Je suis encore un peu jalouse, mais j'arrive à en faire quelque chose qui me traverse, que je "reconnais" ( au sens où je lui accorde de l'attention, j'essaie pas m'assoir dessus ) quand ça arrive, immédiatement : " ah tiens oui, là j'ai mal au ventre, ah regarde comme ça travaille, ça fait un même un coup, ça file presque la gerbe cette émotion... ah oui, t'as peur... peur de quoi ? " je la scrute, je la détaille, je la "reconnais", je la laisse exister, bien profond. Et ça passe. Et je remarque, avec le temps, que plus je fais ce travail, de me centrer sur cette jalousie au moment où je la vis ( genre une phrase de mon chéri ce matin sur une amoureuse potentielle..), plus ça passe vite. Enfin là d'en parler je sens que ça remonte. mais ça va passer :-) .
Idem avec mon homme qui, au moment de l'annonce, avait des crises de jalousie terrible, qui le faisait souffrir même physiquement, son rythme cardiaque s’accélérait tellement , j'avais peur qu'il fasse une crise cardiaque... cela fait plusieurs semaines qu'il n'en a plus fait. Aussi parce que nous arrivons enfin à un contrat dont les termes sont clairs pour nous deux et définis ensemble, au coup par coup. C'est long. Mais ça se maitrise.
Mais je ne sais pas dans quelle mesure cette pathologie peut jouer sur les émotions ? Et si cela peut -être plus difficile pour toi Hypathie ?
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Siestacorta
le jeudi 28 avril 2011 à 12h17
(suite)
J'espère que la soirée a pas été trop brutale et que la nuit a mis du baume sur les plaies.
J'aimerai rappeler que le côté "bureau des pleurs" d'un forum, qui plus est d'un forum ayant les sentiments pour sujet, c'est à la fois une nécessité et une limite.
Nécessité, parce que dans cet espace, on peut raconter beaucoup de choses qui ne trouvent pas de place dans notre vie quotidienne. On peut trouver des réponses empathiques, concernées, et échanger dans des temps où chacun a "décidé" de se mettre un peu au calme pour clavarder. On trouve peu de lieux réels qui ont ces qualité d'être disponibles, pas trop invasifs, potentiellement assez "riche" pour apporter quelques réponses et réactions pertinentes... et gratuits.
Donc, quand une demoiselle comme tanguy31 a quelque chose sur le coeur, l'endroit semble approprié.
La première limite de la fonction "bureau des pleurs", c'est bien sûr les gens qui y participent. Déjà, la plupart du temps, il n'y a pas un professionnel attaché à répondre tout bien et tout le temps. Donc quoi qu'il soit dit, que j'aie dit, c'est seulement de la lecture et du conseil personnel bienveillants, pas plus. Ici, les aspects psy, mais aussi l'emberlificotage avec d'autres personnes, le passé de la relation... C'est un truc sur lequel il n'y a pas d'avis "autorisé" possible. On échange donc ici d'emblée avec cette relativité de la pertinence de la réponse.
Et le côté écrit de tout ça doit vraiment être pris avec sa propre limite : à savoir que d'un côté, la "confidence" sera toujours parcellaire, on ne peut pas connaître assez l'auteur et sa vie pour être sûr d'avoir raison . Face à certains aspects d'un problème comme celui exposé ici on ne donne qu'un "point de vue de lecteur", l'opinion de quelqu'un qui ne s'implique qu'à partir de ses sentiments et expériences. Donc ses (mes) jugements ne sont que des réactions de spectateur concerné, pas de "participant" à l'histoire. Je répond, je parle, mais je ne me donne pas d'autre rôle.
L'autre limite d'une écoute de forum est le moyen terme "public/privé".
Tenir une parole qui relève en même temps
- d'un échange intime, où on dit ce qu'on ressent,
- et d'une publication qui peut être lue par des personnes concernées au premier chef par la confidence en question
... c'est un vrai jeu d'équilibriste. On a mille occasions de se casser la gueule.
Pour ne pas arriver à une autocensure permanente, où chacun perdrait l'occasion de réfléchir, s'informer, développer ses pensées, la bonne attitude c'est d'assumer et d'être responsable de ses mots.
C'est à dire connaître leur portée et leur limite décrite plus haut.
Et savoir que si on vient assister ou participer à des échanges personnels, on risque forcément de tomber sur des désaccords, des malentendus et des prises à parties déplaisantes. On a pas à aimer ça, mais être le sujet d'un échange ne nous donne pas vraiment de droit dessus... A part ceux reconnus par la loi (et la charte de discussion), dans le cadre d'insulte et de diffamation.
Donc, tout ceci étant posé, j'assume le côté bourrin d'une partie de ce que je dis ici. Je n'étais pas agressif, puisque je ne discutais pas encore avec Hypathie, mais seulement avec sa compagne. Je ne suis pas sorti d'un cadre de bienveillance.
Mes mots sont sans doute excessifs et "inappropriés", et je m'en excuse encore ; mais contextuellement, et en ce qui concerne ma propre sensibilité, je les trouve encore pertinents.
tanguy , je ne sais pas si c'est souhaitable que l'échange continue, Hypathie, toi et votre relation future n'y ont pas forcément un grand intérêt. C'est à vous d'en juger les limites que vous vous donnez pour évoquer votre histoire.
Message modifié par son auteur il y a 12 ans.
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tanguy31
le jeudi 28 avril 2011 à 16h21
Non, Siesta, la nuit n'a pas été trop dure, bien moins que la précédente. Nous dirons que nous avançons dans la réflexion pour faire court. Effectivement, le fait que ma compagne soit venue sur ce post est assez gênant pour moi. Je ne pensais pas qu'elle y penserait ! D'autant plus que nous ne partageons pas le même ordinateur...
Du coup, bien sûr, j'ai la tentation de l'autocensure. C'est dommage mais légitime. Parce que je ne viens pas là pour régler mes comptes "en douce".
Bliss, peux-tu me dire comment se manifestait précisément la jalousie chez ton homme ? Cela m'intéresse au plus haut point !
Merci beaucoup en attendant pour l'écoute attentive !
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hypathie
le jeudi 28 avril 2011 à 19h15
Bonjour à tous,
Je tiens à préciser que je ce que je vis le plus mal est un immense sentiment de trahison, surtout à un moment où on essaie d'avoir un enfant.
Je n'ai jamais voulu leur relation. Je l'avais prévenue que si elle avait une relation hors couple, elle devait me la cacher pour m'en protéger. Car je ne voulais pas en souffrir.
Elle a reconnu avoir lutté contre cette envie de développer sa relation avec "cet homme", et je pense que lui aussi : autrement dit, ils avaient tout à fait conscience du mal que cela ferait si je venais à l'apprendre.
Et ils sont décidé sans moi.
Aujourd'hui, elle m'a dit.
Et aujourd'hui, c'est moi qui souffre. Je n'ai pas à mettre des mots sur ma souffrance. Ni à la justifier. Elle est là, c'est tout.
Beaucoup de posts semblent dire que la personne qui souffre d'un polyamour de la part de son compagnon doit apprendre à faire avec. Mais de quel droit imposez-vous aux autres vos opinions ?
Je comprends tout à fait qu'on ne puisse pas lutter contre ses sentiments (même si certains le peuvent, et c'est mon cas : quand ma compagne m'a encouragé à fréquenter ma collègue, je lui ai bien demandé si elle n'allait pas en souffrir avant; j'ai hésité pendant des semaines, pour vérifier qu'elle n'en souffrirait pas; plus mes sentiments grandissaient, plus je lui demandais comment elle le vivait, et si elle m'avait dit qu'elle en souffrait, j'aurais arrêté, car mon couple passe avant tout le reste). Alors peut-être faut-il alors préserver son compagnon. Je ne comprends pas de quel droit on peut se permettre de risquer de le faire souffrir.
Cela dit, avec ma compagne, je lutte à présent pour préserver notre amour, et poursuivre le chemin que nous avons commencé pour avoir un enfant. Je ne veux plus le voir. Je me préserve. Je compte beaucoup sur l'amour de ma compagne pour moi pour m'aider à supporter la douleur qu'ils m'imposent.
Une amie m'aide car elle est dans une situation similaire. Si ce n'est que son compagnon s'est engagé à rompre une éventuelle relation si elle venait à amener de la souffrance dans le couple. Elle me répète que chacun a droit à son espace de vie.
Il y a des hauts et il y a des bas évidemment.
J'espère que mon post éclairera les lecteurs.
Message modifié par son auteur il y a 12 ans.
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tanguy31
le jeudi 28 avril 2011 à 19h17
Je reviens spécifiquement pour discuter avec toi, Bliss.
Juste un petit aparté avant de me lancer (mais cela me tient à cœur) : être Aspie, ce n'est pas une pathologie. C'est une différence de fonctionnement neurologique, d'origine génétique. Pour faire court, je dirais que lorsque nous, les NT parlons, nous sommes centrés sur la réaction que notre message délivré va provoquer chez l'autre, au détriment même de l'information contenue dans ce message. Chez les Aspies, c'est plutôt l'information qui compte, quitte à avoir besoin de tout détailler à l'extrême ou de dire les choses "nature peinture", sans se préoccuper des conséquences que cette information va avoir sur l'autre. Voilà.
Oui, c'est absolument incroyable cette coïncidence... Ca me fait tout bizarre. Honnêtement, j'avais l'impression d'être presque seule au monde avec mon histoire hors norme.. Ah la vie, elle n'a pas fini de m'étonner, je crois...
Merci pour le compliment quant au style. Cela me va vraiment droit au cœur et fait grimper un peu plus mon seuil de confiance en moi.
Je crois qu'il y a beaucoup d'Aspies autour de nous. La plupart l'ignore totalement. J'avais lu un jour un document très intéressant là-dessus. Certains chercheurs qui étudient le syndrome soutiennent en effet l'hypothèse que les Aspies sont une forme d'évolution de la pensée humaine. Je me rallie grandement à cette idée. Elle est non seulement positive mais amène aussi à penser que notre "espèce" évolue en permanence et je trouve cela fascinant. Et je crois que plus on est un NT sensible, ouvert au monde, avec un certain intellect dirons-nous, plus on a de chances de rencontrer voire de côtoyer intimement des Aspies.
Depuis hier, j'ai fait plein de recherches sur le sentiment de jalousie. Cela m'a conduit à beaucoup de réflexions, notamment sur ma propre personne. C'est une introspection réellement intéressante. Je découvre que je suis une authentique jalouse, qui vit avec ce sentiment en permanence. A ceci près que j'ai manifestement appris à l'apprivoiser et globalement, je cohabite plutôt bien avec elle. Je ne sais évidemment pas comment j'ai appris. Je me dis que c'est parce qu'elle n'a pas réussi à me faire peur. Au point que j'ai longtemps cru qu'elle m'était étrangère. C'est bien vaniteux au fond.... Comment considérer qu'une émotion puisse nous être étrangère !
Ca me fait drôle de te lire Bliss, quand tu décris ton sentiment de jalousie. Je ressens le même. Exactement le même. Sauf que ça ne me donne pas la nausée. Juste une drôle de sensation que tout le sang me descend jusqu'aux orteils. Et puis après, j'analyse la menace : qu'a t-elle de similaire avec moi ? Rien ou presque. Donc elle ne peut qu'apporter des choses que moi, je ne peux pas apporter. Elle n'en est donc pas une. Et le mieux à faire, c'est de l'aimer un peu, chercher les choses qui font que ma compagne aime cette "menace". Et j'aime bien l'entendre rire au téléphone avec sa "menace", d'un rire qu'elle n'a pour personne. J'aime bien mais je suis jalouse parce que j'aimerais posséder ce qui la rend attirante aux yeux de ma compagne. Mais c'est drôle comme finalement, je "jouis" de cette dualité entre jalousie et bonheur de voir ma compagne heureuse. C'est aussi une façon que j'ai de dire à la terre entière : " regardez, cette femme, c'est la mienne et c'est quelqu'un de bien, la preuve, elle a plusieurs amoureuses ou amies/amoureuses". C'est un peu confus. J'ai peur de n'avoir pas exprimé correctement ce ressenti.
Pourrais-tu m'éclairer sur le "contrat" entre toi et ton homme ?
Merci !
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Siestacorta
le jeudi 28 avril 2011 à 20h52
hypathie
Bonjour à tous,
Je tiens à préciser que je ce que je vis le plus mal est un immense sentiment de trahison, surtout à un moment où on essaie d'avoir un enfant.
Il y a plusieurs façon d'arriver dans un fonctionnement polyamoureux...
La votre est assez spécifique, puisque d'un côté, tu as eu "droit" à ça, mais que votre arrangement ne prévoyait pas que ta compagne puisse l'avoir aussi.
Je ne vais pas juger la question de la justice / équité dans l'histoire. C'est plus une question de contrat moral. Si on s'engage à quelque chose comme la fidélité (ou la vérité dans un cas de couple ouvert), on est censé s'y tenir. En disant "je vais fonctionner comme ça", on donne à l'autre une indication, et c'est effectivement déstabilisant de se rendre compte que ça n'a pas fonctionné comme prévu.
Maintenant... La vie est généralement plus compliquée, hein ?
Les gens ne savent pas quand ils vont avoir besoin d'amour, quand il vont rencontrer quelqu'un. En s'engageant, on ne tient généralement pas assez compte de cette relativité...
Ton sentiment de trahison est légitime. C'est pas agréable de devoir ré-estimer le temps qu'a duré le mensonge.
Toutefois, ce n'est pas parce qu'il y a un mensonge qu'il y a insincérité. C'est à dire que le reste de ce qui s'est dit et fait n'est pas nécessairement pas beaucoup falsifié parce qu'une partie était cachée. Après que l'image complète a été révélée, que dit-elle : que vous vous aimez, ou pas ?
Tu dis toi même que vos sentiments demeurent. Et tu dis justement que c'est sur eux que tu vas compter pour continuer... C'est la bonne démarche, et c'est la même qui te permet de pardonner, et éventuellement d'essayer de penser à la suite.
La suite, monogame ou polyamoureuse, ne peut pas se construire avec une condamnation et une culpabilité permanentes. Si c'est pour vivre une relation qui ne se ressent que sous forme de blessure et pénitence, c'est pas la peine...Les ressentis douloureux peuvent être là, c'est dur de l'empêcher, mais ils ne peuvent qu'être dépassés. Autant s'orienter vers ça, je crois.
hypathie
Beaucoup de posts semblent dire que la personne qui souffre d'un polyamour de la part de son compagnon doit apprendre à faire avec. Mais de quel droit imposez-vous aux autres vos opinions ?
Du même "droit" que les monogames imposent la monogamie à l'autre. Ce n'est justement pas un droit, dans un sens ou dans l'autre (même si la loi et les coutumes disent le contraire).
C'est à dire que si on veut qu'une relation amoureuse soit juste, il ne s'agit pas de s'imposer, mais de faire à deux un choix éclairé par les fonctionnements de chacun.
Ici, on dit rarement que l'autre doit faire avec. On dit comment ensemble on peut essayer de le faire pour que ça marche. En tant que polyamoureux, c'est sûr qu'on va pas essayer d'en décourager les gens.
Mais il y a très peu de prosélytisme. Il arrive de temps en temps qu'on explique aux personnes qui viennent parler qu'ils ne sont peut-être pas faits pour ça, quand vivre deux amours ou voir l'autre en vivre semble apporter plus de peine que d'épanouissement.
Le polyamour n'est pas une "meilleure voie" amoureuse, c'est juste un fonctionnement et un choix qu'on aimerait voir socialement compris. Un peu comme l'homosexualité, sur certains points...
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hypathie
le vendredi 29 avril 2011 à 04h40
"C'est à dire que si on veut qu'une relation amoureuse soit juste, il ne s'agit pas de s'imposer, mais de faire à deux un choix éclairé par les fonctionnements de chacun".
Les deux personnes dont tu parles sont, dans mon cas, ma compagne et moi ou ma compagne et lui ?
Car je n'ai jamais eu mon mot à dire sur leur relation : elle m'est imposée et me fait souffrir. Ce n'est pas un choix de ma part, c'est un fait extérieur qui m'est imposé et que tout le monde me présente comme devant être socialement compris.
Ils soutiennent que leur relation n'est pas compatible avec leur amour pour ma compagne (ce que je conçois parce que je l'aime) et son amitié pour lui : pour moi, c'est au contraire la pire des trahisons ! Comment peut-il me soutenir qu'il est mon ami tout en ayant une relation avec ma compagne qui me fait souffrir ! Je ne comprends pas ! Cela me fait souffrir atrocement...
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Siestacorta
le vendredi 29 avril 2011 à 08h03
Vis la part de ta vie qui ne te fait pas souffrir (avec ton amante collègue, avec tanguy). Prend un peu le large. Parlez, mais ne vous imposez pas vos présences...
Pas bien compris la partie "ils soutiennent ... que leur relation... n'est pas compatible avec leur amour et son amitié".
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Siestacorta
le vendredi 29 avril 2011 à 08h19
ah, oui, du coup, ça a plus de sens.
Lapsus ?
Message modifié par son auteur il y a 12 ans.
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tanguy31
le vendredi 29 avril 2011 à 12h33
Lapsus peut-être... Qui peut savoir ? Mais à 4 h40, nous dirons que les yeux et l'esprit peuvent être embrouillés.
Sinon C'est curieux que tu parles de collègue amante : Comment t'es-tu forgé cette conviction ? Est-ce que ce sont mes propos ou ceux de ma compagne qui ont été de nature à ?
De mon côté, je n'avais pas mentionné la moindre relation sexuelle ou des sentiments assumés et déclarés entre elles (parce qu'en effet, il n'y en a pas pour le moment, en tout cas, pas dans la forme habituellement attendue, c'est une somme de non-dits, de comportements implicites etc..). Mais ta perception est intéressante, d'où ma question : d'où te vient-elle ? Est-ce directement les mots employés qui seraient sans ambiguïté (donc j'aurais mal exprimé) ou est-ce que c'est une impression "irrationnelle" ?